Tahar Ben Jelloun

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Tahar ben Jelloun
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Tahar Ben Jelloun
aux Bibliothèques idéales à Strasbourg en septembre 2013.
Naissance (76 ans)
Fès (Drapeau du Maroc Maroc)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Français

Œuvres principales

Tahar Ben Jelloun (en arabe : طاهر بن جلون) est un écrivain, poète et peintre franco-marocain né le [1],[2],[3] à Fès (Maroc). Auteur de romans, de poèmes et d'essais, il est lauréat du prix Goncourt pour son roman La Nuit sacrée.

Biographie

Après avoir fréquenté une école primaire bilingue arabo-francophone[1], il étudie au lycée Regnault (lycée français de Tanger) jusqu'à l'âge de dix-huit ans, puis fait des études de philosophie à l'université Mohammed V de Rabat, où il écrit ses premiers poèmes — recueillis dans Hommes sous linceul de silence (1971). Il enseigne ensuite la philosophie au Maroc. Mais, en 1971, à la suite de l'arabisation de l'enseignement de la philosophie, il doit partir pour la France, n'étant pas formé pour la pédagogie en arabe. Il s'installe à Paris pour poursuivre ses études de psychologie.

À partir de 1972, il écrit de nombreux articles pour le quotidien Le Monde. En 1975, il obtient un doctorat de psychopathologie sociale[4]. Son écriture profitera d'ailleurs de son expérience de psychothérapeute (La Réclusion solitaire, 1976). En 1977, il tire de cette thèse un essai la plus haute des solitudes où il transcrit la misère psychologique, sexuelle et la solitude de travailleurs immigrés. En 1985, il publie le roman L'Enfant de sable qui le rend célèbre. Il obtient le prix Goncourt en 1987 pour La Nuit sacrée, une suite à L'Enfant de sable. Il est le premier auteur marocain à obtenir ce prix. En , il annonce sa candidature à l'Académie française[5], mais la retire le mois suivant[6]. En 2008, il est élu membre de l'Académie Goncourt, en remplacement de François Nourissier démissionnaire.

Il participe en à un colloque international au Sénat de Paris[7] sur l'islam des Lumières avec Malek Chebel, Reza, Olivier Weber, Abdelkader Djemaï, Gilles Kepel et Barmak Akram[réf. nécessaire].

Tahar Ben Jelloun écrit plusieurs ouvrages pédagogiques tel que Le Racisme expliqué à ma fille (1998), inspiré par une manifestation contre le projet des lois Pasqua-Debré, l'Islam expliqué aux enfants (2002), en réponse à l'Islamophobie suivant les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, et Le Terrorisme expliqué à nos enfants (2016) depuis les attentats du 13 novembre 2015 en France et les autres attentats djihadistes en Europe[8]. Il est régulièrement sollicité pour des interventions dans des écoles et universités marocaines, françaises et européennes.

En , il quitte les éditions Bompiani qui publie ses œuvres en italien pour fonder à Milan La nave di Teseo, une nouvelle maison d'édition, avec Umberto Eco[réf. nécessaire].

Aujourd'hui, Ben Jelloun est connu pour non seulement ses œuvres littéraires, mais aussi ses apparitions dans les organes de presse, où il parle de l'expérience vécue, des injustices et des défis des Maghrébins qui habitent en France[9].

En novembre 2018, il est le président d'honneur du Prix CatalPa, prix littéraire et artistique français distinguant chaque année un catalogue d'exposition parmi les titres publiés dans l’année par les musées et les institutions culturelles de Paris.

Œuvres

Diffusion internationale de l'œuvre

L'Enfant de sable (Seuil 1985) et La Nuit sacrée, Prix Goncourt 1987, ont été traduits en quarante-trois langues dont (en plus de l'arabe, de l'anglais et des langues européennes) l'indonésien, le vietnamien, le hindî, l'hébreu, le japonais, le coréen, le chinois, etc.

Le Racisme expliqué à ma fille (un succès de librairie vendu à plus de 400 000 exemplaires[11],[12]), est traduit en trente-trois langues, dont trois des onze langues principales d'Afrique du Sud (l'afrikaans, le swati et l'ixixhosa), le bosniaque et l'espéranto.

La plupart de ses livres ont été traduits en arabe, dont certains par l'auteur lui-même.

Récompenses et distinctions

Prix

  • 1976 : prix de l'amitié franco-arabe pour son recueil de poèmes Les amandiers sont morts de leurs blessures
  • 2005 : prix Ulysse pour l'ensemble de son œuvre
  • juin 2004 : prix IMPAC, reçu à Dublin Ce prix, décerné par un jury international après une sélection faite par 162 bibliothèques et librairies anglo-saxonnes, couronne le roman Cette aveuglante absence de lumière, écrit à la demande d'un ancien prisonnier du bagne de Tazmamart au Maroc, et après un entretien avec celui-ci.
  • 1987 : prix Goncourt pour La Nuit sacrée
  •  : prix international de poésie Argana, décerné par la Maison de poésie du Maroc[13]
  •  : prix de la paix Erich-Maria-Remarque pour son essai L'Étincelle — Révolte dans les pays arabes[14]

Distinctions

Hommages

L'astéroïde (29449) Taharbenjelloun a été nommé en son honneur.

Prise de position sur la société française

Dans Le Monde du lundi , Tahar Ben Jelloun écrit une « Lettre au président de la République », l'invitant à plus de discernement dans ses propos (Nicolas Sarkozy s'était exprimé à Grenoble sur la possibilité de déchoir de la nationalité française une personne qui aurait commis un grave délit). Il veut lui rappeler sa position de chef de l'État et l'usage qu'il se devrait d'en faire vis-à-vis des valeurs de la République et de sa constitution[17].

Polémiques

Affaire de la "bonne marocaine" exploitée à Paris

Le , le journal Libération publie un article[18] dans son édition du week-end à propos d'une employée d'origine marocaine, Fatna S., ramenée du Maroc en France par Tahar Ben Jelloun en afin de s'occuper de ses quatre enfants et de l'entretien de la maison familiale. Selon le quotidien, elle était employée dans « l'illégalité », et avait comme profession indiquée sur son passeport celle de « bonne ». Le Comité contre l'esclavage moderne avait été saisi[19].

Accusation de l'écrivain algérien Yasmina Khadra

Le , Tahar Ben Jelloun est accusé par l'écrivain algérien Yasmina Khadra d'être à l'origine de son ostracisation par les institutions littéraires et les médias en France[20]. Invité dans l’émission Maghreb Orient Express sur TV5 Monde pour la promotion de son livre Le baiser et la morsure, il a déclaré : « Quand vous avez un écrivain de renom, connu dans le monde entier, prix Goncourt, membre influent de l’Académie Goncourt, qui s’appelle Tahar Ben Jelloun, qui raconte partout depuis 20 ans, de jusqu’à ce matin, que je suis un imposteur, que ce n’est pas moi qui écrit mes livres, qu’il connaît mon nègre. Et à travers ça, trouver toutes sortes de diffamations, d’affabulations, d’élucubrations les plus chimériques, alors j’ai écrit ce livre pour rassurer les miens et ceux qui apprécient mon travail pour leur dire que vous êtes en train de lire quelqu’un de brave, d’honnête et qui n’est jamais dans la polémique »[21].

Notes et références

  1. a et b Tahar Ben Jelloun sur France Inter le 17 février 2016, dans l'émission La Bande originale : « J'ai un problème avec ma date de naissance : je ne suis pas né en 44, comme c'est écrit partout, je suis né en 47. » L'auteur explique qu'afin de pouvoir être inscrit à l'école bilingue maternelle franco-marocaine de Fès, son père l'a volontairement vieilli et que l'erreur sur son année de naissance provient de là.
  2. Valérie Trierweiler, « Tahar Ben Jelloun : sacré romancier ! », sur Paris-Match, (consulté le ) : « Mais comment débuter une autobiographie quand on ne connaît pas sa date de naissance ? C'est en effet le cas du romancier qui ignore s'il est né en 1944 ou en 1947. Son père avait trafiqué l'état civil afin de faire entrer son fils à l'école coranique plus tôt. »
  3. Hervé Meillon, « Tahar Ben Jelloun : “Ne rien dire ou ne rien faire est dramatique” », sur Clin d'œil (magazine), (consulté le ) : « C’est vrai qu’il y a confusion ! » concède-t-il. « J’ai un frère qui a deux ans de plus que moi et mon père tenait à ce que l’on fasse notre scolarité ensemble. Mon père a dû me vieillir pour me faire rentrer à l’école en même temps que lui. Jusqu’au bac, j’ai été dans la même classe que mon frère. Je suis né à Fès le 1er décembre 1947 et pas en 1944. Mon père qui notait tout ne me l’a dit que très tard. »
  4. Jean-Louis Joubert, « BEN JELLOUN, TAHAR (1944- ) », Encyclopædia Universalis [en ligne] (consulté le )
  5. Voir sur academie-francaise.fr.
  6. Voir sur academie-francaise.fr.
  7. Voir sur barizakhiari.wordpress.com.
  8. https://www.seuil.com/ouvrage/le-terrorisme-explique-a-nos-enfants-tahar-ben-jelloun/9782021320572
  9. https://www.jstor.org/stable/24392137
  10. SCHYNS, Désirée, « Harraga dans la littérature francophone : Boualem Sansal, Tahar Ben Jelloun, Mathias Enard et Marie Ndiaye », in: Romanische Studien 3 (2016), online.
  11. C'est formidable d'être populaire • L'Express.
  12. Véronique Fourcade, « Ecrivain pédagogue », Sud-Ouest,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « Le prix international de poésie Argana 2010 attribué à Tahar Ben Jelloun » sur map.ma.
  14. AFP, « Tahar Ben Jelloun, lauréat du prix de la paix Erich-Maria-Remarque », sur livreshebdo.fr, (consulté le ).
  15. Archives des nominations et promotions dans l'ordre des Arts et des Lettres.
  16. Discours de N. Sarkozy sur le site personnel de T. Ben Jelloun.
  17. « Lettre au président de la République », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. Stephen Smith, « L'écrivain, la bonne et le roi », sur Libération (consulté le )
  19. « L'écrivain Tahar Ben Jelloun au centre d'une double polémique », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  20. Yabiladi.com, « Yasmina Khadra s’en prend à l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun », sur www.yabiladi.com (consulté le )
  21. TV5MONDE Info, « Yasmina Khadra : Il est grand temps de rassurer mes lecteurs et les libraires »

Voir aussi

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Bibliographie

  • Christian Bouillon, « Ben Jelloun Tahar », dans Christiane Chaulet Achour, avec la collaboration de Corinne Blanchaud (dir.), Dictionnaire des écrivains francophones classiques : Afrique subsaharienne, Caraïbe, Maghreb, Machrek, Océan Indien, H. Champion, Paris, 2010, p. 58-61 (ISBN 978-2-7453-2126-8)
  • Huda El Kadiki, Tahar Ben Jelloun au carrefour de l'Orient et de l'Occident, Université François-Rabelais, Tours, 2014
  • Salim Jay, Dictionnaire des écrivains marocains, Paris Méditerranée - Eddif, 2005

Liens externes