Le train sifflera trois fois
Titre original | High Noon |
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Réalisation | Fred Zinnemann |
Scénario | Carl Foreman |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Stanley Kramer Productions |
Pays de production | États-Unis |
Durée | 85 minutes |
Sortie | 1952 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Le train sifflera trois fois (High Noon) est un western américain de Fred Zinnemann sorti en 1952.
En 1989, le film a été sélectionné pour préservation au National Film Registry par la Bibliothèque du Congrès en raison de son « importance culturelle, historique ou esthétique ».
Synopsis
[modifier | modifier le code]Le train sifflera trois fois se déroule approximativement en temps réel, comme l'illustrent les plans récurrents de l'horloge dans le bureau du shérif. L'action du film, qui dure 85 minutes, débute en effet à 10 h 30 et se termine peu après midi.
À dix heures trente du matin, le shérif d'Hadleyville, Will Kane, vient d'épouser la jeune quaker Amy Fowler. Tous deux projettent d'ouvrir un magasin dans une bourgade voisine et Will Kane s'apprête à rendre son étoile de shérif. Mais il apprend le retour imminent de Frank Miller, qu’il a jadis arrêté et qui a par la suite été condamné à mort. Finalement libéré au bout de cinq ans, Miller est en route pour Hadleyville dans l'intention de régler son compte au shérif. Il doit arriver par le train de midi à la gare, où trois de ses complices l’attendent.
Malgré les supplications de sa femme, Kane décide de rester à son poste et tente de recruter des hommes parmi les habitants de la ville. Mais, l'un après l'autre, tous lui font défaut, par lâcheté, intérêt ou amitié pour le bandit. C’est donc seul qu’il va devoir faire face à quatre hommes, jusqu'à ce que son épouse comprenne, grâce à l'intervention de l'ancienne maîtresse de son mari, que sa place est auprès de lui.
À l'arrivée du train, les rues de la ville désertées se transforment en champ de bataille. Le combat se termine par la victoire du shérif, secondé par sa femme qui, malgré ses convictions religieuses, tue un des quatre hommes. Le shérif jette alors son étoile dans la rue par mépris pour la lâcheté des habitants, puis, sans se retourner, Will et Amy Kane quittent Hadleyville.
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre : Le train sifflera trois fois
- Titre original : High Noon
- Réalisation : Fred Zinnemann
- Scénario : Carl Foreman, d'après la nouvelle (magazine story "The Tin Star") de John W. Cunningham
- Musique : Dimitri Tiomkin : Do not forsake me Oh my darling
- Photographie : Floyd Crosby
- Montage : Elmo Williams, Harry Gerstad
- Direction artistique : Ben Hayne
- Décors : Rudolph Sternad
- Décorateur de plateau : Murray Waite
- Costumes : Joe King et Ann Peck
- Producteurs : Carl Foreman producteur associé et Stanley Kramer (non crédités)
- Société de production : Stanley Kramer Productions
- Société de distribution : United Artists
- Pays de production : États-Unis
- Langue : anglais
- Tournage : du au
- Format : Noir et blanc — 35 mm — 1,37:1 — Son : Mono (Western Electric Recording)
- Durée : 85 minutes
- Dates de sortie:
- États-Unis : (première à New York)
- États-Unis : (première à Los Angeles)
- États-Unis : (sortie nationale)
- France :
Distribution
[modifier | modifier le code]- Gary Cooper (VF : Jean Martinelli) : le shérif Will Kane (Bill dans la VF)
- Grace Kelly (VF : Nelly Benedetti) : Amy Fowler Kane (Emma dans la VF)
- Thomas Mitchell (VF : Pierre Morin) : Jonas Henderson, le maire
- Lloyd Bridges (VF : Raymond Loyer) : Harvey Pell (Hervé dans la VF)
- Katy Jurado (VF : Katherine Kath) : Helen Ramírez
- Otto Kruger (VF : Jean Toulout) : Percy Mettrick, le juge
- Lon Chaney Jr. (VF : Jacques Berlioz) : Martin Howe
- Ian MacDonald (VF : Lucien Bryonne) : Frank Miller
- Harry Shannon (VF : Jean Brochard) : Cooper
- Lee Van Cleef : Jack Colby, membre de la bande
- Harry Morgan (VF : Michel Gudin) : Sam Fuller
- Sheb Wooley (VF : André Valmy) : Ben Miller (Max dans la VF)
- Robert J. Wilke (VF : Jacques Beauchey) : Jim Pierce
- Morgan Farley : docteur Mahin, le pasteur
- Eve McVeagh (VF : Lita Recio) : Mildred Fuller
Acteurs non crédités
- Lee Aaker : le garçon
- Larry J. Blake : Gilles, le propriétaire du saloon
- Howland Chamberlain (VF : Jean Berton) : Le réceptionniste de l'hôtel
- Cliff Clark : Ed Weaver
- Virginia Christine : Mme Simpson
- John Doucette (VF : Pierre Leproux) : Trumbull
- Jack Elam : Charlie, le prisonnier libéré par le shérif
- Harry Harvey : Coy
- Chubby Johnson : le premier vieil homme sous le porche de l'hôtel
- Tom London : Sam, le préposé d'Helen
- Merrill McCormick : Fletcher
- James Millican (VF : Jacques Erwin) : le shérif Herb Baker
- William Newell : Jimmy, le boiteux
- William Phillips (VF : Robert Dalban) : le barbier
- Lucien Prival : Joe, le barman du saloon d'Helen
- Ralph Reed (VF : Serge Lhorca) : Johnny, le garçon de 14 ans
- Ted Stanhope : le chef de gare
- Cascades
Production
[modifier | modifier le code]Titres
[modifier | modifier le code]Le titre original joue sur le double sens de l'expression high noon, qui, au sens propre, signifie « midi pile », mais au sens figuré, désigne l'« heure de vérité ». Après le film, to be high noon est devenu une expression courante, signifiant « être complètement seul avec de gros problèmes ».
Le titre français fait référence au fait que le train de midi doit siffler trois coups au cas où Frank Miller en descendrait, précision qui n'existe pas dans le dialogue anglais du film. De surcroît, dans le film, le train ne siffle pas trois fois, mais quatre.
Casting
[modifier | modifier le code]Le train sifflera trois fois donne à Grace Kelly son premier grand rôle et à Lee Van Cleef sa première apparition au cinéma, dans un rôle muet.
Image
[modifier | modifier le code]Le réalisateur Fred Zinnemann compose Le train sifflera trois fois avec trois éléments visuels récurrents : le plan fixe sur la voie ferrée, qui signifie la menace attendue ; le parcours désespéré du shérif cherchant de l'aide dans toute la ville ; les horloges, de plus en plus grosses à l'image et de plus en plus fréquentes au fur et à mesure que la menace se rapproche.
Musique
[modifier | modifier le code]La chanson du film en forme de ballade est interprétée par Tex Ritter sous le titre Do not forsake me, oh my darlin'.
La version française est interprétée par Claude Dupuis[1] sous le titre Si toi aussi tu m'abandonnes[2]. L'auteur des paroles françaises, Henri Contet, refusa de faire une traduction littérale[pas clair] du texte original.
Récompenses et distinctions
[modifier | modifier le code]- 25e cérémonie des Oscars
- Oscar du meilleur acteur pour Gary Cooper[3]
- Oscar du meilleur montage pour Elmo Williams et Harry Gerstad
- Oscar de la meilleure musique pour Dimitri Tiomkin
- Oscar de la meilleure chanson pour Dimitri Tiomkin (musique) et Ned Washington (paroles)
Le film a aussi été nommé dans les catégories Meilleure mise en scène, Meilleur film et Meilleur scénario.
- 10e cérémonie des Golden Globes
- Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique pour Gary Cooper
- Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle pour Katy Jurado
- Golden Globe de la meilleure photographie noir et blanc
Contexte historique : l'époque du maccarthysme
[modifier | modifier le code]Au départ, le scénariste et producteur Carl Foreman envisage une parabole sur l'ONU. Mais face à la menace que commence à faire peser la Commission des activités anti-américaines sur Hollywood et à l'inquiétude qui progresse dans les milieux du cinéma, Foreman fait évoluer son scénario qui devient une parabole sur Hollywood et le maccarthysme.
Pendant la réalisation du film, Foreman est d'ailleurs convoqué par la Commission et se retrouve dans la situation de Will Kane : ses amis l'évitent et quand il veut voir quelqu'un, il est absent. Foreman a même transposé certains dialogues réels dans son scénario[4].
Réception critique
[modifier | modifier le code]Défavorable
[modifier | modifier le code]John Wayne exprime sa détestation pour ce film, qu'il qualifie de « un-American », par sa condamnation de la majorité silencieuse et d'une certaine lâcheté citoyenne. En réaction, il tourne Rio Bravo sous la direction d'Howard Hawks, autre détracteur du film.
Favorable
[modifier | modifier le code]Pour l'historien du cinéma Leonard Maltin[5], Le train sifflera trois fois se démarque complètement des westerns de l'époque : le héros admet avoir peur, le film ne comporte que peu de scènes d'action, sauf à la fin. Des éléments formels distinguent aussi ce film des autres westerns : il est tourné en noir et blanc, ce qui était rarissime[réf. nécessaire] pour les westerns en 1952 ; la bande-son est dépouillée, l'image très sobre, un ciel laiteux[pas clair]. Le personnage d'Helen Ramírez n'est pas banal pour l'époque, puisqu'il s'agit d'une femme d'affaires mexicaine.
Pour d'autres critiques, ce film est un « surwestern », genre qui, en rupture partielle avec le western classique, nuance l'image du héros sans peur et sans reproche, introduit la psychologie, l'Histoire (notamment par une nouvelle image de l'Indien), réhausse le rôle de la femme, dénonce la justice expéditive[6].
Postérité
[modifier | modifier le code]En 1954, Quatre Étranges Cavaliers d'Allan Dwan propose une variation sur le film de Zinnemann, reprenant ouvertement sa trame avec une relecture des mêmes thèmes - maccarthysme, mariage du shérif, irruption du quatuor vengeur, lâcheté des concitoyens -, cette fois en couleur, mais d'une façon plus lourdement explicite et sentimentale que son modèle. Martin Scorsese le cite dans son documentaire sur le cinéma américain et lui voue une grande admiration.
En 1959, Rio Bravo de Howard Hawks, avec John Wayne dans le rôle principal, est présenté comme une réplique au Train sifflera trois fois. Hawks et Wayne n'aiment pas le personnage du shérif Kane, qui jette son étoile de shérif, avoue sa peur et cherche désespérément à se faire aider par la population. Le shérif John Chance met au contraire un point d'honneur à ne pas impliquer les civils mariés dans des actions dangereuses. Seuls les célibataires sont invités. L'un d'eux, interprété par Ricky Nelson, se fera secouer par John Chance pour avoir été « prudent » et provoqué ainsi indirectement la mort de son patron prêt à aider le shérif. Mais il n'est pas interdit de revenir de ses erreurs.[pas clair]
En 1980, une suite télévisée est réalisée, intitulée Terreur à Hadleyville ou Le Retour de Will Kane. Au terme de sa nouvelle aventure, le héros reprend son étoile de shérif.
En 1981, Le film Outland... loin de la terre (Outland, 1981), de Peter Hyams, avec Sean Connery, est un remake du Train sifflera trois fois, transposé dans une colonie minière spatiale : dans l'apathie générale, un homme se trouve seul dans un combat injuste[7].
En 1993, l'album de Lucky Luke intitulé Les Dalton à la noce, reprend la trame scénaristique générale et quelques passages clef du film.
En 1968, l'épisode Je vous tuerai à midi (Noon Doomsday en version originale) de la saison 6 de la série Chapeau melon et bottes de cuir pastiche le film de façon humoristique. John Steed, handicapé dans son fauteuil, est confronté à la vengeance d'un homme qu'il a fait arrêter, mais qui s'est évadé et qui veut le tuer avec ses complices à midi précise. Seule sa collaboratrice peut l'aider, car tous les hommes disponibles dans la maison de repos lui refusent leur aide.
En 1975, Jean-Marie Pallardy parodie le titre du film dans une production érotique, L'arrière-train sifflera trois fois.
Divers
[modifier | modifier le code]Vers la fin, alors que le shérif cherche Miller et ses complices, ceux-ci passent devant une affiche qui annonce un spectacle sur le thème de Mazeppa[8].
Sortie vidéo
[modifier | modifier le code]Le film sort pour la première fois en Blu-ray en mars 2020, dans une édition médiabook Blu-ray + DVD, accompagné du livre L'Histoire d'un film écrit par Patrick Brion (60 pages). En bonus une présentation de Bertrand Tavernier et une présentation de Patrick Brion, les coulisses du tournage et un making-of[9].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Les chansons doublées dans les films d’après-guerre », sur Objectif Cinéma (consulté le ).
- Contrairement à une croyance répandue qui l'attribue à John William, celui-ci l'a seulement reprise ultérieurement.
- Absent pour la cérémonie : c'est John Wayne qui est venu recevoir le trophée en son nom
- Bertrand Tavernier, Amis américains : entretiens avec les grands auteurs d'Hollywood, Lyon, Institut Lumière / Actes sud, 1993, 2008, 984 p. (ISBN 978-2-7427-6394-8), Carl Foreman
- Cf. documentaire The making of High Noon.
- Christian Gonzalez, Le Western, Paris, PUF coll. « Que sais-je », 1979.
- Sur un blog
- Est-ce de la part de Fred Zinnemann un parallèle avec le sort d'Ivan Mazeppa ?
- « Le Train sifflera trois fois (Édition Collection Silver Blu-ray + DVD) - Blu-ray », Aventures Intérieures (consulté le )
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Film américain sorti en 1952
- Film réalisé par Fred Zinnemann
- Film avec une musique composée par Dimitri Tiomkin
- Film produit par Stanley Kramer
- Adaptation d'un article de presse au cinéma
- Film se déroulant au Kansas
- Film tourné en Californie
- Film sur la quakerisme
- Film nommé aux Oscars
- Film nommé aux Golden Globes
- Film avec un Oscar du meilleur acteur
- Film avec un Oscar du meilleur montage
- Film avec un Oscar de la meilleure musique de film
- Film avec un Oscar de la meilleure chanson originale
- Film avec un Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique
- Film avec un Golden Globe de la meilleure actrice dans un second rôle
- Film en anglais
- Film américain en noir et blanc
- Film tourné en 1951
- Film d'United Artists
- Film inscrit au National Film Registry
- Film en temps réel
- Film dont l'action se déroule en une journée
- Western américain