Offensive de la région de Kidal

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Offensive de la région de Kidal

Informations générales
Date Depuis le
Lieu Nord de la région de Gao et sud de la région de Kidal
Issue En cours
Belligérants
Drapeau du Mali Mali
Drapeau de la Russie Groupe Wagner
CSP Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans
Commandants
El Hadj Ag Gamou Alghabass Ag Intalla
Bilal Ag Acherif
Mohamed Ag Najem
Hassan Ag Fagaga
Iyad Ag Ghali
Forces en présence
Drapeau du Mali
600 hommes initialement[1]
115 véhicules initialement[1]

Drapeau de la Russie
150 à 200 hommes initialement[1]
CSP :
Inconnues

Inconnues
Pertes
Drapeau du Mali Drapeau de la Russie
Inconnues
CSP :
Inconnues

Inconnues

Civils :
31 morts au moins[2],[3]
40 000 à 50 000 déplacés[4]

Guerre du Mali

Batailles

Coordonnées 18° 02′ 38″ nord, 0° 36′ 11″ est
Géolocalisation sur la carte : Mali
(Voir situation sur carte : Mali)
Offensive de la région de Kidal
Géolocalisation sur la carte : Afrique
(Voir situation sur carte : Afrique)
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Offensive de la région de Kidal

L'offensive de la région de Kidal débute le , lors de la guerre du Mali. Elle est lancée par les Forces armées maliennes (Fama) et le Groupe Wagner, avec l'objectif de reprendre le contrôle de la région de Kidal, tenue depuis 2013 par les groupes rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP).

L'offensive est lancée dans un contexte de désengagement de la MINUSMA. La junte malienne annonce son intention des récupérer les trois camps militaires que les casques bleus doivent évacuer dans la région de Kidal. Ces trois camps, situés dans les villes de Kidal, Tessalit et Aguel'hoc, sont évacués précipitamment en raison des combats, entre le 21 et le 31 octobre. L'armée malienne parvient à prendre le contrôle du camp de Tessalit, mais ceux de Kidal et d'Aguel'hoc passent au CSP.

L'armée malienne et le Groupe Wagner lancent leur opération le 2 octobre en faisant sortir une colonne depuis la ville de Gao. Celle-ci s'empare de la ville d'Anéfis le 7 octobre. Après une pause, les forces russo-maliennes repartent à l'offensive le 10 novembre pour attaquer la ville de Kidal.

Contexte[modifier | modifier le code]

En dépit de l'Accord d'Alger, signé en 2015, les tensions s'accroissent en septembre 2023 entre la junte malienne et la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). La nuit du 4 au 5 août 2023, un poste de la CMA est attaqué à Foïta, près de Léré[5]. La CMA affirme déplorer la mort de deux de ses combattants et accuse l'armée malienne et le Groupe Wagner d'être responsable de l'attaque[5]. La junte malienne n'adresse aucune réponse[5]. Dans les jours qui suivent, les représentants de la CMA quittent Bamako[6]. Les 11 et 12 août, deux combats ont lieu près de Ber, impliquant l'armée malienne, le Groupe Wagner, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans et la CMA[7]. Les militaires maliens et les mercenaires russes investissent le camp militaire de Ber, qui est évacué par les casques bleus[8].

L'escalade se poursuit le semaines suivantes. Le 8 septembre, le GATIA dénonce le bombardement de l'une de ses bases par un hélicoptère de l'armée malienne à Afawlawlaw, près de Gao[9]. Le lendemain, la CMA revendique la destruction d'un avion Soukhoï Su-25 de l'armée malienne à Tinaouke, au nord de Gao[9]. L'armée malienne reconnait la perte de l'appareil mais évoque des « problèmes techniques »[9]. Dans la foulée, le Cadre stratégique permanent (CSP) accuse la junte et le Groupe Wagner de « multiples ruptures du cessez-le-feu » et annonce « toutes les mesures de légitimes défense contre les forces de la junte sur l'ensemble du territoire de l'Azawad »[9]. Le 12 septembre, la CMA se déclare « en temps de guerre » avec la junte[10]. Ces déclarations ne font cependant pas consensus parmi les groupes signataires : ainsi, le Mouvement pour le salut de l'Azawad (MSA) annonce qu'il se retire du CSP le 25 septembre[11]. La Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger fait de même le 26 septembre[12].La junte n'adresse quant à elle aucune réponse aux déclarations du CSP et de la CMA[9].

En septembre, les rebelles lancent une série de raids contre les camps militaires maliens. Ils attaquent ainsi Bourem le 12 septembre[13], Léré le 17 septembre[14], Dioura (en) le 28 septembre[15], Bamba le 1er octobre[16] et Taoussa le 4 octobre[17]. Plusieurs de ces camps militaires sont pris et pillés par les rebelles, qui revendiquent de lourdes pertes chez les forces maliennes, font plusieurs prisonniers et raflent armes, munitions et véhicules[18],[19].

En réponse, l'armée malienne effectue le 30 septembre des frappes aériennes dans la région de Kidal[20]. Selon RFI, au moins deux personnes sont tuées[20].

Le 2 octobre 2023, une colonne de l'armée malienne sort de la ville de Gao et commence à faire route vers le nord, en direction de la ville de Kidal[21],[19].

Forces en présence[modifier | modifier le code]

D'après RFI, la colonne est constituée d'une centaine de véhicules[21]. Selon Jeune Afrique, elle est forte de 115 véhicules blindés légers et pick-up, 600 militaires maliens et 150 à 200 paramilitaires du Groupe Wagner placés en tête du convoi avec les « bérêts rouges » du 33e régiment des commandos parachutistes[1],[22]. Les forces maliennes sont également appuyées par des drones Baykar Bayraktar TB2, basés à Gao[1]. Cependant ces derniers ne peuvent aller au-delà d'un rayon de 150 kilomètres autour de leur base, alors que les villes de Kidal et Gao sont distantes de 350 kilomètres[23].

Du côté du Cadre stratégique permanent (CSP), les effectifs des groupes rebelles sont inconnues[23]. Le CSP regroupe la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) — elle même constituée du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) — et une branche du Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA), dirigée par Fahad Ag Almahmoud[24].

Déroulement[modifier | modifier le code]

Prise d'Anéfis par l'armée malienne[modifier | modifier le code]

La colonne russo-malienne quitte Gao le 2 octobre, mais un incident entre militaires maliens et mercenaires russes éclate le jour du départ[22]. Jeune Afrique rapporte que selon un officier malien anonyme : « Un soldat s’est présenté en retard le jour du rassemblement dans le camp de Gao. Un membre de Wagner n’a pas apprécié et lui a tiré dessus ». La victime aurait ensuite succombé[22].

Le premier jour, la colonne marque un arrêt à Tin Aouker, à 70 kilomètres au nord de Gao[21],[19].

Le soir du 2 octobre, elle atteint Tarkint, à 120 kilomètres au nord de Gao[25]. Au cours de la nuit, le CSP effectue une opération de « harcèlement » contre les forces maliennes[25]. Le convoi est également touché près de Tarkint par un engin explosif improvisé[25]. L'attaque est revendiquée le 3 octobre par les djihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM)[25]. Aucun bilan n'est transmis, mais RFI rapporte que selon des sources locales, un à six véhicules auraient été détruits et plusieurs soldats maliens blessés[25]. L'armée malienne reste dans la zone de Tarkint pendant plus de 24 heures[25].

Le 3 octobre, la colonne malienne reprend sa route et atteint Tabricha en fin de journée, à une trentaine de kilomètres au nord de Tarkint[17]. La nuit suivante, les Fama et la CMA échangent des tirs à l'arme lourde – mortiers, obus et roquettes[17],[1]. L'armée malienne affirme avoir « vivement repoussée » plusieurs attaques et le CSP revendique la destruction de plusieurs véhicules[17].

Le 4 octobre, les forces maliennes avancent en direction de Tabankort, à environ 200 kilomètres au nord de Gao et 170 kilomètres au sud-ouest de Kidal[17],[1],[26].

Le matin du 5 octobre, aux alentours de 7 heures, les rebelles du CSP lancent une attaque contre la colonne russo-malienne entre Tabankort et Anéfis[26]. Les bilans sont contradictoires. Le CSP affirme avoir « fait échouer la tentative d'avancée » des forces maliennes[26]. Il évoque « des combats très intenses » avec « des prises de guerre » et « des pertes humaines et matérielles », dont plusieurs prisonniers, infligée aux forces maliennes[26]. L'armée malienne affirme quant à elle avoir « brisé avec des actions aéroterrestres » le « rideau défensif » des rebelles[27]. La colonne reprend sa route dans l'après-midi et arrive aux abords d'Anéfis, la première ville contrôlée par les rebelles de CMA, située à l'entrée de la région de Kidal[26],[27]. De nouveaux combats éclatent alors à une dizaine de kilomètres au sud de cette localité[26],[27]. L'armée malienne revendique « un bilan humain très important côté terroriste », tandis que le CSP affirme ne déplorer que huit blessés et aucun tué[27].

Le 6 octobre, les combats se poursuivent pendant la journée aux abords d'Anéfis, à 110 kilomètres au sud-ouest de Kidal[28]. L'armée malienne affirme avoir progressé sur le terrain, mais le CSP dément et affirme que les Fama n'ont effectué aucune avancée[28]. La population d'Anéfis et des localités environnantes prend quant à elle la fuite et se réfugie à Tindarssan, Amassine ou Kidal[29].

Le matin du 7 octobre, l'armée malienne prend le contrôle d'Anéfis[30],[31]. La prise de la ville est revendiquée par l'armée malienne et confirmée par la CMA[30],[31]. Dans les jours qui suivent, l'armée malienne reste stationnée à Anéfis, où elle reçoit des renforts[32],[33].

Évacuations des camps de la MINUSMA[modifier | modifier le code]

Carte de la région de Kidal.

Le 5 octobre, l'armée malienne annonce pour la première fois l'objectif de son offensive : « La reprise de toutes les emprises initialement aux mains des forces onusiennes », soit les bases militaires des villes d'Aguel'hoc, Tessalit et Kidal, que la MINUSMA doit évacuer avant la fin de l'année 2023[27],[23].

Dans la nuit du 11 au 12 octobre, des dizaines de soldats maliens et de miliciens de Wagner sont déposés par deux avions à Tessalit[34]. Tessalit se trouve alors dans une région contrôlée par le CSP, mais l'armée malienne y est présente depuis 2013 et dispose d'un camp militaire, auparavant utilisé par les Français, qui jouxte celui de la MINUSMA[34]. L'aéroport est sécurisé par les casques bleus tchadiens mais est également utilisé par l'armée malienne[34]. Le CSP réagit alors en occupant trois positions avancées abandonnées par la MINUSMA à Tessalit[35]. Pendant ce temps, la ville de Tessalit se vide de ses habitants qui fuient la perspective des combats entre l'armée et les rebelles[4].

De son côté, la MINUSMA indique que la reprise des combats fait obstacle à l'organisation de son processus de retrait du Mali[35]. Des convois terrestres logistiques sont bloqués à Gao et Tombouctou alors qu'ils devaient prendre la direction de la région de Kidal pour organiser le rapatriement du matériel[35]. De plus, les vols de reconnaissance pour protéger les convois et installations de la MINUSMA sont systématiquement refusés par le gouvernement malien[35].

Le 13 octobre, la colonne russo-malienne se remet en mouvement et arrive au niveau de Techanaght, à une quinzaine de kilomètres au nord d'Anéfis[34].

Le 14 octobre, le CSP prend possession de plusieurs postes avancés abandonnés par la MINUSMA près de l'aéroport de Tessalit[4].

Les 16 et 17 octobre, l'armée malienne fait atterrir deux autres avions-cargo à Tessalit[4],[36]. De brefs échanges de tirs ont lieu entre l'armée malienne et le CSP, mais sans faire de victimes[4],[36]. Cependant le 17 octobre, un rebelle du CSP est tué et deux autre blessés par une frappe de drone à l'ouest de Tessalit[37]. D'après un cadre du CSP cité par Jeune Afrique, 300 militaires maliens et 150 paramilitaires russes de Wagner auraient été déployés à Tessalit[37].

Pendant ce temps, la MINUSMA commence son désengagement des bases de Tessalit et Aguel'hoc[38],[39]. Des soldats tchadiens sont évacués par avion à partir du 16 octobre[38]. Le Mali somme la MINUSMA de s'en tenir aux délais impartis, mais l'armée tchadienne fait savoir que le départ de ses soldats ne pourra avoir lieu dans les délais prévus en raison du blocage des convois logistiques à Gao et Tombouctou[38]. Pour Célian Macé, journaliste de Libération : « Un retrait précipité des Casques bleus ne fait pas non plus les affaires de Bamako, qui veut être en mesure d’occuper les bases des Nations unies avant que les hommes de la CMA ne leur en barrent l’accès. Paradoxalement, les autorités maliennes qui plaidaient pour un départ «sans délai» des soldats de la paix réclament désormais que la Minusma ralentisse le tempo. Quitte à mettre des bâtons dans les roues des Casques bleus en empêchant le survol des convois onusiens, en interdisant leurs déplacements par la route, ou même en refusant l’importation de pièces de rechange pour leurs aéronefs »[40].

Un accord est conclu le 18 octobre : il prévoit de poursuivre l'évacuation d'une partie des soldats tchadiens par avions, tandis que des camions de l'armée tchadienne pourront partir de la région de Kidal avec le « matériel essentiel » et que les camions bloqués à Gao iront dans un second temps, lorsque les autorités maliennes le permettront, récupérer le matériel « non-essentiel »[38]. Dans la soirée, le porte-parole de la junte malienne, le colonel Abdoulaye Maïga, accuse la France d'une « énième trahison » en affirmant que « la junte française ne ménage aucun effort en vue de faire fuir la Minusma, en lieu et place d’un retrait ordonné »[41].

Le 21 octobre, le camp de Tessalit est évacué par les derniers casques bleus[42],[43],[44]. Il est aussitôt récupéré par les militaires maliens et les mercenaires de Wagner[42],[43]. Avant de se retirer, les casques bleus tchadiens détruisent ou mettent hors service les véhicules, les munitions et divers équipements qui n'ont pu être emportés[43],[44].

Le 23 octobre, les casques bleus évacuent le camp d'Aguel'hoc et rejoignent le convoi sorti de Tessalit[45],[44]. Cette fois, l'armée malienne ne peut prendre possession du camp, la ville d'Aguel'hoc étant entièrement sous le contrôle du CSP[45],[44],[46].

À Kidal, la MINUSMA commence également à évacuer son camp militaire deux semaines avant la date initialement prévue[47],[48]. Les autorités maliennes tentent alors de retarder le départ des casques bleus en refusant ou en n'autorisant qu'au compte-goutte les autorisations de vols pour les avions de la MINUSMA[49],[50],[51]. Le 31 octobre, les casques bleus se retirent définitivement du camp de Kidal, qui passe sous le contrôle du CSP[52],[53],[54],[55]. Leur convoi, constitué de 100 à 150 véhicules[52],[56] et de 850[56] casques bleus tchadiens, guinéens, égyptiens, népalais et bangladais[57] prend alors la route de Gao[52]. En chemin, il se heurte à des mines et des engins explosifs[55],[57]. Malgré de nombreuses demandes, la junte malienne refuse d'accorder à la MINUSMA des vols de surveillance et de couverture aérienne pour sécuriser le convoi[57]. Pendant le trajet, celui-ci subit au moins six attaques aux mines[56] qui font 37 blessés[58]. Il atteint finalement Gao le soir du 7 novembre[56].

Offensive russo-malienne sur Kidal[modifier | modifier le code]

La nuit du 3 au 4 novembre, l'armée malienne commence à effectuer des frappes de drones TB2 sur la ville de Kidal[59]. L'ancien camp de la MINUSMA est ciblé, mais aucune victime n'est recensée[3].

Le 7 novembre, des frappes de drones ciblent à nouveau l'ancien camp de la MINUSMA : une bombe tombe à l'intérieur, mais les deux autres à l'extérieur, dont une près d'une école[3]. Selon le CSP, au moins 14 civils sont tués, dont huit enfants et six notables, et au moins 30 sont blessés, dont 21 enfants[3],[60]. Des sources médicales de RFI confirment la mort d'au moins une dizaine de civils, dont plusieurs enfants, un chef communautaire, un membre de l'autorité intérimaire de Kidal, un chef d'entreprise et un enseignant[3],[61].

La nuit du 9 au 10 novembre, Kidal est touchée par de nouvelles frappes de drones[62]. D'après le CSP, celles-ci ne font cette fois pas de victimes[62].

Le 10 novembre, l'armée malienne et les mercenaires de Wagner stationnés à Anéfis se remettent en mouvement et progressent en direction de Kidal[62]. Le même jour, les rebelles coupent les réseaux téléphoniques afin d'empêcher que des indicateurs ne communiquent à l'armée malienne des positions à cibler[62].

Le 11 novembre d'importants combats éclatent dans la vallée d'Alkit, à une trentaine de kilomètres de Kidal[63]. Le deux camps s'affrontent à l'arme lourde pendant au moins deux heures, jusqu'à ce que la tombée de la nuit ne mette fin aux combats[63]. Pendant les affrontements, un aéronef malien s'écrase accidentellement[64]. L'armée malienne affirme avoir « brisé la ligne défensive » dressée par les rebelles, tandis que le CSP assure avoir poussé les forces de la junte à battre en retraite « avec des pertes considérables »[63],[65].

Les combats reprennent le 12 novembre[66],[67]. À nouveau, les deux camps affirment avoir pris l'avantage sur l'autre. L'armée malienne fait état d'« avancées très significatives » et assure avoir « dispersé » les rebelles, tandis que le CSP déclare avoir bloqué les Fama et Wagner en signalant que « tous [leurs] flancs sont bloqués »[68]. D'après RFI, les positions des deux camps restent figées[69].

Le 13 novembre, l'armée malienne, bloquée dans la vallée d'Alkit, contourne cette position par le sud et arrive à 15 kilomètres de la ville de Kidal[64],[69]. Dans un communiqué, elle affirme avoir « déjoué des séries d'embuscades » et « d'escarmouches de petite intensité »[69]. Pendant les combats, dix véhicules du CSP sont détruits par des frappes de drones[64].

Le 14 novembre, l'armée malienne prend le contrôle de la ville de Kidal[70],[71],[72],[73],[74],[75]. D'après RFI, une attaque nocturne du groupe Wagner, avec des « techniques d'infiltration avec visions nocturnes », aurait été décisive[71]. Les rebelles battent en retraite en direction du nord, vers les localités d'Abeïbara et d'Aguel'hoc[71],[73]. Dans un communiqué, le CSP confirme s'être retiré de la ville « pour des raisons stratégiques » après avoir « durant plusieurs jours stoppé l'avancée (de l'armée en) lui infligeant des grandes pertes humaines et matérielles »[71]. Il promet que « la lutte continue »[71]. Le colonel Assimi Goïta, président du Mali, déclare quant à lui : « Aujourd’hui, nos forces armées et de sécurité se sont emparées de Kidal. Notre mission n’est pas achevée. Je rappelle qu’elle consiste à recouvrer et à sécuriser l’intégrité du territoire, sans exclusive aucune, conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité »[73]. Aucun bilan des pertes n'est communiqué par les deux camps[73].

Suites[modifier | modifier le code]

Le 3 décembre, les djihadistes du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans effectuent des « tirs de harcèlement » et des « tirs indirects » contre l'armée malienne à Tessalit et à Gossi[76]. Aucun dégât n'est signalé[76].

Le 20 décembre, l'armée malienne reprend possession d'Aguel'hoc, sans rencontrer de résistance[77],[78].

La nuit du 21 au 22 décembre 2023, une frappe de drone de l'armée malienne tue cinq rebelles à Tinzawatène, dont le colonel Hassan Ag Fagaga, figure des rébellions touarègues[79].

Crimes de guerre[modifier | modifier le code]

Le 5 octobre 2023, le CSP accuse également l'armée malienne et le Groupe Wagner d'être responsables du massacre de 17 civils à Ersane, entre Tarkint et Anéfis[27],[2]. Selon RFI, cette version des faits est confirmée par des cadres communautaires idnanes locaux[2]. Les vicitimes sont des Touaregs de la fraction idnane[2]. Plusieurs d'entre eux sont retrouvés décapités et quinze corps sont piégés avec des grenades et des mines artisanales[2]. D'après un habitant de Tarkint, les corps sont enterrés le lendemain après avoir été « traînés au sol avec des ficelles, mais il a fallu les faire exploser avant de les enterrer »[2].

Dans un communiqué publié le 24 octobre, le CSP accuse à nouveau l'armée malienne et le Groupe Wagner d'avoir tué huit civils à Lougui (Centre du Mali), quatre à Tinfadimata (Région de Ménaka) et trois à Ber[45].

En décembre 2023, les rebelles du CSP instaurent un blocus autour des principales villes du nord du Mali[80]. En février 2024, ils lèvent le blocus dans les régions de Gao et Tombouctou, mais le maintiennent dans les régions de Kidal et Ménaka[81].

Réfugiés[modifier | modifier le code]

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, à la date du 16 octobre 40 000 à 50 000 habitants de la région de Kidal ont fuis les combats et se sont réfugiés près de la frontière algérienne[4],[82].

D'après le dernier recensement, datant de 2009, la région de Kidal comptait 68 000 habitants, dont 30 000 pour la ville de Kidal[83]. Au cours de l'année 2022, elle avait été gonflée par plusieurs milliers de réfugiés, fuyant les exactions de l'État islamique dans le Grand Sahara au cours des offensives de Ménaka[83].

Réactions[modifier | modifier le code]

Dans l'ensemble, les partis politiques maliens restent silencieux et sur leur réserve à propos de l'offensive de l'armée malienne[84].

Le 2 octobre 2023, Rhissa Ag Boula, fondateur du Conseil de la résistance pour la République et opposant au coup d'État au Niger qui avait renversé Mohamed Bazoum et porté au pouvoir le général Abdourahamane Tchiani, appelle tous ses « éléments présents au Niger » à rejoindre les forces du CSP, afin de « contribuer à la lutte » contre l'armée malienne et le groupe Wagner[25]. Il accuse alors les militaires maliens et les mercenaires russes d'« actions inhumaines et génocidaires », ainsi que de « violations répétées des accords d'Alger », et il « encourage le peuple de l'Azawad, dans son ensemble, à continuer la lutte pour libérer ce territoire »[25].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g Manon Laplace et Benjamin Roger, Mali : ce que l’on sait de la colonne de l’armée qui avance vers Kidal, Jeune Afrique, 4 octobre 2023.
  2. a b c d e et f David Baché, Des civils décapités à Ersane par l'armée malienne et ses supplétifs de Wagner, RFI, 10 octobre 2023.
  3. a b c d et e David Baché, Mali: au moins une dizaine de morts, dont des enfants, dans des frappes de drone de l'armée à Kidal, RFI, 7 novembre 2023.
  4. a b c d e et f David Baché, Mali: échanges de tirs entre l'armée et les rebelles du CSP à Tessalit, RFI, 16 octobre 2023.
  5. a b et c Mali: les ex-rebelles de la CMA accusent l’armée et Wagner d’une attaque tuant deux de ses membres, RFI, 9 août 2023.
  6. Mali : l'ex-rébellion touareg quitte Bamako, nouveau signe de tension avec la junte, Le Figaro avec AFP, 10 août 2023.
  7. Célian Macé, Nord-Mali : l’armée et les ex-rebelles croisent le fer à Ber, Libération, 13 août 2023.
  8. David Baché, Mali: la Minusma quitte le camp de Ber sur fond d'attaques jihadistes et de tensions avec les ex-rebelles, RFI, 14 août 2023.
  9. a b c d et e David Baché, Mali: autorités et CMA se contredisent sur le crash d’un avion de l’armée, les ex-rebelles haussent le ton, RFI, 11 septembre 2023.
  10. Mali: la Coordination des mouvements de l'Azawad se dit «en temps de guerre» avec la junte, RFI, 12 septembre 2023.
  11. DÉVISION AU SEIN DES GROUPES ARMÉS DU NORD : LE MSA DE MOUSSA AG ACHARATOUMANE SE RETIRE DU CSP-PSD ET RÉAFFIRME SON ENGAGEMENT AUPRÈS DU GOUVERNEMENT, Bamada.net, 25 septembre 2023.
  12. Mali : un groupe armé se dissocie de la reprise des hostilités au nord, Africanews avec AFP, 27 septembre 2023.
  13. Mali : situation confuse dans le Nord, après une offensive revendiquée par des groupes armés, France 24 avec AFP, 12 septembre 2023.
  14. Mali : des hommes armés s'emparent de deux camps militaires, Le Figaro avec AFP, 17 septembre 2023.
  15. David Baché, Mali: les rebelles du CSP attaquent et se retirent du camp militaire de Dioura, RFI, 29 septembre 2023.
  16. Mali: une position de l'armée attaquée dans la localité de Bamba, dans la région de Gao, RFI, 1er octobre 2023.
  17. a b c d et e David Baché, Mali: le CSP revendique la prise du camp de Taoussa, la colonne de l'armée partie de Gao a repris sa route, RFI, 4 octobre 2023.
  18. Mali: l'armée malienne sur la route de Kidal, RFI, 2 octobre 2023.
  19. a b et c Manon Laplace, Dans le nord du Mali, les ex-rebelles à l’offensive contre l’armée, Jeune AFrique, 3 octobre 2023.
  20. a et b Serge Daniel, Mali: l'armée effectue des frappes aériennes dans la région de Kidal, RFI, 1er octobre 2023.
  21. a b et c David Baché, Mali: l'armée malienne sur la route de Kidal, RFI, 2 octobre 2023.
  22. a b et c Benjamin Roger, Au Mali, Wagner toujours en première ligne pour Goïta, Jeune Afrique, 13 octobre 2023.
  23. a b et c Flore Monteau, Au Mali, Assimi Goïta joue gros à Kidal, Jeune Afrique, 11 octobre 2023.
  24. David Baché, Mali: division au sein des groupes armés du Nord, le MSA quitte le Cadre stratégique permanent, RFI, 25 septembre 2023.
  25. a b c d e f g et h David Baché, Mali: la colonne de l'armée progresse lentement dans la région de Gao, RFI, 4 octobre 2023.
  26. a b c d e et f David Baché, L'armée malienne, durement frappée à Tabankort, poursuit son offensive, RFI, 5 octobre 2023.
  27. a b c d e et f David Baché, L'armée malienne, toujours à l'offensive vers la région de Kidal, précise ses objectifs, RFI, 6 octobre 2023.
  28. a et b Serge Daniel, Mali: confusion autour des combats de entre l'armée et les rebelles pour le Nord, RFI, 7 octobre 2023.
  29. David Baché, Mali: les craintes des populations civiles dans la région de Kidal, RFI, 12 octobre 2023.
  30. a et b Mali : L’armée affirme contrôler une ville étape vers Kidal, fief rebelle, 20 Minutes avec AFP, 7 octobre 2023.
  31. a et b Serge Daniel, L'armée malienne contrôle la localité d'Anéfis après les affrontements face au CSP, RFI, 8 octobre 2023.
  32. Mali: l'armée stationne à Anéfis, avec Kidal comme principal objectif, RFI, 9 octobre 2023.
  33. Manon Laplace, Au Mali, où en est la colonne militaire qui fait route vers Kidal ?, Jeune Afrique, 10 octobre 2023.
  34. a b c et d David Baché, Mali: arrivée aérienne de soldats et de Wagner à Tessalit, le convoi de l’armée a repris sa progression, RFI, 13 octobre 2023.
  35. a b c et d Serge Daniel, Le retrait de la Minusma handicapé par les tensions dans le nord du Mali, RFI, 15 octobre 2023.
  36. a et b David Baché, Mali: départ de la Minusma de la région de Kidal entre bataille sur le terrain et bataille diplomatique, RFI, 17 octobre 2023.
  37. a et b Manon Laplace, Pour l’armée malienne, la prise de Kidal passe aussi par Tessalit, Jeune Afrique, 20 octobre 2023.
  38. a b c et d David Baché, Mali: compromis trouvé pour le désengagement du contingent tchadien de la Minusma dans la région de Kidal, RFI, 19 octobre 2023.
  39. David Baché, Mali: la stratégie risquée des autorités de transition dans le Nord, RFI, 19 octobre 2023
  40. Célian Macé, Au Mali, l’armée tente de forcer les portes du Nord, Libération, 21 octobre 2023.
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  46. Mali: la Minusma accusée de se retirer de manière «précipitée» du camp d'Aguelhok, RFI, 25 octobre 2023.
  47. Serge Daniel, Mali: les casques bleus tchadiens commencent à quitter Kidal plus tôt que prévu, RFI, 26 octobre 2023.
  48. Serge Daniel, Mali: la Minusma accélère l'évacuation de son camp de Kidal, RFI, 26 octobre 2023.
  49. Serge Daniel, Mali: le départ de la Minusma du camp de Kidal pour fin octobre compromis?, RFI, 28 octobre 2023.
  50. Serge Daniel, Mali: malgré les difficultés, la Minusma accélère son départ du camp de Kidal, RFI, 29 octobre 2023.
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  52. a b et c Serge Daniel, Mali: la mission de l'ONU a entamé son retrait définitif de Kidal, RFI, 31 octobre 2023.
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  80. David Baché, Mali: les rebelles du CSP instaurent un blocus dans le Nord, RFI, 20 décembre 2023.
  81. Serge Daniel, Les rebelles du CSP lèvent le blocus sur les principaux axes du nord-ouest du Mali, RFI, 11 février 2024.
  82. David Baché, Mali: à Kidal, les habitants savent que «personne n'est à l'abri», RFI, 7 novembre 2023.
  83. a et b David Baché, Mali: Kidal, une petite ville et un immense symbole, RFI, 14 novembre 2023.
  84. David Baché, Mali: la classe politique silencieuse sur l'offensive de l'armée vers Kidal, RFI, 11 octobre 2023.