Anne de Kiev

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Anne de Kiev
Illustration.
La reine Anne (vue d'artiste)
Titre
Régente du Royaume des Francs
Monarque Philippe Ier
Reine consort des Francs

(9 ans, 2 mois et 16 jours)
Monarque Henri Ier
Prédécesseur Mathilde de Frise
Successeur Berthe de Hollande
Biographie
Dynastie Maison de Kiev
Nom de naissance Анна Ярославна
Date de naissance
Lieu de naissance Kiev (Rus' de Kiev)
Date de décès vers 1079
Père Iaroslav le Sage
Mère Ingigerd de Suède
Conjoint Henri Ier de France
Raoul IV de Vexin
Enfants Avec Henri Ier :
Philippe de France Couronne de France
Robert de France
Emma de France
Hugues de France

Signature de Anne de Kiev
Reines consorts des Francs

Anne de Kiev[1] (également appelée Agnès), en russe : Анна Ярославна (Anna Iaroslavna), est la fille de Iaroslav le Sage, grand-prince de Kiev et de sa seconde épouse, Ingigerd de Suède. Elle serait née à Kiev, selon certaines sources vers 1024, 1032 ou en 1036. Épouse de Henri Ier de France, elle fut reine consort des Francs de 1051 à 1060 et mère de Philippe Ier de France . Les manuels d'histoire l'ont longtemps appelée Anne de Ruthénie[2], mais on trouve également Anne de Russie, Anne d'Ukraine ou Anne d'Esclavénie[3].

Biographie

Fresque de la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev représentant les filles de Iaroslav de Kiev. Anne est certainement la plus jeune.

Quelques généalogies nomment son arrière-grand-père paternel Romain II, empereur byzantin, lequel affirmait descendre des rois de Macédoine[4], mais la fille de Romain II, Anne de Byzance, n'était que la seconde épouse de Vladimir Ier, père de Iaroslav le Sage, et n'était donc pas la grand-mère d'Anne de Kiev.

Mariage

Une ambassade de grande importance fut envoyée à Kiev pour y obtenir la main de la fille de Georges, prince de Kiev. Cette ambassade était conduite par Roger II de Châlons[5] évêque de Châlons . Anne avait reçu une éducation soignée et connaissait le grec et le latin . Le consentement des parents obtenu, elle voyage par Cracovie, Prague et Ratisbonne. Appartenant, par sa confession, à l'Église des sept conciles, elle épouse à Reims en premières noces, le [6], le roi Henri Ier de France qui relève, quant à lui, de l'Église catholique romaine. Ces deux églises forment encore l'Église indivise, puisque cet événement a lieu avant le schisme de 1054. Ce mariage à Reims est l'occasion de grande festivités.

Unions et descendance

Ils ont ensemble quatre enfants :

Elle introduit le prénom « Philippe » à la cour de France en le donnant au fils aîné de son premier mariage qui régnera sous le nom de Philippe Ier.

Devenue veuve d'Henri Ier, elle devient régente de son fils Philippe jusqu'en 1063, date de son remariage[8] avec le comte de Valois, Raoul de Crépy, après que celui-ci a répudié son épouse légitime. Cette union suscite la colère des évêques ainsi qu'une brouille passagère avec son fils Philippe Ier[9], et le couple est excommunié en 1064[10].

Statue d'Anne de Kiev (vue d'artiste 1999) à Senlis, par Znoba Valentin Ivanovitch .

Anne fait reconstruire à Senlis une église ou chapelle ruinée qui est consacrée en 1065, et y fonde en même temps l'abbaye Saint-Vincent.

Elle meurt entre 1076 et 1089, peut-être en 1079, et aurait été inhumée à l'abbaye de Villiers-aux-Nonnains[11] à Cerny près de La Ferté-Alais dans l'Essonne. Étant donné que l'abbaye de Villiers n'a été fondée que vers 1220, soit près de 140 ans après cette inhumation, et qu'aucun texte ne parle d'un transfert des restes d'Anne dans l'abbaye, il est difficile d'admettre qu'elle y fut inhumée dès sa mort. Cette abbaye fut détruite à la Révolution française consécutivement au vote par l'Assemblée nationale d'une loi/décret sur la destruction des mausolées. Les pierres de l'abbaye ont été utilisées pour la construction de certaines maisons de La Ferté-Alais.

La prétendue tombe de Villiers-aux-Nonnains

En 1682, le Journal des savants rendait compte brièvement d'une série de "nouvelles découvertes" historiques faites par le père Menestrier, savant jésuite qui était alors une autorité en matière d'histoire nobiliaire. En tête de celles-ci, figurait la description d'une pierre tombale trouvée dans l'église abbatiale de Villiers-aux-Nonnains, près de la Ferté-Alais : le père Menestrier s'était persuadé qu'elle appartenait à la reine malencontreusement appelée Anne plutôt qu'Agnès, épouse de Henri Ier.

« C’est une tombe plate dont les extrémités sont rompues. La figure de cette Reine y est gravée, ayant sur sa tête une couronne à la manière des bonnets que l’on donne aux Électeurs. il y a un retour en demi-cercle, où commence son épitaphe en ces termes : Hic jacet Domina Agnes uxor quondam Henrici Regis, le reste est rompu, et sur l'autre retour on lit : eorum per misericordiam Dei requiescant in pace… »

Les auteurs de la Gallia Christiana revinrent sur le sujet dans leur notice sur l'abbaye de Villiers. Ils firent remarquer que deux informateurs de leur ordre avaient examiné cette épitaphe à un siècle d'intervalle et qu'aucun n'y avait vu le mot Regis ; Magdelon Theulier, qui avait visité l'abbaye dès 1642, croyait même que les mots uxor quondam Henrici avait été rajoutés à l'inscription primitive. D'ailleurs les Bénédictins du XVIIIe siècle, pas plus que les frères de Sainte-Marthe au siècle précédent, n'imaginaient qu'Anne de Ruthénie pût apparaître sous le nom d'Agnès ; ils s'étonnaient que l'abbaye de Villiers ayant été fondée un bon siècle et demi après sa mort, il aurait fallu qu'elle y fût transférée après 1220 sans que cet événement ne laissât de trace ; ils pensaient enfin, ayant sans doute consulté Duchesne ou dom Bouquet, qu'Anne, veuve de Raoul, était retournée mourir en Ruthénie.

La pierre tombale ayant disparu depuis la Révolution, il faut bien nous contenter de ces deux textes et on ne pourra plus établir, même par hypothèse, d'où vient cet improbable mot Regis qui paraît avoir trompé Menestrier. Car, en dehors de lui, rien ne résiste : personne n'a jamais pu expliquer de manière convaincante comment la dépouille d'Anne de Kiev serait arrivée dans cette obscure abbaye de femmes du Gâtinais ni par quelle autre église ou chapelle elle aurait transité auparavant ; le type de pierre décrit par le Journal des Savants, avec l'effigie de la défunte entourée d'une épitaphe, n'existait certainement pas au milieu du XIe siècle, comme le souligne R.-H. Bautier ; enfin, l'utilisation du pluriel : eorum… requiescant… signifie que la défunte n'était pas seule. L'hypothèse de loin la plus vraisemblable est donc que cette femme en bonnet, épouse - pourquoi pas ? - d'un certain Henri qui n'était pas roi et qui partageait peut-être sa tombe, était une bienfaitrice de l'abbaye ayant vécu au XIIIe siècle et qui fut accueillie à sa mort dans l'église des religieuses.

L'article du Journal des Savants ainsi qu'une traduction de la notice latine des Bénédictins ont été republiés avec soin à la fin du Recueil de Labanoff. Une autre copie de ce petit dossier se trouve parmi les annexes d'une traduction de la Chronique de Nestor donnée par Louis Paris en 1834.

Timbre ukrainien (1998)

Postérité littéraire

  • Régine Deforges, Sous le ciel de Novgorod (roman).
  • Le film Ярославна, королева Франции (Yaroslava, reine de France) par Igor Maslennikov en 1978 tiré du roman d'Antoine Ladinsky Anne de Kiev, reine de France
  • La petite princesse des neiges, Anne de Kiev, Marie-Claude Monchaux (roman historique)

Notes et références

  1. Sa généalogie sur le site Medieval Lands
  2. Du IXe au XIIIe siècles, la principauté de Kiev est le premier État organisé de ce qui va devenir la Ruthénie.
  3. Christian Bouyer, Les Enfants Rois, Flammarion, 288 p. (ISBN 978-2756408651, lire en ligne).
  4. Françoise Guérard, Dictionnaire des Rois et Reines de France, Vuibert (ISBN 2-7117-4436-1)
  5. La chronique de Champagne, dir. Henri Fleury & Louis Paris, Reims, 1837, TII, p. 90.
  6. Christian Bouyer, Dictionnaire des Reines de France, Librairie Académique Perrin, 1992, (ISBN 2-262-00789-6). Christian Bouyer nuance : le mariage « a sans doute lieu le 19 mai 1051 »
  7. Selon F. Guérard (op. cit), Emma serait morte à quelques mois.
  8. ou 1062 selon C. Bouyer, op. cit.
  9. C. Bouyer, Dictionnaire…
  10. F. Guérard, op. cit.
  11. Toutefois, selon Françoise Guérard (op.cit.), elle serait retournée mourir à Kiev. Christian Bouyer (op. cit.) évoque également la même hypothèse, une « tradition [qui] veut qu'elle soit retournée dans son pays. »

Bibliographie

  • Bautier, Robert-Henri. Anne de Kiev, reine de France, et la politique royale au XIe siècle : étude critique de la documentation. In: Revue des études slaves, Tome 57 /4, 1985, p. 539-564. - doi : 10.3406/slave.1985.5520
  • Bautier, Robert-Henri, Sacres et couronnements sous les Carolingiens et les premiers Capétiens. Recherches sur la genèse du sacre royal français. In : Annuaire-bulletin de la Société de l'Histoire de France, années 1987-1988 (paru en 1989), p. 7 -56.
  • (en) Bogomoletz, Wladimir V., Anna of Kiev: An Enigmatic Capetian Queen of the Eleventh Century: A Reassment of Biliographical Sources, French History, vol. 19, n° 3, September 2005, pp. 299-323 (Résumé).
  • Caix de Saint-Aymour, Amédée. Causeries du Besacier. Mélanges pour servir à l'histoire des pays qui forment aujourd'hui le département de l'Oise… Tome 2. Paris, A. Claudin / H. Champion, 1892-1895. - La « causerie » concernant Anne de Kiev occupe les p. 1-48.
  • Couderc, C. Une signature autographe d'Anne de Russie, femme de Henri Ier, roi de France. In : La Russie… Paris, 1892, p. 473-475, pl.
  • Fliche, Augustin. Le Règne de Philippe Ier, roi de France, 1060-1108, Paris, 1912 . - Réimpr. : Genève, Slatkine Reprints, 1975. Spécialement p. 16-25, 96-97.
  • Gallia Christiana… Opera et studio Monachorum Congregationis S. Mauri… [Tome 12]. Paris, Imprimerie royale, 1750.
  • Hallu, Roger. Anne de Kiev, reine de France. Rome, Edit. Universitatis Catholicae Ucrainorum, 1973. (Università cattolica ucraina. Opera, 24).
  • Hellmann, M. « Die Heiratspolitik Jaroslavs des Weisen », in Forschungen zur Osteuropäischen Geschichte, 8, 1962, p. 7-25.
  • Labanoff de Rostoff, Alexandre. Recueil de pièces historiques sur la reine Anne ou Agnès, épouse de Henri Ier, roi de France, et fille de Iaroslav Ier, grand-duc de Russie, Paris, Firmin-Didot, 1825.
  • Lewis, Andrew W. Le Sang royal. La famille capétienne et l'État, France, XeXIVe siècle av. J.-C., Paris, Gallimard, 1986. (Coll. Bibliothèque des Histoires).
  • Olivier-Martin, F. Études sur les régences I. Les régences et la majorité des rois sous les Capétiens directs et les premiers Valois (1060-1375), Paris, 1931.
  • Prou, Maurice (ed.), Recueil des actes de Philippe Ier, roi de France (1059-1108)…, Paris, Impr. nationale, 1908. (Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France, 1).
  • Soehnée, Frédéric. Catalogue des actes d'Henri Ier, roi de France, 1031-1060, Paris, H. Champion, 1907. (Bibliothèque de l'École des hautes études. Sciences historiques et philologiques, 161).
  • Vajay, Szabolcs de. « Mathilde, reine de France inconnue », in Journal des savants, 1971 /4, p. 241-260. - doi : 10.3406/jds.1971.1254

Voir aussi

Articles connexes

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