Étienne-Denis Pasquier

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Étienne-Denis Pasquier
Illustration.
Fonctions
3e président de la Chambre des pairs

(17 ans, 6 mois et 21 jours)
Prédécesseur Emmanuel de Pastoret
Successeur Jérôme Bonaparte, président du sénat
2e président de la Chambre des députés des départements

(1 an et 1 jour)
Prédécesseur Joseph-Henri-Joachim Lainé
Successeur Hercule de Serre
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès (à 95 ans)
Lieu de décès Paris
Nationalité Drapeau du royaume de France Royaume de France
Conjoint Anne de Serre Saint-Roman (1762-1844)
Enfants Gaston d'Audiffret-Pasquier
Résidence Drapeau de la France France

Étienne-Denis, baron (1808) puis duc (1844) Pasquier[1], dit le chancelier Pasquier, est un homme politique français né à Paris le et mort dans la même ville le .

Préfet de police sous l'Empire, il fut plusieurs fois ministre (Justice, Affaires étrangères) et Président de la Chambre des députés des départements sous la Restauration puis président de la Chambre des pairs sous la monarchie de Juillet. Il fut également le dernier chancelier de France en 1837.

Biographie

Issu d'une ancienne famille de robe anoblie en 1671, Étienne-Denis Pasquier était le fils d'Étienne Pasquier, conseiller au Parlement de Paris, condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et exécuté le 1er floréal an II (), et d'Anne Thérèse Nicole Gauthier des Préaux, ainsi que le frère de Jules Pasquier (1774-1858). Lui-même, après des études au collège de Juilly, avait été nommé, avec dispense d'âge, conseiller au Parlement de Paris en 1787. Sous la Terreur, il épousa Anne de Serre Saint-Roman (1762-1844), veuve du comte Claude du Pin de Rochefort, fut arrêté et incarcéré pendant deux mois à Saint-Lazare ; il ne recouvra la liberté qu'après le 9 thermidor.

Sous l'Empire

Après avoir été éloigné pendant quelques années des affaires publiques, il se rallia à l'Empire et, grâce à la protection de Cambacérès, il fut nommé maître des requêtes au Conseil d'État (), baron de l'Empire (), conseiller d'État () et procureur du Sceau des titres.

Le 14 octobre 1810, peu après avoir été promu officier de la Légion d'honneur, il devint préfet de police en remplacement de Louis Nicolas Dubois, disgracié après l’incendie de l’ambassade d’Autriche. En collaboration avec le ministre de l'Intérieur, il est chargé de trouver une nouvelle organisation pour remplacer le corps des gardes pompiers de Paris.

En 1812, il ne sut pas empêcher le complot des généraux Malet et Lahorie, mais fut berné par les conjurés, arrêté et conduit à la prison de la Force, dont il ne sortit que grâce à l'intervention du général Hulin. Malgré cet incident, il fut maintenu en fonctions et servit Napoléon Ier avec zèle, sinon avec efficacité.

Sous les deux Restaurations

En 1814, il entra en pourparlers avec le comte de Nesselrode au moment de l'entrée des Alliés dans Paris, pour présenter à l'empereur de Russie la soumission de la capitale. Il prit les mesures d'ordre qu'appelait la situation, se résolut à « user de tous les moyens qui étaient en son pouvoir pour faciliter la restauration des Bourbons », et tenta de rallier le Conseil d'État à cette entreprise, mais n'adhéra au gouvernement provisoire que le 14 avril. Il démissionna de la préfecture de police le 13 mai et fut nommé directeur général des Ponts et Chaussées ().

L'Empereur le laissa sans emploi durant les Cent-Jours quoiqu'il eût prêté serment à l'Acte additionnel. La Seconde Restauration le dédommagea en le nommant garde des Sceaux et ministre de l'Intérieur par intérim dans le cabinet Fouché-Talleyrand (). Dans ces importantes fonctions, il sut montrer de l'habileté et du courage pour résister aux réclamations de Blücher et de Müffling. Il prit des mesures pour éviter que la dissolution de l'armée de la Loire occasionnât des troubles. Il blâma, dit-on, les excès de la réaction royaliste – la Terreur blanche, l'assassinat de Brune, les exécutions de Labédoyère et de Ney – et s'efforça de faire prévaloir des idées modérées. Il prépara l’ordonnance du qui, rapportant celle de 1814, réorganisa le Conseil d'État en le rapprochant beaucoup plus du Conseil d'État napoléonien que de l’ancien Conseil du Roi que la Première Restauration avait cherché à ressusciter. Il quitta le pouvoir avec Talleyrand le .

Élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur (), il fut nommé ministre d'État et membre du Conseil privé. Le , il avait été élu député du grand collège de la Sarthe[2] et du grand collège de la Seine[3]. Il opta pour la Seine et fut réélu le [4] et le [5]. Après avoir dirigé, en 1816, les travaux de la commission des créances étrangères, il fut appelé, la même année, à la présidence de la Chambre des députés, qu'il conserva jusqu'à son entrée dans le ministère Richelieu en qualité de garde des sceaux, ministre de la Justice (). Il approuva la loi Laîné relative aux élections, la loi Gouvion-Saint-Cyr sur le recrutement de l'armée et la suppression des cours prévôtales. Cependant, à la suite de la nouvelle loi électorale et des élections de 1818, il se retira avec le cabinet le .

Pasquier refusa de reprendre un portefeuille dans le ministère Dessolles-Decazes et réclama la révision de la loi électorale du . Cette question divisa le ministère : Decazes appuya Pasquier, mais les autres ministres, Dessolles, Gouvion-Saint-Cyr et Louis donnèrent leur démission. Pasquier hérita alors du portefeuille des Affaires étrangères () dans le cabinet remanié. Il resta ministre après l'assassinat du duc de Berry dans le nouveau ministère Richelieu. Il se signala par l'habileté avec laquelle il défendit les mesures qui suspendaient la liberté individuelle et la liberté de la presse et réduisaient le pouvoir de suffrage : « Oui, je demande l'arbitraire, dit-il, parce que quand on sort de la légalité ce ne peut être que pour un but important, pour un grand objet à remplir. Les lois d'exception n'appartiennent qu'aux gouvernements libres et eux seuls ont le droit d'en avoir. »[6]

Après que les élections partielles de 1821 eurent consolidé la majorité ultra-royaliste, la Chambre des députés vota, lors de la discussion de l'Adresse, une phrase relative à la politique étrangère dont les sous-entendus outragèrent Louis XVIII[7], ce qui entraîna la démission du duc de Richelieu, imité par le baron Pasquier ().

Le 24 septembre précédent, ce dernier avait été nommé pair de France. Il prit sa retraite comme ministre des Affaires étrangères le . À la Chambre des pairs, il se rapprocha de l'opposition constitutionnelle, vota contre le droit d'aînesse, contre la loi sur le sacrilège, contre la loi de tendance, contre la conversion des rentes. Dans ses improvisations, d'une abondante facilité, il fit preuve d'une rare présence d'esprit et d'un sang-froid dédaigneux de toutes les attaques.

En 1828, il refusa d'entrer dans le ministère Martignac.

Sous la monarchie de Juillet

Le baron Pasquier se rallia, après la révolution de 1830, à la monarchie de Juillet. Il aurait déclaré à cette occasion : « Le serment politique est une contremarque pour rentrer au spectacle. »[6] Nommé président de la Chambre des pairs le , il occupa cette fonction jusqu'à la révolution de 1848.

En cette qualité, il eut à diriger le procès des ministres de Charles X, ceux des insurgés d'avril, de Giuseppe Fieschi, d'Armand Barbès, du prince Louis-Napoléon Bonaparte après la tentative de Boulogne-sur-Mer, des ministres Teste et Cubières. Selon Victor Hugo, il se montra fort au-dessous de sa tâche : « Il avait quatre-vingt-deux ans[8], et à quatre-vingt-deux ans, on n'affronte ni une femme, ni une foule. » Il soutint la politique personnelle de Louis-Philippe et, lors de la formation de la coalition de 1839, prit le parti du gouvernement et du comte Molé.

En 1837, le roi fit revivre pour lui le titre de chancelier de France. Il fut créé duc Pasquier le avec lettres patentes du et autorisation de réversion du titre en faveur de son petit-neveu, qu'il avait adopté, Gaston d'Audiffret (1823-1905), fils de sa nièce, Gabrielle Pasquier et du comte Florimond-Louis d'Audiffret.

Ami de Chateaubriand, il avait été candidat à l'Académie en 1820 comme « ami des lettres » mais il ne fut élu que le , en remplacement de Mgr Frayssinous, contre Alfred de Vigny qui obtint 8 voix. Il avait un salon littéraire et créa à l'Académie, avec le duc de Broglie et le duc de Noailles, qu'il patronna, le « parti des ducs ». Lorsqu'il mourut, Napoléon III eut un moment l'idée de lui succéder.

La révolution de 1848 avait mis un terme à sa carrière politique. Deux ans avant sa mort, il observait : « Je suis l'homme de France qui ait le plus connu les divers gouvernements qui se sont succédé chez nous : je leur ai fait à tous leur procès. »

Il eut une très longue liaison avec la comtesse de Boigne : « C'était une croyance assez répandue aux Tuileries et au Luxembourg, écrit Montalivet, qu'après la mort de Mme Pasquier, le Chancelier avait épousé en Angleterre Mme de Boigne [...] Je suis de ceux qui ont cru au mariage secret. Quoi qu'il en soit, pendant la dernière partie de sa vie, le duc Pasquier vécut avec la comtesse de Boigne dans la plus douce et la plus constante intimité. »

Sans enfant, il adopta son petit-neveu Gaston d'Audiffret-Pasquier et obtint par l'ordonnance royale du la réversibilité de son titre sur le chef du comte d'Audiffret.

Décorations

Œuvres

  • Discours prononcés dans les chambres législatives de 1814 à 1836, 1842 (4 vol.)
  • L'interprétation des Institutes de Justinien, avec la conférence de chasque paragraphe aux ordonnances royaux, arrestz de parlement et coustumes générales de la France, ouvrage inédit d'Étienne Pasquier, publié par M. le duc Pasquier, 1847 – Réédition en fac-similé : Slatkine, Genève, 1970
  • Histoire de mon temps. Mémoires du chancelier Pasquier, publiés par M. le duc d'Audiffret-Pasquier, 1893-1895 (6 vol.)

Références

Source

Liens externes

Notes

  1. Il est d'usage de prononcer Pâquier.
  2. 153 voix sur 166 votants et 228 inscrits
  3. 98 voix sur 183 votants et 230 inscrits
  4. 102 voix sur 183 votants et 228 inscrits
  5. 3.874 voix sur 7.378 votants et 9.677 inscrits
  6. a et b cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  7. « Nous vous félicitons, sire, de vos relations constamment amicales avec les puissances étrangères, dans la juste confiance qu'une paix si précieuse n'est point achetée par des sacrifices incompatibles avec l'honneur de la nation et la dignité de la couronne. »
  8. En fait deux ans de moins.

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