Col de la Schlucht
Col de la Schlucht | |||
Col de la Schlucht en venant d'Alsace. | |||
Altitude | 1 139 m | ||
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Massif | Vosges | ||
Coordonnées | 48° 03′ 50″ nord, 7° 01′ 22″ est | ||
Pays | France | ||
Vallée | de la Vologne (ouest) | de la Fecht (est) | |
Ascension depuis | Gérardmer | Munster | |
Déclivité moy. | 3,2 % | 4,2 % | |
Déclivité max. | 6,7 % | 5,3 % | |
Kilométrage | 15 km | 18 km | |
Accès | D 417 | D 417 | |
Fermeture hivernale | exceptionnelle | ||
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Le col de la Schlucht est l'un des principaux cols du massif des Vosges, situé entre les communes du Valtin (Vosges) et de Stosswihr (Haut-Rhin), assurant les liaisons entre ces deux département.
Toponymie
L'appellation provient du mot alsacien ou allemand die Schlucht signifiant « la gorge », « le défilé », et se prononce [ʃluxt]. Les Vosgiens prononcent [ʃlut].
Le col se nomme lo Schluy en dialecte vosgien, ce qui en fait un toponyme de genre masculin très ancien. L'expression alsacienne in der Schlucht est attestée plus récemment en 1407. Il est facile de retrouver le diminutif dans la chaume voisine du Chitelet (alsacien Schliechtli en 1597). Le terme désigne une gorge ou une passée entre étranglement rocheux. La dénomination actuelle est une adaptation récente de l'allemand ou alsacien moderne de genre féminin, die Schlucht.
Géographie
Situé à une altitude de 1 139 mètres, le col de la Schlucht fait communiquer les vallées lorraines de la Meurthe et de la Vologne avec la vallée alsacienne de la Fecht, un affluent de l'Ill. Les sources de la Meurthe et de la Fecht sont voisines du col de la Schlucht. La première coule sur les hauteurs entre le Collet et la Schlucht, la Fecht apparaît côté alsacien au sud des Trois-Fours. Gérardmer et Munster sont respectivement à quinze et dix-huit kilomètres de part et d'autre du col, traversé par la D 417.
La ferme auberge des trois Fours est un lieu d'accueil pour les marcheurs.
Histoire
Le profil trop escarpé du versant alsacien faisait jadis négliger ce passage au profit du Hohneck. Ce n'était qu'un sentier montagnard au milieu des chaumes du Montabey, entre le Tanet ou Haut Fourneau au nord, et le Spitzenfels au début du massif du Hohneck au sud.
Une route est édifiée ex nihilo entre 1842 et 1869, elle relie la vallée de la Fecht et Colmar à la vallée des Lacs et Gérardmer. Au départ, c'est l'initiative privé qui édifie la première voie carrossable. L'oncle Frédéric Hartmann (1772-1861) et le neveu Frédéric Hartmann (1822-1880) en sont les maîtres d'œuvre jusqu'en 1861. Avant 1858, la famille d'industriels munstériens Hartmann avait fait ériger à l'emplacement de la ferme du col un relais de chasse, elle l'aggrandit sous la forme d'un grand chalet. Pour accueillir durant l'été 1860 Napoléon III et sa cour venue inaugurer la route privée qui établit la communication entre les territoires communaux de Stosswihr (Haut-Rhin) et du Valtin (Vosges), la bâtisse est transformée rapidement en gigantesque chalet-hôtel à la mode suisse. La route est reprise par l'autorité publique : du Collet vers Gérardmer elle est construite notamment par les services vicinaux du département, dirigés par Henri Hogard.
En 1864, le chalet Hartmann, encore embelli, est converti en hôtel pour conserver le souvenir du passage de l'Empereur et de sa cour. Le lieu est désormais prestigieux et diverses célébrités notables y séjourneront. Napoléon III et sa cour fastueuse y reviennent d'ailleurs en 1865 et 1867. Des ministres et des prélats y séjournent dans un cadre luxueux. Ce lieu de villégiature estivale, à proximité du poste frontière, est choisi en 1908 par le Kaiser Guillaume II. Le col est déjà un point touristique très fréquenté à la Belle Époque. L'ancien chalet-hôtel Hartmann est à l'abandon fin 1930, il est détruit en 1946. Au croisement de la route des Crêtes et de la route (inter)départementale, la Schlucht, qui possède désormais un équipement hôtelier et une station de sport d'hiver réputée aux Trois-Fours, attire toujours un public huppé, raison pour laquelle Adolf Hitler y séjourne en 1940.
Les aménagements effectués à la fin du XIXe siècle ont inversé la tendance. De 1871 à 1918, le col de la Schlucht est un poste frontière stratégique entre la France et l'Allemagne. Pendant cette période, deux lignes de tramway électrique furent ouvertes, en 1904 sur le parcours (Gérardmer) - Retournemer - la Schlucht - le Hohneck, en 1907 pour Munster - la Schlucht (à crémaillère). Si la seconde a disparu à cause de la guerre en 1914, la première fut exploitée jusqu'en 1939, malgré une collision dramatique au Hohneck le qui fit quatre morts et dix-neuf blessés.
C'est un des points de passage de la route des Crêtes créée par l'armée française pendant la Première Guerre mondiale. Du col des Bagenelles au Markstein, le corps du génie pour établir un nécessaire soutien logistique en arrière du front avancé en Alsace a construit cette route stratégique dès août 1914. Démilitarisée, elle fut ouverte au public et à la circulation après 1920. Ainsi, on peut rester à proximité de la crête principale des Vosges sur une quinzaine de kilomètres vers le nord et sur une quarantaine de kilomètres vers le sud.
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Rame du tramway de Munster à la Schlucht.
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Le tramway de Munster à la Schlucht devant le poste frontière du col de la Schlucht.
De 1903 à la Première Guerre mondiale, l'ancienne ferme-marcairerie du Montabey — située sur le versant sud du col — accueillait un jardin d'altitude, annexe du jardin botanique de Nancy. Il fut reconstruit un peu plus loin, au Haut-Chitelet, en 1954.
Les sports d'hiver se sont développés précocement. Un championnat militaire de sports d'hiver, incluant le ski, la luge, le bobsleigh ou encore le ski-jöring est organisé en 1910.
Sports
La Schlucht proposa dès 1905 des compétitions de ski et fut à nouveau pionnière en accueillant en 1950 le premier téléski du massif au trois Four. Il existe un centre école de ski de fond. L'équipement hôtelier comporte plusieurs hôtels, des restaurants et des chalets.
En 1965, les frères Rémy, hôteliers bressauds, étaient contraints d'amener leur clientèle sportive au col. Un des frères, Jean-Marie Rémy, prend la tête d'une société qui installe alors un télésiège au Chitelet, en tête de la vallée de la Vologne. Il s'efforce de connecter les domaines skiables de la Schlucht, du Collet et Chitelet. Il investit en 1981 dans la résidence des Vallées, principalement dans la vallée voisine de la Haute Moselotte dite de Vologne et généralise l'usage des canons à neige dès 1987. La société Rémy Loisirs, par ailleurs présente dans les Alpes moyennes, est actuellement à la tête du plus grand domaine skiable de l'Est français.
Aujourd'hui, le domaine skiable de la Schlucht - le Collet - Retournemer propose neuf pistes et quatre remontées mécaniques. Le vélo tout terrain et la luge d'été attirent également les touristes aux autres saisons.
Tour de France cycliste
Le Tour de France est passé à dix reprises par le col de la Schlucht. Voici, selon les années, les premiers coureurs arrivés au col[1] :
- 1931 : passage groupé
- 1957 : Louis Bergaud
- 1961 : Joseph Planckaert
- 1969 : Mariano Díaz
- 1970 : Silvano Schiavon
- 1973 : Charly Grosskost
- 1992 : Fabio Roscioli
- 2005 : Andreas Klöden (8e étape)
- 2009 : Rubén Pérez (13e étape)
- 2014 : Thomas Voeckler (9e étape)
Randonnée
Le sentier des Roches
Le col de la Schlucht est le point de départ d'une via ferrata des Hautes-Vosges et des Crêtes, le sentier des Roches, appelé en Alsace Strohmeyerpfad. Ce sentier — le plus réputé des Hautes-Vosges — a été ouvert en 1910 par Henri Strohmeyer[2], alors président du Club vosgien de la vallée de Munster. Pfàd signifie « chemin pédestre » en alsacien[3].
Depuis le col de la Schlucht, peu après avoir entamé la descente de la route vers Munster, en contrebas à droite, débute ce pittoresque chemin pédestre de montagne longeant les falaises côté alsacien, traversant les moraines, par endroits taillé dans la roche où un tunnel a même été aménagé. Il faut parfois emprunter des passerelles pour franchir des fossés et gravir les parois. Une vue panoramique sur l'Alsace et, selon le temps, sur les Alpes bernoises permet d'admirer les paysages. Le chemin mène, selon la longueur qu'on lui accorde, soit à la chaume du Frankental puis au Hohneck par une remontée escarpée vers les sommets vosgiens, soit à la chaume des Trois-Fours par une longue remontée en lacets. Depuis le Hohneck ou les Trois-Fours, on peut aisément revenir au col de la Schlucht par la crête et faire ainsi une randonnée en boucle.
En hiver, le sentier des Roches est très dangereux et impraticable.
Les crêtes des Vosges de la Schlucht au Hohneck
Une randonnée plus facile et praticable en hiver en ski de fond ou en raquettes consiste, à partir du col de la Schlucht, à monter sur la crête en direction du sud jusqu'au Hohneck en passant par la chaume des Trois-Fours. Le retour se fait par le même chemin.
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Les hauts de la Schlucht en hiver, arbres recouverts de neige en décembre 2012.
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Les hauts de la Schlucht en hiver, une balustrade au bord du précipice alsacien.
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Les hauts de la Schlucht en hiver, la chaume des Trois fours.
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Les hauts de la Schlucht en hiver, vue sur le Hohneck.
Littérature
- Le Relais d’Alsace[4] est un roman de Georges Simenon écrit à bord de l'Ostrogoth, amarré au quai d'Anjou près du pont Marie, à Paris en juillet 1931. L'action de ce roman se situe au col de la Schlucht dans un hôtel fictif intitulé Le Relais d’Alsace. Il constitue le premier roman de Simenon publié sous son nom sans être un Maigret. L'édition originale a été publiée chez Fayard.