Sur l'herbe (Ravel)

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Sur l’herbe
(M 53)
Genre Mélodie
Musique Maurice Ravel
Texte Paul Verlaine
Langue originale Français
Effectif chant et piano
Dates de composition 1907
Création
Lezezirkel de Zurich
Interprètes Hélène Luquiens

Sur l’herbe est une mélodie de Maurice Ravel, pour chant et piano, sur un poème de Paul Verlaine, composée en 1907.

Présentation[modifier | modifier le code]

La mélodie Sur l’herbe sur un poème de Paul Verlaine, extrait de son recueil Fêtes galantes (1869), a été achevée de composer par Maurice Ravel le [1], soit deux jours avant un « Festival Maurice Ravel-Florent Schmitt » organisé au Havre par G. Jean-Aubry avec le concours de Maurice Ravel et de la chanteuse Hélène Luquiens.

Elle a été créée le au Lezezirkel (Cercle des lecteurs) de Zurich par la chanteuse Hélène Luquiens et par un pianiste non identifié, lors d’une conférence musicale de G. Jean-Aubry sur « Verlaine et la musique contemporaine »[2]. Par erreur, il est parfois indiqué que cette création a eu lieu à Paris le [3], date qui correspond à la première audition parisienne de la mélodie par Jane Bathori au chant et Maurice Ravel au piano ; la mélodie fut même bissée lors de cette première parisienne. À une date proche mais postérieure à celle de la création, fin octobre 1907 ou début novembre 1907, Hélène Luquiens a donné une seconde audition de Sur l’herbe à Genève. L’accueil de la mélodie en Suisse semble avoir été réservé, d’après une allusion de Maurice Ravel dans une lettre du 12 novembre 1907 à G. Jean-Aubry :

« Mlle Luquiens me demande le titre de la mélodie qu’elle devra chanter à Londres. Sur l’herbe a effaré Zurich et Genève, paraît-il[4]. »

La mélodie a une durée moyenne d'exécution d'un peu plus de deux minutes[5].

La mélodie a paru aux éditions Durand dès 1907 et, chez le même éditeur, en 1909, dans le recueil Douze chants avec accompagnement de piano de Maurice Ravel.

Dans le catalogue des œuvres du compositeur établi par Marcel Marnat, la pièce porte le numéro « 64. (O.53) »[6].

Analyse[modifier | modifier le code]

Concernant l’interprétation de sa mélodie, Maurice Ravel donnait, dans une lettre du 9 septembre 1907 à G. Jean-Aubry, organisateur des conférences musicales sur Verlaine et la musique en Suisse de l’automne 1907, le conseil suivant à la chanteuse Hélène Luquiens chargée de la création :

« Sur l’herbe vient de paraître... les mouvements et les nuances sont très soigneusement marqués. Il faut, dans cette pièce, comme dans les Histoires naturelles, donner l’impression que l’on ne chante presque pas. Un peu de préciosité s’y impose. Le texte et la musique l’indiquent, d’ailleurs[7]. »

Plusieurs études sur les œuvres vocales de Maurice Ravel passent cette mélodie sous silence[8]. Arthur Hoérée considère que cette mélodie :

« illustre, avec un rare entendement de son esprit, l’exquise mosaïque de Verlaine et transpose fidèlement les divagations de l’abbé qui apprécie trop le vin de Chypre. Un mouvement de menuet — qui sait, à l’occasion, se muer en valse lascive — assure l’unité rythmique aux images fuyantes du poète, et en suggère à souhait la galanterie musquée du dix-huitième siècle[9]. »

Jean Roy considère que cette mélodie est « l’un des chefs-d’œuvre de Ravel »[10]. Il le justifie ainsi :

« C’est un poème de Verlaine léger et frivole comme des personnages de Watteau. Entre menuet et valse, avec de nombreux changements de tempo, Sur l’herbe montre la virtuosité de Ravel dans la traduction musicale d’un texte. Le sourire malicieux du musicien accompagne la prouesse[10]. »

Discographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Écrits de Maurice Ravel[modifier | modifier le code]

Monographies[modifier | modifier le code]

Articles et chapitres de livres[modifier | modifier le code]

  • G. Jean-Aubry, « Paul Verlaine et les musiciens », in La musique française d’aujourd’hui, Paris, Perrin, 1916 (2e édition), p. 236-252.
    Maurice Ravel est simplement cité dans une liste de compositeurs, p. 252-253
  • Arthur Hoérée, « Les mélodies et l’œuvre lyrique », La Revue musicale, no 6,‎ , p. 47-64
    Article paru dans un numéro spécial Maurice Ravel à l'occasion du cinquantième anniversaire du compositeur le 7 mars 1925, passage concernant Sur l’herbe, p. 54-55
  • René Chalupt, « Maurice Ravel et les prétextes littéraires de sa musique », La Revue musicale, no 6,‎ , p. 65-74 (lire en ligne, consulté le )
  • Jean Roy, « Les mélodies de Maurice Ravel », Musical. Revue du Théâtre Musical de Paris-Châtelet, no 4,‎ , p. 97-103

Références[modifier | modifier le code]

  1. Manuel Cornejo, Chronologie Maurice Ravel, 2018-2021
  2. Cornejo 2018, p. 35, 157.
  3. Marnat 1986, p. 208, 749.
  4. Cornejo 2018, p. 172.
  5. (en) « Sur l'herbe, for voice & piano, M. | Details », sur AllMusic (consulté le )
  6. Marnat 1986, p. 749.
  7. Cornejo 2018, p. 166.
  8. Marie-Claire Beltrando-Patier, « Maurice Ravel », in Guide de la mélodie française et du lied, Paris, Fayard, 1994, p. 522-534
  9. Hoérée 1925, p. 54-55.
  10. a et b Roy 1987, p. 103.

Liens externes[modifier | modifier le code]