Amand Pinsard

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 Amand Pinsard
Amand Pinsard
Photo tirée de L'Illustration.

Naissance
Nercillac (Charente)
Décès (à 65 ans)
Ceyzériat (Ain)
Origine Drapeau de la France France
Arme Artillerie, Aéronautique militaire
Grade Général de brigade aérienne
Années de service 19061943
Conflits Première Guerre mondiale,
Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes 27 victoires
Distinctions Légion d'honneur (Grand Officier),
Croix de Guerre
Médaille militaire,
British Military Cross

Amand Pinsard, né le à Nercillac (Charente) et mort le à Ceyzériat (Ain), est un pilote de chasse de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle il remporte 27 victoires homologuées, ainsi qu'un général devenu une personnalité de la collaboration en France durant la Seconde Guerre mondiale.

Biographie[modifier | modifier le code]

Service militaire et Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Né dans une famille d'agriculteurs, Amand Pinsard s'engage dans l'armée en 1906 et sert au 2e régiment de Spahis au Maroc jusqu'en 1908, où il est affecté au 1er régiment de chasseurs à cheval en France[1]. Il se porte alors volontaire pour servir dans l'aviation militaire, et, obtenant son brevet de pilote le , est l'un des rares pilotes militaires d'avant-guerre. Il sert dans l'Escadrille MS23 (en) en .

Envoyé au front dès le début des hostilités avec l'escadrille SPA 23, créée à Saint-Cyr-l'École (où il croise Roland Garros), il fut fait prisonnier le , après que son appareil eut effectué un atterrissage forcé derrière les lignes allemandes.

Il entreprend plusieurs tentatives d'évasion ; après plusieurs échecs et une année de captivité, il réussit à s'évader en compagnie d'un camarade en creusant un tunnel sous le mur de leur prison.

Après avoir rejoint les lignes alliées, il est promu lieutenant et reprend l'entraînement pour prendre en mains les nouveaux avions de chasse mis en service pendant sa captivité.

Il est alors versé dans l'Escadrille N 26 où il pilote le tout premier chasseur SPAD S.VII envoyé au front, puis la N78 dont il prend le commandement, et finit la guerre à son ancienne escadrille, la SPA 23. , remportant un total de 27 victoires aériennes confirmées entre le et le , dont 9 sur des ballons d'observation ennemis. Il a été l'un des premiers pilotes à combattre avec le SPAD S.VII, son appareil étant peint en noir.

En 1916, il est décoré de la Légion d'honneur, puis est élevé au titre d'officier en 1917. Il est 8e dans la « liste des as » pour le nombre d'avions abattus confirmés[2],[3].

Resté dans l'armée en tant que militaire d'active, il va progressivement monter en grade et accéder à diverses postes à responsabilité dans l'aviation de chasse durant l'entre-deux-guerres. En 1929, il est impliqué dans une affaire de corruption en ayant accepté une rétribution d'une société aéronautique en échange de son appui pour une commande - l'affaire sera étouffée par le ministre de l'Air Laurent Eynac[1].

En 1932, il crée et commande la 7e escadre de chasse, sur le terrain de Dijon.

En , il commande la 11e Brigade de Chasse, affectée à la base aérienne 122 Chartres-Champhol.

En 1940, avec le grade de général il commande le groupe de chasse 21, à Gouvieux-Chantilly.

Seconde Guerre mondiale et collaboration[modifier | modifier le code]

Amand Pinsard sert toujours dans l'Armée de l'Air française pendant la Seconde Guerre mondiale, en tant que commandant du Groupe de Chasse 21. Il a à sa disposition un Morane Saulnier 406 qu'il a fait peindre en noir, marqué de la cigogne de l'ex-SPA 26, qu'il baptise « Le Pirate ». Il sera très grièvement blessé, au sol, le lors du bombardement de l'aérodrome des Aigles, à Gouvieux-Chantilly (Oise). Hospitalisé à Paris et soigné par le docteur Thierry de Martel, il évacue la capitale dans une ambulance juste avant l'arrivée des troupes allemandes[4].

Réfugié en zone libre où il passe sa convalescence au Canet, il y rumine contre les causes de la défaite en écrivant une lettre au maréchal Pétain dans laquelle il plaide pour une dictature militaire implacable pour redresser le pays : « Le français ne demande qu'à être dirigé, il suffit donc de lui donner les chefs qui en sont aptes »[1]. Guéri de ses blessures, Pinsard s'installe à Vichy et y milite pour l'acquittement d'Émile Dewoitine, incarcéré par le régime de Vichy. Il est en fait rétribué par le gouvernement japonais qui souhaite embaucher l'industriel français. Le général Jean Bergeret fait alors expulser le général Pinsard de Vichy. Ce dernier se fixe alors à Paris au début de l'année 1942, où il se rapproche des cercles collaborationnistes et soutient le gouvernement de Pierre Laval lors de réunions politiques. Au mois d', il accepte la responsabilité d'inspecteur général des œuvres sociales de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF)[5].

Il est arrêté par la police à la Libération le et interné à la prison de Fresnes. Jugé pour faits de collaboration, il est condamné le aux travaux forcés à perpétuité et à la confiscation de des biens par la Cour de justice de la Seine[5]. Il bénéficie des mesures de clémence : sa peine est commuée en 1946 à dix ans de prison. Il est libéré en 1947 et rétabli dans ses droits à pension de général en 1948. Son fils Jacques, qu'il a fait inscrire à la Milice en 1944, est condamné à l'indignité nationale et part pour l'Argentine, où il meurt d'un accident de la route en 1947.

Amand Pinsard meurt le , âgé de 65 ans à Ceyzériat (Ain), lors d'un dîner d'anciens pilotes, les « Vieilles Tiges ». Le corps du général Pinsard a été inhumé une première fois à Bourg-en-Bresse puis transféré ultérieurement au cimetière d'Arcachon (carré 15)[3].

Compétitions aéronautiques[modifier | modifier le code]

En , Armand Pinsard participe à la Coupe Lamblin, qui est une course à handicap sur le circuit Paris – Bruxelles – Londres – Paris et en prend la tête le avec son biplan Nieuport de 300 chevaux[6].

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Dossier individuel Amand Pinsard au service historique de la Défense, cote 1P 23808/2.
  2. Le cinéaste Jean Renoir, aviateur d'observation pendant la Grande Guerre, a été sauvé in extremis par l'adjudant Amand Pinsard. Celui-ci lui a servi de modèle pour le personnage du lieutenant Maréchal (Jean Gabin) dans son film La Grande Illusion ; voir la préface de François Truffaut à Cinéromanphoto, Balland, 1974.
  3. a et b « 150 ans d’histoire au cimetière d’Arcachon », sur Société historique et archéologique d’Arcachon et du Pays de Buch, (consulté le ).
  4. Témoignage oral du commandant Jacques Leps (adjoint de Pinsard au GC 21), enregistré au service historique de la Défense.
  5. a et b Compte-rendu du procès Pinsard, archives nationales, cote 334 AP 8 (fonds Bluet).
  6. Le 31 mai 1922 dans le ciel : Pinsard en tête de la Coupe Lamblin
  7. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Daniel Porret, Les « As » français de la Grande Guerre, Service historique de l'armée de l'air, Centre de documentation de l'armement, tome 1, 1983, pages 85-86.
  • Pierre Weiss, Pinsard chez les Boches, Berger-Levrault, Paris, 1925.
  • David Méchin, « Amand Pinsard, la chute du faucon noir », dans Aérojournal no 49 (octobre-)
  • Général Amand Pinsard, Du ciel à l'enfer, éditions Irminsul, , 292 pages.
  • « SPA 23 et Amand Pinsard »
  • « Les As »

Liens externes[modifier | modifier le code]