Congrès anarchiste international d'Amsterdam

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Le Congrès anarchiste international d’Amsterdam s’est tenu du au à Amsterdam (Pays-Bas). Au centre des débats : le syndicalisme et l'antimilitarisme.

Benoît Broutchoux.

Ce congrès rassemble des délégués de 14 pays dont des figures notables du mouvement libertaire de l’époque comme Errico Malatesta, Pierre Monatte, Luigi Fabbri, Benoît Broutchoux, Emma Goldman, Rudolf Rocker, Christiaan Cornelissen, Émile Chapelier, Domela Nieuwenhuis, Georges Thonar, Henri Fuss, Pierre Ramus, Max Baginskietc.

Historique[modifier | modifier le code]

Pendant toute la semaine de ce congrès divers thèmes furent abordés en rapport à l’anarchisme et à son organisation, au développement du mouvement, à l’éducation ou encore à la grève générale. Un des thèmes principaux fut l’antimilitarisme, le congrès antimilitariste international se tenant simultanément au congrès international anarchiste.

Mais le débat majeur de ce congrès se porta sur la relation entre anarchisme et syndicalisme. Ce débat fut le témoin d’une vive opposition entre Errico Malatesta et Pierre Monatte.

Monatte pensait que le syndicalisme était révolutionnaire et permettrait la révolution sociale. Malatesta s’opposait à cette idée affirmant : « La conclusion à laquelle en est venu Monatte, c’est que le syndicalisme est un moyen nécessaire et suffisant de révolution sociale. En d’autres termes, Monatte a déclaré que le syndicalisme se suffit à lui-même. Et voilà, selon moi, une doctrine radicalement fausse[1]. » Pour Malatesta le syndicalisme était en effet réformiste et pouvait même être dans certains cas conservateur (l’exemple des Trades-Unions aux États-Unis, syndicats composés d’ouvriers qualifiés s’opposant parfois aux ouvriers non qualifiés afin de défendre leur position privilégiée[2]).

Cette opposition entre deux visions du syndicalisme au cours de ce congrès sera par la suite dépassée avec l’émergence de l’anarcho-syndicalisme, synthèse en quelque sorte d’une conception révolutionnaire du syndicalisme associée aux principes de l’anarchisme.

Motions[modifier | modifier le code]

Grève générale expropriatrice[modifier | modifier le code]

Lors du Congrès, Henri Fuss, membre de la délégation belge et cheville ouvrière de la Confédération générale du travail prend la parole : « Nous luttons contre la bourgeoisie, c'est-à-dire contre le capital et contre l'autorité. C'est là la lutte de classe; mais à la différence des luttes politiques, celle-ci s'exerce essentiellement sur le terrain économique, autour de ces ateliers qu'il s'agira de reprendre demain. Le temps n'est plus où la révolution consistait à mettre la main sur quelques hôtels-de-ville et à décréter, du haut d'un balcon, la société nouvelle. La révolution sociale à laquelle nous marchons consistera dans l'expropriation d'une classe. Dès lors, l'unité de combat n'est plus, comme autrefois, le groupe d'opinion, mais le groupe professionnel, union ouvrière ou syndicat. Celui-ci est l'organe le mieux approprié à la lutte de classe. L'essentiel est de l'orienter progressivement vers la grève générale expropriatrice, et c'est à quoi nous convions les camarades de tous les pays[3],[4]. »

Une motion en ce sens est approuvée par le Congrès : « Par des grèves généralisées à des localités, à des régions, à des professions entières, on soulèvera progressivement la classe ouvrière et on l'entraînera vers la grève générale expropriatrice qui comprendra la destruction de la société actuelle et l'expropriation des moyens de production et des produits[5],[6]. »

Secrétariat[modifier | modifier le code]

Les secrétaires du Congrès étaient : John Turner, Malatesta, J-B Wilquet, Rudolf Rocker et Schapiro.

La délégation belge[modifier | modifier le code]

Une importante délégation belge participe au Congrès dont Georges Thonar et Henri Fuss (Liège), Émile Chapelier (Boitsfort), Segher Rabauw et Samson (Anvers), Janssen et Heiman (Gand), Schouteten (Bruxelles), Hamburger, Willems[7]. Le Groupement communiste libertaire y intervient notamment dans le débat sur l’organisation[8].

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Ariane Miéville, Entre anarchie et syndicalisme. Syndicalisme, anarchisme et anarcho-syndicalisme en débat au Congrès Anarchiste d'Amsterdam en 1907, mémoire de sociologie et d'anthropologie), Université de Lausanne, 1994, extraits en ligne.
  • Ariane Miéville (préf.), Maurizio Antonioli (postf.), Anarchisme & Syndicalisme. Le Congrès Anarchiste International d’Amsterdam (1907), Rennes, Paris, Nautilus/Éditions du Monde libertaire, 1997, texte intégral, lire en ligne.
  • Congrès anarchiste international d'Amsterdam, Compte-rendu analytique des séances et résumé des rapports sur l'état du mouvement dans le monde entier, Paris, La Publication Sociale, 1908, texte intégral.
  • 1907 : L’Espéranto au Congrès Communiste-Anarchiste International d’Amsterdam, extrait du compte-rendu analytique, 31 août 1907, SAT-Amikaro, texte intégral.
  • Guillaume Davranche, Août 1907 : Le congrès d’Amsterdam veut clarifier l’anarchisme, Alternative libertaire, n°164, luillet-août 2007, texte intégral.
  • Compte-rendu analytique des séances et résumé des rapports sur l'état du mouvement dans le monde entier, M. Delesalle, 1908, extraits en ligne, lire en ligne.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

  • The International Anarchist Congress, 26-31 August 1907, Studies for a Libertarian Alternative, Federazione dei Comunisti Anarchici, texte intégral en anglais.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Extrait de la décalaration de Malatesta durant le congrès [1]
  2. Cet exemple des Trades Unions est repris durant le congrès par Malatesta et Cornelisen.
  3. Henri Fuss, « Le syndicalisme au Congrès Anarchiste International d’Amsterdam (1907) », sur Bibliolib, .
  4. Compte-rendu analytique des séances et résumé des rapports sur l'état du mouvement dans le monde entier, M. Delesalle, 1908, page 87.
  5. Compte-rendu analytique des séances et résumé des rapports sur l'état du mouvement dans le monde entier, M. Delesalle, 1908, page 96, page 96.
  6. Robert Brécy, préf. Jean Maitron, La grève générale en France, Études et documentation internationales, 1969, page 84.
  7. Ariane Miéville, Maurizio Antonioli, Anarchisme & Syndicalisme. Le Congrès Anarchiste International d’Amsterdam (1907), Nautilus/Éditions du Monde libertaire, 1997, texte intégral.
  8. Guillaume Davranche, Août 1907 : Le congrès d’Amsterdam veut clarifier l’anarchisme, Alternative libertaire, no 164, juillet-août 2007, texte intégral.