Aqueduc de la Dhuis

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Aqueduc de la Dhuis
Sur la majeure partie du parcours, un large terre-plein gazonné sert de protection à l'aqueduc de la Dhuis.
Sur la majeure partie du parcours, un large terre-plein gazonné sert de protection à l'aqueduc de la Dhuis.
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Régions Île-de-France, Hauts-de-France
Départements Aisne, Paris, Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis
Début Pargny-la-Dhuys
48° 56′ 52″ N, 3° 33′ 34″ E
Fin Paris (réservoir de Ménilmontant)
48° 52′ 17″ N, 2° 24′ 25″ E
Franchit Marne, Grand Morin, Petit Morin
Caractéristiques
Statut actuel En service
Longueur 128,61 km
Altitudes Début : 128 m
Fin : 108 m
Dénivelé 20 m
Alimentation Captage
Usage Eau potable
Débit 0,255 m3/s
Infrastructures
Réservoirs Ménilmontant
Histoire
Année début travaux 1863
Année d'ouverture 1865
Administration
Propriétaire Val d'Europe Agglomération
Gestionnaire Sebrie

L'aqueduc de la Dhuis (également écrit Dhuys) et prononcé [yiz] est un aqueduc souterrain d'Île-de-France et d'Aisne en France, construit entre 1863 et 1865. Il sert à fournir en eau les communes du Val d'Europe, dont le complexe Disneyland Paris à l'est de l'Île-de-France[1],[2]. À sa construction il permettait de desservir Paris en eau potable à partir de la Dhuis. Il parcourt 128,61 km presque à l'horizontale. Il appartient à Val d'Europe Agglomération depuis 2015.

Description[modifier | modifier le code]

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

L'aqueduc est un ouvrage souterrain, qui capte une partie des eaux de la Dhuis (ou Dhuys), un petit cours d'eau de la Marne et de l'Aisne de 21,43 km de long, affluent du Surmelin[3]. La longueur totale de l'aqueduc est de 128,61 km[4]. Sa pente est faible : élevé de 128 m d'altitude à son début, il ne descend que de 20 m à 108 m d'altitude à son extrémité, soit une pente de 0,10 m/km, suffisante toutefois pour l'écoulement de l'eau par simple action de la gravité. Son débit moyen est de 22 000 m3/jour[1].

L'ouvrage est, par endroits, constitué d'une conduite en maçonnerie de 2,20 m de hauteur et 1,80 m de largeur, sur une emprise au sol de 10 m de large[5]. De nombreuses parcelles de cette emprise sont la propriété de la ville de Paris. L'exploitation de l'aqueduc est géré par Val d'Europe Agglomération, qui l’a acheté en 2015 à la régie Eau de Paris et le Syndicat des eaux de la Brie[6].

Parcours[modifier | modifier le code]

Entrée de la prise d'eau de l'aqueduc à Pargny-la-Dhuys, dans l'Aisne.

La prise d'eau de l'aqueduc se situe sur la commune de Pargny-la-Dhuys, dans le département de l'Aisne, à 85 km à vol d'oiseau à l'est de Paris. L'ouvrage traverse successivement le sud de l'Aisne, la Seine-et-Marne, la Seine-Saint-Denis, avant de parvenir à Paris par la porte de Ménilmontant et d'aboutir au réservoir de Ménilmontant.

L'aqueduc franchit 21 vallées d'une profondeur comprise entre 20 et 73 m au moyen d'autant de siphons. Son parcours emprunte les plateaux de l'est parisien, se terminant sur le massif de l'Aulnoye et la colline de Belleville. Il fait usage de deux grands siphons : l'un entre Dampmart et Chessy pour franchir la Marne, l'autre entre Rosny-sous-Bois et Le Raincy près du plateau d'Avron[5]. Jusqu'à son franchissement à Chessy, l'aqueduc suit plus ou moins le cours de la Marne, en altitude sur sa rive sud. Après Chessy, l'aqueduc oblique vers le nord avant de se diriger vers l'est et Paris.

Le , une passerelle reliant Chessy à Dampmart a été ouverte au public, assurant ainsi la continuité terrestre du parcours de la Dhuys depuis son début. Elle a été posée à l'endroit exact où se trouvait le pont-aqueduc en pierre qui franchissait la Marne à cet endroit et qui fut détruit pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1940 durant l'invasion allemande. Celui-ci a été remplacé par un siphon immergé. Une partie des pierres restantes de ce pont a été utilisée par le sculpteur Jacques Servières pour réaliser des statues sur ce qui est devenu maintenant le Jardin de sculptures de la Dhuys, sur la rive côté Chessy.

Au total, l'aqueduc franchit les 59 communes suivantes :

(Voir le parcours sur OpenStreetMap)

Plusieurs voies de circulation à proximité de l'aqueduc portent son nom : rue de la Dhuis ou de la Dhuys (Chessy, Claye-Souilly, Coubron, Courtry, Montreuil, Noisy-le-Sec, Paris, Le Pin, Rosny-sous-Bois, Thorigny-sur-Marne), allée de la Dhuys (Gagny), avenue de la Dhuys (Bagnolet, Montfermeil).

Infrastructure[modifier | modifier le code]

L'aqueduc de la Dhuis comporte, en général tous les 500 m, des regards de visite fermés à clé permettant le contrôle de l'ouvrage[7]. À l'extérieur, les regards sont de petits édicules de béton ou de maçonnerie comportant une porte métallique peinte en vert.

Sont également présents sur le parcours des points hectométriques, bornes indiquant la distance en hectomètres depuis la prise d'eau à Pargny-la-Dhuys. Le dernier se situe à Paris en face du 10 avenue de la Porte-de-Ménilmontant et porte l'indication « 1308 », soit 130,8 km[5].

Promenade[modifier | modifier le code]

L'agence des espaces verts de la région d'Île-de-France (AEV-IdF) a signé en 1997 avec la SAGEP (actuelle Eau de Paris) une convention en vue de l'aménagement d'une promenade continue de 27 km de long, entre la couronne parisienne et les bords de Marne, sur l'ouvrage qui appartient à la ville de Paris. Cet aménagement, évalué à 6 millions d'euros, est financé par l'AEV-IdF, et concerne 13 communes situées en Seine-Saint-Denis et Seine-et-Marne, entre Dampmart et Le Raincy[8].

La promenade a une largeur variable de 10 à 20 mètres, soit un aménagement total d'environ 37 hectares, permettant la réalisation d'une promenade piétonne et cycliste.

Afin de protéger l'aqueduc et l'eau potable qui y circule, les cavaliers ne sont pas admis (pollution possible de l'aqueduc), et il n'y a pas de plantations d'arbres dans l'emprise (distance minimale de 6 m de part et d'autre de l'axe de l'aqueduc).

La conception du projet d'aménagement des abords est due à l'agence de paysagistes et d'urbanistes Signes[9]. L'objectif est de créer un « « ruban vert », bordé par deux allées piétonnes et cyclistes ».

Plusieurs tronçons des sentiers de grande randonnée GR 11 et GR 14 suivent également le parcours de l'aqueduc[7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

Au début du XIXe siècle, outre les puits et les citernes, Paris n'est alimentée en eau essentiellement que par les eaux de Belleville et du Pré-Saint-Gervais et l'aqueduc de Rungis[10]. La construction du canal de l'Ourcq, entre 1802 et 1822, permet d'assurer un apport d'eau important, à défaut d'être d'une qualité adéquate. Le premier puits artésien de la ville est foré en 1841. Le très fort accroissement de la population parisienne nécessite toutefois d'entreprendre de nouveaux travaux.

En 1854, avec l'appui de Napoléon III, le préfet Georges Eugène Haussmann et le directeur du service des eaux Eugène Belgrand font approuver un programme d'alimentation en eau par le conseil municipal de Paris[10]. L'aqueduc de la Dhuis est le premier ouvrage à être construit. Le décret du le déclare d'utilité publique. Les travaux divisés en deux lots débutent à la fin juin 1863. Le chantier est rapidement réalisé : l'eau est introduite dans l'aqueduc le . La distribution régulière commence le 1er octobre suivant, alimentant le réservoir de Ménilmontant[11],[10].

La réalisation de l'aqueduc de la Dhuis coûte 18 millions de francs de l'époque, incluant l'achat des chutes des usines de la Dhuys et l'acquisition des sources et des usines du Surmelin.

Utilisation[modifier | modifier le code]

La promenade de la Dhuis est appréciée de longue date et permet la création de guinguettes, comme celle représentée sur cette carte postale datant d'avant 1915.

En 1889, la quantité d'eau distribuée annuellement s'élève en moyenne à 66 millions de m3 pour un prix de 0,113 F/m3. En 1896, les réservoirs du nord parisiens desservent les quartiers hauts de Montmartre, Belleville et Passy[12].

Le trajet de l'aqueduc est une destination populaire. À l'instar des bords de Marne, plusieurs guinguettes sont créées sur son parcours, alors même que l'eau n'est pas apparente[5].

Usage actuel[modifier | modifier le code]

Actuellement, l'aqueduc de la Dhuis alimente en eau potable le parc d'attraction Disneyland Paris à Marne-la-Vallée. Seule une petite partie parvient jusqu'à Paris[5].

Depuis 2009 l'aqueduc est vide à partir d'Annet-sur-Marne, la galerie ayant été bétonnée par la ville de Paris sur presque 700 mètres[13].

La ville de Paris inscrit à l'ordre du jour du conseil des 17 et l'éventualité de céder l'aqueduc de la Dhuis à la société Placoplatre, au moins les sections situées sur les communes d'Annet-sur-Marne, Claye-Souilly, Villevaudé et Le Pin, afin de faciliter l'extraction du gypse souterrain par une exploitation à ciel ouvert[14],[15]. À la suite de la motion de censure déposée par la fédération Île-de-France Environnement, la mairie de Paris a d'abord décliné l'offre de Placoplatre[16] avant de renoncer au projet de cession[17].

En , la section de Pargny-la-Dhuys à Chessy est vendue à l'intercommunalité du Val d'Europe[18].

Liens externes[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références[modifier | modifier le code]

[5],[11],[15],[1],[2],[12],[14],[16],[17],[7],[3],[4],[8],[10]

  1. a b et c « Aqueduc de la Dhuis », Bibliographie de Meaux.
  2. a et b [PDF] « Noisy au fil de l'eau », Noisy-le-Sec, p. 9.
  3. a et b « La Dhuis (F6180600) », Sandre.
  4. a et b « Aqueduc de la Dhuis (F---2302) », Sandre.
  5. a b c d e et f « L'Aqueduc de la Dhuys », Paris Souterrinterdit.
  6. Val d’Europe Agglomération et Sebrie s’engagent pour un service de production d’eau potable réinventé (Val d’Europe Agglomération et Sebrie s’engagent pour un service de production d’eau potable réinventé)
  7. a b et c Antoine Debièvre, Un tour à la campagne : les meilleures randos sans auto, Paris, Parigramme, , 111 p. (ISBN 978-2-84096-309-7, BNF 39924840), p. 42-43
  8. a et b « Promenade de l'aqueduc de la Dhuis », Véloroutes et Voies vertes de France.
  9. « Promenade de l’Aqueduc de la Dhuis », sur aev-iledefrance.fr, Agence des espaces verts de la région d'Île-de-France, (consulté le ).
  10. a b c et d « Histoire de l'eau »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), Mairie de Paris.
  11. a et b « Histoire - Époque Contemporaine », Eau de Paris.
  12. a et b Archives départementales, Une histoire de la Seine-Saint-Denis au XXe siècle, Bobigny, Éditions du Conseil général de Seine-Saint-Denis, (ISBN 978-2-906525-18-4, BNF 39991803)
  13. « Un chantier pour renforcer l'aqueduc de la Dhuys », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  14. a et b « Main basse sur l'Aqueduc de la Dhuis, coulée verte de l’Est francilien », Île-de-France Environnement.
  15. a et b « Accueil », Sauvons la Dhuis.
  16. a et b « Aqueduc de la Dhuis : la mairie de Paris fait marche arrière », Île-de-France Environnement.
  17. a et b « Paris abandonne la vente de l'aqueduc de la Dhuis », Le Parisien, .
  18. Grégory Plesse, « Le Val-d’Europe a racheté l’aqueduc de la Dhuis 4 M€ », sur Le Parisien, (consulté le ).