Histoire des Juifs en Arabie saoudite

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L'histoire des Juifs en Arabie saoudite se comprend comme l'histoire passée des communautés juives ayant résidé sur le territoire actuel de l'Arabie saoudite.

Avant l'Islam[modifier | modifier le code]

Déportation d'Israélites par l'Empire néo-assyrien
Les juifs sont particulièrement présents dans la partie ouest de la péninsule arabique, le Hijaz (dont les frontières ont varié, en vert, en rouge)

Voir les Juifs de la péninsule arabique avant l'islam.

La première migration de Juifs en dans la péninsule Arabique remonterait à l'époque de l'Exil, au VIe siècle av. J.-C.[1]. Selon certains, ils se seraient implantés dans la région de Yathrib et de Khaybar à l'époque de Josué ou de Saul. Cependant, ces récits semblent douteux. Toutefois, il semble acquis, que leur présence en Arabie remonte à avant l'Exil[2].

L'immigration dans la péninsule arabique s'accentue vers le IIe siècle apr. J.-C.

Aux VIe et VIIe siècles, une population juive importante réside au Hedjaz, principalement dans et autour de la future Médine.

Les Banu Qurayza, tribu juive de Médine (Yathrib), étaient, selon Ibn Khordadbeh, collecteurs d’impôts pour le shah durant la domination perse du Hedjaz[3]. Selon le chroniqueur musulman du VIIIe siècle, Ibn Ishaq, deux de leurs rabbins auraient révélé à un roi Himyarite la venue future dans l’agglomération d’un prophète issu des Quraych ; l'historien musulman voulait accréditer de cette manière l'idée selon laquelle les juifs avaient prédit la venue de Mahomet, et l'avaient par avance considéré comme un prophète.

Tribus juives implantées en Arabie aux VIe et VIIe siècles[modifier | modifier le code]

Mahomet et ces trois tribus s'opposeront frontalement au 7e siècle.

  • Autres tribus :
    • Banu Awf,
    • Banu Harith,
    • Banu Jusham,
    • Banu Alfageer,
    • Banu Najjar,
    • Banu Sa'ida,
    • Banu Shutayba,

Débuts de l'Islam[modifier | modifier le code]

Mahomet est entré en conflit avec les trois principales tribus juives de Médine (appelée Yathrib, à l'époque), les Banu Qaynuqa, les Banu Nadir et les Banu Qurayza, qui ont refusé de le reconnaître comme prophète.

Selon la tradition islamique, peu après la bataille de Badr, les Banu Qaynuka sont expulsés surtout en raison de leurs multiples trahisons et non respect de leur pacte établi avec les musulmans, et pour manque de respect envers une femme du parti musulman.

Les Banu Nadir sont expulsés à leur tout, après la bataille de Uhud, car Mahomet les soupçonne de vouloir l’éliminer, peut-être en représailles contre l’assassinat du poète Ka'b ibn al-Ashraf, un de leurs chefs. Réfugiés à Khaybar, ils sont attaqués et exterminés violemment par les musulmans en 629 lors de la bataille de Khaybar.

Les hommes des Banu Qurayza sont tués et les membres de leur famille réduits en esclavage ou bannis, après la bataille du fossé durant laquelle ils auraient soutenu Abu Sufyan, polythéiste et ennemi juré de Mahomet.

Pour un résumé, voir Les Juifs de la péninsule arabique aux premiers temps de l'islam.

Survivances[modifier | modifier le code]

Il semble que de petites communautés se soient maintenues, et aient survécu dans des conditions difficiles, dans des enclaves.

C'est du moins ce que laisse supposer la relation du voyage de Benjamin de Tudèle, au XIIe siècle.

Le voyage de Benjamin de Tudèle[modifier | modifier le code]

Itinéraire de Benjamin de Tudèle[4].

Un voyage historique, pour visiter les communautés juives éloignées, est entrepris par le rabbin Benjamin de Tudèle de 1165 à 1173. Il a traversé quelques-unes des régions qui sont aujourd'hui en Arabie saoudite. Il s'y est arrêté dans des communautés juives vivant à Tayma et Khaybar deux localités connues pour une présence juive historique significative (voir Bataille de Khaybar, menée par Mahomet et ses partisans contre la communauté juive de Khaybar établie en 629[4].

Le voyage de Benjamin commence comme un pèlerinage en Terre sainte[5]. Les motivations du voyage sont discutées : recensement des communautés juives susceptibles d'offrir l'hospitalité, étude des possibilités d'émigration, établissement d'un réseau commercial, ou religieux[6]... Il prend le "long chemin" s'arrêtant fréquemment, pour rencontrer les gens, visiter les lieux, décrire les occupations, tenir un décompte démographique des Juifs dans chaque ville et zone.

Une des villes à communauté juive visitée est El Katif [7] dans la région de Hofuf, au nord de la Péninsule Arabique. Al-Hofuf ou Hofuf ou Al-Hufuf (arabe : الهفوف) est un centre urbain de la vaste oasis Al-Ahsa dans la Province de l'Est. La ville a une population de 287.541, en 2004, dans une zone d'environ 600.000 habitants, à l'intérieur des terres, au sud ouest de Abqaiq et de la grande aire métropolitaine de Dhahran-Dammam-Al-Khobar, au sud est de Haradh.

Najran ou le tapis volant[modifier | modifier le code]

Juifs Yéménites entre Aden et Israël, pendant l'Opération Tapis Volant (1949–1950).

Une petite communauté juive y a vécu dans une ville frontalière de 1934 jusqu'en 1950. La ville yéménite de Najran a été conquise par les forces saoudiennes en 1934, absorbant de fait sa communauté juive, qui remontait aux temps pré-islamiques.

Quand le harcèlement et la persécution sont devenus insupportables, les Juifs de Najran ont commencé à préparer leur départ du pays. Le gouverneur local de l'époque, Amir Turki Ben Mahdi, a accordé aux 600 Juifs Najrani[8] une journée pour soit évacuer soit ne jamais repartir. Les soldats saoudiens les ont accompagnés jusqu'à la frontière yéménite. Ces Juifs sont arrivés à Saada[9], et environ 200 ont continué vers le sud, pour Aden, entre septembre et octobre 1949. Le roi d'Arabie saoudite, Abdulaziz, a exigé leur retour, mais le roi du Yémen, Ahmad bin Yahya a refusé, parce que ces réfugiés étaient d'origine yéménite. Après une installation au camp de Hashid, aussi appelé Mahane Geula, ils ont été transportés par avion en Israël dans le cadre de l'Opération Tapis Volant[10].

Période actuelle[modifier | modifier le code]

Aucune activité de personne juive n'était admise en Arabie saoudite au début du XXIe siècle jusqu'en décembre 2014.

La situation a changé officiellement en décembre 2014 : "Les Juifs sont autorisés à venir travailler en Arabie Saoudite, a fait savoir le ministère saoudien du Travail d’après Al-Watan, le quotidien du Royaume qui rapporte que le site du ministère saoudien du Travail répertorie désormais le judaïsme comme l’une des dix religions acceptables et que les travailleurs étrangers ont le droit de pratiquer[11]". Les Israéliens restent interdits de séjour en Arabie Saoudite, les lieux de culte non musulmans sont interdits aussi.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Les Juifs dans l'Arabie pré-islamique, Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg.
  2. Henrich Graëtz, « Les Premiers Juifs d'Arabie », TROISIÈME PÉRIODE — LA DISPERSION Première époque — Le recueillement après la chute Chapitre XII — Les Juifs en Arabie — (jusque vers 650), sur histoire des Juifs
  3. Peters 193
  4. a et b « PDF: L'itinéraire de Benjamin of Tudèle trans. Nathan Marcus Adler. 1907: avec une carte de l'itinéraire (p. 2) et des commenbtaires. », teachittome.com (consulté le )
  5. Shatzmiller, Joseph, "Jews, Pilgrimage, and the Christian Cult of Saints: Benjamin of Tudela and His Contemporaries." After Rome's Fall: Narrators and Sources of Early Medieval History, p. 338, University of Toronto Press: Toronto, 1998
  6. Shatzmiller, Joseph, "Jews, Pilgrimage, and the Christian Cult of Saints: Benjamin of Tudela and His Contemporaries." After Rome's Fall: Narrators and Sources of Early Medieval History, p. 347, University of Toronto Press: Toronto, 1998
  7. Josephine Bacon. Consultant editor: Martin Gilbert, "From Abraham to the Destruction of the Second Temple": The Illustrated Atlas of Jewish Civilization, pp. 30-31, Quantum Books. London, 2004
  8. Ahroni, Reuben "Jewish emigration from the Yemen, 1951-98", 2001 (p. 27)
  9. Shulewitz, Malka Hillel "The Forgotten Millions", 2000 (p. 86)
  10. Martin Gilbert, "In Ishmael's House", 2000, (p. 271)
  11. « Arabie Saoudite : les Juifs autorisés à venir, les Israéliens restent bannis », sur The Times of Israel,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Gordon D. Newby, “Les juifs d'Arabie à la naissance de l'islam” 'Histoire des relations entre juifs et musulmans, dir. Abdelwahab Meddeb et Benjamin Stora, Albin Michel,2013.
  • Gordon D. Neby, A History of the Jews of Arabia, Univ. of South Carolina Press, 2009.
  • Reuven Firestone, La culture juive aux premiers temps de l'islam dans Les Cultures des Juifs. Une nouvelle histoire, L'Éclat, (présentation en ligne), pages 261-292

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]