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Alternative pour l'Allemagne

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Alternative pour l'Allemagne
(de) Alternative für Deutschland
Image illustrative de l’article Alternative pour l'Allemagne
Logotype officiel.
Présentation
Leader Tino Chrupalla
Fondation
Siège Schillstraße 9
10785 Berlin
Président d'honneur Alexander Gauland
Co-leaders adjoints Beatrix von Storch
Alice Weidel
Stephan Brandner (en)
Mouvement de jeunesse Jeune Alternative pour l'Allemagne
Positionnement Extrême droite[a]
Idéologie Populisme de droite
Groupe au Parlement européen CRE (2014-2016)
ELDD (2016-2019)
ID (depuis 2019)
Adhérents 30 776 (2021)
Couleurs Bleu ciel
Site web www.afd.de
Présidents de groupe
Bundestag Alice Weidel et Alexander Gauland (AfD)
Parlement européen Marco Zanni (ID)
Représentation
Députés
81  /  736
Députés européens
9  /  96
Députés régionaux
228  /  1884

L'Alternative pour l'Allemagne (en allemand : Alternative für Deutschland [ˌaltɛʁnaˈtiːvə fyːɐ̯ ˈdɔɪ̯t͡ʃlant], abrégé en AfD [aːʔɛfˈdeː]) est un parti politique allemand de droite populiste[2]. Parti de droite[3],[4], l'AfD est connu pour son opposition à l'Union européenne[5] et à l'immigration en Allemagne[6]. Il est positionné dans la droite radicale, un sous-ensemble de l'extrême droite au sein des partis politiques européens[7]. Il est créé le 6 février 2013 et lancé officiellement le 14 avril 2013 à Berlin avec une orientation eurosceptique et nationaliste[8].

Créée après des politiques présentées comme « sans alternative » menées lors de la crise de la dette dans la zone euro, elle est surnommée « parti des professeurs » car elle compte parmi ses membres fondateurs de très nombreux professeurs d'économie, de finances publiques et de droit[9].

Se présentant initialement comme anti-euro[10] mais pas anti-Union européenne[11], sa proposition phare est la dissolution progressive de la zone euro pour aboutir à de petits blocs d'unions monétaires plus homogènes[12].

Il crée la surprise en ne ratant que de peu l'entrée au Bundestag lors des élections législatives de septembre 2013, six mois seulement après sa création, en obtenant plus de 2 millions de voix, soit 4,7 % des suffrages[13]. Il y entre finalement en , avec un score de 12,6 %. Depuis 2015, avec la crise migratoire en Europe, le parti se rapproche des divers mouvements anti-immigration et anti-islam. Le conflit entre les forces plus modérées et plus extrêmes éclate pendant la conférence annuelle à Essen en juin 2015. Un changement dans la direction du parti et une droitisation de sa ligne politique résulte dans une scission de l'Alliance pour le progrès et le renouveau qui n'a pas connu de succès électoral.

L'AfD a été fondée par Gauland, Bernd Lucke et d'anciens membres de l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) pour s'opposer aux politiques de la zone euro en tant qu'alternative de droite et modérément eurosceptique à la CDU de centre droit mais pro-européenne. Le parti s'est présenté comme un mouvement économiquement libéral[14], modérément eurosceptique et conservateur dans ses premières années[15],[16],[17]. Il s'est ensuite déplacé plus à droite[18] et a élargi ses politiques sous les directions successives pour inclure une opposition à l'immigration[19],[20], à l'islam[21] et à l'Union européenne[22]. Après 2015, l'AfD a souvent été caractérisé comme un parti anti-islam[23],[24],[25], anti-immigration[26], nationaliste allemand[27],[28],[29], national-conservateur[30],[31],[32], et eurosceptique dur[33]. Des factions de l'AfD ont été liées ou accusées d'entretenir des liens avec des mouvements nationalistes d'extrême droite et des mouvements interdits, tels que PEGIDA, les mouvements Neue Rechte et identitaires[34], et d'employer une rhétorique révisionniste et xénophobe[35],[36],[37],[38] La direction de l'AfD a nié que le parti soit raciste et a été divisée en interne sur la question de savoir s'il fallait soutenir de tels groupes[39].

Il adhère en au groupe des Conservateurs et réformistes européens, qu'il quitte en après la scission de l'Alliance pour le progrès et le renouveau l'année précédente. En 2019, l'AfD rejoint le groupe Identité et démocratie au Parlement européen.

Histoire

Fondation

Débuts

Konrad Adam (de), Frauke Petry et Bernd Lucke au premier congrès de l'AfD, le 14 avril 2013.
Logo de l'Alternative électorale 2013.

En 2012, plusieurs personnalités conservatrices font savoir qu'elles se lancent dans la création d'un parti démocrate et résolument anti-euro. Les principaux instigateurs de cette initiative sont Bernd Lucke[40], un économiste de l'université de Hambourg qui a claqué la porte de la CDU en 2011 en raison de la politique européenne de la chancelière Angela Merkel, Konrad Adam (de), ancien journaliste à la FAZ, et Alexander Gauland[41], ex-responsable politique de la Hesse[42]. L'AfD est issue des classes aisées et a pour créateurs des essayistes, des professeurs d'économie et des hauts fonctionnaires à la retraite ; le parti a clairement pris ses distances avec le NPD[43]. Le parti n'est pas nécessairement classé à l’extrême droite par les analystes allemand, le terme désignant généralement les néo-nazis[44].

Cette alliance collective, issue de l'Association pour soutenir l'alternative électorale (en allemand : Verein zur Unterstützung der Wahlalternative 2013), est fondée à la mi-, puis se transforme dès le en un parti politique. Le suivant, l'AfD se lance dans la politique à Oberursel, près de Francfort[8]. Le congrès fondateur se tient le à Berlin afin d'élire ses dirigeants et ses candidats pour les législatives de septembre. Bernd Lucke est élu comme l'un des trois porte-parole du nouveau parti[45],[46]. Parmi leurs soutiens, Joachim Starbatty, un juriste qui attaque régulièrement la politique européenne du gouvernement devant le Tribunal constitutionnel fédéral de Karlsruhe et, surtout, Hans-Olaf Henkel, ancien président de la BDI (en allemand : Bundesverband der Deutschen Industrie), la fédération allemande des industries et d'IBM, de 2000 à 2005[47], s'affirment comme les plus médiatiques.

Les membres du parti, souvent issus du petit patronat et des professions libérales[48], sont unis par le sentiment que l'Allemagne a trop payé pour les autres, notamment dans les fonds de secours pour la zone euro, et réclament le retour du Deutsche Mark, qui était jusqu'à l'adoption de l'euro la seule expression de fierté nationale ou de patriotisme acceptée en Allemagne. Le parti affirme en compter dans ses rangs quelque 7 500 adhérents[49]. Il ne demande pas tant que l'Allemagne quitte la zone euro, mais que ceux qui ne respectent pas la discipline budgétaire puissent le faire[50].

Composition et orientations

Au bout de trois mois, en , l'AfD compte 10 476 membres dont 2 795 étaient précédemment membres d'autres partis : 1 008 de la CDU, 220 de sa branche bavaroise, la CSU, 587 du FDP, 558 du SPD, 143 Pirates et 106 Verts[51].

En , ce chiffre atteint 17 522[52].

2013 : l'entrée manquée au Bundestag

Affiche électorale de l'AfD (Alternative für Deutschland) pour les élections fédérales allemandes de 2013. Il y est écrit : « Ayons le courage de faire face aux vérités / Les Grecs souffrent / les Allemands payent / les banques encaissent. / Le 22 septembre, votez AfD ! www.alternativefuer.de ».

La principale difficulté pour l'AfD lors de sa première campagne fédérale a été de se faire connaître du grand public et ce avec un budget composé uniquement de dons, car n'ayant participé à aucune élection précédemment, l'AfD n'a eu droit à aucune part des 130 millions d'euros alloués aux partis politiques pour l'année 2013[53]. Cette difficulté a été accentuée par le fait que les partis établis ont préféré ignorer l'AfD plutôt que de débattre ses positions pour éviter de faire sa publicité[54],[55].

Si, selon un sondage Infratest d' pour Die Welt, 24 % des Allemands peuvent s'imaginer voter pour ses candidats en septembre[56], la plupart des observateurs sont sceptiques sur une véritable percée du nouveau mouvement[57] et les sondages électoraux jusqu'en ne le créditent pas de plus de 3 %[58]

La plupart des électeurs ont probablement entendu parler de ce parti pour la première fois lors des premiers résultats le soir du vote[59].

Il provoque la surprise en obtenant 4,7 % des votes aux élections fédérales de septembre 2013 et échoue de peu à faire son entrée au Bundestag[60]. Plusieurs analyses réalisées le jour du vote mettent en évidence des transferts de voix vers l'AfD en provenance de tous les partis politiques, (dans l'ordre : CDU, Alliance 90 / Les Verts, SPD et Die Linke)[44], mais aussi d'électeurs qui s'étaient abstenus en 2009. La plupart des votes viennent cependant du Parti libéral-démocrate (FDP), pourtant clairement favorable à l'euro[61],[44].

2014 : premières percées électorales

Lors de ses premières élections européennes l'AfD obtient 7,0 % des voix[62]. Sept eurodéputés du parti font ainsi leur entrée au Parlement européen : Bernd Lucke, Hans-Olaf Henkel, Bernd Kölmel, Beatrix von Storch, Joachim Starbatty, Ulrike Trebesius et Marcus Pretzell.

Lors des élections régionales en Saxe, en Thuringe et dans le Brandebourg, le parti franchit le seuil électoral des 5 % et obtient des sièges dans les parlements régionaux[63]. Il constitue à chaque fois la quatrième force politique.

2015 : changement de cap et conflits internes

En , Frauke Petry, représentante de l'aile droite[64], est élue présidente par 60 % des suffrages face au fondateur du parti, Bernd Lucke[65]. Aussitôt, cinq des sept députés européens du parti, tous issus de l'aile libérale, Hans-Olaf Henkel[66], Ulrike Trebesius[67], Bernd Lucke[68], Bernd Kölmel[69] et Joachim Starbatty[70] annoncent leur départ du parti et fondent l'Alliance pour le progrès et le renouveau.

Depuis 2016 : implantation dans le paysage politique allemand

En , un sondage du Meinungsforschungsinstitut pour Bild am Sonntag donne 12 % d'intentions de vote à l'AfD, un record pour le parti[71].

Lors des élections régionales de , l'AfD réalise une poussée importante, obtenant des élus dans plusieurs parlements régionaux[72].

En , les deux élus européens du parti quittent le groupe parlementaire des Conservateurs et réformistes européens (CRE)[73],[74]. Marcus Pretzell rejoint Europe des nations et des libertés (ENL)[75] tandis que Beatrix von Storch intègre le groupe Europe de la liberté et de la démocratie directe (ELDD)[76].

Une nouvelle crise interne éclate en quand Wolfgang Gedeon, un élu du parti au Bade-Wurtemberg, publie un livre intitulé Der grüne Kommunismus und die Diktatur der Minderheiten (« Le communisme vert et la dictature des minorités ») dans lequel il écrit notamment que « le judaïsme du Talmud est l'ennemi intérieur de l'Occident chrétien » et s'étonne que les Allemands trouvent normal d'avoir érigé au cœur de Berlin un mémorial de l'Holocauste[77]. Dès lors, certains cadres du parti, à l'instar de Jörg Meuthen, souhaitent l'exclusion de Wolfgang Gedeon quand d'autres, comme la présidente Frauke Petry, ne cherchent pas à s'en dissocier. Finalement, le groupe parlementaire du parti au Bade-Wurtemberg éclate[78].

Les élections régionales de 2016 en Mecklembourg-Poméranie-Occidentale enregistrent un nouveau succès pour le parti qui avec 21,4 % arrive en seconde position et devance la CDU d'Angela Merkel[79],[80],[81]. Lors de celles de Berlin, qui ont lieu en septembre, l'AfD réussit une percée électorale importante[82].

Le parti subit une crise début 2017, voyant fondre ses intentions de vote à 7 % (contre 15 % à l'automne précédent), notamment en raison de la focalisation du débat électoral sur le duel entre Angela Merkel et Martin Schulz pour les élections législatives de septembre de la même année. Par ailleurs, la présidente de l'AfD, Frauke Petry, subit une contestation en interne, de personnalités plus à droite qu'elle, lui reprochant une ligne trop modérée, notamment sur le devoir de mémoire vis-à-vis de la période nazie (alors que Petry représentait jusqu'ici l'aile droite du parti) : elle a par exemple entamé une procédure d'exclusion contre un adversaire interne, Bernd Höcke, qui souhaitait que l'Allemagne fasse « un virage à 180 degrés dans sa politique de mémoire ». Ses rivaux souhaitent en effet séduire tout l'électorat d'extrême droite alors que Frauke Petry a toujours cherché à s'éloigner des positions proches des néo-nazis, craignant qu'une radicalisation du parti éloigne les électeurs déçus des partis traditionnels. Malgré cette crise et d'autres critiques sur son leadership (certains opposants l'ont qualifiée « d'erreur de casting » ou de « dictatrice »), elle est désignée comme tête de liste régionale en Saxe pour l'AfD aux législatives avec 72 % des voix internes[83].

Le scrutin est cependant finalement un succès pour l'AfD, qui, le 24 septembre 2017, pour la première fois de son histoire, obtient 93 sièges sur 709 et 12,64 % au Bundestag lors des élections fédérales allemandes de 2017[84]. C'est la première fois qu'un parti classé à l'extrême droite siège au Parlement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cette progression est surtout due à la gestion de la crise migratoire en Europe par la chancelière Angela Merkel, l'usure du pouvoir de cette dernière (au pouvoir depuis 2005) ou encore les agressions sexuelles du Nouvel An 2016[85].

Le 26 septembre 2017, Frauke Petry annonce son départ du parti[86]. Le 12 octobre 2017, elle annonce la création du Parti bleu en prévisions des prochaines législatives et des élections de 2019 dans la Saxe[87]. Son époux, le député européen Marcus Pretzell (également président du groupe AfD au Parlement régional de Rhénanie-du-Nord - Westphalie), quitte lui aussi l'AfD pour rejoindre le Parti bleu. Ainsi, en , l'AfD ne compte plus qu'un seul eurodéputé contre sept au lendemain des élections européennes de 2014. Uwe Wurlitzer et Kirsten Muster, les deux principaux dirigeants de l'AfD dans la Saxe, quittent à leur tour le parti[88].

Les 2 et , le parti se réunit en congrès à Hanovre pour réélire son exécutif fédéral et débattre de plusieurs motions pour définir l'orientation du programme. À l'issue de ce congrès, l'AfD choisit de se radicaliser en élisant deux représentants de l'aile dure à la tête du parti. Le courant modéré, favorable à une participation au pouvoir d'abord dans les Länder de l'ex-RDA puis au niveau fédéral, a échoué à imposer l'un de ses représentants à la tête de la direction bicéphale[89].

Les 600 délégués du mouvement ont reconduit Jörg Meuthen, 56 ans, seul leader depuis le départ de Frauke Petry, avant de lui adjoindre Alexander Gauland, 76 ans, vice-président du groupe parlementaire au Bundestag. L'élection du deuxième porte-parole fédéral est marquée par un vote rocambolesque : il opposait initialement Georg Pazderski, responsable de l’AfD à Berlin et représentant de l'aile modérée du parti, à la princesse Doris von Sayn-Wittgenstein (de), une cadre du Schleswig-Holstein inconnue à l'échelle nationale, tenante d'une ligne plus dure. Les deux ne parvenant pas à se départager après plusieurs scrutins redemandés par les différentes fractions, Alexander Gauland s'est présenté avant d'être élu[90].

En 2018, une enquête du quotidien Tageszeitung indique que des élus de l'AFD au Bundestag emploient parmi leurs assistants parlementaire des militants venus du NPD et un ancien dirigeant d'un groupe néo-nazi interdit[91].

En , Frank Magnitz (de), un député du parti, est grièvement blessé à la suite d'une agression à Brême. Selon la police, cette attaque serait « politiquement motivée »[92],[93]. Alors que, selon le journal Die Welt, la gauche radicale antifasciste faisait l'éloge de l'attaque sur internet, des personnalités politiques de la CDU, du SPD et des Verts l'ont condamnée sans équivoque[94].

En 2019, le parti remporte des succès électoraux en Saxe et en Brandebourg, puis en octobre en Thuringe arrivant en deuxième position derrière la gauche radicale (Die Linke) et devant la CDU d'Angela Merkel. Dans cette élection régionale, il double son score de 2014, récoltant 24 % des suffrages[95].

Le congrès de novembre 2019 de l'Afd témoigne de la radicalisation de cette formation politique. Il voit ainsi Wolfgang Gedeon, réputé pour ses prises de position antisémites, se porter candidat à la présidence du parti[96].

En 2020, le parti est accusé d'être indirectement responsable des attentats de Hanau à cause de son discours xénophobe et de sa critique de la repentance allemande au sujet du nazisme. Lars Klingbeil, le secrétaire général du Parti social-démocrate d'Allemagne, exige que l'AfD soit placée sous la surveillance des services de renseignement[97]. Pour le social-démocrate Michael Roth, secrétaire d’État aux Affaires européennes, « le milieu à l’origine d’actes comme ceux de Hanau se nourrit idéologiquement de fascistes comme Björn Höcke [chef de l’AfD en Thuringe]. La haine de la démocratie, le racisme, l’antisémitisme, la haine contre les Tziganes et l’islamophobie prospèrent sur des terres fertiles. Pour cela, je maintiens ma position : l’AfD est le bras politique du terrorisme d’extrême droite[98]. » Selon un sondage, 60 % des Allemands considèrent l'AfD comme en partie responsable des attentats[99]. Aux élections régionales de 2020 à Hambourg, l'AfD remporte 5,3 % des voix, contre 6,1 % en 2015. L'une des raisons de cette perte de voix pourrait être sa mise en cause dans les attentats de Hanau[100].

L'AfD suspend en avril 2020 Christian Lüth, porte-parole du groupe parlementaire du parti, après que celui-ci s'est réclamé du fascisme et a revendiqué des origines « aryennes »[101]. Il est finalement exclu en septembre pour avoir appelé à « gazer » les réfugiés[102]. Andreas Kalbitz, l'un des leaders de Der Flügel, l'aile droite du parti, est exclu en juin pour avoir caché à l'AfD son passé au sein de la mouvance néonazie[103]. Le même mois, cette décision est cassée par le tribunal régional de Berlin qui ordonne à l'AfD de rétablir temporairement Kalbitz à la tête du parti dans le Brandebourg[104].

Lors des élections de 2021, le parti perd 2,3% de son électorat, tombant à la cinquième place alors qu'il occupait la troisième depuis 2017. Il se classe avant-dernier parti en termes de siège au Bundestag, loin devant Die Linke.

Programme et idéologie

Le parti est présenté de diverses manière par les chercheurs et les commentateurs. Il est ainsi régulièrement présenté comme un parti « anti-establishment »[105], classé à droite[106] et d'inspiration conservatrice[107]. Son appartenance à la tendance populiste est débattue[108], parfois considéré comme un populisme « bon teint »[56] mais plus fréquemment un « populisme de droite » (en allemand Rechtspopulismus), notamment par ses détracteurs de gauche mais se différencie cependant des partis populistes européens, à divers titres[105]. Pour Gaël Brustier, l'AfD s'inscrit dans la lignée du nationalisme allemand et s'inspire en particulier de la Révolution conservatrice[109]. Selon le sociologue Matthias Quent (de), qualifier l’AfD de parti de droite populiste relève de l'« euphémisme » en 2019 : « C’était le cas il y a quatre ans, mais ce n’est plus vrai aujourd’hui. La branche ultraconservatrice et identitaire de l’AfD, Der Flügel, domine le parti désormais »[110].

L'AfD rejette pour sa part ces classifications tout en déclarant, à travers Bernd Lucke, n'être « ni de gauche ni de droite »[111]. Si le parti préconise la sortie de l'euro dans une rhétorique aux slogans « accrocheurs » et « populistes »[106], il n'entend cependant pas renoncer à l'intégration européenne[112] affirmant ne pas être « anti-Europe » mais « anti-euro »[113]. Son coprésident et porte-parole, Jörg Meuthen, souligne que « l’AfD doit être un parti bourgeois avec une raison bourgeoise et dotée d’une apparence de sérieux »[114].

Euro

L'AfD s'étant initialement créé en réponse à la crise de l'euro et à la politique de sauvetage présentée comme « sans alternative » menée et soutenue par la CDU, le SPD, le FDP et les Verts, l'euro joue un rôle capital dans son programme: la monnaie unique nuit à l'Europe et la divise, tel est le message clef[réf. nécessaire].

D'après l'AfD, la monnaie unique ne peut pas convenir à tous les pays qui l'ont adopté car la zone euro est beaucoup trop hétérogène économiquement. Il nuit actuellement aux pays du Sud de l'Europe car la monnaie unique est trop forte pour leur permettre d'être compétitifs ce qui empêche toute chance de relancer leur économie, annihile les chances d'un éventuel désendettement et anéantit toute perspective[115]. Il nuirait également aux pays qui doivent s'endetter pour injecter des sommes colossales dans les différents fonds de soutien qui maintiendraient artificiellement le statu quo[115].

La solution proposée par l'AfD est de respecter leur vision du traité de Maastricht et de limiter l'action de la Banque centrale européenne à son mandat initial, en particulier de respecter la clause no bail-out qui interdit à un pays de payer les dettes d'un autre et d'arrêter les rachats massifs d'obligations d'États surendettés par la BCE. N'ayant d'autre choix pour éviter une faillite inévitable, un certain nombre de pays opterait mécaniquement pour une sortie progressive de l'euro ce qui leur permettrait de retrouver une certaine compétitivité et une marge de manœuvre grâce au taux de change.

La zone euro se réduirait ainsi à une entité plus petite et plus homogène[115]. Le retour au deutschemark est présenté comme une option parmi d'autres mais n'est pas présenté comme la solution ni comme une fin en soi[116].

L'AfD propose un référendum sur le sujet[117].

Europe des nations

L'AfD se dit favorable à une Europe d'États souverains[115] avec un marché commun[115]. Elle défend la maîtrise du budget par les seuls parlements nationaux et refuse toute Union de transfert ou toute forme de super-État européen.

Le parti refuse la création d'un fonds de relance au budget de l’UE, notamment pour soutenir les pays les plus touchés par la pandémie de Covid-19, dénonçant un projet visant à « faire les poches des Allemands » pour alimenter « une gabegie » d'argent public dont seraient coutumiers les pays du sud de l’Europe[118].

Environnement

L'Afd est climatosceptique et déclare vouloir mettre un terme à la politique de lutte contre le réchauffement climatique[119]. Son programme affirme que « le CO2 n’est pas un produit polluant »[120] et que davantage de CO2 permettrait même des récoltes plus abondantes[121]. Il critique aussi la politique énergétique de l'Allemagne et veut stopper l'« expansion incontrôlée de l'énergie éolienne », l'un de ses leaders, Björn Höcke, proposant même d'interdire les éoliennes[122]. Le parti s'engage par ailleurs en faveur du diesel et de l'exploitation du charbon[119].

Démocratie directe

L'AfD soutient que les décisions politiques importantes, telles les transferts de compétences du niveau national au niveau européen soient prises par référendum d'après le modèle suisse (votation et initiative populaire)[123].

Droits LGBT

Le parti s'oppose aux mariage entre personnes de même sexe mais est favorable aux unions civiles. Le parti s'oppose également à l'adoption pour les couples de même sexe[124].

Relations internationales

À la différence des autres partis d'extrême droite allemands NPD et DVU, l'AFD est pro-OTAN, pro-États-Unis et est pro-Israël[19],[125]. L'ancien ministre et chef du Mossad Rafi Eitan a manifesté son soutien à la formation d’extrême droite allemande[126].

Bien que favorable au libre-échange en général, l'AfD se positionne clairement contre le traité transatlantique TTIP[115]. Les motifs sont l'absence totale de transparence du processus, la portée du traité bien au-delà du seul libre-échange, les risques de détérioration des standards européens sur les droits des consommateurs, la protection de l'environnement, la santé et finalement l'atteinte à la démocratie-même par la possible entrave de prise de décisions d'instances élues démocratiquement sur des sujets inclus dans ce traité[115]. L'AfD s'oppose également à l'Accord sur le commerce des services (TiSA) et à l'Accord économique et commercial global (CETA)[117].

L'AfD soutient la politique de Donald Trump à la présidence des États-Unis[127].

Immigration

D'un discours initial à l'origine uniquement consacré à la question de l'euro, l'AfD a évolué vers des positions opposées à la politique migratoire d'Angela Merkel, en particulier dans le contexte de crise des réfugiés. Ce changement est également lié à l'arrivée à la tête du parti de Frauke Petry en , incarnant une ligne plus national-conservatrice que son prédécesseur Bernd Lucke, auquel elle s'était opposée, et séduit davantage les électeurs dans les scrutins régionaux, en particulier dans l'Est du pays[128]. Frauke Petry déclenche une controverse en 2016 en suggérant que la police fasse usage en dernier recours d'armes à feu pour empêcher les migrants d'entrer en Allemagne, précisant « Aucun policier n'a envie de tirer sur des réfugiés, et moi non plus je ne le veux pas. Mais en dernière instance, on doit pouvoir avoir recours aux armes », un droit que les forces armées possèdent selon elle déjà[129].

Service militaire, armée et mémoire historique

Le parti veut le retour de la conscription pour tous les hommes à partir de 18 ans.

L'AfD s'est distingué par ses prises de position en faveur de la fin de la « culture de repentance » allemande pour les crimes de la période nazie, appelant notamment à être fier des soldats de la Wehrmacht ayant combattu durant la Seconde Guerre mondiale[130]. C'est ainsi que le Mémorial aux Juifs assassinés d'Europe à Berlin a été qualifié par Björn Höcke, l'un des chefs de file du parti, de « monument de la honte »[131]. Celui-ci réclame également « un virage à 180 degrés de la politique mémorielle de l’Allemagne » et considère comme « un grand problème » que Hitler soit dépeint comme « l’incarnation du mal absolu »[132].

Alors que le parti est régulièrement accusé de minimiser les crimes de guerre allemands, il réclame un hommage « digne pour les victimes recensées et non recensées » des bombardements britanniques et américains sur la ville de Dresde, estimant que le nombre officiel de victimes est largement sous-estimé. Pour son coprésident, Tino Chrupalla, le véritable bilan serait d'« environ 100 000 victimes »[131]. Le directeur du Mémorial de Buchenwald, Volkhard Knigge, remarque que des militants de l'AfD font régulièrement irruption pour tenir des propos négationnistes. S’exprimant en 2020, il déclare y voir « l’indice de plus en plus sérieux d’un affaiblissement de la conscience historique[133]. »

Santé

Le parti s'oppose aux mesures de confinement adoptées par le gouvernement allemand dans le cadre de la pandémie de Covid-19 en 2020. Selon lui, ces mesures constituent une atteinte à la liberté que ne justifie pas la « gravité très relative du virus »[134].

La formation nationaliste a ensuite radicalisé sa position contre les restrictions, dénonçant une « dictature sanitaire », et affirmant que le virus n’est pas plus dangereux que la grippe, le port du masque inutile, et la distanciation sociale ne devant concerner que les personnes à risque. L’AfD a ainsi soutenu des manifestations contre les mesures anti-Covid. Le politologue Kai Arzheimer observe que la pandémie a modifié l’agenda de l’AfD : « Ses thèmes de prédilection sont l’immigration et le multiculturalisme. Au début, elle a essayé de regarder la pandémie sous cet angle. Elle parlait d’un virus chinois, fruit de la globalisation, véhiculé par les voyageurs, les migrants. Elle a prôné la fermeture des frontières. Puis, elle a changé de position, de manière assez rapide, pour rejoindre le camp des sceptiques et des critiques[135]. »

Résultats électoraux

Profil de l'électorat

En 2016, Ralf Melzer, journaliste et historien, relève que les anciens abstentionnistes représentent près de la moitié de l'électorat de l'AfD et que le parti « est arrivé en tête dans l'électorat ouvrier lors des dernières élections régionales (en dehors de celles du Rhénanie-Palatinat). Aujourd'hui, l'AfD est également le premier parti parmi les chômeurs »[136]. Après les élections fédérales de 2017, le chroniqueur Gabriel Richard-Molard relève que « ce sont les actifs ayant des professions manuelles (30-60 ans) et non les plus âgés, comme au Royaume-Uni pour le Brexit, qui sont le cœur électoral de l’AfD. Cet électorat traditionnellement réparti entre la CDU et le SPD est définitivement parti et, comme en France, est devenu l’illustration d’une génération européenne d’adultes xénophobes qui se sent trahie par des élites qu’elle juge mondialistes et socialement trop libérales »[137]. Un sondage publié par Forsa en novembre 2019 indique que les partisans de l’AfD se caractérisent par « leur haut niveau de xénophobie »[96].

L'AfD est plus fortement ancrée en ex-Allemagne de l'Est qu'en ex-Allemagne de l'Ouest : lors de ces mêmes élections fédérales, « à l’Est, 21,5 % des citoyens (26 % des hommes et 17 % des femmes) ont voté pour ce parti, tandis qu’à l’Ouest ce sont « seulement » 14 % des hommes et 8 % des femmes. En Saxe, l’AfD est même le premier parti, avec 27 % des voix ; elle devance de quelques voix la CDU d’Angela Merkel, le Parti des chrétiens-démocrates[138] ». Selon le sociologue Matthias Quent (de), l'AfD distille « des valeurs illibérales » auprès de la population d'ex-Allemagne de l'Est « qui n’a pas la même tradition d’autocritique qu’à l’Ouest », et vise « d’abord gagner à l’Est avant de mettre le cap sur l’Ouest »[110].

L'AFD réalise des scores élevés dans les régions de l'Est de l'Allemagne. Les motivations principales de ce vote ne sont pas l'immigration ou la xénophobie mais le sentiment de déclassement social, la précarité de l'emploi et la raréfaction des services publics[139].

Élections au Bundestag

Année Voix % Rang Sièges Tête de liste
2013 2 052 372 4,7 6e
0  /  631
Bernd Lucke
2017 5 877 094 12,6 3e
94  /  709
Alexander Gauland et Alice Weidel
2021 4 803 902 10,3 5e
83  /  736
Tino Chrupalla et Alice Weidel

Élections européennes

Année Voix % Rang Sièges Tête de liste Groupe
2014 2 065 162 7,0 5e
7  /  96
Bernd Lucke CRE (2014-2016), ELDD (2016-2019)
2019 4 103 453 11,0 4e
11  /  96
Jörg Meuthen ID

Élections régionales

Représentation de l'AfD dans les Länder :
  • dans l'opposition
  • non représentés
Résultats électoraux dans les Landtage :
Année BW BY BE BB HB HH HE MV NI NW RP SL SN ST SH TH
2013 4,1
(0)
2014 12,2
(11)
9,7
(14)
10,6
(11)
2015 5,5
(4)
6,1
(8)
2016 15,1
(23)
14,2
(25)
20,8
(18)
12,6
(14)
24,3
(25)
2017 6,2
(9)
7,4
(16)
6,2
(3)
5,9
(5)
2018 10,2
(22)
13,1
(19)
2019 23,5
(23)
6,1
(5)
27,5
(38)
23,4
(22)
2020 5,3
(7)
2021 9,7
(17)
8,0
(13)
16,7
(14)
8,3
(9)
20,8
(23)

Structure

La loi imposant les grandes lignes dans la structure des partis, l'AfD est organisée de manière classique avec une direction nationale et des branches au niveau des Länder puis des échelons inférieurs.

Exécutif fédéral

Composition au 30 novembre 2019.
Président d'honneur Alexander Gauland
Porte-paroles Jörg Meuthen et Tino Chrupalla
Porte-paroles adjoints Alice Weidel, Stephan Brandner et Beatrix von Storch
Trésorier Klaus Fohrmann
Trésorier adjoint Carsten Hütter
Secrétaire Joachim Kuhs
Assesseurs Sylvia Limmer, Andreas Kalbitz, Jochen Haug, Stephan Protschka, Alexander Wolf et Joachim Paul

Porte-paroles

Notes et références

Notes

  1. Parti de droite, l'AfD est considéré comme faisant partie de la droite radicale, un sous-ensemble de l'extrême droite qui ne s'oppose pas à la démocratie[1].

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