République helvétique
(de) Helvetische Republik
Drapeau |
Sceau |
Statut | République sœur de la République française |
---|---|
Capitale | Aarau (04/1798), Lucerne (09/1798), Berne (05/1799) |
Langue(s) | Allemand, français, italien |
Religion | Christianisme |
Monnaie | Franc |
Création | |
Dissolution (acte de médiation) |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La République helvétique, en allemand : Helvetische Republik, en italien : Repubblica elvetica est le nom officiel qu'ont pris le 12 avril 1798 les cantons helvétiques, transformés jusqu'au 10 mars 1803 en république unitaire. Cette période de l'histoire de la Suisse est aussi appelée « l'époque de l'Helvétique ». Son début marque la fin de l'Ancien Régime en Suisse et le début de la modernisation politique du pays. Pour la première fois en effet, les cantons sont égaux entre eux et il n'y a plus de pays sujet[1]. C'est donc la fin du système des bailliages communs. Des droits nouveaux sont en outre octroyés aux citoyens :
- liberté de conscience et de culte
- liberté de la presse
- liberté de commerce et d'industrie (ce qui implique la fin du système des corporations)
- garantie de la propriété privée[1].
Ce régime est accueilli de manière très diverse dans le pays : les soldats français sont accueillis comme des libérateurs dans certaines régions (en Argovie notamment), tandis que d'autres aspirent à retourner au plus vite à l'ordre ancien[2].
Dépendante de l'appui des soldats révolutionnaires français, la République helvétique fut un échec : le les Suisses obtiennent de Bonaparte une nouvelle constitution organisée selon un modèle fédéral : l'Acte de médiation. L'égalité entre cantons ne fut cependant plus jamais remise en cause[1].
Origine
Son apparition découle d'un processus entamé dès la révolution française. Elle est en partie le résultat des luttes menées dans les cantons suisses contre les oligarchies urbaines. Mais elle est avant tout un régime politique imposé par la France voisine du Directoire.
En 1797, Pierre Ochs et Frédéric-César de La Harpe tentent de convaincre le général Bonaparte de susciter une révolution en Suisse. Les appels à la révolution venus de France ont peu d'échos dans les cantons suisses. Seul le canton de Vaud se soulève partiellement. Le , la « république lémanique » est instaurée à Lausanne après un soulèvement pacifique.
Peu après, à la suite d'un incident mineur, les troupes françaises pénètrent en Pays de Vaud, puis occupent toute la Suisse.
Le , le commissaire français Lecarlier convoque à Aarau une assemblée nationale chargée d'adopter la constitution, ou livret helvétique (Helvetisches Büchlein), calquée sur le modèle français. L'époque de l'Helvétique s'étend du au .
Les institutions
- Un parlement bicamériste (deux chambres)
- Un gouvernement (directoire)
- Une cour de justice supérieure
Membres du directoire
- David Ludwig Bay
- Johann Dolder
- Pierre-Maurice Glayre
- Frédéric-César de La Harpe
- Lukas Legrand
- Urs Viktor Oberlin
- Pierre Ochs
- Alphons Pfyffer
Ministres
- Hans Konrad Finsler, ministre des Finances (1798-1799)
- Albrecht Rengger, ministre de l'Intérieur (02.06.1798-?)
- Louis François Bégoz, ministre de la Guerre (02.05.1798-15.10.1798) et des Relations extérieures (02.05.1798-22.11.1801)
- Philipp Albert Stapfer, ministre des Arts et des Sciences (02.05.1798-07.1800)
Structure du territoire
Aux termes de l'article 15 de la Constitution du 28 mars 1798, le territoire de la république helvétique était divisé « en cantons, en districts, en communes & en sections ou quartiers des grandes communes ».
Aux termes de son article 18, les cantons étaient « provisoirement au nombre de vingt-deux », à savoir :
- Le canton du Valais (chef-lieu : Sion)
- Le canton du Léman ou Pays-de-Vaud (chef-lieu : Lausanne)
- Le canton de Fribourg (chef-lieu : Fribourg) : « y compris les bailliages de Payerne, d'Avenches, jusqu'à la Broye, & de Morat »
- Le canton de Berne (chef-lieu : Berne) : « sans le Pays-de-Vaud & l'Argovie »
- Le canton de Soleure (chef-lieu : Soleure)
- Le canton de Bâle (chef-lieu : Bâle) : « y compris ce qui pourrait lui être cédé dans le Fricktal »
- Le canton d'Argovie (chef-lieu : Aarau) : « à commencer par Aibourg & Zofingue »
- Le canton de Lucerne (chef-lieu : Lucerne)
- Le canton d'Unterwald (chef-lieu : Stantz) : « y compris l'Engelberg »
- Le canton d'Uri (chef-lieu : Altdorf) : « y compris le val d'Urseren »
- Le canton de Bellinzona (chef-lieu : Bellinzona) : « comprenant les quatre bailliages italiens supérieurs ; savoir : le val Lepontin, Bollenz, Riviera & Bellinzona »
- Le canton de Lugano (chef-lieu: Lugano) : « comprenant les quatre bailliages italiens inférieurs ; savoir : Lugano, Mendrisio, Locarno & Val-Maggia »
- Le canton de Rhétie ou des Grisons (chef-lieu : Coire)
- Le canton de Sargans (chef-lieu : Sargans) : « y compris le Rheinthal, Sax, Gams, Werdenberg, Gasteren, Utznach, Rapperschweil et la Marche »
- Le canton de Glaris (chef-lieu : Glaris)
- Le canton d'Appenzell (chef-lieu : Appenzell, « ou alternativement » Hérisau)
- Le canton de Thurgovie (chef-lieu : Frauenfeld)
- Le canton de Saint-Gall (chef-lieu : Saint-Gall) : « comprenant la ville & le territoire de l'abbé, affranchi de tout droit régulier de la part du dit abbé »
- Le canton de Schaffhouse (chef-lieu : Schaffhouse)
- Le canton de Zurich (chef-lieu : Zurich) : « y compris Winterthour & Stein »
- Le canton de Zoug (chef-lieu : Zoug) : « y compris les sujets de la ville, le comté de Baden & les bailliages libres »
- Le canton de Schwyz (chef-lieu : Schwyz): « y compris Gersau, Kusnacht, Notre-Dame des Hermites & les Fermes »
Dans la république helvétique, les cantons, pratiquement souverains avant cela, ont été réduits à de simples régions administratives. Afin de démanteler les anciennes structures et limiter le pouvoir des aristocraties des villes Etats[1], de nouvelles frontières cantonales ont été établies.
- le canton de Berne fut amputé d’un nombre de territoire formant respectivement l’Oberland, Léman et l’Argovie.
- Le canton de Waldstätten est créé par réunion de Uri, Schwyz, Unterwald et Zoug.
- Le canton de Linth est créé à partir de Glaris et de ses « bailliages communs » (Gaster, Sargans, Werdenberg).
- Le canton du Säntis est créé à partir de Appenzell (Rhodes-Intérieures et Rhodes-Extérieures), de ses pays alliés et de Saint-Gall.
- Baden, Bellinzone, Lugano et la Thurgovie sont issus d'autres « bailliages communs ».
À noter également que de février 1802 à février 1803 (Acte de médiation) fut constitué le Canton de Fricktal par annexion de territoires de la région de Brisgau, en Autriche antérieure, situés au sud du Rhin.
Les communes sont dégradées au rang d'unités administratives. Leurs droits sont uniformisés et les prérogatives des communes urbaines démantelées.
La république helvétique introduit également les districts, unités administratives à haute importance pour les analyses statistiques jusqu'en 1950.
Monnaie de la République helvétique
Drapeau
La République helvétique adopte un nouveau drapeau national tricolore, à l'image de la France, mais avec des divisions horizontales. Il est introduit officiellement le 13 février 1799. Les couleurs rouge et jaune représentent les cantons fondateurs d'Uri et Schwytz et le vert est ajouté par la révolution. L'inscription «République Helvétique» figure généralement sur la partie rouge, mais d'autres messages ou illustrations ont également cours.
Cartes
- Structure territoriale de la République helvétique jusqu'à l'annexion des Grisons en avril 1799
- Structure territoriale de la République helvétique après la Deuxième Constitution helvétique 1802
Notes et références
- François Walter, Histoire de la Suisse : Le temps des révolutions (1750-1830), vol. tome 3, Presses universitaires suisses, Editions Alphil,
- (de) Dieter Fahrni, Schweizer Geschichte : Ein historischer Abriss von den Anfängen bis zur Gegenwart, Pro Patria, , 130 p.
Références
- Amman Hektor & Karl Schib, Atlas historique de la Suisse, Sauerländer, Aarau, 1958.
- Pascal Delvaux, La République en papier : circonstances d'impression et pratiques de dissémination des lois sous la République helvétique (1798-1803), 2 tomes, Genève : Presses d'Histoire Suisse, 2004. (ISBN 2-9700461-1-3)