Aller au contenu

La Belle et la Bête

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis La belle et la bête)

La Belle et la Bête
Image illustrative de l’article La Belle et la Bête
La Belle et la Bête, illustration de Walter Crane (1874).
Conte populaire
Titre La Belle et la Bête
Autres titres (en) Beauty and the Beast
(de) Die Schöne und das Biest, Das Tier und die Schöne
Aarne-Thompson 425 C
Folklore
Pays Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Époque XVIIIe siècle
Versions littéraires
Publié dans Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, La Jeune Américaine et les contes marins,

Contes en rapport Cupidon et Psyché (ATU 425B)
À l'est du soleil et à l'ouest de la lune (ATU 425A)

La Belle et la Bête est un conte-type, identifiable dans le monde entier en dépit de variantes locales (numéro 425 C dans la classification Aarne-Thompson), contenant des thèmes ayant trait à l'amour et la rédemption.

Une jeune fille que l’on appelle « la belle » se sacrifie pour sauver son père, condamné à mort pour avoir cueilli une rose dans le domaine d'un terrible monstre. Contre toute attente, la Bête épargne la Belle et lui permet de vivre dans son château. Elle s'aperçoit que, derrière les traits de l'animal, souffre un homme victime d'un sortilège. Le conte a fait l'objet de nombreuses adaptations au cinéma, au théâtre et à la télévision au cours du XXe siècle, notamment un long-métrage de Jean Cocteau et deux adaptations, l'une d'animation, l'autre en prise de vue réelle, par les studios Disney.

Pour certains auteurs, l'histoire de Pedro Gonzales (image) a inspiré l'histoire de la Belle et la Bête[1],[2].

L'une des versions les plus anciennes de ce conte est sans doute celle d'Apulée, Amour et Psyché (extrait de l’Âne d'Or ou Les Métamorphoses), qui date du IIe siècle. En 1550, Francesco Straparola en donna une version qu'il avait tirée du folklore italien et qu'il publia dans ses Nuits facétieuses (Le Roi Porc, deuxième nuit, 1er conte).

Il apparut pour la première fois en France sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, en 1740, dans un recueil de contes, La Jeune Américaine et les contes marins, publié anonymement, où différents passagers d'une traversée maritime se racontent des histoires pour passer le temps[3]. Le conte y est raconté par la femme de chambre de l'héroïne.

Il ne connut véritablement la célébrité que lorsqu'il fut abrégé et repris par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont dans son manuel d'éducation Le Magasin des enfants, publié à Londres en 1756. Cette dernière supprima, en particulier, toute la seconde partie, où Madame de Villeneuve relatait la querelle des fées expliquant l'origine royale de la Belle, mais ajoute un dialogue dans lequel la gouvernante Mlle Bonne débat avec ses élèves. C'est sur cette version que sont basées la plupart des adaptations ultérieures.

Certains auteurs et experts ont suggéré que l'histoire de la Belle et la Bête pourrait être influencée par une histoire vraie. Ce serait l'histoire de Pedro Gonzales (dit Petrus Gonsalvus), né au XVIe siècle sur l'île de Tenerife (Espagne), qui a été portée à la cour du roi de France Henri II[1],[2]. Il souffrait d'hypertrichose, provoquant une croissance anormale des cheveux sur le visage et d'autres parties. À Paris, il a été accueilli sous la protection du roi et a épousé une belle femme parisienne nommée Catherine.

Le conte présente comme situation initiale un riche marchand et ses six enfants, trois fils et trois filles, dont la fille cadette est plutôt identifiée par une qualité (sa beauté) que par son nom. Alors que ses deux grandes sœurs sont gâtées et capricieuses, n'ayant goût que pour le luxe et la richesse, la Belle est douce, modeste et s’intéresse à la lecture. Elle entretient une relation très forte avec son père, au point de se sacrifier à sa place lorsque ce dernier se retrouve condamné à mort par la Bête pour avoir cueilli une rose appartenant à celle-ci. La Belle part vivre chez la terrible Bête et découvre, au-delà de sa laideur, un être généreux qui ne demande qu'à aimer et se faire aimer en retour.

« Vous m'apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l'image trompe, et nos sens et nos cœurs. Vous m'apprîtes encore à ne point suivre les mouvements de l'esprit et que le monde ne me serait donné qu'en pensant (…) Absenté de votre corps d'homme, vous l'exhibiez au gré des tableaux et des rêves afin que j'en recueillisse les images éparses. Prisonnière de votre palais et de sa cour assoupie d'un sommeil minéral, je régnais à mon insu sur votre vie, puisque j'en détenais les fragments jetés de part et d'autre du miroir et que mon amour seul pouvait en rassembler le sens[4]. »

« Le monstre se fit entendre. Un bruit effroyable, causé par le poids énorme de son corps, par le cliquetis terrible de ses écailles et par des hurlements affreux, annonça son arrivée. En voyant approcher la Bête, qu'elle ne put envisager sans frémir en elle-même, la Belle avança d'un pas ferme, et d'un air modeste salua fort respectueusement la Bête. Cette démarche plut au monstre. Se retournant vers la Belle, il lui dit : Bonsoir, la Belle[4]. »

Le rôle du monstre permet au héros ou à l’héroïne de maîtriser sa peur et d’exercer ses propres forces. Les angoisses de dévoration et de mort qui assaillent la Belle face à la Bête sont autant d’aspects de l’ombre, dans la rencontre profonde de l’autre, et surtout avec le masculin dans l’intime de la sexualité[5]. Rapace, lion, sanglier ou chimère selon les versions, la Bête était autrefois un beau prince puni par une fée pour ses mauvaises actions. Une version raconte qu'une vieille femme habillée de haillons et dont la mine était repoussante frappa à la porte d'un jeune et beau prince (mais incroyablement vaniteux et inhospitalier) pour mander de la nourriture ou pour dormir sous son toit. Il aurait moqué l'apparence de la mendiante et l'aurait rejetée. La vieille était en fait une très belle fée qui s'était déguisée et cette dernière punit le prince pour cette action. Elle le condamna à une apparence monstrueuse de bête qui ferait fuir toutes les femmes qui s'approcheraient de lui sauf l'élue de son cœur qui ne se fiera pas à son physique mais à sa beauté intérieure.

Terré dans son château fantastique, le malheureux monstre attend l'amour d'une femme pour être libéré du sortilège. Amour qui viendra en la personne de la Belle.

« [Ce conte] apprend aux enfants à distinguer la laideur morale de la laideur physique, à favoriser le rayonnement d’une intelligence, d’un cœur, d’une âme que rend timide un extérieur ingrat. […] Les deux sœurs de la Belle ont épousé deux gentilshommes dont l’un symbolise la beauté et l’autre l’intelligence ; ce n’est pas là le vrai fondement d’un amour solide, mais la bonté. Ainsi la Belle ne peut se défendre d’aimer la Bête à cause des attentions inlassables dont celle-ci l’entoure. Le don de soi est justifié par l’estime des bonnes qualités de la personne à laquelle on veut unir sa vie ; ainsi les jeunes filles apprennent l’usage du véritable amour. La Belle, voyant à quelle extrémité elle réduit par ses refus la pauvre Bête, passe sous l’impulsion de la compassion unie à l’estime, de l’amitié à l’amour. Des sentiments purs, estime, délicatesse, élégance morale, reconnaissance en sont les motifs. On trouve ici la justification des mariages fréquents à cette époque, entre hommes mûrs, souvent veufs, et filles très jeunes. Il ne restait à ces maris âgés qu’à entourer leur jeune épouse de tous les égards, et aux jeunes femmes à respecter la situation mondaine et la valeur des quadragénaires. »

— Marie-Antoinette Reynaud, Madame Leprince de Beaumont, vie et œuvre d'une éducatrice, [6]

Adaptations

[modifier | modifier le code]

La Belle et la Bête a été adapté au cinéma dans divers films dont les plus connus restent la version de Cocteau en 1946 et celle des studio Disney parue en 1991. On trouve également beaucoup d'adaptations littéraires, télévisuelles et théâtrales.

Cinématographiques

[modifier | modifier le code]

Télévisuelles

[modifier | modifier le code]

Théâtrales

[modifier | modifier le code]

Chorégraphiques

[modifier | modifier le code]

Littéraires

[modifier | modifier le code]
  • La Belle et la Bête, roman précieux, Madame Suzanne de Villeneuve XVIIIe siècle, 1740.
  • La Belle et la Bête, reprise du roman de Madame de Villeneuve en conte, par Madame Leprince de Beaumont XVIIIe siècle, 1756.
  • La Belle et la Bête, roman policier de Fredric Brown, paru en 1966.
  • Belle, roman de Robin McKinley, paru en 1978.
  • La Bête et la Belle, roman policier de Thierry Jonquet, paru en 2000.
  • Le Roman de la Belle et la Bête, de Bernard Simonay, paru en 2000.
  • La Belle et la Bête, bande dessinée de la série Mélusine.
  • Sortilège, roman d'Alex Flinn paru en 2007.
  • Des belles et des bêtes, anthologie de fiancés animaux, établie et postfacée par Fabienne Raphoz Éditions José Corti 2003.
  • La Belle et la Bête, bande dessinée de Patrick Sobral.
  • Là où la mer commence, roman de Dominique Demers.
  • Annabel et la Bête, album de Dominique Demers, paru en 2002.
  • Le blog de la belle, de Mary Temple.
  • Trois histoires de La Belle et la Bête racontées dans le monde, recueil jeunesse, troisième tome de la collection Le tour du monde d'un conte par les Editions Syros - on y retrouve La Belle et la Bête de Mme Leprince De Beaumont dans sa version intégrale, la version norvégienne A l'est du Soleil et à l'ouest de la Lune et la version japonaise Le choja escargot (2011)
  • La Belle et la Bête, novélisation du film de Christophe Gans par Vanessa Rubio-Barreau (Gallimard Jeunesse, 2014)[14].
  • Belle et la Bête, livre illustré en découpe laser, de Céline Pibre et Frédéric Cartier-Lange, (éditions Papiers Coupés, 2016).
  • La Bête du Bois Perdu, de Nina Gorlier, Magic Mirror Editions, paru en 2018.
  • Ma vie de monstre, Anne Pouget-Tolu, roman, éditions Scrinéo, 2018.
  • Histoire Éternelle, de Adeline Maucolin, Homoromance éditions, paru en 2020.
  • University Ever After, web-série reprenant des personnages de contes de fées au XXIe siècle et allant tous à la même université

Bande dessinée

[modifier | modifier le code]
  • Memento Mori, une bande dessinée basée sur le conte de la Belle et la Bête.
  • La Belle et la Bête, une bande dessinée écrite et dessinée par Patrick Sobral et sortie en 2008.
  • Niehime to Kemono no Ō, un manga librement inspiré du conte de la Belle et la Bête.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Gender Construction in La Belle et La Bete.
  2. a et b “La Bella y la Bestia”: Una historia real inspirada por un hombre de carne y hueso.
  3. Reid M, préface à La Belle et la Bête de Madame de Villeneuve, collection Folio 2 .
  4. a et b La Belle et la Bête, Madame de Villeneuve (éditions Folio, Femmes de lettres, 2010).
  5. Les Cahiers jungiens de psychanalyse no 15, 2002.
  6. Marie-Antoinette Reynaud, Madame Leprince de Beaumont, vie et œuvre d'une éducatrice, Lyon, .
  7. « La Belle et la Bête Madame Leprince de Beaumont » Accès libre [PDF]
  8. Fiche film sur IMDB. http://www.imdb.fr/title/tt0000225/
  9. (en) « Rock Erotic Picture Show (Video 1997) ⭐ 6.2 » [vidéo], sur Internet Movie Database (consulté le ).
  10. (en) Liz Derringer, « Stevie Nicks' first interview without Fleetwood Mac », High Times Magazine,‎ (lire en ligne).
  11. « Nouvel Album de Valfeu : "La Belle et la Bête" », sur antoineaureche (consulté le )
  12. « La Belle & la Bête - Simsala Grimm HD », YouTube (consulté le )
  13. « La bella y la bestia, le conte revisité sur Telecinco » (consulté le ).
  14. La Belle et la Bête, le roman du film (Gallimard Jeunesse, collection Grand format littérature - Romans Junior.

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]