Paul Saint-Guily

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Paul Saint-Guily
Paul Saint-Guily

Nom de naissance Paul Marie Saint-Guily
Naissance
Nœux-les-Mines
Décès (à 79 ans)
Biot
Origine Français
Allégeance France
Arme Marine
Grade Capitaine de frégate
Années de service 19241946 (démission)
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Opération Vado (1940), Prise du Ministère de la Marine (1945)
Distinctions Officier de l'Ordre national de la Légion d'honneur

Chevalier de l'Ordre royal du Cambodge

Chevalier de l'Ordre du Dragon d'Annam (par l'Empereur d'Annam)

Croix de guerre (2)

Autres fonctions Directeur Générale en Afrique des Messageries Africaines, Administrateur de la Société Commerciale des Transports
Famille Jacqueline FELICI (première épouse), Bernadette BOISSARIE (seconde épouse).

Paul Saint-Guily est un officier supérieur de la marine nationale française né le à Nœux-les-Mines et décédé le à Biot. Il fut résistant de la première heure et contribua aux bombardements stratégiques alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Enfance

Septième d'une famille de onze enfants, Paul à 8 ans quand la Première Guerre mondiale éclate et que son père ainsi que l'un de ses frères partent au front. Son père, Sylla Saint-Guily, est diplômé de la Faculté des Sciences de Paris (le 16 juillet 1888) et diplômé ingénieur spécialité de constructeur de l'École Centrale de Paris (le 8 août 1892). Il sera chef du service commercial puis directeur de la Compagnie des mines de Vicoigne, de Nœux et Drocourt. Il est mobilisé dans le 15e régiment d'artillerie en 1914 puis au 12e régiment d'artillerie. Il devient chevalier de la Légion d'honneur le 29 décembre 1926 et est capitaine à la fin de la guerre. La mère de Paul, Élisabeth Bodin, est la première épouse de Sylla et la sœur de sa seconde épouse, Marguerite Bodin[1].

Jeunesse dans l'entre-deux-guerres

Paul Saint-Guily entre dans la Marine en 1924 et commence un cursus de 2 ans à l'École navale où il s'embarquera à bord du navire-école Jeanne d'Arc pour un tour du monde. En octobre 1926 il est promu enseigne de vaisseau de 2e classe à Toulon. Deux ans après il passe Enseigne de vaisseau 1re classe et est breveté chevalier de l'Ordre royal du Cambodge. En 1932 il devient lieutenant de vaisseau[2]. En 1934 il sert sur le Rigault de Genouilly, aviso colonial neuf mis en service en mars de cette même année[3]. En 1937 il est Capitaine de corvette et chevalier de la légion d'honneur. Il est Breveté Torpilleur et à pour port matriculaire Toulon. Il sert, sous les ordres du capitaine de vaisseau Auphan, au Poste 9 du croiseur-école Jeanne d'Arc (1931-1964) pendant l'année 1937-1938 (sur les photos faite à l'embarquement en 1937 à Brest il est encore Lieutenant de vaisseau ou alors il n'a pas encore son uniforme de capitaine de corvette). Pendant cette année sur le Jeanne d'Arc il visitera (ou revisitera) Djibouti, Port-Saïd, Saïgon, Bali, Tahiti, Sydney, Wellington, Port-Vila, Colón, Fort-de-France, Casablanca, etc[4]. Le 15 décembre 1937, Sa Majesté l'Empereur d'Annam confère à Paul Saint-Guily la décoration de chevalier de l'Ordre Impérial du Dragon d'Annam.

Pendant la guerre

Paul Saint-Guily à 33 ans quand la guerre éclate. En juin 1940 il participe à l'opération Vado en tant qu'aide de camp du vice-amiral Duplat. Il reçoit la Croix de guerre (citation à l'ordre de la division) pour sa bravoure au combat contre l'armée Allemande. Promu amiral en juillet 1940, Duplat est ensuite appelé en août de la même année à diriger la délégation française auprès de la Commission Italienne d'Armistice avec la France, à Turin ; Paul l'accompagnera, toujours en qualité d'officier d'ordonnance[5]. Dès l'armistice du 22 juin 1940 il décide de s'engager dans le renseignement pour la France libre. Il épousa en 1942 Jacqueline Marie Madeleine Félici, la future écrivaine Jacqueline Saveria. En décembre 1942 il rentre comme chef de service à l'office centrale de répartition des produits industriels, un service qui dépend du Ministère de la Production Industrielle de Vichy. Ce n'est en réalité qu'une couverture pour cacher ses activités de résistant. Le 12 février 1943 il obtient des faux papiers qui lui permettent de se faire passer pour "Sauret Pierre Bertrand, employé de commerce, né le 17 juillet 1903 à Bône (Algérie)", couverture pratique puisque invérifiable (l'Algérie ayant été libérée en 1942). Parallèlement, il travaille à partir du 1er février 1943 comme secrétaire général adjoint d'une société industrielle ("La Bakelite"), sous son vrai nom. Malheureusement tout se complique pour lui quand les Allemands se mettent sur ses traces : ses contacts qui lui permettaient de passer des informations en Suisse sont assassinés et sa première femme, Jacqueline Saveria, envoyée en camp de concentration à Ravensbrück (elle en reviendra à la fin de la guerre). Dévasté par la déportation de sa femme, il songe à se rendre en échange de sa libération ; on l'en dissuade. Fin mars 1945 (donc plus de deux mois avant le débarquement de Normandie), il reçoit en temps qu'officier des forces françaises de l'intérieur (FFI) un ordre de mission permanent du général (futur maréchal) de Lattre de Tassigny qui lui donne tout pouvoir dans les territoires contrôlés par la France Libre. Lors de la libération de Paris, il est chargé de s'emparer des bâtiments du Ministère de la Marine (prise de l’hôtel Rothschild, ex-hôtel Talleyrand). Il organise ainsi des "décades", groupes de dix officiers chargés de mener à bien cette opération, qui sera un succès[6]. En 1945, à la libération, il reçoit une seconde Croix de guerre et est élevé au rang d'officier de la Légion d'honneur[7].

L'après guerre

A la fin de la guerre, sa femme est libérée par les Russes. Il parvient à la retrouver par l'intermédiaire de l'ambassade de France en Russie et est informé de son rapatriement à Marseille ainsi que de sa bonne santé, mais celle-ci ayant entre temps rencontré le jeune diplomate Francis Huré, le couple divorce. Victime au même titre que sa femme du régime nazi, il rejoint dans l'après guerre l'Association Nationale des Victimes de l'Allemagne et de Vichy.

Après la guerre, Paul Saint-Guily est contacté par Charles de Gaulle par l'intermédiaire de Roger Frey, l'un des "barons du gaullisme". Celui-ci lui demande de témoigner contre son ancien supérieur, le contre-amiral Auphan et lui promet un avancement rapide. Paul décline l'offre. Menacé par Roger Frey d'avoir son avancement bloqué, il lache un "merde" et démissionne de l'armée en 1946[8]. Il devient ensuite Directeur Général en Afrique des Messageries Africaines (à Bamako) puis membre du conseil d'administration de la Société commerciale des transports (SCTR)[9].

Le 14 mai 1957 il épousa en secondes noces à Neuilly-sur-Seine Bernadette Boissarie (1921-1986), fille de feu Joseph Boissarie (1869-1943), directeur de compagnie d'assurance, ancien officier de marine et officier de la Légion d'honneur, et de Marie-Thérèse de Kesling de Berg (1888-1978). Il aura avec elle une fille[10].

Références

  1. Essais de généalogie par Jean-Benoît Guillot
  2. Ecole Navale Tradition, Paul SAINT-GUILY: ecole.nav.traditions.free.fr/officiers_saintguily_paul.htm
  3. Alamer: Mémoire des Équipages des marines de guerre, commerce, pêche & plaisance de 1939 à 1945, Paul Marie Saint-Guily: http://alamer.fr/index.php?NIUpage=31&Param1=24925
  4. Netmarine, Croiseur-école Jeanne d'Arc: www.netmarine.net/bat/croiseur/jeannedarc/index.htm ; et Itinéraires des campagnes du croiseur Jeanne d'Arc: www.netmarine.net/bat/croiseur/jeannedarc/campagnes.htm
  5. Une Résistance Silencieuse : la délégation française auprès de la commission italienne d'armistice avec la France, par Romain H. Rainero : https://www.jstor.org/stable/42002477?seq=26&refreqid=excelsior%3A4132fa736ec068faceb6c2cc7a169428#page_scan_tab_contents
  6. Service historique de la Défense Département Marine (Inventaire Semi-analytique des Archives Orales, Sous-série GG9, Tome 2) : [1].
  7. Archives de la famille Saint-Guily (papiers d'identité, lettres, laisser passer, etc.), uniforme de Paul Saint-Guily (médailles, brassard FFI), etc.
  8. Témoignage de la famille Saint-Guily concernant la vie de Paul Saint-Guily
  9. Modifications internes de la banque Worms&Cie depuis 1959 à 1962: https://www.wormsetcie.com/fr/archives/1963/19630300de-roger-menneveeles-documents-de-laiiiarticle
  10. Essais de Généalogie par Paul ROUSSEAU: https://gw.geneanet.org/poson06_w?lang=en&p=paul&n=saint+guily&oc=0&pz=paul+marie+georges&nz=rousseau&ocz=0&type=tree