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Vikings

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Les Danois sur le point d'envahir l'Angleterre. Illustration d'Alexis Master. In Abbon de Fleury, Passio Sancti Edmundi, Regis Orientalium Anglorum et Martyris.

Les Vikings (en vieux norrois : víkingr, au pluriel víkingar) sont des explorateurs, commerçants, pillards mais aussi pirates scandinaves au cours d’une période s’étendant du VIIIe au XIe siècle[1], communément nommée « âge des Vikings ». Par extension, on emploie le terme en français pour désigner la civilisation scandinave de l'âge du fer tardif, c'est-à-dire à partir de la fin du IIe siècle à l'âge du fer romain (en)[2]. Ils sont souvent appelés Normands, c'est-à-dire étymologiquement « hommes du Nord », dans la bibliographie ancienne.

Le mot viking

Définition

« On appelle Viking (Víkingr, en vieux norrois) un commerçant de longue date, remarquablement équipé pour cette activité, que la conjoncture a amené à se transformer en pillard ou en guerrier, là où c’était possible, lorsque c’était praticable, mais qui demeurera toujours quelqu’un d’appliqué à afla sér fjár (« acquérir des richesses »). »

— Boyer 2008, p. 33

Au sens large, le terme Viking désigne l’ensemble des Scandinaves de la période caractérisée par le phénomène viking.

Étymologie

Détail du bateau de Nydam, château de Gottorf.

Le mot viking est attesté en français au XIXe siècle et désigne, au sens moderne du terme, un « guerrier, explorateur originaire de Scandinavie »[3]. Son étymologie exacte n'est pas assurée.

Il est mentionné pour la première fois en vieil islandais sous la forme víking (mot féminin) dans l'expression fara í víkingu « partir en rapine, en maraude, en piraterie ». De ce mot dérive la forme masculine víkingr (-s, -ar) qui signifie « personne qui pratique la piraterie », donc « pirate »[4].

Le mot víking apparaît tardivement en vieux norrois, ce qui laisse penser qu'il s'agit d'un emprunt à une autre langue, très certainement au vieil anglais, où le mot wīcing, qui signifie « pirate », est attesté dès le VIIIe siècle (et en vieux frison, sous la forme wī(t)sing). Effectivement, les utilisations connues les plus anciennes proviennent de textes anglo-saxons du VIIIe siècle, avec la mention de divers composés comme uuicingsceadan, uuicingseadae ou saewicingas, tous formés sur -wīcing-. Ils ont pour thème les activités maritimes et notamment la piraterie.

Une étymologie largement répandue mais erronée, en fait un dérivé du norrois vík « anse, crique, bras de mer entre deux îles »[4], ayant aussi la signification originelle d'« endroit où la terre cède » (dérivé du verbe vikja « céder »), d'où, par extension, le sens de « baie », c'est-à-dire « endroit dégagé de la côte qui permet d'accoster »[5] (cf. les toponymes comme Reykjavik en Islande ou les plages de Plainvic et du Vicq en Cotentin, etc.).

Des recherches étymologiques plus récentes, fondées sur des travaux déjà existants, ont mis l'accent sur l'existence de la mesure nautique vika (« distance parcourue en mer par deux équipes ramant en alternance »), dont le radical vik- se retrouverait dans víking, mais aussi dans le vieil anglais wīcing, le vieux frison wītsing et remonteraient tous à un proto-germanique de l'Ouest *wīkingō (« changement de rameur ») et *wīkingaR dérivant du premier et signifiant « homme ramant en alternance », ce qui se conçoit à l'époque où les navires circulant dans les mers du Nord étaient des bateaux à rames, tels celui de Nydam. Par la suite, des sens spécifiques se seraient développés dans les langues où ils se sont perpétués : expédition maritime, guerrier-marin, pirate[6].

Autres noms

Les chroniques franques rédigées en latin utilisent plus fréquemment les termes Nor[t]manni « Normands »[7], pirata « pirates »[8], Dani « Danois » ou pagani « païens » pour désigner les Vikings. Jusqu'à une époque récente et encore aujourd'hui, certaines sources utilisent le terme Normand comme synonyme de Viking, or, cet emploi engendre une confusion avec les Normands habitants de l'actuelle Normandie et qui entrent véritablement dans l'histoire avec la conquête de l'Angleterre en 1066. Le terme Normand est lui-même un emprunt au francique *nortman[9] ou au vieux norrois nordmaðr[10], qui signifient tous les deux « homme du Nord. »

En irlandais, les textes parlent plus simplement d’« étrangers » (gall). Le toponyme Donegal ferait référence aux Vikings danois, c'est-à-dire les « étrangers noirs » et celui de Fingal aux Vikings norvégiens, c'est-à-dire les « étrangers blancs ». Mais cette distinction entre Vikings noirs et Vikings blancs empruntée à Lucien Musset serait la conséquence d'une mauvaise traduction, d'autant que cette distinction n'a pas de raison d'être, la proportion du type aux cheveux clairs étant à peu près semblable au Danemark et en Norvège. Donegal n'a donc probablement pas cette signification, mais celle de « forts des étrangers » dún an gall, « noir » se disant dub. De la même manière, Finegal ne vient pas de finn gall ou fionn gall (« étrangers (aux cheveux) blonds »), mais plutôt de fine gall (« tribu des étrangers »).

En Orient, ils sont appelés Rus ou Varègues. Chez les Arabes, les Madjus : bab el Madju désignant « la porte des païens » (détroit de Gibraltar)[11].

Selon Pierre Bauduin (2004), la connotation du terme[Lequel ?] serait plutôt positive dans les inscriptions runiques et négatives dans les poèmes scaldiques.

Contexte géographique

De magnifiques paysages liés à des légendes fortes ont longtemps fixé les vikings sur leur territoire et en ont gêné l'émigration, par fierté. Le climat rude (froid, vents) empêchait toute agriculture et tout élevage de masse. Le pillage était donc leur seule possibilité d'obtenir des richesses (vols de nourriture et de bijoux, captures d'esclaves...). L'appauvrissement généré dans leurs pays frontaliers (pertes matérielles, morts, fuites...) les ont poussés plus loin en Europe du Sud et de l'Ouest (Gaule...).[12]

Contexte historique

Contrairement aux peuples germaniques de l'Europe plus méridionale, ils sont restés païens jusqu'à la première moitié du Xe siècle. C'est l'une des raisons pour lesquelles il se dégage des textes européens du Moyen Âge (principalement du IXe au XIe siècle), une image négative de leur action, réduite à des actes de piraterie et de pillage, caractérisés par la violence de leurs raids et leur barbarie « païenne. » L'immense majorité des auteurs de ces textes sont en effet des clercs issus des milieux monastiques, or les cibles des pillages étaient les monastères, alors principaux centres des richesses en Europe. Cependant on comprend mieux maintenant que ces pillages leur permettaient d'obtenir par la force des richesses qu'ils convertissaient (en faisant fondre l'or) en moyen de paiement pour acquérir des armes sur les marchés d'Europe (épées franques) ou des produits de luxe sur les marchés d'Orient. La documentation plus contemporaine, principalement issue de récentes fouilles archéologiques, a permis de nuancer leur image négative et elle insiste plutôt sur l'aspect positif de leur action dans de nombreux cas, car ils furent aussi de grands marins, explorateurs, marchands et guerriers qui atteignirent les côtes atlantiques de l'Europe, la Méditerranée, l’Afrique du Nord, l'Orient et même l'Amérique (Vinland), tout en établissant parfois au passage des comptoirs commerciaux et des colonies comme sur les îles Féroé, les Orcades, l'Islande, le Groenland, etc. Ils fondèrent des États nouveaux et originaux en Normandie et en Russie. On considère qu'ils furent les artisans de la deuxième mondialisation, la première ayant été romaine. Leur assimilation rapide dans les pays colonisés procède d'un choix politique délibéré qui a conduit à leur acculturation en quelques décennies. L'âge viking prit fin à la suite de l'affirmation en Scandinavie de pouvoirs monarchiques centralisateurs et de leur conversion au christianisme.[réf. nécessaire]

Génétique

La période précédant l'ère des Vikings a été accompagnée d'un flux de gènes étrangers en Scandinavie du sud et de l'est : se propageant depuis le Danemark et l'est de la Suède au reste de la Scandinavie. La transition de l'Âge du bronze à l'Âge de fer s'accompagne dans la région d'une réduction de l'ascendance agricole néolithique[13], avec une augmentation correspondante à la fois de l'ascendance steppique et de l'ascendance chasseur-cueilleur. Comme dans le cas de l'ADN mitochondrial, le profil de distribution global des haplogroupes chromosomiques Y dans les échantillons de l'âge viking était similaire à celui des populations modernes d'Europe du Nord. Les lignées mâles les plus fréquemment rencontrées étaient les haplogroupes I1 à plus de 50 % aussi présent en majorité chez les scandinaves moderne[14], l'haplogroupe I est l'haplogroupe majoritaire chez les vikings.

La période de l'« âge des Vikings » est caractérisée par un afflux majeur d'ascendance danoise en Angleterre, suédois dans la Baltique et un afflux norvégien en Irlande, en Islande et au Groenland. Elle voit également une ascendance substantielle d'ailleurs en Europe entrer en Scandinavie[15]. Les analyses d'ADN confirment qu'une expédition viking comprenait des membres de la famille proche[15].

Expansion territoriale

Invasions vikings

Exploration de l'Amérique

Plusieurs textes islandais, dont la saga des Groenlandais et celle d'Erik le Rouge, racontent la découverte par des Vikings de terres situées au-delà du Groenland. Vers 986, un navigateur groenlandais Bjarni Herjolfsson, dérouté par une tempête, aperçoit des terres et des forêts inconnues. Une vingtaine d'années plus tard, Leif, fils d'Erik le Rouge, entreprend une expédition pour vérifier le récit de Bjarni. Après plusieurs jours de navigation, il découvre de nouveaux territoires : un pays de montagnes et de glaciers qu'il nomme Helluland (« pays des pierres plates »), puis une côte dominée par un arrière-pays forestier, qu'il appelle Markland (« pays des arbres »), enfin, une terre agréable où les explorateurs pêchent des saumons et cueillent des grappes de raisins, le Vinland (« pays de la vigne »)[16]. À partir du XIXe siècle, des érudits avancent l'hypothèse que ces navigateurs ont en fait suivi les rivages de l'Amérique. Les Vikings auraient donc mis le pied sur le Nouveau Continent environ cinq cents ans avant Christophe Colomb.

Les sagas étant généralement considérées comme des sources littéraires peu fiables (comme nombre de contradictions entre la saga des Groenlandais et celle d'Erik le Rouge le montrent), des chercheurs tentent de trouver la preuve matérielle qui confirmera l'hypothèse. En 1898, une pierre runique est découverte à Kensington, aux États-Unis mais à ce jour, son authenticité n'est pas encore assurée. En 1930, un équipement guerrier typique d'un Viking est retrouvé à Beardmore en Ontario mais la découverte tourne au canular. L'hypothèse des Vikings comme premiers découvreurs de l'Amérique reprend de la valeur dans les années 1960 quand un couple d'archéologues norvégiens, Helge et Anne Stine Ingstad, révèlent les vestiges d'habitations vikings sur l'île de Terre-Neuve. Le site de l'Anse aux Meadows se compose de huit édifices distribués en trois complexes. Sont notamment dégagés un atelier de menuiserie, une forge, un four et un fourneau. La datation des objets artisanaux recueillis correspond à la date de l'expédition de Leif. L'Anse aux Meadows devient célèbre dans le monde entier et s'affirme comme la preuve qui manquait aux scientifiques[17].

Les Vikings ont parcouru toutes les mers européennes et même au-delà. Ils ont remonté les fleuves et les rivières d'Europe occidentale et de Russie. Cette expansion n'aurait pas été possible sans la qualité des navires qu'ils construisaient. On pense aujourd'hui qu'ils acquirent nombre de leurs techniques de navigation auprès des Frisons.

Détail du bateau d'Oseberg, musée des navires vikings d'Oslo.

« Quiconque a vu le bateau d'Oseberg ne verra plus jamais les Normands du IXe siècle comme des barbares vils et insensibles »[18] écrivait un historien[Lequel ?] après avoir visité le musée des navires vikings d'Oslo. Même si elle reste imparfaite, la connaissance des bateaux scandinaves a progressé grâce aux découvertes archéologiques d'embarcations. Le bateau d'Oseberg mis au jour en 1904 est l'un des plus beaux spécimens conservés auquel on peut lui comparer celui de Gokstad[a] et ceux de Skuldelev[b]. L'iconographie, au premier rang la tapisserie de Bayeux, apportent d'autres informations.

Il n'existe pas un bateau-type scandinave. Son architecture variait selon la destination (commerce de cabotage, au long cours, guerre ou apparat) et évolua dans le temps. Toutefois, se dégagent quelques points communs. La proue et la poupe sont relevées ; leur coque est construite à clins. Depuis le VIIIe siècle, ils sont propulsés par le vent grâce à une voile rectangulaire en laine. Ce navire remonte très bien au vent[19]. Ce qui n'empêche pas les bateaux d'être aussi équipés d'avirons. Les navires de guerre, comme celui de Gokstad, sont appelés langskip ou snekka[20]. Le terme drakkar est un barbarisme créé au XIXe siècle, inspiré du terme suédois moderne drake « dragon », alors que les Vikings employaient celui de dreki en norrois. Un second k a été ajouté au terme suédois pour en accentuer l’aspect exotique.

Les archéologues reconnaissent l'excellente architecture des bateaux scandinaves. Ils s'étonnent notamment de la souplesse de la coque. Les membrures sont fixées au bordé — et non à la quille — par des liens d'osier, des lacets de cuir ou, pour les modèles tardifs, par des chevilles[21]. Il en résulte que le navire peut affronter la haute mer en se tordant face aux vagues. Outre la souplesse, les bateaux vikings sont reconnus pour leur légèreté. La coque fait quelques centimètres d'épaisseur. Ainsi, le tirant d'eau étant faible, le bateau donne l'impression de glisser sur les flots. La vitesse pouvait dépasser les 10 nœuds (approximativement 18 km/h).

Le musée des bateaux vikings de Roskilde au Danemark présente quatre bateaux importants et l’utilisation de chacun[22] :

  • bateaux de guerre :
    • Snekkja (Petit bateau long) > ancien français esneke, esneque, eneque,
    • Skeið (Grand bateau long - pour la haute mer) > ancien français eschei ;
  • bateaux de commerce :
    • Byrðing (bateau côtier),
    • knörr (navire de haute mer) > ancien français canard.

Connaissance maritime

Attaque viking, peinture de 1100 provenant de l'abbaye Saint-Aubin.

Les Vikings ont été capables de trouver leur chemin en haute mer sans cartes ni instruments de navigation, se basant surtout sur la navigation « au naturel » et quelques techniques rudimentaires de navigation à estime[23]. Ils ont été les premiers Européens à débarquer au Groenland et peut-être aussi l'Amérique du Nord (Vinland). À l'est, des Suédois ont emprunté le réseau des lacs et fleuves russes pour atteindre l'Asie centrale et ses routes caravanières venues d'Extrême-Orient.

Les Vikings n'utilisaient pas de boussoles ni de compas magnétiques, d'ailleurs peu utiles dans les régions arctiques. Ils ont pu utiliser une « pierre de soleil » pour localiser la position du soleil par temps couvert, à en croire un passage d'une saga sur le roi Olav Haraldsson II[c]. Cette « pierre de soleil » pourrait être en fait un spath d'Islande, cristal de calcite transparent relativement courant en Scandinavie et qui a la propriété de dépolariser la lumière du soleil, la filtrant différemment selon le pointage[24]. Cependant il apparaît difficile de prendre pour argent comptant ledit passage pour plusieurs raisons. Tout d'abord, il ne faut pas oublier que la saga de Olav Haraldsson II est écrite de manière posthume et que le roi norvégien a été canonisé à sa mort. Ensuite, aucun autre texte n'évoque une navigation à partir de cette pierre. Enfin, des expériences réalisées récemment sur de possibles « pierres de soleil » se sont avérées non concluantes : son efficacité est relative et dépend de la visibilité de cette lumière.

Il existe aussi une théorie qui interprète un objet découvert en 1948 comme un « compas solaire »[25],[26] Là aussi, des historiens se montrent sceptiques[23].

Les techniques de navigation des Vikings étaient surtout basées sur l'observation de leur environnement naturel. La position du soleil leur indiquait les points cardinaux tandis que l'utilité des étoiles auraient été moindre en raison de la courte durée des nuits d'été, qui était la saison pendant laquelle naviguaient ces peuples[23] C'est surtout l'observation de la mer, des repères terrestres et des animaux marins qui ont dû leur permettre de trouver leur chemin en pleine mer. Le nombre plus grand de macareux annonçait la proximité des îles Féroé. La brusque variation de température de l'eau, conséquence de l'entrée dans un courant polaire ; le changement de couleur de l'océan passant du bleu au vert ; la multiplication des icebergs, indiquaient que le Groenland était proche[27]. Les navigateurs vikings connaissaient peut-être les courants qui emmenaient facilement les bateaux d'un secteur à l'autre ou le trajet migratoire des baleines. Le Hausbók, un manuscrit islandais qui raconte notamment la navigation de Norvège au Groenland, fournit de nombreux détails de ce genre[28].. Cependant, l'évolution des courants marins ne nous permet pas de l'affirmer avec précision.

Connaissance du globe terrestre

Les Vikings semblent avoir connu la forme de notre globe terrestre, bien que l'expression orbis terrarum en latin ou heimskringla en vieux norrois puisse signifier une Terre plate en forme de disque. Il subsiste un document datant du XIIe siècle qui l’atteste : l'Elucidarium[29],[30],[31]. Ce savoir leur a permis de s’aventurer très loin en mer sans craindre de « tomber dans l'abîme » comme pourrait faire penser l'idée de monde plat. Le navigateur grec Pythéas a effectué vers 340- un voyage dans les mers d'Europe du Nord et il aurait décrit la Scandinavie notamment l'île de Thulé située sur le cercle arctique qui pourrait être l'Islande ou la Norvège. Toutefois Pythéas est considéré par le grand géographe gréco-romain Strabon comme un affabulateur qui décrit des pays qu'il n'a jamais visités. Les savants grecs à cette époque avaient découvert et mesuré la forme sphérique du globe terrestre, leurs échanges avec les Scandinaves ont peut-être permis aux Vikings, plus tard de l'apprendre, à moins qu’ils ne l'aient imaginé par eux-mêmes.[réf. nécessaire]

Équipement

Casque

Le casque en métal était porté seulement par les guerriers les plus riches tels que les chefs, les « jarls », les rois etc. Il peut être à lunettes et/ou comporte un front nasal pour le nez. Le casque à cornes n'a jamais été porté au combat par les Vikings, cette imagerie étant apparue au XIXe siècle. Les guerriers du commun avaient au mieux un simple bonnet en cuir, voire rien du tout[32][source insuffisante].

Bouclier

Le bouclier emblématique de l'âge viking dit bouclier rond (rundskjold), avait au moins dans un premier temps une forme circulaire, de type germanique et faisait entre 70 et 90 cm de diamètre et entre 4 et 30 mm d'épaisseur (les boucliers les plus épais servant probablement plutôt en apparat ou en décoration).

Principalement composé de bois (souvent du résineux) et recouvert de tissu ou de cuir et peint, le bouclier se tenait par une manipule. La main du porteur est protégée par un umbo en acier qui pouvait faire de 2 à 4 mm d'épaisseur, et environ 15 cm de diamètre. Le bord pouvait être laissé à nu ou être protégé par du cuir voire par de fine plaque de métal dans de rare cas. La masse de ce bouclier était de 3 à 6 kg ce qui faisait de lui une arme très maniable quand il était adapté à son porteur. Le bouclier viking était dans son utilisation presque autant défensif qu'offensif et pouvait être autant utilisé en combat de groupe et en combat singulier. En combat de groupe la ligne de boucliers pouvait être placé devant et servait à protéger les lanciers à deux mains (se battant avec une lance et sans bouclier) pour leur permettre d'affaiblir le mur ennemi en étant en sécurité. Mais aussi à charger la troupe adverse en utilisant le bouclier de façon offensive et défensive[33].

Sa forme peut autrement varier : oblong (skjöldr), rectangulaire, effilé vers le bas, plat ou courbe[34].

Épée

Les Vikings utilisaient parfois des épées (vieux-norrois, sverð) à un seul tranchant (sax et handisax), comme en témoigne le chroniqueur arabe Ibn Miskaveish[35]. Cependant, la plupart des épées vikings sont à double tranchant[36]. Leurs formes sont dérivées de neuf modèles principaux, sans doute d'origine celte, qui servent encore aujourd'hui à les catégoriser parmi les archéologues[37] et les artisans spécialisés dans la reconstitution historique[38]. Parmi les modèles d'épées vikings les plus répandus, on trouve les armes issues de l'atelier Ulfberht, reconnaissables au nom de l'artisan qui a été gravé sur elles et dont la qualité de facture est réputée. De manière générale, les épées vikings sont souvent richement ornées (or, argent, lame damasquinée) et mesurent environ 6 cm de largeur pour 70 à 80 cm de longueur, avec un poids pouvant aller jusqu'aux alentours de 2 kg[39]. La fabrication des épées est confiée à des artisans spécialisés (vieux-norrois, smiðir), dont le savoir-faire est associé à la divinité Völund dans la mythologie nordique. On accorde souvent une valeur symbolique forte aux épées, comme en témoigne le fait qu'elles reçoivent régulièrement des surnoms[39].

Sources historiques

Pierre runique à Östergötland (Suède).

Les sources écrites contemporaines proviennent principalement d’observateurs étrangers (arabes, byzantins, occidentaux). En Occident, il s’agit, la plupart de temps, du témoignage des victimes des raids vikings, notamment de clercs. Leurs écrits sont donc très partiaux.

À l’exception des inscriptions runiques, les sources écrites médiévales scandinaves ne sont généralement pas plus anciennes que le XIIe siècle et donc postérieures à la période viking. Ces textes, notamment les sagas qui mêlent faits historiques et faits inventés[réf. souhaitée], sont donc traités avec beaucoup de circonspection par les historiens. Les recueils juridiques dont on a connaissance sont également nettement plus récents que la période considérée.

L’archéologie est donc la principale source d’information sur cette période. Si elle apporte de grands résultats en Scandinavie et dans les îles Britanniques, et surtout au Groenland où les vestiges n'ont pratiquement pas été remaniés par des activités humaines depuis la fin du Moyen Âge, les résultats sont décevants en France. Les fouilles ont d'abord concerné les lieux les plus monumentaux, principalement les grandes villes et les tombeaux de grands personnages. Depuis les années 1970, l'attention des archéologues se porte sur l'habitat rural et des lieux de pouvoir[40].

Notes et références

Notes

  1. Dégagé en 1880 dans un tumulus en Norvège, et conservé au musée des navires vikings d'Oslo à Bygdøy en Norvège, il est daté de la fin du IXe siècle. Mesurant 23,5 m de long pour 5,2 m de large, il était propulsé par 32 rameurs en haute mer.
  2. Trouvés à l'entrée du fjord de Roskilde, au Danemark.
  3. Passage mentionnant la pierre de soleil : « Le temps était couvert et neigeux, comme Sigurður l'avait prédit. Alors le roi convoqua Sigurður et Dagur. Il demanda à ces hommes de regarder autour d'eux, personne ne trouva le moindre recoin de ciel bleu. Puis il somma Sigurður de désigner le soleil, lequel donna une réponse ferme. Alors le roi envoya chercher la pierre de soleil et, la tenant au-dessus de lui, vit la lumière jaillir et ainsi pu vérifier directement que la prédiction de Sigurður était bonne. »

Références

  1. John Haywood, Atlas des Vikings : 789-1100, Paris, Editions Autrement, (ISBN 2-86260-569-7), p. 50.
  2. (de) Lena Thunmark-Nylén, Die Wikingerzeit Gotlands, vol. 3, Almqvist & Wiksell International, , p. 5.
  3. Informations lexicographiques et étymologiques de « viking » (sens étymologie) dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  4. a et b Geir T. Zoëga, A Concise Dictionary of Old Icelandic, Oxford University Press, 1910.
  5. Élisabeth Ridel, Les Vikings et les mots, Éditions Errance, 2010, p. 276-277.
  6. Élisabeth Ridel, op. cit., note 2, p. 128.
  7. Flodoard, Annales, éd. Philippe Lauer Paris 1919.
  8. Richer, Histoire de son temps, éd. Jean Guadet Paris 1845.
  9. Albert Dauzat, Jean Dubois, Henri Mitterand, Nouveau Dictionnaire étymologique et historique, Paris, Larousse, 1971, p. 497.
  10. Jan de Vries, Altnordisches etymologisches Wörterbuch, 3. Aufl., Brill, Leyde, 1977.
  11. Larousse. Découvertes du monde no 2, « l’aventure Viking », octobre 1978.
  12. https://www.universalis.fr/encyclopedie/vikings-notions-de-base/2-l-expansion-viking/
  13. L'agriculture et l'élevage ont été apportés en Europe par des populations venues d'Anatolie, qui se sont établies en Grèce et dans les Balkans à partir d'environ , avant de s'étendre progressivement vers l'Ouest et le Nord de l'Europe : Europe néolithique. Ces populations ont connu des mélanges divers avec les populations de chasseurs-cueilleurs vivant auparavant en Europe et rencontrées durant leur expansion
  14. « Génétique : les Normands descendent-ils des vikings ? », sur www.pourquoidocteur.fr (consulté le )
  15. a et b (en) Ashot Margaryan, Lawson, D.J., Sikora, M. et al., Population genomics of the Viking world, nature.com, Nature, volume 585, pages390–396, 2020, doi.org/10.1038/s41586-020-2688-8
  16. Émilie Rauscher, « Avant Christophe Colomb. Bjarni, Leif et les autres », Cahiers de Sciences et Vie, no 80 « Vikings : enquête sur les secrets des maîtres des mers »,‎ , p. 63
  17. Émilie Rauscher, idem.
  18. Cité dans Wernick 1980, p. 34.
  19. Magazine Échappées belles sur le Danemark, 31 octobre 2009 : d'après l'historien Ulrik Kirk et le skipper-reconstituteur Jasper Vittenburg.
  20. Snekka ou snekkja a donné en français le mot féminin esnèque.
  21. Jean-Baptiste Gouyon, « Le drakkar, un navire simple mais efficace », Cahiers de Sciences et Vie. Vikings : enquête sur les secrets des maîtres des mers, no 80, , p. 41.
  22. Vikingeskibs Musset
  23. a b et c Christiane de Craecker-Dussart, « Moyens d’orientation et de navigation des Vikings, marins accomplis en Atlantique Nord (fin VIIIe – XIe siècles) », Le Moyen Âge, vol. CXXV, nos 3-4,‎ , p. 617–650
  24. (en) Guy Ropars, Gabriel Gorre et coll., « A depolarizer as a possible precise sunstone for Viking navigation by polarized skylight », Proceedings of the Royal Society,‎ (DOI 10.1098/rspa.2011.0369)
  25. (en) Gábor Horváth et al, « On the trail of Vikings with polarized skylight: experimental study of the atmospheric optical prerequisites allowing polarimetric navigation by Viking seafarers », Philosophical Transactions of The Royal Society B Biological Sciences,‎ (DOI 10.1098/rstb.2010.0194)
  26. « Secrets of the Viking Sun-Compass -- After Dark ».
  27. Wernick 1980, p. 51.
  28. Jean-Baptiste Gouyon, « Sans carte ni compas », Cahiers de Sciences et Vie. Vikings : enquête sur les secrets des maîtres des mers, no 80, avril 2004, p. 41.
  29. Evelyn Scherabon Firchow et Kaaren Grimstad, Elucidarius in Old Norse Translation, Reykjavik, , p. 40.
  30. (de) Rudolf Simek, Altnordische Kosmographie, Berlin, , p. 102.
  31. Sturluson 2000, p. 367.
  32. Eddapoetik, « Le guerrier Viking (1/2) l'équipement », Skyrock,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  33. « Vikings, Normands, Carolingiens… aux passionnés de l'histoire : [Militaire] Protection : les boucliers vikings en général », sur les-couloirs-du-temps.fr (consulté le )
  34. Régis Boyer, Les Vikings : histoire et civilisation, Paris, Perrin, , 442 p. (ISBN 2-262-01954-1), p.92
  35. (ar + la) Alex Seippel, Rerum normannicarum fontes arabici, 2 vol., Oslo, A.W. Brogger, 1896-1928
  36. Régis Boyer, Les Vikings. Histoire, mythes, dictionnaire, Paris, Robert Laffont, , 912 p. (ISBN 978-2-221-10631-0), p. 312
  37. (en) Ian Peirce et Ewart Oakeshott, Swords of the Viking Age, Suffolk, The Boydell Press, , 152 p. (ISBN 978-1-84383-089-4, lire en ligne)
  38. Gaël Fabre, « Fabrication d'une Épée viking du Type H, VLFBERHT, courant Xe siècle en fer et acier de bas-fourneau », sur gaelfabre.com (consulté le )
  39. a et b Régis Boyer, Les Vikings. Histoire, mythes, dictionnaire, Paris, Robert Laffont, , 912 p. (ISBN 978-2-221-10631-0), p. 314
  40. Anne Nissen Jaubert, « Des peuples plus riches que leur légende », Cahiers de Sciences et Vie, no 80 « Vikings : enquête sur les secrets des maîtres des mers »,‎ , p. 6-9

Annexes

Bibliographie

Textes médiévaux

Ouvrages modernes

  • Dragons et drakkars : le mythe viking de la Scandinavie à la Normandie, XVIIIe – XXe siècle, Caen, musée de Normandie, 1996.
  • Les Vikings : les Scandinaves et l’Europe 800-1200, Paris, AFAA, 1992.
  • Pierre Bauduin, Les Vikings, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » (no 1188), , 126 p. (ISBN 978-2-13-054127-1, OCLC 300274559).
  • Pierre Bauduin, Histoire des Vikings : Des invasions à la diaspora, Tallandier, 2019.
  • Régis Boyer, Le Mythe viking dans les lettres françaises, Paris, Éditions du Porte-Glaive, , 236 p. (ISBN 978-2-906468-00-9).
  • Régis Boyer, Héros et dieux du Nord guide iconographique, Paris, Flammarion, coll. « Tout l'art. Encyclopédie », , 185 p. (ISBN 978-2-08-012274-2).
  • Régis Boyer, L’Art viking, Tournai, Renaissance du livre, 2001.
  • Régis Boyer, Au nom du Viking : entretiens avec Jean-Noël Robert, Paris, Belles lettres, (ISBN 978-2-251-44200-6).
  • Régis Boyer, Les Vikings : histoire et civilisation, Paris, Perrin, coll. « Tempus », , 442 p. (ISBN 2-262-01954-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Régis Boyer, Les Vikings, Paris, Cavalier bleu, 2002, 125 p. (ISBN 978-2-84670-040-5).
  • Régis Boyer, Les Vikings (800-1050), Paris, Hachette, 2003 (ISBN 978-2-01235-690-0).
  • Régis Boyer, Les Vikings, premiers européens : VIIIe et XIe siècles : les nouvelles découvertes de l’archéologie, Paris, Autrement, 2005 (ISBN 9782746707368).
  • Régis Boyer, Les Vikings : Histoire, mythes, dictionnaire, Paris, Robert Laffont, , 912 p. (ISBN 978-2-221-10631-0).
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  • Sigurd Curman, Objets d’art d’origine suédoise des X premiers siècles de notre ère, Stockholm, Nordisk rotogravyr, 1933.
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  • Pierre Efratas, Hrólf le vagabond. Chant I, De la Norvège au Dal Riada : Le Mystérieux Viking fondateur de la Normandie, Coudray-Macouard, Cheminements, coll. « Histoire pour l'histoire », , 499 p. (ISBN 978-2-84478-374-5, lire en ligne).
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  • Jean Renaud, Les Vikings en France, Éditions Ouest-France (Édilarge), exclusivité pour le Grand Livre du Mois, 2000, (ISBN 978-2-73732-617-2).
  • Jean Renaud, Les Vikings : vérités et légendes, Perrin, Paris, 2019
  • Roger Renaud, L’Explosion viking ou l’Agonie d’un monde (préface de Robert Jaulin), Publications de l’université Denis Diderot-Paris 7, 1998, 272 p.
  • Élisabeth Ridel, L’Héritage maritime des Vikings en Europe de l’Ouest, Caen, Presses universitaires de Caen, 2002.
  • Thorleif Sjøvold, Les Vaisseaux vikings : de Gokstad, d’Oseberg et de Tune : brève introduction illustrée, Oslo, Dreyer, 1954.
  • Elis Wadstein, Le Mot viking : anglo-saxon wicing, frison wising, etc., Gotenb, Elanders boktryckeri Aktibolag, 1925.
  • Robert Wernick, L’Épopée Viking, Amsterdam, Time-Life, . Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Anders Winroth, Au temps des Vikings, La Découverte, 2018, 320 p. Lire en ligne l'introduction de cet ouvrage sur le site Retronews
  • (en) Viking Trade and Settlement in Continental Western Europe, Iben Skibsted Klaesoe, 2010 (ISBN 978-8-76350-531-4).
  • Blomfield Joan, Runes and the Gothic Alphabet. Saga-Book of the Viking Society XII, pp. 177-231; Kendal 1945.

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