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Cyamémazine

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Cyamémazine
Image illustrative de l’article Cyamémazine
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Structures plane et 3D de la molécule de cyamémazine.
Identification
DCI cyamemazine
Nom UICPA 10-[3-(dimethylamino)-2-methylpropyl]phenothiazine-2-carbonitrile[1]
Synonymes

cyamepromazine, 7204 RP

No CAS 3546-03-0
93841-82-8 (tartrate)
No ECHA 100.020.541
No CE 222-594-2
Code ATC N05AA06
DrugBank DB09000
PubChem 62865
ChEBI 135379
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C19H21N3S
Masse molaire[3] 323,455 ± 0,022 g/mol
C 70,55 %, H 6,54 %, N 12,99 %, S 9,91 %,
pKa 9,42[2]
Propriétés physiques
fusion 204 à 205°C [2]
Solubilité 0.029 g·l-1 dans l'eau [2]
Écotoxicologie
DJA 600 mg[4]
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 50 %
Métabolisme Hépatique
Demi-vie d’élim. 10 à 11 heures
Stockage Non
Excrétion

Urine

Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique Antipsychotique de première génération
Voie d’administration per os, I.M.
Grossesse Déconseillé : ne pas utiliser chez la femme enceinte, sauf en l'absence d'alternative thérapeutique.
Conduite automobile Conduite déconseillée, soyez très prudent (Niveau 2) en raison du risque de somnolence[5].
Caractère psychotrope
Catégorie Dépresseur du système nerveux central • Sédatif puissant
Autres dénominations

Tercian

Risque de dépendance Tolérance, mais pas d'addiction stricte[6]
Composés apparentés
Autres composés

Phénothiazine, Chlorpromazine, Lévomépromazine.


Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La cyamémazine (DCI) est un médicament antipsychotique. Cet antipsychotique de première génération, ou neuroleptique est surtout utilisé pour ses effets sédatifs et anxiolytiques puissants, pouvant induire de la somnolence et le sommeil en fonction de la dose prise. Cette sédation est cependant souvent recherchée dans le traitement de l'anxiété, des états aigus d'agitation, d'agressivité et des troubles du comportement[7]. Elle est commercialisée en France depuis 1972 sous le nom de Tercian[8].

Il s'agit de l'un des antipsychotiques de première génération les plus prescrits en France, souvent en complément d'un autre antipsychotique[9].

Ce médicament fait partie de ce qu'on appelle les « tranquillisants majeurs ». Son usage doit être strictement respecté afin de ne pas créer d’effets néfastes.

Classe chimique

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La cyamémazine est un dérivé de la phénothiazine, à chaine aliphatique[10] et fait partie de la première génération de neuroleptiques mais, à faible dose, possède des actions et une retranscription clinique semblables à celles des antipsychotiques de seconde génération[11],[12]. Elle peut être classée comme un neuroleptique sédatif, en opposition aux neuroleptiques incisifs.

Pharmacodynamique

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Mécanisme d'action

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Cyamémazine (molécule-mère)

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La cyamémazine est un antagoniste ayant une forte affinité de liaison avec les récepteurs dopaminergiques D1, D2, D3, D4 et D5, sérotoninergiques 5-HT2, 5-HT6 et 5-HT7, adrénergiques α1, histaminiques H1 et muscariniques[13].

Elle détient des propriétés antipsychotiques (antidélirantes et antihallucinatoires) faibles de par son action antidopaminergique anti-D2. Elle possède également des propriétés sédatives et anxiolytiques de par ses actions antihistaminique anti-H1, adrénolytique anti-α1 et antisérotoninergique anti-5-HT2C[10]. Son antagonisme des récepteurs 5-HT2A à la sérotonine peut expliquer l'incidence faible des effets secondaires extrapyramidaux avec cette molécule, qui sont présents surtout a haute dose mais néanmoins possibles à des doses plus modérées[9],[11],[12],[14],[15]. Elle présente des effets atropiniques (anticholinergiques) marqués qui sont responsables de certaines contre-indications et effets indésirables[10],[12].

Profil pharmacologique de la cyamémazine
Site Ki (nM) Espèce Référence
H1 9.3 Cochon d'Inde [13]
H2 351 Cochon d'Inde [13]
H3 > 10000 Rat [13]
M1 13 Humain [13]
M2 42 Humain [13]
M3 32 Humain [13]
M4 12 Humain [13]
M5 35 Humain [13]
5-HT1A 517 Humain [13]
5-HT2A 1.5 Humain [13]
5-HT2C 12 Humain [13]
5-HT3 2943 Humain [13]
5-HT7 22 Humain [13]
D1 3.8 Humain [13]
D2 5.8 Humain [13]
D3 2.5 Humain [13]
D4 5.3 Humain [13]
α1 2.3 Rat [13]
α2 1320 Rat [13]
GABAA > 10000 Rat [13]
GABAB > 10000 Rat [13]
Valeurs de Ki en nanomolaires (nM). Plus la valeur de Ki est petite, plus le médicament se lie fortement au site.
Profil pharmacologique de la N-desméthyl-cyamémazine
Site Ki (nM) Espèce Référence
5-HT2A 1.5 [16]
5-HT2C 12 [16]
D2 12 [16]
Profil pharmacologique de la cyamémazine sulfoxide
Site Ki (nM) Espèce Référence
5-HT2A 39 [16]
H1 15 [16]

Métabolites actifs

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La N-desméthyl-cyamémazine possède une affinité similaire aux récepteurs sérotoninergiques 5-HT2A et une affinité aux récepteurs dopaminergiques D2 huit fois inférieure à celles de la cyamémazine[17].

La cyamémazine sulfoxide possède une forte affinité pour les récepteurs sérotoninergiques 5-HT2A et pour les récepteurs histaminiques H1 et une affinité réduite pour les récepteurs dopaminergiques D2 et sérotoninergiques 5-HT2C[18].

Pharmacocinétique

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Par voie orale, la biodisponibilité de la cyamémazine est d'environ 50 %. Son Tmax, c'est-à-dire son temps d'atteinte de la concentration plasmatique maximale se situe environ 2 heures 15 minutes après l'administration. Sa demi-vie plasmatique est de 10 à 11 heures[19],[12].

Son métabolisme est principalement hépatique : les cytochromes CYP1A2, CYP2C8, CYP2C19 et CYP3A4 entrainent la formation de la N-desméthyl-cyamémazine et les cytochromes CYP1A2 et CYP2C9 celle de la cyamémazine sulfoxide, les deux principaux métabolites actifs[20].

L’excrétion de la cyamémazine ainsi que celle de ses métabolites est rénale et ces substances se retrouvent dans les urines pendant 72 heures[19],[21].

La cyamémazine et ses métabolites ne semblent pas occasionner de stockage dans le cadre d'une utilisation prolongée[12],[22].

Indications

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La cyamémazine possède une AMM pour le traitement :

Elle peut cependant être utilisée hors-AMM pour le traitement :

La posologie usuelle se situe entre 50 et 300 mg en au moins deux prises quotidiennes. Cette dose peut être exceptionnellement portée à 600 mg par jour[27]. Cependant, des dosages plus faibles peuvent être prescrits en tant qu'anxiolytique, ou d'hypnotique. Dans le cas de la chimiothérapie anxiolytique, en cas d'échec des thérapies habituelles, la dose préconisée est de 25 à 100 mg par jour[19].

En pédiatrie, la posologie recommandée pour les troubles du comportement avec agitation et agressivité chez les enfants et adolescents de 6 à 15 ans est de 1 à 4 mg·kg-1·jour-1. La forme galénique en solution buvable est naturellement la plus adaptée pour cette population[28].

Effets secondaires

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Parmi les effets indésirables rapportés, on peut citer :

Précautions d'emploi

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La cyamémazine, à l'instar des autres antipsychotiques, peut provoquer un syndrome malin des neuroleptiques qui constitue une urgence diagnostique et vitale. Elle peut également entraîner une possible agranulocytose et des réactions d'hypersensibilité (angiœdème et urticaire)[8].

Elle est connue pour pouvoir allonger l'intervalle QT à l'électrocardiogramme de façon dose-dépendante, ceci pouvant favoriser les troubles du rythme cardiaque[8]. Il s'agit donc d'une molécule torsadogène. Elle est ainsi déconseillée en association avec d'autres molécules allongeant l'intervalle QT[10] et elle est contre-indiquée avec les molécules les plus torsadogènes[note 1].

Contre-indications

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Statut légal et prescription

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La cyamémazine est une substance classée sur la liste I des médicaments, elle n'est donc disponible que sur ordonnance[8]. Les spécialités en contenant possèdent un taux de remboursement de 65 % et sont agréées aux collectivités[19].

Spécialités

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Cyamémazine
Informations générales
Princeps
  • Tercian (France),

N'est pas commercialisé en Amérique du Nord[30], en Belgique[31] ou en Suisse[32].

Classe Psycholeptiques, Antipsychotiques, Phénothiazines à chaîne latérale aliphatique.
Sels tartrate
Laboratoire génériques Arrow, Biogaran, Viatris[10].
Statut légal
Remboursement France : remboursement par la sécurité sociale à hauteur de 65%, agréé aux collectivités.
Identification
No CAS 3546-03-0 Voir et modifier les données sur Wikidata
No ECHA 100.020.541
Code ATC N05AA06
DrugBank DB09000 Voir et modifier les données sur Wikidata

La cyamémazine, commercialisée sous le nom de Tercian en France, est disponible sous forme de :

  • boite de 25 comprimés dosés à 100 mg de cyamémazine ;
  • boite de 30 comprimés dosés à 25 mg de cyamémazine ;
  • boite de solution injectable (pour injection intra-musculaire) contenant 5 ampoules dosées à 50 mg·5·ml-1 de cyamémazine ;
  • boite de solution buvable en gouttes dosée à 40 mg·ml-1 de cyamémazine avec un flacon de 30 ml et une seringue doseuse graduée de 5 en 5 gouttes[8]; 1 goutte = 1 mg de cyamémazine ; Après ouverture du flacon de la solution buvable, la durée de conservation est de 1 mois[24].

Les galéniques en comprimés sont génériquées[10].

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Articles connexes

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Liens externes

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  1. C'est-à-dire le citalopram, l’escitalopram, la dompéridone, l'hydroxyzine et la pipéraquine, selon un arbitrage européen[29].

Références

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  1. a et b « COMPOUND SUMMARY - Cyamemazine », sur pubchem.ncbi.nlm.nih.gov (consulté le ).
  2. a b et c « Drugbank - Cyamemazine », sur go.drugbank.com (consulté le ).
  3. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  4. « Résumé des caractéristiques du produit - TERCIAN 100 mg, comprimé pelliculé sécable - Base de données publique des médicaments », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr (consulté le ).
  5. « TERCIAN 100 mg cp pellic séc », sur vidal.fr (consulté le ).
  6. S. Le Marie, J. Cholet, M. Fron et M. Grall-Bronnec, « Existe-t-il un pouvoir addictogène de la cyamemazine ? Réflexions autour de cas cliniques », French Journal of Psychiatry, numéro Zero : Congrés Français de Psychiatrie 10e édition – Résumés des communications, vol. 1,‎ , S132–S133 (ISSN 2590-2415, DOI 10.1016/S2590-2415(19)30354-X, lire en ligne, consulté le )
  7. a et b « TERCIAN 50 mg/5 ml sol inj en ampoule », sur VIDAL (consulté le ).
  8. a b c d et e « TERCIAN 25 mg cp pellic séc », sur VIDAL (consulté le ).
  9. a et b Philippe Nuss, Pierre-Michel Llorca, Christophe Lançon et Ricardo Garay, « Activité anxiolytique de la cyamémazine : rôle des récepteurs sérotoninergiques », L'information psychiatrique, vol. 83, no 7,‎ , p. 595–601 (ISSN 0020-0204, DOI 10.1684/ipe.2007.0219, lire en ligne, consulté le )
  10. a b c d e f g h et i « Cyamémazine : substance active à effet thérapeutique », sur VIDAL, (consulté le ).
  11. a et b (en) « Cyamemazine », sur go.drugbank.com (consulté le ).
  12. a b c d e et f Michel Bourin, Eric Dailly et Martine Hascöet, « Preclinical and clinical pharmacology of cyamemazine: anxiolytic effects and prevention of alcohol and benzodiazepine withdrawal syndrome », CNS drug reviews, vol. 10, no 3,‎ , p. 219–229 (ISSN 1080-563X, PMID 15492772, PMCID 6741725, DOI 10.1111/j.1527-3458.2004.tb00023.x, lire en ligne, consulté le )
  13. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Hameg A, Bayle F, Nuss P, Dupuis P, Garay RP, Dib M, « Affinity of cyamemazine, an anxiolytic antipsychotic drug, for human recombinant dopamine vs. serotonin receptor subtypes », Biochemical Pharmacology, vol. 65, no 3,‎ , p. 435–440 (PMID 12527336, DOI 10.1016/s0006-2952(02)01515-0)
  14. « Cyamémazine : substance active à effet thérapeutique », sur VIDAL (consulté le ).
  15. Charles Khouri, Marion Lepelley, Céline Villier et Thierry Bougerol, « [Cyamemazine (Tercian®): Exploration of extrapyramidal syndrome cases contained in the French pharmacovigilance database] », Therapie, vol. 72, no 3,‎ , p. 345–350 (ISSN 0040-5957, PMID 27726885, DOI 10.1016/j.therap.2016.07.004, lire en ligne, consulté le )
  16. a b c d et e « Affinity of cyamemazine metabolites for serotonin, histamine and dopamine receptor subtypes » (consulté le ).
  17. Yann Hodé, Amine Benyamina, Christophe Arbus et Matthias Reimold, « Active cyamemazine metabolites in patients treated with cyamemazine (Tercian®): influence on cerebral dopamine D2 and serotonin 5-HT (2A) receptor occupancy as measured by positron emission tomography (PET) », Psychopharmacology, vol. 217, no 3,‎ , p. 315–321 (ISSN 1432-2072, PMID 21479533, DOI 10.1007/s00213-011-2289-1, lire en ligne, consulté le )
  18. Amine Benyamina, Christophe Arbus, Philippe Nuss et Ricardo P. Garay, « Affinity of cyamemazine metabolites for serotonin, histamine and dopamine receptor subtypes », European Journal of Pharmacology, vol. 578, nos 2-3,‎ , p. 142–147 (ISSN 0014-2999, PMID 17936750, DOI 10.1016/j.ejphar.2007.09.025, lire en ligne, consulté le )
  19. a b c d et e « Résumé des caractéristiques du produit - TERCIAN 25 mg, comprimé pelliculé sécable - Base de données publique des médicaments », sur base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr (consulté le ).
  20. Christophe Arbus, Amine Benyamina, Pierre-Michel Llorca et Franck Baylé, « Characterization of human cytochrome P450 enzymes involved in the metabolism of cyamemazine », European Journal of Pharmaceutical Sciences: Official Journal of the European Federation for Pharmaceutical Sciences, vol. 32, nos 4-5,‎ , p. 357–366 (ISSN 0928-0987, PMID 17951033, DOI 10.1016/j.ejps.2007.09.003, lire en ligne, consulté le )
  21. « Phénothiazines », sur pharmacomedicale.org (consulté le ).
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  23. David Gourion, « Synthèse des stratégies de potentialisation de l’antidépresseur chez les patients déprimés résistants (à l’exclusion des APA et du lithium) », dans Dépressions Difficiles, Dépressions Résistantes, Elsevier, , 47–59 p. (ISBN 978-2-294-73727-5, DOI 10.1016/b978-2-294-73727-5.00006-4, lire en ligne)
  24. a et b « TERCIAN 40 mg/ml sol buv en gouttes », sur VIDAL (consulté le ).
  25. D. Vital Durand, C. Le Jeunne, Dorosz guide pratique des médicaments 38e édition, Maloine, , 1957 p., p. 486 à 490
  26. (en) PubChem, « Cyamemazine », sur pubchem.ncbi.nlm.nih.gov (consulté le ).
  27. Dorosz 38e édition, Maloine,
  28. « Cyamémazine - Vidal Hoptimal » Accès payant, sur hoptimal.vidal.fr, (consulté le ).
  29. ANSM, « Thésaurus des interactions médicamenteuses » Accès libre [PDF], sur ansm.sante.fr, (consulté le ), p. 227.
  30. « Registre des médicaments et des produits de santé - Liste des drogues sur ordonnance », sur hpr-rps.hres.ca (consulté le ).
  31. « Centre Belge d'Information Pharmacothérapeutique - Recherche », sur cbip.be (consulté le ).
  32. « Compendium suisse des médicaments - Recherche », sur compendium.ch (consulté le ).