Guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien

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La guerre des mots dans le conflit israélo-palestinien est la guerre médiatique à laquelle se livrent les protagonistes du conflit israélo-palestinien ; ainsi que les militants et sympathisants pro-Israéliens et pro-Palestiniens autour des événements du Proche-Orient. Elle pèse particulièrement dans le conflit depuis la seconde Intifada[1],[2].

Le conflit israélo-palestinien et par extension le conflit israélo-arabe ont « toujours été une affaire de violence mais aussi une affaire de mots et une confrontation interminable entre des points de vue incompatibles »[1]. Depuis une dizaine d'années, les medias sont également devenus des acteurs majeurs des conflits internationaux[3]

Pour Denis Sieffert et al., « la bataille de l'image [et des mots] précède et accompagne celle des armes » et vise les opinions publiques, dont les empathies sont fortes et diversifiées. Ces dernières sont sujettes à la désinformation, manipulées et instrumentalisées par tous les gouvernements impliqués qui au vu des enjeux « doivent à tout instant avoir un discours sur ce qui se passe au Proche-Orient »[2]. Jérôme Bourdon estime que le développement de l'internet a provoqué une mobilisation populaire sans précédent dans cette bataille où les journalistes sont pris à partie et doivent « défendre leur travail [et] se justifier » face à des observateurs qui réagissent « avec passion [voire] avec fureur »[1].

Guerre des mots dans les médias et sur internet

La guerre médiatique autour du conflit israélo-palestinien présente une série de caractéristiques précises. Elle en partage certaines avec d'autres conflits médiatiques et d'autres lui sont spécifiques. On note également des différences et des correspondances entre le traitement du conflit dans le monde francophone et dans le monde anglo-saxon[4].

L'enjeu : l'appropriation du récit

Dans le contexte du conflit israélo-palestinien, les participants de la guerre (ou dispute) médiatique sont généralement des « militants engagés loin du conflit » et des « réalités du terrain ». Dans leurs controverses, les défaites et les victoires sont avant tout « symboliques et non militaires ». Chaque partie souhaite s'approprier le récit de manière à en « dévoiler la vérité » et éviter de voir altérée « l'image de l'objet soutenu ou aimé ». Cette caractéristique donne à la controverse un caractère interminable car ne pouvant déboucher sur aucune réelle victoire ou renoncement[5].

Cette situation a pour effet direct d'amplifier les controverses et de radicaliser les débats en présentant des positions tranchées, et simplistes, en ne laissant place qu'à deux camps, où « les voix de la nuance ne peuvent se faire entendre ». Chaque camp pratique l'« hyperjustification » de la cause qu'il défend et l'« hypercritique » de la cause adverse et accuse les journalistes de désinformation et parti-pris[5].

En France, parmi les ouvrages de référence fonctionnant sur le principe de dévoilement et de dénonciation du « vrai » et du « faux », on trouve par exemple côté pro-Palestinien l'ouvrage de Denis Sieffert et al., La Guerre israélienne de l'information. Désinformation et fausses symétries dans le conflit israélo-palestinien ou celui de Norman Finkelstein, Mythes et réalités du conflit israélo-palestinien. Dans le camp pro-Israélien, on trouve l'ouvrage de Mitchell Bard, Mythes et réalités des conflits du Proche-Orient, l'ouvrage collectif Le Conflit israélo-palestinien : les médias français sont-ils objectifs ?, publié par l'Observatoire du monde juif ou plus anciennement l'essai de Léon Poliakov, De Moscou à Beyrouth. Essai sur la désinformation[5].

Les cibles

En France, le journal Le Monde est celui qui stigmatise le plus les débats entre pro-Israéliens et pro-Palestiniens.

Dans les controverses, les médias sont souvent pris comme un ensemble accusé de parti-pris. Toutefois, certains d'entre eux sont ciblés de manière récurrente[6].

Ainsi, en France, Le Monde « irrite » une partie de son lectorat juif mais reste l'organe de presse le plus cité par les pro-Israéliens et les pro-Palestiniens ; Libération est sans doute plus pro-Palestinien mais est moins pris pour cible car il n'a pas le statut de « quotidien de référence » et l'Agence France-Presse est la cible des pro-Israéliens qui l'ont surnommée « Agence France Palestine ». Plusieurs pétitions ont même circulé contre elle. Dans le monde anglo-saxon, le Daily Telegraph, surnommé le « Daily Telavivgraph », et le New York Times sont catalogués pro-Israéliens tandis que le Guardian est décrit comme pro-Palestinien. Au niveau télévisuel, France 2 est devenu une cible privilégiée à la suite de son rôle dans l'affaire Mohammed al-Dura. La BBC est dénoncée pour son approche pro-palestinienne voire anti-israélienne, et les télévisions américaines sont perçues comme de parti-pris pro-Israélien[6].

Jérôme Bourdon se questionne quant à la légitimité de ces accusations. Les études comparatives publiées à ce jour n'en ont pas montré le fondement. Selon lui, ces accusations tiennent sans doute plus à la notoriété de ces médias et à la nature de leur lectorat. Il note que les médias ciblés ont un statut officiel ou semi-officiel, qui donne donc de l'importance à leur présentation des événements, et que les « [J]uifs[note 1] sont surreprésentés dans leur lectorat ». Il prend pour exemple le Guardian en Grande-Bretagne qui n'est pas plus, sinon moins, pro-Palestinien que l'Independant mais qui a une relation de longue date avec Israël (c'était un journal très engagé pour le sionisme au début du XXe siècle) et qui avait en conséquence un lectorat aux affinités pro-Israéliennes dont il a divorcé depuis[6].

Dans les controverses, les correspondants de presse sont également, soit mis en vedette, soit mis au pilori. Il en va ainsi de Charles Enderlin. Au cours des interviews menés dans son étude sur les médias dans le contexte du conflit, Jérôme Bourdon relate que quand il rappelait à ses interlocuteurs que Charles Enderlin était israélien depuis 1983 et qu'il avait travaillé avec l'armée israélienne, cet élément était pris à charge pour affirmer qu'il souffrait de la « haine de soi juive »[6].

« Champs de bataille »

Les vecteurs de la guerre médiatique autour du conflit israélo-palestinien sont les sites web, certaines émissions télévisuelles de débats, comme Arrêt sur images, les rubriques de courrier des lecteurs dont les tribunes libres, et les courriels de protestation[7]. Divers commentateurs et protagonistes se livrent également un combat par ouvrages interposés.

Internet

Selon Jérôme Bourdon, l'internet est devenu le vecteur principal de la guerre médiatique autour du conflit israélo-palestinien.

Parmi ceux-ci, l'internet a contribué à une mobilisation « sans précédents » dans la « mise en accusation des médias »[1]. De nombreux sites web se consacrent de manière très spécifique à la surveillance ou au monitoring des médias dans le contexte du conflit, comme Desinfos.com (pro-Israélien) ou Vigie Média Palestine (pro-Palestinien), ou de manière plus généraliste dans un contexte « communautaire », des sites comme Oumma.com ou le site du CRIF[7]. Bien que ne faisant pas partie des « grands médias », ils ont acquis leur notoriété et reconnaissance. Ils ont fait l'objet d'enquêtes en guise de réponse de la part des médias ciblés, comme Le Monde diplomatique et Le Monde qui ont répondu aux critiques formulées par certains de ces sites et publié des enquêtes à leur sujet[7]. De manière non exhaustive, on peut encore citer en langue française côté pro-Israélien : Dreuz.info [1], Metula News Agency[8], média-ratings... et côté pro-Palestinien : info-palestine.net, CAPJPO-EuroPalestine... En anglais et à vocation internationale, on peut citer côté pro-israélien : CAMERA, MEMRI, et côté pro-Palestinien : Electronic Intifada (en) ou Mideastfacts.org. Une liste plus détaillée a été établie par le chercheur Jean-François Legrain dans son Guide de Palestine-sur-Web[9].

Selon Jérôme Bourdon, certains sites sont ou étaient proches de la professionnalisation, comme Proche-orient.info fondé par Élisabeth Schemla et des journalistes « inquiets de l'image d'Israël dans les médias ». Ce dernier avait acquis sa notoriété en dénonçant les propos tenus en 2005 en Algérie par Dieudonné M'bala M'bala[7].

Le « conflit » s'est largement étendu sur le web. Les versions hébraïque et anglaise de l'encyclopédie en ligne Wikipédia sont ainsi visées par des groupes de pressions pro-Israéliens proches des colons pour mener ce qu'ils nomment la « bataille de wikipédia »[10]. Ces derniers ont organisé des cours dont « la stratégie et les objectifs (...) sont de former (...) une 'armée' d'éditeurs (...) en leur donnant les compétences professionnelles d'écrire et de modifier le contenu de l'encyclopédie en ligne, d'une manière qui défende et mette en valeur l'image d'Israël »[10], [11],[12]. D'autres supports virtuels, comme Facebook, YouTube et google.map ont également été visés par les JIDF (« Jewish Internet Defense Forces »), nommées ainsi par analogie avec les IDF : « Israel Defense Forces », nom de l'armée israélienne en anglais)[13].

Se déclarant consciente des « enjeux majeurs » représentés, l'armée israélienne a décidé de participer à la « bataille médiatique ». Le 8 septembre 2011, elle explique par la voix de son porte-parole « que grâce à l’explosion d’Internet et l’utilisation des téléphones portables et autres smartphones, n’importe qui peut devenir une source d’information et permettre à des informations erronées de se répandre » et que l'armée « a récemment lancé un département consacré au[x] nouveaux médias et à Internet notamment en charge d’une chaîne Youtube, d’un compte Twitter, d’un compte Flickr ainsi que d’une toute nouvelle page Facebook.»[14].

En juin 2014, le ministre de l'Éducation israélien, Shay Piron annonce un programme de formation professionnel à destination des enseignants. Le programme a pour but le développement de la Wikipédia en hébreu mais également, pour les étudiants maîtrisant des langues étrangères, de « contribuer à améliorer l’image d’Israël à l’étranger ». Le président de la fondation Wikimedia, Jan-Bart de Vreede s'est félicité de voir le système éducatif et le monde universitaire israéliens intégrer Wikipédia à leur programme[15].

En parallèle avec la dénonciation du discours des médias et la « réinformation », des actions plus agressives mais toujours virtuelles se sont développées visant le camp adverse. Depuis la seconde intifada, hackers israéliens et palestiniens se livrent dans le cyberespace à une guerre de spamming et de mise hors service ou de hacking, comme ce fut cas pour le site d’al-Manar (agence d'information du Hezbollah), de Wafa (l'agence de presse de l'Autorité palestinienne). Des sites officiels israéliens furent également pris pour cible[16]. Après le 11 septembre, des groupes sont apparus avec pour objectif annoncé la traque au « terrorisme islamiste ». L’Internet Haganah annonce ainsi avoir fait fermé par les fournisseurs d'accès plus de 450 « sites défenseurs du terrorisme »[16].

Ouvrages et publications

Dans la « guerre des mots » à laquelle se livrent commentateurs et analystes pro-Israéliens et pro-Palestiniens, chaque camp reproche à l'autre que la critique serait muselée.

En 2003, le politologue Pascal Boniface publie un ouvrage intitulé Est-il permis de critiquer Israël ?. Il y dénonce ce qu'il estime « l'impossibilité de critiquer le gouvernement [israélien] sans encourir les accusations les plus extravagantes et des mesures de rétorsion qui s'apparentent au terrorisme intellectuel ». Selon lui, « toute tentative de traiter du conflit du Proche-Orient selon des critères universels, non communautaires, est assimilée à une volonté de détruire Israël et à une position antisémite ». Il estime que par sa « violence verbale », cette situation accentue « les tendances communautaires qui travaillent la société française »[17]. En réaction, Armand Laferrère publie un article intitulé « Est-il permis de soutenir Israël ? » dans lequel il argumente qu'au contraire le critique d'Israël est permise voire exagérée et injuste et que son « soutien n’est pas le produit d’un 'réflexe communautaire', mais d’une solidarité de principes »[18]. L'année suivante, le journaliste Yves Azeroual publie un ouvrage intitulé A-t-on le droit de défendre Israël ? en réaction également à l'ouvrage de Pascal Boniface et où il compare Israël et le monde arabe[19].

Dans la littérature anglophone, les mêmes mécanismes ont lieu. En 2004, Alan Dershowitz publie un ouvrage intitulé The case for Israel dans lequel il critique ce qu'il juge être des mythes dont on accuse Israël tels qu'Israël serait un « État d'apartheid » ou encore « responsable du conflit israélo-arabe » et où il critique également Noam Chomsky. Michael Neumann (en) lui répond en 2005 en publiant The case against Israel dans lequel il critique de son côté ce qu'il juge être d'autres mythes comme l'idée que « les Palestiniens n'auraient jamais existé en tant que nation », qu'ils voudraient « jeter les Juifs à la mer », qu'ils seraient « opposés à tout compromis », que les « violences politiques » israélienne et palestinienne ne sont pas moralement comparables ou encore que « toute critique d'Israël serait de l'antisémitisme »[20].

Guerres de Gaza

Depuis l'évacuation des colons israéliens de la Bande de Gaza en 2005 puis sa prise de contrôle par le Hamas en 2006, la Bande de Gaza a fait l'objet de 4 conflits d'envergure avec Israël en 2008, 2011, 2012 et 2014. Ces confrontations ont été accompagnées d'une campagne de propagande de la part de l'armée israélienne et du Hamas ainsi que des commentateurs pro-Israéliens et pro-Palestiniens.

Selon les analystes, la dernière opération de juillet 2014 fait l'objet d'une guerre médiatique d'une « férocité sans précédent » dans laquelle « chaque camp utilise Twitter [comptes #GazaUnderAttack et #IsraelUnderFire][21],[22], Facebook et YouTube pour dénoncer l'autre, et pour présenter des compte-rendus qui sont au mieux partiaux et souvent manifestement déformés »[23], notamment avec des publications de vidéos ou d'images trafiquées[22]. Dans des tribunes indépendantes, les journalistes du New-York Times, du Guardian, et de la NRP (Radio Nationale Publique aux États-Unis) annoncent avoir reçu un « déluge » de plaintes de lecteurs tant pro-Israéliens que pro-Palestiniens relativement à leur couverture du conflit notamment relativement à leur « biais » en la matière[24].

Chaque camp espère gagner la sympathie internationale tout en jouant sur le moral du camp adverse. Israël se justifie de « défendre ses citoyens contre des attaques non provoquées tout en évitant de tuer des civils de l'autre camp » tandis que le Hamas « prend le monde à témoin du taux élevé de victimes civiles de l'assaut israélien contre Gaza »[25].

Selon Noura Erakat, les éléments centraux de la propagande portent sur la réalité ou non de la fin de l'occupation de Gaza depuis 2005, sur l'idée qu'Israël exercerait son « droit à l'auto-défense » en ne faisant que répondre aux tirs de roquettes du Hamas, sur le sort et l'usage des civils et sur l'idée que le Hamas utiliserait des écoles et des hôpitaux pour y dissimuler ses roquettes[26].

Selon les observateurs, l'asymétrie déjà présente dans les moyens conventionnels se retrouve également au niveau des ressources de champ camp dans la guerre médiatique[23]. L'armée israélienne dispose d'une unité dédiée de 40 personnes[21] ainsi que du soutien de 400 étudiants volontaires basés dans une salle dédiée installée dans le campus de Hertzliya (dénommée « Hasbara room »[22]) d'où ils gèrent 5 pages facebook ainsi qu'un site internet dans 21 langues[22],[23].

Dans un témoignage rapporté par Kate Shuttleworth, Chenli Pinchevskey, une étudiante de 22 ans participant au projet de Hasbara, explique que « chaque histoire a deux camps et que nous avons notre propre version à donner. Nous avons rencontré tant de mensonges, de discours de haine et de propagande, que nous avons eu le sentiment de devoir [agir] ». Elle estime que le groupe ne se livre pas à de la propagande mais qu'il exprime son ressenti et celui de ses concitoyens israéliens au monde. Ali Abunimah, le fondateur de site Electronic Intifada a de son côté déclaré être surpris de la franchise avec laquelle des étudiants s'identifient avec leur gouvernement pour justifier l'utilisation de la force à Gaza[22].

Les arguments

Un scénario figé

Selon l'étude réalisée par Jérôme Bourdon, les arguments avancés par les parties dans les controverses sont récurrents et s'échangent avec « violence et monotonie » en suivant un scénario qui semble figé : chaque argument ou accusation provoquant une réponse ou une réaction prévisibles. Il se questionne sur la « liberté de penser » des protagonistes[27]. Il recense les sujets (ou scenarii) suivants :

  • la dénonciation d'erreurs, qui est le fait plus généralement des pro-Israéliens que des pro-Palestiniens ;
  • la condamnation d'une surcouverture médiatique du conflit par les pro-Israéliens alors qu'il existe de nombreux autres plus meurtriers ; ce à quoi les pro-Palestiniens répondent que la « souffrance palestinienne » et l'« agressivité israélienne » ne sont au contraire pas assez couverts et auxquels les pro-Israéliens répondent que si un point est sous-représenté, c'est la « corruption » et le « fanatisme » des Palestiniens ;
  • des questions de « symétrie » et d'« asymétrie » tant dans la manière dont les événements sont présentés, que dans la réalité des situations respectives. Les pro-Israéliens soulignent qu'Israël est confronté au monde arabe tandis que les pro-Palestiniens mettent en avant la faiblesse des Palestiniens face à la puissance militaire israélienne. Dans leurs justifications, les pro-Israéliens vont parfois jusqu'à nier l'existence même du peuple palestinien ;
  • les controverses sur les dénominations, qui sont un sujet classique et qui sont perçues comme à elles seules glorifiant ou condamnant une action ou un fait ;
  • le rejet des tentatives d'explication car elles sont assimilées à des tentatives de justification selon l'idée que « comprendre [serait] pardonner » ;
  • l'usage de comparaisons ou de métaphores, qui sont en général mal vécues côté pro-Israélien, comme avec la guerre d'Algérie, le colonialisme, l'apartheid ou le nazisme (bien que ce dernier point ne soit pas jugé pertinent par l'ensemble des pro-Palestiniens). Les pro-Israéliens avancent généralement la « particularité du conflit » et les pro-Palestiniens le « principe universel de justice »[27].

Plusieurs de ces argumentations sont détaillées dans les sections suivantes et illustrées par des exemples.

Surmédiatisation ?

Un des arguments récurrents des protagonistes pro-Israéliens de la guerre médiatique est que le conflit israélo-palestinien est surmédiatisé par rapport à tous les autres conflits. Ils y voient une volonté de donner l'image qu'« il y aurait un épicentre du mal sur terre : Israël »[28]. Les pro-Palestiniens répondent que la surmédiatisation prouve l'« universalité de la cause palestinienne » dont la défense permet d'évaluer le degré de « dignité et de responsabilité » des politiciens[28].

Les études réalisées pour mesurer la couverture du conflit dans les médias confirment que ce dernier jouit d'une couverture nettement supérieure aux autres. Les journalistes justifient cet état de fait en argumentant que la région est un centre d'intérêts religieux et géopolitique. Jérusalem est un lieu saint dans les trois religions monothéistes et le Moyen-Orient renferme la plus grande réserve de pétrole du monde. Depuis l'émergence du « terrorisme islamiste mondialisé », l'enlisement du conflit israélo-palestinien est également mis en avant comme une cause possible de « rancœur arabe/islamique contre l'occident »[28].

Le choix des dénominations

Affiche présentant un « combattant » (ou « terroriste ») du Hamas brandissant une photo du « prisonnier » (ou de l'« otage ») Guilad Shalit en comparant son sort à celui des prisonniers palestiniens.

Les controverses tirent généralement à l'extrême le principe que « tout fait de langue est empreint de subjectivité. » Dans la guerre des mots autour du conflit israélo-palestinien de nombreux exemples illustrent la problématique[29].

Terroriste - kamikaze - militant armé - activiste - résistant - combattant de la liberté ; terrorisme islamiste - terrorisme palestinien - intifada - résistance palestinienne

Dans le contexte des événements des années 2000-2003, les commentateurs pro-Israéliens s'en prennent aux médias qui ne parlent pas des Palestiniens en tant que « terroristes ». Ils soulignent que leurs actions sont des assassinats qui visent des civils et qui sont le fait de fanatiques religieux. En France, la presse préfère utiliser dans ce contexte le mot « kamikaze » tandis qu'aux États-Unis, elle est plus prompte à condamner « la violence politique de groupes non étatiques », en particulier depuis les attentats du 11 septembre 2001[29]. L'Agence Reuters de son côté a choisi délibérément de bannir de son vocabulaire « terroriste » et « combattant de la liberté »[29]. Quand ils sont pris à partie les journalistes répondent qu'ils utilisent les termes les plus précis et les plus « neutres »[29]. Les chercheurs en sciences politiques expliquent qu'il n'y a « aucun consensus concernant les actes méritant l’étiquette ‘terrorisme’ »[30], que ces mots sont porteurs de trop de « charge émotive » et que leur usage dépend « de [...] perceptions contradictoires ou conflictuelles »[31] pour être utilisés objectivement.

« Terrorisme sioniste » - Terrorisme d'État - Répression israélienne - Lutte contre le terrorisme - Guerre de survie - Droit à l'auto-défense - Pureté des armes

Le même débat que celui ci-dessus relatif à la violence politique palestinienne porte sur la violence politique israélienne qui est tantôt qualifiée de « droit à l'auto-défense » ou de « répression israélienne » et tantôt de « terrorisme d'État israélien »[29] ou de « terrorisme sioniste ». Les pro-Israéliens mettent en avant que l'armée israélienne serait la « plus morale du monde »[32] suivant le précepte de la « Pureté des armes (en) »[33], ce que ses détracteurs remettent vigoureusement en cause[34],[35],[36]. Les pro-Palestiniens font également référence aux organisations paramilitaires sionistes actives du temps de la création d'Israël, l'Irgoun ou le Lehi (acronyme hébreu pour Lohamei Herut Israël, « Combattants pour la liberté d’Israël »), que les historiens décrivent généralement comme des groupes « terroristes »[29]. Dans le même registre, les exécutions des leaders du Hamas au cours de la Seconde Intifada ont été qualifiées d'« éliminations ciblées », d'« exécution extra-judiciaires » ou d'« assassinats »[réf. nécessaire].

Haram al-Sharif - Esplanade des Mosquées - Mont du Temple ; Mur al-Buraq - Mur des lamentations - Mur occidental - Kotel Hamaravi
Le Dôme du Rocher se dresse au centre de l'Esplanade des mosquées bâtie sur le Mont du Temple dont le dernier vestige est le Mur des lamentations. La mosquée Al-Aqsa est visible en bas à gauche de l'image.

Jérusalem relève d'une importance symbolique centrale dans le volet religieux du conflit israélo-palestinien car elle contient de nombreux lieux saints pour les 3 religions monothéistes[37]. Jusqu'en septembre 2000, la presse française parle généralement et sans susciter de controverses de l'« esplanade des Mosquées » pour décrire le lieu tandis que la presse anglophone lui préfère l'expression « Temple Mount » (« Mont du Temple »). Historiquement, les musulmans font référence à ces lieux en tant que « Haram al-Sharif », troisième lieu saint de l'Islam où se dresse la mosquée Al-Aqsa tandis que les juifs y font référence en tant que « mont du Temple », en référence au Temple de Jérusalem qui abritait l'Arche d'alliance jusqu'à sa destruction par Titus en 70 et dont le dernier vestige est son mur ouest, dénommé « Kotel », « mur occidental » ou « mur des lamentations ». La dénomination du lieu devient objet de vives controverses après la visite d'Ariel Sharon à la veille de la seconde Intifada. En effet, cette visite prend un tout autre caractère si on la présente comme celle d'un parlementaire israélien sur un lieu sacré du judaïsme, le « mont du Temple », ou si on la présente comme celle d'un militaire israélien controversé sur l'« esplanade des Mosquées », en référence à la présence musulmane. Face aux critiques, la presse réagira mollement à la polémique, en prenant parfois soin côté francophone d'indiquer la double dénomination « esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les juifs) » et côté anglophone « Temple Mount (Haram al-Sharif) »[29].

Colonies - implantations (juives ou israéliennes) ; colons - « jeunes colons »

Lors de la guerre des Six Jours en juin 1967, Israël a conquis Jérusalem-Est, la Cisjordanie, la bande de Gaza, le plateau du Golan et le Sinaï. Depuis, près de 600 000 civils israéliens se sont établis dans ces territoires[réf. nécessaire]. Les controverses autour de la dénomination utilisée pour y faire référence sont un « classique » de la guerre des mots. Dans les langues latines, la presse a toujours utilisé les mots « colons » ou « colonies » dans ce contexte[29]. Les pro-Israéliens soulignent systématiquement que l'anglais parle de settlers ou de settlements qui n'a pas la même connotation[29] et qui peut se traduire par « établissements », « implantations » ou « colonies »[réf. nécessaire]. Les pro-Israéliens s'opposent à l'usage du mot « colonie » car ce dernier fait référence dans la mémoire collective à la colonisation européenne et ses crimes dont l'image est très négative. Un argument souvent avancé est que la colonisation nécessite l'existence d'une métropole, absente dans le cas israélien, ce qui montre que le choix des langues latines est (ou serait ?) inapproprié[29]. Selon Jérôme Bourdon, le véritable problème ici tient plus de la « difficulté de l'apprentissage de la complexité » que d'une réalité à traduire par les bons mots. Il illustre son analyse avec le cas de Gilo, un quartier juif construit juste au-delà de la ligne verte après 1967, en rapportant des « arguments » tenus par le pro et contra qui, d'un côté ironisent que « l'habitant de Gilo est certainement le seul de l'histoire qui rentre à pied à sa métropole » et de l'autre que Gilo a été construit sur des terres de propriété palestinienne dont les habitants furent chassés lors de la guerre de 1948[29]. Jérôme Bourdon rapporte toutefois un cas qu'il estime plus justifié où en référence à la mort de deux adolescents de 13 et 14 ans, Le Monde avait titré « meurtre de deux jeunes colons juifs » ce qui avait provoqué de vives protestations car le titre mettait en avant la qualité de colons avant celle d'enfants, qu'on ne devrait pourtant pas rendre responsables d'un choix politique[29].

Clôture de sécurité - Barrière de sécurité - Mur de séparation - Mur d'apartheid - Mur de la honte
La « Barrière de sécurité » aux alentours d'Hébron.

À partir de 2002, Ariel Sharon alors Premier ministre a lancé la construction d'une barrière de séparation entre les territoires palestiniens et Israël. Il s'agit d'un « patchwork » de clôtures métalliques remplacées en certains endroits par un mur de béton d'une hauteur de 8 à 12 mètres en particulier dans la région de Jérusalem. L'ensemble est doté de systèmes d'alarmes et de miradors et parfois entouré de fossés. Son tracé ne suit pas la ligne verte (ligne de cessez-le-feu d'avant la guerre de 1967 et faisant office de frontière) mais s'enfonce parfois profondément dans les territoires palestiniens en les parcourant suivant des boucles complexes, en enclavant certaines villes palestiniennes. La construction ne présente que de très rares ouvertures et empêche de façon radicale le passage de part et d'autre[29]. Les commentateurs y voient tantôt une « clôture de sécurité » destinée à « empêcher le terrorisme » et tantôt une « barrière » ou un « mur » dont l'objectif présumé d'Israël serait d'annexer de facto des territoires supplémentaires dans le contexte de futurs accords de paix[29]. Vu la séparation nette entre les deux côtés, certains y voient un « mur de séparation » à caractère politique ou racial, un « mur d'apartheid », comparable au mur de Berlin et aux autres « murs de la honte »[réf. nécessaire]. Dans la presse francophone, on y fait plutôt référence en tant que « mur », comme Le Monde qui titrait en 2003 : « Israël dresse un mur sur la voie de la paix en Palestine » tandis que dans la presse américaine, on y fait généralement référence en tant que « security fence » (« clôture de sécurité »), comme le New-York Times qui titrait, également en 2003, : « A fence to stop terrorists takes toll on Palestinian villages » (« Des villages palestiniens paient le prix pour une [clôture] destinée à arrêter les terroristes »)[29].

Palestine - État palestinien - Territoires palestiniens occupés - Cisjordanie - Territoires - Territoires disputés - Judée-Samarie - Eretz Israel

La dénomination utilisée pour faire référence à la Cisjordanie est très diversifiée. Un accord de paix la transformerait en « État palestinien »[29] et certains pays y font déjà référence officiellement en tant que tel[réf. nécessaire]. La presse internationale y fait référence en tant que « territoires occupés » ou « territoires palestiniens occupés », pour y souligner l'occupation militaire israélienne. Certains commentateurs pro-Israéliens contestent l'usage du terme « palestiniens » car il donne une image de propriété palestinienne. Ils font pression pour qu'on en parle tant que « territoires disputés », pour souligner que ces territoires sont sans statut juridique clair, faisant écho aux arguments du gouvernement israélien, et que leur futur statut doit faire l'objet des négociations entre Israéliens et Palestiniens[29],[réf. nécessaire]. D'autres reprennent la thèse de la droite israélienne qui les dénomme « Judée-Samarie » pour marquer ses prétentions au Grand Israël dont ces territoires font partie[29]. Jérôme Bourdon estime que parler de « territoires » serait « une facilité rhétorique ou une prudence politique qui permet[trait] d'éviter la controverse, mais en supposant un public compétent[29]. » Dans le même contexte, on fait référence à certaines villes suivant leur nom arabe ou hébreu ou suivant le nom d'usage du temps de la Palestine mandataire, comme Jaffa, ville arabe fusionnée à Tel-Aviv et Lydda renommée Lod après leur dépeuplement en 1948 ou encore Naplouse à laquelle les Israéliens font référence en tant que Sichem.

Autres exemples
Caricature d'Ariel Sharon et de Georges W. Bush en « kamikazes ».

Il existe de nombreux autres exemples où l'usage de dénominations plutôt que d'autres est utilisée pour mettre en avant des points de vue marqués. Sans que cette liste soit exhaustive :

  • le cas de Gilad Shalit détenu par le Hamas entre juin 2006 et octobre 2011[38] est emblématique. Il était vu d'un côté comme un « otage »[39] « enlevé »[40] par des « terroristes »[40], et d'un autre comme un soldat « capturé »[41] et détenu comme « prisonnier de guerre »[42] et dont la situation était à comparer aux 7000 prisonniers palestiniens détenus en Israël[43] ou à celle de Salah Hamouri[44].
  • l'État d'Israël est ainsi parfois dénommé « Entité sioniste » ou « Petit Satan » et Gaza comparé à un « camp de concentration » ; les Israéliens ou leurs supporters qualifiés de « sionistes » ; le lien est également fait par les différentes parties entre « Juifs » et « Israéliens », et entre « Israël » et « État juif » tandis que la réalité « palestinienne » est parfois niée pour ne parler que d'« Arabes » ;
  • l'utilisation de l'acronyme « Tsahal » pour désigner l'armée israélienne est contestée car son usage, en tant que « nom familier » serait une expression relevant de la « novlangue » qui transformerait « les forces israéliennes en exception dans l’esprit commun » en les investissant d'un « statut particulier »[45],[46] ;
  • Ariel Sharon, ancien Premier ministre d'Israël, est qualifié de « boucher de Sabra et Chatila[47] » et de « bulldozer[48] » et Yasser Arafat, ancien président de l'Autorité palestinienne, est qualifié de « terroriste », « menteur » ou accusé de « corruption »[49] ;
  • ...

Dissymétries et « doubles standards »

Caricature du militant pro-Palestinien Carlos Latuff réalisée lors de l'opération militaire israélienne à Gaza en 2009. Pro-Israéliens et pro-Palestiniens se disputent sur les « doubles standards » autour du conflit.

La neutralité journalistique demande généralement de traiter de façon égale les arguments de tous les camps en présence et de donner tous les points de vue. Selon Jérôme Bourdon, si on pousse cette logique à l'extrême, on quitte toutefois le domaine du « reportage » et on risque de présenter « une addition de points de vue opposés qui [n'apportent aucun éclairage aux spectateurs ou aux lecteurs] »[50].

La symétrie à donner au conflit israélo-palestinien et la manière de l'évaluer sont des éléments qui séparent pro-Israéliens et pro-Palestiniens. Dans le contexte français, les pro-Israéliens réclament pour chaque camp un rétablissement de la symétrie car ils estiment la présentation des faits généralement à l'avantage des Palestiniens. Ils réclament ainsi qu'on présente autant d'arguments et d'informations venant de sources israéliennes et autant de reportages sur la souffrance israélienne que sur la souffrance palestinienne. Les pro-Palestiniens réfutent ce qu'ils dénomment une « fausse symétrie ». Selon eux, « la (...) symétrie occulte[rait] l'évidence que le droit et la justice sont du côté des opprimés » et produirait l'illusion d'un « partage des responsabilités »[50]. Jérôme Bourdon estime que ces approches sont inconciliables car chaque partie se défend d'un « souci de justice » qui pour les uns réside dans une symétrie dans le traitement des points de vue et qui pour les autres consiste à ne pas perdre de vue le statut de victimes des Palestiniens et d'agresseurs des Israéliens[50].

Plusieurs publications scientifiques proposent des études statistiques sur les dissymétries éventuelles dans le traitement du conflit par les médias. Elles ne sont pas parvenues à mettre en évidence des déséquilibres nets mais soulignent plutôt la difficulté de réaliser ces études. Les résultats dépendent en effet de la période et de la durée prise en compte, de la manière de mesurer une dissymétrie qui n'est pas claire car des médias peuvent légitimement prendre parti, et enfin de « la réalité elle-même [qui] donne un point de vue sur le conflit » sans que les journalistes aient à en proposer d'interprétation et sans pouvoir non plus l'occulter pour conserver une symétrie apparente[50].

Dans le même ordre d'idée, certains commentateurs des deux camps se plaignent du « double standard » dont bénéficieraient le camp d'en face et dont pâtirait le leur devant les institutions internationales. Par exemple, JSS News dénonce que sur 40 résolutions du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU, 33 visaient Israël[51] tandis qu'Alain Gresh défend l'idée qu'Israël viole impunément depuis 40 ans « des dizaines de résolutions onusiennes, sans embargo [et] sans sanctions »[52]. Un autre illustration de la problématique réside dans les rapports émanant de commissions d'enquête de l'ONU, tels que le Rapport Goldstone et le Rapport Palmer, qui sont l'un et l'autre accusés de parti pris ou félicités pour leur objectivité selon les commentateurs qui les analysent[53],[54].

Guerre des mots dans le monde académique

La guerre des mots autour du conflit israélo-palestinien se déroule également dans le monde académique, en particulier en historiographie. Le conflit a d'abord eu lieu entre historiens israéliens et palestiniens, puis à partir des années 1980 entre historiens dits sionistes ou « traditionnels » et historiens post-sionistes encore appelés « nouveaux historiens ». Des sociologues et des politologues y interviennent également.

Biais

Bien que leur description du passé soit parfois très divergente, les historiens s'accordent pour dire que l'historiographie du conflit israélo-palestinien est biaisée. Ils s'en prennent parfois avec virulence à leurs collègues qui ne partageant pas leurs points de vue, s'accusant mutuellement de propagande ou de biais idéologique.

En 1980, Steven Glazer, doctorant de l'université de Georgestown étudiant les événements de 1948, souligne la « problématique du biais » et estime que l'essentiel de l'historiographie sur la guerre ne vise pas à étudier l'histoire en tant que telle mais à « renforcer les revendications palestiniennes ou sionistes »[55]. Parmi le premier biais dont tout historien devrait prendre conscience, il reprend à son compte la conclusion de l'historien Marc Bloch, selon laquelle « le simple usage de [certains] mots détruit la neutralité du rédacteur et l'oblige à prendre parti »[55].

Dans sa critique de l'historiographie sioniste et de celle datant des premières années après la fondation Israël, l'historien israélien Yoav Gelber souligne qu'elle n'était pas le fait d'historiens et qu'elle a été confrontée à des impératifs visant à la « défense du projet sioniste » puis après l'euphorie de la victoire lors de la guerre de 1948 à la « distribution de lauriers » aux vainqueurs[56]. Il souligne que l'absence d'accès aux archives et l'influence des « mythes » et de la « mémoire collective » a eu un impact négatif sur l'historiographie israélienne[57].

Yoav Gelber n'en estime pas moins que « l'historiographie palestinienne [est de] nature propagandiste [et obéit] à des critères professionnels de faible qualité »[58]. Il considère qu'elle ne se base pas assez sur les archives documentaires et trop sur les témoignages oraux ou des sources douteuses, et qu'elle se veut avant tout apologétique, qu'elle cherche à prouver l'antériorité du mouvement nationaliste palestinien sur le sionisme ou à exonérer les Palestiniens de leurs responsabilités dans le conflit[59]. Il qualifie ainsi Nur Masalha d'« historien-propagandiste palestinien »[60].

Le sociologue israélien post-sioniste Uri Ram estime que « le futur [de l'écriture] du passé en Israël [est devenu une question] politique. Un éventuel retour au processus de paix et un règlement du conflit israélo-palestinien (...) [permettrait] un discours historique plus ouvert, pluraliste et critique. [Le contraire donnerait lieu] à discours fermé, consensuel et nationaliste. (...) Ce sont les protagonistes de l'histoire, mais pas ceux qui l'écrivent, qui dans le futur vont forger le passé d'Israël »[61].

Polémiques historiques

« Une terre sans peuple pour un peuple sans terre »

En 1984, l'essayiste Joan Peters publie un ouvrage intitulé : From Time Immemorial: The Origins of the Arab-Jewish Conflict over Palestine (« Depuis la nuit des temps : les origines du conflit judéo-arabe en Palestine »).

La thèse de l'ouvrage est que les Arabes palestiniens présents en Palestine en 1948 n'auraient pas été des descendants d'habitants arabes de la région mais au contraire seraient le résultat de plusieurs vagues d'immigration à partir du 19e siècle. L'étude donne ainsi crédit à la thèse sioniste rappelée par les propos d'Israël Zangwill que la Palestine était « une terre sans peuple pour un peuple sans terre »[62].

Lors de sa publication aux États-Unis, l'ouvrage est acclamé par la critique[63] avec plus de 200 revues favorables[64]. En avril 1985, il reçoit le National Jewish Book Award dans la catégorie « Israël »[65].

L'année même de sa publication, l'ouvrage de Joan Peters est pourtant vivement critiqué dans la thèse de doctorat de Norman Finkelstein (qui sera plus tard reprise et développée dans son ouvrage Image et réalité du conflit israélo-palestinien). Ce dernier avance que les éléments de preuve apportés par Joan Peters pour démontrer une immigration illégale arabe massive en Palestine sont presqu'entièrement falsifiés et que les calculs réalisés pour démontrer sa thèse sont faux[66]. Les années suivantes, le livre reçoit des critiques très négatives de Noam Chomsky[67], Albert Hourani[68] et Edward Said[69]. L'historien israélien Yehoshua Porath estime l'ouvrage n'est qu'une « vulgaire contrefaçon » « bonne aux ordures » sauf pour ceux qui voudraient en faire une « arme de propagande »[70].

Aujourd'hui, l'ouvrage est considéré comme un « pamphlet idéologique déguisé en histoire », de la « propagande » et de la « pseudo-expertise »[71],[72].

Le « nettoyage ethnique » de la Palestine

Les événements liés à l'exode palestinien de 1948 (auxquels les Palestiniens font référence en tant que Nakba) sont le sujet de nombreux débats et controverses entre historiens. Parmi celle-ci figure la caractérisation des événements en tant que « nettoyage ethnique ».

Les historiens palestiniens ont toujours présenté les évènements de l'époque comme une « expulsion forcée » dont les Palestiniens auraient été victimes tandis que la version israélienne faisait porter la responsabilité de l'exode sur les dirigeants arabes qui auraient poussé la population à fuir[73].

Ces deux versions ont été remises en cause après l'ouverture des archives israéliennes aux historiens et en particulier la publication en 1989 d'une étude du nouvel historien israélien Benny Morris : The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited où il concluait que l'exode n'avait été planifié par aucune des deux parties mais « résultait de la guerre » comme toute guerre provoque de tels événements. Ce travail fut l'objet de vives polémiques et controverses dans les deux camps.

Dans les années 2000, un autre historien israélien défenseur de la thèse de l'expulsion, Ilan Pappé enchérit dans la polémique en décrivant les évènements comme un « nettoyage ethnique » de la Palestine[74]. L'usage de ces mots provoque de vives réactions en particulier de la part des historiens israéliens qui le taxent de propagande, comme Yoav Gelber, qui demande son expulsion de l'université d'Haïfa et publie une réponse intitulée : History and Invention. Was Plan D a Blueprint for "Ethnic Cleansing" ?[75].

Benny Morris écrit sur ce sujet que « rétrospectivement, il est évident que ce qui s'est passé en 1948 en Palestine fut une forme de nettoyage ethnique des zones arabes par les Juifs »[76] « même si le transfert ne devint jamais une politique sioniste générale ou déclarée »[77].

Aujourd'hui le débat est toujours présent dans le monde académique mais si ce n'est en Israël, les historiens[78] s'entendent pour considérer qu'en 1948, les Palestiniens furent principalement victimes d'expulsions forcées de la part de l'armée israélienne, en particulier après juin 1948, sans toutefois utiliser les mots de « nettoyage ethnique »[79].

Manuels scolaires

En France

Une polémique éclate début juillet 2011 en France quand l'association « Europe-Israël » réclame des modifications dans un manuel scolaire publié par Hachette et jugé trop pro-Palestinien. L'association s'insurge notamment contre l'usage du mot « Nakba » et l'affirmation selon laquelle l'armée israélienne aurait expulsé des Palestiniens lors de la guerre de 1948 alors que selon l'association, ils se seraient en réalité enfuis à l'appel des leaders arabes. Interrogé à ce sujet, l'historien Henry Laurens déclare que « [c]ela fait longtemps qu'il existe un consensus chez les historiens sérieux, israéliens compris, pour dire que les expulsions ont bien eu lieu. Il y a aussi eu des départs volontaires, mais comme c'est le cas à chaque conflit. Les populations veulent éviter les combats, comme en France en 1940. Les Palestiniens ne sont pas gentiment partis de chez eux. »[78] Dans un droit de réponse, le Président de l'association « Europe-Israël », Jean-Marc Moskowicz, persiste dans ses affirmations de parti-pris et insiste sur l'importance trop grande qui serait donnée aux « Nouveaux Historiens israéliens »[80]. Hachette de son côté souhaite désamorcer la polémique et sa porte-parole annonce que les « modifications sont en train d'être effectuées en toute indépendance [et qu'] il n'y a aucune raison de s'exprimer sur un processus en cours »[78].

En Israël / Palestine

Selon une étude réalisée par Amnesty international, les manuels scolaires israéliens et palestiniens présentent des réalités très prosaïques et une histoire de leur passé commun diamétralement opposée. Une des raisons invoquées est que « chacune des deux sociétés, majoritairement, a longtemps considéré que sa survie passait par la négation de l’autre et que la reconnaissance des droits de l’une signifiait l’illégitimité des droits de l’autre ». À titre d'exemple, jusque dans les années nonante, les manuels scolaires jordaniens destinés aux Palestiniens présentaient Israël en tant que « Palestine occupée » ou « entité sioniste » et les cartes englobaient le pays dans un grand royaume hachémite incluant la Jordanie, Israël et les territoires palestiniens. Côté israélien, le fait palestinien était nié dans les manuels scolaires ainsi que l'histoire de Palestine, pour se concentrer sur les racines antiques d’Israël, les persécutions envers les Juifs, la shoah et les réalisations du sionisme. Les cartes faisaient usage d'une géographie biblique et nommaient la région de Gaza « Plaine de Philistie » et la Cisjordanie « Judée et Samarie » en englobant dans Israël la bande de Gaza, la Cisjordanie et le Golan[81].

À Jérusalem-Est, sous contrôle arabe entre 1948 et 1967 puis sous contrôle israélien depuis, officiels israéliens et palestiniens se « battent » pour que les élèves arabes n'utilisent que les manuels qu'ils éditent chacun. Les Palestiniens estiment que les manuels scolaires israéliens sont l'objet de « coupes » comme la représentation du drapeau palestinien ou de Yasser Arafat ou encore l'évocation du « droit au retour ». Selon les Israéliens, leur action n'a pour but que d'empêcher l’« exposition des élèves à des enseignements qui promeuvent la violence, l’intolérance et la haine » en supprimant des mots-clés tel que « martyr » ou « nous rentrerons »[82].

Après les accords d'Oslo de 1994, des enseignants d'histoire israéliens et palestiniens ont tenté de rédiger un manuel scolaire destiné à être utilisé dans les deux réseaux. Chaque page de l'ouvrage est rédigée sur deux colonnes où sont présentés les points de vue de chaque camp sur des événements fondamentaux de leur histoire comme la déclaration Balfour de 1917, la guerre de 1948, la question des Territoires occupés, la guerre des Six Jours ou la première Intifada. Selon les auteurs, « l’intérêt principal de cet ouvrage est, par la présentation de ces points de vue divergents, de montrer qu’il est nécessaire de comprendre le point de vue de l’autre afin de lever les malentendus pour avancer vers une compréhension réciproque »[83].

Pressions et intimidations

Boycott académique d'Israël

Depuis les années 2000, des campagnes polémiques visant au Boycott académique d'Israël sont lancées dans les milieux universitaires occidentaux par des personnalités académiques, des associations d'étudiants ou des regroupements d'universités pour protester contre la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupés.

Suite au boycott par Stephen Hawking d'une conférence devant se tenir en Israël, l'organisateur a déclaré que « [l}'utilisation du boycott académique contre Israël est inapproprié et scandaleux, en particulier pour ceux à qui l'esprit de liberté est la base de la mission humaine et académique. (...) Israël est une démocratie au sein de laquelle chacun peut trouver à s'exprimer, quelles que soient ses opinions. Une décision de boycott est incompatible avec un discours ouvertemement démocratique »[84].

Israel Academia Monitor

En Israël, des groupes de pressions visant à surveiller les milieux académiques ont vu le jour à partir de 2004. Les sites Israel Academia Monitor (IAM) et IsraCampus établissent des listes d'universitaires israéliens qu'ils jugent être des « traitres » et constituer une « cinquième colonne »[85].

Les activités visées sont larges, allant de la dénonciation de l'organisation de marches contre l'occupation à la publication d'une revue d'un ouvrage académique[85]. Bien que par exemple opposant à la Campagne BDS, le Prof. David Newman, du Département de politique et gouvernement de l'Université Ben-Gourion a été la cible des groupes. Selon lui, « le McArthisme académique de la droite met en danger la société et la démocratie israéliennes [et] menace les fondements de la liberté de parole »[85]. Interviewée par Arutz Sheva, Dana Barnett, la fondatrice d'Israel Academic Monitor, se félicite au contraire de son action. Selon elle, le nombre d'académiques israéliens signant des pétitions contre Israël est passé de 360 à 70 dès le début de son action[86]. En 2013, une table ronde rassemblant plusieurs universitaires israéliens, dont des mis en cause et l'IAM, est organisée à l'Université de Tel-Aviv pour débattre de la problématique de la liberté d'expression en Israël[87].

Incidents

Des incidents de gravités diverses se sont produits dans ce contexte. En 2006, l'historien israélien antisioniste Ilan Pappé, soutien du boycott d'Israël, décide d'émigrer suite aux tensions qu'il a avec le monde académique et aux menaces de mort dont il est la cible[88]. En 2008, l'historien spécialiste des mouvements fascistes et co-fondateur du mouvement Shalom Archav, Zeev Sternhell, 73 ans au moment des faits, est agressé par des membres de l'extrême-droite aux alentours de son domicile[89]. En juillet 2014, Mordechai Kedar, Président de l'Israel Academia Monitor, suggère à la radio israélienne qu'on viole les mères et les soeurs des militants du Hamas pour lutter contre le terrorisme[90],[91].

Annexes

Notes et références

Notes

  1. Bourdon 2009, p. 9 explique que contrairement à l'usage il a pris l'option de ne pas faire la distinction entre « Juif » et « juif », car elle lui semble impossible dans le contexte de son étude. Il en va de même pour « Arabe » qu'il écrit avec une minuscule.

Références

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  77. Benny Morris, 1948. A History of the First Arab-Israeli War, Yale University Press, 2008, p. 407-408.
  78. a b et c Marie Kostrz, Palestine : un manuel modifié sous la pression d'assos juives, rue89, 8 juillet 2011.
  79. Voir par exemple : Dominique Vidal, Comment Israël expulsa les Palestiniens, Éditions de l'Atelier, 2007.
  80. Jean-Marc Moskowicz, Droit de réponse Europe Israël aux 2 articles de Rue89, site Europe-Israel.org, 12 juillet 2011.
  81. Pascal Fenaux, Israël/Palestine - l'histoire des manuels, Amnesty international, 1er février 2007.
  82. '« Jérusalem : la guerre des mots », traduction du Los Angeles Times, 3 novembre 2011.
  83. Didier Cariou, Histoire de l’autre : regards croisés sur l’histoire d’Israël et de la Palestine au XXe siècle, Réseau de création et d’accompagnement pédagogiques.
  84. Le physicien Stephen Hawking soutient le boycott académique d'Israël, Le Monde, 8 mai 2013.
  85. a b et c Benjamin Pogrund,The 'guardians' of Israeli academia, Ha'aretz, 23 octobre 2009.
  86. Hillel Fendel, Anti-Israel Academics, Beware!, Arutz Sheva, 22 avril 2010.
  87. Times Higher Education, Israel Academia Monitor fears the enemy within, 16 mai 2013.
  88. Blognote de Baudoin Loos, Ilan Pappe: « Je suis considéré comme un danger en Israël », Le Soir, 30 octobre 2013.
  89. Delphine Matthieussen, L’historien Zeev Sternhell agressé par l’extrême droite, Libération, 28 septembre 2008.
  90. Or Kashti, Israeli professor's 'rape as terror deterrent' statement draws ire, Ha'aretz, 22 juillet 2014.
  91. Gianluca Mezzofiore, Israeli Professor: Rape Hamas Militants' Mothers and Sisters to Deter Terrorist Attacks, ibitimes, 22 juillet 2014.

Documentation

Bibliographie relative à la guerre des mots dans les médias

  • Jérôme Bourdon, Le récit impossible : le conflit israélo-palestinien et les médias, de boeck, , 1re éd., 240 p. (ISBN 978-2-8041-0455-9)
  • (en) Gabriel Weimann, Terror on the Internet: the new Arena, the new Challenges, US Institute of Peace Press,
  • Bruno Guigue, Proche-Orient : la guerre des mots, L'Harmattan, , 110 p. (ISBN 2-7475-4250-5)
  • (en) Yasir Suleiman, A War of Words: Language and Conflict in the Middle East, Cambridge University Press, , 286 p. (ISBN 9780521546560)
  • (en) Gerald Cromer, A War of Words: Political Violence and Public Debate in Israel, Routledge, , 168 p. (ISBN 978-0-7146-8516-8)
  • Denis Sieffert, La Guerre israélienne de l'information, La Découverte, (ISBN 978-2707138392)

Bibliographie relative à la guerre des mots dans le domaine académique

  • (en) Yoav Gelber, Nation and History : Israel Historiography Between Zionism and Post-Zionism, Vallentine Mitchell,
  • (en) Benny Morris, Making Israel, University of Michigan Press,

Bibliographie contextuelle

  • Philippe Braud, Le récit impossible : La violence politique dans les démocraties européennes occidentales, Cultures & Conflits
  • Pascal Boniface, La France malade du conflit israélo-palestinien, Salvator,

Articles

Liens externes

Articles connexes