Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1349)

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Jeanne de Bourgogne
Illustration.
La reine Jeanne de Bourgogne dictant au traducteur Jean de Vignay, enluminure dans un manuscrit du Miroir historial dit du roi Jean le Bon, vers 1333-1350. BnF, Manscurits, fr. 316.
Fonctions
Reine de France

(21 ans, 8 mois et 11 jours)
Couronnement
en la cathédrale Notre-Dame de Reims
Prédécesseur Jeanne d'Évreux
Successeur Blanche de Navarre
Comtesse de Valois

(2 ans, 3 mois et 16 jours)
Prédécesseur Mahaut de Châtillon
Successeur Blanche de France
Comtesse du Maine et d'Anjou

(13 ans, 10 mois et 12 jours)
Prédécesseur Mahaut de Châtillon
Successeur Bonne de Luxembourg
Biographie
Dynastie Maison capétienne de Bourgogne
Surnom Jeanne la Boiteuse
Date de naissance vers 1293
Date de décès
Lieu de décès Paris
Sépulture Basilique de Saint-Denis (corps)
Abbaye de Cîteaux (cœur)
Abbaye du Moncel (entrailles)
Père Robert II de Bourgogne
Mère Agnès de France
Conjoint Philippe VI de Valois
Enfants Jean II le Bon
Philippe d'Orléans
Religion Catholicisme

Jeanne de Bourgogne (v. 1293-1349)
Reines de France

Jeanne de Bourgogne (vers 1293 – ), parfois surnommée Jeanne la Boiteuse, devient, par son mariage avec le futur roi Philippe VI de Valois, reine de France de 1328 à 1349. Elle est aussi la mère du roi Jean II le Bon.

Biographie[modifier | modifier le code]

Une princesse bourguignonne[modifier | modifier le code]

Jeanne est la troisième fille de Robert II, duc de Bourgogne et de son épouse Agnès de France, dernière fille du roi Saint Louis.

Le [1], à Sens, la jeune Jeanne est promise en mariage par ses parents à Philippe, fils aîné de Charles de Valois, frère du roi Philippe IV le Bel, avec une dot de 55 000 livres tournois. Par la même convention, le frère de Jeanne, Hugues, héritier du duché, est promis à Catherine, demi-sœur de Philippe de Valois née du remariage de son père avec Catherine de Courtenay, impératrice titulaire latine de Constantinople[2],[3].

Le mariage entre Jeanne de Bourgogne et Philippe de Valois n'a lieu que dix ans plus tard, à la fin , au château de Fontainebleau. En même temps est célébrée l'union de Catherine de Valois, demi-sœur du marié et héritière des droits théoriques sur le défunt empire latin de Constantinople, avec Philippe, prince de Tarente, frère de Robert Ier, roi de Naples[4].

Couronnement de Philippe de Valois et de Jeanne de Bourgogne, enluminure d'un manuscrit des Grandes Chroniques de France.

Par son mariage avec Philippe de Valois, Jeanne devient successivement comtesse du Maine (1314-1328), puis comtesse de Valois et d'Anjou (1325-1328) et reine de France (1328-1349), lorsque son époux monte sur le trône en 1328 sous le nom de Philippe VI.

Reine de France[modifier | modifier le code]

Durant la guerre de Cent Ans, Jeanne de Bourgogne fut amenée à exercer la régence du royaume. Dès 1338, Philippe VI, dans l'obligation de se déplacer constamment pour livrer bataille, lui confia les pleins pouvoirs en son absence. Cette fonction lui attira une bien mauvaise réputation, accentuée par sa difformité — Jeanne était boiteuse — signe d'une possible malédiction selon certains[5].

Descendance[modifier | modifier le code]

De son union avec Philippe VI de France sont issus neuf enfants :

  • Jean II (1319-1364), dit Jean le Bon, roi de France (1350-1364) ;
  • Marie, née en 1326, promise par contrat du à Jean, fils aîné et héritier du duc Jean III de Brabant, morte le et inhumée dans l'église des Cordeliers de Paris[6] ;
  • Louis (-id.) ;
  • Louis (-) ;
  • Jean (1332-) ;
  • N... (-id.) ;
  • Philippe (-), comte de Valois (1336-1375) et premier duc d'Orléans (1344-1375) ;
  • Jeanne (1337-id.) ;
  • N... (1343-id.).

Mort et sépulture[modifier | modifier le code]

Jeanne de Bourgogne meurt le , peut-être des suites de l'épidémie de peste noire qui affectait le pays depuis 1347.

Conformément aux dernières volontés de la reine, son corps est enterré le [7] dans la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France, alors que son cœur est envoyé à Cîteaux, lieu de sépulture ancestral des ducs de Bourgogne et ses entrailles à l'abbaye du Moncel, monastère de clarisses favorisé par Philippe VI et Jeanne[8].

Le tombeau de Jeanne de Bourgogne dans la basilique de Saint-Denis est profané le .

Dans la fiction[modifier | modifier le code]

Jeanne de Bourgogne apparaît dans le roman Le Lis et le Lion (1960), sixième tome de la célèbre suite romanesque Les Rois maudits de Maurice Druon. Dans l'adaptation télévisée de la série de 1972, elle est personnifiée par l'actrice Ghislaine Porret[9].

Elle apparaît aussi dans le roman historique Le Lion des Pyrénées (1959)[10], premier tome de la suite romanesque La Vie fabuleuse de Gaston Phoebus des auteurs Myriam et Gaston de Béarn, inspirée de la vie de Gaston Fébus (1331-1391), comte de Foix et vicomte de Béarn. Dans la mini-série télévisée Gaston Phébus, le Lion des Pyrénées (1978) créée d'après cette œuvre romanesque, la reine Jeanne prend les traits de Claude Gensac[11],[12].

La reine joue également un rôle important dans la série romanesque La Malédiction de Gabrielle d'Andrea H. Japp qui se déroule au cours des dernières années de sa vie, au temps de la Peste noire[13].

Elle est aussi l'héroïne d'une série de bande dessinée, Jeanne, la mâle reine (scénario de France Richemond et dessins de Michel Suro), éditée dans la collection « Les Reines de sang » aux éditions Delcourt. Les deux premiers volumes de la série ont paru en 2018[14] et 2019[15]. Le 3e et dernier opus est sorti à l'automne 2020.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Études[modifier | modifier le code]

Études portant sur Jeanne de Bourgogne
  • Isabelle Arseneau, « Un roman dont il n’y a rien à dire: La mise en livre de Méraugis de Portlesguez dans le manuscrit de Vienne ÖN 2599 », Études françaises, vol. 53, no 2,‎ , p. 131-151 (ISSN 0014-2085 et 1492-1405, DOI 10.7202/1040900ar).
    Sur un manuscrit probablement préparé pour Jeanne de Bourgogne.
  • Ghislain Brunel, « Saint Georges et le dragon. Le décor d’une charte de la reine Jeanne de Bourgogne (18 juin 1342) », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, vol. 2010, no 1,‎ , p. 177–186 (lire en ligne).
  • (nl) Claudine A Chavannes-Mazel, « De boeken van Jeanne de Bourgogne, koningin van Frankrijk (r. 1328-1349) », dans Johann-Christian Klamt et Kees Veelenturg, éditeurs, Representatie. Kunsthistorische bijdragen over vorst, staatsmacht en beeldende kunst, opgedragen aan Robert W. Scheller, Nijmegen, Valkhof Pers, (ISBN 9056251597, lire en ligne), p. 84-110.
  • Pierre Gasnault, « Une lettre missive de Clément VI à la reine Jeanne de Bourgogne », Mélanges d'archéologie et d'histoire, vol. 73,‎ , p. 365-373 (lire en ligne).
  • Pierre Gasnault, « Nouvelles lettres closes et "de par le roy" de Philippe VI de Valois », Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 120,‎ , p. 172-178 (lire en ligne).
  • Murielle Gaude-Ferragu, « Les dernières volontés de la reine de France : les deux testaments de Jeanne de Bourgogne, femme de Philippe VI de Valois (1329, 1336) », Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France,‎ , p. 23-66 (JSTOR 23408517).
  • Louise Gay, « Le corps pluriel de la reine : entre majesté et arme politique (France, xe–xive siècle) », Questes. Revue pluridisciplinaire d’études médiévales, no 45,‎ , p. 49–68 (ISSN 2102-7188, DOI 10.4000/questes.6306, lire en ligne).
  • Marc Gil, « Question de goût, question de genre ? Commandes de sceaux royaux et princiers autour des reines Jeanne II de Bourgogne (1328-1349) et Jeanne II de Navarre (1329-1349) », dans Cynthia J. Brown et Anne-Marie Legaré, éditrices, Les femmes, la culture et les arts en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, Turnhout, Brepols, (DOI 10.1484/M.TCC-EB.5.107673, lire en ligne), p. 327-343.
  • (en) Marguerite Keane, « Moving Possessions and Secure Posthumous Reputation: the Gifts of Jeanne of Burgundy (ca. 1293–1349) », dans Tracy Chapman Hamilton and Mariah Proctor-Tiffany (éditrices), Moving Women Moving Objects (400–1500), Brill, (ISBN 978-90-04-36344-1, DOI 10.1163/9789004399679_012), p. 228–246.
  • Guillaume Mollat, « Clément VI et Jeanne de Bourgogne, reine de France », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 101, no 4,‎ , p. 412-419 (lire en ligne).
  • Marie-Adélaïde Nielen, « Le sceau de la "virago" », Historia, no 732,‎ , p. 10 (lire en ligne).
    Présentation du sceau de Jeanne de Bourgogne par une conservatrice des Archives Nationales dans une revue de vulgarisation consacrée à l'histoire.
  • Sarah Olivier, « Image du pouvoir et pouvoir de l’image : Parallèles, filiation et légitimation dynastique dans deux enluminures commandées par Jeanne de Bourgogne (~1330-1340) », dans Catalina Girbea (éd), Langages du pouvoir au Moyen Âge et au début de la modernité, Paris, Classiques Garnier, coll. « Civilisation médiévale, n° 44 in »,‎ (ISBN 978-2-406-11915-9, résumé), p. 233-248.
  • Sarah Olivier, « Réécrire la sainteté. Autour du ms. BNF, lat. 917, libellus de sainte Clotilde au XIVe siècle. Entre pratiques dévotionnelles et échos politiques », dans Fernand Peloux (éditeur), Des saints et des livres : Christianisme flamboyant et manuscrits hagiographiques du Nord à la fin du Moyen Âge (XIIIe – XVIe siècles), Turnhout, Brepols Publishers, coll. « Hagiologia » (no 17), (ISBN 978-2-503-59585-6, DOI 10.1484/m.hag-eb.5.126299), p. 349–380.
  • Antoine Pélissier, « Clément VI (1342-1352) et la reine de France Jeanne de Bourgogne », Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, vol. 82,‎ , p. 43-54.
  • Aline Vallée-Karcher, « Jeanne de Bourgogne, épouse de Philippe VI de Valois : une reine maudite ? », Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 138, no 1,‎ , p. 94-96 (DOI 10.3406/bec.1980.450185, lire en ligne).
Généralités
  • Raymond Cazelles, La Société politique et la crise de la royauté sous Philippe de Valois, Paris, D'Argences, coll. « Bibliothèque elzévirienne. Nouvelle série. Études et documents », , 495 p.
  • Murielle Gaude-Ferragu, La Reine au Moyen Âge : Le pouvoir au féminin, XIVe – XVe siècle, Paris, Tallandier, , 352 p. (ISBN 979-10-210-0265-4).
  • Alexis-Noël Diagne (Jacques Heers, directeur de thèse), L'Hôtel de la Reine de France à la fin du Moyen Âge (1261-1422) (thèse de doctorat), Paris, Université Paris-Sorbonne (Université Paris IV), (OCLC 489661323, lire en ligne).
  • [Petit, Charles de Valois] Joseph Petit, Charles de Valois (1270-1325), Paris, Alphonse Picard et fils, éditeurs, (lire en ligne).
  • Jules Viard, « Philippe de Valois avant son avènement au trône », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 91,‎ , p. 307-325 (lire en ligne).
  • Jules Viard, « Philippe VI de Valois. Début du règne (février-juillet 1328) », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 95,‎ , p. 259-283 (lire en ligne).
  • Jules Viard, « L'Hôtel de Philippe VI de Valois (fin) », Bibliothèque de l'École des chartes, t. 55,‎ , p. 598-626 (DOI 10.3406/bec.1894.447785, lire en ligne).
    Publication d'une ordonnance concernant l'hôtel de la reine, p. 605-610.

Œuvres littéraires[modifier | modifier le code]

  • Myriam de Béarn et Gaston de Béarn, La Vie fabuleuse de Gaston Phoebus, t. I : Le Lion des Pyrénées (roman), Verviers, Gérard et cie, coll. « Bibliothèque Marabout Géant », (1re éd. 1959), 565 p. (OCLC 15503444).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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Notes[modifier | modifier le code]

  1. Viard 1930, p. 307 et note 8. Daté par erreur du 15 avril 1303 par Ernest Petit (Petit, Histoire des ducs de Bourgogne, tome VI, p. 104 et 493 no 5683).
  2. Viard 1930, p. 307-308; Petit, Histoire des ducs de Bourgogne, tome VI, p. 104 et 493 no 5683; Petit, Charles de Valois, p. 123, 236-237.
  3. Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, Dijon, Antoine de Fay, tome 2, 1741, preuves, no CLXV, p. CIX-CXI. [lire en ligne].
  4. Viard 1930, p. 309-310.
  5. Vallée-Karcher 1980, p. 94, 96.
  6. Amédée Hellot (éditeur scientifique), Chronique parisienne anonyme du XIVe siècle, Nogent-le-Rotrou, Impr. de Daupeley-Gouverneur, (BNF 33301352, lire en ligne), p. 154, no 147.
  7. Petit, Histoire des ducs de Bourgogne, tome IX, p. 9.
  8. Gaude-Ferragu 2007, p. 26-27.
  9. « Les Rois maudits » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  10. Première édition : Myriam de Béarn et Gaston de Béarn, La Vie fabuleuse de Gaston Phoebus, t. I : Le Lion des Pyrénées, Paris, Del Luca, . Le roman fait ensuite l'objet de nombreuses rééditions dans les décennies 1960 à 1990, notamment en format poche, sous différents titres : Le Lion des Pyrénées, Gaston Phébus... Un extrait de la réédition de l'ouvrage par l'éditeur Mengès (1978) est disponible en ligne : Gallica - Numilog.
  11. Hervé Dumont, « La Guerre de Cent Ans (1339 à 1453) - Le désastre à Crécy et le siège de Calais (1347) », volume 2 : Moyen Âge et Renaissance, sur Encyclopédie du film historique [en ligne], (consulté le ).
  12. Photos de Claude Gensac dans le rôle de Jeanne de Bourgogne : Claude Gensac dans Gaston Phébus (1978), sur Claude Gensac [site web personnel], (consulté le ).
  13. Andrea H. Japp, La Malédiction de Gabrielle, vol. 1 : Le Fléau de Dieu, Paris, Flammarion, , 388 p. (ISBN 978-2-08-135364-0); Andrea H. Japp, La Malédiction de Gabrielle, vol. 2 : À l'ombre du diable, Paris, Flammarion, , 359 p. (ISBN 978-2-08-137522-2).
  14. France Richemond (scénariste), Michel Suro (illustrateur) et Dimitri Fogolin (coloriste), Jeanne, la mâle reine, t. 1 (bande dessinée), Paris, Delcourt, coll. « Les reines de sang », , 55 p. (ISBN 978-2-7560-4216-9, présentation en ligne).
  15. France Richemond (scénariste), Michel Suro (illustrateur) et Dimitri Fogolin (coloriste), Jeanne, la mâle reine, t. 2 (bande dessinée), Paris, Delcourt, coll. « Les reines de sang », , 55 p. (ISBN 978-2-413-00348-9, présentation en ligne).