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Conseil ouvrier

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Les conseils ouvriers, ou conseils de travailleurs[1] sont des assemblées d'ouvriers fonctionnant selon les principes de la démocratie directe et s'organisant en pouvoir insurrectionnel.

Les conseils ouvriers fonctionnent selon les principes de la démocratie directe. Ils peuvent rassembler l'ensemble des travailleurs dans des assemblées de base. Si ces conseils comportent des élus, alors ces assemblées sont mandatés via un mandat impératif, doivent rendre compte de leurs activités devant l'assemblée, et sont révocables à tout moment par l'assemblée.

Les premiers conseils ouvriers (ou soviets) apparaissent en Russie au cours de la révolution de 1905, mais leur origine remonte au vétché[2], un terme qui est synonyme de soviet dans l'ancienne Russie, et qui « correspondait à une sorte de diète, organe principal de la puissance politique de la cité »[3].

En février 1917, la reformation des soviets aboutit au renversement du régime tsariste. Mais les soviets n’exerceront jamais réellement le pouvoir : de février à , le pouvoir est détenu par un « gouvernement provisoire » dirigé par Kerensky. Le mot d'ordre défendu par les bolcheviks est alors : « Tout le pouvoir aux soviets ! ». À partir d'octobre 1917, le pouvoir est détenu par des « commissaires du peuple » dirigés par Lénine.

Discours d'un membre du conseil ouvrier de Berlin devant le Reichstag (novembre 1918).

Les conseils d'ouvriers et de soldats apparaissent aussi en Allemagne lors des mutineries de Kiel, qui conduisent à la révolution allemande de novembre 1918. Ils conduisent l'armée à signer un armistice avec la France. Les conseils ouvriers d'Allemagne sont réduits en janvier puis en mars 1919. Ils apparaissent au même moment en Alsace, Hongrie — lors de l'épisode de la République des conseils de Hongrie — et en Italie en 1920. Ces diverses insurrections ne durent que quelques semaines ou quelques mois et sont rapidement anéanties. En 1921, les marins de Kronstadt se révoltent contre le pouvoir bolchevik pour défendre celui des soviets : ils sont écrasés par la répression.

On voit plus tard réapparaître des conseils ouvriers en Hongrie en 1956 (contre le pouvoir stalinien de la République populaire de Hongrie, lors de l'insurrection de Budapest), en France en mai 1968, ainsi qu'à nouveau en Italie en 1969.

À partir de 1968, le terme de « conseils ouvriers » commence à être remplacé par celui d'« assemblées ouvrières », puis d'« assemblées générales ». À partir de 1973, on parle en Italie d'« assemblées autonomes », dans le sens où ces assemblées ne sont pas contrôlées par les syndicats. Les assemblées autonomes subsistent en Italie jusqu'en 1979 : elles regroupent toutes sortes de travailleurs, mais aussi des chômeurs et des étudiants.

En France, c'est le terme de « coordinations » qui est utilisé en 1986 pour désigner les assemblées de cheminots et d'infirmières en grève. Mais contrairement aux conseils ouvriers du début du siècle, ces assemblées de travailleurs ne prennent pas une forme insurrectionnelle. L'Assemblée générale est seulement considérée comme une forme d'organisation. Il en est de même pour les assemblées de grévistes qui se sont constituées en 1995. Parfois contrôlées par les syndicats, ces assemblées se sont limitées à un cadre purement revendicatif.

Conseillistes notoires

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Les conseillistes sont ceux qui prônent le pouvoir des conseils ouvriers. Il s’agit en premier lieu des communistes de conseils, parfois désignés aussi comme « conseillistes » : courant d'extrême gauche, ses théoriciens les plus connus sont Anton Pannekoek et Paul Mattick (ce courant se revendique aussi parfois de Rosa Luxemburg). On peut également citer le luxemburgisme, qui défend la démocratie des conseils. Dans cette lignée, les situationnistes ont également milité pour le pouvoir des conseils de travailleurs.

Des anarchistes comme Gustav Landauer et Erich Mühsam, qui ont l'un et l'autre participé à la République des conseils de Bavière en 1919, se sont aussi déclarés partisans des conseils ouvriers.

Hannah Arendt a aussi défendu le conseillisme, notamment dans son Essai sur la révolution, avec une nuance toutefois : elle prône toute forme de conseils constitués spontanément, et non spécifiquement des conseils ouvriers. Elle a parlé de « ces conseils révolutionnaires - conseils d’ouvriers et de soldats - qui depuis plus d’un siècle apparaissent avec une parfaite régularité dans le champ d’action de l’histoire, dès que le peuple dispose pour quelques jours, pour quelques semaines ou quelques mois, de la chance de suivre son propre entendement politique sans être mis en laisse par un parti ou sans être mené par un gouvernement. »

Notes et références

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  1. AFFICHES & COMICS du Comité pour le maintien des occupations Paris, 1968
  2. Alexandre Skirda, Les anarchistes russes, les soviets et la révolution de 1917, Les Éditions de Paris, 2000, (ISBN 978-2846210027), p.52
  3. ibid, p. 12

Articles connexes

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Liens externes

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