Reconstruction en France après la Seconde Guerre mondiale

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Vue panoramique du Havre dévasté, hiver 1944-1945.

La reconstruction en France après la Seconde Guerre mondiale désigne l'ensemble des initiatives visant à réparer les conséquences désastreuses de la Seconde Guerre mondiale en France, sur le plan urbanistique et architectural.

La reconstruction proprement dite durera dix ans. Dès le milieu des années 50, le « baby boom » et l'exode rural conduisent à la construction massive de « grands ensembles » et à une « rénovation urbaine » (destruction du tissu ancien) qui affecte toutes les villes moyennes ou grandes, jusqu'au milieu des années 1970.

Des dommages majeurs

Déjà, en 1940, pendant la bataille de France, plusieurs villes du Nord avaient été touchées par des attaques allemandes, mais la quasi-totalité des dommages est due aux bombardements stratégiques des Alliés qui, à partir de 1943, détruisent partiellement ou complètement de nombreuses villes.

Ces différentes campagnes de bombardement sont menées entre 1943 et le printemps 1945 : bombardements de Nantes en , bombardements sur le Centre-Est et le Sud-Est en , bombardement de la Normandie en , raids aériens sur les poches de résistance allemandes de l'Ouest entre janvier et . Nombre d'usines indispensables au soutien de l'effort de guerre de l'occupant sont aussi la cible d'attaques alliées, comme au Creusot ou à Boulogne-Billancourt en 1943.

Saint-Lô, détruite à 95 % après les bombardements de 1944, surnommée capitale des ruines.

Les combats urbains, souvent acharnés, durant la Libération aggravent encore la ruine de certaines villes comme ce fut le cas avec la bataille de Caen, la bataille de Saint-Lô ou la bataille des Vosges.

Plusieurs villes sont presque complètement détruites comme : Brest, Caen, Calais, Dunkerque, Évreux, Le Havre, Lorient, Saint-Dié, Saint-Lô, Saint-Malo, Rouen, Royan, Saint-Nazaire, Maubeuge ou Vire. D'autres sont endommagées à des degrés divers comme Abbeville, Angoulême, Beauvais, Boulogne, Gien, Laon, Marseille, Nantes, Orléans, Rennes, Saumur, Sedan, Strasbourg, Tours.

L'effort de reconstruction

Les évolutions du droit

La reconstruction du pays a donné lieu à de nombreuses innovations juridiques durant les trente années qui ont suivi la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est notamment à cette époque qu'a vu le jour le système actuel de publicité foncière (1955).

Les travaux

Les travaux ont duré de nombreuses années.

Brest

Caen

Le Havre

Le front de mer reconstruit du Havre.

Maubeuge

Rouen

Royan

Saint-Dié-des-Vosges

Cathédrale Saint-Dié et centre ville reconstruits.

Au delà du cas emblématique de de Saint-Dié-des-Vosges maintes communes du massif vosgien furent dévastée par la politique de la terre brûlée menée par l'occupant lors des combats de novembre 1944 (Anould, Corcieux, Gérardmer, La Bresse, Saint-Léonard, Saulcy-sur-Meurthe, Xonrupt-Longemer, etc.) et firent l'objet d'une lente reconstruction au cours des années 50.

Les mesures de l'État

En France, l’État s’implique fortement dans la reconstruction des moyens de production en nationalisant des pans entiers de l’économie. L’interventionnisme porte en particulier sur les secteurs de l’énergie et des transports.

Pour relancer la consommation, le ministère de l'économie d'abord par Aimé Lepercq puis avec René Pleven a lancé dès 1944 la souscription publique d'un vaste emprunt d'État. Cette politique coïncide avec la mise en place d'un ordre financier international concrétisée la même année par la signature des Accords de Bretton Woods.

Les capacités industrielles amoindries d'une France exsangue conduiront néanmoins à la persistance d'une pénurie des biens de consommation et de production qui motivera en France les grèves quasi insurrectionnelles de 1947.

L'État fait appel à la main d'œuvre étrangère et mettant en place la SONACOTRA dès 1954, année durant laquelle l'Abbé Pierre, lancera également en février son appel pour un logement pour tous.

La reconstruction des infrastructures et de l'industrie s'accompagne d'une reconstruction des villes sinistrées. Celle-ci est conduite par le ministère de la reconstruction et de l'urbanisme (MRU), qui dispose de moyens réglementaires (plans de reconstruction et d'aménagement, remembrement) et de moyens financiers. Les constructions privées sinistrées bénéficient des « dommages de guerre ». La conduite des opérations est assurée de très près par le MRU, qui s'appuie sur les propriétaires sinistrés via la création d'associations syndicales de remembrement. Les plans d'urbanisme, dont certains avaient déjà été approuvés en 1943, ont en commun la volonté de profiter des destructions pour faciliter la circulation en élargissant les voies ou en créant des voies nouvelles, aérer les îlots autrefois insalubres par la création d'espaces verts et de circulation pour piétons, de mettre fin à un parcellaire très étroit source de logements mal éclairés et insalubres. La forme urbaine en revanche varie beaucoup selon les choix de l'architecte désigné par le MRU : maisons ou immeubles à l'alignement dans l'esprit de l'avant-guerre comme à Saint-Malo, transformations plus radicales du tissu urbain comme au Havre, à Royan ou à Saint-Dié par le biais d'un projet novateur mené par Le Corbusier mais finalement rejeté par la population.

L'économie se relancera malgré tout plus rapidement à partir de 1955 grâce notamment à l'aide américaine incarnée par le George Marshall (général) jusqu'en 1972 avant le premier choc pétrolier survenu l'année suivante.

L'aide internationale

Le plan Marshall débloqué par les États-Unis favorise la mise en route de la reconstruction tout en cherchant à éviter un basculement de la France dans le bloc soviétique.

L'immigration de travail

La mise en place de la SONACOTRA encadre l'immigration de travail suscitée par les perspectives d'emploi liées à la reconstruction.

Philatélie

En mars 1958 est émise une série philatélique de quatre timbres illustrant l'achèvement de la reconstruction de villes détruites : Le Havre, Maubeuge, Saint-Dié et Sète.

Notes et références

Voir aussi

Liens