Affaire Robert Boulin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 19 janvier 2015 à 15:53 et modifiée en dernier par Vlaam (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

L’affaire Boulin est le nom donné aux enquêtes et aux interrogations qui ont suivi la mort de Robert Boulin, ministre du Travail en exercice du gouvernement français. Son corps a été retrouvé le dans un étang de la forêt de Rambouillet. L'information judiciaire s'est achevée par un non-lieu en concluant au suicide mais cette thèse est loin d'être unanimement acceptée. La famille de Robert Boulin, notamment sa fille Fabienne Boulin-Burgeat, est convaincue que son père a été assassiné. Son combat est relayé d'abord par de nombreux journalistes, notamment de l'Humanité, de TF1, de l'AFP, de France 2, de Canal+, de Libération, de Minute, de Paris Match et de France Inter. Ce combat a plus récemment été repris par des personnalités du monde artistique réunies autour de Pierre Aknine pour le téléfilm consacré à l'affaire Boulin, Crime d'État, en premier lieu François Berléand qui est le premier signataire d'une pétition pour la réouverture du dossier qui a recueilli plus de 15 000 signatures[1].

Les faits

Le contexte

En 1979, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, Robert Boulin est ministre du Travail et de la Participation du troisième gouvernement Raymond Barre. Selon certains gaullistes de l'époque, Valéry Giscard d'Estaing songe à nommer un Premier ministre membre du RPR pour réduire l'influence de Jacques Chirac. Les noms de Robert Boulin, Joël Le Theule ou encore Alain Peyrefitte sont évoqués[2].

L'affaire de Ramatuelle

À l'automne 1979, des lettres anonymes parviennent aux sièges de plusieurs journaux. Elles accusent Robert Boulin d'avoir acquis de manière illégale 2 hectares de garrigue à Ramatuelle (Var), sur laquelle il aurait fait bâtir une résidence secondaire (un mas de 180 m2) par l'intermédiaire d'un ami, Henri Tournet, qui lui cède le terrain pour le prix de 40 000 francs. Tournet avait déjà vendu le terrain à trois chefs d'entreprise Normands et Boulin était donc victime d'une escroquerie. Cependant il s'avèrera que Robert Boulin est intervenu à diverses reprises pour obtenir la constructibilité des terrains. Par ailleurs Henri Tournet affirmera avoir restitué les 40.000 F à Robert Boulin, ce qui est exact[3]. Robert Boulin est donc soupçonné d'avoir sollicité des passe-droits en faveur de son ami. Le journal d'extrême droite Minute est le premier à attaquer vigoureusement le ministre le 17 octobre, titrant « Boulin a fait la belle boulette ». Boulin choisit de riposter, déclarant au micro d'Europe 1 le dimanche 21 octobre : « Que voulez-vous que je réponde ? J'ai l'âme et la conscience tranquilles et j'ai été exemplaire. Peut-être encore plus que vous ne le pensez, parce qu'il y a des choses que je ne peux pas dire ici »[4]. La campagne de presse se poursuit avec Le Canard enchaîné le 24 octobre et Le Monde le 27 octobre[5].

La découverte du corps

Le à h 40, le corps de Robert Boulin est retrouvé dans l'Étang rompu, en plein cœur de la forêt de Rambouillet (Yvelines). Son cadavre se trouve à cinq mètres de la berge, et gît à genoux, la tête hors de l'eau, baignant dans 50 centimètres d'eau et 40 centimètres de vase[6]. Son véhicule personnel est également retrouvé sur les lieux, garé sur la berge, à quelques mètres à l'écart du chemin d’accès à l'étang, soit à une distance d’environ 200 mètres de la route départementale D138, laquelle relie Saint-Léger-en-Yvelines au sud à Montfort-l'Amaury au nord.

La thèse officielle

La mort est tout de suite présentée comme un suicide du fait d'une dépression causée par l'affaire de Ramatuelle[6]. Le SRPJ de Versailles dirigé par Claude Bardon, chargé de l’enquête par l'intermédiaire du commissaire principal Alain Tourre (ce dernier traite de cette affaire dans son livre en 2012 « Police judiciaire : 100 ans avec la crim' de Versailles »[7]), conclut d'abord au suicide par noyade après absorption de barbituriques, puis, dans un deuxième temps, après ingestion de Valium. La publication des articles de presse, après la réception de lettres anonymes, aurait rendu Robert Boulin dépressif. Il aurait alors ingéré une grande quantité de Valium, pénétré dans l'étang et se serait noyé.

Cette thèse est partagée par la grande majorité des milieux journalistiques et de la classe politique de l'époque à l'exception de quelques voix discordantes comme Laurent Fabius, faisant état dans une question au gouvernement d'une très grande perplexité, ou encore le sénateur Pierre Marcilhacy[8]. Dans un entretien avec Benoît Collombat en 2005 Raymond Barre confirmera l'atmosphère de l'époque « Nous ne pensions pas que le RPR allait assassiner Boulin[9] ».

Les contre-enquêtes

Dans un premier temps la famille Boulin accrédite la thèse du suicide. C'est le cas par exemple de Bertrand Boulin, fils du ministre, dans son ouvrage Ma Vérité sur mon père (1980)[2]. Par la suite, toutefois, les Boulin cessent de croire au suicide, qui, selon eux, ne correspondait pas à l'état d'esprit du ministre, après avoir vu le visage tuméfié de Robert Boulin sur les photographies prises du corps à l'étang Rompu et qui avaient été obtenues en 1983 grâce à leur avocat de l'époque Robert Badinter. Un certain nombre de contre-enquêtes effectuées par des journalistes semblent avoir mis au jour des incohérences dans les conclusions de l'information judiciaire, de nature à réfuter la thèse du suicide.

D'autres journalistes soutiennent fermement la thèse du suicide. Ainsi Louis-Marie Horeau dans le Canard Enchainé du 27 juin 2007 résume ironiquement la théorie du complot : « Il faut rendre hommage appuyé à l'assassin. Ou plutôt aux assassins, car ils sont nombreux et talentueux. Ils ont écrit eux-mêmes les lettres, dactylographiées sur la machine personnelle de Robert Boulin. Ils ont imité l'écriture du ministre pour les ajouts. Ensuite ils ont envoyé une équipe dans un centre de tri postal des Yvelines pour récupérer les vraies lettres postées par Boulin à Montfort-l'Amaury quelques heures avant sa mort et les remplacer par les fausses annonçant son suicide. Un complice a volé le Valium et déposé dans la corbeille le faux brouillon de la fausse lettre. Avant de déposer le mot d'adieu dans la voiture, de noyer le ministre dans moins d'un mètre d'eau[N 1], non sans l'avoir préalablement drogué au Valium. Sans oublier l'action d'une autre équipe chargée de récupérer les dossiers compromettants. Il y a quelques journalistes qui défendent ce scénario le plus sérieusement du monde[10]. »

À la demande du président Giscard d'Estaing, le Conseil Supérieur de la Magistrature diligenta une enquête qui lavera le juge Van Ruymbecke des accusations portées par Boulin de procédure partiale dans l'affaire de Ramatuelle[11].

Témoignages

Fabienne Boulin, fille de Robert Boulin, a répertorié 75 anomalies dans le traitement de l'affaire, dont la disparition de pièces, la double découverte du corps, le refus d'entendre des témoins, des lettres modifiées, la disparition de seize années d'archives de son ministère et de sa mairie de Libourne[6],[12].

Pour Fabienne Boulin-Burgeat, il est établi par les auditions que le corps du ministre portait des traces de coups sur le visage[13] et « preuve est faite » que des preuves ont été dissimulées avant l'enquête judiciaire.

« De nouveaux témoignages confirment que Robert Boulin a été assassiné, victime d'un complot politique. [...] Nous ne cessons de rassembler les preuves tangibles que mon père a été assassiné et je vois mal comment la justice de la République pourrait continuer à les dénier », a-t-elle déclaré le [14].

Le journaliste Philippe Alexandre ne croit plus à la thèse du suicide : « C’est une affaire vraiment très politique [...] L’élimination de Robert Boulin est un fait politique extrêmement important. Et ça, j’ai mis du temps à m’en apercevoir. »[15]

Maurice Robert (mort le ), ancien membre du SDECE, proche de Jacques Foccart, chargé du service « Afrique » chez Elf, ambassadeur au Gabon en novembre 1979, estime qu’il s’agit de l’ « un des crimes les plus mystérieux. La version du suicide ne tient pas la route, dit-il. Boulin a été tué, assassiné. Dans cette affaire, il y a des gens tout à fait douteux[15]. »

Selon Laetitia Sanguinetti, la fille d'Alexandre Sanguinetti, ce dernier lui avait déclaré, quinze jours après la mort de Boulin, qu'il s'agissait d'un « assassinat ». L'affaire de l'achat de la garrigue à Ramatuelle avait été montée de toutes pièces pour décrédibiliser Boulin, qui aurait eu connaissance d'un réseau de financement occulte des partis politiques, en particulier – mais pas seulement – du RPR[16]. De même, Michel Jobert a affirmé au journaliste Jean Mauriac, proche de la famille Boulin, que le ministre du Travail en savait trop sur le financement du RPR, notamment via Saddam Hussein, mais aussi Omar Bongo[17]. Olivier Guichard a aussi confirmé la thèse de l'assassinat à Jean Mauriac[17].

Inversement, dans ses mémoires, l'ancien Premier ministre Raymond Barre affirme catégoriquement : « Pour moi, il n'y a pas de mystère Boulin. Il s'est suicidé[18]. »

En février 2013, après la diffusion du téléfilm Crime d'état sur FR3, Luc La Fay, proche collaborateur de Robert Boulin jusqu'à son décès, s'exprime dans L'Express contre la thèse de l'assassinat. Il explique que le ministre subissait, à la fin de sa vie, des pressions intolérables. Il était particulièrement hanté par l'affaire de Ramatuelle. « Tous ses proches collaborateurs ont constaté que le comportement de Robert Boulin se délitait dans les jours qui ont précédé sa mort. Le matin du lundi 29 octobre 1979, jour de sa disparition, à la suite de la réunion de cabinet, j'ai souhaité lui parler en tête à tête. Il se tenait debout devant son bureau, très agité, et il a eu une sorte de crise de nerfs. Ses propos étaient incohérents, il parlait de lui-même à la troisième personne en répétant: "Boulin est celui auquel on fait faire toutes les merdes." Il se sentait lâché par Giscard d'Estaing. Avec le recul, je pense qu'il avait déjà pris la décision de se tuer.  »[19] Cette opinion est partagée par Maxime Delsol, ancien garde du corps du ministre[20].

Menaces de mort

Jacques Paquet, ancien chef de cabinet de Robert Boulin, témoigne de menaces très précises venant de membres du SAC dirigé par Charles Pasqua, conseiller influent de Jacques Chirac, lors du passage de Boulin au ministère de l’Économie et des Finances (mars 1977-mars 1978)[15].

Les menaces écrites adressées à Robert Boulin, conservées par son inspecteur de police, ne furent jamais versées au dossier. De multiples témoignages font état de menaces physiques à l'encontre du ministre[15][source insuffisante].

Après la mort de Boulin, sa femme subira des menaces à l'encontre de son fils afin qu'elle ne relance pas l'enquête[6][réf. nécessaire].

Annonce de la mort

Jacques Douté, un proche de Robert Boulin alors en compagnie de deux personnes, reçoit un coup de téléphone le 29 octobre 1979 (soit la veille), vers 20 h à son restaurant de Libourne lui indiquant qu’« il est mort »[21]. Version confirmée par Bernard Sube, photographe pour l’actuel conseil général de Gironde[15].

Guy Aubert, collaborateur du ministre, se rend vers 20 h le 29 octobre 1979 (la veille) au domicile de Robert Boulin et déclare à Colette Boulin : « Robert est mort[22],[15] ».

Le chef de cabinet de Robert Boulin, accompagné d’Éric Burgeat, conseiller technique et gendre du Ministre, signalent peu après minuit au ministère de l’Intérieur, puis à Matignon la disparition du ministre. D’après le dossier pénal, les premières recherches sont lancées le 30 octobre à 6 h 25 du matin et le corps est retrouvé à 8 h 40 par une brigade de gendarmerie. Pourtant, dès 2 heures du matin, l’information de la découverte du corps remonte au sommet de l’État[15].
Yann Gaillard, directeur de cabinet de Robert Boulin, est convoqué à Matignon vers 2 h du matin par Philippe Mestre, directeur de cabinet du Premier Ministre Raymond Barre. Celui-ci reçoit, devant Yann Gaillard, un coup de téléphone. Après avoir raccroché Philippe Mestre confie : « On a retrouvé le corps »[23],[15]. Un témoignage démenti par Philippe Mestre.

L’ancien Premier ministre Raymond Barre déclare dans son livre « L’expérience du Pouvoir »[18],[15] avoir été prévenu vers 3 h du matin « que l’on a retrouvé le corps de Boulin dans un étang de la forêt de Rambouillet » et que le ministre s’est donné la mort en se noyant après avoir avalé des barbituriques.

Christian Bonnet, ministre de l'Intérieur au moment des faits, affirme lui aussi avoir été alerté de la mort de Robert Boulin « entre 2 h et 3 h du matin[15] ».

Marie-Thérèse Guignier, administratrice de biens judiciaire, ex-membre des cabinets ministériels de Robert Boulin et intime des milieux gaullistes, est réveillée dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979, entre 1 h 30 et 2 h du matin, par un ami proche, Louis-Bruno Chalret, à l'époque Procureur général près la Cour d'appel de Versailles. Chalret lui apprend que l'on a retrouvé le corps de Robert Boulin dans les étangs de Hollande. « Et là, il se couvre, il appelle tout le monde sur le REGIS (le réseau téléphonique interministériel de l'époque), c'est-à-dire l’Élysée, Matignon, probablement l’Intérieur et la Chancellerie ».

Lié au SAC et aux réseaux Foccart, Louis-Bruno Chalret s’est immédiatement rendu sur place avec une équipe d’hommes sûrs : « On a tout fait minutieusement, comme il fallait. J’ai tout surveillé. Rien n’a été laissé au hasard », dit-il à Marie-Thérèse Guignier, en qualifiant cette affaire de « truc à emmerdes ». Son amie résume ainsi le rôle actif qu’il a pu jouer cette nuit-là : « Il était l’homme qu’il fallait pour ce genre de choses »[15].

Victor Chapot, proche conseiller du Président de la République de l’époque, Valéry Giscard d’Estaing, déclare, lui, avoir appris la mort de Robert Boulin à 9 h du matin par un coup de téléphone d'Henri Martinet, un ancien collaborateur du ministre. Il se serait alors « précipité chez Giscard qui apprend la nouvelle au téléphone au même moment [15]. Valéry Giscard d'Estaing, dans son livre de mémoires Le pouvoir et la vie, dit avoir appris la mort de son ministre à 11 h 30 du matin.

Découverte du corps et autopsie

Le corps est retrouvé bouche fermée, ce qui irait à l’encontre d’un suicide par noyade. Les enquêteurs ne s’intéressent pas à la position en « coffre de voiture » du corps, avec les jambes légèrement repliées et un seul bras levé, dont les rigidités semblent cassées. Des photographies données 3 ans plus tard aux avocats de sa famille montrent un saignement de nez incompatible avec une noyade, un visage bleu et enflé qui montrent qu'il a été battu[6][réf. nécessaire].

Les partisans de la thèse du meurtre relèvent aussi que l'absence de vase et de boue sur le bas du pantalon et sur les chaussures indiquerait qu'il n'a pas pu entrer dans l'étang par ses propres moyens. Selon Madame Anzani[24], les pompiers ont traîné le corps sur le sol ce qui aurait eu pour effet de nettoyer le tout. Une boucle d’une des chaussures du ministre est manquante et ne sera jamais retrouvée.

Le gilet de Robert Boulin est entièrement décousu dans le dos mais les vêtements ne seront pas analysés durant l’enquête préliminaire. Le portefeuille est resté sec, mais aucune information ne fut donnée sur l’endroit où il a été retrouvé. Il semble anormal que le corps, une fois ramené sur la rive, ait été déplacé avant que les premières constatations n'aient été faites par un médecin-légiste.

Les photographies de l’identité judiciaire révèlent que Robert Boulin porte une entaille à la limite du poignet et de l’avant-bras droit. Il a été démontré que celui-ci ne s’était fait aucune blessure à cet endroit jusqu’au départ de son domicile. Ce fait n’a pas donné lieu à une analyse ou une expertise. L’ordonnance de non-lieu ne fait pas état de cette blessure.

La première autopsie du corps de Robert Boulin, effectuée par les docteurs Bailly et Depouge, confirme point par point les conclusions des policiers de Versailles :

« L'enquête a formellement établi que le décès de M. Robert Boulin est consécutif à un suicide par noyade précédé d'une forte absorption de Valium (...)" Les médecins constatent un oedème hydroaérique du tissu pulmonaire accompagné de présence d'eau à l'intérieur de la cavité gastrique. (...) Ces conclusions sont celles habituellement observées dans les cas d'asphyxie par submersion. (...) Les lésions constatées au visage peuvent avoir été provoquées par une chute antérieure à la mort et ne sont pas suffisantes pour envisager l'hypothèse de violences volontaires préalables[25]. »

Cependant ce premier rapport d'autopsie précise que les lividités cadavériques sont dans le dos du corps de Boulin, ce qui est incompatible avec le lieu de sa mort présumée selon la thèse officielle, l'étang rompu où il a été trouvé face contre sol dans la position dite du « prieur musulman ». Étant donné les lois de la pesanteur qui amènent le sang à se fixer dans les parties inférieur du corps dans les six heures suivant la mort, elles auraient dû apparaître sur le ventre ou en dessous des genoux. Ce qui tendrait à prouver, selon les défenseurs de la thèse du meurtre, que le corps a été déplacé et que la mort n’a pas eu lieu dans l’étang Rompu[réf. nécessaire].

La contre-autopsie

Une contre-autopsie est ordonnée en 1983 à la demande de la famille de Robert Boulin. L’ancien assistant des légistes bordelais ayant procédé à cette deuxième autopsie, le 16 novembre 1983, confie avoir été « surpris » et « choqué » car il a clairement identifié comme une « trace de corde circulaire au poignet droit » de Robert Boulin. Il a également vu « un hématome derrière la boîte crânienne » du ministre : hématome gélatineux, bleuté, qui n'était pas un dépôt cadavérique. Selon lui, cette « face postérieure aplatie » ne peut s’expliquer par la position dans le cercueil. Sa conclusion est : « Pour moi, il a été assommé ! »[15]. Le docteur Daniel Jault qui assista également à l'autopsie explique des années plus tard « on a tous pensé qu'il avait été liquidé »[26]. Cependant il ne mentionne pas la "trace de corde au poignet" et dément l'existence de l'hématome. Confronté au caractère « pas si affirmatif » de la deuxième autopsie, il reconnait : « (...), je n'ai pas de preuve ! Je n'ai qu'un faisceau d'éléments concordants sur lequel j'ai bâti ma conviction. Mais il était impossible d'établir les choses de façon certaine. Le rapport scientifique ne pouvait pas aller au-delà de ce qui a été écrit. »[26]

Effectivement, le texte du rapport de contre-autopsie n'est nullement affirmatif. Selon les contre-experts, la radiographie du crâne, réalisée par le Dr Francis Kannapell lors de la première autopsie, n'avait pas permis de déceler deux fractures faciales au nez et au maxillaire gauche. Colette Boulin et ses enfants, Bertrand Boulin et Fabienne Burgeat, rendent public peu après une requête adressée au procureur de Versailles, pour que son tribunal soit dessaisi du dossier de leur plainte en homicide volontaire. Tout en se gardant de donner — au nom du secret de l'instruction — les conclusions du rapport médico-légal, dont ils ont cependant dévoilé quelques bribes. Le magistrat, tenu lui à une réserve totale, a réagi en qualifiant ces initiatives de « terrorisme intellectuel au sein de la procédure pénale »[27]. Dans sa requête au procureur de Versailles, Colette Boulin contestait en outre l'embaumement pratiqué sur le corps de son mari, évoquant un maquillage de cadavre et une « momification comme Toutankhamon ».

Jacques Derogy, partisan de la thèse du suicide, explique ces faits de la façon suivante :

« En présence du substitut du procureur de Versailles, Daniel Leimbacher, du commissaire Alain Tourre et de quatre policiers du SRPJ ainsi que des garçons de salle, le chef de cabinet de Boulin, Marcel Cats, se disant mandaté par la famille, s'était opposé, pendant quatre heures, au « charcutage sacrilège » de la dépouille. Expulsé par le Dr Bailly, il avait cependant obtenu qu'« on l'abîme le moins possible ». D'où l'accord du magistrat et des praticiens pour limiter le nombre des examens aux constatations habituelles des noyades, tout en conservant les prélèvements effectués sur les poumons et les viscères. Puis, à la demande du même M. Cats, les Pompes funèbres réunies avaient fait appel à Patrice Gicquel, un thanatopracteur de la société d'hygiène funéraire de Bry-sur-Marne, B.j.l., pour rendre la dépouille présentable[28]. »

Divers organes prélevés sur Boulin dont la langue et le larynx ont été placés sous scellés mais ont disparu, empêchant d'autres autopsies[6].

Voiture

Le toit de la Peugeot 305 est légèrement ouvert alors que les portes de la voiture sont fermées à clé.

La voiture est sale et couverte de boue. Pourtant, elle se trouve non loin d’une route départementale et dans un chemin empierré, non boueux. Cependant, Georges Restoueix, garde forestier responsable du secteur nord de la forêt de Rambouillet de 1971 à 1991, officier de réserve, certifie qu’à l’époque un colonel à la retraite lui a confié avoir vu, vers 23 h le 29 octobre 1979, au bord de la route, sur le terre-plein au-dessus de l’Étang-Rompu, la voiture du ministre, bien que celle-ci ait été retrouvée en contrebas[15].

Divers éléments ne seront pas analysés : une tache suspecte sur le tapis de sol, des traces de doigt sur la carrosserie, des mégots de gauloises[N 2]. Un dossier portant la mention « à n’ouvrir que sur ordre formel de ma part » est retrouvé vide dans la voiture du ministre.

Un bristol retrouvé sur le tableau de bord de la voiture indique : « embrassez éperdument ma femme ». Aucune recherche d’empreinte sur le bristol ne sera effectuée. Il est aussi indiqué sur le bristol « la clé de ma voiture est dans ma poche droite » mais la clé est pourtant retrouvée par terre non loin de la voiture[2].

Frédéric Mesnier, beau-frère de Bertrand Boulin, explique que le véhicule du ministre « avait été réparé sur l’aile arrière-gauche, ainsi qu’une partie de la jupe arrière », alors qu’officiellement, la Peugeot 305 de Robert Boulin n’a jamais été accidentée[15].

Quand la voiture est rendue à la famille, celle-ci retrouve des cassettes de dictaphone sous la banquette arrière de la voiture, malgré la fouille préalable de la voiture lors de l'enquête.

Après la découverte

Quand Robert Boulin quitte, pour la dernière fois, son domicile vers 15 h 30, la corbeille à papier sous son bureau était vide[2]. Pourtant, au début de la nuit, la famille retrouve dans cette même corbeille des papiers déchirés annonçant le suicide.
Le 29 octobre au soir, de nombreux « collaborateurs » et relations du ministre débarquent au domicile des Boulin et passent dans le bureau personnel du ministre. Notamment Guy Aubert, Roger Thiery et Patrice Blank, que Robert Boulin avait chargé des contacts avec la presse. L’enquête préliminaire ne jugera pas utile de les auditionner[2].

Quelques jours après la disparition de Robert Boulin, toutes les archives du ministre entreposées à son domicile-bureau de Libourne sont transportées aux fins de destruction dans un établissement libournais spécialisé[2].

Courriers

Le 29 octobre, Robert Boulin écrit une lettre constituée d'éléments de son dossier sur la défense de Ramatuelle. En fin de matinée, il envoie son officier de sécurité, l’inspecteur Autié, remettre ce document en mains propres à Monsieur Patrice Blank, son conseiller pour la presse, et Maître Alain Maillot, son avocat. Ces deux lettres ne seront réclamées que des années plus tard par la justice.

La lettre dite posthume comportant quatre feuillets, reçue par plusieurs destinataires (Alain Peyrefitte[N 3], Gérard César, Jacques Chaban-Delmas[29], Pierre Simon[30]) reprend pour l’essentiel l’argumentation sur l’affaire de Ramatuelle.

La première phrase de la première page, « j’ai décidé de mettre fin à mes jours » est décalée horizontalement et verticalement du texte. Or cette phrase, ainsi que les quatre dernières lignes, elles-mêmes isolées sur un dernier feuillet séparé, sont les seuls passages de la lettre à faire référence à une intention suicidaire.[réf. nécessaire] L’original de ces lettres dites posthumes est resté introuvable. Françoise Lecomte, ancienne secrétaire du ministre, témoigne que le jour même de sa mort, le 29 octobre 1979, Robert Boulin lui fait taper une lettre qui ressemble mot pour mot à la lettre posthume attribuée, un peu plus tard, au ministre, excepté les mentions suicidaires du début et de la fin[15]. Toutes les lettres sont des photocopies à l’exception de quelques mots manuscrits et de la signature. Les lettres dites posthumes sont tapées sur un papier à en-tête obsolète du « Ministère du Travail » que Robert Boulin n’utilisait plus à cette époque, ayant à sa disposition le nouveau papier à en-tête du « Ministère du Travail et de la Participation ». Il est possible qu'il ait gardé l'ancien papier comme brouillon.

Le rouleau encreur de la machine à écrire du bureau de Robert Boulin, où auraient pu être tapées ses lettres dites posthumes, ne fut pas saisi immédiatement. L’inspecteur qui interroge Éric Burgeat, le , tape sa déposition sur la machine du ministre[N 4]. Elle sera saisie plus tard, et disparaîtra dans les locaux de la police judiciaire sans avoir été analysée.

Cette version des faits est contredite par les journalistes d'investigation Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut qui ont enquêté sur l'affaire[3]. Selon eux, le courrier a été rédigé et tapé à la machine par Robert Boulin à son domicile le dimanche 28 octobre. Il est retourné au ministère en fin de journée pour la photocopier en une dizaine d'exemplaires. Son fils apercevra le lendemain la pile de lettres sur son bureau et retiendra les noms de certains destinataires : Achille Peretti, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Simon, Gérard César, Jean Mauriac, Patrice Blank... Robert Boulin explique qu'« il s'agit du courrier de Libourne ». Ces lettres seront postées en fin d'après-midi de Montfort l'Amaury, localité où Robert Boulin sera aperçu vers 17 h 30. Hormis la phrase d'introduction (« Messieurs j'ai décidé de mettre fin à mes jours »), elle mentionne à plusieurs reprises le caractère « insupportable » de la situation pour Robert Boulin. Elle se termine de la façon suivante : « Un ministre en exercice ne peut être soupçonné, encore moins un ancien ministre du général de Gaulle. Je préfère la mort à la suspicion, encore que la vérité soit claire. Que ma famille, si unie et que l'on commence à attaquer scandaleusement, se resserre encore davantage dans le souvenir, non altéré, que je pourrai laisser où j'ai servi l’État et mon pays avec passion et désintéressement. Je vous prie de croire, Messieurs, à mes sentiments dévoués. »[3] Cette lettre est accompagnée d'une feuille volante dans laquelle Robert Boulin précise : « J'ai décidé de me noyer dans un lac de la forêt de Rambouillet où j'aimais faire du cheval. Ma voiture 305 Peugeot qui sera au bord est immatriculée : 651 GX 92.  »

Quant à la lettre tapée par sa secrétaire, Mlle Lecante (sic), il s'agit d'une réponse au journal Le Monde. Elle aurait été jugée trop passionnée par ses collaborateurs lors de la réunion de cabinet du 29 octobre et Robert Boulin l'aurait jetée au panier en début d'après-midi, en même temps que quelques exemplaires de sa lettre « posthume » selon Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut. Ce sont ces dernières qui seront découvertes après sa mort dans sa corbeille et permettront de retrouver son corps[3]. Pourtant, selon le témoignage de la femme de ménage du ministre, la corbeille à papier était vide après le départ du ministre[31]. Cette dernière affirmation est contredite par Maxime Delsol, ancien garde du corps de Robert Boulin, qui explique : « Ce jour-là, (le 29 octobre 1979) son fils, Bertrand, m'a appelé, affolé, pour me dire: "Qu'as-tu fait de mon père ? Il n'est pas rentré." J'ai aussitôt crié à ma femme: "Il a fait une connerie !" Je me suis précipité à son domicile, où son gendre a fini par fouiller son bureau. Dans la corbeille à papiers, nous avons découvert des fragments de lettres déchirées, où il annonçait sa décision d'aller se noyer dans les étangs de Hollande, un endroit où il aimait faire du cheval. »[20]

Silence de la police

Aucune audition ne pourra être faite des policiers en faction devant le domicile de Neuilly de Robert Boulin. Quand le juge Corneloup a décidé de rechercher ces policiers pour les interroger afin de reconstituer précisément les allées et venues au domicile de Robert Boulin dans la soirée du 29 octobre.[réf. nécessaire] Une fois prouvée la présence de ces policiers en faction 24 h sur 24, ce sont les registres de présence du commissariat de Neuilly qui ont disparu. Dans les années 80 les Renseignement Généraux enquêtèrent cependant sur l'affaire Boulin. Selon une note des RG de la préfecture de police du 13 octobre 1987, quatre hommes de main sont désignés selon une source issue du SAC comme les responsables de l'agression contre Boulin[32].[réf. nécessaire]

Chronologie

  • . Le corps de Robert Boulin est retrouvé à 8 h 40 dans 50 centimètres d’eau de l’Étang Rompu, près de la forêt de Rambouillet.
  • . Disparition des prélèvements de sang de Robert Boulin[N 5]. Le docteur Roger Le Breton, responsable de l'institut médico-légal décide alors par précaution de cadenasser le frigo contenant les derniers prélèvements d’organes du ministre.
  • En février 1981, Robert Badinter, avocat de la famille Boulin, obtient des photographies du visage traumatisé de Robert Boulin prises par la police judiciaire. Interrogé en 2009, il affirme cependant avoir toujours cru au suicide[33].
  • . Colette Boulin affirme sur TF1 qu’elle n’a jamais cru à la thèse du suicide de son mari et qu’après sa mort, on a fait pression sur elle pour qu’elle se taise. Le magazine Paris Match publie des photos du corps du ministre tirées du dossier judiciaire.
  • . La famille Boulin, conseillée par son avocat Jacques Vergès, dépose plainte contre X pour homicide volontaire.
  • . Afin de pouvoir prouver la noyade, Jacques Vergès demande au juge d’instruction Michel Maestroni, du Tribunal de Versailles, un examen anatomo-pathologique, pour comparer les particules contenues dans les poumons du ministre avec des prélèvements d’eau de l’Étang Rompu. Cette analyse ne sera jamais effectuée à la suite de la disparition des poumons, et les prélèvements d’organes conservés à l'institut médico-légal seront tous détruits[N 6].
  • . Une deuxième autopsie à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux, à la demande de la famille, après exhumation du corps, met en évidence la présence de plusieurs fractures au visage non-mentionnées lors de la première autopsie en 1979. Les légistes constatent que le corps a subi des soins de thanatopraxie et d’embaumement, sans que la famille en soit informée. Ceci est contraire aux lois françaises et aurait eu pour effet de maquiller les traces de coups. Les légistes considèrent qu’il y a eu « traumatisme appuyé du massif facial du vivant de Robert Boulin » sans conclure, pour autant, que ce traumatisme ait pu être mortel.
    Claude Richir, ancien responsable du laboratoire de l’hôpital Pellegrin, déclare avoir constaté une fracture des os propres du nez, pouvant difficilement résulter d'une chute. On doit, selon lui, envisager la possibilité d'une mort « consécutive à de petites hémorragies multiples diffuses dans le cerveau, comme chez les boxeurs après un KO mortel ». Sur ces constats, voir supra les explications et réfutations de Jacques Derogy, partisan de la thèse du suicide.
  • . Bertrand Boulin déclare à la presse avoir vu des dossiers sortis par son père avant sa mort, en septembre 1979, concernant Elf, Dassault, la Sécurité sociale et l’Arabie saoudite. Ces dossiers ne seront jamais retrouvés. Laetitia Sanguinetti, la fille d’Alexandre Sanguinetti, avance que : « D'après ce que papa m'a dit, les dossiers de Boulin concernaient une série de facturations diverses et variées de grosses sociétés, françaises ou étrangères, qui servaient au financement occulte des partis, et notamment au RPR. »[15].
  • . Sur les marches du Palais de justice de Paris, la famille Boulin accuse le procureur de la République de Versailles, Robert Barbat, de « forfaiture », suite aux nombreuses irrégularités et anomalies de l'enquête. Robert Badinter, garde des Sceaux, porte plainte pour « diffamation » contre la famille Boulin.
  • . L’affaire Boulin est dépaysée au Tribunal de grande instance de Paris. Le magistrat Yves Corneloup reprend le dossier, en liaison avec la Brigade criminelle.
  • . Découverte d'une écoute téléphonique du maire de Saint-Léger-en-Yvelines démontrant que l’heure de décès de Robert Boulin a été rectifiée sur ordre du Procureur de la République de Versailles.
  • . Déposition de l’adjoint au maire Serge Tirlet qui décrit les traumatismes au visage de Robert Boulin, qu'il avait lui-même constatés au bord de l'Étang Rompu.
  • . Avec son nouveau conseil, René Boyer, la famille Boulin demande au garde des Sceaux, Albin Chalandon, l'aide judiciaire pour financer les coûts d'exhumation des bocaux contenant les derniers prélèvements d’organes du ministre censés se trouver sous un monument à la gloire des donneurs d’organes au cimetière de Thiais.
  • . L’hebdomadaire L’Express annonce que le réfrigérateur cadenassé de l’institut médico-légal contenant une partie des prélèvements de poumons de Robert Boulin a été fracturé, puis vidé de son contenu.
  • . Le juge Corneloup interroge sur commission rogatoire Henri Tournet, l’homme qui a vendu le terrain de Ramatuelle à Robert Boulin, vivant à Ibiza. Malgré les demandes réitérées de la famille à différents ministres de la justice, l’extradition d’Henri Tournet n’a jamais été requise.
    Le magistrat demande à la Brigade criminelle de retrouver le postier de Montfort-l'Amaury pour éclaircir l’épisode des lettres posthumes[N 7]. Selon la Brigade criminelle, c'est impossible car il est en Guadeloupe. Le postier, retrouvé par des journalistes en consultant l’annuaire, était en fait affecté à un poste en Bretagne.
  • . Après des fouilles infructueuses au cimetière de Thiais, la famille Boulin découvre que les ultimes prélèvements d’organes du ministre n'y sont pas enterrés, contrairement à ce que la Justice et la police lui indiquaient depuis plusieurs mois.
  • . Dans L'Express[34], James Sarrazin révèle que la position des lividités cadavériques sur le dos de Robert Boulin indique que le corps du ministre a été déplacé après sa mort. Un pool de journalistes de plusieurs médias se constitue pour tenter de tirer au clair les conditions de la mort de Robert Boulin.
  • . Le magistrat Alain Verleene reprend le dossier Boulin.
  • . La famille Boulin porte plainte pour « destruction de preuves »[N 6].
  • . Ordonnance de non-lieu rendue par la juge d’instruction, Laurence Vichnievsky, seulement neuf jours après que le dossier lui a été confié.
  • . Confirmation du non-lieu « en l'état » par la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris, présidée par Martine Anzani.
  • . La Cour de cassation confirme le non-lieu, ouvrant un délai de 10 ans avant une éventuelle prescription.
  • . La Justice rend une ordonnance de non-lieu à la suite de la plainte pour « destruction de preuves » déposée par la famille Boulin à la suite de la disparition des prélèvements anatomo-pathologiques[N 6].
  • . Le magazine Golias, sous la signature de Francis Christophe, publie une contre-enquête détaillée remettant en cause la version du suicide[35].
  • . L’émission 90 minutes sur Canal+[36] apporte de nouveaux éléments infirmant la thèse du suicide : le témoignage du colonel de gendarmerie (Jean Pépin) qui a sorti le corps de l’eau, d’une spécialiste en toxicologie (Juliette Garat) qui a analysé le sang du ministre.
  • . La Justice annonce l’audition de nouveaux témoins dans l’affaire Boulin. Cette nouvelle enquête préliminaire interrompt la prescription.
  • . Témoignage de Jacques Douté dans le journal Sud Ouest[37] expliquant avoir été prévenu de la mort de Robert Boulin dès le 29 octobre 1979, à 20 heures.
  • . Fin des nouvelles auditions devant un officier de police judiciaire de Nanterre. 28 personnes ont été entendues entre 2002 et 2006 mais il n'y a pas réouverture d’information judiciaire.
  • . Le procureur général de la Cour d'appel de Paris, Laurent Le Mesle, a rejeté une nouvelle demande de réouverture du dossier effectuée par Fabienne Boulin-Burgeat.
  • . L'ancien ministre Jean Charbonnel confie sur France Inter qu'il n'a plus de doutes et qu'il s'agit pour lui d'un « règlement de comptes politique »[38]. Il le réaffirme le 13 février 2011, toujours en direct sur France Inter[39].
  •  : Le procureur général de Paris refuse de rouvrir l'enquête, estimant que les éléments apportés par Fabienne Boulin-Burgeat n'offrent rien qui soit susceptible de motiver la réouverture. Cependant, une enquête interne a été ouverte au sujet de la disparition d'une partie du dossier et des pièces[40].
  • . Les pièces signalées manquantes le 8 juin sont retrouvées à la suite de l'inspection des services judiciaires ordonnée par la Chancellerie[41].
  • . Le gendarme retraité Francis Deswarte, à l'époque chef à la brigade motorisée de Poissy, affirme avoir découvert le corps du ministre et exclut la thèse selon laquelle ce dernier se serait suicidé par noyade. Il indique aussi « avoir été dessaisi [avec son collègue] de l'enquête », « au bout de trente minutes ». Selon lui, des policiers auraient voulu lui faire changer sa version, lors d'une audition survenue deux ou trois mois plus tard[42]. La famille Boulin demande une nouvelle fois la réouverture de l'enquête[43].
  • Les 28 et , la chaîne de télévision France 3 consacre deux soirées à l’affaire Robert Boulin : le documentaire Vie et Mort de Robert Boulin de Gilles Cayatte (privilégiant la thèse du suicide) suivi le lendemain de la fiction Crime d'État de Pierre Aknine (soutenant la thèse de l'assassinat), avec en deuxième partie de soirée, un débat animé par Frédéric Taddeï[44]. À cette occasion, Jean Charbonnel, ancien ministre gaulliste, affirme que Alexandre Sanguinetti lui a confié les noms des deux assassins de Robert Boulin et qu'il est prêt à les transmettre à la Garde des Sceaux Christiane Taubira si elle accepte la réouverture du dossier[45].

Notes et références

Notes

  1. Cette mention dans la déclaration du journaliste aurait pourtant tendance à défendre la thèse de l’assassinat, a contrario du reste.
  2. Robert Boulin ne fumait pas de cigarettes.
  3. Alors Garde des Sceaux.
  4. Comme l’indique la déposition elle-même.
  5. Le scellé contenant le sang de Robert Boulin est volé sans effraction dans les locaux mêmes de l’institut médico-légal. L’enquête effectuée après dépôt de plainte par l’expert responsable de l’institut médico-légal n’est pas versée au dossier pénal et n’a pas abouti.
  6. a b et c Le Préfet de police de Paris, Monsieur Jean Daubigny, ordonne la destruction de la série bis des prélèvements. La destruction est exécutée par Michelle Rudler, directrice de l’institut médico-légal, sans que la famille ni le magistrat instructeur n’en soient avertis alors que seule l'autorité judiciaire est habilitée à prendre cette décision. Un courrier de l’expert de l'institut médico-légal dépositaire des scellés, le professeur Roger Le Breton, avait pourtant averti le préfet Jean Daubigny de toutes ces modalités et insistait sur la nécessité de conserver ces prélèvements. La partie civile porte alors plainte pour « destruction de preuves ». La justice reconnaîtra l’élément de fait (les preuves ont bien été détruites) et la demande fondée en droit (les pièces ne devaient pas être détruites), mais la partie civile sera déboutée, « l’intention de nuire » n’étant pas reconnue.
  7. Toutes les enveloppes retrouvées des lettres dites posthumes font le même poids, alors que selon la déposition du postier de Montfort-l'Amaury où Robert Boulin aurait déposé ces lettres, certaines faisaient moins de 20 grammes et d’autres plus de 20 grammes.

Références

  1. [1].
  2. a b c d e et f Franck Ferrand, « L’affaire Boulin », émission Au cœur de l'histoire sur Europe 1, 29 janvier 2013.
  3. a b c et d Enquête sur les "Affaires" d'un septennat - Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut, éd Robert Laffont 1981.
  4. Albert du Roy, « L'affaire Boulin », sur L'Express, .
  5. Karl Laske et Laurent Valdiguié, Le vrai canard, Stock, , 504 p. (lire en ligne).
  6. a b c d e et f L'orpheline du gaullisme, Le Nouvel Observateur, 31/5/2007.
  7. Danielle Thiéry et Alain Tourre, Police judiciaire : 100 ans avec la crim' de Versailles », Éd. Jacob-Duvernet, , 438 p..
  8. « Le suicide impossible » tribune publiée par Le matin de Paris 29 octobre 1980.
  9. (fr) « Affaire Boulin : dossier toujours « classifié » pour la CIA », sur franceinter.fr, (consulté le ). À noter que les propos de Raymond Barre ne sont pas reproduits correctement dans le dossier ; il dit en effet textuellement : « Nous ne pensions pas que le RPR allait assassiner Boulin » ; ces propos sont retranscrits dans le dossier de B. Collombat de la manière suivante : « Nous ne savions pas que le RPR allait assassiner Boulin. »
  10. Louis-Marie Horeau, « Pas d'eau à son Boulin », Le Canard Enchainé,‎ (lire en ligne).
  11. « Le juge d'instruction de Caen n'a subi aucune pression estime le Conseil supérieur de la magistrature », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  12. Liste des anomalies réalisée par Fabienne Boulin, 20/11/2007.
  13. Corps et visage tuméfiés de Robert Boulin.
  14. le Figaro, 16 avril 2007.
  15. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Benoit Collombat, Un Homme à abattre : contre-enquête sur la mort de Robert Boulin, Fayard, Paris, 2007.
  16. Voir cet entretien radio avec Laetitia Sanguinetti conduit par Benoît Collombat sur France Inter en octobre 2009.
  17. a et b Guillaume Bouchet, Jean Mauriac : « le pouvoir a menti » dans l'affaire Boulin, Rue89, 11 mai 2007.
  18. a et b Raymond Barre, L'Expérience du pouvoir, Fayard 2007, 350 pages, page 175.
  19. Jean-Marie Pontaut, « "Robert Boulin avait pris la décision de se tuer", selon son conseiller Luc La Fay », L'Express,‎ (lire en ligne).
  20. a et b Jean-Marie Pontaut, « Le garde du corps de Robert Boulin parle », L'Express,‎ (lire en ligne).
  21. « Un silence trop lourd », journal Sud Ouest du 13 décembre 2002.
  22. Colette Boulin sur TF1 en mai 1983.
  23. Yann Gaillard, Adieu Colbert, 2000.
  24. Présidente de la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Paris, dans son ordonnance de non-lieu en 1992.
  25. Jacques Derogy et Jean-Marie Pontaut : Enquête sur les "Affaires" d'un septennat - éd Robert Laffont 1981.
  26. a et b Sud Ouest 10 juillet 2011 interview réalisée par Yann Saint-Sernin [2].
  27. Jacques Derogy : la seconde mort de Robert Boulin, L'Express 20 janvier 1984.
  28. Jacques Derogy : la seconde mort de Robert Boulin - L'Express 20 janvier 1984.
  29. Pierre Pascal, ancien conseiller spécial de Jacques Chaban-Delmas précise que la lettre est arrivée le mardi 30 octobre à 9h30 du matin. (Un Homme à abattre, p. 278).
  30. L’ami franc-maçon de Robert Boulin, explique que le jour de la découverte du corps, « le procureur ou le commissaire de Versailles » l’appelle « le matin » pour lui dire qu’il va « recevoir au courrier du soir une lettre de Boulin. » (Un Homme à abattre, p. 277).
  31. Magazine « Interception » sur France inter : « Robert boulin, un homme à abattre ».
  32. Frédéric Charpier, Les officines, trente ans de barbouzeries chiraquiennes, Le seuil 2013.
  33. Révélations sur la mort de Boulin, lejdd.fr, 27 octobre 2009.
  34. « Le faux suicide de Robert Boulin ».
  35. Francis Christophe, L'affaire Boulin, 20 ans après : le grand maquillage, Golias magazine, no 69, novembre-décembre 1999.
  36. « Robert Boulin : le suicide était un crime » reportage de Canal+ de 2002.
  37. »Un silence trop lourd ».
  38. « Affaire Boulin: un ancien ministre évoque un assassinat politique », Libération, 27 octobre 2009.
  39. L'affaire Boulin, et la fronde des magistrats France Inter, "3D", 13/02/2011.
  40. « L'enquête sur la mort de Robert Boulin ne sera pas rouverte », Reuters, 8 juin 2010.
  41. « Mort de Boulin: les scellés perdus ont été retrouvés », dépêche AFP, 8 juillet 2010.
  42. « Le gendarme qui a découvert le corps l'assure: “Boulin n'est pas mort noyé” » 20 Minutes, 3 février 2011.
  43. « Un témoignage appuie la thèse de l'assassinat de Boulin », Le Figaro, 3 février 2011.
  44. Éric Mandel, « Robert Boulin, un crime d’État ? », sur Le Journal du Dimanche, .
  45. Affaire Boulin : Jean Charbonnel prêt à donner des noms à la Garde des Sceaux, sur franceinter.fr, consulté le 2 février 2013.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Filmographie