Le Charme discret de la bourgeoisie
Réalisation | Luis Buñuel |
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Scénario |
Luis Buñuel Jean-Claude Carrière |
Acteurs principaux | |
Pays de production |
France Italie Espagne |
Genre | Comédie surréaliste |
Durée | 102 minutes |
Sortie | 1972 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Le Charme discret de la bourgeoisie est un film français réalisé et coécrit par Luis Buñuel, sorti en 1972. Comédie surréaliste, le film suit un groupe de bourgeois qui tentent de dîner paisiblement, mais sont interrompus par des situations de plus en plus absurdes.
Coproduction franco-italo-espagnole, le long métrage est récompensé par l'Oscar du meilleur film international en 1973.
Synopsis
[modifier | modifier le code]Le film suit un groupe d'amis bourgeois : Rafael Dacosta, ambassadeur de la république bananière de Miranda; François et Simone Thévenot, accompagnés de Florence, la soeur de Simone, alcoolique; et Henri et Alice Sénéchal. Les trois hommes se livrent au trafic d'héroïne grâce à la valise diplomatique de Rafael. Le groupe est rejoint par Mgr Dufour, évêque du diocèse des Sénéchal, qui, passionné de jardinage, demande à ces derniers de l'embaucher comme jardinier.
Ils essaient de se réunir pour un repas, mais divers obstacles les en empêchent : la première fois, les invités se sont trompés de jour ; la deuxième, les invitants se sont éclipsés pour faire l'amour dans le jardin et reviennent trop tard ; puis ce sont des officiers en manœuvres qui viennent participer au repas ; interviennent ensuite des policiers qui arrêtent les trois amis et leurs épouses, mais sont contraints de les relâcher par le ministre de l'Intérieur.
Le film est ponctué par plusieurs scènes oniriques qui se révèlent seulement a posteriori comme telles, ainsi que par le récit d'un rêve par un militaire, à un moment tout à fait incongru. Dans une autres scène curieuse, un jeune officier aborde les trois femmes dans un salon de thé pour leur raconter un épisode (en partie rêvé) de son enfance[1].
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre : Le Charme discret de la bourgeoisie
- Réalisation : Luis Buñuel
- Assistants réalisateurs : Arnie Gelbart, Pierre Lary
- Scénario : Luis Buñuel, Jean-Claude Carrière
- Photographie : Edmond Richard
- Décors : Pierre Guffroy
- Ensemblier : Pierre Lefait
- Montage : Hélène Plemiannikov
- Son : Guy Villette
- Chef électricien : Marcel Policard
- Production : Serge Silberman
- Pays : France, Italie et Espagne
- Langues : français, espagnol
- Genre : comédie dramatique
- Durée : 102 minutes
- Date de sortie : (Paris)
Distribution
[modifier | modifier le code]- Fernando Rey : Rafael Dacosta, ambassadeur de la république de Miranda, amant de Simone
- Paul Frankeur : François Thévenot
- Delphine Seyrig : Simone Thévenot, épouse de François et maîtresse de Rafael
- Bulle Ogier : Florence, sœur de Simone
- Jean-Pierre Cassel : Henri Sénéchal
- Milena Vukotic : Inès, domestique chez les Sénéchal
- Stéphane Audran : Alice Sénéchal
- Julien Bertheau : Mgr Dufour, évêque du diocèse et jardinier chez les Sénéchal
- Muni : la paysanne qui vient chercher un prêtre
- Georges Douking : le jardinier moribond, assisté par l'évêque
- Maria Gabriella Maione : la militante qui cherche à assassiner Rafael et est enlevée par ses hommes de mains
- Robert Le Béal : le tailleur
- Bernard Musson : le serveur du salon de thé
- Roger Caccia : le pianiste du salon de thé (non crédité)
- Christian Baltauss : le lieutenant du salon de thé, qui raconte son départ pour le collège militaire aux trois amies
- Michel Piccoli : le ministre de l'Intérieur
- François Maistre : le commissaire Delécluze
- Pierre Maguelon : un policier du commissariat et le « brigadier sanglant » dans une scène onirique
- Jacques Rispal : un policier
- Christian Pagès : le jeune homme torturé dans le commissariat
- Claude Piéplu : le colonel
- Alix Mahieux : la femme du colonel
- Maxence Mailfort : le jeune sergent qui raconte un rêve, retardant le départ des militaires pour leurs manœuvres
- Anne-Marie Deschodt
- Robert Benoit
- Robert Party
- Amparo Soler Leal
- Diane Vernon
- Ellen Bahl
- Pierre Lary
- François Guilloteau
- Sébastien Floche
- Jean Degrave
- Jean-Michel Dhermay
Production
[modifier | modifier le code]Préproduction
[modifier | modifier le code]Buñuel, attiré par les actions et les paroles qui se répètent, cherchait un sujet sur cette thématique. Il partit pour cela d'une anecdote arrivée à son producteur, Serge Silberman, qui devint la première scène du film, et qu'il développa en imaginant diverses situations où un groupe d'amis cherche à dîner ensemble sans y parvenir[1].
Pour Buñuel, « il existe une habitude surréaliste du titre qui consiste à trouver un mot ou un groupe de mots inattendus qui donnent une vision nouvelle d'un tableau ou d'un livre[2]. » « En travaillant sur le scénario, nous n'avions jamais pensé à la bourgeoisie. Le dernier soir […] nous décidâmes de trouver un titre[2]. » Parmi les titres proposés, Le Charme de la Bourgeoisie fut retenu et, après que Jean-Claude Carrière a fait remarquer qu'il manquait un adjectif, « entre mille discret fut choisi »[2].
Tournage
[modifier | modifier le code]Le tournage s'est déroulé en région parisienne et notamment dans les Yvelines. La maison du couple Sénéchal se trouve à Clairefontaine-en-Yvelines, rue de Rochefort (villa La Chenaie)[3]. L'auberge au début du film est l'ancienne auberge de la Sabretache, à Louveciennes et en bordure du domaine national de Marly-le-Roi. La ferme où l'évêque donne l'extrême-onction est La Fillolière à Choisel.
Les scènes où les six personnages principaux marchent sur une route déserte ont été tournées sur la D40 à Boullay-les-Troux dans l'Essonne.
Rafael Dacosta vit au 2, rue de Franqueville, dans le 16e arrondissement de Paris.
Distinctions
[modifier | modifier le code]- Oscar du meilleur film étranger en 1973
- Prix Méliès en 1972
- Nommé pour le meilleur son lors des British Academy Film Awards
Analyse
[modifier | modifier le code]Pour Buñuel, il lui « semblait qu'avec ce titre, Le Charme discret de la bourgeoisie, le film prenait une autre forme et presque un autre fond. On le regardait différemment[2]. »
Les conventions du cinéma sont elles-mêmes remises en cause, quand les acteurs-convives découvrent qu'ils sont au milieu d'une scène de théâtre[4].
Comme dans la plupart des films de Buñuel s'intéressant au sujet de la bourgeoisie, l’attaque faite à la culture bourgeoise dénonce des pratiques et des comportements sans dénoncer pour autant les fondements de la domination bourgeoise dans la société en général. Vue de l'intérieur, et sans mise en perspective, la bourgeoisie n'est pas confrontée aux autres classes[5], ce qui n'empêche pas un point de vue acerbe du réalisateur sur les us et coutumes de ce petit monde.
Dans ses mémoires, Buñuel déclare : « […] je fus particulièrement satisfait de pouvoir donner dans ce film ma recette du dry-martini[2]. »
Le cinéaste Jean-Pierre Mocky apprécie le film. Dans une interview sur sa « cinémathèque imaginaire » donnée à la bibliothèque du film en 1999, il dit de Luis Buñuel : « En dehors de ses courts métrages, il n’a fait que deux films formidables Los Olvidados et, dans sa seconde période, Le Charme discret de la bourgeoisie. Dans ce film, Buñuel est devenu un des Marx Brothers. Toutes les scènes sont très bizarres[6]. »
Le film a inspiré d'autres films, notamment par sa structure narrative autour des récits de rêves, citée par Roy Anderson comme influence pour Nous les vivants[7], ou le thème de l'évènement sans cesse reporté, que l'on retrouve dans Daaaaaalì[8], de Quentin Dupieux. La scène du théâtre est également citée par Dupieux dans Au poste ![9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1982, pages 305-307.
- Luis Buñuel, Mon dernier soupir, 1982, page 306.
- Le panneau à 14 min 12 se trouve à l'angle de la rue de Rochefort et de la route de Saint-Arnoult.
- Gérard Pauline 2010, p. 65.
- Gérard Pauline 2010, p. 60-61.
- Véronique Rossignol, « Jean-Pierre Mocky », La Bibliothèque du film, (lire en ligne, consulté le ).
- « Dossier de presse de Nous, les vivants, pour le Festival de Cannes »
- « "Daaaaaali !" : Dupieux héritier de Bunuel », sur France Inter, (consulté le )
- « “Au poste !”, de Quentin Dupieux : un air de “Buffet froid” », sur www.telerama.fr, (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Luis Buñuel, Mon dernier soupir (autobiographie), coécrit avec Jean-Claude Carrière, Robert Laffont, 1982
Article connexe
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Gérard Pauline, « La représentation de la bourgeoisie dans les films de Buñuel », Mémoire de séminaire - Sociologie des acteurs et enjeux de la culture, Université de Lyon - Université Lumière Lyon 2 - Institut d'études politiques de Lyon, (lire en ligne [PDF], consulté le )
- « Antibourgeois - Le Charme discret de la bourgeoisie - Luis Buñuel », fiche filmique proposée par Pietro Guarato [PDF], sur culture.unige.ch, ciné-club universitaire (consulté le )
- Film français sorti en 1972
- Film italien sorti en 1972
- Film espagnol sorti en 1972
- Comédie dramatique française
- Comédie dramatique italienne
- Comédie dramatique espagnole
- Film en français
- Film en espagnol
- Film réalisé par Luis Buñuel
- Film scénarisé par Jean-Claude Carrière
- Film produit par Serge Silberman
- Film se déroulant dans un pays fictif en Amérique
- Film sur les rêves
- Oscar du meilleur film international
- Film avec un British Academy Film Award de la meilleure actrice