Organisation des États américains

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Organisation des États américains
Logo de l'organisation
Drapeau de l'OEA.
Carte de l'organisation
Situation
Création 1948 (Charte effective en décembre 1951)
Type Organisation internationale
Siège Drapeau des États-Unis Washington
Coordonnées 38° 53′ 34″ N, 77° 02′ 25″ O
Langue Espagnol, portugais, anglais, français
Organisation
Membres 35 États
Secrétaire général Drapeau de l'Uruguay Luis Almagro

Site web http://www.oas.org/fr/
Géolocalisation sur la carte : États-Unis
(Voir situation sur carte : États-Unis)
Organisation des États américains
Géolocalisation sur la carte : Amérique
(Voir situation sur carte : Amérique)
Organisation des États américains

L'Organisation des États américains (OEA) (anglais : Organization of American States ; espagnol : Organización de los Estados Americanos ; portugais : Organização dos Estados Americanos), est une organisation créée en 1948 qui regroupe la plupart des gouvernements des États d'Amérique. Les États membres se fixent des politiques et objectifs importants dans le cadre de l'Assemblée générale, qui réunit les ministres des Affaires étrangères du continent une fois par an.

Histoire

Le , lors de la 9e conférence panaméricaine de Bogota, 21 nations de l'Amérique ont signé la charte de l'OEA, appelée aussi Charte de Bogota, affirmant par là leur engagement vers la réalisation de buts communs et leur respect de la souveraineté de chaque nation. Elles ont également adopté la Déclaration américaine des droits et devoirs de l'Homme (en), la première déclaration internationale en son genre. En pratique, l'Organisation est dès le début dirigée contre la pénétration communiste, aboutissant la décision d'exclure Cuba de sa participation au Système interaméricain le . L'OEA est revenue sur cette décision lors du sommet de San Pedro Sula (Honduras), le [1]. En 2008, douze pays latino-américains constituent l'Unasur pour se substituer à l'OEA et à la domination exercée par les États-Unis sur cette organisation[2].

Objectifs

Le but de l'organisation est de défendre la démocratie et les droits de l'Homme, de renforcer la sécurité du territoire, de lutter contre les trafics de drogue et la corruption, ainsi que d'aider aux échanges entre les différents pays de l'Amérique.

L'OEA fait pourtant l'objet de critiques sévères de la gauche latino-américaine : le Forum de São Paulo la qualifie ainsi de « ministère des Colonies » des États-Unis[3]. En 2018, Temir Porras Ponceleón, politologue et vice-ministre des affaires étrangères de Nicolas Maduro[4], la qualifie de « bras exécutif du projet « panaméricain » de Washington »[5].

Fonctionnement

L'OEA siège dans l'édifice de la Pan American Union à Washington DC

Avec ses quatre langues officielles (l'anglais, l'espagnol, le portugais et le français), l'OEA reflète la diversité des peuples et des cultures de l'ensemble des Amériques. Des pays du monde entier ont le statut d'observateurs permanents et suivent de près les questions qui revêtent une importance vitale en Amérique ; ils fournissent souvent un appui financier important aux programmes de l'OEA.

Le Conseil permanent, composé d'ambassadeurs nommés par les États membres, tient des réunions régulières au siège de l'OEA à Washington pour orienter les politiques et actions continues. La présidence du Conseil permanent connaît une rotation tous les trois mois, selon l'ordre alphabétique du nom des pays en espagnol. Chaque État membre a une voix égale, et la plupart des décisions se prennent par consensus.

Organismes spécialisés

L'OEA dispose d'une Commission interaméricaine des droits de l'homme et d'une Cour interaméricaine des droits de l'homme.

On retrouve également, dans le cadre de l'OEA, plusieurs organismes spécialisés qui jouissent d'une autonomie considérable, notamment l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS), basée à Washington, l'Institut interaméricain de l'enfance (IIN), dont le siège est à Montevideo (Uruguay) ; l'Institut interaméricain de coopération pour l'agriculture (IICA), à San José (Costa Rica), ainsi que l'Institut panaméricain de géographie et d'histoire (IPGH) et l'Institut interaméricain des affaires indigènes (III), tous deux siégeant à Mexico.

Commission interaméricaine des femmes

Lors de la session de l'ICAS (International Conference of American States) en 1923 à Santiago, plusieurs milliers de femmes manifestent. Le délégué argentin fait alors voter une motion préconisant la participation de femmes dans les délégations nationales lors des sessions de l'ICAS. Toutefois, en 1928, aucune femme ne se trouve dans les délégations. Des féministes, comme en 1923, manifestent alors et demandent une audience durant la conférence. Un groupe de déléguées vient présenter un texte visant à une meilleure reconnaissance des femmes dans les États américains. Elles obtiennent aussi la création d'une commission composée de femmes, l'IACW (Inter-American Commission of Women), dont la mission est de travailler à améliorer les droits des femmes. De 1928 à 1938 cette Commission interaméricaine des femmes est indépendante de l'ICAS. En 1948, l'OAS (Organization of American States), nouvellement créée, en fait une commission intégrée[6],[7].

Secrétaires généraux

Statue de Isabelle la Catholique devant le siège de L'OEA à Washington, D.C.

États membres

Pays membres, suspendus et non-membres
Légende :
Vert foncé : Pays fondateurs
Vert clair : Autres pays membres
Gris : Pays non-membres


Cuba

Cuba faisait partie des États membres de l'OEA, mais à la suite d'un vote[8] lors de la huitième consultation des ministres des Affaires étrangères, il a été exclu le sur demande du président John Kennedy. La raison de son exclusion est que l'établissement d'un système communiste était considéré comme incompatible avec le système inter-américain, car il brisait l'unité et la solidarité du continent. Les pays de l'OEA se voient également interdire de commercer et d'échanger avec l'ile.

Ces interdictions et sanctions ont été partiellement levées le 21 août 1975 par le président Gerald Ford. Cuba reste exclu de l'OEA, les Etats-Unis maintiennent leur embargo, mais ils laissent désormais aux autres pays de l'OEA la liberté d'échanger et de commercer avec Cuba. Depuis, plusieurs États se déclarent pour la réintégration totale de Cuba[9]. C'est notamment le cas du Mexique qui a fait une demande en ce sens le [10].

Le , l'Organisation des États américains a approuvé par acclamation une résolution privant d'effet la décision d'exclusion de la participation de Cuba au Système interaméricain[1]. Le président brésilien Lula a accueilli cette décision comme « victoire du peuple latino-américain »[11]. Toutefois Cuba refuse de réintégrer l'organisation.

En février 2017, Luis Almagro président de l'Organisation des États américains, Felipe Calderon et Mariana Aylwin, n'ont pas pu se rendre à Cuba pour recevoir un prix remis par la dissidente cubaine Rosa María Payá[12].

République dominicaine

En avril 1965, le président des États-Unis Lyndon Johnson fait envahir la République dominicaine pour y rétablir le pouvoir de la Junte militaire, alors contestée par des manifestations massives et l'entrée en rébellion de plusieurs casernes. Les combats provoquent 5 500 morts, majoritairement civils. La légitimité de l'invasion est contestée par plusieurs pays, la charte de l'OEA précisant que « Le territoire d'un État est inviolable. Il ne doit pas être l'objet, même temporairement, d'une occupation militaire ou d’autres mesures de force prises par un autre État, pour quelque raison que ce soit.» Sur pression du département d’État, le conseil de l'OEA décide l'organisation d'une « force armée collective charger de favoriser le retour à la normale en République dominicaine » et deux semaines plus tard, les 35 000 soldats américains placent sur leurs uniformes un brassard « OEA » tandis que six pays (le Brésil, le Costa Rica, le Salvador, le Nicaragua, le Honduras et le Paraguay) envoient un détachement symbolique de quelques centaines de soldats[13].

Honduras

Dans la nuit du 4 au 5 juillet 2009, l’OEA a suspendu le Honduras à la suite du coup d’État du 28 juin. Le pays a été réintégré le à l'organisation[14].

Venezuela

Faute d'une majorité des deux tiers nécessaire au déclenchement d'une procédure d'exclusion du Venezuela de l'OEA, le secrétaire général de l’organisation, Luis Almagro, parraine la création d'une coalition de gouvernements conservateurs, sous le nom de groupe de Lima, afin de trouver une solution à la crise de Venezuela. Il est par ailleurs l'un des rares responsables politiques latino-américain à soutenir l'idée d'une intervention militaire, évoquée par Donald Trump[15].

Notes et références

  1. a et b (es) Organisation des États d'Amérique, « En histórica jornada, la OEA deja sin efecto la resolución que excluyó la participación de Cuba del Sistema Interamericano »,
  2. Lamia Oualalou, « Brasília oublie le « complexe du chien bâtard » », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « La voix dissonante du [[Forum de São Paulo]] - Maurice Lemoine », sur www.medelu.org,
  4. Carolina Rosendorn et Temir Porras Ponceleón, « « Pour une solution démocratique au Venezuela, il faut des espaces de dialogue » », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  5. Temir Porras Ponceleón, « Pour sortir de l’impasse au Venezuela », Le Monde diplomatique,‎ , p. 6-7 (ISSN 0026-9395, lire en ligne)
  6. (en) G. Pope Atkins, Encyclopedia of the Inter-American System, Greenwood Publishing Group, , 561 p. (ISBN 9780313286001, lire en ligne), p. 227
  7. (en) Francesca Miller, « Inter-American Commission of Women », dans Bonnie G. Smith, The Oxford Encyclopedia of Women in World History, New York, Oxford University Press, (ISBN 978-0-19-514890-9, lire en ligne), p. 595
  8. quatorze pour, un contre et six abstentions (Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Équateur et Mexique)
  9. (fr) L’Organisation des États d’Amérique, sur le site du Monde diplomatique
  10. (en) Mexica calls for Cuba's reinstatement into the OAS
  11. Lula: "Es una victoria del pueblo latinoamericano", La Vanguardia, 4 juin 2009
  12. Cuba a rejeté les demandes de visas de dignitaires étrangers Challenges, 23 février 2017
  13. Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’Etat modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, , p. 52-53
  14. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2011-06-04-Honduras-OEA
  15. « Pour sortir de l’impasse au Venezuela », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes