Certificat qualité de l'air

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Le certificat qualité de l'air (également appelé Crit'Air) est un document sécurisé délivré en France à partir des informations figurant sur le certificat d'immatriculation (ou carte grise) d'un véhicule, attestant de son niveau d'émissions de polluants sur la base de la norme européenne d'émission auquel il répond. Tous les véhicules routiers motorisés sont concernés : deux-roues, tricycles, quadricycles, véhicules particuliers, utilitaires, poids lourds dont autobus et autocars. Il « donne droit à des avantages pour les véhicules les moins polluants » ; la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte permet notamment aux maires et aux présidents d'établissement public de coopération intercommunale, dans les agglomérations et les zones pour lesquelles un plan de protection de l'atmosphère est adopté[1], de mettre en place des « zones à circulation restreinte » dans lesquelles le certificat est obligatoire pour circuler ou stationner[2],[3].

Élaboré par le ministère de l'Environnement en collaboration avec le ministère de l'Intérieur, c'est l'un des moyens de réduction de l'impact environnemental du transport routier. Il s'inscrit dans un dispositif français permettant d'identifier la contribution présumée des véhicules automobiles à la pollution de l'air.

Il repose sur un autocollant coloré et sécurisé (la vignette ou pastille Crit'Air), à poser sur la partie inférieure droite du pare-brise des véhicules (à l'intérieur), ou à l'avant de celui-ci pour les véhicules sans pare-brise[4]. L'autocollant peut être commandé en ligne ; depuis mars 2018[5], il coute 3,62 , frais d'acheminement inclus pour un envoi en France[6].

Motivation

Des études récentes ont permis de mieux cerner les effets de la pollution de l'air sur la santé. En mars 2014, l'Organisation mondiale de la santé estime qu'elle a causé 7 millions de morts en 2012 dans le monde[7], et l'agence nationale de santé publique estime en 2016 qu'elle occasionne au moins 48 000 morts par an en France chaque année[8], qui seraient évitables « sans pollution induite par l’activité humaine, dite anthropique »[9]. Une partie significative de cette mortalité est attribuée aux particules fines émises notamment par les automobiles : selon l'agence, si le taux de particules fines (PM2,5) restait en dessous du seuil de 10 µg/m3 recommandé par l'OMS, 17 700 morts pourraient être évitées chaque année en France[8] mais ce chiffre tombe à seulement 10 si le taux de particules fines restait en dessous du seuil limite de 20 µg/m3 imposé pour 2020 par l'Union européenne[10]. Les oxydes d'azote sont aussi des gaz polluants émis, notamment par les véhicules Diesel. Ils sont nocifs pour la santé humaine et pour l'environnement, car ils contribuent à la formation de pluies acides, à l'eutrophisation des cours d'eau et sont les précurseurs d'autres polluants[Lesquels ?].

Les normes européennes d'émission (normes Euro) sont devenues progressivement plus contraignantes, si bien que les voitures les plus récentes émettent en principe moins de particules fines et d'oxydes d'azote que les modèles anciens. Une classification des véhicules en fonction de leur respect des normes Euro est donc apparue comme une façon simple et rapide d'estimer le degré de pollution des véhicules.

Principe

La mise en place du dispositif est annoncée par Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, le [11]. L'arrêté est publié au Journal Officiel le [12].

Le certificat qualité de l'air succède à la pastille verte (1998-2012) en permettant de distinguer parmi les véhicules ceux qui sont susceptibles de polluer le plus. Les automobilistes sont libres de demander ou non un certificat.

Les automobilistes ayant apposé un certificat qualité de l'air sur le pare-brise de leur véhicule pourront, en fonction de la catégorie de celui-ci, bénéficier de condition de stationnement et de circulation favorables, et circuler dans les zones à circulation restreinte[2]. La vignette est prise en compte dans des services tiers, par exemple l'application de navigation Waze, qui intègre en avril 2018 une option permettant de calculer des itinéraires qui évitent les zones à circulation restreinte auxquelles l'utilisateur n'a pas accès en fonction du certificat qualité de l'air de son véhicule[13],[14].

Villes et départements concernés

La décision d'utilisation des certificats est pour l'instant du ressort des maires ou des préfets.

Paris

À Paris, les véhicules non éligibles à un certificat n'ont plus le droit de circuler, entre h et 20 h, en semaine, depuis le , date de publication de l'arrêté municipal de la Ville de Paris[15]. Depuis cette même date, les véhicules éligibles à un certificat qualité de l'air ont pour obligation de l'afficher pour stationner[3]. Depuis le , les véhicules de catégorie 5 sont également concernés[15],[16] et, en application du décret n° 2017-782 du 5 mai 2017 « renforçant les sanctions pour non-respect de l'usage des certificats qualité de l'air et des mesures d'urgence arrêtées en cas d'épisode de pollution atmosphérique »[17], la vignette est obligatoire également pour circuler[18]. D'ici 2020, la mairie de Paris prévoit d'interdire la circulation, entre h et 20 h en semaine, de tous les véhicules ne répondant pas aux critères de pollution les plus exigeants en vigueur à cette date[19],[20].

Métropole du Grand Paris

Le conseil de la Métropole du Grand Paris (MGP) a voté le 12 novembre 2018 l'extension aux 79 communes de la zone dense de la région parisienne, où résident 5,6 millions d'habitants, des restrictions de circulation déjà imposées à Paris. Dès le , en semaine, les véhicules anciens qui ne peuvent pas obtenir de vignette Crit'Air et ceux qui arborent le macaron Crit'Air 5 ne pourront plus circuler en zone dense, à l'intérieur de l'A86. À la même date, la ville de Paris, qui a déjà interdit les véhicules Crit'Air 5 depuis le , passera à une interdiction pour les véhicules Crit'Air 4. La MGP interdira les véhicules Crit'Air 4 en zone dense en 2021 et rattrapera le calendrier de la mairie de Paris en 2022, avec l'interdiction des véhicules Crit'Air 3. Suivront à Paris les Crit'Air 2 et les Crit'Air 1, respectivement en 2024 et 2030[21].

Agglomération grenobloise

Deux dispositifs différents cohabitent : l'un permanent, dans le centre-ville élargi de Grenoble, concerne les véhicules utilitaires légers ainsi que les poids lourds ; l'autre s'applique à tout type de véhicule en cas de pic de pollution prolongé sur le périmètre de la métropole Grenoble-Alpes.

Le dispositif permanent
résulte de la création d'une zone à circulation restreinte, en vigueur depuis le [22], et a pour périmètre le centre-ville élargi de Grenoble dans lequel les véhicules de marchandises non éligibles à un certificat qualité de l'air n'ont pas le droit de circuler entre h et 19 h du lundi au vendredi. Cela concerne les véhicules utilitaires légers mis en circulation avant le 30 septembre 1997 et les poids lourds mis en circulation avant le 30 septembre 2001.
Le dispositif « pic de pollution »
a pour périmètre la métropole Grenoble-Alpes et ses accès autoroutiers. Il résulte d'un arrêté de la préfecture de l'Isère du 9 décembre 2016[23] et met en place pour tous les types de véhicule (véhicules légers et utilitaires légers, poids lourds, bus et autocars, deux-roues) des restrictions de circulation selon le degré de pollution de l'air. Outre une réduction des vitesses maximales de circulation dès le deuxième jour de dépassement prévu du seuil du niveau d’information, il prévoit que :
  • À partir du 5e jour de persistance d'un pic de pollution de l'air, ou de dépassement d'un certain seuil, seuls les véhicules éligibles à un certificat qualité de l'air ont le droit de circuler sur les 49 communes du territoire métropolitain et leur zone périurbaine ;
  • À partir du 7e jour, les véhicules classés dans les catégories 4 et 5 ne peuvent plus circuler non plus, comme ce fut le cas le [24].

Le contrevenant aux mesures de restriction de la circulation est passible de l'amende prévue pour une contravention de deuxième classe conformément aux dispositions de l'article R.411-19 du code de la route[25].

Communes de Lyon et de Villeurbanne

Un certificat est nécessaire pour circuler à Lyon et Villeurbanne, en cas de pic de pollution[26], depuis le [27].

Agglomération strasbourgeoise

La mise en place du certificat avait dans une premier temps été annoncée pour le , mais verra finalement le jour le suivant. En cas de pic de pollution, les véhicules les plus polluants ne seront pas autorisés à circuler sur l'ensemble de territoire de l'eurométropole de Strasbourg, autoroutes A35 (entre l'échangeur avec l'A4 au nord et l'échangeur avec la N83 au sud) et A351, routes nationales et départementales (notamment la N4 débouchant à Kehl, la N2350, ex-A350, ou encore la D400 servant d'accès à l'aéroport de Strasbourg-Entzheim) incluses[28]. Au bout du 3e jour d'un pic de pollution, les véhicules ne disposant pas de la vignette ou disposant d'une vignette 4 ou 5 ne pourront plus circuler, et ce jusqu'à la fin du pic[28].

Agglomération lilloise

Le , la Métropole européenne de Lille (MEL) a décidé de mettre en place ce dispositif en cas de pic de pollution. C'est la préfecture du Nord qui décide de l'activation du dispositif, pour une zone provisoirement délimitée par elle dans un arrêté préfectoral en attendant que des études soient réalisées par la métropole pour définir une zone de circulation restreinte pérenne. À terme, cette zone a vocation à englober la totalité du territoire de la MEL[29].

Agglomération rennaise

Le , la Préfecture d'Ille-et-Vilaine annonce, en lien avec Rennes Métropole, mettre en place ce dispositif en cas de pic de pollution, à compter du sur la partie du territoire située à l'intérieur de la rocade rennaise, mais il ne concernera pas cette dernière[30],[31]. Le dispositif s'appliquera ainsi sur une partie du territoire des communes de Rennes, Saint-Jacques-de-la-Lande, Saint-Grégoire, Cesson-Sévigné, Chantepie et Noyal-Châtillon-sur-Seiche[31].

Catégories

Il existe six certificats, auxquels correspondent des couleurs, en fonction de la motorisation (électrique, à hydrogène, essence ou Diesel) et de la norme européenne d'émission (norme Euro) du véhicule, ou à défaut quand celle-ci n'est pas disponible de la date de la première immatriculation[32].

La pollution du véhicule mesurée lors du contrôle technique n'est pas prise en compte car elle donne une information incomplète sur le degré de pollution d'un véhicule. En effet, les mesures effectuées lors de ce contrôle se limitent au monoxyde de carbone et à l'opacité des fumées d'échappement, et ne fournissent aucune information sur les émissions de particules fines et d'oxydes d'azote.

Certificats qualité de l'air en fonction de l'année d'immatriculation ou de la norme Euro pour quelques véhicules à moteur[33]
 Couleur  Catégorie Véhicule électrique
ou à hydrogène
Véhicule gaz
ou hybride rechargeable
Voiture particulière ou véhicule utilitaire léger (VUL) à essence Voiture particulière ou véhicule utilitaire léger (VUL) Diesel
Norme Euro Date d'immatriculation Norme Euro Date d'immatriculation
Verte Tous
Violette 1 Tous Euro 5 et 6 À partir du
Jaune 2 Euro 4 Du au Euro 5 et 6 À partir du
Orange 3 Euro 2 et 3 Du (VUL : ) au Euro 4 Du au
Bordeaux 4 Euro 3 Du au
Grise 5 Euro 2 Du (VUL : ) au

Les voitures particulières ne répondant pas à la norme Euro 2 (antérieurs au ) ne peuvent pas obtenir de certificat.

Les catégories pour les deux-roues, tricycles et quadricycles, les poids lourds, autobus et autocars sont les mêmes que celles applicables aux voitures particulières mais les critères d'appartenance (année d'immatriculation ou norme Euro) sont différentes[33].

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En Europe

En 2016, plus de 200 « zones à émissions réduites » existent en Europe[2].

Notes et références

  1. Code général des collectivités territoriales - Article L2213-4-1 (lire en ligne).
  2. a b et c « Un « certificat qualité de l’air » pour favoriser les véhicules moins polluants », sur Ministère de la Transition écologique et solidaire (consulté le ).
  3. a et b Code de la route - Article R411-19-1.
  4. « « Crit'Air » : un dispositif qui classe les véhicules en fonction de leur niveau de pollution ! », sur la chaine « France Écologie Énergie » du ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, (consulté le ).
  5. Nicolas Meunier, « Le prix de la vignette Crit'Air baisse au  », Challenges, .
  6. « Service de délivrance des certificats qualité de l’air », sur certificat-air.gouv.fr (consulté le ).
  7. « 7 millions de décès prématurés sont liés à la pollution de l'air chaque année », sur Organisation mondiale de la santé, (consulté le ).
  8. a et b Laetitia Van Eeckhout, « La pollution de l'air est responsable de 9 % de la mortalité en France », sur Le Monde, (consulté le ).
  9. M. Pascal, P. de Crouy Chanel, M. Corso, S. Medina, V. Wagner, S. Goria, et al., « Impacts de l'exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale et analyse des gains en santé de plusieurs scénarios de réduction de la pollution atmosphérique », sur Agence nationale de santé publique, (consulté le ).
  10. « Directive n° 2008/50/CE du 21/05/08 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l'Europe », sur ineris.fr (consulté le ).
  11. « Les pastilles anti-pollution de Ségolène Royal : comment ça marche ? », sur L'Obs, (consulté le ).
  12. « Arrêté du 21 juin 2016 établissant la nomenclature des véhicules classés en fonction de leur niveau d'émission de polluants atmosphériques en application de l'article R. 318-2 du code de la route », sur Legifrance, (consulté le ).
  13. « Waze : évitez les amendes salées en cas de pollution », sur 01net.com, (consulté le ).
  14. « Waze prend en compte la qualité de l'air pour calculer les meilleurs itinéraires », sur L'Indépendant, (consulté le ).
  15. a et b Bulletin Municipal Officiel de la ville de Paris du 20 janvier 2017, sur api-site.paris.fr
  16. « Nouvelle étape Crit'Air dès le  », sur Paris.fr, (consulté le ).
  17. Décret n° 2017-782 du 5 mai 2017.
  18. « Vignette pollution Crit'Air : de nouvelles amendes à Paris ! », sur L'Internaute, (consulté le ).
  19. Mairie de Paris, « Acte II du Plan Qualité de l'Air » [PDF], sur paris.fr, (consulté le ).
  20. Ministère de l'Environnement, de l'Énergie et de la Mer, « Présentation du certificat qualité de l’air « Crit'Air » » [PDF], sur gironde.gouv.fr, (consulté le ).
  21. Le Grand Paris part en guerre contre les véhicules polluants, Les Échos, 12 novembre 2018.
  22. Ville de Grenoble, « Démarches et services », sur www.grenoble.fr (consulté le )
  23. Préfecture de l'Isère - Recueil des actes administratifs spécial n°38-2016-073 publié le 9 décembre 2016
  24. « Pollution : nouvelles interdictions de circulation à Grenoble mardi », Le Monde, (consulté le ).
  25. Article R411-19, sur legifrance.gouv.fr, consulté le 30 mai 2017.
  26. « Les vignettes anti-pollution arrivent à Lyon et Villeurbanne », Le Progrès, (consulté le ).
  27. Robert Viennet, « Quelles règles pour la vignette Crit'Air et les zones à circulation restreinte ? », sur mobilicites.com, (consulté le ).
  28. a et b « Strasbourg : La feuille de route de l'instauration de la vignette Crit'Air et de la circulation différenciée », sur www.20minutes.fr (consulté le ).
  29. Alexis Magnaval, « Vignettes anti-pollution, zone de circulation restreinte : nos réponses à vos questions », sur france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france, (consulté le ).
  30. « Pollution de l’air. Pour rouler à Rennes, la vignette sera obligatoire ! », sur https://www.ouest-france.fr, (consulté le )
  31. a et b « Activation de la mesure de circulation différenciée sur le territoire de Rennes Métropole », sur http://www.ille-et-vilaine.gouv.fr, (consulté le ) : « le déploiement du dispositif de circulation différenciée sur le territoire de Rennes Métropole intra-rocade »
  32. « Certificat qualité de l’air : mode d'emploi pour les particuliers », sur Ministère de la Transition écologique et solidaire, (consulté le ).
  33. a et b « Qu'est-ce que la pastille (ou vignette) de couleur appelée Crit'Air ? », sur service-public.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes