Symphonie no 1 de Beethoven
Symphonie no 1 en ut majeur Opus 21 | |
Beethoven vers 1800 Portrait de C.T. Riedel, 1801 | |
Genre | Symphonie |
---|---|
Nb. de mouvements | 4 |
Musique | Ludwig van Beethoven |
Effectif | Orchestre symphonique |
Durée approximative | env. de 27 à 30 min |
Dates de composition | 1799 – 1800 |
Dédicataire | Van Swieten |
Création | Burgtheater Vienne |
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La symphonie en ut majeur opus 21 du compositeur allemand Ludwig van Beethoven est la première de ses neuf symphonies. Elle a été composée en 1799 – 1800[1] et créée le [2] au Burgtheater à Vienne, pour la première grande « académie » musicale du compositeur. Publiée à la fin de l’année 1801 chez Hoffmeister à Leipzig[2],[3], elle est dédiée au baron Van Swieten[2], mélomane, ami de Wolfgang Amadeus Mozart et de Joseph Haydn, et l'un des premiers protecteurs de Beethoven à Vienne[4].
Bien reçue par le public, l'œuvre fut cependant critiquée pour son aspect novateur : importance des cuivres, ouverture ne débutant pas par la tonalité principale, nombreuses modulations, troisième mouvement (faussement intitulé Menuetto) trop rapide, etc., malgré une structure très classique.
Histoire de l'œuvre
[modifier | modifier le code]Beethoven livre sa première symphonie en pleine maturité, il a trente ans[5] et a déjà produit quelques chefs-d'œuvre (concertos, sonates pour piano, trios et quatuors). Si la Symphonie no 1 est composée entre 1799 et 1800, Ludwig Van Beethoven commence à travailler à une symphonie en ut majeur dès 1795, avant de l'abandonner en 1796. Ancien élève de Joseph Haydn et admirateur de Mozart, il reste encore marqué à cette époque par leur influence dans l'écriture de sa première symphonie, comme dans celle de sa deuxième, qui, tout en restant proches de l'esthétique classique de la fin du XVIIIe siècle, comportent néanmoins un souffle nouveau, pour ainsi dire "révolutionnaire", qui s'affirmera de manière éclatante à partir de sa troisième symphonie, la Symphonie Héroïque.
Orchestration : évolution de Mozart à Beethoven
[modifier | modifier le code]Dès sa Première Symphonie, Beethoven stabilise définitivement le nombre des bois et des cuivres ainsi que la présence des timbales, qui n'avaient cessé de fluctuer dans les symphonies de Mozart, y compris dans ses toutes dernières ; en effet, chez Mozart les clarinettes sont souvent absentes (par exemple, symphonies no 38 et 41), les flûtes parfois au nombre de deux, parfois réduites à une seule (symphonie no 39), et parfois absentes (par ex. symphonies no 30, no 34 et no 36) ; quand il prévoit des clarinettes, ce sont les hautbois qui sont alors absents (par ex. symphonie no 40). Les cuivres fluctuent également dans les symphonies de Mozart, où les trompettes, par exemple, sont absentes des symphonies no 30, no 33, no 40 ; sa symphonie no 29 ne comporte que deux hautbois, pour les bois, et que deux cors pour les cuivres ; enfin, la présences des timbales y est également fluctuante, étant absentes dans nombre de ses symphonies, même parmi les plus importantes, telles que les symphonies no 29 et no 40.
Avec Beethoven, l'orchestre classique va enfin trouver une stabilité définitive à cet égard : toutes ses symphonies comporteront, pour les bois : flûtes, hautbois, clarinettes, bassons, auxquels il adjoindra la petite flûte (symphonies no 5, no 6 et no 9) et le contrebasson (symphonies no 5 et no 9) ; pour les cuivres : cors et trompettes, auxquels il adjoindra les trombones (symphonies no 5, no 6 et no 9). Ainsi l'orchestre beethovénien restera la base inchangée de l'orchestre symphonique presque tout au long du dix-neuvième siècle.
Instrumentation de la 1re symphonie de Beethoven |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Bois |
2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes en ut, 2 bassons |
Cuivres |
2 cors en ut et en fa, 2 trompettes en ut |
Percussions |
2 timbales en do et en sol |
Structure
[modifier | modifier le code]La première symphonie de Beethoven, comme la plupart des symphonies classiques, comprend quatre mouvements et son exécution dure un peu moins d'une demi-heure.
I | Adagio molto - Allegro con brio |
- 4/4 - - 2/2 - |
croche = 88 blanche = 112 |
ut majeur |
II | Andante cantabile con moto | - 3/8 - | croche = 120 | fa majeur |
III | Menuetto (Allegro molto e vivace) | - 3/4 - | blanche pointée = 108 | ut majeur |
IV | (Finale) Adagio - Allegro molto e vivace |
- 2/4 - | blanche = 88 |
ut majeur |
Analyse
[modifier | modifier le code]I - Adagio molto – Allegro con brio
[modifier | modifier le code]À la manière de Haydn, il débute par une introduction lente Adagio molto de douze mesures créant une certaine ambiguïté dans la tonalité de l'œuvre. Le ton d’ut majeur n'est affirmé que dans l’Allegro con brio de forme sonate classique. L'exposition présente d'abord le premier thème en do majeur, impétueux et jubilatoire, puis un pont modulant amène la tonalité de sol majeur dans laquelle le second thème, par opposition plus mélodieux, est exposé. Il s'ensuit un commentaire ou exégèse[6] de ces deux thèmes : d'abord le second, au hautbois et au basson, ensuite le premier repris dans un tutti en imitation. Cette exégèse, parfois présente chez Mozart, est étendue par Beethoven, marquant ici son influence sur la forme sonate[6]. Le développement est très modulant, exclusivement construit sur le premier thème. La réexposition reprend les deux thèmes, le premier fortissimo et varié, le second textuel, mais à la tonique au lieu de la dominante. Le mouvement s'achève sur une coda assez conventionnelle.
II - Andante cantabile con moto
[modifier | modifier le code]Andante cantabile con moto, ce mouvement de forme sonate reprend certains procédés de la Symphonie no 40 de Mozart. Le premier thème de l'exposition est exploité en fugato à quatre voix. Les entrées successives sont largement espacées, ce qui donne une sensation de clarté à la polyphonie. Le second thème est une sorte de conséquent. Après une codetta où les timbales jouent un rôle d'ostinato, Beethoven recommandait une reprise da capo souvent occultée par les chefs d'orchestre aujourd'hui. Le développement, dans l'esprit Sturm und Drang, met en valeur de nombreuses modulations et l'ostinato rythmique. La réexposition est variée et se conclut par une coda, elle-même variée.
III - Menuetto (Allegro molto e vivace)
[modifier | modifier le code]C'est le mouvement le plus original de la symphonie. Malgré son intitulé, c'est un véritable scherzo. L'Allegro molto e vivace est d'ailleurs un tempo trop rapide pour un menuet. Le thème du menuet est développé, puis repris sous une forme variée. Celui du trio est un deuxième scherzo enchâssé dans le premier et qui adopte la même structure que le précédent.
IV - Finale (Adagio – Allegro molto e vivace)
[modifier | modifier le code]L’Allegro molto e vivace de forme sonate débute par un court Adagio, montée progressive de la gamme de sol. C'est un mouvement dans le plus pur style haydnien. Les deux thèmes sont allègres, en notes piquées et répétées pour le premier, en dialogue syncopé pour le second. Le développement est basé exclusivement sur le premier thème, lequel sera écourté dans la réexposition alors que le deuxième thème est allongé et suivi d'une coda.
Repères discographiques
[modifier | modifier le code]Références monophoniques
[modifier | modifier le code]- Arturo Toscanini, NBC Symphony orchestra, 1939 (Naxos)
- Willem Mengelberg, Royal Concertgebouw Orchestra, 1940 (Archipel) et (Andromeda)[7]
- Bruno Walter, New York Philharmonic, 1947 (Columbia) réédition (United Archives) 2010[8]
- Arturo Toscanini, NBC Symphony orchestra, 1951 (RCA)[9]
- Wilhelm Furtwängler, Orchestre philharmonique de Vienne, 1952 (EMI Classics)[10]
- Ferenc Fricsay, Berliner Philharmoniker, 1953 (DG)[11]
- Herbert von Karajan, Philharmonia Orchestra, 1953 (EMI Classics)[12]
- Carl Schuricht, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire 1957 (EMI Classics)[13],[14]
Références stéréophoniques
[modifier | modifier le code]- Pierre Monteux, Orchestre philharmonique de Vienne, 1959 (Decca)
- Otto Klemperer, Philharmonia Orchestra, 1960 (EMI Classics)[15]
- Fritz Reiner, Orchestre symphonique de Chicago, 1961 (RCA)[16]
- Herbert von Karajan, Orchestre philharmonique de Berlin, 1962 (DG)[17]
- Paul Kletzki, Orchestre philharmonique tchèque, 1964 (Supraphon)
- Herbert von Karajan, Berliner Philharmoniker, 1977 (DG)[18],[19]
- Leonard Bernstein, Wiener Philharmoniker, 1978 (DG)
- Roger Norrington, London Classical Players, 1987 (EMI Classics) réédition (Virgin Records) 2001[20]
- Nikolaus Harnoncourt, Chamber Orchestra of Europe, 1991 (Teldec)[21],[22],[23]
- Simon Rattle, Orchestre philharmonique de Vienne, 2002 (EMI Classics)[24],[25]
- John Nelson, Ensemble orchestral de Paris, 2006 (Naïve)
- Charles Mackerras, Scottish Chamber Orchestra, 2006 (Hyperion Records)[26].
- Jos van Immerseel, Orchestre Anima Eterna, 2007 (Zig-Zag Territoires)[20],[27]
- Emmanuel Krivine, La Chambre philharmonique, 2010 (Naïve)[28],[29],[30]
- Riccardo Chailly, Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, 2011 (Decca)[31]
- Christian Thielemann, Wiener Philharmoniker, 2011 (Sony BMG)[32]
- Daniel Barenboïm, West-Eastern Divan Orchestra, 2012 (Decca)
- Mariss Jansons, Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, 2013 (BR Klassik)[33],[34]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le manuscrit ayant été perdu, on ne connaît pas la date exacte d'achèvement. Selon Marc Vignal une ébauche était réalisée en 1796 qui sera reprise sous une forme modifiée pour le finale de la première symphonie
- Barry Cooper (trad. de l'anglais par Denis Collins), Dictionnaire Beethoven [« Beethoven compendium »], Lattès, coll. « Musiques et musiciens », , 614 p. (ISBN 978-2-7096-1081-0, OCLC 25167179), p. 338.
- Jean et Brigitte Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, (1re éd. 1955), 845 p. (ISBN 978-2-213-00348-1), p. 619.
- Beethoven avait prévu de dédicacer l'œuvre à Maximilien François d'Autriche avant le décès accidentel de ce dernier
- Mozart compose sa première symphonie à neuf ans, Schubert à seize ans
- Igor Markevitch, Edition encyclopédique des neuf symphonies, Luynes/Leipzig, Editions Van de Velde, 1982-1984, 125 p. (ISBN 2-85868-077-9, 978-2-85868-077-1 et 2-85868-078-7, OCLC 18857541, lire en ligne)
- Enregistré en public au Royal Concertgebouw Orchestra d'Amsterdam le 14 avril 1940
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 517 du mois de septembre 2004
- « Le style peu orthodoxe mais l'interprétation vibrante, haletante, bref superbe ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 80
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de mars 2011, p. 74
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason no 508 du mois de novembre 2003
- « La première intégrale de Karajan, plus spontanée, plus bigarrée que celles qui suivirent chez Deutsche Grammophon. Le chef joue sur les contrastes de dynamique avec un art (déjà) consommé ». Le guide 1996 du CD : Tome 1, Répertoire Classique, Marabout, (ISBN 978-2-501-02361-0), p. 79
- « Une interprétation classique. Justesse des tempos, équilibre des plans sonores, sobriété ». Guide Akaï du disque : Disques classiques, Akaï France, (ISBN 978-2-253-02849-9), p. 46
- « L'intégrale Schuricht est pleine de rigueur, de sévérité. Ce sont les grandes années de la Société des Concerts. La ferveur humble mais constante du chef révèle Beethoven dans son entière objectivité ». Dictionnaire des disques Diapason : Guide critique de la musique classique enregistrée, Robert Laffont, , 1062 p. (ISBN 978-2-221-50233-4), p. 114
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois de février 2013, p. 74
- Suggérée meilleure version disponible dans la revue Diapason du mois d’avril 2003, p. 30
- Grand Prix Du Disque de l'Académie Charles Cros 1963
- Enregistrement salué par une note de 5 diapasons dans la revue Diapason du mois de décembre 2008, p. 83
- "Un Must" La Discothèque idéale, sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Actes Sud, 2012, p. 40
- Enregistrement sur instruments d'époque
- Intégrale élue comme Disque de l’Année 1992 par la revue Gramophone
- Intégrale saluée à sa sortie par un Choc de la revue Le Monde de la musique, par un 10 de Répertoire de la revue Classica-Répertoire, par un Diapason d'or dans la revue Diapason et par un 4fff de la revue Télérama.
- « Le résultat est incroyable de dynamisme, de fraîcheur et d'intelligence »: La Discothèque idéale, sous la direction de Bertrand Dermoncourt, Actes Sud, 2012, p. 41
- Enregistré en public au Musikverein de Vienne en mai 2002
- Enregistrement salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason du mois d'avril 2003, p. 80
- Enregistré en public au festival D'Édimbourg de 2006
- Enregistrement salué par un Gramophone Editor's Choice de la revue Gramophone du mois de juin 2008
- La Chambre Philharmonique joue sur instruments d'époque
- Enregistré en public au Théâtre de Caen les 17 & 18 décembre 2009
- Enregistrement salué par un 4fff de la revue Télérama (mars 2010) et par un Gramophone Editor's Choice de la revue Gramophone du mois de juillet 2011
- Enregistrement salué par une note de 5 diapasons dans la revue Diapason du mois d'octobre 2011
- Enregistrement salué par une note de 5 diapasons dans la revue Diapason du mois d'avril 2012, p. 82
- Enregistré en public au Suntory Hall de Tokyo le 27 novembre 2012
- Enregistrement salué par un Choc de la revue Classica du mois novembre 2013, p. 82
Sources
[modifier | modifier le code]- Michel Lecompte, Guide illustré de la musique symphonique de Beethoven, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la musique », , 529e éd., 335 p. (ISBN 2-213-03091-X et 9782213030913, présentation en ligne)
- Guide de la musique symphonique sous la direction de François-René Tranchefort - Fayard 1992 (ISBN 2-213-01638-0)
- Igor Markevitch, Edition encyclopédique des neuf symphonies, Luynes/Leipzig, Editions Van de Velde, 1982-1984, 125 p. (ISBN 2-85868-077-9, 978-2-85868-077-1 et 2-85868-078-7, OCLC 18857541, lire en ligne)
Liens externes
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