Grand Israël

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Le Grand Israël (en hébreu : ארץ ישראל השלמה) est un terme géopolitique et idéologique de l'histoire du mouvement sioniste et de la politique en Israël relative à la terre d'Israël dans des frontières historiques ou bibliques. En hébreu le terme désigne une notion d'entièreté territoriale tandis que sa traduction en français fait référence plus spécifiquement à des revendications territoriales. Historiquement sionistes, elles prônent l'extension de l'État d'Israël sur l'ensemble ou une partie de la terre d'Israël.

Histoire[modifier | modifier le code]

Terre promise[modifier | modifier le code]

Royaume d'Israël

Le terme fait référence à la Terre promise aux enfants d'Israël, qui s'étend « du fleuve d'Égypte à l'Euphrate » dans la Genèse 15:18-21. Selon la tradition et en particulier selon Rashi, l'oued El-Arich (Wadi Al-Arish) correspond au « fleuve d'Égypte »[1]. Différentes délimitations sont également citées dans d'autres livres bibliques : Livre de l'Exode 23, Livre des Nombres 34 et Livre d'Ézéchiel 47 et d'autres.

Utilisation moderne du concept[modifier | modifier le code]

En hébreu, le terme Eretz Israel hashlemah (ארץ ישראל השלמה) signifie l'entière Terre d'Israël) et n'implique pas l'idée d'expansion impliquée par le terme anglophone « Greater Israel »[1].

Un logo de l’Irgoun : un fusil brandi devant une carte des territoires revendiqués par l’organisation : la Palestine mandataire et la Transjordanie, l'un et l'autre mandats britanniques en 1923.

Dans le contexte de la chute de l'Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale et des négociations entre Britanniques, Français et la dynastie hachémite pour l'établissement du mandat britannique sur la Palestine, l'organisation sioniste proposa à la Conférence de paix de Paris « l'établissement d'un foyer national juif » sur un territoire recouvrant le bassin aquifère du Jourdain. En comparaison avec les frontières actuelles, la proposition comprenait les territoires de l'État d'Israël, du Sud-Liban, le Golan, la Cisjordanie et une bande de territoires d'environ 20 km à l'est du Jourdain en Jordanie actuelle.

Les sionistes révisionnistes rejetèrent la scission du Mandat britannique en Palestine (Palestine mandataire) en 1921[2] en deux entités, l'Émirat de Transjordanie (Jordanie actuelle) sur la rive Est et le territoire d'établissement pour un « foyer national juif » sur la rive Ouest. Ils soutiennent que seuls les accords de San Remo de 1920, garantissant l'entièreté du territoire à l'État juif, devraient être appliqués. Ils refusèrent de reconnaître la Jordanie comme légitime sur la rive Est du Jourdain. Estimant avoir été dépouillés par les pays arabes, l'entièreté du territoire de la rive Ouest serait légitime selon eux à l'établissement d'un État juif. En 1949, ils rejetèrent de même la ligne de cessez-le-feu comme étant illégale[2]. Dans le monde sioniste, les plus fortes revendications territoriales venaient des Sionistes révisionnistes et se bornaient à la Jordanie et à des parties de la Syrie et du Liban. Ces revendications ont maintenant disparu[1] à l'exception du Plateau du Golan.

Le roi d'Arabie Abdelaziz Ibn Saoud semble être le premier homme politique à adopter le concept de Grand Israël, du Nil à l'Euphrate. Il craignait en effet une invasion de son territoire par les sionistes[1]. Ce concept a été popularisé par Gamal Abdel Nasser, les Syriens puis Yasser Arafat[1].

Après la guerre, un mouvement politico-religieux[Lequel ?] à caractère messianique revendiqua la conservation des territoires conquis.

Le Mouvement pour le Grand Israël est formé en 1967 et parvient à faire élire un parlementaire en 1973, avant sa dissolution en 1976. Des courants marginaux soutenant un Grand Israël existent encore, principalement au sein de petites implantations israéliennes de la Cisjordanie.

Controverse[modifier | modifier le code]

Critique de « la politique israélienne »[modifier | modifier le code]

Selon certaines critiques de « la politique israélienne », Israël envisagerait ou aurait mené des guerres de conquête territoriale en vue de former un Grand Israël. Israël est de même accusé de mener une politique colonisatrice par certaines personnes se définissant comme « antisionistes » ou anti-israéliennes. Les revendications territoriales israéliennes en Cisjordanie ainsi que la promesse de terre promise de la Bible, sont désignées dans les milieux antisionistes comme une politique d'un Grand Israël.

Bernard-Henri Lévy, dans un discours à l’Assemblée générale de l’ONU en janvier 2015, se réfère à un délire antisioniste selon lequel « les juifs seraient haïssables parce qu’ils soutiendraient un mauvais État, illégitime et assassin. c’est le délire antisioniste des adversaires sans merci du rétablissement des Juifs dans leur foyer historique. » en rappelant « Et j’affirme ici qu’Israël serait-il exemplaire, serait-il la patrie d’un peuple d’anges, reconnaîtrait-il au peuple palestinien l’Etat auquel il a droit, que la plus ancienne des haines ne baisserait, malheureusement, pas d’un ton. »[3],[4].

Controverse liée au drapeau d'Israël[modifier | modifier le code]

Dans une interview du magazine Playboy de 1988[5], Yasser Arafat expose une théorie[6],[7],[8],[9],[10],[11] selon laquelle les deux bandes bleues du drapeau israélien représentent le Nil et l'Euphrate, alors que le drapeau sioniste puis israélien avec ses deux bandes bleues avait été conçu en 1897 pour le congrès sioniste en référence au Talith, le châle de prière juif[12].

Pour le journaliste Meïr Waintrater, « Le mythe des deux bandes bleues représentant le Nil et l’Euphrate appartient à la vaste famille des mythes paranoïaques antisionistes »[13].

Théorie du complot de l'Agourot[modifier | modifier le code]

Selon une théorie du complot, promue par Yasser Arafat en 1990, la « carte du Grand Israël » figure sur la pièce de monnaie israélienne de 10 Agourot[14]. La Banque d'Israël maintient que le stylisme de la pièce a été choisi pour sa valeur historique car elle est une réplique de la pièce émise par Antigone II Mattathiah, et non pas une carte[15],[16].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e Daniel Pipes, « Imperial Israel: The Nile-to-Euphrates Calumny »,
  2. a et b (en) Jonathan Rynhold et Dov Waxman, Ideological change and Israel's disengagement from Gaza, .
  3. Antisémitisme : le discours de Bernard-Henri Lévy à l’Assemblée générale de l’ONU, La Règle du Jeu, 23/11/2015
  4. Bernard-Henri Lévy, « Antisémitisme : le discours de BHL à l'Assemblée générale de l'ONU », sur Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avec La Règle du Jeu, (consulté le )
  5. [1], , September 1988.
  6. Allouche, Jean-Luc., Les jours redoutables : Israël-Palestine, la paix dans mille ans, Denoël, (ISBN 978-2-207-26158-3 et 2-207-26158-1, OCLC 502359797)
  7. « Les deux bandes du drapeau israélien: un discours paranoïaque, M. Waintrater », sur web.archive.org, (version du sur Internet Archive)
  8. (en) James McConnachie et Robin Tudge, Rough Guide to Conspiracy Theories, The (3rd), Rough Guides Limited, , p. 131
  9. Rubin, Barry M., Yasir Arafat : a political biography, Oxford University Press, (ISBN 1-280-84542-2 et 978-1-280-84542-0, OCLC 646784772)
  10. (en) Daniel Pipes, « Imperial Israel: The Nile-to-Euphrates Calumny », Middle East Quarterly,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Un drapeau, deux bandes bleues… et un mythe complotiste persistant », sur conspiracywatch.info, (consulté le ).
  12. « Une petite histoire du drapeau d’Israël », sur Ministère des Affaires étrangères d'Israël
  13. Meïr Waintrater, « La face d’ombre du ressentiment. Danièle Sallenave et les deux bandes du drapeau israélien, ou la banalisation d’un discours paranoïaque », L’Arche, n° 554, avril 2004
  14. Yasir Arafat: A Political Biography: A Political Biography, Barry Rubin. Page 241
  15. (de) « Münze von Antigonos II. Mattathias, um 40-37 v. Chr. (Metall) - (Pièce d'Antigone II Mattathias, vers 40-37 av J.C. (métal)) »
  16. « Israël 10 agorot, 1985-2017 »

Articles connexes[modifier | modifier le code]