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Amérindien (catégorisation ethnique)

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Amérindien, un synonyme d'Indien d'Amérique, désigne une personne ayant habité l'Amérique avant la colonisation européenne, ou considérée comme descendante de premiers peuples de l'Amérique. L'identification des « Amérindiens » varie considérablement selon les époques, les lieux, les locuteurs. Les critères permettant de déterminer qui est « amérindien » sont jugés par plusieurs spécialistes comme incertains, changeants et difficiles à définir. Ainsi, par exemple, le mot pose des problèmes lexicographiques liés à l'inclusion ou l'exclusion des Inuits et, au Canada, à sa connotation.

Les personnes ainsi catégorisées préfèrent généralement employer pour s'autodésigner le nom spécifique de leur groupe d'appartenance ou, de plus en plus, un autre terme générique, « autochtone », associé à des revendications juridiques. Les représentants des dits « Amérindiens » ont choisi dès les années 1970, dans un contexte de lutte pour la reconnaissance de leurs droits, l'appellation de « peuples autochtones d'Amérique ». Les institutions internationales comme l'ONU ont consacré depuis quelques décennies l'expression « peuples autochtones » (en anglais « indigenous peoples », en espagnol « pueblos indígenas »), qui suppose une auto-identification, et a des implications politiques. L'anthropologie qui s'est longtemps vouée à l'étude des ethnies a accompagné ces évolutions en accordant de plus en plus d'attention aux différentes formes de domination subies par les autochtones, et aux moyens de mobiliser les énergies dans le but de créer un rapport de forces plus favorable à ces peuples.

Aspects lexicographiques

« Indien »

« Indien » préserve de manière littérale une erreur d'identification commise par des colonisateurs espagnols de la fin du XVe siècle, qui croyaient avoir débarqué en Inde. C'est la raison pour laquelle il peut être perçu aujourd'hui comme ethnocentrique[1]. Au Canada, le mot a pris une connotation péjorative : selon L'Encyclopédie canadienne, « le terme « Indien » est désormais considéré comme obsolète et offensant »[2]. Par ailleurs, en anglais américain, « Indian » est associé selon The American Heritage Dictionary of the English Language (en) à des stéréotypes stigmatisants comme la sauvagerie, la cruauté (« wild Indians »). En Amérique latine, « Indio » peut être utilisé comme un terme injurieux[3],[4] ; c'est la raison pour laquelle certains mouvements qui veulent réhabiliter les cultures autochtones en Amérique se disent « indiens », manière de retourner le stigmate, et d'assumer fièrement une identité méprisée[5].

« Amérindien »

« Amérindien » dérive de l'anglais américain « Amerindian », contraction de « American Indian » forgée par des anthropologues américains à la fin du XIXe siècle et renvoyant de manière générique à tout membre des peuples autochtones d'Amérique, Inuits inclus[6]. Il était conçu comme neutre[6]. Controversé dès son apparition[7], ce mot anglais ne s'est guère imposé dans l'usage. En français, « Amérindien » entre dans les dictionnaires dans les années 1960 (Robert, Larousse etc.)[6]. Il y est donné comme synonyme d'« Indien d'Amérique » ; cette relation d'équivalence explique le fait que « Amérindien » en français a un sens étroit qui exclut les Inuits : en effet, selon la Base de données lexicographiques panfrancophone[8], « Indiens » ne renvoie jamais aux Inuits, peuple issu d'un mouvement migratoire distinct et plus récent. La situation est identique au Québec même si, à la suite de l'anthropologue Jacques Rousseau, dans les années 1950-1960, des spécialistes ont employé le terme au sens large (comprenant les Inuits)[6].

Des remaniements terminologiques importants sont intervenus au Canada ces dernières décennies, affectant les désignations des peuples premiers. « Amérindien » se substitue à « Indien » mais à son tour, il devient controversé, jugé désuet, voire péjoratif, dans les années 2010[9]. La Banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada le présente comme « vieilli » au Canada[10]. Au sens étroit, qui exclut les Inuits et les Métis, « Amérindien » tend à être remplacé depuis les années 1980[11] par « Premières Nations » [12], sauf dans un contexte administratif, où « Indiens » a un sens technique bien précis. « Amérindiens » au sens large, incluant les Inuits et les Métis, est supplanté par « Autochtones »[13]. Indépendamment des extensions qu'il peut prendre, « Amérindien » est controversé en raison des possibles connotations qui lui sont associées : le dictionnaire de l'Université de Sherbrooke le donne comme « péjoratif » dans certains contextes[14] ; « terme honni » selon le site ledroit.com, il est retiré des manuels scolaires à la suite d'une décision gouvernementale en 2018[15]. Cette dernière mesure s'inspire des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, créée en 2008 dans le but de faire la lumière sur les torts subis par les Autochtones du Canada, et de sensibiliser l'opinion à ce sujet[15]. La Banque de dépannage linguistique du Québec inscrit l'abandon progressif de « Amérindien » dans une évolution générale de la terminologie relative aux Autochtones du Canada : « de nos jours, certaines appellations anciennes ou jugées péjoratives sont devenues moins fréquentes dans l’usage, étant parfois remplacées par des appellations issues de langues autochtones. On a ainsi vu, depuis les années 1970, le nom Esquimaux être progressivement remplacé par Inuits ou Yupiks. Plus récemment, on a vu Premières Nations se substituer à Amérindiens, qui avait lui-même remplacé Indiens dans l’usage. C’est également dans cet esprit qu’on a vu s’implanter Innu, en remplacement de Montagnais, et Wendat ou Huron-Wendat, préférés à Huron »[9].

Caractère exonymique

« Indien d'Amérique » et « Amérindien » sont des exonymes et de ce fait, selon le chercheur Michael Yellow Bird, des « appellations oppressives », des « identités colonisées, contrefaites »[16]. Les personnes désignées comme « amérindiennes » se sont considérées historiquement comme appartenant à des peuples divers, non à un groupe ayant une unité ethnique, même si l'expérience de la domination coloniale a établi entre elles des liens de solidarité[3]. Pour Michael Yellow Bird, qui appelle à décoloniser le savoir, les Européens ont construit de vastes catégories raciales afin de légitimer leur supériorité et l'exclusion des non-Blancs[3],[17],[18].

De même selon Robert F. Berkhofer (en), auteur de The White Man’s Indian : Images of the American Indian from Columbus to the Present (1978) le concept d’« Indien » forgé par les Européens réunit des personnes extrêmement diverses qui, au moment de la conquête espagnole, ne s'identifiaient pas elles-mêmes comme membres d'un groupe continental[19].

Dans un article intitulé « Indiens pour qui ? Histoire d'un mot », Sybille de Pury-Toumi souligne le fait que c'est une victoire à la guerre qui a donné aux Européens « le droit de nommer le continent et ses habitants indigènes », d'un terme vague qui prétend subsumer les mots disponibles dans les langues autochtones[20].

La question des critères d'identification

Tracer une différence entre les « Amérindiens » et les autres a été au départ une préoccupation politique sur le continent américain : il s'agissait à l'époque coloniale de savoir qui paierait un tribut, ou serait soumis à des travaux forcés[21],[22]. Par la suite, des anthropologues et des démographes se sont efforcés d'établir cette distinction, avec des objectifs divers. Des institutions politiques, aujourd'hui encore, procèdent en association avec le monde de la recherche à des dénombrements d'« Amérindiens », parfois dans le but de déterminer des mesures d'aide éducative ou d'accès à l'emploi, un suivi sanitaire, des découpages électoraux etc. Les critères retenus ont donc des conséquences pratiques considérables, d'où des batailles de chiffres, des accusations de surévaluation ou de sous-estimation. De fait, selon la définition des « Amérindiens » qui est adoptée, la proportion au sein d'une population peut passer du simple au double, ce qui modifie considérablement la vision des relations raciales[23],[24],[25].

Souvent reproduite, la démarcation entre « Amérindiens » et « non-Amérindiens » est variable toutefois selon les époques et les lieux[26] et jugée problématique par plusieurs spécialistes[27].

Identification par des caractéristiques « raciales »

La distinction entre « Amérindiens » et « non-Amérindiens » a été justifiée dans la deuxième moitié du XIXe siècle et jusque vers 1950 en fonction de critères raciaux[28], qui pouvaient faire appel à une description des phénotypes, des mesures anthropométriques, ou mêler des traits présentés comme biologiques et culturels. L'anthropologie physique ou raciale appliquée aux « Indiens » a été illustrée aux États-Unis notamment par Samuel Morton, auteur de Crania Americana (1839), et dont la vaste collection de crânes d'aborigènes est demeurée célèbre[29]. En France, Henri Vallois propose une description des races humaines où figure une « race amérindienne »[30], dans un ouvrage publié en 1945 et souvent réédité, dont le succès « illustre l'importance de l'anthropologie raciale en France » selon Carole Reynaud-Paligot[31]. La part plus grande accordée à la culture dans la définition de l'« Amérindien » conduit à passer d'une distinction raciale à une distinction ethnique[32].

Identification par des traits culturels

Les « Amérindiens » ont été définis en fonction de traits culturels comme les coutumes, les vêtements etc. dans le cadre de l'anthropologie culturelle. Certains résultats de cette discipline sont contestés cependant du fait que traditionnellement les anthropologues ont privilégié l'étude des « Indiens » qui leur paraissaient les plus authentiques, construisant ainsi une image de l' « Amérindien »-type dans une large mesure factice, épurée des éléments de modernité susceptibles de la brouiller[33],[34]. L'espoir fondamental de l'anthropologie culturelle a longtemps été, en effet, de retrouver dans les usages des « Amérindiens » contemporains des traces de la culture précolombienne. Cette « orientation archéologique » de l'anthropologie[35] l'a conduite à négliger les métissages, la complexité des évolutions historiques ; elle a été favorisée notamment au Mexique par le mouvement révolutionnaire indigéniste[36].

L'anthropologie a dû prendre acte des phénomènes d'acculturation rendus évidents par exemple par le fait qu'un grand nombre d' « Amérindiens » ayant adopté la religion catholique ne correspond guère au stéréotype de l'« Indien » polythéiste ou soumis à une royauté sacrée. Toutefois, selon Julian Pitt-Rivers, les définitions culturelles des « Amérindiens » qui mesurent les degrés d'acculturation par rapport au passé précolombien donnent elles aussi une image très peu fidèle des « Amérindiens » : « nombre d'indicateurs culturels du statut indien aujourd'hui, écrit J. Pitt-Rivers, ont en fait une origine espagnole du XVIe siècle, et définissent l'Indien uniquement parce que les Hispaniques ont abandonné leurs coutumes »[33],[37] ; de plus « des éléments de culture qui autrefois identifiaient les Indiens cessent d'être pertinents dès qu'ils ont été adoptés par les Espagnols ou les Ladinos »[33]. Le problème fondamental est que le concept d'acculturation suppose qu'il est possible de définir une culture d'origine et de mesurer des altérations au fil du temps ; or le point de départ purement « indien » est difficile à saisir, il est « largement spéculatif » selon ce spécialiste[38]. La distinction ethnique entre « Amérindiens » et « non-Amérindiens » reposait donc sur des critères arbitrairement constitués.

Une autre critique adressée à la définition de l' « Amérindien » en fonction de traits culturels est qu'elle isole artificiellement l' « Indien » de la société dans laquelle il vit, et tente de donner une définition dans l'absolu de ce qu'est un « Amérindien ». Or la définition de l'indianité est changeante en fonction des configurations sociales, elle a un caractère relatif[33]. Les « Amérindiens » sont définis en réalité par rapport à ceux qui sont réputés ne pas l'être ; la frontière qui sépare ces deux groupes est éminemment instable.

Selon Jean-Pierre Lavaud et Françoise Lestage, « il n’existe pas une « culture de l’Indien » ou une « culture du Métis » qui puisse être isolée et se définir indépendamment de ses contextes locaux »[24].

Identification par la langue

La définition des Amérindiens en fonction d'un critère linguistique est privilégiée dans les recensements de certains pays d'Amérique latine. Cependant, le bilinguisme et le multilinguisme étant très répandus, la question se pose de savoir si des personnes qui parlent une langue amérindienne (ou autochtone américaine) et en même temps une ou plusieurs autres langues doivent être incluses dans la catégorie des « Amérindiens ». L'analyse du recensement bolivien de 1992 peut conduire à estimer que les « Amérindiens » forment une petite minorité de 11,5 % de la population (proportion des personnes qui parlent uniquement une langue vernaculaire), ou au contraire qu'ils sont majoritaires dans le pays (58,9 % des personnes recensées parlant une langue vernaculaire et une autre langue, comme le castillan)[24].

Le critère linguistique est si déterminant dans certains pays comme le Guatemala qu'il est possible de « changer de race » au cours d'une vie en devenant bilingue : ainsi, écrit Julien Pitt-Rivers, « il n'y a qu'une difficulté limitée pour les Indiens, une fois qu'ils ont appris l'espagnol, à changer d'identité ethnique et à devenir Ladinos »[33].

Le Mexique a longtemps privilégié dans ses recensements une définition des « Amérindiens » en fonction de critères linguistiques[24].

Aux États-Unis, en revanche, la langue n'intervient pour ainsi dire pas dans la définition des « Amérindiens ». Le métissage s'accompagne d'une diminution de l'usage des langues « indiennes » ; si dans les réserves cet usage demeure bien ancré, en revanche en 1990, 77% des personnes issues d'unions mixtes d'« Amérindiens » et de « non-Amérindiens » ne parlent que l'anglais, y compris dans leur foyer[24].

Identification dans un contexte social précis

Dans certains pays, ce sont les relations sociales (non la culture ou le phénotype) qui font l'« Amérindien », mais les éléments retenus pour l'identifier sont très variables d'un lieu à l'autre. Lors du recensement de 1950 au Guatemala, il a été décidé, compte tenu de l'échec d'un recensement antérieur fondé sur des critères physiques, de s'en remettre à l'opinion publique locale. En effet, chaque village « savait » qui était « indien » et qui ne l'était pas, mais dans certains villages, l'« Indien » est celui qui va pieds nus, par opposition aux personnes portant des sandales, dans d'autres, c'est l'âge auquel les enfants cesse d'être scolarisés qui fait la différence « ethnique », dans d'autres encore c'est le mode d'alimentation. Ainsi à l'exception des « Amérindiens » qui vivent dans la jungle, l'identification dans les autres situations est inconstante[24],[33].

De plus, l'identification de l'« Indien » peut varier dans un même lieu en fonction de la position de l'observateur dans la hiérarchie sociale : au Pérou, un Espagnol a tendance à voir un métis comme un « Indien », tandis que « la même déformation optique » selon les termes de Julian Pitt-Rivers, « se produit en sens inverse à l'autre bout de l'échelle sociale », et qu'une personne parlant exclusivement une langue autochtone voit dans tout locuteur hispanophone un « Blanc », quel que soit son phénotype[39]. De manière générale en Amérique latine, l'apparence physique n'entre pas en ligne de compte pour marquer la frontière entre les « Amérindiens » et les autres ; des « Indiens » ont une peau claire et des traits européens sans être considérés pour autant comme moins « indiens »[35],[40].

Certains spécialistes ont soutenu que c'est la classe sociale qui en réalité définit les « Amérindiens ». Ainsi selon l'anthropologue Victor Goldkind « les Indiens sont des paysans pauvres et leurs valeurs et leurs comportements peuvent s'expliquer sans aucun recours à leurs origines mayas, par le fait que ce sont des ruraux alors que les Ladinos sont des citadins »[41]. Julian Pitt-Rivers réfute cependant ce type de généralisation, alléguant le fait que la majorité des Ladinos du Chiapas, par exemple, sont majoritairement des paysans pauvres ; s'il est vrai que souvent le statut ethnique et la classe coïncident, il arrive aussi que des « Amérindiens » soient propriétaires fonciers et que des villes accueillent une proportion importante d' « Indiens ». Pour J. Pitt-Rivers il faut considérer, pour déterminer qui est « Amérindien », non la classe seulement, mais une définition sociale locale ; en Amérique latine, « l'Indien est celui qui est considéré comme naturellement inférieur. Son statut est fonction de la structure sociale totale qui utilise les différences culturelles entre indien et hispanique pour maintenir la distinction sociale »[33]. Pour Jean-Pierre Lavaud et Françoise Lestage également « on ne peut pas assimiler le groupe des Indiens à une classe ou à une strate sociale. C’est bien dans la relation sociale, ici et maintenant, que la catégorisation prend son sens »[24].

Choix personnel parmi un nombre limité de catégories

Les États-Unis privilégient dans leurs recensements l'auto-identification. En 1990, il fallait choisir une seule des cinq catégories suivantes : American Indian, Blancs, Noirs, Asiatiques et Hispaniques[24]. EN 2000 il est devenu possible de cocher plus d'une identification. Ce changement dans les formulaires a entraîné une augmentation de 65 % des « Amérindiens » qui ont été proportionnellement les plus nombreux à choisir deux races (en comparaison avec les Noirs par exemple, qui n'en ont choisi qu'une à une écrasante majorité)[24].

Ce type de catégorisation, qui peut répondre à une intention de lutte contre les discriminations, a été critiqué par plusieurs spécialistes. Pour Lavaud et Lestage, elle occulte le phénomène massif du métissage (d'autant que la catégorie « Métis » est absente des formulaires, alors que beaucoup de Mexicains se définissent ainsi)[24]. Pour Denis Lacorne, « les cinq catégories privilégiées ne sont au fond qu’une reprise à peine voilée des cinq races identifiées au XIXe siècle par les tenants du darwinisme social : les Blancs, les Noirs, les Jaunes, les Bruns, les Rouges »[42].

Changement de statut ethnique

En Amérique latine les changements de statut ethnique, soit collectifs, soit individuels, ont été nombreux au cours des siècles[33]. Ainsi, au Mexique, des « Indiens » sont devenus en grand nombre des Ladinos pendant des périodes historiques identifiables, en particulier à l'époque de l'Indépendance (fin XVIIIe siècle-début XIXe siècle) et au moment de la Révolution mexicaine au début du XXe siècle[39]. Si les ladinisations individuelles représentent les cas les plus fréquents de « changements de race », la transformation inverse est possible[39]. Une figure bien connue au Mexique est celle de Juan Perez Jolote, originaire d'un village maya du Chiapas, qui est devenu ladino pendant vingt ans avant de redevenir un « Indien » ; sa vie a donné un lieu à un récit biographique traduit en français, Juan Perez Jolote; biografía de un Tzotzil (1952) de l'ethnologue Ricardo Pozas Arciniega (en)[39],[43].

Le métissage

La prise en considération du métissage est très variable selon les pays. La catégorie « Métis » est considérée comme une évidence dans des pays d'Amérique latine comme la Bolivie et le Mexique, alors que jusqu'en 1990 les États-Unis ne proposaient même pas la possibilité d'un classement ethnique mixte dans les formulaires de recensement[24].

Problèmes posés par les recensements

Les recensements conduits aux États-Unis font l'objet de critiques de la part de spécialistes qui imposent aux résidents américains le choix entre telle et telle identité collective, au détriment d'une fluidité dans les identifications. Joane Nagel parle à ce sujet d'« aiguillage ethnique » (ethnic switching) pour expliquer le gonflement de la catégorie des Amérindiens (American Indian) ; outre les catégories proposées dans les formulaires, les ressources fédérales importantes allouées aux « Amérindiens » peuvent favoriser une fierté ethnique et une adhésion à telle désignation plutôt qu'à telle autre[44]. De même, selon Michael Yellow Bird, « la préférence marquée pour « Indien d'Amérique » (ou « Indien ») dans les enquêtes n'est guère surprenante étant donné que pendant plus de cinq cents ans, les colonisateurs européens et euro-américains ont imposé cette étiquette aux peuples autochtones des États-Unis par le biais de politiques fédérales »[3].

Jean-Pierre Lavaud analyse le cas de la Bolivie où les personnes recensées ont des difficultés à se reconnaître dans les appellations ethniques proposées, parce qu'elles s'identifient à un lieu ou à une catégorie sociale, plutôt qu'à un groupe ethnique[24].

De « Amérindiens » à « Autochtones »

Les groupes identifiés comme « Amérindiens » ont été les premiers à se revendiquer comme « peuples autochtones » ; ils ont été le fer de lance d'une mobilisation qui a gagné progressivement un nombre croissant de peuples[45],[46]. En 2022, 5000 cultures, réunissant 370 millions de personnes, sont reconnues comme « autochtones »[réf. nécessaire]. La Déclaration des droits des peuples autochtones adoptée par l'ONU en 2007 définit les droits des Autochtones comme celui de contrôler leurs terres, ou en matière d'éducation, d'emploi, de santé etc. Ainsi, selon Joëlle Rostowski, les « Indiens » sont à l'origine d'un droit nouveau. Le mouvement a commencé dans les années 1970 ; nord-américain au départ, il s'est diffusé dans tout le continent avant de s'internationaliser dans un intervalle d'une quinzaine d'années[46].

Les mêmes membres de peuples premiers ont tendance à utiliser selon les contextes les endonymes propres à leur communauté spécifique, et l'expression générique « peuple autochtone »[47]. Toutefois certains membres de ces nations réprouvent leur désignation comme « autochtones », parce qu'elle les identifie de manière trop large, et qu'elle situe leur peuple comme antérieur à la conquête coloniale, donc encore et toujours par rapport aux colonisateurs[48]. Pour d'autres au contraire, cette appellation homogénéisante est un instrument de résistance contre la domination exercée par des pouvoirs étrangers[49].

Évolution du contexte social et politique

C'est en réaction à des politiques d'assimilation menées aux États-unis, le programme d'Indian termination policy, que les « Amérindiens » de ce pays ont commencé à se mobiliser à l'échelle nationale, invoquant leur droit à l'autodétermination. En 1974, « pour la première fois de leur histoire, des milliers de représentants indiens se rencontrèrent », écrit l'anthropologue Françoise Morin, dans le cadre d'une réunion des « nations autochtones souveraines » des deux Amériques, à Standing Rock (États-Unis) ; leur objectif est d'obtenir des États le respect des traités signés. Cependant, ce type d'action n'ayant pas porté de fruits, ils décident de changer de stratégie et d'internationaliser leur mouvement[50],[46]. En 1975, ils créent le Conseil Mondial des Peuples Autochtones, après avoir pris contact avec plus de cinquante personnalités autochtones d'Europe (des Samis), du Pacifique (des Maori et des Aborigènes d’Australie) et des deux Amériques (des Inuit et des « Amérindiens »)[46]. En 1977 se tient à l'ONU une conférence sur « La discrimination contre les populations autochtones des Amériques » à laquelle participent les organisations autochtones[46] ; les représentants des « Amérindiens » expriment leur refus d'être catégorisés comme « minorités ethniques » et appellent à la définition d'un nouveau statut[51]. En 1982 l'ONU crée le Groupe de travail sur les populations autochtones (GTPA) pour remédier à l'absence d'outils juridiques[46]. La mondialisation a favorisé ce processus, en rapprochant des peuples qui ont en partage un passé marqué par la colonisation[46]. En 2000, les Nations unies créent l'Instance permanente sur les questions autochtones[47].

Comme le note Irène Bellier, un changement de paradigme s'opère dans les années 1970 à 2010 auquel ont contribué des scientifiques, des autochtones, des entités internationales, des dirigeants politiques ; il conduit à une remise en question de la notion d'ethnie, et à une prise en compte accrue des enjeux politiques dans l'approche anthropologique[52]. L'« amérindianité » tend à céder la place progressivement à l'« autochtonie »[52]. Par exemple, « l’heure n’est plus à l’analyse de la « chefferie amérindienne », la recherche porte aujourd’hui sur la gouvernance autochtone, politique comme économique »[52].

Évolution du contexte scientifique

Françoise Morin évoque une « révolution conceptuelle » commencée avec les travaux de l’anthropologue norvégien Fredrick Barth (1969) et qui favorise la mobilisation des peuples autochtones[53] : jusqu'aux années 1960 l'anthropologie culturelle étudiait les « ethnies » pour les classer et les comparer entre elles, en les séparant de la société plus large dans laquelle elles prennent place[46]. A partir des années 1970, l'approche barthienne inspire de nouvelles analyses sur les « frontières qui président aux identités qu’un groupe se donne et qui lui sont assignées par ses voisins », explique Françoise Morin[46].

De plus, les anthropologues cherchent à comprendre comment on peut modifier ces frontières entre les groupes : il est possible de faire ressortir certains traits historiques ou culturels d'un groupe afin qu'il se mobilise contre l'oppression[46]. Les anthropologues « instrumentalistes » soulignent le fait que « l’ethnicité peut être manipulée stratégiquement par des minorités autochtones, dominées politiquement et enclavées dans des États-nations pour revendiquer des droits » ; phénomène dynamique, l'ethnicité s'accentue ou s'estompe selon les contextes[46].

Ainsi par exemple, les groupes « indiens » d’Amazonie qui voulaient combattre l'accaparement de leurs terres s'auto-désignent comme groupe ethnique dans leur dialogue avec le pouvoir régional ; c'est le cas des Shipibo-Conibo dans la vallée de l’Ucayali[46]. Dans un deuxième temps, ils fondent une organisation nationale (AIDESEP) avec les groupes ethniques de la forêt péruvienne, et revendiquent un statut de « peuples indigènes » ou autochtones, pour réclamer le respect de leurs droits dans des négociations avec le pouvoir national dans la capitale du Pérou[46].

Selon Irène Bellier, l'anthropologie française n'est « pas très à l'aise » avec la catégorie de « peuples autochtones », à la différence de l'anthropologie anglo-saxonne qui a pris acte depuis longtemps de l'apparition de la catégorie de l'indigénéité[54].

Références

  1. «Le terme « Indien » pose évidemment un problème majeur d’ethnocentrisme (et fondé sur une erreur radicale d’appréciation !)», Jean-Marc Serme, « Études amérindiennes : le poids des plumes », Amnis, lire en ligne ; DOI : https://doi.org/10.4000/amnis.158
  2. « Indien | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  3. a b c et d Michael Yellow Bird, « What We Want to Be Called: Indigenous Peoples' Perspectives on Racial and Ethnic Identity Labels », American Indian Quarterly, vol. 23, no 2,‎ , p. 1–21 (ISSN 0095-182X, DOI 10.2307/1185964, lire en ligne, consulté le )
  4. «Le terme indien fut appliqué indifféremment aux habitants des Grandes Plaines des actuels États-Unis et à ceux de la forêt amazonienne, en passant par ceux des hauts plateau xmexicains et andins. Les intéressés se sont rebellés contre cette habitude, d'autant plus que "Indio" - "Indien" en espagnol - était rapidement devenu un terme péjoratif, et même une insulte ; ils ont revendiqué leurs anciennes dénominations, et ont en partie obtenu gain de cause», Christian Rudel, Réveils amérindiens: du Mexique à la Patagonie, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-8111-0039-1, lire en ligne), p. 9
  5. «De nombreux mouvements indiens de revendication culturelle qui ont émergé de nos jours sur tout le continent américain demandent à être appelés Indiens. C'est un mouvement semblable à celui des Noirs aux États-Unis qui réclamaient d'être appelés Nègres, ou à celui des premiers chrétiens qui s'assumaient comme tels pour contrer le mépris dont ce mot était teinté. On assiste ici à la prétention à se nommer, exprimée dans un environnement où la parole de l'autre est toujours prépondérante : la seule solution consiste alors à se réapproprier délibérément les termes qui lui étaient jusqu'alors imposés. Cet acte linguistique volontaire et indépendant met fin aux connotations négatives provenant d'un équilibre social ainsi remis en cause», Sybille de Pury-Toumi, « Capítulo 1. ¿Indios para quién? Historia de una palabra» In: De palabras y maravillas: Ensayo sobre la lengua y la cultura de los nahuas, Sierra Norte de Puebla . Mexico: Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, 1997, (ISBN 9782821827905). DOI: https://doi.org/10.4000/books.cemca.1749.
  6. a b c et d « Base de données lexicographiques panfrancophone - amérindien, ienne », sur www.bdlp.org (consulté le )
  7. (en) New York Times, « Americanists in dispute : Lively contoversy over coining the word « Amerind » » [PDF], sur timesmachine.nytimes.com, (consulté le )
  8. «Le fait qu'Amérindien ne soit pas devenu un générique au Canada s'explique par divers facteurs, dont sa ressemblance avec Indien, lequel ne renvoie jamais à un Inuit, sauf chez de rares anthropologues. Les lexicographes français ont également joué un rôle dans l'établissement de cet usage parce qu'ils associent l'appellation Amérindien exclusivement aux Indiens d'Amérique, à l'exclusion des Inuits, depuis son introduction dans les dictionnaires, en 1960 (v. Larousse 1960, Petit Robert 1967-1995 et PLar 1968-1993», « Base de données lexicographiques panfrancophone - amérindien, ienne », sur www.bdlp.org (consulté le )
  9. a et b « Banque de dépannage linguistique - Désignations de peuples autochtones », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  10. Travaux publics et Services gouvernementaux Canada Gouvernement du Canada, « AMERINDIEN [1 fiche] - TERMIUM Plus® — Recherche - TERMIUM Plus® », sur www.btb.termiumplus.gc.ca, (consulté le )
  11. «En 1980, des centaines de chefs se réunissent à Ottawa et utilisent pour la première fois le terme «  Premières Nations  » dans la Déclaration des Premières Nations. En 1982, la Fraternité nationale des Indiens devient l’Assemblée des Premières Nations, la voix politique des membres des Premières Nations au Canada», « Premières Nations | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  12. «Les membres des Premières Nations sont souvent désignés par d’autres noms tels qu’Indiens ou Amérindiens. Ces appellations peuvent être problématiques, car certaines ont une connotation négative», « Premières Nations | l'Encyclopédie Canadienne », sur www.thecanadianencyclopedia.ca (consulté le )
  13. «Le mot Indien tend à être remplacé par Amérindien, puis, plus récemment, par membre d'une Première Nation ou par le générique Autochtone», Dictionnaire de l'Université de Sherbrooke, « Usito », sur Usito (consulté le )
  14. Dictionnaire de l'Université de Sherbrooke, « Usito », sur Usito (consulté le )
  15. a et b « Le mot «Amérindiens» retiré de manuels d’histoire », sur Le Droit, (consulté le )
  16. «The labels "Indian, " "American Indian, " and "Native American" have been criticized in academic scholarship. I have suggested that these names are oppressive, counterfeit identities that are misleading, inaccurate, and used to control and subjugate the identities of Indigenous Peoples» ; « we avoid using "Indian, ""American Indian, and "Native American" because they are "colonized identities" imposed by Europeans and European Americans », Michael Yellow Bird, « What We Want to Be Called: Indigenous Peoples' Perspectives on Racial and Ethnic Identity Labels », American Indian Quarterly, vol. 23, no 2,‎ , p. 1–21 (ISSN 0095-182X, DOI 10.2307/1185964, lire en ligne, consulté le )
  17. Carmen Salazar-Soler propose la même analyse dans une étude sur le Pérou : « la catégorie d'Indien est une construction coloniale créée en réponse aux besoins du processus de colonisation pour conserver l'opposition entre les indigènes et les colonisateurs. », Carmen Salazar-Soler, « ¿Qué significa ser indio o indígena? Reflexiones sobre estas categorías sociales en el Perú andino », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Débats, lire en ligne ; DOI : https://doi.org/10.4000/nuevomundo.66106
  18. Selon Juan-Carlon, qui s'intéresse au cas du Pérou, l'Église a joué un rôle prépondérant dans le maintien de l'appellation « Indien », qui aurait pu être remplacée par celle de « chrétien » ; une telle substitution aurait impliqué une remise en cause de l'ordre colonial, perspective que l'Église rejetait. «  La catégorie d'Indien est une construction proprement coloniale qui n'a aucun sens sans le regard et les rapports de pouvoir colonisateurs », écrit Juan Carlos Estenssoro dans «  El simio de Dios. Los indígenas y la iglesia frente a la evangelización del Perú , siglos XVI-XVII », Bulletin de l’Institut Français d’Études Andines, 30, 3, 2001, p. 457
  19. «Robert F. Berkhofer, The White Man’s Indian : Images of the American Indian from Columbus to the Present (New York : Knopf, 1978), estime que quand les Européens en sont venus au concept d’« Indien », ils ont fondu en un seul groupe toutes les diverses cultures, sociétés, groupes linguistiques et identités des peuples autochtones d’Amérique, des gens qui ne se considéraient pas comme formant un groupe ou un peuple continental lors du premier contact», Constance Backhouse, «2. Qualification raciale ou théâtre de l’absurde : « le statut d’Esquimau, dragon terrassé », dans Re Eskimos, 1939 » In : De la couleur des lois : Une histoire juridique du racisme au Canada entre 1900 et 1950, Ottawa : Les Presses de l’Université d’Ottawa | University of Ottawa Press, 2010, lire en ligne. (ISBN 9782760326248).
  20. «Le mot "Indien" reste vague : qui désigne-t-il ? En ce mot, ce sont des groupes ethniques amalgamés qui n'ont souvent en commun que le fait de provenir des terres découvertes par les conquérants venus d'Europe. Puisqu'ils sont victorieux par les armes, les Européens revendiquent le droit de nommer à la fois le continent et ses habitants indigènes. Un seul terme s'impose, celui d'« indien », pour désigner une grande diversité de peuples — ainsi que leurs langues — malgré le fait que chacun porte un nom ; [...] il implique le rejet de tous les autres termes déjà existants dans les langues autochtones.», Sybille de Pury-Toumi, « ¿Indios para quién? Historia de una palabra » In: De palabras y maravillas: Ensayo sobre la lengua y la cultura de los nahuas, Sierra Norte de Puebla . Mexico: Centro de estudios mexicanos y centroamericanos, 1997, lire en ligne
  21. A l'époque coloniale, « la relation Indien/non-Indien ne se pose pas autrement qu’en termes pratiques d’exploitation ; jamais elle ne fut abordée... en termes autres que politico-administratifs », Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517, lire en ligne
  22. «A l'époque coloniale, être Indien implique de payer tribut, d'être soumis au travail obligatoire et de ne pas avoir le droit d'occuper les mêmes postes administratifs que les Espagnols ou les Créoles», Carmen Salazar-Soler, « ¿Qué significa ser indio o indígena? Reflexiones sobre estas categorías sociales en el Perú andino », Nuevo Mundo Mundos Nuevos, Débats, lire en ligne ; DOI : https://doi.org/10.4000/nuevomundo.66106
  23. « Les critiques visant le recensement provenaient de différents secteurs : Indiens, démographes, anthropologues, universitaires, et peut-être les plus virulentes furent-elles celles des indigénistes eux-mêmes, en particulier celles des travailleurs résidant dans les communautés et les régions indiennes », selon A. Embriz Osorio et L. Ruiz Mondragón (2000), cités dans Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517
  24. a b c d e f g h i j k et l Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517. DOI : 10.3917/anso.052.0487, lire en ligne
  25. "Les différences entre les Indiens et les Hispaniques ne sont en aucun cas constantes. La notion de race dépend donc de la définition de l'Indien et varie en conséquence, ce qui rend impossible de définir les Indiens par leurs caractéristiques manifestes. Cela crée une difficulté non seulement pour les anthropologues mais aussi pour les recenseurs des pays où l'on essaie d'enregistrer la composition raciale de la nation », Julian Pitt-Rivers, « Race in Latin America : the concept of 'raza' », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie / Europäisches Archiv für Soziologie, vol. 14, no 1,‎ , p. 3–31 (ISSN 0003-9756, lire en ligne, consulté le )
  26. «Les définitions de l’Indien ne sont constantes ni dans le temps ni dans l’espace. Ce qui rend les dénombrements délicats et les comparaisons impossibles d’une époque à l’autre, et d’un lieu à l’autre» ; « il ne peut y avoir de décompte scientifique officiel sur la base de grilles préformées d’ensembles d’individus indiens. Voilà pourquoi on peut obtenir des résultats si différents d’un comptage à l’autre, dans une même aire géographique», Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517, lire en ligne
  27. « American Indians, both in the United States and in Latin America have probably been the category with the least determinate boundaries », écrit W.Petersen, qui renvoie notamment à l'ouvrage de James A. Clifton, The Invented Indian: Cultural Fictions and Government Policies, 1990, (en) William Petersen, Ethnicity Counts, Routledge, (ISBN 978-1-351-29174-3, lire en ligne), p.317
  28. "Une labellisation raciale très en vogue a prédominé au tournant du siècle et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale", Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517, lire en ligne
  29. Reginald Horsman, « Scientific Racism and the American Indian in the Mid-Nineteenth Century », American Quarterly, vol. 27, no 2,‎ , p. 152–168 (ISSN 0003-0678, DOI 10.2307/2712339, lire en ligne, consulté le )
  30. «Selon Jaume Bertranpetit et Miguel Hernández, qui se sont appuyés sur la nomenclature d'Henri Vallois, il existe dans le Nouveau Monde les sous-races suivantes du tronc mongoloïde ou xanthoderme : esquimau et amérindien», Sergio O. Valdès Bernal, La hispanización de América y la americanización de la lengua española, 2013, lire en ligne p.35.
  31. Carole Reynaud-Paligot, « RACES ET RACISME », TDC N° 1109 lire en ligne
  32. "Certains analystes utilisent aussi le terme d’ethnie pour connoter une distinction culturelle plutôt que raciale", Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517, lire en ligne
  33. a b c d e f g et h Julian Pitt-Rivers, « Race in Latin America : the concept of 'raza' », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie / Europäisches Archiv für Soziologie, vol. 14, no 1,‎ , p. 3–31 (ISSN 0003-9756, lire en ligne, consulté le )
  34. «L'anthropologie contemporaine peut certes concentrer son intérêt sur la situation qui existait à l'arrivée de Colomb et de ses successeurs immédiats, et, en procédant ainsi, négliger les bouleversements ultérieurs comme les métissages [...] ces transformations récentes n'apparaissent que comme des « brouillages » à celui qui s'en tient uniquement aux Amérindiens. [...] Les chercheurs tentent alors d'effacer ce « brouillage ». Reconstituant le tableau d'une Amérique précolombienne, ils s'efforcent de ne tenir compte que des faits qui concernent directement celle-ci et ils passent sous silence les remaniements ultérieurs», Jean-Marie Tremblay, « Jean Benoist, Les Amériques. J. Hiernaux, La diversité biologique humaine / Human Biological Diversity. », sur texte, (consulté le )
  35. a et b Julian Pitt-Rivers, « Race, Color, and Class in Central America and the Andes », Daedalus, vol. 96, no 2,‎ , p. 542–559 (ISSN 0011-5266, lire en ligne, consulté le )
  36. Jean-Marie Tremblay, « Jean Benoist, Les Amériques. J. Hiernaux, La diversité biologique humaine / Human Biological Diversity. », sur texte, (consulté le )
  37. J. Pitt-Rivers donne plusieurs exemples de coutumes que les Ladinos ont répudiées les jugeant barbares et « indiennes », alors qu'elles étaient espagnoles, Julian Pitt-Rivers, « La Culture métisse : dynamique du statut ethnique », Homme, vol. 32, no 122,‎ , p. 133–148 (DOI 10.3406/hom.1992.369529, lire en ligne, consulté le )
  38. « La mesure des « degrés d'acculturation » s'accomplissait selon une échelle choisie par l'enquêteur, qui était arbitraire à la fois dans le choix des traits et dans l'importance qu'il attachait à tel ou tel aspect de la culture. La préférence de l'enquêteur et ses suppositions concernant la culture précolombienne déterminaient donc la mesure de l'acculturation, il n'était donc guère surprenant que peu d'accord se soit dégagé sur le sujet », Julian Pitt-Rivers, « Race in Latin America : the concept of 'raza' », European Journal of Sociology / Archives Européennes de Sociologie / Europäisches Archiv für Soziologie, vol. 14, no 1,‎ , p. 3–31 (ISSN 0003-9756, lire en ligne, consulté le )
  39. a b c et d Julian Pitt-Rivers, « La Culture métisse : dynamique du statut ethnique », Homme, vol. 32, no 122,‎ , p. 133–148 (DOI 10.3406/hom.1992.369529, lire en ligne, consulté le )
  40. La race est « sociale » en Amérique latine, selon Charles Wagley, « On the concept of social race in the Americas », Actas del XXXIII Congreso de americanistas, San José de Costa Rica, Lehman, tomo 1, 1959, p. 403-417.
  41. Victor Goldkind, « Ethnic Relations in Southeastern Mexico: a methodological note », American Anthropologist, LXV (1963), 394-399
  42. Denis Lacorne, La crise de l’identité américaine. Du melting-pot au multiculturalisme. Paris, Fayard, 1997, cité dans Jean-Pierre Lavaud, Françoise Lestage, « Compter les indiens. (Bolivie, Mexique, États-Unis) », L'Année sociologique, 2005/2 (Vol. 55), p. 487-517, lire en ligne
  43. Henri Favre, « Chapitre premier. La communauté », dans Changement et continuité chez les Mayas du Mexique : Contribution à l’étude de la situation coloniale en Amérique latine, Éditions de l’IHEAL, coll. « Travaux et mémoires », (ISBN 978-2-37154-094-1, lire en ligne), p. 117–141
  44. Joane Nagel, « American indian ethnic reviewal : Politics and the resurgence of identity », American Sociological Review, 1995, vol. 60, p. 947-965.
  45. Les Amérindiens ont joué un "rôle exemplaire car ils ont fourni l'impulsion initiale qui a suscité d'autres démarches de la part de peuples autochtones du monde entier" ; "les réunions de l'ONU sur les peuples autochtones, initialement dominées par la question amérindienne, se sont considérablement élargies", Joëlle Rostkowski, « II. Les indiens des états-unis : hérauts de l'autochtonie sur la scène internationale » . In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 84 n°1, 1998. pp. 264-273. DOI : https://doi.org/10.3406/jsa.1998.2823, lire en ligne
  46. a b c d e f g h i j k l et m Françoise Morin, « L’Autochtonie, forme d’ethnicité ou exemple d’ethnogenèse ? », Parcours anthropologiques [En ligne], 6 | 2006, lire en ligne
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  50. «Les mesures impopulaires qui marquèrent la politique indienne aux États-Unis – Termination Policy – eurent une influence déterminante sur la reprise des contacts entre certaines organisation indiennes et les organisations internationales» (amorcées par les Iroquois dans les années 1920), Joëlle Rostkowski, « II. Les indiens des états-unis : hérauts de l'autochtonie sur la scène internationale » . In: Journal de la Société des Américanistes. Tome 84 n°1, 1998. pp. 264-273, [www.persee.fr/doc/jsa_0037-9174_1998_num_84_1_2823 lire en ligne]
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Bibliographie

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Voir aussi

Une catégorie est consacrée à ce sujet : Amérindiens.