Mtepe
Un mtepe (du swahili signifiant « bateau ») est un type de voilier swahili à un mât portant une voile carrée[2]. À la différence des embarcations rigides de technique occidentale, c'est un bateau cousu conçu pour être flexible[3] : les planches constituant la coque sont maintenues par des chevilles de bois[4] et de la fibre de coco[3].
Historique
Origine
L'origine de ce type de navire est ancienne et mal connue, de nombreuses théories sont possibles : naissance africaine, arabo-persane, indienne ou encore indonésienne ; il est possible que toutes ces cultures aient contribué chacune à l'émergence d'une technologie commune.
Ces bateaux cousus sont déjà cités dans le Le Périple de la mer Érythrée, un document anonyme du début du IIe siècle[5],[6]. Ces navires sont aussi mentionnés au XIe siècle par Al-Biruni dans son Histoire de l'Inde, puis par Al Idrissi au XIIe siècle, par Marco Polo, de passage à Ormuz en 1272 ou encore Ibn Battûta au XIVe siècle[réf. à confirmer][7].
Selon la tradition orale Bajun (en Somalie), ils seraient originaires de la région des Maldives, apportés sur les côtes africaines à une date inconnue par la migration du peuple Wadiba, et rapidement copiés par tous les peuples de la côte est-africaine[8].
Développement
Ce type d'embarcation est particulièrement souple et permet donc de naviguer en relative sécurité par-dessus les récifs immergés à marée haute, typiques de l'océan Indien, et de s'échouer en toute sécurité sur les plages. Pour cette raisons ces navires sont très répandus du Mozambique à l'Inde pendant un à deux millénaires, permettant de coloniser des îles entourées de récifs comme Mayotte, longtemps restées inaccessibles aux navires occidentaux[réf. à confirmer][7]. Le baron Carl Claus Von der Decken affirme ainsi en 1869 : « Ils se montrent excellents pour naviguer dans les eaux peu sûres ; car ils ne subissent absolument aucun dégât lorsqu'ils s'échouent sur des récifs ou un banc de sable, la marée suivante les rend à la liberté alors qu'un bateau européen assemblé avec du fer serait infailliblement brisé dans la même situation »[réf. à confirmer][7].
Extinction
La fin de la construction de mtepe dans son format original a été attribuée à l’arrivée des Portugais dans l’océan Indien au xve siècle, conduisant les constructeurs de bateaux à adopter des techniques alternatives de construction navale occidentale[3]. Toutefois les mtepes modifiés ont perduré jusqu'au XXe siècle en incluant de nombreuses modifications par rapport à sa conception originale[9], liés aux apports occidentaux.
Préservation
Près d'une douzaine de photographies et neuf modèles de mtepe ont été conservés[3] dont trois modèles au Fort Jesus Museum (un fort portugais construit en 1591 situé sur l' île de Mombasa, au Kenya)[3], un modèle au musée de Lamu[3], un modèle au National Maritime Museum de Londres[1] et un modèle au Science Museum de Londres[1].
Notes et références
- « The Mtepes of Kenya », sur indigenousboats.blogspot.fr, (consulté le )
- (en) « mtepe », Oxford dictionaries
- (en) Robert Marshall Adams, Construction and qualitative analysis of a sewn boat of the Westerne Indian Ocean (thèse de Master of Arts), Université du Minnesota, (lire en ligne).
- Prins 1959.
- « Le périple de la mer Érythrée », sur remacle.org
- Patrice Pomey, « À propos des navires de la mer Érythrée : découvertes récentes et nouveaux aspects de la question », Topoi. Orient-Occident, no supplément 11 « Autour du Périple de la mer Érythrée », , p. 122 (lire en ligne)
- H.D. Liszkowski, Mayotte et les Comores : Escales sur la route des Indes aux XVe et XVIIIe siècles, Mayotte, Editions du Baobab, coll. « Mémoires », , 414 p. (ISBN 2-908301-18-0). [réf. à confirmer]
- Henri Médard (sous la direction de), Traites et esclavages en Afrique orientale et dans l'océan Indien, Karthala, , p. 267
- (en) Erik Gilbert, « The Mtepe : regional trade and the late survival of sewn ships in East African waters », The International Journal of Nautical Archaeology, , (27.1:43-50 Article No. na980137)
Voir aussi
Bibliographie
- (en) James Hornell, « The sea-going Mtepe and Dau of the Lamu Archipelago », The Mariner's Mirror, vol. 27, no 1, , p. 54-68 (DOI 10.1080/00253359.1941.10658747).
- (en) A.H.J. Prins, « Uncertainties in Coastal Cultural History: The Ngalawa and the Mtepe », Tanganyika Notes and Records, no 55, , p. 204-214.
- (en) A. H. J. Prins, « The mtepe of Lamu, Mombasa and the Zanzibar sea », Paideuma, no 28 « From Zinj to Zanzibar: Studies in History, Trade and Society on the Eastern Coast of Africa », , p. 85-100 (lire en ligne)
- (en) A.H.J. Prins, « Second Case Study: the Mtepe of the Swahili Coast », dans Handbook of Sewn Boats: The Ethnography and Archaeology of Archaic Plank-Built Craft, Greenwich, Londres, The National Maritime Museum, coll. « Maritime Monographs and Reports » (no 59), , p. 64-92.
- (en) Jeremy Green, « Arabia to China, the Oriental Traditions », dans The Earliest Ships: The Evolution of Boats Into Ships (Conway's History of the Ship), Naval Institute Press, .
- (en) Colin Breen and Paul J. Lane, « Archaeological Approaches to East Africa's Changing Seascapes », World Archaeology, Taylor & Francis, Ltd., vol. Vol. 35, no No. 3, pp. 469-489
- (en) Erik Gilbert (Department of History, University of Vermont, Burlington, VT 05405 USA), « The Mtepe : regional trade and the late survival of sewn ships in East African waters », The International Journal of Nautical Archaeology, vol. 27.1:43-50 Article No. na980137,
Articles connexes
Liens externes
- Bateaux indigènes: Les mtepes du Kenya , avec images