Une barque sur l'océan (Ravel)

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Une barque sur l'océan
Image illustrative de l’article Une barque sur l'océan (Ravel)
Dessin (qui appartenait au compositeur) de D. Arguyrelly inspiré par l’œuvre de Ravel.

Genre Pièce pour piano ou orchestre
Nb. de mouvements 1
Musique Maurice Ravel
Durée approximative min 30 s
Dates de composition 1904-1905
Dédicataire Paul Sordes
Création
Salle Érard, Paris
Drapeau de la France France
Interprètes Ricardo Viñes
Fichier audio
Une barque sur l'océan
noicon
interprété au piano par Olena Haviuk-Sheremet (2014)

Une barque sur l'océan est la troisième pièce des Miroirs pour piano de Maurice Ravel, composés en 1904-1905 et publiés en 1906. L’œuvre est aussi et indépendamment connue dans sa version pour orchestre, régulièrement donnée en concert.

Présentation[modifier | modifier le code]

Comme œuvre intégrée aux Miroirs, Une barque sur l'océan est composée en 1904-1905 et créée avec les autres pièces du cahier le par le pianiste Ricardo Viñes à la salle Érard, lors d'un concert de la Société nationale de musique[1],[2].

Maurice Ravel en réalise une orchestration l'année même, créée pour sa part le par l'Orchestre Colonne dirigé par Gabriel Pierné, au théâtre du Châtelet[3],[4]. Peu goûtée à la première audition, cette version est délaissée du vivant du compositeur, avant de gagner progressivement les faveurs des salles de concert, où elle est désormais très régulièrement donnée comme œuvre autonome[note 1], avec succès puisque figurant parmi les compositions les plus jouées de Ravel[5].

À l'instar des autres pièces des Miroirs, Une barque sur l'océan est dédiée à un membre des Apaches, ici le peintre Paul Sordes[1],[6].

D'une durée moyenne d'exécution de sept minutes trente environ[4],[7], l’œuvre est publiée par E. Demets en 1906 et porte le numéro M.43 no 3 dans le catalogue du compositeur établi par le musicologue Marcel Marnat[8]. La version orchestrale est publiée de façon posthume, par Eschig, en 1950[9].

Analyse[modifier | modifier le code]

Manuscrit avec annotations autographes ayant servi à la gravure.

Une barque sur l'océan est en fa dièse mineur, noté d'un rythme souple[10]. Cette pièce se caractérise par des arpèges fluides et aqueux de toutes formes. La structure des mesures elle-même varie beaucoup : la pièce comporte 36 changements d'indication de mesure pour 140 mesures au total. Une structure particulièrement intéressante se retrouve au début et à la fin de la pièce, avec une double indication de mesure 6/8 et 2/4 (ne pas lire 62/84 sur la partition). Notons que si cette notation double signifie usuellement en solfège une alternance entre les deux indications dans les mesures concernées, elle vise uniquement ici à indiquer le caractère mixte de ces mesures, qui sont alors considérées à la fois comme binaires (quatre croches par mesure) et ternaires (six croches par mesure) ; ni le rythme binaire ni le ternaire ne peuvent donc être considérés comme une division artificielle, étant à eux deux une division naturelle.

L'exécution de cette pièce demande une agilité et une fluidité expertes. Les multiples divisions irrégulières, souvent non annoncées, ajoutent de nombreuses difficultés polyrythmiques à l'étude de cette pièce.

Ce « poème de la houle et de l'écume », comme le qualifie Guy Sacre, est « le plus étendu, le plus ouvertement debussyste de la série des Miroirs »[11].

Le décor maritime est planté, « miroitant, tour à tour indolent et soulevé de puissantes houles », et musicalement constitué de « vastes arpèges, trilles aigus, thèmes épars, un rythme souplement balancé et fortement pédalisé »[6].

De l'avis de Vladimir Jankélévitch, c'est un « éloge des arpèges : la ruisselante barcarolle, avec ses accords brisés sur lesquels flottent quintes, quartes et secondes, évoque la grande berceuse de l'océan et l'ondulation d'une barque qui monte et redescend dans les vallées liquides »[12].

Version orchestrale[modifier | modifier le code]

L'orchestration de Ravel demande de « larges effectifs ; se déployant avec sensibilité, [elle] s’ouvre sur les sonorités des bois au-dessus des arpèges des cordes divisées avec sourdines, évoquant [...] les ondes d’une mer paisible[13] ».

L'instrumentation requiert :

Instrumentation d'Une barque sur l'océan
Bois
1 piccolo (jouant flûte), 2 flûtes (dont 1 jouant aussi piccolo), 2 hautbois, 1 cor anglais,

2 clarinettes, 1 clarinette basse, 2 bassons

Cuivres
4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, 1 tuba
Percussions
timbales, triangle, cymbales, grosse caisse, gong, jeu de timbres
Claviers / cordes pincées
célesta, 2 harpes
Cordes
premiers violons, seconds violons, altos,
violoncelles, contrebasses

Discographie[modifier | modifier le code]

Version pour piano[modifier | modifier le code]

Version pour orchestre[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Éditions[modifier | modifier le code]

Ouvrages généraux[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

Écrits[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. À l'instar d'une autre pièce des Miroirs, l'Alborada del gracioso.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Sacre 1998, p. 2214.
  2. Duchesneau 1997, p. 266.
  3. Manuel Cornejo, Chronologie Maurice Ravel, 2018
  4. a et b Parouty 1996, p. 619.
  5. Jost 2017, p. V.
  6. a et b Tranchefort 1987, p. 603.
  7. (en) « Une barque sur l'océan, for… | Details », sur AllMusic (consulté le )
  8. « Maurice Ravel - Oeuvres », sur www.musiqueorguequebec.ca (consulté le )
  9. Maurice Ravel, « Une barque sur l'océan », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  10. « Miroirs (Ravel, Maurice) », sur IMSLP (consulté le )
  11. Sacre 1998, p. 2215.
  12. Jankélévitch 2018, p. 48.
  13. a et b Keith Anderson, « RAVEL, M.: Orchestral Works, Vol. 4 - Daphnis et Chloé / Une barque sur l'océan (Spirito, Lyon National Orchestra, Slatkin) », sur www.naxos.com (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]