Aller au contenu

Utilisateur:MiMy13/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Syndrome du traumatisme de viol

Le syndrome du traumatisme de viol (STV), ou rape trauma syndrome en anglais, est une forme spécifique de stress post-traumatique survenant chez plusieurs victimes d’agression sexuelle. [1][2]

Une agression sexuelle est un acte à caractère sexuel commis par un individu sans le consentement de la personne visée dans le but de l’assujettir à ses propres désirs par un abus de pouvoir, par l'utilisation de la force ou de la contrainte, ou sous la menace explicite ou implicite [3]. Une telle agression porte atteinte à l'intégrité physique et psychologique ainsi qu’à la sécurité de la personne [4]. La victime peut, suite à cet événement traumatique, développer le syndrome du traumatisme de viol, un trouble réactionnel défini pour la première fois en 1972 par la psychiatre Ann Wolbert Burgess et la sociologue Lynda Lytle Holmstrom [5].

Le syndrome du traumatisme de viol identifie trois principales phases de réactions physiques et psychologiques communes à la majorité des victimes d’agression sexuelle. La plupart des recherches se sont focalisées sur des victimes de sexe féminin mais des victimes masculines ont révélé des symptômes semblables, qu'ils aient été sexuellement abusés par des hommes ou des femmes[6][7]. L’intensité et la durée de chacune des phases peuvent varier de manière importante selon divers facteurs.

Phases du STV

Le syndrome du traumatisme de viol identifie trois principales phases de rétablissement à travers lesquelles les victimes passent : la phase de choc, la phase de réajustement, et la phase de résolution.

NOTE : Les agressions sexuelles sont comme tous les autres types de traumatismes tels que les deuils ou les accidents en ce sens où bien qu’il y ait des réactions communes, il n’y a pas de vitesse de progression ou de réponse plus « normale » ou « correcte » qu’une autre.

La phase de choc

Cette phase se produit immédiatement après l’agression et peut durer de quelques jours à quelques semaines. C’est une période de choc pouvant engendrer une large gamme de réactions émotionnelles et physiques, telles que :

En plus du choc, les survivants dans cette phase éprouvent souvent un fort sentiment de culpabilité, de honte et d'autocritique concernant l'agression sexuelle. « Pourquoi ne me suis-je pas mieux défendue ? », « Comment ais-je pu me mettre dans cette situation ? ». Ce sont ces émotions qui dissuadent souvent les victimes de parler de leur agression et, par conséquent, de bénéficier du support des autres.

Bien qu’il n’y ait pas de réaction typique, le centre américain Rape Abuse and Incest National Network (RAINN) détermine trois catégories de réactions plus susceptibles de se produire à ce stade-ci [10]:

  • Expressive – La victime peut paraître agitée, hystérique et peut souffrir de crises de larmes ou de crises d’angoisse.
  • Contrôlée –  Elle paraît ne pas ressentir d'émotions et se comporte comme si « rien n'était arrivé » et comme si « tout allait bien ».
  • Choquée / déni – La victime se comporte de manière désorientée. Elle peut avoir de la difficulté à se concentrer, à prendre des décisions ou à accomplir des tâches quotidiennes. Elle peut également n'avoir qu'un souvenir diffus de l'agression.

La phase de réajustement

Cette phase peut durer de plusieurs mois à plusieurs années après l’agression. Les victimes ayant atteint ce stade semblent avoir repris leur vie normale. Ce n’est bien souvent qu’une façade et elles souffrent toujours d'un profond traumatisme intérieur. Pour pallier à cette souffrance, elles vont généralement avoir recours à des stratégies d’adaptation. RAINN identifie cinq principales stratégies[11] communément utilisées par les victimes :

  • Minimisation – Prétend que tout va bien et que c’aurait pu être pire.
  • Dramatisation – N’arrête pas de parler de l'agression au point de dominer sa vie.
  • Déni – Refuse de parler du viol, comme s’il n’avait jamais eu lieu.
  • Explication – Analyse ce qui est arrivé : ce qu’elle a fait ou n’a pas fait, ce à quoi son agresseur pensait, ce qu’il ressentait, etc.
  • Fuite – Essaie d’échapper à la douleur de l’événement (déménagement, changement d’emploi, d’apparence et/ou de relations, etc.)

Malgré ces stratégies d’adaptation, d'autres comportements peuvent apparaître durant la phase de réajustement tels que[12].[13] :

  • Agressivité ;
  • Anxiété ;
  • Automutilation ;
  • Dépendances (abus de médicaments, d'alcool ou de drogues).
  • Dépression et idées suicidaires [14];
  • Désorganisation, difficultés de concentration ;
  • Flashbacks ;
  • Peurs et phobies persistantes;
  • Sentiment d’impuissance ;
  • Sentiment de dissociation ;
  • Troubles du sommeil : réveils en sursaut, cauchemars récurrents, insomnie, rêves éveillés, terreurs nocturnes ;
  • Troubles alimentaires : anorexie mentale, boulimie.

Les victimes peuvent également éprouver des réticences à sortir de la maison, à se déplacer à des endroits rappelant l’agresseur et/ou l’agression. Cela entraîne parfois un retrait des activités sociales, une diminution des contacts avec la famille et les amis[11]. Certains ressentent même une peur permanente envers la plupart des autres personnes, alors que d'autres vont jusqu’à développer une véritable suspicion paranoïaque envers les étrangers.

Tous ces comportements peuvent pousser la victime à prendre conscience du fait qu’elle a besoin d’aide extérieure. Ils peuvent donc rendre la victime plus disposée à parler de son expérience et à recevoir des conseils[15]. Le moment peut s’avérer opportun pour les proches de lui indiquer les ressources d’aide disponibles et de proposer un accompagnement vers ces ressources.

La phase de résolution

Durant la phase de normalisation, la victime intègre l'agression dans sa vie de façon qu'elle n'en constitue plus le point focal. Les sentiments négatifs comme la culpabilité et la honte se résorbent et la victime ne se blâme plus pour l'agression. Il est particulièrement important pour les victimes qui étaient dans une phase de déni de reconnaître l'impact du viol et de reconnaître tout type de dommage secondaire auto-infligé (par exemple reconnaître un abus de médicament comme étant peu adapté pour se positionner face aux conséquences du viol).

Un comportement typique d'une victime masculine est d'attendre un long intervalle de temps entre l'agression sexuelle et la recherche d'une aide psychothérapeutique. Selon Lacey et Roberts[16], moins de la moitié des hommes victimes d'agression sexuelle recherchaient une thérapie dans les 6 mois et l'intervalle moyen entre l'agression et la recherche de thérapie était de 2,5 ans. Selon King et Woollett's[17] une étude sur 100 hommes victimes de viol a mis en relief que l'intervalle entre l'agression et la thérapie s'élevait à 16,4 ans.

Facteurs influençant les réactions

Le temps qu'il faut pour se remettre complètement d'une agression sexuelle peut varier beaucoup selon le profil et la nature de l’agression dont la personne a été victime. Les événements ayant précédé ou suivi l’agression ont également un impact sur les réactions vécues.

Ces facteurs[18] sont principalement :

  • L’âge de la victime ;
  • La nature de l'acte (attouchements, masturbation, pénétration, etc.);
  • La relation avec l'agresseur (étranger, connaissance, ami, membre de la famille immédiate);
  • Le degré de violence infligé ;
  • La réaction de l’entourage lorsque la victime dévoile l’agression ;
  • Les agressions sexuelles subies dans l’enfance ;
  • Les autres expériences de violence.

Par exemple, plus de 8 victimes sur 10 connaissent leur agresseur[19]. Or, lorsque les agressions sont commises par quelqu'un que la victime connaît et en qui elle a potentiellement confiance, les sentiments de culpabilité et d'autocritique semblent accrus. Inversement, quand l'agresseur est un étranger, la peur semble être l'émotion la plus difficile à gérer pour de nombreuses personnes (sentiment de vulnérabilité).

Traitements

Il existe plusieurs similitudes entre les symptômes du STV et ceux du trouble de stress post traumatique; les traitements sont donc similaires. Dans les deux cas, la victime souhaite pouvoir effacer le traumatisme qu’elle a vécu, revenir à sa vie antérieure. Ce souhait n’est que très rarement réalisable. Il est cependant possible d’accepter l’événement traumatique comme partie intégrante de sa nouvelle vie et de passer à autre chose. Autrement dit, il est possible de trouver un nouvel équilibre voire même d’en sortir grandi [4].

La consultation d’un psychologue, d’un sexologue ou d’un autre professionnel de la santé est une décision personnelle à chaque individu, mais qui peut parfois s'avérer indispensable. Les professionnels utilisent généralement une ou plusieurs de ces méthodes :

Interventions auprès des victimes

[20]

Sexualité après un viol

Renouer avec sa sexualité après un viol… impossible ? Non. Bien que des difficultés sexuelles, comme une baisse de désir ou une sexualité excessive, des douleurs lors des relations sexuelles et du dégoût pour la sexualité puisse apparaître suite à une agression[18], il est possible de reprendre une vie sexuelle normale.

Articles connexes

Références

  1. (en) Patricia Searles et Ronald J. Berger, Rape and society: Readings on the problem of sexual assault, Westview Press, , p. 239-245
  2. Bessel A. van der Kolk, Susan Roth, David Pelcovitz, Susanne Sunday, and Joseph Spinazzola, « Disorders of Extreme Stress: The Empirical Foundation of a Complex Adaptation to Trauma », Journal of Traumatic Stress, vol. 18, no 5,‎ , p. 389–399 (PMID 16281237, DOI 10.1002/jts.20047, lire en ligne)
  3. « Les agressions à caractère sexuel », sur http://www.agressionsexuellemontreal.ca/
  4. a et b « Trouble de stress post-traumatique (TSPT) : causes, symptômes et traitements - Santé mentale de A-Z - Institut universitaire en santé mentale Douglas », sur www.douglas.qc.ca (consulté le )
  5. Ann Wolbert Burgess et Lynda Lytle Holmstrom, « Rape Trauma Syndrome », American Journal of Psychiatry, vol. 131,‎ , p. 981-986 (ISSN 0002-953X, DOI 10.1176/ajp.131.9.981, lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Philip M. Sarrel1 and William H. Masters. (1982). Sexual molestation of men by women. Archives of Sexual Behavior, 11:2.
  7. (en) Tewksbury, Richard. « Effects of Sexual Assaults on Men: Physical, Mental and Sexual Consequences. » International Journal of Men’s Health, Vol. 6, no 1, printemps 2007.
  8. a b c d et e « Resources - University of Alberta », sur uofa.ualberta.ca (consulté le )
  9. a b et c « Conséquences - Agression sexuelle - Ministère de la Santé et des Services sociaux », sur www.msss.gouv.qc.ca (consulté le )
  10. « National Sexual Assault Online Hotline », sur RAINN (consulté le )
  11. a et b « National Sexual Assault Online Hotline », sur RAINN (consulté le )
  12. A.L. Brown, Testa, M. et Messman-Moore, T.L., « Psychological consequences of sexual victimization resulting from force, incapacitation, or verbal coercion. », Violence Against Women, vol. 15, no 8,‎ , p. 898–919 (PMID 19502576, DOI 10.1177/1077801209335491)
  13. (en) Choquet, M., Darves-Bornoz, J. M., Ledoux, S., Manfredi, R., & Hassler, C. (1997). « Selfreported health and behavioral problems among adolescent victims of rape in France: Results of a cross-sectional survey. » Child Abuse and Neglect, 21, 823-832.
  14. (en) King, M., Coxell, A., & Mezey, G. (2002). « Sexual molestation of males: Associations with psychological disturbance. » British Journal of Psychiatry, 181, 153-157.
  15. « Le rôle des proches • Agressions sexuelles », sur www.agressionssexuelles.gouv.qc.ca (consulté le )
  16. (en) Lacey, H. G., & Roberts, R. (1991). « Sexual assault on men. » International Journal of STD and AIDS, 2, 258-260.
  17. (en) King, M., & Woollett, E. (1997). « Sexually assaulted males: 115 men consulting a counseling service. » Archives of Sexual Behavior, 26, 579-588.
  18. a et b « [http://www.agressionsexuellemontreal.ca/violences-sexuelles/agression-sexuelle/impacts-et-consequences Table de concertation sur les agressions � caract�re sexuel de Montr�al - Impacts et cons�quences] », sur www.agressionsexuellemontreal.ca (consulté le )
  19. « Des chiffres qui parlent - Agression sexuelle - Ministère de la Santé et des Services sociaux », sur www.msss.gouv.qc.ca (consulté le )
  20. Marilynn E. Doenges, Mary Frances Moorhouse et Alice C. Geissler-Murr, Diagnostics infirmiers: Interventions et justifications, ERPI, , 3e éd. (ISBN 9782761340113)