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Eugène-Louis Lequesne

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Eugène-Louis Lequesne
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activité
Formation
Distinctions
Œuvres principales

Eugène-Louis Lequesne, ou le Quesne, est un sculpteur français né le à Paris où il est mort le .

Biographie

Famille

Eugène-Louis Lequesne est le fils du propriétaire d'un immeuble d'angle, rue Villehardouin dans le 3e arrondissement de Paris, qu'il tenait de son aïeul M. Garand, directeur général des subsistances militaires, et où aurait habité dans le passé Crébillon père[1].

Il épouse la fille de l'industriel et littérateur Hippolyte Guérin de Litteau.

Formation

Après une formation juridique couronnée par un diplôme d’avocat, Eugène-Louis Lequesne est admis en 1841 à l’École des beaux-arts de Paris dans l’atelier de James Pradier et expose au Salon dès l’année suivante. Ses études sont qualifiées de « brillantes » dans la notice qui lui est consacrée dans le Dictionnaire Bénézit[2]. En 1843, il obtient le deuxième prix de Rome, et en 1844 le premier prix, avec un bas-relief intitulé Pyrrhus tuant Priam, dont le plâtre est conservé à l’École des beaux-arts de Paris.

Il devient pensionnaire de l’Académie de France à Rome à la villa Médicis de 1844 à 1849, et y côtoie cette dernière année Charles Garnier, grand prix d’architecture de 1848. Durant son séjour à Rome, il sculpte une copie du Faune Barberini qui, expédiée en France en 1846, est conservée à l’École des beaux-arts de Paris[Note 1].

Un sculpteur reconnu

En 1851, Lequesne obtient une médaille de 1re classe au Salon pour son Faune dansant, dont la version en bronze de 2 m de haut destinée au jardin du Luxembourg est exposée l’année suivante. Il se voit décerner le grand prix de sculpture à l’Exposition universelle de 1855, ainsi que la croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Il est devenu alors un artiste reconnu du Second Empire, tout comme son maître, James Pradier, brusquement disparu en 1852, l’avait été pour la monarchie de Juillet.

Des liens privilégiés avec Pradier

Lorsqu’il fut question d’ériger le tombeau du maître James Pradier dans la 24e division du cimetière du Père-Lachaise à Paris, des conflits surgirent entre ses anciens élèves. « Antoine Étex, qui se flattait d’être son plus ancien élève soumit un projet, mais Eugène Louis Lequesne, en meilleurs termes avec la famille, l’évinça et réalisa le buste en bronze…[3] »

Le lien privilégié entre Lequesne et Pradier fut également souligné par Maxime du Camp, dans son Salon de 1857 : « animé par une pieuse pensée, M. Lequesne, un des plus sérieux élèves de Pradier, a exécuté en marbre un soldat mourant dont le maître avait laissé l’esquisse. Cette bonne intention trouve sa récompense dans le mérite de l’œuvre qui est belle à tous égards […] M. Lequesne s’inspirant de la maquette inachevée de Pradier, est arrivé à faire une académie originale et d’une anatomie bien observée… La main de l’élève a fait son office; elle a su […] donner à cette figure un aspect grandiose que le maître ne désavouerait pas […] Pradier […] avait composé en demi-nature un magnifique groupe représentant Ulysse portant le corps d’Achille ; nous l’avons vu souvent dans son atelier : c’est un chef-d’œuvre. Est ce que M. Lequesne, qui a gardé religieusement le souvenir de son maître, ne pourrait point exécuter ce groupe en lui donnant les proportions que Pradier avait rêvées pour lui ? »

On sait en outre, grâce aux fiches[réf. nécessaire] accessibles sur les sites du ministère de la Culture, qu’un certain nombre de dessins de Pradier ont été donnés par Lequesne au musée du Louvre, au titre de la liquidation de la succession du maître.

Le joueur d'échecs

S’il n’est pas fréquent de voir un jeune avocat renoncer à une carrière juridique pour se lancer dans la statuaire avec des débuts aussi brillants, il faut aussi mentionner une autre facette de ses talents : Lequesne était un bon joueur d’échecs. Ainsi lorsqu’en 1858-1859 le champion américain Paul Morphy entreprit une tournée européenne, il s'opposa simultanément à huit champions français dans une partie « à l’aveugle » qui dura dix heures au café de la Régence à Paris. Au nombre de ces huit Français figurait Eugène-Louis Lequesne, qui devint son ami et lui rendit hommage en sculptant son buste en marbre. Ce buste fut exposé au Salon de 1859.

Cette sculpture fut ensuite placée, couronnée de lauriers, à côté de ceux d’autres champions fameux, Labourdonnais et Philidor, au club d’échecs à l’étage du café de la régence. Lequesne offrit au champion un second exemplaire de marbre de plus petit format. Par ailleurs, des répliques de bronze aux trois cinquièmes en furent éditées et commercialisées.

Charles Lefeuve indique à propos de l'immeuble Lequesne : « M. Lequesne, sculpteur distingué et joueur d'échecs dont les parties se notent, est le fils du propriétaire[4]. » [note 1].

Œuvres

Statue de la Vierge à l'Enfant de la basilique Notre-Dame de la Garde de Marseille

Parmi les œuvres de Lequesne les plus connues du grand public figure au premier rang la statue monumentale de la Vierge à l'Enfant — dite La Bonne Mère — qui surplombe à Marseille le campanile de la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, dont la première pierre fut posée en et dont la consécration eut lieu le , le chantier se poursuivant jusqu’en 1870. Le projet de Lequesne l’emporta sur ceux de ses confrères Aimé Millet et Charles Gumery. Un escalier à vis est aménagé dans la statue d’où on découvre la Méditerranée par l’ouverture des yeux. La statue est installée en 1870[note 2].

Selon la plupart des sources disponibles[réf. nécessaire], la statue monumentale de cuivre, haute de plus de 9 m, fut dorée à la feuille par les ateliers Christofle de Paris. Elle pèse 4 500 kg et est datée de 1867. Le visage de la Vierge à lui seul mesurerait 1,25 m et celui de l’enfant Jésus 80 cm, dont le tour de poignet serait de 1,10 m[Note 2].

Les deux Pégase de l'opéra Garnier

Eugène-Louis Lequesne est l'auteur des deux groupes monumentaux en bronze de La Renommée retenant Pégase qui ornent, en arrière de terrasse de la façade sud, la toiture en pignon de la scène du palais Garnier à Paris, de part et d’autre du groupe central d’Aimé Millet. Le musée d’Orsay conserve les maquettes en plâtre de Lequesne. L’architecte Charles Garnier, que Lequesne avait côtoyé en 1849 à la villa Médicis à Rome, fit appel, pour la décoration de son chef-d’œuvre, aux meilleurs sculpteurs de l’époque, et notamment aux lauréats du prix de Rome. Les groupes en galvanoplastie, haut de 5 m, exécutés en 1867-1868, ont été restaurés en 1985 par l’Institut de formation des restaurateurs d’œuvres d’art[Note 3].

Le Faune dansant du jardin du Luxembourg

La version en bronze fondue par la fonderie Eck et Durand, exposée au Salon de 1852, mesurant 2 m de haut, orne le jardin du Luxembourg à Paris. Durant son séjour à Rome, Lequesne avait eu l’occasion de copier diverses œuvres antiques, dont le Faune Barberini. Le Faune dansant du jardin du Luxembourg s’inspire à l’origine du Faune dansant de Pompéi, conservé au musée archéologique national de Naples, mais n’en est pas moins dépourvu d’originalité, ce qui explique le bon accueil au Salon de 1851[5] et la médaille de 1re classe obtenue par son créateur.

Statues de La Foi, La Charité et L'Espérance de l'église de la Trinité de Paris

Située dans le square d'Estienne-d'Orves, ces trois statues dominent la balustrade située entre les trois fontaines en contrebas et le porche principal de l’église de la Sainte-Trinité, édifiée à Paris entre 1861 et 1867. Commencées par Francisque Duret (1804-1865), ces œuvres furent achevées par Lequesne après la mort de leur créateur.

Modèle:Message galerie

Lequesne a été appelé à collaborer à la décoration de divers projets architecturaux en France.

Bronzes d'édition

D'après Eugène-Louis Lequesne, Faune dansant, bronze, édition de la Fonderie Susse, localisation inconnue.

Comme pour de nombreux sculpteurs de l’époque, plusieurs œuvres ont fait l’objet d'éditions de réductions en bronze.

Une des plus répandue est celle du Faune dansant du jardin du Luxembourg, qui représente une créature jeune et imberbe, dansant sur une outre de vin, sur laquelle s’appuie son pied gauche et soufflant dans une flûte à un seul tube, qu’il tient de sa main droite, alors que sa jambe droite et son bras gauche sont levés.

Il existe une variante du Faune dansant attribuée à Lequesne, représentant un sujet nettement plus âgé et barbu levant également la jambe droite, mais soufflant dans une flute double qu’il tient à deux mains. L’outre de bronze fait défaut. Il correspond sans doute à l’esquisse exposée au Salon de 1887[réf. nécessaire], qui fut le dernier auquel il participa.

Deux statuettes, Les Mathématiques et La Fortune et le succès, mesurant 160 × 50 cm, ont été éditées par la fonderie Durenne à Paris.

Dans un format monumental, il existe des modèles d’un cheval anglo-arabe, fondu en bronze en 1861 par Jean-Jacques Ducel (longueur : 250 cm, au garrot : 148 cm, hauteur totale : 190 cm) et fonte en fer en 1867 (200 × 198 × 83 cm)[note 3].

Diverses communes de France possèdent soit en buste, soit en pied, des statues de La République qui ont été éditées en de nombreux exemplaires, et érigées dans les années 1900-1910, entre autres, dans l’Aude, pour le buste, la commune d'Esperaza, et pour la statue, celles d’Alet-les-Bains, Bages, Marcorignan, Ouveillanetc.

Lequesne utilise aussi bien les matériaux classiques tels le marbre et le bronze que les techniques nouvelles de la fonte de fer (fonte d'art)[13]. C’est en effet dans cette matière que sont éditées les statues sur pied de La République fondues par Ducel et fils, et dont la fiche de l’inventaire général des affaires culturelles[réf. nécessaire], précise, pour celle de Marcorignan, qu’elle fut acquise par la commune en 1882 auprès de M. Plancard, « marchand de fonderies de fer et de cuivre » à Carcassonne.

À propos de la statue de L'Été, en fonte de fer, exposée au Salon de 1864, le sculpteur et critique Louis Auvray[réf. nécessaire][14] livre le commentaire suivant : « les critiques ont, selon nous, trop généralement le tort de juger toutes les sculptures au même point de vue, et de ne pas faire la part de la sculpture architectonique pour les ouvrages destinés à la décoration d’édifices avec le style desquels ils doivent s’harmoniser. C’est à ce genre de sculpture qu’appartient la statue de l’été, à laquelle M. Lequesne a su donner un style simple et monumental. »

Ainsi grâce à ces procédés techniques nouveaux, les modèles de Lequesne acquis par Ducel, puis repris par le Val d'Osne après 1878, sont nombreux et leur diffusion atteint jusqu’à l’Amérique latine : « Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver, la justice, la concorde, la liberté, la fidélité sont à Recife, l’amour à la lyre à Rio. Et encore : saint Jean, saint Vincent de Paul avec enfant, saint tenant la croix, enfants torchères, sphinx, cheval (Santiago)[15] »

Le Figaro du informe ses lecteurs du décès de Lequesne dans les termes suivants : « On a célébré hier à Saint-Louis d'Antin, les obsèques de M. Le Quesne, le statuaire bien connu, membre de l'Institut. L'une de ses plus jolies œuvres, le Faune dansant, se trouve dans le jardin du Luxembourg. Sa Baigneuse et sa Lesbie, notamment, ont été l'objet de reproductions sans nombre. »

Œuvres présentées au Salon

  • 1851 :
    • Faune dansant, modèle en plâtre[5] ;
    • Portalis, buste en plâtre[5] ;
    • Siona Lévy, actrice, buste en plâtre[5].
  • 1852 : Faune dansant, bronze[16] (Paris, jardin du Luxembourg).
  • 1857 : Soldat mourant, marbre, d’après l’esquisse de James Pradier[17].
  • 1863 : Griffon antique (Amiens, musée de Picardie)[18].
  • 1864 :
    • L’Été, fonte de fer[19] ;
    • Portrait de M. Reinaud, orientaliste, membre de l’Institut, Académie des inscriptions et belles-lettres, buste en marbre[19].
  • 1865 : Portrait de M. T., président de section au Conseil d’État, buste en marbre[19].
  • 1866 : Portrait de M. le général Daumas, buste en plâtre[20].
  • 1867 : Statue en bronze du Dr Laënnec (pour la ville de Quimper)[21].
  • 1868 :
    • Prêtresse de Bacchus, statue en plâtre[21] ;
    • Portrait de son excellence le vicomte de Païva, ministre plénipotentiaire du Portugal, buste en plâtre[21].
  • 1869 : Portrait de Mlle S., buste en plâtre[19].
  • 1870 :
    • Prêtresse de Bacchus, statue en marbre[21] ;
    • Camulogène, statue en plâtre[21].
  • 1872 : Baigneuse, statue en plâtre[21].
  • 1874 :
    • À quoi rêvent les jeunes filles, statue en plâtre[21] ;
    • Portrait de M. de Maupas, ancien ministre, buste en marbre[21],[note 4].
  • 1876 : Gaulois au poteau, statue en plâtre[21].
  • 1877 : Portrait de Mme ***, buste en plâtre[21].
  • 1879 : Laënnec, buste en plâtre[21].
  • 1880 : Portrait de M.le docteur Jules Guérin, buste en plâtre[21].
  • 1883 :
    • Portrait de M. Lassalle, buste en plâtre[21] ;
    • Laënnec, buste en bronze, offert à la faculté de médecine par le professeur Potain[21].
  • 1884[21] :
    • Portrait de Mlle Rosita Mauri, buste en plâtre[note 5] ;
    • Portrait de M. Mérante, buste en plâtre[note 6].
  • 1885 :
    • La France au Tonkin, buste en plâtre ;
    • Jeune Romaine, tête d’étude, bronze.
  • 1886 : Portrait de M. Léon Lechapelier, buste en plâtre[22].
  • 1887 : Faune dansant, esquisse en bronze[21].

Élèves

Notes et références

Notes

  1. L'original est conservé à la glyptothèque de Munich.
  2. Les mesures données par le site officiel de la basilique sont divergents. Le site officiel notredamedelagarde.com donne des chiffres supplémentaires et parfois divergents :
    • hauteur de la statue de la Vierge : 11,20 m ;
    • hauteur totale de la statue et de son piédestal : 23,70 m ;
    • masse de la statue : 9 796 kg (16 t en incluant la structure intérieure) ;
    • diamètre de la partie la plus large : 3,60 m ;
    • altitude du sommet de la statue : 225,70 m.
  3. Selon une notice des Monuments de France[réf. nécessaire].

Références

  1. Charles Lefeuve, Les anciennes maisons de Paris : Histoire de Paris rue par rue, maison par maison, 1875.
  2. « Eugène-Louis Lequesne », in Dictionnaire Bénézit, Tome VIII.
  3. Roger Charneau, Les ailes et le sablier, éditions Le Cercle d’Art, 1997.
  4. Site Paris Pittoresque.
  5. a b c et d Claude Vignon, Salon de 1850-1851, Garnier frères, 1851, pp. 39-40 (Lire en ligne).
  6. En ligne[réf. nécessaire] sur Gallica.
  7. http://mobile.statuedefrance.fr/30
  8. a b c d e f g h i j et k Dictionnaire Bénézit.
  9. chaulnes.free.fr.
  10. Jean Colson et Marie-Christine Lauroa (dir.), Dictionnaire des monuments de Paris.
  11. Philippe de Commynes (ou Commines), une des statues de la Cour Napoléon du Louvre, page principale.
  12. Hôtel de ville de Quimper et la statue de Laënnec.
  13. Dictionnaire Bénézit.
  14. cf. Gallica[réf. nécessaire].
  15. fontesdart.org.
  16. Claude Vignon, Salon de 1852, Dentu, 1852, p.36. Lire en ligne.
  17. réf. Maxime du Camp[réf. nécessaire].
  18. ref. Louis Auvray[réf. nécessaire].
  19. a b c et d réf. catalogue officiel + Louis Auvray[réf. nécessaire].
  20. réf. catalogue + Louis Auvray + Émile Zola[réf. nécessaire].
  21. a b c d e f g h i j k l m n o et p réf. catalogue[réf. nécessaire].
  22. réf. catalogue et catalogue illustré[réf. nécessaire].

Annexes

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Articles connexes

Liens externes


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