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Présidence de Ronald Reagan

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Présidence de Ronald Reagan

40e président des États-Unis

Description de cette image, également commentée ci-après
Le président Ronald Reagan en 1981.
Type
Type Président des États-Unis
Résidence officielle Maison-Blanche, Washington
Élection
Système électoral Grands-électeurs
Mode de scrutin Suffrage universel indirect
Élection 1980
1984
Début du mandat
Fin du mandat
Durée 8 ans
Présidence
Nom Ronald Reagan
Date de naissance
Date de décès (à 93 ans)
Appartenance politique Parti républicain
Divers
Voir aussi Politique aux États-Unis

La présidence de Ronald Reagan débuta le , date de l'investiture de Ronald Reagan en tant que 40e président des États-Unis, et prit fin le . Membre du Parti républicain, Reagan entra en fonction après sa victoire écrasante face au président démocrate en exercice Jimmy Carter lors de l'élection présidentielle de 1980. Il se porta candidat à sa réélection quatre ans plus tard et défit son adversaire démocrate, l'ancien vice-président Walter Mondale, avec une marge encore plus importante. À la suite du scrutin présidentiel de 1988, son propre vice-président George H. W. Bush lui succéda à la Maison-Blanche.

La présidence de Reagan est parfois appelée la « révolution Reagan » en reconnaissance du réalignement politique (en) des États-Unis en faveur des politiques nationales et étrangères conservatrices. Reagan et son gouvernement favorisèrent une réduction des programmes gouvernementaux, introduisirent de nombreuses réductions d'impôts et coupèrent dans les dépenses qui n'étaient pas liées à l'armée. Les politiques économiques instaurées à partir de 1981, connues sous le nom de Reaganomics, furent un exemple de politique de l'offre. La croissance économique fut très forte durant les années 1980 ; cependant, il existait une récession économique au début du mandat de Reagan et la dette publique, sous l'effet des baisses d'impôts et de l'augmentation des dépenses militaires, augmenta de manière très significative. En 1986, Reagan promulgua une importante réforme de la politique d'immigration et accorda l'amnistie à trois millions d'immigrés clandestins. Il détient par ailleurs le record de nominations de juges fédéraux, parmi lesquels quatre juges de la Cour suprême.

En ce qui concernait la politique étrangère des États-Unis, l'administration Reagan prit une position radicalement anti-communiste envers l'Union soviétique et d'autres pays en menant une politique de refoulement visant à l'effondrement de l'URSS ainsi que la fin de la guerre froide. En vertu de cette doctrine, Reagan appuya fortement le développement de l'arsenal militaire américain : il encouragea le développement de nouvelles technologies telles que les systèmes de défense antimissile et lança en 1983 l'invasion de la Grenade, qui fut la première grande opération militaire américaine à l'étranger depuis la guerre du Viêt Nam. Son administration suscita également la controverse en soutenant les forces paramilitaires qui cherchaient à renverser des gouvernements de gauche, en particulier en Amérique centrale et en Afghanistan. L'affaire Iran-Contra eut ainsi pour origine les ventes secrètes d'armes américaines à l'Iran destinées à financer les rebelles Contras du Nicaragua, en lutte contre le gouvernement socialiste de leur pays ; le scandale qui en résulta se solda par la démission de plusieurs proches conseillers de Reagan. Sur le plan diplomatique, Reagan se rapprocha du dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev avec lequel il négocia un traité sur la limitation des armements nucléaires.

Reagan fut le premier président depuis Dwight D. Eisenhower à effectuer deux mandats présidentiels complets, et sa cote d'approbation au moment de quitter ses fonctions était de 68 %, l'un des taux les plus élevés pour un président sortant. Il est généralement considéré par les historiens et les politologues comme un président supérieur à la moyenne. Son importance dans le débat public américain et sa défense du conservatisme ont amené certains spécialistes à qualifier sa présidence et les décennies suivantes d'« ère Reagan ».

Contexte politique

À partir des années 1970, la vie politique américaine fut radicalement transformée par une vague conservatrice, dont la figure de proue était Ronald Reagan, et qui remettait en cause un certain nombre de principes de la politique intérieure et extérieure des États-Unis[1]. L'une des principales explications de cette montée en puissance du conservatisme était la méfiance croissante des Américains vis-à-vis de leur gouvernement, lequel apparaissait de plus en plus déconnecté des attentes des citoyens. Même si la suspicion à l'égard des hauts fonctionnaires était aussi vieille que l'Amérique elle-même, le scandale du Watergate engendra un fort sentiment de défiance du peuple américain vis-à-vis du gouvernement fédéral. La presse avait de son côté été renforcée par sa pugnacité dans la révélation de divers scandales, ce qui eut des répercussions importantes dans les deux principaux partis à l'échelle locale et nationale[2]. À la même époque, un ressentiment de plus en plus fort se faisait sentir à l'encontre des grandes entreprises (le big business) et des syndicats. Le consensus de l'après-guerre selon lequel la technologie, et notamment l'arme nucléaire, était la solution aux problèmes internes de la nation fut critiqué, en particulier par la Nouvelle gauche[3].

L'émergence d'une droite religieuse politiquement organisée fut également un facteur décisif dans la propagation du conservatisme[4],[5]. Le camp progressiste était alors en butte à des problèmes de division, notamment venant de la Nouvelle gauche qui contestait, entre autres, la politique menée au Viêt Nam et était très populaire au sein des campus universitaires et parmi les jeunes électeurs. Une véritable « guerre culturelle » mit bientôt aux prises conservateurs, progressistes et Nouvelle gauche sur des sujets tels que la liberté individuelle, le divorce, la liberté sexuelle, l'avortement, l'homosexualité et même la longueur des cheveux ou les préférences musicales[6]. L'adoption des lois sur les droits civiques dans les années 1960 faisait la fierté des progressistes, ces derniers s'étant par la même occasion attiré le vote des Noirs qui constituèrent dorénavant un corps électoral important dans le Sud. Ces mesures avaient toutefois mécontenté un grand nombre de Blancs issus de la classe ouvrière et poussé les sudistes blancs conservateurs à rejoindre les rangs du Parti républicain[7].

Élection présidentielle de 1980

Ronald Reagan et son épouse Nancy au côté de Strom Thurmond à Columbia, en Caroline du Sud, le 10 octobre 1980.

Ronald Reagan, qui avait été gouverneur de Californie de 1967 à 1975, s'était présenté aux primaires républicaines pour l'élection présidentielle de 1976 contre le président sortant Gerald Ford, qui l'avait emporté de justesse. Après la défaite de Ford au scrutin général face au démocrate Jimmy Carter, Reagan se positionna immédiatement comme le candidat favori du Parti républicain en vue de l'élection présidentielle de 1980[8]. Chef de file du mouvement conservateur, Reagan dut affronter des adversaires plus modérés comme George H. W. Bush, Howard Baker ou Bob Dole lors des primaires du parti. Bush remporta le caucus de l'Iowa, ce qui lui permit de concurrencer sérieusement Reagan, mais celui-ci fut déclaré vainqueur dans le New Hampshire et dans la plupart des autres primaires, raflant ainsi la majorité absolue en termes de délégués. Reagan songea un temps à faire de Gerald Ford son colistier, mais il renonça par crainte de transformer son mandat en une « coprésidence ». Il proposa finalement la vice-présidence à George Bush et le ticket Reagan-Bush fut investi à la convention nationale républicaine de 1980. Pendant ce temps, Jimmy Carter remporta l'investiture démocrate après avoir battu le sénateur Ted Kennedy lors des primaires. Les sondages effectués après les conventions des deux partis montraient Reagan et Carter au coude-à-coude dans les intentions de vote. Un candidat indépendant, l'ancien représentant républicain John B. Anderson, séduisit également une partie des modérés[9].

Résultats de l'élection présidentielle américaine de 1980.

La campagne de 1980 entre Carter et Reagan se déroula dans un contexte d'inquiétude croissante sur les questions de politique intérieure et la crise des otages en Iran. Après avoir remporté la nomination du Parti républicain, Reagan continua de plaider pour une réduction massive des impôts tout en réitérant son soutien au libre-échange et à la privatisation de la sécurité sociale. Il promit également de négocier des traités sur la maîtrise des armements avec l'Union soviétique. Dans le même temps, il ne se priva pas de critiquer l'action du président sortant, notamment sur sa gestion de l'économie. Handicapé par sa faible popularité (environ 30 % de taux d'approbation), Carter riposta aux attaques de son adversaire en mettant en garde sur le risque d'une guerre généralisée en cas d'élection de Reagan[10]. Une semaine avant le vote, un débat retransmis en direct à la télévisa opposa les deux candidats. Reagan s'y montra convaincant, demandant aux électeurs : « êtes-vous dans une meilleure situation aujourd'hui qu'il y a 4 ans ? L'Amérique est-elle toujours aussi respectée dans le monde entier qu'auparavant ? » Alors que la plupart des observateurs prédisaient un résultat extrêmement serré, Reagan rallia à lui la plupart des électeurs indécis[11]. Le jour du vote, il arriva en tête avec 50,7 % des voix et 489 votes de grands électeurs, contre seulement 41 % des voix et 49 votes de grands électeurs pour Carter et 6,6 % des voix pour Anderson. Lors des élections législatives qui eurent lieu à la même période, les républicains remportèrent une majorité absolue des sièges au Sénat, pour la première fois depuis les années 1950, les démocrates restant néanmoins majoritaires à la Chambre des représentants[12].

Composition du gouvernement

Une fois arrivé au pouvoir, Reagan nomma James Baker, qui avait dirigé la campagne de Bush en 1980, au poste de chef de cabinet. Baker, le chef de cabinet adjoint Michael Deaver et le conseiller Edwin Meese furent surnommés la « troïka » en raison de leur influence au sein du personnel de la Maison-Blanche au début de la présidence de Reagan[13]. Baker s'imposa rapidement comme l'élément le plus puissant de la troïka en supervisant la gestion des activités quotidiennes ; Meese exerçait la direction nominale de l'élaboration des politiques de l'administration tandis que Deaver était chargé d'organiser les apparitions publiques du président. En dehors de la troïka, Richard Darman ou le directeur des communications David Gergen se révélèrent comme des membres importants de l'équipe présidentielle[14].

Reagan désigna Alexander Haig, un ancien général qui avait été le chef de cabinet de Richard Nixon, pour servir à la tête du département d'État. Le secrétaire à la Défense Caspar Weinberger, partisan d'une forte hausse des dépenses militaires, avait lui aussi appartenu au précédent cabinet Nixon alors que le secrétaire au Trésor Donald Regan travaillait auparavant comme directeur de banque. Le président Reagan choisit David Stockman, un jeune membre du Congrès du Michigan, en tant que directeur du bureau de la gestion et du budget[15]. Le directeur de la CIA, William J. Casey, s'affirma comme l'un des principaux membres de l'administration en raison de la forte implication de la CIA dans les décisions prises par Reagan dans le cadre de la guerre froide. Reagan diminua également l'importance du conseiller à la sécurité nationale, fonction qui fut occupée par six personnes différentes sous sa présidence[16].

Haig démissionna en 1982 en raison de ses désaccords avec les autres membres de l'administration et il fut remplacé par George P. Shultz, un ancien membre du cabinet Nixon[17]. À cette époque, le conseiller à la sécurité nationale William P. Clark, l'ambassadrice aux Nations unies Jeane Kirkpatrick et le directeur de la CIA William J. Casey jouaient un rôle décisif dans la mise en œuvre de la politique étrangère américaine[18]. Shultz émergea cependant peu à peu comme la figure la plus influente de l'administration en matière de politique étrangère, conduisant l'administration à adopter une attitude moins conflictuelle vis-à-vis de l'URSS[19].

Baker et le secrétaire au Trésor Regan échangèrent leurs postes au début du second mandat de Reagan[20]. Regan accrut les responsabilités de sa fonction et endossa un certain nombre de responsabilités qui étaient jusque là partagées entre Baker, Deaver et Meese, ce dernier succédant à William French Smith comme procureur général en 1985[21]. Regan entretenait des relations compliquées avec la Première dame Nancy Reagan et il finit par quitter l'administration au plus fort de l'affaire Iran-Contra et à la suite de la défaite des républicains aux élections de mi-mandat de 1986. Il fut remplacé par l'ancien chef de la majorité au Sénat Howard Baker[22].

Le cabinet Reagan en 1981. Au premier plan, de gauche à droite : le secrétaire d'État Alexander Haig, le président Ronald Reagan, le vice-président George H. W. Bush et le secrétaire à la Défense Caspar Weinberger.
Cabinet Reagan
Fonction Nom Dates
Président Ronald Reagan 1981-1989
Vice-président George H. W. Bush 1981-1989
Secrétaire d'État Alexander Haig 1981-1982
George P. Shultz 1982-1989
Secrétaire du Trésor Donald Regan 1981-1985
James Baker 1985-1988
Nicholas Brady 1988-1989
Secrétaire à la Défense Caspar Weinberger 1981-1987
Frank Carlucci 1987-1989
Procureur général William French Smith 1981-1985
Edwin Meese 1985-1988
Dick Thornburgh 1988-1989
Secrétaire à l'Intérieur James G. Watt 1981-1983
William P. Clark 1983-1985
Donald P. Hodel 1985-1989
Secrétaire à l'Agriculture John R. Block 1981-1986
Richard Lyng 1986-1989
Secrétaire du Commerce Malcolm Baldrige 1981-1987
William Verity Jr. 1987-1989
Secrétaire au Travail Raymond Donovan 1981-1985
William Brock 1985-1987
Ann McLaughlin 1987-1989
Secrétaire à la Santé et aux services sociaux Richard Schweiker 1981-1983
Margaret Heckler 1983-1985
Otis Bowen 1985-1989
Secrétaire à l'Éducation Terrel Bell 1981-1984
William John Bennett 1985-1988
Lauro Cavazos 1988-1989
Secrétaire au Logement
et au Développement urbain
Samuel Pierce 1981-1989
Secrétaire aux Transports Drew Lewis 1981-1983
Elizabeth Dole 1983-1987
James Burnley IV 1987-1989
Secrétaire à l'Énergie James B. Edwards 1981-1982
Donald P. Hodel 1982-1985
John S. Herrington 1985-1989
Chef de cabinet James Baker 1981-1985
Donald Regan 1985-1987
Howard Baker 1987-1988
Kenneth Duberstein 1988-1989
Administrateur de l'Agence de protection
de l'environnement
Anne M. Burford 1981-1983
William Ruckelshaus 1983-1985
Lee M. Thomas 1985-1989
Directeur du Bureau de la gestion et du budget David Stockman 1981-1985
James C. Miller III 1985-1988
Joseph R. Wright, Jr. 1988-1989
Représentant américain au commerce William Brock 1981-1985
Clayton Yeutter 1985-1989
Directeur de la Central Intelligence Agency William J. Casey 1981-1987
William H. Webster 1987-1989
Ambassadeur aux Nations unies Jeane Kirkpatrick 1981-1985
Vernon Walters 1985-1989

Nominations judiciaires

Tentative d'assassinat

Le , seulement 69 jours après le début de sa présidence, Reagan fut victime d'une tentative d'assassinat alors qu'il quittait l'hôtel Hilton de Washington. Un déséquilibré de 26 ans, John Warnock Hinckley, Jr., tira six balles dans sa direction ; l'une d'entre elles ricocha sur la portière de la limousine et toucha le président à la poitrine. Trois autres personnes furent blessées : l'attaché de presse James Brady, qui fut paralysé, l'agent de police Thomas Delahanty et l'agent du Secret Service Timothy McCarthy. Bien qu'opéré dans un « état critique »[23], Reagan récupéra et quitta l'hôpital le . Il fut ainsi le premier président en exercice à survivre à une tentative d'assassinat après avoir été blessé[24]. La tentative d'assassinat eut une grande influence sur la popularité du président ; les sondages indiquèrent des niveaux d'approbation d'environ 73 %[25]. Un grand nombre de commentateurs ont plus tard décrit cette tentative d'assassinat comme un tournant dans la présidence de Reagan, en facilitant l'adoption de son programme de politique intérieure[26].

Politique intérieure

Reaganomics et fiscalité

Economic Recovery Tax Act de 1981

Reagan donnant une allocution télévisuelle depuis le Bureau ovale afin de présenter son plan de réduction d'impôts en juillet 1981.

Reagan appliqua des politiques basées sur une économie de l'offre et favorisa les philosophies du libéralisme et du laissez-faire[27]. La fiscalité introduite par Reagan ressemblait à celle qui avait été instaurée par le président Calvin Coolidge et le secrétaire au Trésor Andrew Mellon dans les années 1920, mais Reagan était aussi fortement influencé par des économistes contemporains comme Arthur Laffer qui rejetaient le keynésianisme en vigueur[28]. Reagan se référa à Laffer et à d'autres économistes pour affirmer que les réductions d'impôts permettraient de réduire l'inflation, ce qui allait à l'encontre des théories keynésiennes[29]. Les défenseurs d'une politique de l'offre expliquèrent également qu'une réduction des impôts entraînerait une augmentation des recettes publiques, ce que de nombreux économistes contestèrent[30].

Deux républicains du Congrès, le représentant Jack Kemp et le sénateur William Roth, avaient presque réussi à faire voter un important programme de baisse d'impôts sous la présidence de Jimmy Carter, mais celui-ci avait empêché l'adoption du projet de loi en raison de l'inquiétude suscitée par la question du déficit[31]. Dès son entrée en fonction, Reagan fit de l'adoption du projet de loi Kemp-Roth sa priorité absolue en matière de politique intérieure. Les démocrates étant majoritaires à la Chambre des représentants, le passage de la loi nécessitait l'appui d'un certain nombre de parlementaires démocrates en plus de celui des républicains du Congrès[32]. La victoire de Reagan à l'élection présidentielle de 1980 avait unifié les républicains sous la bannière du président tandis que des démocrates conservateurs comme Phil Gramm — qui rejoignit par la suite le Parti républicain — étaient prêts à soutenir une partie du programme de Reagan[33]. Tout au long de l'année 1981, Reagan eut de nombreux entretiens avec les membres du Congrès et s'efforça en particulier d'obtenir le soutien des démocrates conservateurs du Sud[32].

En , le Sénat vota en faveur du plan de réduction d'impôt par 89 voix contre 11. Le texte fut ensuite adopté à la Chambre des représentants par 238 voix contre 195[34]. L’Economic Recovery Tax Act de 1981 fit passer les impôts de la tranche la plus élevée de 70 % à 50 %, réduisit l'impôt sur les plus-values de 28 % à 20 %, fit plus que tripler le montant de l'argent perçu en héritage grâce à l'exonération de l'impôt sur les successions et diminua l'impôt sur les sociétés[32],[34]. L'adoption d'une loi de cette importance concernant les impôts et la réduction du budget fédéral fut décrite par certains commentateurs comme la « révolution Reagan » ; un éditorialiste écrivit ainsi que cette victoire remportée par Reagan sur le front législatif représentait « la plus formidable initiative nationale jamais prise par un président depuis les Cent Jours de Franklin Roosevelt »[35].

Autres législations fiscales

Face aux inquiétudes suscitées par l'accroissement de la dette fédérale, Reagan accepta d'augmenter les impôts à travers la loi de 1982 sur l'équité fiscale et la responsabilité financière (TEFRA)[36]. De nombreux partisans conservateurs de Reagan critiquèrent cette loi, mais le président fit valoir que son administration ne serait pas en mesure de procéder à de nouvelles réductions budgétaires sans consentir à une hausse des impôts[37]. Entre autres dispositions, la loi TEFRA doublait la taxation fédérale sur les cigarettes et annulait une partie de la réduction de l'impôt sur les sociétés adoptée en 1981[38]. En 1983, le montant des impôts avait diminué pour la quasi-totalité des contribuables américains, mais cela concernait surtout les plus fortunés : la proportion du revenu payé en impôt par les 1 % plus riches passa de 29,8 % à 24,8 %[39]. À partir de 1982, Reagan vit ses ambitions législatives contrées par une conjoncture économique défavorable et les républicains perdirent plusieurs sièges à la Chambre des représentants lors des élections de mi-mandat de 1982[40]. Comparées aux autres élections, les pertes furent relativement limitées pour le parti au pouvoir mais les démocrates conservateurs furent moins enclins à soutenir les initiatives de Reagan après 1982[41]. La persistance de la question des déficits incita Reagan à ratifier la loi de 1984 sur la réduction du déficit qui prévoyait de nouvelles augmentations d'impôt[42].

Lorsque Donald Regan devint chef de cabinet en 1985, l'administration Reagan mit la simplification du code des impôts au cœur de son programme de politique intérieur pour ce second mandat[43]. Avec l'aide du président de la Chambre des représentants Tip O'Neill, un démocrate qui était favorable à la réforme fiscale, Reagan parvint à surmonter l'opposition bipartisane qui s'était formée au Congrès pour contrer le passage de la loi sur la réforme fiscale de 1986[44]. Cette loi simplifiait le code des impôts en réduisant le nombre de tranches d'imposition à quatre et en diminuant de façon substantielle les exemptions fiscales. Elle réduisait par ailleurs l'imposition maximale de la tranche la plus élevée de 28 % (l'impôt sur les plus-values passa néanmoins de 20 % à 28 % pour les individus les plus aisés) tout en augmentant celle de la tranche la plus basse de 11 % à 15 %, cette dernière mesure étant largement compensée par une multiplication des exemptions personnelles, une déduction forfaitaire et un crédit d'impôt sur les revenus du travail. La loi eut pour conséquence immédiate la disparition de six millions d'Américains pauvres des registres d'imposition et une réduction de la dette fiscale à tous les niveaux de revenu[45],[46]. Les réformes entreprises par Reagan dans le domaine de l'impôt eurent également pour effet de maintenir la pression fiscale globale à environ 19 % du produit national brut[47].

Dépenses du gouvernement

Finances fédérales et PIB sous la présidence de Reagan[note 1]
Année Revenu Dépenses Surplus/
Déficit
PIB Dette en %
du PIB[note 2]
1981 599,3 678,2 -79,0 3 133,2 25,2
1982 617,8 745,7 -128,0 3 313,4 27,9
1983 600,6 808,4 -207,8 3 536,0 32,2
1984 666,4 851,8 -185,4 3 949,2 33,1
1985 734,0 946,3 -212,3 4 265,1 35,3
1986 769,2 990,4 -221,2 4 526,3 38,5
1987 854,3 1 004,0 -149,7 4 767,7 39,6
1988 909,2 1 064,4 -155,2 5 138,6 39,9
1989 991.1 1 143,7 -152,6 5 554,7 39,4
Sources [48] [49] [50]

Reagan privilégiait la baisse des impôts par rapport à la réduction des dépenses, considérant que des revenus plus faibles engendreraient nécessairement des dépenses moins élevées[51]. Il s'attela néanmoins à la diminution des dépenses du gouvernement ainsi qu'à la suppression et au démantèlement d'un certain nombre de programmes de la Grande société tels que Medicaid ou le Bureau des opportunités économiques[52]. En , Reagan ratifia l’Omnibus Budget Reconciliation Act qui supprimait le financement fédéral à des programmes sociaux comme les bons alimentaires, les repas scolaires ou Medicaid[53]. Le Comprehensive Employment and Training Act, voté en 1980 pour fournir du travail à 300 000 ouvriers, fut également abrogé[35] et l'administration durcit les conditions d'éligibilité aux allocations chômage[54]. En revanche, le département de la Défense vit son budget s'accroître considérablement sous la présidence de Reagan[55].

Reagan parvint à faire adopter plusieurs lois au cours de sa première année au pouvoir, mais ses tentatives pour réduire les dépenses intérieures après 1981 se heurtèrent à une résistance de plus en plus forte du Congrès[56]. Les dépenses consacrées à des programmes tels que le Supplemental Security Income, Medicaid, le crédit d'impôt sur les revenus du travail ou l'aide aux familles avec des enfants à charge continuèrent d'augmenter après 1982. Le nombre d'employés civils fédéraux passa de 2,9 millions à 3,1 millions sous le mandat de Reagan[57]. La politique de New Federalism (« nouveau fédéralisme ») voulue par le président, qui visait à transférer la responsabilité d'une partie des programmes sociaux aux gouvernements des États, ne trouva guère d'écho au Congrès[58].

En 1981, le directeur du Bureau de la gestion et du budget, David Stockman, obtint l'aval de Reagan pour réclamer une baisse des dépenses consacrées à la Sécurité sociale, mais ce plan se heurta une fois de plus à l'hostilité des parlementaires[59]. L'année suivante, Reagan créa une commission nationale bipartisane chargée d'étudier les voies susceptibles d'assurer l'intégrité à long terme de la Sécurité sociale. Bien que réticente à la privatisation ou la transformation en profondeur de cette dernière, la commission se déclara favorable à un élargissement de l'assiette fiscale aux employés fédéraux et à but non lucratif, qui en étaient jusqu'à présent exonérés, afin d'accroître les impôts versés au titre de la Sécurité sociale et effectuer des économies ailleurs. Ces recommandations furent promulguées en 1983 sous la forme d'amendements qui furent votés avec le soutien de membres des deux principaux partis[60]. Tout en protégeant des programmes comme la Social Security ou Medicare[61], l'administration Reagan tenta d'évincer de nombreuses personnes handicapées des listes de la Sécurité sociale[62]. L'échec du président à réformer la Social Security incita les administrations futures à ne pas toucher à ce programme qui était apprécié d'une grande partie de la population[63].

Déficits

Déficit budgétaire du gouvernement fédéral américain de 1971 à 2001 (en milliards de dollars).

Comme Reagan n'était pas disposé à compenser ses baisses d'impôts par une réduction des dépenses militaires ou celles dédiées à la Sécurité sociale, le creusement des déficits s'avéra rapidement problématique[64]. Cette situation fut exacerbée par la récession du début des années 1980 qui entraîna une diminution des recettes fédérales[65]. En l'absence de nouvelles coupes dans les dépenses intérieures et pressé de résoudre la question du déficit, Reagan se résigna à augmenter les impôts après 1981[66]. La dette nationale fit néanmoins plus que tripler entre les années fiscales 1980 et 1989, passant de 914 milliards à 2,7 billions de dollars ; dans le même temps, le ratio dette/PIB fut porté à 53 % en 1989 alors qu'il n'était que de 33 % en 1981. En conséquence, jamais le budget du gouvernement américain ne fut en équilibre sous la présidence de Reagan[67].

Afin de résorber en partie la dette fédérale, le Congrès vota en 1985 la loi Gramm-Rudman-Hollings, qui prévoyait des réductions automatiques de dépenses en cas de non-respect par le Congrès des plafonds annuels de déficit budgétaire[68]. Le texte fut jugé inconstitutionnel par la Cour suprême et remanié pour être adopté à nouveau en 1987. Les coupes imposées furent cependant contournées à plusieurs reprises par les parlementaires et les déficits continuèrent d'augmenter, ce qui ouvrit la voie au passage de l’Omnibus Budget Reconciliation Act de 1990[69].

Économie

Reagan arriva au pouvoir alors que l'économie américaine traversait une période de stagflation, c'est-à-dire une combinaison entre une inflation et un taux de chômage très élevés[70]. Les États-Unis renouèrent brièvement avec une période de croissance dans les premiers mois de la présidence de Reagan avant d'être confrontés à une sévère récession en [71]. Ce fléchissement de l'activité économique persista durant deux ans et de nombreux membres de l'administration en rejetèrent la faute sur la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine, à ce moment pilotée par Paul Volcker. Reagan s'abstint néanmoins de toute critique contre Volcker[72]. Ce dernier était résolu à combattre l'inflation par une politique de l'« argent rare » qui se traduisait par une forte hausse des taux d'intérêts[73]. L'objectif était de réduire le volume des prêts et des investissements, ce qui devait mécaniquement entraîner une baisse de l'inflation, une augmentation du chômage et, au moins à court terme, un ralentissement de la croissance économique[74]. Le taux de chômage atteignit près de 11 % en 1982[73] tandis que le taux de pauvreté passa de 11,7 % à 15 %[54].

La récession prit finalement fin en 1983[75], mais les fruits de la reprise ne profitèrent pas à tous les secteurs de la population : en effet, les inégalités économiques et le nombre de sans-abri s'accrurent au cours des années 1980[76],[77]. Afin de ne pas miner la confiance dans la prospérité retrouvée, Reagan renouvela le mandat de Volcker à la tête de la Fed en 1983 et celui-ci demeura en poste jusqu'en 1987, date à laquelle il fut remplacé par l'économiste conservateur Alan Greenspan[78]. L'inflation retomba à 3,5 % tandis que le taux de chômage n'était plus que d'environ 5 % en 1988[40]. Toujours en lutte contre l'inflation, Greenspan procéda à son tour à une augmentation des taux d'intérêts qui fut à l'origine du krach boursier d' (aussi connu sous le nom de « Lundi noir ») ; les marchés furent cependant stabilisés et récupérèrent dans les semaines qui suivirent[78].

Relations avec le monde du travail

En , PATCO, le syndicat des contrôleurs aériens fédéraux américains, se mit en grève afin de bénéficier de meilleurs salaires et de divers avantages sociaux[35]. Reagan déclara que si les contrôleurs aériens ne reprenaient pas le travail dans moins de 48 heures, ils auraient perdu leur emploi. Une fois le délai expiré, le président mit sa menace à exécution et il licencia les quelque 11 000 contrôleurs qui étaient toujours en grève le [79] ; ces derniers furent remplacés par des contrôleurs militaires tandis qu'un peu moins de 40 % des grévistes avaient accepté de reprendre le travail[80]. L'attitude ferme de Reagan fut sévèrement critiquée par les dirigeants syndicaux mais approuvée par sa base conservatrice ainsi que par d'autres franges de la population[80],[81].

La répression des grévistes de PATCO démoralisa les syndicats et le nombre de conflits du travail diminua drastiquement dans les années 1980[82]. Lorsque ceux-ci survenaient malgré tout, comme dans le cas de la grève des mineurs de cuivre de l'Arizona en 1983, celle des chauffeurs de bus de Greyhound la même année ou encore celle des employés de chez Hormel en 1985-1986, ils se soldaient généralement par le renvoi des grévistes. Avec l'assentiment du National Labor Relations Board dont les membres, nommés par le président, étaient tous favorables à la politique de Reagan, nombreuses furent les entreprises à arracher aux syndicats des baisses de salaires et des suppressions d'avantages sociaux, en particulier dans le secteur manufacturier[83]. À la fin de la présidence de Reagan, les employés affiliés à un syndicat ne représentaient plus qu'un sixième de la main-d'œuvre totale, contre environ un quart en début de mandat[84].

Déréglementation

Reagan était partisan d'assouplir les réglementations gouvernementales dans la sphère économique et il nomma au sein de son gouvernement des individus en accord avec cette vision. D'après l'historien William Leuchtenburg, dès 1986, l'administration Reagan avait éliminé près de la moitié des réglementations fédérales en vigueur en 1981[85]. La Commission fédérale des communications ouvrit frénétiquement le secteur de la radiodiffusion au marché en se débarrassant, entre autres restrictions, du principe d'impartialité[86]. Les caisses d'épargne furent quant à elles déréglementées par le Garn–St. Germain Depository Institutions Act de 1982 qui autorisait également les banques à accorder des prêts hypothécaires à taux variable. En outre, Reagan licencia de nombreux fonctionnaires, dont l'intégralité du personnel de l'Administration pour l'emploi et la formation, tandis que son secrétaire à l'Intérieur James G. Watt favorisa la multiplication des forages pétroliers et l'implantation de mines à ciel ouvert dans des terres qui bénéficiaient jusque-là d'une protection fédérale. L'Agence de protection de l'environnement, dirigée par Anne Gorsuch, vit son budget considérablement réduit et n'appliqua pas avec beaucoup de sérieux la législation environnementale[85].

Avec l'entrée en vigueur du Garn–St. Germain Depository Institutions Act, les sociétés d'épargne s'engagèrent dans des activités à haut risque et plusieurs de leurs dirigeants se rendirent coupables de détournements de fonds[87]. La crise des Savings and loan qui éclata durant le second mandat de Reagan provoqua la faillite de 296 institutions financières ― représentant 125 milliards de dollars d'actifs ― entre 1986 et 1989[88]. Le gouvernement fédéral fut contraint de mettre en œuvre plusieurs plans de sauvetage massifs afin de limiter les dégâts[87]. Cela n'empêcha pas la crise de s'aggraver dans la décennie suivante[88], pour un coût de renflouement évalué en 1999 à plus de 160 milliards de dollars[87]. Dans un livre publié peu après le départ de Reagan de la Maison-Blanche, l'auteur Martin Mayer écrivit : « le dépouillement du contribuable par la communauté même qui s'était engraissée du fait de la croissance de l'industrie de l'épargne et du crédit (S&L) dans les années 1980 est le pire scandale public de l'histoire américaine. […] Mesuré à l'aune de l'argent [ou] de la mauvaise répartition des ressources nationales […], le scandale des S&L ravale ceux du Teapot Dome ou du Crédit mobilier au rang d'épisodes mineurs »[89].

Immigration

Sous la présidence de Reagan, le taux d'immigration aux États-Unis était le plus élevé depuis les années 1910 et la part de la population née à l'étranger la plus importante depuis quarante ans[90]. Même si la politique migratoire n'était pas une priorité de son administration, Reagan soutint les efforts du sénateur républicain Alan K. Simpson et du représentant démocrate Romano Mazzoli qui souhaitaient modifier la législation en vigueur[91]. Leurs propositions furent entérinées avec la ratification par le président de l’Immigration Reform and Control Act de 1986, qui rendait illégale l'embauche d'immigrants illégaux, demandait aux employeurs d'attester de la citoyenneté de leurs employés et accordait l'amnistie à environ trois millions d'immigrés clandestins qui étaient entrés aux États-Unis avant le et y avaient continuellement séjourné depuis[92]. La loi contenait également des dispositions visant à renforcer les mesures de contrôle à la frontière américano-mexicaine[93]. Lors de la signature du texte, aux pieds de la Statue de la Liberté récemment restaurée, Reagan déclara : « les clauses de légalisation de cette loi permettront d'améliorer grandement la vie de cette classe d'individus devant se cacher dans l'ombre sans pouvoir accéder aux bénéfices d'une société libre et ouverte. Bientôt ces hommes et ces femmes pourront sortir au grand jour et au bout du compte, s'ils le veulent, devenir Américains »[94]. Les mesures prises furent cependant insuffisantes pour contrer l'immigration illégale et le nombre de clandestins présents sur le territoire des États-Unis passa de 5 millions en 1986 à 11,1 millions en 2013[93].

Criminalité et lutte contre la drogue

La Première dame Nancy Reagan lors d'un rassemblement de la campagne Just Say No à la Maison-Blanche en mai 1986.

À partir de 1982, Reagan lança des politiques plus ambitieuses dans le cadre de la guerre contre les drogues[95]. Il déclara que les « drogues menacent notre société » et promit de se battre pour des écoles et des lieux de travail sans drogue, une expansion des traitements de la dépendance, des interdictions sur la consommation et une plus grande information du public[96]. L'explosion du nombre de consommateurs de crack, suspecté d'être à l'origine de nombreux meurtres, devint un sujet d'inquiétude majeur[97]. La Première dame Nancy Reagan fit de la guerre contre les drogues sa principale priorité en lançant la campagne d'éducation Just Say No pour décourager les enfants et les adolescents de toucher à la drogue[98].

Face à l'ampleur du problème, le Congrès adopta le Comprehensive Crime Control Act de 1984[99]. En 1986, Reagan signa une loi d'application débloquant 1,7 milliard de dollars pour la guerre contre les drogues et définissant une peine minimale obligatoire pour les délits liés à la drogue[100]. Le président ratifia également l’Anti-Drug Abuse Act of 1988 qui renforçait les sanctions pénales pour les consommateurs de drogue et créait l’Office of National Drug Control Policy[101]. Ces initiatives furent critiquées car elles promouvaient d'importantes disparités raciales dans la population carcérale[100] et ses détracteurs avancèrent que les politiques avaient peu d'impact sur la disponibilité des drogues tout en étant un fardeau financier pour les États-Unis[102]. Les défenseurs de la législation pointèrent les succès réalisés dans la réduction de la consommation chez les adolescents[103].

Mesures sociétales et droits civiques

Reagan échoua en grande partie à faire appliquer son ambitieux programme de politique sociétale, qui se proposait notamment d'interdire le recours à l'avortement à l'échelle fédérale et de mettre fin au busing, une méthode de transport scolaire destiné à favoriser la mixité raciale[104]. Avec le soutien du président, le sénateur républicain Jesse Helms, un conservateur, tenta d'empêcher la Cour suprême d'examiner le bien-fondé des lois étatiques et locales imposant la prière dans les écoles, mais d'autres sénateurs républicains comme Lowell Weicker ou Barry Goldwater empêchèrent l'adoption du projet de loi de Helms[105]. En dépit des maigres résultats obtenus sur le front législatif, Reagan exerça son influence dans le domaine sociétal par le biais de réglementations et la nomination de juges conservateurs à la Cour suprême[104].

En 1982, Reagan promulgua une extension sur 25 ans des dispositions de la loi sur les droits civiques de 1965, à l'issue de pressions populaires et parlementaires qui l'avaient obligé à renoncer à son projet initial d'assouplir les restrictions fixées par cette loi[106]. Il approuva également, quoique à contrecœur, le maintien des politiques de discrimination positive[107] et ratifia la loi qui instituait un jour férié fédéral en l'honneur de Martin Luther King[108]. Cependant, le nombre d'affaires relatives aux droits civiques traitées chaque année par la Commission pour l'égalité des chances en matière d'emploi et le département de la Justice fut sensiblement moins élevé que sous la présidence de Carter[109]. En 1988, Reagan mit son veto au Civil Rights Restoration Act au motif que celui-ci empiétait sur les droits des États, des églises et des entrepreneurs, mais sa décision fut annulée par le Congrès[110].

Aucune amélioration de la législation relative à la condition des homosexuels n'eut lieu sous la présidence de Reagan. De nombreux membres de l'administration, parmi lesquels le directeur de la communication Pat Buchanan, étaient hostiles à la communauté gay, tout comme un certain nombre de chefs religieux qui figuraient parmi les principaux alliés du gouvernement en place[111]. Les droits des homosexuels et la circulation du virus du sida devinrent un fait de société majeur à partir de 1985 lorsque l'acteur Rock Hudson, un ami personnel du président Reagan, révéla être atteint du sida. Alors que l'opinion publique était de plus en plus préoccupée par ce fléau, la Cour suprême valida une loi étatique qui criminalisait l'homosexualité (arrêt Bowers v. Hardwick)[112]. De son côté, l'administrateur de la santé publique Charles Everett Koop estimait qu'une campagne de prévention à grande échelle — en encourageant notamment le recours aux préservatifs — permettrait de limiter la propagation du virus, mais Reagan rejeta le plan de Koop au profit d'une éducation sexuelle fondée sur l'abstinence[113]. En 1987, il proclama le sida « ennemi public no 1 » mais fut sévèrement critiqué pour la lenteur de sa réaction par les milieux progressistes, en particulier l'organisation ACT UP[114]. En , le nombre d'Américains morts du sida était évalué à environ 46 000[115].

Environnement

La politique environnementale des États-Unis connut un net recul sous la présidence de Reagan. Alors que son prédécesseur républicain Richard Nixon avait ratifié plusieurs initiatives importantes dans le domaine de l'écologie, Reagan considérait que le développement économique du pays et l'allègement des contraintes imposées aux entreprises passaient avant la protection de la nature[116]. Dès son entrée en fonction, il nomma au sein de son administration des individus notoirement hostiles à la cause environnementale, en particulier Anne Gorsuch à la tête de l'Agence de protection de l'environnement ou James G. Watt au département de l'Intérieur[117]. Ce dernier épousa les revendications de la « rébellion du Sagebrush », un mouvement contestataire de l'Ouest américain favorable à l'exploitation intensive des ressources naturelles, ce qui fait dire à l'historien Pierre Mélandri que « son département semble parfois se transformer en officine de vente du patrimoine public aux intérêts privés »[118]. Le budget alloué à l'Intérieur fut également réduit tandis que l'application des normes environnementales fixées par le gouvernement fut fortement assouplie[119].

Dans le même temps, Reagan s'opposa au renouvellement du Clean Air Act de 1970, malgré les pressions de l'opinion publique et d'une partie du monde politique[120], ainsi qu'à celle du programme Superfund[121]. Il bloqua par ailleurs les fonds dédiés à la mise en œuvre d'une loi sur la protection de l'eau et des sols (1985)[122] et amputa les financements de programmes fédéraux liés au contrôle de la pollution, des pesticides, de la qualité de l'eau ou encore de la gestion des déchets[120]. Son administration tenta aussi d'influencer la recherche scientifique en diminuant les sommes attribuées à l'étude des causes du réchauffement climatique[123]. Le président fut cependant attentif au fait qu'une très large majorité des Américains était sensible à la protection de l'environnement[124] ; sous sa présidence, nombreux étaient en effet ses concitoyens à estimer que les enjeux écologiques étaient supérieurs aux impératifs de croissance économique[125]. En conséquence, Reagan prit ses distances avec la frange la plus extrême de l'anti-environnementalisme et, au cours de son premier mandat, remplaça certains de ses collaborateurs, dont Watt, par des responsables plus modérés[126].

En 1987, l'administration Reagan ratifia le protocole de Montréal qui visait à limiter les émissions de chlorofluorocarbures pour la sauvegarde de la couche d'ozone. Elle échoua cependant à régler de façon satisfaisante le problème des pluies acides causées par les rejets des centrales électriques et fossiles américaines, au grand dam du Canada qui en subissait les effets[127]. D'une manière générale, alors que Reagan se désintéressait de l'écologie, sa présidence correspondit à une montée en puissance des organisations environnementales dont le nombre d'adhérents bondit de 2 millions en 1980 à 6 millions en 1990[124].

Surveillance de masse

Invoquant des raisons de sécurité nationale, les conseillers du président chargés de cette thématique firent pression pour accroître les capacités de surveillance du pouvoir fédéral au début du premier mandat de Reagan. Leurs recommandations étaient fondées sur l'idée que les services de renseignement et de contre-espionnage gouvernementaux avaient été affaiblis sous les présidences de Carter et de Ford[128]. Le , Reagan signa l'ordre exécutif 12333 qui élargissait les attributions de la communauté du renseignement fédéral, encadrait les programmes d'espionnage des citoyens américains, des résidents permanents et de toute personne se trouvant aux États-Unis et exigeait du procureur général ainsi que d'autres responsables d'actualiser les protocoles et procédures en vigueur au sujet du recueillement, de la conservation et du partage des informations détenues par les agences de renseignement[129].

Politique étrangère

Escalade de la guerre froide

Dans un contexte de guerre froide, Reagan raviva les tensions avec l'Union soviétique en mettant fin au processus de détente[130]. Dès son entrée en fonction, il évoqua un potentiel retard de son pays dans la course aux armements et déclara vouloir « réarmer avant de parlementer » avec Moscou[131]. Son administration fit ainsi de l'augmentation des dépenses militaires une priorité afin d'asseoir la suprématie des États-Unis dans ce domaine et fragiliser l'économie soviétique[132]. Sous l'impulsion du président, les forces armées nationales furent considérablement renforcées avec le déblocage de fonds pour le développement des bombardiers B-1 Lancer et B-2 Spirit, de missiles de croisière, du missile MX et d'une marine de guerre portée à 600 navires[133]. En réponse au déploiement par les Soviétiques des missiles SS-20, Reagan supervisa l'installation des missiles Pershing de l'OTAN en Allemagne de l'Ouest[134]. Il condamna également à plusieurs reprises l'URSS en termes moraux[135] et, en 1983, qualifia cette dernière d'« empire du mal »[136]. En dépit de cette rhétorique agressive, l'administration Reagan poursuivit les discussions sur le contrôle des armements avec les autorités soviétiques dans le cadre du projet de traité START. Contrairement aux traités SALT des années 1970 qui s'étaient contentés de fixer des limites supérieures à la taille des arsenaux nucléaires, l'objectif de START était de contraindre chacune des deux parties contractantes à réduire leurs stocks d'armes atomiques[137].

En , Reagan introduisit l'initiative de défense stratégique (IDS) prévoyant la mise en place de systèmes au sol et dans l'espace pour protéger les États-Unis d'une attaque de missiles balistiques intercontinentaux. Le président considérait que ce bouclier anti-missiles rendrait la guerre nucléaire impossible[138]. Toutefois, les incertitudes concernant la faisabilité d'un tel projet menèrent ses opposants à surnommer l'initiative la « guerre des étoiles », en référence à la saga cinématographique du même nom, et ces derniers avancèrent que les objectifs technologiques étaient irréalistes[139]. L'IDS fut finalement abandonnée en 1993 tant du fait des critiques au sujet de son coût et de son efficacité que de l'évolution rapide de la situation internationale[140]. Les Soviétiques s'inquiétèrent cependant des possibles effets de l'IDS et considérèrent sa mise en œuvre comme une violation du traité ABM de 1972[141]. En rétorsion, Moscou mit fin aux pourparlers sur la réduction des armements stratégiques et les relations américano-soviétiques atteignirent leur point le plus bas depuis les années 1960[142]. Les tensions liées à la guerre froide influencèrent grandement la culture populaire du moment, en particulier les films Le Jour d'après et Wargames (sortis en 1983) ainsi que la chanson 99 Luftballons du groupe Nena (parue la même année), qui montraient tous l'inquiétude croissante de la population à l'idée d'une éventuelle guerre nucléaire[143].

Doctrine Reagan

Échéances électorales

Héritage

Bibliographie

Notes et références

Notes

  1. Toutes les données, à l'exception du pourcentage de la dette, sont exprimées en milliards de dollars. Le PIB est calculé selon l'année civile. Le montant des revenus, des dépenses, du déficit et de la dette est calculé selon l'année fiscale, qui se termine le 30 septembre. Par exemple, l'année fiscale 2017 aux États-Unis s'est achevée le 30 septembre 2017.
  2. Représente la dette nationale détenue par le public en pourcentage du PIB.

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