Troisième cohabitation

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Troisième cohabitation
Fichier:Lionel Jospin, 1998 (cropped).jpg
Jacques Chirac
Président de la République
Lionel Jospin
Premier ministre
RPR Parti socialiste
Première cohabitation
Deuxième cohabitation

La troisième cohabitation, ou "Cohabitation quinquennale" s'étend de 1997 à 2002, durant la XIe législature de la Cinquième République française. Elle débute à peine deux ans après le début du septennat présidentiel de Jacques Chirac, élu en 1995 et se poursuit jusqu'à la fin du mandat présidentiel.

Elle se déroule dans un contexte politique qui diffère de celui des deux premières. En premier lieu, elle n'était pas attendue – donc pas préparée par les principaux acteurs, à l'inverse des précédentes – car elle est la conséquence d'une dissolution surprise de l'Assemblée nationale par le président de droite, un an avant l'échéance législative initialement prévue en 1998. Les élections législatives de 1997 amènent une majorité de partis d'opposition de gauche qui forment ensemble une coalition parlementaire dénommée « gauche plurielle ». C'est Lionel Jospin qui devient Premier ministre durant cette cohabitation de cinq ans. Sur cet intervalle de 5 ans, deux moments se distinguent : de Juin 1997 à Septembre 2000, la cohabitation est "courtoise", voire "cordiale", permettant l'élaboration de politique de compromis dans de nombreux domaines. A l'inverse, la période entre septembre 2000 et mai 2002 est vue comme "conflictuelle", Matignon et l'Elysée critiquant mutuellement leurs orientations respectives[1].

Contexte

Deux ans après son élection à la présidence de la République et tandis que la majorité parlementaire soutenant le gouvernement Alain Juppé est écrasante – mais non dénuée de divisions –, Jacques Chirac estime que les échéances à venir et les réformes en cours nécessitent « une majorité ressourcée et disposant du temps nécessaire à l'action » et « qu'il faut, dès maintenant, aller plus loin sur le chemin des changements. Il faut que l'action politique monte en puissance pendant les cinq années qui viennent. Pour réussir, la France a besoin d'un nouvel élan. Cet élan ne peut être donné que par l'adhésion, clairement exprimée, du peuple français » (déclaration télévisée, 21 avril 1997)[2].

Déroulement

Victoire de la gauche plurielle (juin 1997)

La troisième période de cohabitation est ouverte par la nette victoire – majorité absolue – de la « gauche plurielle » (PS, PCF, radicaux de gauche, MDC, Les Verts) aux élections législatives des 25 mai et 1er juin 1997. Le 2 juin 1997, Jacques Chirac nomme au poste de Premier ministre, Lionel Jospin qui forme le gouvernement Lionel Jospin.

Cohabitation « courtoise » (juin 1997-septembre 2000)

La coopération est effective tant sur la politique du gouvernement à proprement parler, Jacques Chirac nommant les ministres en fonction des personnalités proposées par Lionel Jospin[1], que sur les questions relevant du domaine constitutionnel réservé du Président. L'harmonie est remarquable en ce qui concerne la politique étrangère où Chirac et Jospin ont la même vision des choses concernant les rapports avec l'Allemagne du Chancelier Schröder que sur la question de la Guerre du Kosovo[1]. De la même manière, les deux têtes de l'exécutif coopèrent sur la question des différentes révisions constitutionnelles de la période (réforme de 1998 sur l'autonomie Néo-calédonienne, réforme de 1999 sur les transferts de compétences au profit de l'Union Européenne).

Cohabitation conflictuelle (septembre 2000-avril 2002)

La séquence politique ouverte en septembre 2000 voit les deux hommes s'opposer sur de nombreux sujets, l’Élysée critique vivement les dispositions des projets de lois de finances et de loi de financement de la Sécurité Sociale pour 2002. Symétriquement, Matignon critique la volonté d'inscrire dans la constitution des dispositions relative à la démocratie sociale[3].

Fin (mai 2002)

Selon La Documentation française[4] :

« À l’approche du scrutin présidentiel d'avril 2002, auquel il se représente, Jacques Chirac précise ses critiques. Si le 14 juillet 1999, il avait qualifié la cohabitation de « constructive », deux ans plus tard, il dénonce le « manque de volonté d'agir » du gouvernement « en matière de sécurité » et son « immobilisme » concernant les réformes à entreprendre (14 juillet 2001). »

Le 21 avril 2002, Jacques Chirac arrive en tête au premier tour de l'élection présidentielle, avec un score relativement faible pour un Président sortant (19,9 % des suffrages exprimés). Le contexte très particulier du second tour, du fait de la présence de Jean-Marie Le Pen, lui assure une réélection triomphale (82,2 %). Un mois plus tard, au scrutin législatif, l'Union pour un mouvement populaire (UMP) obtient la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale. C'est la fin de la troisième cohabitation.

Notes et références

  1. a b et c Gilles Champagne, L'essentiel du droit constitutionnel. T.2 Les institutions de la Vème République., Paris, Éditions Gualino, septembre 2016 (16ème édition), 192 p. (ISBN 978-2-297-05418-8), p. 67
  2. [vidéo] « Déclaration de Jacques Chirac dissolution de l'Assemblée Nationale », sur ina.fr, France 2, (consulté le )
  3. Gilles Champagne, L'essentiel du droit constitutionnel (T.2 les institutions de la Vème République)., Paris, Éditions Gualino, septembre 2016 (16ème édition), 192 p. (ISBN 978-2-297-05418-8), p. 68
  4. « 1997-2002 : une cohabitation surprise », sur ladocumentationfrancaise.fr, (consulté le )

Articles connexes