Javier Marías

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Javier Marías
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Javier Marías en 2008.
Nom de naissance Javier Marías Franco
Naissance
Madrid (Espagne)
Décès (à 70 ans)
Madrid (Espagne)
Activité principale
Distinctions
Auteur
Langue d’écriture Castillan
Genres

Œuvres principales

Los enamoramientos

Javier Marías, né le à Madrid en Espagne et mort le dans la même ville, est un écrivain, traducteur, éditeur, cryptarque et journaliste espagnol. Il a traduit plusieurs ouvrages d'auteurs anglais. C'est un des auteurs espagnols les plus lus dans le monde.

En 2012, Marías reçoit le prix national de narration, mais le refuse par principe.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né en 1951 à Madrid au sein d'une famille d'intellectuels républicains[1], fils du philosophe et sociologue Julián Marías Aguilera (1914-2005) et du professeur et écrivain Dolores Franco Manera (1912-1977), Javier Marías est le neveu du cinéaste Jesús Franco[2] et le cousin du cinéaste Ricardo Franco (1949-1998). Quatrième de cinq garçons, Julian (1945-1949), Miguel (1947), Fernando (1949) et Álvaro (1953), il passe une partie de son enfance dans le nord-est des États-Unis, où son père, interdit d’enseigner dans les universités de l’Espagne franquiste pour cause de divergences idéologiques avec le franquisme et n'avoir pas prêté serment au caudillo[2], donne des conférences au Wellesley College[N 1], près de Boston dans le Massachusetts puis à l’université Yale dans le Connecticut. Il se met à écrire dès l’âge de onze ans : « pour continuer à lire ce que j'aimais[2] », dit-il.

De retour en Espagne, il obtient en 1968 son baccalauréat au Colegio Estudio, établissement prodiguant un enseignement libéral sur le modèle de la Institución Libre de Enseñanza. En octobre de la même année, il entre à l'Université Complutense de Madrid. En 1969, il gagne son argent de poche en travaillant sur des histoires de vampires pour les films de série B de son oncle Jesús Franco Manera[N 2]. Il participe aussi au scénario du premier film de son cousin Ricardo Franco Rubio.

En 1971, il publie son premier roman, Los dominios del lobo[N 3]. Son second roman, Travesía del horizonte, paraît l’année suivante. Diplômé en philosophie et lettres en 1973, il part travailler à Barcelone en tant que conseiller littéraire dans une maison d'édition. Il publie des nouvelles, écrit des articles sous différents noms d’emprunt pour divers journaux et revues, et traduit Thomas Hardy en 1974. Après la mort de sa mère le , il s’installe dans la maison familiale à Madrid.

En 1978, il sort son troisième roman, El monarca del tiempo, et publie des anthologies, ainsi qu'une traduction remarquée du Tristram Shandy de Laurence Sterne, couronnée par le Grand prix national de la traduction en 1979[2]. Cette année-là, il écrit ses premières chroniques pour le journal El País. Il traduit des poèmes de Robert Louis Stevenson en 1980 et Le Miroir de la mer de Joseph Conrad l’année suivante. El Siglo, son quatrième roman, paraît en 1982.

En , il part enseigner la littérature espagnole à l’université d'Oxford[2]. Un an après, Javier Marías retourne au Wellesley College pour enseigner et faire des conférences. Au printemps 1985, il est de retour à Oxford où il occupe une chaire jusqu’en 1988. De cette période est issu en 1989 Todas las almas (traduit en français sous le titre Le Roman d'Oxford), un de ses premiers succès internationaux[3].

Il part ensuite vivre à Venise où il termine son cinquième roman, L'Homme sentimental (El hombre sentimental), qui, aussitôt paru, connaît le succès et reçoit le prix Herralde du roman en 1986. Il est traduit en France et en Allemagne. Le succès se confirme en 1992 avec Un cœur si blanc (Corazón tan blanco) — qui obtiendra le prix littéraire international IMPAC de Dublin en 1997 — et, en 1994, avec Demain dans la bataille pense à moi (Mañana en la batalla piensa en mí) pour lequel il obtient le prix Femina étranger en 1996. En 1995, il rompt avec son éditeur Jorge Herralde. Il se consacre à d’autres traductions, dont celles d'œuvres de William Faulkner (1997) et de Vladimir Nabokov (1999).

Javier Marías collabore avec la revue El País semanal et y publie des chroniques. Il s'installe depuis lors au cœur de la ville de Madrid. Il est devenu l’un des auteurs de langue espagnole les plus lus : ses œuvres ont été traduites dans 40 langues et publiées dans 60 pays[3].

Le , il devient membre de l'Académie royale espagnole[4],[N 4].

En 2012, Marías reçoit le prix national de narration, mais le refuse, car il décline par principe tout prix à caractère officiel ou institutionnel remis par l'État espagnol[5],[6],[7].

Après plusieurs semaines d'hospitalisation, il meurt le à Madrid des suites d'une pneumonie liée à la Covid[7],[8].

Engagements politiques[modifier | modifier le code]

En 1999, Javier Marias fait partie des signataires de l'appel du Parlement international des auteurs concernant la disparition d'intellectuels au Kosovo. Le , il participe avec d'autres intellectuels espagnols à la marche contre le terrorisme organisée à Saint-Sébastien[réf. souhaitée]. Javier Marías a publié simultanément une tribune dans le New York Times, La Repubblica et le Frankfurter Algemeine Zeitung où il réagit aux attentats du à Madrid[réf. souhaitée].

Depuis 1999, il possède sa propre maison d'édition, Reino de Redonda (Royaume de Redonda)[N 5].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Sélection parmi ses œuvres[9].

Trilogie romanesque Ton visage demain (Tu rostro mañana[N 6])[modifier | modifier le code]

  1. Fiebre y lanza (2002)
    Fièvre et Lance, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2004, 414 p. (ISBN 2-07-071344-X)
  2. Baile y sueño (2004)
    Danse et Rêve, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2007, 360 p. (ISBN 978-2-07-077558-3)
  3. Veneno y sombra y adiós (2007)
    Poison et Ombre et Adieu, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 618 p . 2010 (ISBN 978-2-07-012567-8)

Romans[modifier | modifier le code]

  • Los dominios del lobo (1971)
  • Travesía del horizonte (1973)
  • El monarca del tiempo (1978)
  • El siglo (1983)
  • El hombre sentimental (1986)
    L'Homme sentimental, traduit par Laure Bataillon, Paris/Marseille, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1988, 175 p. (ISBN 2-86930-178-2) ; réédition, Paris/Marseille, Rivages, coll. « Bibliothèque étrangère Rivages » no 24, 1990, 171 p. (ISBN 2-86930-373-4) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 4402, 2006, 208 p. (ISBN 2-07-031811-7)
  • Todas las almas (1989)
    Le Roman d'Oxford, traduit par Anne-Marie et Alain Keruzoré, Paris, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1989, 244 p. (ISBN 2-86930-266-5) ; réédition, Paris, Rivages, coll. « Rivages poche. Bibliothèque étrangère » no 114, 1994, 239 p. (ISBN 2-86930-736-5) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 4401, 2006, 329 p. (ISBN 2-07-031812-5)
  • Corazón tan blanco[N 7] (1992)
    Un cœur si blanc, traduit par Anne-Marie et Alain Keruzoré, Paris, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1993, 280 p. (ISBN 2-86930-690-3) ; réédition, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages poche. Bibliothèque étrangère » no 186, 1996, 361 p. (ISBN 2-7436-0056-X) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 4720, 2008, 392 p. (ISBN 978-2-07-034489-5)
  • Mañana en la batalla piensa en mí[N 8] (1994)
    Demain dans la bataille pense à moi, traduit par Alain Keruzoré, Paris, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1996, 350 p. (ISBN 2-7436-0052-7) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 5006, 2009, 451 p. (ISBN 978-2-07-039685-6)
  • Negra espalda del tiempo (1998)
    Dans le dos noir du temps, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Payot & Rivages, coll. « de littérature étrangère », 2000, 342 p. (ISBN 2-7436-0645-2) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 6237, 2016, 425 p. (ISBN 978-2-07-077697-9)
  • Los enamoramientos (2011)
    Comme les amours, traduit par Anne-Marie Geninet, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2013, 372 p. (ISBN 978-2-07-013873-9) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 6236, 2016, 420 p. (ISBN 978-2-07-046238-4)
  • Así empieza lo malo (2014)
    Si rude soit le début, traduit par Marie-Odile Fortier-Masek, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2017, 575 p. (ISBN 978-2-07-017821-6) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2019 (ISBN 978-2-07-282523-1)
    [10]
  • Berta Isla (2017)
    Berta Isla, traduit par Marie-Odile Fortier-Masek, Paris, Gallimard, coll. « Du monde entier », 2019, 592 p. (ISBN 978-2-07-278797-3)
  • Tomás Nevinson (2021)

Nouvelles[modifier | modifier le code]

  • Mientras ellas duermen (1990) - anthologie de dix nouvelles écrites entre 1975 et 1990
    Ce que dit le majordome, Paris, Rivages, traduit par Anne-Marie et Alain Keruzoré, Paris, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1991, 176 p. (ISBN 2-86930-421-8) ; réédition, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages poche. Bibliothèque étrangère » no 237, 1998, 175 p. (ISBN 2-7436-0312-7) ; réédition, Paris, Gallimard, coll. « Folio » no 4644, 2007, 263 p. (ISBN 978-2-07-034490-1)
  • Cuando fui mortal (1996) - anthologie de dix nouvelles écrites entre 1991 et 1995
    Quand j'étais mortel, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Payot & Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1998, 188 p. (ISBN 2-7436-0307-0) ; réédition, Paris, Payot & Rivages, coll. « Rivages poche. Bibliothèque étrangère » no 2957, 2000, 221 p. (ISBN 2-7436-0607-X)
  • Mala indole (1998)
  • Mala Indole. Cuentos aceptados y aceptables (2012) - anthologie augmentée contenant trente nouvelles
    Mauvaise Nature, traduit par Anne-Marie Geninet, Alain Keruzoré, Charlotte Lemoine et Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Gallimard, coll. « Folio », 2019 (ISBN 978-2-07-077709-9)

Essais et articles[modifier | modifier le code]

  • Cuentos únicos (1989)
  • Vidas escritas (1992)
    Vies écrites, traduit par Alain Keruzoré, Paris, Rivages, coll. « de littérature étrangère », 1997, 149 p. (ISBN 2-7436-0053-5) ; réédition dans une version augmentée, Paris, Gallimard, coll. « Arcades », 2019 (ISBN 978-2-07-017925-1)
  • Literatura y fantasma (1993) - édition augmentée en 2001
    Publié en français sous le titre Littérature et Fantôme, traduit par Jean-Marie Saint-Lu, Paris, Gallimard, coll. « Arcades » no 97, 2009 (ISBN 978-2-07-078426-4)
  • Vida del fantasma (1995) - édition augmentée en 2001
  • El hombre que parecía no querer nada (1996)
  • Miramientos (1997)
  • Salvajes y sentimentales. Letras de fútbol (2000) - édition augmentée en 2010
  • Donde todo ha sucedido. Al salir del cine (2005)
  • Aquella mitad de mi tiempo. Al mirar atrás (2008)
  • Faulkner y Nabokov: dos maestros (2009)
  • Los villanos de la nación. Letras de política y sociedad (2010)
  • Lección pasada de moda. Letras de lengua (2012)
  • El Quijote de Wellesley: Notas para un curso en 1984 (2016)
  • No tienen suerte, El Pais,

Littérature d'enfance et de jeunesse[modifier | modifier le code]

  • Ven a buscarme (2011)

Prix et distinctions[modifier | modifier le code]

Prix Reino de Redonda[modifier | modifier le code]

  • Le , Javier Marías devient roi d’un îlot des Caraïbes ; le monarque du royaume de Redonda, Juan II (l’écrivain John Wynne-Tyson) vient d’abdiquer en sa faveur[N 10]. C’est un titre qui se transmet dans la sphère des lettres pour perpétuer l’héritage littéraire des rois précédents : Felipe I (Matthew Phipps Shiel) et Juan I (John Gawsworth[N 11]). Javier Marías accepte de perpétuer la légende et prend le nom de Xavier I.

Dans le but de défendre ce legs, il crée sa propre maison d’édition, Reino de Redonda (Royaume de Redonda) — spécialisée dans la littérature fantastique.

Depuis 2001, le prix Reino de Redonda — doté de 6 500 euros — distingue l'œuvre d’un auteur ou d’un cinéaste étranger :

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La famille vit dans la maison du poète Jorge Guillén et a comme voisin l’écrivain russe Vladimir Nabokov qui donne aussi des conférences dans ce même collège.
  2. Il joue même un espion chinois dans un de ses films, Fu-Manchú y el beso de la muerte avec Christopher Lee.
  3. Dédié à son maître à penser, l’écrivain Juan Benet.
  4. Son père, mort le , était membre de cette Académie depuis 1964.
  5. Il fait ses débuts en tant qu'éditeur avec une anthologie de contes fantastiques de M. P. Shiel, premier roi de Redonda et précurseur des récits de science-fiction.
  6. Sur le thème de la trahison pendant la période de la Guerre civile espagnole.
  7. Citation de Shakespeare extraite de Macbeth.
  8. Citation de Shakespeare, extraite de Richard III.
  9. IMPAC est une société américaine spécialisée en management et productivité.
  10. C’est un an plus tard, qu’il révèle, sur un ton ludique, comment il devint roi, dans son roman Dans le dos noir du temps (Negra espalda del tiempo).
  11. Dans un article paru le dans le quotidien El País et intitulé L'Homme qui a pu être roi (en référence à Rudyard Kipling), Marías révélait son intérêt pour le curieux destin de cet obscur auteur anglais, John Gawsworth. Il en a fait un personnage de son roman Le Roman d’Oxford (Todas las almas), paru en 1989 et le sujet d’Un épigramme de loyauté, dans son recueil de nouvelles, Ce que dit le majordome (Mientras ellas duermen), paru en 1990.

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Mort de Javier Marías, un grand d'Espagne », Les Échos,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d et e Michel Braudeau, « Javier Marias, grand d'Espagne », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Mathieu Lindon, « L’écrivain espagnol Javier Marías est mort », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. « Marías Javier (1951-2022) », sur Encyclopædia Universalis
  5. (es) W. Manrique Sabogal, « Javier Marías rechaza el Nacional de Narrativa por Los enamoramientos », El País,‎ (lire en ligne).
  6. (es) T. Koch / W. Manrique Sabogal, « Marías : " Si hubiera estado el PSOE en el poder habría hecho lo mismo " », El País,‎ (lire en ligne).
  7. a et b (en) Sam Jones, « Spanish novelist Javier Marías dies at home in Madrid aged 70 », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  8. « L’écrivain espagnol Javier Marias est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. (es) « 3008 títulos para "Javier Marias" », sur Todos tus libros (consulté le )
  10. Florence Noiville, « Javier Marías, une lueur dans les ténèbres », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]

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