Halles de Paris

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Les Halles est un quartier du 1er arrondissement de Paris (48° 51′ 46″ N, 2° 20′ 40″ E). Situé au cœur de la capitale, il tient son nom des Halles centrales, aussi appelées Halles de Paris, qui s'y tenaient jusqu'aux début des années 1970. Aujourd'hui, ce vaste marché a été remplacé par un parc, un centre commercial souterrain, le Forum des Halles, et par de nombreux endroits consacrés aux loisirs (piscine, cinéma). La gare RER Châtelet - Les Halles, située juste en dessous du complexe, est la plus grande gare souterraine du monde et permet un accès depuis toute la région parisienne.

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Vue du Forum des Halles

Les Halles centrales

Les Halles de Paris occupent une zone de 10 hectares, à cheval sur les Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements de la ville de Paris, donc en son centre géographique sur la rive droite. Elles sont le décor principal du Ventre de Paris d'Émile Zola.

Historique

  • 1135. Transfert du marché central de la place de Grève au centre de Paris, au lieu-dit Les Champeaux, à la périphérie de la ville d'alors, à l'emplacement actuel.
  • 1181-1183. Philippe-Auguste achète la foire Saint-Ladre ou Saint-Lazare située dans les faubourgs du nord de la ville, et dépendante de la léproserie située dans l'enclos Saint-Lazare, en 1183[1] ou 1181[2] et la transfère à l'emplacement même des futures Halles[3]. Deux bâtiments couverts sont élevés pour assainir le nouveau marché en 1183. Très intéressé par le développement de ce marché central, Philippe Auguste réglemente lui-même le commerce des denrées essentielles : viande, pain et vin. Quelques années plus tard, Philippe Auguste acquiert l'entière propriété des terrains en payant une redevance à l'évêché de Paris. Il s'agit d'un bazar immense où, sur des emplacements spéciaux, se vendent des denrées alimentaires, du textile, des chaussures, de la mercerie. Les marchands s'installent sous des abris particuliers, proches des maisons où se trouvaient les commerces fixes des fabricants. C'est ainsi que la rue de la Grande Friperie devient le lieu des commerces de fripes. Progressivement, d'autres marchands viennent s'installer autour de ceux qui avaient déjà leur emplacement. Compte tenu de l'augmentation des échanges, Philippe Auguste fait construire les premières halles pour les drapiers et tisserands, mais le marché continue de s'étendre, de telle sorte qu'à partir du XVIe siècle, on envisage sa réorganisation et l'élargissement des voies.
  • 1543. François Ier entreprend la reconstruction des Halles. Il s'y prend de manière à ce que Paris y gagne, et le Trésor aussi. Au terme d'un édit du 20 septembre, il ordonne « la vente aux enchères des places vides des halles » annonçant la renonciation des Domaines à la faculté de rachat ; en retour de quoi les acquéreurs avaient obligation d'exécuter, dans des délais fixés, la démolition de bâtisses existantes et la reconstruction de « maisons et manoirs commodes ». Jusqu'en 1572, on fait bâtir des maisons avec, généralement, au rez-de-chaussée, des portiques ou galeries couvertes connues sous le nom de « piliers des Halles », qui disparaissent lors de la construction du pavillon Baltard. Au centre de ces galeries à arcades se trouve le « carreau », marché du pain, du beurre, du fromage et des œufs.
  • 1789. Le cimetière des Innocents, situé à proximité, entre les rues Saint-Denis, de la Lingerie, de la Ferronnerie et aux Fers, est à son tour aménagé en marché aux fleurs, fruits et légumes. La Révolution française, puis le Premier Empire, modifient la conception urbaine de la ville. Le cœur de Paris souffre de problèmes d'hygiène et de sécurité et l'on commence à s'interroger sur l'approvisionnement de la capitale.
Vue d'oiseau des Halles centrales de Paris en 1863 conçues par Victor Baltard.[4].
  • 1808. Napoléon Ier entreprend une réorganisation cohérente des marchés couverts et élabore une réglementation sur l'abattage des animaux. Il projette de faire construire une halle centrale entre le marché des Innocents et la Halle aux blés. Malgré tout, dès 1830, les problèmes de circulation et d'hygiène ressurgissent, ce qui incite le préfet Claude Berthelot de Rambuteau à créer, en 1842, la Commission des Halles, qui a pour mission d'étudier l'intérêt de garder les Halles à leur emplacement ou bien de les déplacer. Le concours d'architecture lancé en 1848 est remporté par Victor Baltard, qui projette d'édifier douze pavillons couverts de vitrage avec des parois en verre et des colonnettes en fonte. Dix pavillons sont construits entre 1852 et 1870. La construction des deux derniers s'achève en 1936[5].
  • 1963. Le préfet de Paris propose la rénovation de la rive droite, de la Seine à la gare de l'Est. 670 hectares et 150 000 habitants sont concernés. Le projet est repoussé, mais le Conseil de Paris crée une Société d'études d'aménagement des Halles et secteurs limitrophes.
  • 1968. Les premiers projets d'aménagement sont repoussés par le Conseil de Paris. La surface de rénovation est réduite de 32 à 15 hectares, le reste fera l'objet d'une réhabilitation. Un aménagement souterrain est envisagé.
  • 1971. Démolition des six premiers pavillons situés à l'est de la rue Baltard pour permettre la construction de la gare RER et du Forum.
  • 1974. Élu président de la République, Valéry Giscard d'Estaing décide l'abandon du centre de commerce international et la création d'un jardin à son emplacement.
  • 1975. Le projet choisi par les Parisiens est rejeté au profit dans un premier temps de celui de l'architecte espagnol Ricardo Bofill puis de Jean Willerval. Le centre commercial « le forum » est de l'architecte Claude Vasconi. Un concours est d'abord organisé pour l'aménagement de la partie Lescot directement au-dessus de la gare RER. L'équipe composée des architectes Georges Pencreac'h et Claude Vasconi l'emporte avec le projet du Forum des Halles, inauguré en 1979. Une deuxième consultation est par la suite organisée pour la partie aérienne, emportée par Ricardo Bofill , dont le projet avance jusqu'à l'édification du gros œuvre à R+2, avant que le maire de Paris (Jacques Chirac) décide de tout raser en imposant à la place l'architecte Jean Willerval et ses « parapluies », inaugurés en 1983. Ce sera un échec complet.
  • 1977. Inauguration de la station du RER le 7 décembre, et déplacement de la station Les Halles de la ligne 4 pour une meilleure correspondance.
  • 1979. Inauguration du forum de commerce et de loisirs le 4 septembre.
  • 1983. Construction de deux hôtels, de logements et de bureaux.
  • 1985. Ouverture de la deuxième partie du Forum souterrain (architecte : Paul Chemetov).
  • 2004. Un concours d'architecture est lancé par la mairie pour une rénovation totale du quartier. Quatre équipes d'architectes sont sélectionnés : Jean Nouvel, MVRDV/Winy Maas, OMA/Rem Koolhaas et David Mangin. Le 15 décembre, le maire de Paris Bertrand Delanoë annonce le choix de la commission d'appel d'offres pour le réaménagement des Halles de Paris. C'est le projet de l'architecte et urbaniste français David Mangin qui remporte les suffrages, plus pour son parti pris que pour le projet en lui-même, qui ne sera pas concrétisé tel quel. Son rôle est de coordonner la mise en œuvre du projet, dont il réalisera une partie. Les conditions qui ont amené à ce choix déclenchent une polémique importante chez nombre d'observateurs de l'urbanisme parisien. Un concours international sera organisé, afin de déterminer le projet définitif. Les premiers travaux devraient commencer en 2009.
Panorama du quartier des Halles. Paris 2004.

Du ventre au cœur

Ce « ventre de Paris », évoqué par Zola du temps des marchés de gros, est devenu le « cœur » de la capitale, avec une ville souterraine sur plusieurs niveaux. C'est à la fois :

  • la plus grande gare de la ville, Châtelet - Les Halles, avec trois lignes de RER, cinq de métro, 15 de bus et 13 de Noctiliens où passent en moyenne 800 000 voyageurs quotidiens ;
  • le plus fréquenté des centres commerciaux, le Forum, avec ses 41 millions de clients annuels, comprenant 23 salles de cinéma ;
  • la piscine la plus fréquentée ;
  • un jardin de plus de quatre hectares ;
  • de nombreux équipements publics ;
  • un réseau de voiries, essentiellement souterraines.

Malgré tout, certains reproches ont été formulés, notamment que le lieu manque de surface alimentaire et d'une bonne signalisation.

Ce site est desservi par la station Châtelet - Les Halles (1)(4)(7)(11)(14), (A)(B)(D)

Les différentes halles

La Halle au blé

En raison des encombrements du marché des Halles centrales, on édifie encore, de 1763 à 1767, la Halle au blé sur l'emplacement de l'hôtel de Soissons. Nicolas Le Camus de Mézières en est l'architecte. Elle possède une coupole en bois, construite en 1782, qui brûle en 1802. On distingue encore aujourd'hui la colonne astronomique de Catherine de Médicis qui enclave le pourtour de l'édifice devenu la Bourse de commerce.

La Halle aux cuirs

  • Fief des pelletiers et autres mégisseurs, elle se trouvait sur l'emplacement de l'actuelle Faculté de Lettres Censier dans le Ve arrondissement de Paris. Si l'installation rue Censier, dans le quartier du Jardin des Plantes n'est pas très ancienne, l'Institution, elle, est multi-séculaire. Saint Louis installe la première Halle dans le quartier des Innocents, rue de la Lingerie.
  • 1785. Elle est transférée rue Mauconseil, sur l'emplacement de l'ancienne Comédie Italienne, où elle demeure jusqu'en 1866.
  • 1866. La nouvelle Halle aux cuirs est inaugurée le 18 mars. Construite sur des dépendances de l'ancien Hospice des Cent filles, elle occupe une superficie d'un hectare et forme un quadrilatère borné par les rues Censier, de la Clef, de Santeuil et du Fer-à-Moulin. En plus des bureaux, on y trouve d'immenses magasins ; une cour de 1 350 m² formant le carreau de la Halle ; au-dessus sont installés deux étages de magasins ; au-dessous, d'immenses souterrains servent de caves pour y recevoir huiles, essences, vernis et tout corps gras indispensable à la mégisserie.
  • 1886. Une ordonnance de police du 12 mars en fixe le fonctionnement et les heures d'ouverture, de fermeture et de vente.
  • 1906. Dans la nuit du 11 au 12 mai, elle subit un terrible incendie qui la détruit totalement. Le quartier où elle s'élevait s'est en quelques années complètement transformé. La prison de Sainte-Pélagie est désaffectée et démolie et la Bièvre couverte sur cette partie de son cours.

La Halle aux draps

Fief des maîtres drapiers et des maîtres tapissiers, elle se trouvait à l'emplacement des Gobelins dans le Ve arrondissement.

La Halle aux gibiers

Bâtie en 1810 par Happe, elle était située quai des Augustins.

La Halle aux herbes

Fief des herboristes et des maraîchers, elle est présente dans de nombreuses villes de France. Pour des raisons historiques, elle était à Paris située dans le Pavillon fruits et légumes des Halles centrales.

La Halle aux veaux

Bâtie en 1774 par Lenoir, elle était située rue de Poissy.

La Halle aux vieux linge

Bâtie en 1811 par Molinos, elle était située rue du Temple.

La Halle aux vins

Fief des marchands de vin, appelée familièrement « les pinardiers ». Elle se trouvait depuis 1666, quai Saint-Bernard, sur l'emplacement de l'actuel Campus de Jussieu (Faculté des sciences), toujours dans le Ve arrondissement de Paris, le long de la Seine d'où les chalands arrivaient. Construite de 1958 à 1972, la Faculté est inaugurée en 1970 (Paris VII) et en 1971 (Paris VI). Durant longtemps on l'appela familièrement « la faculté des Sciences de la Halle aux vins » et sa grande tour « la tour Zamanski », du nom du doyen de la faculté. Ces appellations non officielles sont passées de mode aujourd'hui. On trouve également, sur l'ancienne emprise de la halle aux vins, l'Institut du monde arabe inauguré en 1987.

Grenier de réserve

Bâtie en 1807 par Delanoy, il était situé boulevard Bourdon.

Notes et références

  1. Histoire de Saint-Lazare (1122-1912) (1e éd.) / Eugène Pottet 1912(p. 12)
  2. Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments par Félix Lazare,... et Louis Lazare,... 1844-1849 (p. 367/368)
  3. ? Fondation du marché des Champeaux par Louis VI en 1137, sur l'actuel site du Forum des Halles.
  4. Planche parue dans Victor Baltard et Félix Callet, Monographie des Halles centrales de Paris, construites sous le règne de Napoléon III et sous l'administration de M. le Baron Haussmann, sénateur, préfet du département de la Seine, A. Morel, Paris, 1863.
  5. Photographie
  6. Source : Libération 2 juillet 2007.

Article connexe

Liens et documents externes

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