« Échelle de Kardachev » : différence entre les versions

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[[Fichier:A Laser Beam Towards the Milky Way's Centre.jpg|thumb|upright=1.5|À l'origine l'échelle de Kardashev est un outil théorique destiné à proposer un cadre au sein de la [[SETI|recherche de civilisations extraterrestres]].]]
L''''échelle de Kardashev''' est une méthode générale de classement des [[civilisation|civilisations]] en fonction de leur [[technologie|niveau technologique]], proposée en [[1964]] par l'[[astronome]] [[Russie|russe]] [[Nikolaï Kardashev]]. Elle se compose de trois catégories basées sur la quantité d'[[énergie]] dont dispose une civilisation donnée, selon une [[croissance exponentielle|progression exponentielle]]. Kardashev a présenté son échelle en 1964 lors de la conférence de [[Byurakan]] qui faisait le point sur le programme d'écoute de l'espace par la [[radioastronomie]] soviétique.


L'existence de telles civilisations reste encore très hypothétique en 2013, mais cette échelle a été prise comme base de travail par les chercheurs du projet [[Search for Extra-Terrestrial Intelligence|SETI]], les écrivains de [[science-fiction]] et les [[futurologie|futurologues]].
L{{'}}'''échelle de Kardashev''' (''{{lang|en|Kardashev scale}}'' en anglais) est une méthode théorique de classement des [[civilisation|civilisations]] en fonction de leur [[technologie|niveau technologique]] et de leur [[énergie|consommation énergétique]] proposée dès 1964 par l'[[astronome]] soviétique [[Nikolaï Kardashev]]. L'existence de telles civilisations reste encore très hypothétique, mais cette échelle a été prise comme base de travail par les chercheurs du projet [[Search for Extra-Terrestrial Intelligence|SETI]], les écrivains de [[science-fiction]] et les [[futurologie|futurologues]].

Kardashev a présenté son échelle en 1964 lors de la conférence de [[Byurakan]] qui faisait le point sur le programme d'écoute de l'espace par la [[radioastronomie]] soviétique. Son premier article sur le sujet, « ''{{lang|en|Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations}}'' », présente une classification en trois types, basée sur le postulat d'une [[croissance exponentielle|progression exponentielle]]. Le type I désigne une [[civilisation]] capable d'accéder et de consommer l'intégralité de l'énergie présente sur sa planète. Le type II concerne des civilisations qui peuvent s'alimenter directement depuis une [[étoile]]. Enfin, la civilisation de type III capte l'entièreté de l'énergie de sa [[galaxie]]. Dans une seconde publication, « ''{{lang|en|Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence}}'' » (1980), Kardashev s'interroge sur la civilisation, qu'il définit par sa capacité à accéder à l'énergie, pour se maintenir et intégrer l'information provenant de son environnement. Deux autres articles suivent : « ''{{lang|en|On the inevitability and the possible structure of supercivilizations}}'' » (1985) et « ''{{lang|en|Cosmology and Civilizations}}'' » (1997), dans lequels l'astronome soviétique propose des pistes pour détecter des supercivilisations et pour orienter les programmes [[SETI]].

L'échelle définie par Kardashev a donné lieu à deux principales réévaluations : celle de [[Carl Sagan]], qui en affine les types, et celle de [[Michio Kaku]], qui s'écarte du postulat énergétique pour lui préférer celui de l'[[économie de la connaissance]]. D'autres débats quant à la nature des différents types ont permis à nombre d'auteurs de mettre en question la classification originelle de Kardashev, pour la compléter ou pour la réfuter. Deux perspectives critiques ont ainsi vu le jour : l'une qui interroge les postulats posés par Kardashev, jugés incomplets ou inconsistants, l'autre qui établit des échelles alternatives. La classification de Kardashev a donné lieu à de nombreux scénarios explorant la possibilité que des civilisations plus évoluées existent. Ces scénarios interrogent chacun à leur façon les trois postulats de Kardashev définissant la civilisation : les sources d'énergie, la technologie et la transmission de messages interstellaires.

Le cadre de recherche et de détection de civilisations évoluées a été théorisé lors de la conférence qui s'est tenue à l'[[observatoire astrophysique de Byurakan]] en [[Arménie]] en 1964. Partant d'une définition fonctionnelle de la civilisation, reconnaissant l'immuabilité des lois physiques, et utilisant la civilisation humaine comme modèle d'[[extrapolation]], plusieurs scientifiques ont mené diverses recherches, dont aucune n'a été concluante. Suivant ces critères, des objets suspects, que l'on sait aujourd'hui être soit des [[pulsar]]s soit des [[quasar]]s, ont été identifiés. Kardashev a décrit dans ses diverses publications un ensemble de critères d'écoute et d'observation, qui demeurent à compléter pour certains auteurs comme Kaplan et Lemarchand.

L'échelle de Kardashev a une importante postérité dans la [[science-fiction]] que cela soit en littérature ou au cinéma. Des auteurs en ont même poursuivi la logique, pour explorer les possibilités que des civilisations de types IV, V, VI ou même VII puissent exister.

== Genèse de la classification ==
[[Nikolaï Kardashev]] (Никола́й Семёнович Кардашёв), né en 1932, est un astronome soviétique diplômé de l'[[Université de Moscou]] depuis 1955. Il travaille d'abord au ''{{lang|en| Sternberg Astronomical Institute}}'' sous la direction de Iosef Samuilovich Shklovskii. il obtient son [[Ph.D.|doctorat]] en 1962 puis travaille au ''{{lang|en|Space Research Institute}}'' de [[Moscou]]. Il conduit dès 1963 la première recherche de signaux extraterrestres dans ce pays, devenant l'un des pionniers du programme mondial [[SETI]]<ref>{{lien web|langue=en|titre=Kardashev, Nikolai Semenovich (1932-)|site=The Encyclopedia of Astrobiology, Astronomy, and Spaceflight|auteur=David Darling|url=http://www.daviddarling.info/encyclopedia/K/Kardashevciv.html|année=2012|consulté le=01 septembre 2013}} </ref>.

=== ''{{lang|en|Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations}}'' (1964) ===
[[Fichier:Messier 87 Hubble WikiSky.jpg|thumb|La galaxie [[NGC 4486]] possède un [[noyau galactique actif]] constituant une forte [[Source X ultralumineuse|source de rayonnement]] dans toutes les [[longueur d'onde|longueurs d'onde]]. Ce type de rayonnement a été pris par Kardashev comme l'un des signaux possibles d'une civilisation évoluée.]]

Le premier article de Kardashev présentant une classification des civilisations selon leur [[consommation énergétique]] est ''{{lang|en|Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations}}'', publié en 1963 dans le ''{{lang|en|Soviet Astronomical Journal}}'' (volume 8, numéro 2), puis republié dans l'''{{lang|ru|Astronomicheskii Zurnal}}'', volume 41, numéro 2 en mars-avril 1964<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1964|texte=Nikolaï Kardashev, 1964}}</ref>.

Le scientifique y présente un calcul de l'évolution énergétique de l'humanité. Il considère que la production énergétique égalera celle du Soleil ({{unité|4 x 10<sup>33</sup>}}) dans {{formatnum:3200}} ans environ puis sera équivalente à celle libérée par {{unité|10<sup>11</sup>}} étoiles similaires à la nôtre dans {{formatnum:5800 ans}}. Partant de ce constat, et considérant qu'aucune raison ne permet d'affirmer que l'évolution énergétique de l'humanité puisse décroître, Kardashev en vient à proposer une classification des civilisations technologiques reposant sur trois types<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1964|texte=Nikolaï Kardashev, 1964|p=218}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Civilized Life in the Universe : Scientists on Intelligent Extraterrestrials : Scientists on Intelligent Extraterrestrials|auteur=George Basalla|pages=148-149|éditeur=Oxford University Press|année=2005}}</ref>.

Une [[civilisation]] dite de « Type I » est capable de collecter l'intégralité de l'énergie disponible sur la planète, l'équivalent de {{unité|10<sup>16</sup> [[watt]]s}}. Le développement actuel (en 1964) de l'humanité sur la Terre est sur le point d'atteindre le type I selon Kardashev. Une civilisation dite de « Type II » surpasserait le premier type d'un facteur {{unité|10 milliards}}, atteignant une consommation de {{unité|10<sup>26</sup> watts}}, et ce en exploitant l'intégralité de l'[[rayonnement solaire|énergie]] émise par son [[étoile]]. Enfin Kardashev évoque la possibilité qu'une civilisation dite de « Type III » soit capable de collecter et de consommer l'intégralité de l'énergie émise par sa [[galaxie]], soit {{unité|10<sup>36</sup> watts}}<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1964|texte=Nikolaï Kardashev, 1964|p=219}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Darling2012|texte=David Darling, 2012}}</ref>.

Selon Kardashev il est possible, étant donné le développement de la [[radio]], de construire des antennes de {{unité|10<sup>5</sup>m²}} capables de détecter des civilisations de type II et III, et ce dans les deux prochaines décennies (soit dans les années 1980). Une civilisation de type I comme la nôtre serait capable de recevoir les extraordinaires émissions énergétiques des autres types, qui devraient par ailleurs émettre continuellement<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1964|texte=Nikolaï Kardashev, 1964|p=220}}</ref>{{,}}<ref name="Galantai85"/>.

Karadashev étudie ensuite les caractéristiques d'une transmission provenant d'une source artificielle (''{{lang|en|artificial source}}''). Il évoque deux objets découverts en 1963 au ''{{lang|en|California Technological Institute}}'' : CTA-21 et CTA-102, qui possèdent des caractéristiques proches de celles d'une source artificielle présumée. Selon le scientifique soviétique, la région de la galaxie la plus appropriée pour effectuer des observations de civilisations de types II et III est le [[Bulbe|centre de la Voie lactée]] en raison de la densité de la population d'étoiles qu'il abrite. Des programmes de recherche de telles sources artificielles devraient également se focaliser sur les autres galaxies proches, comme [[Andromède]], le [[nuage de Magellan]], [[NGC 4486]] ou encore [[NGC 5128]]. Enfin Kardashev conclut sa publication en notant que la découverte sur [[Mars (planète)|Mars]] d'organismes, mêmes les plus simples qui soient, augmenterait la probabilité que des civilisations de type II existent au sein de la galaxie<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1964|texte=Nikolaï Kardashev, 1964|p=221}}</ref>.

=== ''{{lang|en|Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence}}'' (1980) ===
==== Vers une définition énergétique de la civilisation ====
[[Fichier:Annual world primary energy consumption.svg|thumb|Graphique de la consommation mondiale d'[[énergie primaire]] en 2011 selon la ''{{lang|en|BP Statistical Review}}'']]

En 1980 Nikolaï Kardashev publie un article intitulé ''{{lang|en|Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence : A Fundamental Approach to the Basic Problem}}'' dans la revue américaine ''{{lang|en|Cosmic Search}}'' (volume 2, numéro 7). Il annonce dès le début de l'article : {{citation|La détection et l'étude de civilisations extraterrestres constituent un problème d'une immense signification pour le progrès de l'humanité, pour sa culture et sa philosophie. La découverte d'une vie intelligente dans l'Univers fournirait une ligne de conduite au développement possible de notre civilisation au cours des intervalles de temps astronomiques}}<ref group="Notes">{{citation étrangère|langue=en|Detection and studies of extraterrestrial civilizations constitute a problem of immense significance for the progress of humanity and for its culture and philosophy. The discovery of intelligent life in the Universe would provide a guideline to the possible development of our civilization over astronomical time spans.}}</ref>. Selon l'astronome soviétique, notre civilisation est trop jeune pour pouvoir contacter une autre, certainement plus avancée puisque le [[système solaire]] est vieux de cinq milliards d'années et alors que les plus anciens objets célestes datent eux de 10 à {{unité|20|milliards d'années}}, il est évident une des civilisations nous ayant précédé ont une durée de vie incomparablement plus longue que celle de l'humanité. Par conséquent leur connaissance doit être plus vaste que la nôtre, et ils doivent certainement savoir ce que nous faisons<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=2}}</ref>.

Il est probable que notre état présent n'est qu'un stade par lequel chaque civilisation passe durant son évolution initiale. Il est donc possible de définir la [[civilisation]] en se basant sur cette caractéristique universelle, et qui a permis à A.A. Liapunov de définir la vie comme un {{citation|état très stable de matière qui utilise l'information codée par les états de molécules individuelles pour produire des réactions de maintien}}, ce que Kardashev nomme la « définition fonctionnelle de la civilisation ». Il suggère par conséquent de penser la civilisation comme : {{citation|un état très stable de matière capable d'acquérir et de faire une analyse abstraite de ladite matière, et d'utiliser l'information pour obtenir qualitativement de nouvelles informations sur son environnement et sur ​​elle-même, dans le but d'améliorer ses capacités de collecte de nouvelles informations pour produire et maintenir ces réactions<ref group="Notes">{{citation étrangère|langue=en|Civilization is a highly stable state of matter capable of acquiring, making abstract analysis of, and utilizing information to obtain qualitatively new information about its environment and about itself, to improve its capabilities of gathering new information for producing sustaining reactions. Civilization is characterized by the content of the information acquired, by the program of functioning, and by the production required to implement these functions}}</ref>.}} La civilisation est donc caractérisée par la qualité de l'[[information]] acquise par son programme de fonctionnement, et par l'[[énergie]] nécessaire pour mettre en œuvre ces fonctions<ref group="Notes">{{citation étrangère|langue=en|Civilizationis a highly stable state of matter capable of acquiring, making abstract analysis of, and utilizing information to obtain qualitatively new information about its environment and about itself, to improve its capabilities of gathering new information for producing sustaining reactions. Civilization is characterized by the content of the information acquired, by the program of functioning, and by the production required to implement these functions.}}</ref>. Par {{citation|informations sur son environnement et sur ​​elle-même}}, Kardashev précise qu'il s'agit des données portant sur la nature organique ou inorganique, la [[science]], la [[technologie]], l'[[économie]], la [[culture]], les [[arts]], etc. À partir de cette définition, il propose un schéma représentant les interactions entre une civilisation et son environnement et énumère un ensemble de problèmes scientifiques qui se posent du fait même de ces interactions avec l'information disponible dans l'Univers<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=4-5}}</ref>.

Partant de cette définition, Kardashev formule trois conclusions. La première est qu'étant donné le vaste et certainement illimité ensemble d'activités requise par les civilisations pour résoudre les problèmes scientifiques, la période durant laquelle les civilisations émettent et communiquent est longue, voire illimitée. D'autre part, notre développement actuel ne couvre qu'une fraction négligeable de cette phase de communication, donc il est hautement improbable que nous puissions rencontrer des {{citation|frères d'intelligence}} qui sont eux-aussi à notre stade d'évolution. Enfin, les civilisations hautement avancées connaissent et utilisent les lois physiques à un degré qui nous demeure encore insoupçonné. Kardashev explique que {{citation|ce dernier point devrait être pris en compte dans les programmes de recherche de civilisations extraterrestres}} puis conclut qu'il est très probable que notre état présent n'est que l'un des stades au travers desquels chaque civilisation passe durant son évolution<ref group="Notes">{{citation étrangère|langue=en|It is quite probable that our present state is one through which any civilization should pass during its initial evolution.}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=6}}</ref>.

==== Deux stratégies de recherche de signaux intelligents ====
[[Fichier:Domaines du spectre électromagnétique.svg|thumb|upright=2|Domaines du [[spectre électromagnétique]]]]

Kardashev se propose par la suite d'analyser plusieurs modèles et hypothèses d'évolution de civilisation. Dans l'article ''{{lang|en|Possibility of the Intelligent Life in the Universe Being Unique}}'', l'astronome russe I.S. Shklovsky (1977) écrit qu'il est étrange que l'{{citation|onde de choc de l'intelligence}} d'une supercivilisation n'ait pas encore atteint les limites de tout l'[[Univers]]. Pour Kardashev, l'argument contre une telle possibilité est qu'il n'est pas vraiment utile à une supercivilisation d'élargir l'espace qu'elle occupe afin de maintenir son activité. Seconde hypothèse : au lieu de se disperser dans l'espace, il est possible qu'une civilisation poursuive ses activités d'analyse de l'information pour découvrir de nouvelles lois fondamentales (comme l'exploration du [[microcosme]] ou des [[trous noirs]] par exemple)<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=7}}</ref>.

Or, de telles activités de civilisation nécessitent le recours à une énergie abondante. Selon les [[lois de la thermodynamique]], une importante fraction de cette énergie consommée doit être convertie en radiation avec une [[magnitude bolométrique]] approximativement égale à celle du fond de [[radiation]] environnant la source. La distribution spectrale de cette intensité doit donc être assez proche de celle d'un [[corps noir]]. Ceci offre une possibilité de rechercher des civilisations extraterrestres, sans compter qu'une telle consommation énergétique requiert une importante quantité de matière solide destinée à concevoir des activités d'[[ingénierie stellaire]] (et que Kardashev nomme des « miracles cosmiques »). En résumé, l'information quant à l'existence d'une civilisation extraterrestre prend la forme de radiations électromagnétiques<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=9}}</ref>.

Kardashev entrevoit deux concepts quant au destin des civilisations, desquels découlent deux stratégies de recherche de civilisations extraterrestres. Le premier, qu'il intitule ''{{lang|en|terrestrial chauvinism}}'' (« [[chauvinisme]] planétaire ») pose que chaque civilisation se stabilise ou périt à un niveau de développement proche du nôtre actuellement atteint. Le second, l{{'}}''{{lang|en|evolutionary concept}}'', considère que chaque civilisation peut atteindre un stade d'évolution supérieur à celui de l'humanité contemporaine. Dans le premier cas, la [[SETI|stratégie de recherche par des moyens de détection astronomiques]] suggère d'observer les plus puissantes (et souvent le plus distantes) sources de radiation dans l'espace. L'observateur sera alors en mesure de déterminer s'il s'agit de sources d'émission naturelles, et la recherche pourra ensuite se concentrer sur des objets de plus faible rayonnement. Le second cas préconise de rechercher des sources de rayonnements nouveaux et puissants, principalement dans les régions mal connues du [[spectre électromagnétique]]. Ces sources pourraient être des signaux [[monochromatique]]s significatifs ou pulsés provenant du [[centre galactique]], d'autres galaxies ou de [[quasar]]s et autres objets cosmiques exotiques. La recherche devrait selon Kardashev se concentrer sur une [[observation millimétrique|longueur d'onde millimétrique]], proche de l'intensité maximum du [[fond diffus cosmologique]] plutôt que dans la bande des {{unité|21|centimètres}} (et qui constitue le domaine d'investigation du programme [[SETI]]). Selon Kardashev, seul un [[radiotéléscope]] à la base plus large que le diamètre de la Terre, positionné dans l'espace orbital, permettrait de capter les rayonnements significatifs d'une civilisation évoluée émis par une [[mégastructure]], telle une [[sphère de Dyson]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=10-12}}</ref>.

Kardashev conclut : la recherche de civilisations extraterrestres pourrait conduire à des résultats positifs dans les dix prochaines années, et par là donner accès à l'humanité à un vaste ensemble d'informations sur l'[[Univers]] et son évolution sur un laps de temps de plusieurs milliards d'années<ref group="Notes">{{citation étrangère|langue=en|the search for extraterrestrial civilizations could yield positive results within the first ten years, thereby giving mankind access to the vast store of information acquired in the Universe over a time span of billions of years.}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1980|texte=Nikolaï Kardashev, 1980|p=13}}</ref>.

=== ''{{lang|en|On the inevitability and the possible structure of supercivilizations}}'' (1985) ===
==== Découvrir des supercivilisations ====
[[Fichier:ATA350-render.jpg|thumb|Le radiotélescope interféromètre du ''{{lang|en|Allen Telescope Array}}'']]

Dans l'article ''{{lang|en|On the inevitability and the possible structure of supercivilizations}}'' publié en 1985, Kardashev évoque les scénarios possibles et les moyens d'investigations à portée de l'humanité pour détecter des [[Hypothèse extraterrestre|supercivilisations extraterrestres]]. L'astronomome soviétique rappelle que nous recherchons ces supercivilisations sur la base de nos propres critères de développement et les prédictions ne sont possibles que pour des mondes extraterrestres proches de notre niveau technologique, les autres étant hors de notre représentation intellectuelle. En dépit de cet état de fait, il semble utile de concevoir des modèles de supercivilisations reposant à la fois sur l'imagination et sur nos connaissances scientifiques actuelles. Les [[physique|lois physiques]] sont immuables, et même si l'humanité peut en découvrir de nouvelles à l'avenir ces dernières n'aboliront pas celles déjà mises au jour<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1985|texte=Nikolaï Kardashev, 1985|p=497}}</ref>.

Kardashev énonce deux principes à prendre en compte pour modéliser les supercivilisations possibles. Premièrement, elles obéissent aux lois de la physique et le spectre de leurs activités est restreinte par les facteurs naturelles et scientifiques. Secondement, les supercivilisations ne peuvent voir le développement de leurs activités être interrompu par des contingences intrinsèques, comme des conflits sociaux d'ampleur. Pour Kardashev, et contrairement à d'autres scientifiques, les supercivilisations ne peuvent s'autodétruire ou rétrograder. Suivant ces principes, il doit exister dans l'espace des [[mégastructure]]s d'ampleur, émettant quantité d'[[énergie]] et d'[[information]], et existant depuis des milliards d'années, tout en étant assez compactes pour échanger rapidement d'importants volumes de données entre elles. Une supercivilisation engendrerait donc par voie de conséquence une structure technologique de dimensions cosmiques. Kardashev cite à titre d'exemple la mégastructure théorisée par [[Freeman Dyson]], sous la forme d'une [[sphère de Dyson|sphère]] de plusieurs [[Unité astronomique|unités astronomiques]] de diamètre. D'autres phénomènes peuvent laisser penser à des activités hautement technologiques, comme l'explosion artificielles d'étoiles ou le changement d'orbite stellaire pour emmagasiner de la masse et de l'énergie. Les [[amas stellaire|nuages moléculaires géants]] constituent également un grand potentiel d'astro-ingéniérie. Kardashev évoque même la possibilité qu'une supercivilisation restructure la galaxie dans son intégralité<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1985|texte=Nikolaï Kardashev, 1985|p=498-500}}</ref><ref name="Carrigan13"/>.

Puis il évoque la possibilité théorique et mathématique d'une mégastructure de la forme d'un disque en rotation sur lui-même à une vitesse angulaire constante. Selon lui la recherche de signaux intelligents devrait se tourner vers la détection de telles mégastructures au rayonnement caractéristique ({{unité|20|µm}}). Les [[quasar]]s ou les centres galactiques peuvent être d'excellents candidats témoignant de l'existence d'une supercivilisation puisqu'ils émettent de puissants rayonnements [[infrarouge]]s, indices d'une structure solide. L'astronome conseille de rechercher ces objets dans une bande de [[longueur d'onde]] allant de quelques [[Spectre_électromagnétique#Usages_et_classification|micron]]s à quelques [[Spectre_électromagnétique#Usages_et_classification|millimètre]]s. De larges structures intelligentes peuvent également être détectées par le fait qu'elles font écran ou qu'elle reflètent les rayonnements environnants<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1985|texte=Nikolaï Kardashev, 1985|p=501}}</ref>.

==== Les scénarios possibles de l'évolution des supercivilisations ====

Il est probable qu'une supercivilisation ait déjà détecté et observé l'humanité au moyen de téléscopes de dimensions cosmiques (un réflecteur de {{unité|0.1|[[année-lumière]]}} de diamètre pourrait nous observer depuis de {{unité|10|[[parsec|Kpc]]}} (c’est-à-dire depuis le Bulbe de notre galaxie)<ref>Kardashev a d'ailleurs publié un article sur ce sujet : {{en}} ''{{lang|en|Radioastron - a Radio Telescope Much Greater than the Earth}}'', in ''{{lang|en|Experimental Astronomy}}'', 1997, volume 7, {{numéro|4}}, {{p.}}329-343</ref>. Pour cette supercivilisation la science de l'« ethnographie cosmique » doit être hautement développée. Or aucun contact n'a encore été fait, ce qui peut s'expliquer par des [[paradoxe de Fermi|considérations éthiques]]. À partir de là, Kardashev n'entrevoit que deux scénarios d'évolution possibles pour une supercivilisation : l'évolution naturelle et l'évolution suite aux contacts avec d'autres civilisations extraterrestres. Il considère que le scénario qui repose sur le contact de deux civilisations hautement développées technologiquement et culturellement est le plus probable ; ce scénario, qu'il intitule « hypothèse de l'urbanisation » (''{{lang|en|Urbanization Hypothesis}}''), aboutirait à regrouper et unifier plusieurs civilisations au sein de quelques régions compactes de l'[[Univers]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1985|texte=Nikolaï Kardashev, 1985|p=502}}</ref>.

Il existe donc selon Kardashev six scénarios possibles (reproduits sous la forme d'un tableau en fin de l'article) expliquant l'évolution d'une civilisation mais ce ne sont que des outils d'investigation. Pour chaque scénario il existe une [[probabilité]], un ou plusieurs objets à observer et une procédure adaptée et enfin les conséquences sur notre civilisation en cas de <ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1985|texte=Nikolaï Kardashev, 1985|p=503-504}}</ref> :

# le scénario d'une unification importante de civilisations sur une échelle allant de une à dix milliards d'années-lumière avec concentration dans une région particulière affiche une probabilité de 60%. Kardashev conseille de les rechercher au sein des plus puissants [[quasar]]s et noyaux galactiques, à un niveau de radiation supérieur à {{unité|10<sup>45</sup>erg/s}}, dans la longueur d'onde allant de {{unité|10|µm}} à {{unité|1|cm}}, ainsi que dans les autres régions du spectre. Il s'agit de détecter des mégastructures ou des signaux de {{unité|1.5|mm}} de lognueur d'onde<ref>Sur ce sujet Kardashev a déjà réalisé une étude : {{en}} ''{{lang|en|Optimal wavelength region for communication with extraterrestrial intelligence: λ = 1.5 mm}}'', in ''{{lang|en|[[Nature (revue)|Nature]]}}'', 278, 28-30, mars 1979, {{doi|10.1038/278028a0}}</ref> et d'émission omnidirectionnelle jusqu'à {{unité|21|cm}}. En cas de contact, l'humanité verrait des progrès dans tous les domaines de la société afin de rejoindre cette supercivilisation ; il est aussi à prévoir la création d'un conservatoire [[ethnographique]] sur Terre.
# le scénario d'une unification à l'échelle de l'[[amas galactique]] n'affiche que 20% de probabilité de réalisation. Kardashev conseille d'observer l'[[amas de la Vierge]] (en particulier [[M87]]) ou les autres clusters selon une procédure similaire à celle du premier scénario. Les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
# le scénario d'une unification à l'échelle des galaxies n'affiche que 10% de probabilité. Pour le confirmer, il faut investiguer les centres galactiques de la Voie lactée et des galaxies voisines (comme [[M31]], [[M33]]) selon une procédure similaire à celle du premier scénario. Les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
# le scénario d'une complète [[colonisation de l'espace]] n'a aucune probabilité de se réaliser selon Kardashev car s'il était réalisable alors « ils » seraient déjà sur Terre or ce n'est pas le cas. Toutefois, dans le cas d'un contact, les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
# ce scénario pose que toutes les civilisations se seraient autodétruites avant tout contact. Kardashev évalue sa probabilité à 10%. Dans cette hypothèse, l'humanité devrait pouvoir détecter des mégastructures anciennes dans les environs des plus [[étoiles proches|proches étoiles]]. Aucun contact ne peut avoir lieu avec l'humanité en conséquence.
# le dernier scénario imagine que nous sommes le premiers ou les seuls dans l'Univers. Kardashev évalue sa probabilité à 10%. Seule l'[[exobiologie]] peut confirmer ou pas ce scénario qui semble peu probable étant donné que la [[vie]] est apparue il y a plusieurs milliards d'années. On peut imaginer un contact dans le futur lointain et alors les conséquences seraient similaires à celles des cinq autres scénarios.

=== ''{{lang|en|Cosmology and Civilizations}}'' (1997) ===
[[Fichier:Universe Expansion Timeline (fr).png|thumb|upright=1.6|Selon le [[modèle standard de la cosmologie|modèle standard]] décrivant l'[[expansion de l’univers]] depuis le [[Big Bang]] il peut exister des planètes plus anciennes que la Terre, capables d'abriter des supercivilisations.]]

Dans l'article ''{{lang|en|Cosmology and Civilizations}}'' publié en 1997, Kardashev réaffirme la nécessité d'observer avec attention les objets astronomiques à fort rayonnement pour découvrir des supercivilisations. Cependant, découvrir une civilisation à un stade de développement similaire au nôtre est peu probable. L'existence de telles supercivilisations est rendue possible par le fait que la [[Histoire évolutive du vivant|vie sur Terre]] est récente au regard de l'[[âge de l'Univers]] ({{unité|8 X 10<sup>9</sup>}} années avant la [[formation du système solaire]]). Il passe ensuite en revue les conditions d'apparition du vivant sur des échelles de temps cosmologiques. En adoptant le rythme d'évolution de la vie sur Terre et en considérant l'âge de l'Univers, on peut raisonnablement considérer qu'une civilisation ait pu parvenir à notre niveau de développement technologique en {{unité|6 X 10<sup>9</sup>}} années. De telles civilisations peuvent être observées parmi les régions proches, puisque plus on observe loin, et plus les objets sont jeunes. Les découvertes récentes concernant les [[rayons gamma|sources d'intenses radiations]] mortelles pour la vie montrent que cette dernière a pu prospérer à l'abri pendant le temps nécessaire à son apparition et son maintien. Un autre argument en faveur de la possibilité d'une très ancienne supercivilisation est que la plupart des objets pouvant être des mégastructures n'ont pas encore été découverts et recensés. De plus, 95% de la [[matière noire|matière demeure invisible]] ou alors par [[gravitation|influence gravitationnelle]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1997|texte=Nikolaï Kardashev, 1997|p=27-29}}</ref>.

Selon Kardashev, il est fondamental de diriger nos moyens de recherche vers de nouveaux objets rayonnant sur une longueur d'onde allant de quelques microns à quelques millimètres, et à une température de trois à {{unité|300|[[Kelvin|K]]}}, ce qui est caractéristique de larges structures de matière solide<ref>{{harvsp|d=Lemarchand1995|texte=Guillermo A. Lemarchand, 1995|p=5}}</ref>. Il serait alors possible de détecter des structures appartenant au type II dans notre galaxie ou dans celles voisines. Des structures de type III peuvent aussi être observées à de larges distances cosmologiques. Kardashev rappelle qu'une étude a été menée sur {{formatnum:3000}} sources du catalogue [[IRAS]] provenant des quatre directions de la galaxie. Deux bandes de température ont été ciblées : de 110 à {{unité|120|K}} et de 280 à {{unité|290|K}}. L'analyse a montré que les sources de 110 à {{unité|120|K}} sont regroupées dans le plan galactique et dans son centre. Kardashev explique que seuls des moyens d'observation plus puissants, opérant dans l'[[infrarouge]] et le [[observation millimétrique|submillimétrique]], peuvent permettre de mettre en évidence d'éventuelles sources de radiation artificielles. Il fait alors référence à des projets qu'il a lui-même proposés, notamment celui de mettre en orbite un télescope spatial [[cryogénique]] (le projet ''{{lang|en|Millimetron}}'')<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1997|texte=Nikolaï Kardashev, 1997|p=30}}</ref>{{,}}<ref>Pour plus de détails voir : {{en}} {{chapitre|titre=Sensitivity evaluation of submillimeter interferometer Earth - space telescope Submillimetron|auteur=V. Gromov et N. Kardashev|titre ouvrage=From optical to millimetric interferometry: scientific and technological challenges. Proceedings of the 36th Liège International Astrophysics Colloquium, Liège, Belgium, July 2-5, 2001|éditeur=Université de Liège, Institut d'Astrophysique et de Géophysique|année=2001|pages=99-102}}</ref>.

Selon Kardashev, ces résultats, croisés avec ceux issus d'autres recherches portant sur l'âge de certains objets cosmiques, laissent à penser que des civilisations datant de 6 à {{unité|8|milliards}} d'années peuvent exister dans notre galaxie. Il est probable qu'elles aient détecté depuis longtemps notre propre civilisation, hypothèse qui peut permettre de répondre à la question que se posait [[Enrico Fermi]] lorsqu'il a formulé son [[paradoxe de Fermi|paradoxe]] à savoir : {{citation|Où sont-ils ?}} Toutefois, en l'absence de découverte de sources artificielles, la théorie de J.-S. Shklovsky, selon laquelle les civilisations s'autodétruisent suite à des conflits sociaux d'ampleur, serait avérée. Kardashev mentionne une autre hypothèse intéressante selon lui, capable d'expliquer la dynamique des supercivilisations : l'« effet feedback » (« ''{{lang|en|feedback effect}}'' », théorisé par von Hoerner en 1975<ref name="Hoerner1975">{{harvsp|id=Hoerner1975|texte=Sebastien von Hoerner, 1975}}</ref>) qui part du principe qu'à haut niveau technologique les civilisations ont tendance à se réunir plutôt qu'à s'isoler. La distance entre supercivilisations pourrait alors être déterminée par la moitié du temps de l'évolution technologique de la plus ancienne civilisation, d'environ 3 à {{unité|4|milliards}} d'[[années-lumière]]. En revanche, cette supercivilisation pourrait ne plus être présente au sein de notre galaxie depuis longtemps. Kardashev termine en expliquant que comme l'[[expansion de l'Univers]] est selon lui infinie, le nombre et la durée de vie de telles supercivilisations sont également infinis<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1997|texte=Nikolaï Kardashev, 1997|p=35}}</ref>.


== Catégories définies par Kardashev ==
== Catégories définies par Kardashev ==
La classification hypothétique dite de l'échelle de Kardashev distingue trois stades d'évolution des [[civilisation]]s selon le double critère de l'accès et de l'utilisation de l'[[énergie]]<ref name="Darling">{{harvsp|Darling2012|David Darling, 2012}}</ref>{{,}}<ref name="Calissendorff5">{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=5}}</ref>. La classification en types de Kardashev a pour but d'orienter les recherches de civilisations extraterrestres<ref>{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=88}}</ref>, en partant du principe qu'une fraction de l'énergie utilisée par chaque type est destinée à communiquer avec d'autres civilisations. Une civilisation de type II peut envoyer l'information équivalente à une bibliothèque de taille moyenne à travers la galaxie au moyen d'un faisceau de transmission ne durant que cent secondes. Un volume semblable d'informations peut être envoyé à travers des distances intergalactiques d'environ dix millions d'années-lumière avec une transmission de quelques semaines. Une civilisation de type III peut émettre ce même volume de données à tout l'[[Univers visible]] au moyen d'une transmission de trois secondes<ref name="Darling"/>{{,}}<ref name="Lemarchand154">{{harvsp|id=Lemarchand2000|texte=Guillermo A. Lemarchand, 2000|p=154}}</ref>. La classification de Kardashev se fonde sur le postulat d'un [[taux d'accroissement]] modeste de 1% par année. Kardashev pense qu'il faut {{formatnum:3200}} ans à l'humanité pour atteindre le type II, et {{formatnum:5800}} ans pour intégrer le type III<ref name="Kaku2007"/>. Ces types sont donc séparés entre eux par un facteur d'accroissement de plusieurs milliards<ref name="Kaku2007"/>.


=== Type I ===
=== Type I ===


Une civilisation de ''Type I'' est capable d'utiliser toute l'énergie disponible sur sa [[planète]] d'origine, approximativement {{Unité|1.74|e=16|[[Watt|W]]}}. Sur [[Terre]], la [[Puissance (physique)|puissance]] disponible s'élève à {{Unité|1.74|e=17|W}}. La valeur de {{Unité|4|e=12|W}}, proposée initialement par Kardashev, correspondait au niveau énergétique atteint sur Terre en 1964.
Une civilisation dite de « Type I » est capable d'utiliser toute l'énergie disponible sur sa [[planète]] d'origine, approximativement {{Unité|1.74|e=16|[[Watt|W]]}}. Sur [[Terre]], la [[Puissance (physique)|puissance]] disponible théorique s'élève à {{Unité|1.74|e=17|W}}. La valeur de {{Unité|4|e=12|W}}, proposée initialement par Kardashev dans ses premières publications, correspond au niveau énergétique atteint sur Terre en 1964<ref name="Darling"/>.


=== Type II ===
=== Type II ===


Une civilisation de ''Type II'' doit s'avérer capable de collecter toute l'énergie de son [[étoile]] centrale, soit à peu près {{Unité|1|e=26|W}}. Il s'agit là encore d'une estimation, le [[Soleil]] rayonnant environ {{Unité|3.86|e=26|W}}, tandis que Kardashev parlait de {{Unité|4|e=26|W}}.
Une civilisation dite de « Type II » doit s'avérer capable de collecter toute l'énergie de son [[étoile]], soit à peu près {{Unité|1|e=26|W}}. Il s'agit là encore d'une estimation, le [[Soleil]] rayonnant environ {{Unité|3.86|e=26|W}}, tandis que Kardashev parlait de {{Unité|4|e=26|W}} dans ses premières publications. La civilisation de type II surpasse celle de type I par un facteur d'environ dix milliards. Freeman Dyson considère qu'une civilisation peut atteindre ce stade en concevant une [[sphère de Dyson|biosphère artificielle]] en orbite autour de son étoile, destinée à en collecter l'énergie rayonnée<ref name="Darling"/>.


=== Type III ===
=== Type III ===


Une civilisation de ''Type III'' a à sa disposition toute l'énergie émise par la [[galaxie]] dans laquelle elle est située, soit près de {{Unité|1|e=36|W}}. Ce niveau d'énergie varie largement en fonction de la taille de chaque galaxie, Kardashev le fixait à {{Unité|4|e=37|W}}.
Une civilisation dite de « Type III » a à sa disposition toute l'énergie émise par la [[galaxie]] dans laquelle elle est située, soit près de {{Unité|1|e=36|W}}. Ce niveau d'énergie varie largement en fonction de la taille de chaque galaxie, et Kardashev le fixait à {{Unité|4|e=37|W}} en accord avec les données alors disponibles. Ce type surpasse le précédent par un facteur de dix milliards<ref name="Darling"/>. Il s'agirait des civilisations les plus anciennes. La théorie de la [[nucléosynthèse stellaire|formation des éléments lourds]] démontre que des systèmes planétaires peuvent être aussi vieux que les plus anciens objets cosmiques observables<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=18}}</ref>.


== Réévaluations de la classification de Kardashev ==
== Utilisation et exemples ==
=== Classification plus fine de Sagan ===
[[Fichier:Carl Sagan Planetary Society.JPG|thumb|Selon l'astronome Carl Sagan, l'humanité traverse sa phase d'« adolescence technique », typique d'une civilisation sur le point d'intégrer le type I de l'échelle de Kardashev.]]


[[Carl Sagan]] a fait découvrir les travaux de Kardashev sur la classification des civilisations au moyen de leur dépense d'énergie en 1973<ref name="Galantai2"/>. Il a remarqué que les écarts entre chaque stade énoncé par Kardashev étaient si importants qu'ils ne permettaient pas de modéliser au mieux l'évolution des civilisations<ref name="Galantai85"/>. En conséquence, Sagan a proposé une classification plus fine, toujours fondée sur les types de Kardashev mais intégrant des paliers intermédiaires (matérialisés par des chiffres). La civilisation de « Type 1.1 » serait capable de mobiliser {{unité|10<sup>17</sup> watts}} alors que celle de « Type 2.3 » se définit par une puissance de 10{{unité|29<sup>17</sup> watts}}. Sagan a estimé que selon cette échelle revisitée, l'humanité actuelle pourrait être placée dans la catégorie de « Type 0.7 » (puissance consommée équivalente à environ {{unité|10 [[téra]]watts}})<ref>{{harvsp|Sagan2000|Carl Sagan, 2000}}</ref>{{,}}<ref name="Lemarchand154"/> (plus précisément 0.72 selon Per Calissendorff<ref name="Calissendorff5"/>), ou 0.16% de l'énergie disponible sur Terre<ref>{{harvsp|id=Wilson2011|texte=Richard Wilson, 2011|p=55}}</ref>. Sagan fonde ses calculs sur l'[[Interpolation numérique|interpolation]] [[logarithme|logarithmique]] suivante<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=3}}</ref> :
La [[civilisation humaine]] est de ''Type 0'', quelque part sous le ''Type I'', puisqu'elle n'utilise qu'une fraction de l'énergie totale disponible sur Terre. Alors que l'échelle de Kardashev ne comportait pas de niveaux intermédiaires, [[Carl Sagan]] en a défini par [[interpolation numérique|interpolation]] et [[extrapolation]] des types initiaux, et il a calculé que celui de la civilisation humaine actuelle devait être 0,7 en évaluant la puissance consommée à environ 10 [[téra]]watts par la formule :
:<math>K = \frac{\log_{10}{W}-6} {10}</math>


<math>K = \frac{\log_{10}{W}-6} {10}</math>
où ''K'' représente le niveau de civilisation de Kardashev et ''W'' la puissance consommée en watts. On écrit la [[partie entière]] en [[chiffres romains]] et la [[partie fractionnaire]] en [[décimal]].


où « K » représente le niveau de civilisation de Kardashev et « W » la puissance consommée en watts. Ce stade d'évolution se caractérise selon lui par la capacité de s'autodétruire, ce qu'il nomme l'« adolescence technique » (''{{lang|en|technological adolescence}}'')<ref name="Lemarchand155"/>. Sagan a également suggéré que pour être complet il faut ajouter à la classification une échelle alphabétique, pour indiquer le niveau de [[social|développement sociétal]]. Par conséquent, une civilisation de classe A se fonderait sur {{unité|10<sup>6</sup> [[bit]]s}} d'informations, une autre de classe B, sur {{unité|10<sup>7</sup>}}, celle de classe C sur {{unité|10<sup>8</sup>}} et ainsi de suite. L'humanité actuelle appartiendrait donc au type « 0.7 H » selon Sagan. La première civilisation avec laquelle l'humanité entrerait en contact pourrait se situer entre les stades « 1.5 J » et « 1.8 K ». Une supercivilisation galactique serait de type « 3 Q », alors qu'une fédération de galaxies pourrait être classée comme type « 4 Z »<ref name="Lemarchand154"/>.
Pour parvenir au ''Type I'' sur Terre, une possibilité serait d'utiliser massivement l'[[énergie maréthermique]], les [[éolienne]]s, l'[[énergie marémotrice]] pour extraire l'[[énergie solaire]] reçue par les océans. Malheureusement, aucune méthode connue à ce jour ne permet de collecter l'intégralité de cette énergie disponible sans recouvrir complètement la surface terrestre de structures artificielles. Compte tenu du mode de vie des humains, cela semble irréalisable dans un [[Futur|avenir]] proche. Nous sommes déjà en train de collecter l'énergie terrestre au travers des [[Énergie renouvelable|ressources renouvelables]], méthode qui peut s'avérer plus durable et plus efficace que notre technologie. Si nous renonçons à remplacer complètement les ressources naturelles par des substituts synthétiques, il est possible de parvenir à une civilisation de ''Type I'' par optimisation de tout l'écosystème terrestre en vue d'un rendement maximal.


=== Kaku et l'économie de la connaissance ===
Une hypothétique civilisation de ''Type II'' pourrait construire une [[sphère de Dyson]], ou une structure semblable, afin d'intercepter toute l'énergie émise par une étoile, ou bien, plus exotique encore, nourrir un [[trou noir]] de matière stellaire pour en extraire de l'énergie utilisable, ou bien enfin occuper plusieurs [[système solaire|systèmes stellaires]] et prélever une fraction de l'énergie de chaque étoile. Une civilisation de ''Type III'' se servirait des mêmes méthodes, appliquées à toutes les étoiles d'une ou de plusieurs galaxies, ou encore de méthodes inconnues de nos jours.
[[Fichier:Michio Kaku in 2012.jpg|thumb|Pour le physicien Michio Kaku l'humanité pourra atteindre le type I en investissant dans l'[[économie de la connaissance]].]]


Dans son ouvrage, ''{{lang|en|Physics of the Future}}'', le physicien américain [[Michio Kaku]] examine les conditions pour que l'humanité converge vers une civilisation planétaire de type I. Cette convergence est, selon lui, principalement fondée sur l'[[économie de la connaissance]]. Kaku utilise l'échelle de Kardashev, mais la développe en y ajoutant un stade supplémentaire : une civilisation de type IV serait capable de puiser l'énergie dont elle a besoin au sein des [[rayons cosmiques|rayonnements extragalactiques]]. En étudiant l'évolution des technologies qui ont changé l'Histoire (le papier, la puce électronique), Kaku estime que l'humanité se dirige vers une civilisation aux dimensions planétaires, dont [[Internet]] est le {{citation|point de départ}}<ref name="Clift2-3">{{harvsp|id=Clift2012|texte=Hamish Clift et Tom Mandeville, 2012|p=2-3}}</ref>.
Pour Kardashev, les Terriens n'étaient en mesure, en 1964, d'intercepter qu'une fuite émanant d'une civilisation de ''Type III'', sous forme d'[[onde radio|ondes radios]] ou de [[laser|faisceaux laser]]. Au mois d'avril de l'année suivante, en 1965 donc, Kardashev croit avoir intercepté un de ces signaux dans la [[radiogalaxie]] CTA 102, et l'[[Tass (agence de presse)|agence Tass]] publie même un communiqué sensationnel faisant état d'un message dont ''« l'origine extra-terrestre est vérifiée et ne fait aucun doute »''. Kardashev en est pour ses frais, un astronome hollandais ([[Maarten Schmidt]]) ayant identifié quelques jours plus tôt le signal comme l'émission d'un [[quasar]]. Depuis, le silence persistant de l'univers, ou tout du moins l'absence de réception d'un signal ou d'une fuite en provenance de telles civilisations, mènera [[Iosef Shklovski]] ([[radioastronomie|radioastronome]] russe, collaborateur de Kardashev) à conclure au suicide obligé d'une civilisation de ''Type III'', déclaration à rapprocher du [[Paradoxe de Fermi]].


Une civilisation de type I consomme une énergie de l'ordre de milliers à des millions de fois notre production planétaire actuelle, environ un milliard de trillions de trillions d'[[erg (unité)|erg]]s par seconde. Elle disposerait d'assez d'énergie pour modifier la survenue de certains phénomènes naturels comme les tremblements de terre ou les volcans, et pourrait construire des villes sur les océans<ref name="Kaku2007"/>. Nous pouvons voir les prémices d'une civilisation de type I dans le fait qu'un langage planétaire se développe (l'anglais), qu'un système de communication global apparaît (Internet), qu'un système économique mondial est en gestation (l'établissement de l'Union européenne) et même qu'une culture mondialisée es en train d'uniformiser l'humanité (médias de masse, la télévision, la musique rock ou encore les films d'Hollwood)<ref name="Kaku2007"/>. Pour atteindre le type II, l'humanité doit se concentrer sur plusieurs domaines : la construction d'[[infrastructure]]s facilitant la communication et la collaboration, l'éducation, la [[recherche et développement]] ainsi que l'innovation mais aussi bâtir de forts liens entre les [[diaspora]]s et leurs pays d'origine, ainsi qu'entre migrants et non-migrants<ref>{{harvsp|id=Clift2012|texte=Hamish Clift et Tom Mandeville, 2012|p=13}}</ref>. En cas d'échec pour encourager le développement de ces domaines, Kaku prévoit que l'humanité puisse sombrer dans les {{citation|abysses}}<ref>{{harvsp|id=Clift2012|texte=Hamish Clift et Tom Mandeville, 2012|p=14}}</ref>. En conclusion, une civilisation évoluée doit s'accroître plus vite que la fréquence de survenue des catastrophes cosmiques hostiles à la vie, comme l'impact de [[géocroiseur]]s ou de comètes. Une civilisation de type I devrait également être capable de maîtriser les [[Vol spatial|voyages spatiaux]] pour dévier des objets menaçants. Elle devrait aussi anticiper l'apparition d'une [[ère glaciaire]] et modifier le climat longtemps avant pour l'éviter<ref name="Kaku2007"/>.
L'« Empire galactique » rencontré communément dans nombre d'œuvres de [[space opera]] fournit un exemple facilement reconnaissable de civilisation fictive susceptible de parvenir au ''Type III''. Ces civilisations consomment une énergie à une échelle gigantesque, se situant entre le ''Type II'' et le ''Type III''.


=== Débats autour des types I, II et III ===
=== Chronologie possible ===
[[Fichier:wormhole.jpg|thumb|upright=1.3|Une supercivilisation de type III serait capable de voyager au moyen de [[trou de ver|trous de ver]].]]


Zuckerman estime à {{formatnum:10000}} le nombre de civilisations qui peuvent exister dans notre [[voie lactée|galaxie]]<ref>{{article|langue=en|auteur=B. Zuckerman|titre=Stellar evolution - Motivation for mass interstellar migrations|Quatterly of the Journal of Royal Astronomical Society|numéro=26|pages=56-59|année=1985}}</ref>.
L'histoire contemporaine de l'humanité semble suivre une chronologie, esquissée ici. Ces valeurs sont des approximations de la version extrapolée de l'échelle par Carl Sagan, tenant compte d'une progression de 0,8.


==== Vers le type I ====
{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
Le physicien [[Freeman Dyson]] a calculé que le type I devrait être accompli dans une période d'environ 200 ans<ref name="Kaku2007"/>, alors que pour Richard Carrigan, la Terre est encore à quatre degrés du type I<ref name="Carrigan4"/>. L'atteinte prochaine du type I (en l'an {{formatnum:3000}} pour Richard Wilson) s'accompagnerait de profonds bouleversements sociaux, mais aussi d'un important risque d'autodestruction<ref>{{harvsp|id=Wilson2011|texte=Richard Wilson, 2011|p=58}}</ref>.
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! rowspan="2" style="background: #efefef;"|
! colspan="9" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"| Civilisation de Type 0
! rowspan="2" style="background: #efefef;"|
|-
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,25 (3 10<sup>8</sup> W) [[Empire romain]]
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,5 (10<sup>11</sup> W) [[Révolution industrielle]]
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,6 (10<sup>12</sup> W)
Développement technologique de [[1891]] à [[1938]]
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,7 (10<sup>13</sup> W) {{XXe siècle}} : [[Énergie nucléaire#Types d’armes|Armement nucléaire]] et [[Fission nucléaire]]
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,8 (10<sup>14</sup> W) {{XXIe siècle}} : [[Fusion nucléaire]]
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|0,9 (10<sup>15</sup> W) {{XXIIe siècle}} : [[Ascenseur spatial]], création d'une [[Ecumenopolis|Cité universelle]]<ref>[http://unesdoc.unesco.org/images/0005/000508/050863fo.pdf Œcuménopole ou Cité universelle]</ref>
! style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|transition de Type 0 à Type I : la civilisation s'auto-détruit ou parvient à une [[Singularité technologique]]
|-
! colspan="11" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Tendances évolutives :
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longrightarrow</math>
! colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Niveaux technologiques croissants, niveaux de sécession croissants jusque 0,5, accroissement de la consommation énergétique et de la surface habitée
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longleftarrow</math>
! colspan="10" style="background: #efefef;"|Après 0,5, niveaux de sécession décroissants
|}


Selon Per Calissendorff, la consommation énergétique ne peut être le principal paramètre pour expliquer le passage d'un type à un autre. Les civilisations doivent posséder des moyens pour maintenir leur taux d'accroissement malgré les conditions climatiques et les catastrophes naturelles d'importance, voire les catastrophes cosmiques. Une civilisation s'engageant vers le deuxième stade doit être capable de maîtriser le voyage spatial, la communication interplanétaire, l’ingénierie stellaire, et le climat. Elle doit aussi avoir développé un système de communication planétaire, tel Internet<ref name="Calissendorff5"/>. Pour Kaku, la seule menace sérieuse pour une civilisation de type II serait l'explosion d'une [[supernova]] proche alors qu'aucune catastrophe cosmique connue ne serait capable d'anéantir une civilisation de type III<ref name="Kaku2007"/>.
=== Perspectives téléologiques ===


Selon Philip T. Metzger, l'humanité a atteint le type I mais un défi énergétique se présente à elle. Les [[énergies non renouvelables]] sont quasi totalement exploitées sur Terre : le [[gaz naturel|gaz]] vers 2020-2030, le [[charbon]] vers 2035, l'[[uranium]] vers 2056, alors que le pétrole a atteint son pic de production en 2006-2008<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=2}}</ref>. L'[[énergie nucléaire]] ne peut totalement combler la demande énergétique mondiale (elle ne représente que 6% en 2011). Par ailleurs les [[énergies renouvelables]] ne peuvent supporter une demande énergétique croissante<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=3}}</ref>. La plupart des minerais utilisés par l'homme risquent de se raréfier ; 11 minerais sont déjà classés comme ayant dépassé leurs pics de production<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=4}}</ref>. Pour Metzger, l'humanité doit donc mener un « projet de cent ans » destiné à réaliser un vaisseau spatial (« ''{{lang|en|100 Year Starship}}'' ») capable d'accéder aux vastes ressources énergétiques présentes dans le système solaire<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=6-}}</ref>. Il est même probable pour Metzger que si des extraterrestres convoitaient les ressources énergétiques de notre système solaire, ils ne viendraient pas les chercher sur Terre mais sur les divers [[astéroïde]]s et [[planétoïde]]s. La [[robotique]] est le seul moyen pour accéder à tant de ressources dispersées, et l'humanité devrait se lancer dans un second projet à long terme que Metzger nomme la « robotsphère », qui débuterait par l'epxloitation énergétique de la [[Lune]] (estimée à {{unité|2.3 X 10<sup>13</sup> [[Joule|J]]}} par an). Ce premier pas permettrait d'atteindre le type II en 53 ans. Puis la robotsphère (des [[constructeur universel|sondes automatisées autoréplicantes et autoapprenantes]]) s'étendrait au reste du système solaire<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=8}}</ref>. Les progrès actuels de l'[[intelligence artificielle]] laissent supposer que les bases d'une robotsphère puissent être atteintes au début du prochain siècle<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=13}}</ref>. Metzger entrevoit huit bénéfices pour l'humanité<ref>{{harvsp|id=Metzger2011|texte=Philip T. Metzger, 2011|p=17-18}}</ref>.
Si l'on considère l'échelle de Kardashev comme un schéma prédictif, voire normatif, d'un avenir technologique attendu, plutôt que comme une simple échelle de consommation énergétique, elle en devient [[Téléologie|téléologique]] et nous prédit une « [[fin de l'histoire]] ». Vue comme une description du passé et de l'avenir de l'histoire de l'humanité, elle pourrait être comparée à la théorie [[Marxisme|marxiste]] des [[mode de production|modes de production]] qui comporte aussi des propositions sur les interactions entre technologie et structures sociales, bien que sur une période plus courte.


== Faiblesse de telles supputations ==
==== Vers le type II ====


Pour Carl Sagan, le type II devrait être atteint vers 2100<ref name="Clift2-3"/>. Cependant, se fondant sur 27 années de données concernant les programmes spatiaux ainsi que sur la production et la [[Ressources et consommation énergétiques mondiales|consommation énergétique mondiale]], M. G. Millis montre que l'énergie requise pour entrer dans l'ère des voyages interplanétaires ne permettra pas à l'humanité de lancer des telles missions avant deux siècles. Son analyse rejoint celle, économique, de Freeman Dyson<ref>{{harvsp|id=Millis2011|texte=M. G. Millis|loc={{p.}}2 et 5}}</ref>.
Il a été avancé que, comme nous ne pouvons comprendre les civilisations avancées, nous ne pouvions prévoir leur comportement. Alors les visions de Kardashev peuvent ne pas correspondre au devenir de civilisations avancées. Cet argument est développé dans l'ouvrage ''Evolving the Alien: The Science of Extraterrestrial Life'', de [[Jack Cohen (scientifique)|Jack Cohen]] et [[Ian Stewart (mathématicien)|Ian Stewart]]<ref name="weakness_by_supposition">Une controverse sur le sujet se trouve à {{en}} [http://www.futurehi.net/archives/000106.html www.futurehi.net]</ref>.
Il est aussi possible que des conditions uniques sur Terre puissent permettre à des technologies particulières de se développer rapidement, alors qu'elles auraient été retardées pour des civilisations ne bénéficiant pas de telles conditions. La liste de ces conditions présumées spécifiques à la Terre et des découvertes qu'elles ont permises est plutôt longue. En voici quelques exemples :
* Une civilisation qui n'aurait pas colonisé les continents et serait restée exclusivement aquatique n'aurait pas pu découvrir le [[feu]] et serait restée ignorante dans le domaine de la [[sidérurgie]] ;
* si l'invention du procédé d'[[électrolyse]] par [[Paul Héroult]] et du procédé d'extraction par [[Karl Josef Bayer|Bayer]] n'avait pas eu lieu à la fin du {{XIXe siècle}}, les technologies dépendantes de l'[[aluminium]], telles la [[aviation|construction aérienne]] et [[astronautique]] en auraient été retardées d'autant ;
* la [[Lune]] provoque les [[marée]]s et protège la Terre, au moins partiellement, d'[[astéroïde]]s, de [[comète]]s et du [[rayonnement cosmique]] ;
* beaucoup de découvertes furent essentiellement [[sérendipité|accidentelles]], comme celle de la [[pénicilline]]. D'autres reposent sur des considérations théoriques, comme celle du [[transistor]].


Viorel Badescu et Richard B. Cathcart ont étudié la possibilité qu'une civilisation de type II puisse utiliser un dispositif de {{unité|450|millions de kilomètres}} pour orienter le [[rayonnement solaire]] et pouvoir ainsi imprimer à son étoile un mouvement cinétique (de l'ordre de 35 à 40pc<ref>{{harvsp|id=Badescu2006|texte=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart, 2006}}</ref>), lui permettant notamment de capter son [[exergie]] et de naviguer dans la galaxie<ref>{{harvsp|id=Badescu2000|texte=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart, 2000}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Badescu2006b|texte=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart, 2006}}</ref>.
Il est possible que les conditions nécessaires à la formation des [[hydrocarbure]]s, du [[houille|charbon]] et du [[gaz naturel]] n'aient pas été remplies sur d'autres [[planète]]s. Ces [[énergie fossile|combustibles fossiles]] furent indispensables pour nous rendre (provisoirement) indépendants du [[bois]] et des combustibles animaux. Bien que les énergies [[énergie hydraulique|hydraulique]], [[énergie éolienne|éolienne]] et [[énergie solaire|solaire]] soient connues depuis longtemps, elles se sont peu développées jusqu'à ce que des techniques industrielles des matériaux améliorent leur rendement. Ces techniques, grandes consommatrices d'énergie, n'auraient pu être elles-mêmes développées sans source d'énergie suffisante. Une observation similaire vaut pour les [[réacteur nucléaire|réacteurs nucléaires]], sources d'énergie bien plus puissantes, qui n'auraient pas été réalisables sans les combustibles fossiles, ni compris les ressources limitées en minerai d'[[uranium]].


Pour Claude Semay, {{citation|une civilisation de stade II pourrait être détectée sur de grandes distances (par ce qu’on appelle des « fuites
=== Contre-argument : l'abondance d'autres sources ===
d’astrotechnique »), à condition qu’elle ne soit pas située dans une région trop éloignée de nous dans la Galaxie, ou qu’elle n’occupe pas un emplacement qui nous soit masqué par des nuages de gaz ou de poussières<ref name="Semay25"/>.}}


==== Vers le type III ====
La perception humaine reste entachée d'un [[biais cognitif|biais]] naturel concernant les voies de [[développement énergétique]] de la civilisation humaine. Durant les deux [[choc pétrolier|chocs pétroliers]] de [[Premier choc pétrolier|1973]] et [[Deuxième choc pétrolier|1979]], les sociétés hyper-industrialisées ont continué de fonctionner ; beaucoup se sont tournées vers la recherche d'alternatives technologiques énergétiques à grande échelle, dans l'optique qu'elles puissent fournir l'énergie nécessaire à la poursuite du développement [[industrie]]l et [[commerce|commercial]], même si la production d'[[énergie fossile|énergies fossiles]] venait à se tarir.
[[Fichier:Gb1508 illustration.jpg|thumb|upright=1.3|Vue d'artiste du [[quasar]] GB1508. Selon l'astronome russe Kardashev, une civilisation hautement évoluée, dite de « type III » dans sa classification théorique, serait capable de puiser son énergie depuis une telle source.]]


Une civilisation de type III devrait être détectable en raison de la quantité importante de rayonnement captée à l'échelle de la galaxie. Calissendorff propose de prendre comme valeur 75% de la lumière totale émise par une galaxie pour déterminer qu'une civilisation de type III a recours à de nombreuses sphères de Dyson. Si seulement trois ou quatre de ces sphères occupent la galaxie, cela ne veut pas forcément signifier que la civilisation a atteint le type III ; elle peut être encore en transition<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=20}}</ref>.
Ce développement obtenu, il est possible qu'une société puisse croître sans passer par une étape de production d'énergie fossile. Cette version de l'argumentation de [[Buckminster Fuller]] sur l'[[énergie solaire]] est conforme à l'idée de [[Paul Hawken]] d'une [[Développement durable|écologie industrielle]] selon laquelle l'utilisation d'énergies fossiles n'est ni essentielle ni souhaitable, étant données ses nuisances et l'existence de sources d'énergie de substitution. Les principes de fonctionnement de la [[pile à combustible]] furent découverts par [[Christian Friedrich Schönbein]] dès [[1838]], et que leur application par Sir [[William Grove]] débuta en [[1843]], bien avant la généralisation de l'utilisation des énergies fossiles autres que le [[houille|charbon]], ce qui rend plus plausible encore qu'une civilisation extra-terrestre ait eu recours à la pile à combustible en lieu et place des [[hydrocarbure]]s. L'exploitation industrielle du [[pétrole]], initiée par [[Edwin Drake]], ne commença que dans les [[années 1850]].


Cependant, {{citation|une civilisation de type III ne doit pas être confondue avec ce que les auteurs de science-fiction appellent un « empire
== Implications pour les civilisations ==
galactique »}} note Semay, sachant qu'elle ne peut exister que si le [[voyage interplanétaire]] est acquis or il n'y a pas de preuve que cela soit possible un jour<ref>{{harvsp|id=Semay1998|texte=Claude Semay, 1998|p=21}}</ref>. En partant des calculs de Dyson, Semay considère qu'un tel voyage serait de trois siècles, pour une distance moyenne entre étoiles d’environ {{unité|7|années-lumière}}. En somme, la vitesse de propagation du front de colonisation, qui va de {{unité|4 X 10<sup>-4</sup>}} à {{unité|5 X 10<sup>-3</sup> année-lumière}} par an, conduirait l'humanité à se diffuser dans la galaxie en une durée comprise entre 16 et {{unité|200 millions d’années}}<ref>{{harvsp|id=Semay1998|texte=Claude Semay, 1998|p=24}}</ref>. {{citation|Une civilisation de type III, ayant donc « domestiqué » sa galaxie par la construction d’un grand nombre de sphères de Dyson, serait détectable sur des distances intergalactiques de plusieurs millions d’années-lumière<ref name="Semay25">{{harvsp|id=Semay1998|texte=Claude Semay, 1998|p=25}}</ref>.}}


Une civilisation de type III pourrait théoriquement vivre au sein d'un [[trou noir supermassif]], sur une orbite périodique stable, ce qui la rendrait totalement indétectable d'après V. I. Dokuchaev<ref>{{harvsp|id=Dokuchaev2011|texte=V. I. Dokuchaev, 2011|p=10}}</ref>.
Il existe beaucoup d'exemples historiques de civilisations subissant des transitions à grande échelle, telles la [[Révolution industrielle]] et la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]]. De la même manière, les transitions entre niveaux de l''''échelle de Kardashev''' sont susceptibles de représenter des périodes troublées de bouleversements sociaux, puisqu'elles impliquent de dépasser l'obstacle que représente la limitation des ressources disponibles sur le territoire occupé par une civilisation. Une spéculation courante suggère que la transition du ''Type 0'' au ''Type I'' comporte un grand risque d'auto-destruction puisque l'[[espace vital]] occupe entièrement la planète natale. La [[catastrophe malthusienne]] est un exemple d'une telle spéculation.


Selon Kaku, des civilisations de type II et III pourrait être capables de s'approvisionner par l'[[énergie de Planck]], soit {{unité|10<sup>19</sup> milliards d'[[électronvolt]]s}}), forme d'énergie présente uniquement au sein des trous noirs ou aux débuts du [[Big Bang]]. Le voyage au moyen de [[trou de ver|trous de ver]] serait à portée de telles civilisations<ref name="Kaku2007"/>
Certains auteurs ont souligné qu'une période de grand bouleversement pourrait être les prémisses d'une ascension vers une civilisation de ''Type I''<ref name="Un futur lointain">{{en}} [http://www.darkage.fsnet.co.uk/LongTermHistory.htm www.darkage.fsnet.co.uk]</ref>.


=== Contraintes de communication ===
=== Critiques de la classification ===
==== Des postulats erronés ====
L'échelle théorisée par Kardashev est née au sein du [[guerre froide|contexte géopolitique de la Guerre froide]] dans lequel l'énergie avait valeur suprême<ref>{{harvsp|id=Wilson2011|texte=Richard Wilson, 2011|p=52}}</ref>. Le physicien de l'université de Buenos Aires Guillermo A. Lemarchand considère que quatre arguments s'opposent à la classification de Kardashev<ref name="Lemarchand155">{{harvsp|id=Lemarchand2000|texte=Guillermo A. Lemarchand, 2000|p=155-156}}</ref> :


# Des émetteurs omnidirectionnels de longue portée seraient très énergivores. Or utiliser des dispositifs directionnels ou intermittents, pointés à chaque fois dans une direction différente, nécessiteraient beaucoup moins d'énergie. Une civilisation de types II ou III pourraient donc se définir par autre chose que par une consommation exponentielle d'énergie.
Il est coûteux, pour une civilisation inférieure au ''Type I'', de tenter d'entrer en contact avec d'autres civilisations plus avancées, pour des raisons de puissance d'émission nécessaire. Il a été calculé que pour obtenir un émetteur fiable et suffisamment puissant pour être remarqué par une civilisation de ''Type II'', entre 1 et 10 billions de [[Dollar américain|dollars]] seraient nécessaires. La limite supérieure équivaudrait au [[Produit intérieur brut des États-Unis]] en 2000<ref name="Sondes interstellaires, une autre approche de SETI">{{en}} [http://www.rfreitas.com/Astro/InterstellarProbesJBIS1980.htm www.rfreitas.com]</ref>. Ainsi, il a été suggéré que la civilisation doit avancer largement dans le ''Type I'' avant que l'énergie requise pour un contact efficace avec une autre civilisation devienne supportable pour ses ressources économiques.
# l'hypothèse d'une consommation d'énergie exponentielle est certainement fausse car si l'on analyse la consommation d'énergie par habitant au cours de toute l'histoire humaine, nous trouverons qu'elle forme une succession de [[fonction logistique (Verhulst)|courbes de type logistique]] avec un créneau de saturation pour chaque innovation technologique. Par conséquent, un état stable ou de croissance limitée est plus probable.
# selon le [[principe de médiocrité]], appliqué à la recherche de civilisations extraterrestres par Sagan et Shklovskii en 1966 à partir des calculs de [[John Richard Gott]]<ref>{{article|langue=en|auteur=J. R. Gott|titre=Implications of the Copernican Principle for our Future Prospects|périodique=[[Nature (revue)|Nature]]|numéro=363|année=1993|pages=315-319}}</ref>, les civilisations plus importantes que la nôtre doivent être suffisamment rares pour ne pas avoir la possibilité de dominer et d'être visibles.
# Enfin, les programmes de recherche et d'écoute, à Harvard et Buenos Aires (Horowitz et Sagan en 1993 ou Lemarchand et al. en 1997), n'ont pas apporté de preuves scientifiques de l'existence de sources artificielles, que cela soit dans la Voie lactée comme dans les galaxies proches (M33, M81, la la [[galaxie du Tourbillon]] ou encore [[Centaurus A]]), ni même dans l'[[Amas de la Vierge|amas galactique de la Vierge]].


Pour le météorologiste britannique Lewis F. Richardson, auteur d'une étude statistique sur la mortalité (publiée dans ''{{lang|en|Statistics of Deadly Quarrels}}'', 1960), l'agressivité de l'homme ne permet pas d'augurer une durée de vie à l'humanité lui permettant d'atteindre des stades plus évolués. Il estime que les [[pulsion]]s violentes de l'homme détruiront l'ordre social sur une période de {{formatnum:1000}} ans. De surcroît l'humanité a de grandes chances de sombrer au moyen d'[[Arme de destruction massive|armes de destruction massives]], d'ici quelques siècles tout au plus<ref>{{harvsp|id=Lemarchand2000|texte=Guillermo A. Lemarchand, 2000|p=157}}</ref>.
Une fois le contact établi entre les deux civilisations, et leur localisation mutuelle connue, le coût énergétique requis pour maintenir le contact et échanger des informations peut alors être significativement réduit en utilisant des technologies de [[Radioélectricité|transmissions]] très directionnelles. En [[1974]], le [[radiotélescope d'Arecibo]] a transmis un message qui va parcourir 25&nbsp;000 [[année-lumière|années-lumière]], vers l'[[Amas d'Hercule|amas globulaire d'Hercule]]. Une plus grande [[Antenne radioélectrique|antenne]] et des [[longueur d'onde|longueurs d'onde]] plus courtes auraient permis à la même énergie d'être focalisée sur un objectif plus lointain encore. Le programme [[SETI]] repose largement sur de telles possibilités.


Les [[transhumaniste]]s Paul Hugnes et John Smart expliquent l'absence de signaux d'une civilisation de type III par deux hypothèses : soit elle s'est autodétruite soit elle n'a pas suivi la trajectoire décrite par Kardashev<ref name="Galantai2"/>. La croissance de la consommation énergétique devrait créer une crise climatique que Dutil et Dumas fixent à {{unité|1|[[watt|W]]/m²}} ou {{unité|127|[[téra|T]]W}}. En considérant un taux d'accroissement de 2% par an, une civilisation industrielle devrait cesser de croître assez tôt dans son histoire (après quelques siècles)<ref>{{harvsp|id=Dutil2007|texte=Y. Dutil et S. Dumas, 2007|p=1}}</ref>. En somme, l'impossibilité de [[développement durable|sauvegarder durablement]] les ressources énergétiques peut expliquer l'absence de civilisations de types II et III<ref name="Dutil3"/>.
== Extrapolations hypothétiques ==


L'échelle de Kardashev ne prend pas en ligne de compte les coûts énergétique et économique importants que requièrent les missions spatiales, coûts engendrés par le « postulat de l'obsolescence incessante » (''{{lang|en|Incessant Obsolescence Postulate}}'') qui pose que toute mission interstellaire ultérieure à celle lancée atteindra la destination plus tôt et avec plus d'équipement moderne que celle initiale<ref>{{harvsp|id=Millis2011|texte=M. G. Millis|p=7}}</ref>.
La progression exponentielle de cette échelle incite à extrapoler des types de civilisations plus avancées encore. Par exemple :
* ''Type IV'' : la civilisation contrôle toute l'énergie d'un [[superamas]] galactique (approximativement 10<sup>46</sup> W). Dans le cas de l'humanité par exemple, il pourrait s'agir du [[Superamas de la Vierge]].
* ''Type V'' : l'énergie disponible mise sous domination égale celle de tout l'[[Univers]] visible ; soit approximativement 10<sup>56</sup>W. Une telle civilisation dépasse l'entendement scientifique et semble déjà tout à fait [[utopie|utopique]]. Il s'agit théoriquement de la barrière ultime à son expansion.


Pour Zoltan Galántai il n'est pas possible d'imaginer un projet de civilisation s'étalant sur des siècles (comme une sphère de Dyson) voire des millions d'années à moins d'envisager une pensée et une [[éthique]] différentes des nôtres, à portée d'une civilisation ancestrales. Il propose donc de classer les civilisations en fonction de leurs capacités à mener sur le long terme des projets de civilisation d'envergure<ref>{{harvsp|id=Galantai2007|texte=Zoltan Galántai, 2007|p=88-89}}</ref>.
=== Projections imaginaires ===


Enfin pour Freeman Dyson la communication et la vie peuvent continuer éternellement, au sein d'un [[Accélération de l'expansion de l'univers|Univers ouvert]], en utilisant une quantité finie d'énergie ; l'intelligence est donc le seul paramètre fondamental pour qu'une civilisation survive à très long terme, et l'énergie n'est alors plus ce qui la définit, thèse qu'il développe dans son article ''{{lang|en|Time Without End : Physics and Biology in an Open Universe}}''<ref>{{article|langue=en|auteur=Freeman J. Dyson|titre=Time Without End: Physics and Biology in an Open Universe|périodique=Reviews of Modern Physics|volume=51|numéro=3|année=1979}}</ref>.
Elles se rencontrent essentiellement en [[science-fiction]] et ne sont pas « officiellement » établies, et diffèrent donc selon les auteurs. En voici quelques exemples, qui se basent sur la théorie du [[Multivers]] :
* ''Type VI'' : Une telle civilisation pourrait manipuler et altérer les [[:Catégorie:Principe physique|lois de la physique]] au point d'acquérir le pouvoir de coloniser d'autres univers, et même de les aménager à son gré en manipulant leurs [[paramètre cosmologique|paramètres cosmologiques]]. Cette civilisation pourrait alors migrer d'un univers à l'autre au fur et à mesure de leur [[Univers#Avenir|vieillissement]], et devenir ainsi potentiellement éternelle. Le niveau énergétique de plusieurs univers additionnés pourrait s'établir aux environs de 10<sup>66</sup> W, dans le prolongement des niveaux inférieurs. La seule frontière est désormais le potentiel total du Multivers.
* ''Type VII'' : La civilisation égale désormais le niveau d'une [[Dieux|déité]], capable de créer des univers à volonté par la provocation de Big Bangs artificiels préalablement paramétrés, en tant que prolongement du Multivers<ref>Etant donné le caractère spéculatif de cette théorie, il n'est pas certain que le reparamétrage d'autres univers existants soit plus simple que la création ex nihilo de nouveaux univers déjà correctement paramétrés</ref>, afin de les utiliser comme sources d'énergie et zone de peuplement, après une expansion suffisante. Leur puissance énergétique est alors potentiellement infinie, seulement limitée par le nombre et la taille des univers qu'elles sont en mesure de créer. Elle pourrait s’élever à la hauteur vertigineuse de 10<sup>76</sup> ou même 10<sup>100</sup> ([[googol]]) W. Une civilisation de ce type serait vraisemblablement immortelle, migrant perpétuellement d'un univers à l'autre et créant toujours de nouveaux univers en prévision de sa prochaine migration. La seule limite qui demeure est sa capacité à accroître ou conserver la masse totale de l'énergie existante, d'univers en univers : la moindre déperdition d'énergie la condamne, tôt ou tard, à se retrouver dans l'incapacité de créer à terme des univers de taille suffisante pour subvenir à ses besoins énergétiques et démographiques, la contraignant à l'arrêt de sa croissance, voire à la décroissance, jusqu'à extinction. La nouvelle de science-fiction d'[[Isaac Asimov]] ''[[La Dernière Question]]'' met en scène un exemple d'entité possédant la technologie d'une civilisation de ''Type VII''<ref>Même si AC ne crée pas d'univers à proprement parler, mais inverse seulement l'entropie de l'univers présent</ref>.


==== D'autres échelles ====
Évidemment, on pourrait encore imaginer l'existence de plusieurs Multivers, ouvrant de nouvelles possibilités de développement à la civilisation, et ainsi de suite suivant un processus de [[mise en abyme]]. La conclusion à tirer est donc que, en l'absence d'équilibre entre ressources et besoins, une civilisation tend forcément à une expansion sans fin.
[[Fichier:Impact event.jpg|thumb|Pour Zoltan Galántai une échelle classant les civilisations doit se baser sur leur aptitude à survivre aux catastrophes, notamment celles d'[[impact cosmique|origine cosmique]], comme l'impact d'un [[géocroiseur]].]]


L'astronome John Barrows de l'Université de Sussex a fait l'hypothèse que d'autres stades existent au-delà du type III. Ces civilisations de types IV, V voire VI seraient capables de manipuler les structures cosmiques (galaxies, amas galactiques, superamas) et même d'échapper à l'[[Big crunch|Univers mourant]] par des trous dans l'espace<ref name="Kaku2007"/>.
== Futurs hypothétiques ==


Zoltan Galántai reconnaît la contribution importante qu'a joué la classification de Kardashev au sein du [[SETI|programme SETI]] mais il considère qu'une autre échelle est possible, sans utiliser la consommation d'énergie, mais en recourant à la miniaturisation. L'hypothèse de Donald Tarter, chercheur au SETI, est qu'une civilisation fondée sur la [[nanotechnologie]] n'aurait pas besoin d'une quantité toujours plus importante d'énergie. Une civilisation de type I, maîtrisant le voyage spatial local, pourrait tout à fait coloniser son système planétaire et même le [[nuage de Oort]] sans avoir besoin d'une quantité d'énergie la faisant appartenir au type II<ref name="Galantai2"/>. Cette échelle perd son sens au-delà du type II, puisqu'il est impossible de prévoir l'évolution des civilisations sur de longues distances spatiales, au sein d'un processus de colonisation galactique. Enfin, l'échelle de Kardashev est le produit d'une époque aux connaissances scientifiques insuffisantes, qui considérait CTA-102 comme une source artificielle de type III alors que l'on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'un [[noyau galactique]]<ref>{{harvsp|id=Galantai2007|texte=Zoltan Galántai, 2007|p=6}}</ref>.
La science-fiction à l'origine de ces projections imaginaires nous propose aussi des indications sur les hypothétiques changements à venir correspondant aux valeurs fractionnaires de l'échelle de Kardashev. Voici un futur possible, dont les propositions s'appuient sur la littérature scientifique. L'article de [[Nikolai Kardashev]] sur ''L'Inévitable et les structures possibles des supercivilisations'', où il expose qu'une consommation d'énergie croissante conduit à une progression technologique, à une cohésion diminuée et à une fluctuation de la probabilité de survie et de contact, est une explication de cette section. Les articles ''Cosmologie et Civilisation'' et ''Transmission d'information par les civilisations extraterrestres'' mentionnent également ces civilisations et leur transformation. L'essentiel de ces explications peuvent être consultées dans ''Énergie et culture'' qui développe plus en détail le contenu du présent article. Il est consacré à l'aspect théorique des tendances évolutives des civilisations plus avancées avec une description de chacun des types. Cette section suit le schéma original sans le citer mot pour mot.


Zoltan Galántai suggère dans un autre article de considérer une autre échelle, non plus basée sur la consommation d'énergie mais sur l'habileté d'une civilisation à survivre aux désastres naturels et cosmiques. Le type I décrirait une civilisation capable de résister à une catastrophe naturelle locale, comme les [[Anasazis]]. Une civilisation de type II aurait les moyens de contrer une catastrophe régionale ou continentale, enfin le type III pourrait faire face à un désastre global tels l'impact d'un [[géocroiseur]], l'éruption d'un [[supervolcan]] ou encore à une [[ère glaciaire]]. Au-delà de ces trois premiers types viennent des civilisations s'étant dispersées dans la galaxie. Celle de type IV serait encore vulnérable à quelques menaces cosmiques alors que celle de type V serait techniquement immortelle puisque plus aucune catastrophe cosmique ne pourrait l'atteindre<ref>{{harvsp|id=Galantai2007|texte=Zoltan Galántai, 2007|p=4-5}}</ref>. L'échelle de Kardashev peut être un outil pertinent pour prévenir les catastrophes, qu'elles soient humaines ou naturelles d'après Richard Wilson, qui rapporte cette échelle à la puissance de destruction, en [[TNT]]. Une civilisation de type I utiliserait {{unité|25|[[mégatonne]]s}} de TNT équivalentes par seconde, celle de type II {{unité|4 X 10<sup>9</sup>}} fois plus ({{unité|4|milliards}} de [[bombe H|bombes hydrogène]] par seconde, alors que celle de type III {{unité|10<sup>11</sup>}} fois plus<ref>{{harvsp|id=Wilson2011|texte=Richard Wilson, 2011|p=54}}</ref>.
=== Type I ===


M. G. Millis estime que les données actuelles (sur une période de 27 ans) permettent de prédire que l'humanité n'accèdera pas au type I avant l'année 2400 (soit une production annuelle de {{unité|2.1 X 10<sup>16</sup> W}}). Il a actualisé les calculs de Kardashev d'après les données s'étalant de 1980 à 2007<ref name="Millis2">{{harvsp|id=Millis2011|texte=M. G. Millis|p=2}}</ref>.
[[Michio Kaku]] cite [[Freeman Dyson|Dyson]] qui estime que la terre aboutira à une civilisation de Type I vers [[2200]], en se fondant sur une extrapolation du taux de croissance actuel de la consommation énergétique de la planète.


{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
{| align=right style="border: solid 1px black; border-radius: 1em;"
|+ ''Extrapolation de M. G. Millis (2011) d'après les données de 1980 à 2007<ref name="Millis2"/>''
! Type et puissance énergétique !! Au plus tôt !! Nominale !! Au plus tard
|-
|-
| Type I (2.1 x 10 p16W) || 2209 ||| 2390 ||| 6498
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
! colspan="9" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|''Type I'' : [[Colonisation]] complète de la [[Terre]] ([[Orbite terrestre|orbite]] incluse)
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
|-
|-
| Type II (3.8 x 10 p26W) || 2873 ||| 3652 ||| 21272
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"|de (10<sup>16</sup> W à 10<sup>19</sup> W)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|entre (10<sup>20</sup> W et 10<sup>23</sup> W)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|jusque (10<sup>24</sup> W à 10<sup>26</sup> W) (discutable)
|-
|-
| Type III (4 x 10 p37W) || 3587 ||| 5007 ||| 37147
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"| [[Colonisation]] et [[anthropisation]] avancées de la quasi-totalité du globe terrestre et de son [[orbite terrestre|orbite]], [[mine (gisement)|exploitation minière]] de la [[Colonisation de la Lune|Lune]] et des [[Objet géocroiseur#Exploration et exploitation|géocroiseur]]s. Implantation des premières colonies sur les autres [[Corps céleste]]s du système solaire.
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|Premier [[voyage interstellaire]] (Ex: vers [[Alpha du Centaure]]).
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|Tensions provoquées par la taille de la civilisation pouvant aboutir à une sécession en plusieurs civilisations planétaires — régression depuis une civilisation en début de type I.<ref>{{en}} [http://www.sciam.com/article.cfm?articleID=0009CDEA-33FC-1C74-9B81809EC588EF21&pageNumber=1&catID=2 Où sont-ils ?]</ref> Début de la construction d'une [[sphère de Dyson]], d'un [[disque d'Alderson]], ou de [[l'Anneau-Monde]]. Premières missions d'exploration interstellaire automatisées.
|-
! colspan="11" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Tendances évolutives :
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longrightarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Niveaux technologiques croissants, extension de l'exploration spatiale, sources d'énergie spatiales, multiplication des foyers de civilisation non terrestres, consommation énergétique croissante, extension de la surface habitée
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longleftarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Décentralisation croissante, différenciation des sociétés par rupture des liens sociaux causée par les décalages temporels des communications
|}
|}


Zoltan Galántai remarque que ni Kardashev ni Sagan n'ont pensé prolonger l'échelle et définir un type IV (qui utiliserait l'énergie d'un Univers entier). Ils n'ont tout simplement pas envisager une civilisation capable de manipuler son environnement sur la plus haute échelle possible (sur environ {{unité|14|milliards de [[parsec]]s}})<ref name="Galantai85"/>. La supercivilisation de type IV s'approche des possibilités divines et pourrait créer et voyager à travers des [[multivers|Univers alternatifs conçus par elle]]<ref>{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=87}}</ref>, cette dernière possibilité étant réservée pour Carrigan à une civilisation de type V<ref name="Carrigan4">{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=4}}</ref>.
=== Type II ===


La fraction d'énergie captée par une civilisation capable de s'alimenter sur un trou noir pourrait permettre de classer les civilisations<ref name="Inoue2"/>.
Selon Kaku, Kardashev aurait prévu le développement d'une telle civilisation vers [[VIe millénaire|5200]].
{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
|-
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
! colspan="9" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|''Type II'' : [[Colonisation]] complète du [[Système solaire]]
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
|-
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"|de (10<sup>26</sup> W à 10<sup>29</sup> W)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|entre(10<sup>30</sup> W et 10<sup>33</sup> W) (discutable)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|jusque(10<sup>34</sup> W à 10<sup>36</sup> W) (discutable)
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! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"|Exploration et colonisation avancées de presque tous les Corps célestes du système solaire, achèvement d'une [[Sphère de Dyson]] permettant l'exploitation directe du [[rayonnement solaire]]. Implantation des premières colonies sur les autres systèmes de la [[Bulle locale]], puis de tout le [[Bras d'Orion]], avant d'occuper progressivement toute la galaxie.
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|[[Ingénierie stellaire]] et [[propulseur Shkadov]], premier voyage intergalactique (Ex: vers le [[Grand Chien (galaxie naine)|Grand Chien]]) .
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|Tensions provoquées par la taille de la civilisation pouvant aboutir à la sécession des différents systèmes planétaires en plusieurs civilisations — régression en une civilisation mono-stellaire. Premières missions d'exploration intergalactique automatisées.
|-
! colspan="11" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Tendances évolutives :
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longrightarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Niveaux technologiques croissants, croissance exponentielle du nombre de systèmes colonisés. Civilisation centralisée qui draine toujours plus de ressources d'autres systèmes inhabités –– conduisant à une expansion toujours plus grande
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longleftarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Décentralisation, probabilité croissante de sécession en systèmes isolés. Si non équitablement réparties, les ressources peuvent être à nouveau l'objet de conflits armés.
|}


=== Type III ===
== Scénarios possibles ==
Les paramètres les plus importants pour définir l'existence d'une civilisation sont au nombre de trois d'après Kardashev : l'existence de sources d'énergie très puissantes, l'utilisation de technologies hors normes et la transmission d'importantes quantités d'information de différentes sortes à travers l'espace<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=28}}</ref>.


=== Les sources d'énergie ===
Selon Kaku, Kardashev prévoyait le développement de ce type de civilisation vers [[VIIIe millenaire|7800]].
{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
|-
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
! colspan="9" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|''Type III'' : [[Colonisation]] complète de la [[Voie lactée]]
! rowspan="3" style="background: #efefef;"|
|-
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"|de (10<sup>36</sup> W à 10<sup>39</sup> W) (discutable)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|entre (10<sup>40</sup> W et 10<sup>43</sup> W) (discutable)
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|jusque (10<sup>44</sup> W à 10<sup>46</sup> W) (discutable)
|-
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #aaaaaa;"|Exploration et colonisation avancées de presque tous les systèmes planétaires contenus dans la [[Voie lactée]], exploitation énergétique de la quasi-totalité de ses étoiles. Exploitation notamment de la gigantesque force gravitationnelle de [[Sagittarius A*]]. Implantation des premières colonies sur les autres galaxies du [[Groupe local]], puis de tout le [[Superamas de la Vierge]].
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"| Premier voyage vers un autre Superamas galactique (Ex: vers le [[Superamas de l'Hydre-Centaure]]).
! colspan="3" style="border-bottom: 3px groove; background: #aaaaaa;"|Hautement hypothétique, à partir d'ici plus aucune suppostion ne peut être faite pour les niveaux supérieurs. On peut toujours faire l'hypothèse du schéma classique de sécession des différentes galaxies colonisées. Premières explorations automatisées d'autres Superamas.
|-
! colspan="11" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Tendances évolutives :
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longrightarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Niveaux technologiques croissants, les systèmes centralisés drainent progressivement toutes les ressources des systèmes non encore exploités –– conduisant à une expansion croissante
|-
! colspan="1" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|<math>\Longleftarrow</math>
| colspan="10" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|Ralentissement de la croissance dans les galaxies colonisées à cause des vitesses limitées rendant la centralisation impossible
|}


La classification de Kardashev est fondée sur l'hypothèse qu'une civilisation avancée utilise beaucoup d'énergie, ce qui sous entend qu'elle doit être de fait détectable sur de longues distances résume Zoltan Galántai<ref name="Galantai2">{{harvsp|id=Galantai2007|texte=Zoltan Galántai, 2007|p=2}}</ref>. À l'origine, pour Kardashev, la limite d'utilisation d'énergie par une civilisation se situe dans la région du [[spectre électromagnétique]] allant de 10<sup>6</sup> à {{unité|10<sup>l8</sup> Hz}}, ce qui autorise deux constats relatifs à la [[thermodynamique]]s. Premièrement l'intégralité de l'énergie consommée est inévitablement convertie en chaleur. Deuxièmement, la seule façon de dissiper cette énergie est sous la forme de rayonnements dispersés dans l'espace. Ces deux constats sont les piliers de la théorie de Kardashev qui considère que les objets cosmiques à fort rayonnement pourraient être des sources artificielles<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=29-33}}</ref>.
=== Type IV et V ===
Probablement vers [[IXe millénaire|9000]]/[[Xe millénaire|10000]] pour le Type IV et environ [[XIIe millénaire|12000]]/[[XIIIe millénaire|13000]] pour le Type V.


Dutil et Dumas envisagent plusieurs limitations physiques à une production énergétique en continu, comme celle de la [[photosynthèse]] (environ {{unité|10|[[tera|T]]W}}), celle climatique (environ {{unité|127|TW}}) ou encore celle liée au flux solaire ({{formatnum:174000}} TW). La seule d'énergie inépuisable, qui puisse garantir à une civilisation un approvisionnement sur plusieurs milliards d'années, est le [[deutérium]]<ref>{{harvsp|id=Dutil2007|texte=Y. Dutil et S. Dumas, 2007|p=2}}</ref>. La durabilité d'une civilisation doit donc passer par {{citation|un strict contrôle de l'exploitation des ressources}} disponibles ; cette difficulté à dépasser les limites énergétiques peut expliquer le fait que la grande majorité des civilisations échouent à s'engager dans un projet de colonisation spatiale<ref name="Dutil3">{{harvsp|id=Dutil2007|texte=Y. Dutil et S. Dumas, 2007|p=2}}</ref>. Une solution pour augmenter la production énergétique serait de capter le rayonnement solaire radié sur la [[Lune|surface lunaire]], soit {{unité|1.6 X 10<sup>15</sup>W}} (soit {{unité|164W/m²}}, sur une surface de {{unité|9.5 X 10<sup>12</sup>m²}})<ref name="Millis2"/>.
{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
|-
! rowspan="2" style="border-top: 3px groove; border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #efefef;"|
! colspan="9" style="FONT-SIZE:medium-small;border-bottom: 3px groove; background: #efefef; color:ff0000;"|''Type IV'' : [[Colonisation]] complète du [[Superamas local]] (10<sup>46</sup> W à 10<sup>56</sup> W). Poursuite des expéditions à des échelles cosmologiques plus grandes encore, telles que le [[Complexe de superamas Poissons-Baleine]] puis d'autres [[Structures à grande échelle de l'univers|grandes structures de l'Univers]].
Risque de divergences génétiques à l'intérieur de l'espèce humaine.
Fuite possible hors de l'univers à travers un [[trou noir]] artificiel<ref>{{en}} [http://www.astrobio.net/news/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=939&mode=thread&order=0&thold=0 Magazine d'Astrobiologie]</ref>. L'exploration spatiale tend à toucher aux confins de l'Univers.
! rowspan="2" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|
|-
! colspan="9" style="FONT-SIZE:medium-small;border-bottom: 3px groove; background: #efefef; color:ff0000;"|''Type V'' : colonisation de tout l'[[Univers visible]] sans jamais parvenir à son achèvement<ref>L'[[Univers]] suivant une expansion infinie</ref> (10<sup>56</sup> W à 10<sup>66</sup> W). Unité de la civilisation improbable. Prospection sur d'éventuels espaces au-delà de l'Univers. Risque de disparition des civilisations, faute de ressources.
|}


L'astrophysicien Makoto Inoue et l'économiste Hiromitsu Yokoo ont étudié la possibilité qu'une civilisation de type III puisse s'alimenter depuis un [[trou noir supermassif]] (SMBH en anglais). L'énergie captée pourrait couvrir les extraordinaires besoins d'une civilisation nécessitant environ {{unité|4 X 10<sup>44</sup> erg/s}}<ref>{{harvsp|id=Inoue, 2011|texte=Makoto Inoue et Hiromitsu Yokoo, 2011|p=1}}</ref>. L'énergie serait recueillie sous forme de rayonnements émis par la matière s'engouffrant dans l'astre, au moyen de collecteurs situés au sein du [[disque d'accrétion]]. Ces collecteurs sont similaires à des sphères de Dyson. Le trop-plein, ainsi que les déchets de la civilisation, seraient redirigés vers le trou noir. Une fraction de cette énergie, dirigée sous forme d'un [[maser|rayon pulsé]] de haute densité, pourrait être utile pour le voyage spatial. Un club galactique de civilisations pourrait transmettre l'énergie au moyen de réseaux au sein de la galaxie. Au sein des différentes stations d'alimentation centrales composant le réseau, la transmission de puissance est commutée régulièrement, entre émetteur et récepteur, et ce en fonction de la rotation galactique. Pour être efficace, ce réseau devrait être situé au centre de la galaxie<ref name="Inoue2">{{harvsp|id=Inoue, 2011|texte=Makoto Inoue et Hiromitsu Yokoo, 2011|p=2}}</ref>.
=== Type > V ===
Prédictions hautement spéculatives


=== La technologie ===
{| bgcolor=white cellpadding=1 cellspacing=1 style="FONT-SIZE: smaller; border: 1px solid #000000; margin-left: 6px"
{{article détaillé|Ingénierie stellaire|Mégastructure}}
|-
[[Fichier:Dyson_Sphere_Diagram-fr.svg|thumb|upright=1.2|Schéma d’une coquille de Dyson d’une [[unité astronomique]] de rayon]]
! rowspan="2" style="border-top: 3px groove; border-bottom: 3px groove; border-right: 2px; border-left: 2px; background: #efefef;"|
! colspan="9" style="FONT-SIZE:medium-small;border-bottom: 3px groove; background: #efefef; color:ff0000;"|Possibilités aussi nombreuses que les théories proposées sur l'extérieur de l'Univers. Dans le cas du [[Multivers]], conservation du principe d'exploration et de colonisation comme précedemment exposé, et ainsi de suite indéfiniment sur les échelons cosmologiques supérieurs, dans l'optique d'une expansion sans fin.
! rowspan="2" style="border-bottom: 3px groove; background: #efefef;"|
|}


Ce paramètre est l'un des plus indétectables dans l'Univers en raison du fait que les structure de matière solide sont à basse température et émettent de faibles rayonnements. Leur luminosité, très difficilement observable, ne peut également permettre de les observer au moyen de télescopes. De même on doit renoncer à les détecter via leurs [[gravitation|effets gravitationnels]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=40}}</ref>. Par contre leur existence peut être déterminée en analysant les [[longueur d'onde|longueurs d'onde]] entre 8 et {{unité|13|microns}}, correspondant à des températures de surface de {{unité|300|[[degré|°]][[Kelvin|K]]}}. Une hypothétique [[sphère de Dyson]] pourrait ainsi être détectée<ref name="Carrigan13">{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=13}}</ref>, à condition que l'observation se fasse depuis l'espace<ref name="Kardashev42">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=42}}</ref>. Localement, la baisse importante de la lumiosité, qui résulterait d'une sphère de Dyson (ou « bulle de Fermi ») immense, permettrait de mettre en évidence une civilisation de type III<ref name="Carrigan18"/>.
== Valeurs actuelles ==
[[Fichier:KScale-fr.svg|thumb|upright=2|Projection de l'Échelle de Kardashev jusqu'en 2040]]
Voici les valeurs passées et prévisionnelles de la production énergétique planétaire données par l'[[Agence internationale de l'énergie]] :


Une [[mégastructure]] comme une sphère de Dyson pourrait être le résultat d'une ingénierie basée sur les [[constructeur universel|sondes autoréplicantes]] comme celles imaginées par [[John von Neumann|von Neumann]]. Une civilisation de type III aurait en effet les moyens de disperser dans la galaxie un nombre important de ces sphères, ce qui aurait pour conséquence d'atténuer la lumière rayonnée par la galaxie<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=7}}</ref>. Kaku considère également que c'est la plus efficace, car la plus mathématique, méthode de colonisation de l'espace. Par exemple, une galaxie de {{formatnum:100000}} années lumière de diamètre serait explorée en un demi-million d'années<ref name="Kaku2007"/>. Paul Davies a suggéré qu'une civilisation puisse coloniser la galaxie en dispersant des sondes miniatures, pas plus grosses que la paume de la main, et de fonctionnement [[nanotechnologique]]. Cette thèse est réaliste, explique-t-il, puisqu'il est évident que la technologie est de plus en plus miniaturisée et, en proportion, moins coûteuse<ref name="Kaku2007"/>.
{| border="2" cellpadding="4" cellspacing="0" style="margin: 1em 1em 1em 0; background: #f9f9f9; border: 1px #aaa solid; border-collapse: collapse; font-size: 95%;"
|-
! rowspan="2" | Année
! colspan = "4" | Production énergétique
! rowspan = "2" | Équivalent fractionnaire<br />de l''''échelle de Kardashev'''
|-
! [[exa]][[joule]]s/an
! [[téra]][[watt]]s
! Quads<ref name="quads">Quads : 10<sup>15</sup> [[British thermal unit|BTU]]</ref>
! mteps<ref name="mtep">mtep : million de [[tonne équivalent-pétrole]]</ref>
|-
| [[1900]]
| 21
| 0.67
| 20
| 500
! style="align: center;"| 0.58
|-
| [[1970]]
| 190
| 6.0
| 180
| 4500
! style="align: center;"| 0.68
|-
| [[1973]]
| 260
| 8.2
| 240
| 6200
! style="align: center;"| 0.69
|-
| [[1985]]
| 290
| 9.2
| 270
| 6900
! style="align: center;"| 0.70
|-
| [[1989]]
| 320
| 10
| 300
| 7600
! style="align: center;"| 0.70
|-
| [[1993]]
| 340
| 11
| 320
| 8100
! style="align: center;"| 0.70
|-
| [[1995]]
| 360
| 12
| 340
| 8700
! style="align: center;"| 0.71
|-
| [[2000]]
| 420
| 13
| 400
| 10000
! style="align: center;"| 0.71
|-
| [[2001]]
| 420
| 13
| 400
| 10000
! style="align: center;"| 0.71
|-
| [[2002]]
| 430
| 14
| 410
| 10400
! style="align: center;"| 0.71
|-
| [[2004]]
| 440
| 14
| 420
| 10600
! style="align: center;"| 0.72
|-
| [[2010]]
| 510
| 16
| 480
| 12100
! style="align: center;"| 0.72
|-
| [[Années 2030|2030]]
| 680
| 22
| 650
| 16300
! style="align: center;"| 0.73
|}


Des mégastructures de type II seraient plus facilement détectables. Ce serait le cas d'une [[sphère de Dyson]] utilisée comme « moteur stellaire » (''{{lang|en|stellar engine}}'')<ref name="Badescu2012"/>, tout comme l'apport d'éléments lourds<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=14-15}}</ref>. De même, des « propulseurs de Shkadov » (''{{lang|en|Shkadov thruster}}''), qui permettraient de générer une poussée latérale sur son soleil de {{unité|4.4|[[parsec]]}} en reflétant les rayonnements solaires au moyen d'une structure constituée de miroirs, seraient des objets observables. Ce dispositif briserait la symétrie des radiations solaires et contrebalancerait les [[gravitation|forces gravitationnelles]], permettant ainsi à une civilisation de type II de déplacer son système solaire d'origine à travers l'espace<ref>{{harvsp|id=Shkadov1987|texte=L. M.Shkadov, 1987}}</ref>{{,}}<ref name="Badescu2012">{{harvsp|id=Badescu2012|texte=Viorel Badescu, 2012}}</ref>. Drake et Shklovskii ont également envisagé la possibilité d'« ensemencer » une étoile (''{{lang|en|Stellar salting}}'') en y ajoutant artificiellement des composants extrêmement rares comme le technium ou le [[promethium]]. Une telle intervention sur la composition d'une étoile serait détectable<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=9}}</ref>.
== Exemples de différents types de Kardashev dans les œuvres de fiction ==


Il est toujours possible que l'humanité puisse détecter les traces d'une civilisation de types I, II ou III disparue. La recherche de traces matérielles de telles civilisations (sphères de Dyson ou moteurs stellaires par exemple), {{citation|alternative intéressante}} au [[SETI|programme SETI]] conventionnel, jete les bases d'une « archéologie cosmique » selon Richard A. Carrigan. Les efforts pour détecter des marqueurs d'intelligence dans l'atmosphère des [[exoplanète]]s (comme le [[Fréon]], l'[[oxygène]] ou même l'[[ozone]], résidus de l'activité [[biotique]] selon les recherche de [[James Lovelock]]<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=7-8}}</ref>) en est l'un des axes prometteurs. Une civilisation observant son étoile mourir (en [[géante rouge]] par exemple) pourrait avoir tenté d'en prolonger l'existence par des mégastructures qui devraient être détectables<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=1-2}}</ref>. Les traces possibles pourraient être des résidus nucléaires, à rechercher au sein des [[type spectral|types spectraux]] allant de [[Étoile blanche de la séquence principale|A5]] à [[Séquence principale|F2]] selon Whitmire et Wright<ref>{{article|langue=en|titre=Nuclear Waste Spectrum as Evidence of Technological Extraterrestrial Civilizations|auteur=D. P. Whitmire et D. P. Wright|année=1980|périodique=Icarus|volume=42|pages=149-156}}</ref>. Ce pourraît être aussi un changement dans le [[isotope|ratio isotopique]], dû à un moteur stellaire, ou encore une modulation spectrale inahbituelle dans la composition de l'astre<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=10-12}}</ref>.
Les auteurs de science-fiction n'ont pas écrit leurs œuvres avec l''''échelle de Kardashev''' en tête, aussi l'estimation des types, ci-après, n'est ni définitive, ni complète, ni absolue. Les civilisations sont classées dans le type dont elles respectent à peu près les critères, et sont en transition, à un stade plus ou moins avancé, vers le type suivant.


=== La transmission intersidérale d'informations ===
* Type Zéro (échelle de la planète-mère<ref>inclus les satellites naturels</ref>)
[[Fichier:Setiathomeversion4point45.png|thumb|Capture d’écran du programme [[SETI@home]]]]
**''[[Vingt Mille Lieues sous les mers]]'', ''[[Voyage au centre de la Terre]]'', ''[[De la Terre à la Lune]]'' de [[Jules Verne]]<ref>Science-fiction à l'époque de l'écriture</ref>.


Les [[SERENDIP|transmissions d'une civilisation extraterrestres]] peuvent être divisées en deux types d'après Kardashev. D'une part il peut y avoir échange d'information entre des civilisations hautement développées ou à des stades d'évolution sensiblement semblables. D'autre part la transmission de l'information peut avoir pour but d'élever le niveau d'autres civilisations moins développées. Si les supercivilisations existent bien, la transmission du premier type doit demeurer inaccessible à notre observation car elles doivent être unidirectionnelles et ne pas être dirigées vers notre système solaire. Au contraire, celles du second type doivent être facilement détectables par nos moyens d'écoute<ref name="Kardashev42"/>. Un signal d'origine artificielle devrait contenir plus de 10 et moins de {{unité|100|[[bit]]s}}. Ces derniers seraient de deux types : ceux transitoires et ceux ​​stables. Plusieurs critères permettent de discriminer un signal d'origine artificielle des autres. D'abord, la région du spectre optimum pour abriter des signaux artificiels est celle où la température du [[fond diffus cosmologique]] est la plus basse<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=48-49}}</ref>. Ensuite, les sources artificielles doivent posséder une taille angulaire minimale. Enfin, l'existence de données suspectes dans les autres régions du spectre (comme la [[polarisation (optique)|polarisation circulaire]], les fréquences radio et optiques ou encore les émissions de [[rayons X]]) peuvent confirmer qu'il s'agit d'une transmission intelligente. Deux sources parmi celles étudiées comportent des paramètres proches de ceux attendus : 1934-63 et [[3C 273|3C 273B]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=51}}</ref>.
* Type I (échelle du système planétaire)
** ''[[3001 : l'Odyssée finale]]'', de [[Arthur C. Clarke]]
** ''[[Les Fontaines du paradis]]'', de [[Arthur C. Clarke]]
** ''[[La Trilogie de Mars]]'', de [[Kim Stanley Robinson]]
** « The Empire of Man » du [[Jerry Pournelle#Série «.C2.A0CoDominium.C2.A0»|CoDominium]], de [[Jerry Pournelle]]
** ''Espace'', de [[Stephen Baxter]]. Les Êtres-humains ont installé des colonies sur plusieurs planètes, lunes et astéroïdes du Système solaire, avec l'aide des Gaijins (robots auto-répliquant).


Pour L.M. Gindilis, il existe deux critères pour qu'un signal soit dit artificiel : l'un lié à la nature artificielle de la source et l'autre lié à un rayonnement particulier, intentionnellement conçu pour assurer la communication et simplifier la détection<ref>{{harvsp|Gindilis1971|texte=L.M. Gindilis, 1971|p=105}}</ref>. Seules les civilisations de type II ou III peuvent communiquer au moyen de transmissions [[isotropie|isotropique]]s et autorisant une réception non-directionnelle. Dans une bande de {{unité|1|MHz}} (ce qui nécessite environ {{unité|10<sup>24</sup> watts}}), la détection de signaux émanant d'une civilisation de type II est possible jusqu'à {{formatnum:1000}} années lumière, alors que les signaux provenant d'une civilisation de type III sont virtuellement détectables dans tout l'[[Univers observable]]<ref>{{harvsp|Gindilis1971|texte=L.M. Gindilis, 1971|p=111-112}}</ref>. Cependant, la construction d'un transmetteur omnidirectionnel assez puissant pour émettre sur une portée de {{formatnum:1000}} années lumière prendrait plusieurs millions d'années. L'énergie requise et la limitation dans sa production constitueraient deux barrières pour achever ce projet dans un délai raisonnable selon V.S. Troitskij<ref>{{harvsp|id=Troitskij1989|texte=V.S. Troitskij, 1989}}</ref>.
* Type II (échelle de la galaxie)
** ''[[L'Anneau-Monde]]'', de [[Larry Niven]]
** ''[[La Saga du Commonwealth|L'Étoile de Pandore]]'', de [[Peter F. Hamilton]]
** La [[Fédération des planètes unies]] (23ème et 24ème siècles), dans [[Star Trek]], avec une taille caractéristique du Type II très avancé
** ''The Forge of God'', de [[Greg Bear]]
** L'empire féodal du ''[[Cycle de Dune]]'', de [[Frank Herbert]]
** ''Espace'' de [[Stephen Baxter]]. Les Gaijins, Les Incendiaires, et de nombreux autres civilisations de la Galaxie s'étendent dans la Galaxie en colonisant chaque système stellaire et en exploitant leurs ressources.
** ''[[Universal War One]]'', de [[Denis Bajram]]


Pour Zoltan Galántai nous ne pourrions pas faire la différence entre un signal intelligent extraterrestre et un signal d'origine naturelle. Par conséquent il ne pense pas que des civilisations de types II, III ou même IV puissent être détectées. Même lorsque l'humanité atteindra le type IV elle sera incapable de détecter une autre supercivilisation de niveau similaire, et nous considérerons leurs modifications de l'Univers comme le résultat de causes naturelles. L'Univers comprend donc peut-être de nombreuses civilisations de type IV mais aucune ne peut parvenir à détecter les autres<ref name="Galantai86">{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=86}}</ref>. Par ailleurs, les dimensions de l'Univers font que ces supercivilisations sont comme des îles éloignées des autres, ce que Dyson définit comme « un Univers à la [[Lewis Carroll]] » (''{{lang|en|a Carroll Universe}}'')<ref name="Galantai87">{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=87}}</ref>.
* Type III (échelle du superamas galactique)
** Le ''[[Cycle de Fondation]]'', d'[[Isaac Asimov]]
** [[La Culture]], de [[Iain Banks|Iain M. Banks]]
** Le ''[[Cycle de l'Élévation]]'', de [[David Brin]]
** Le futur de la [[Fédération des planètes unies]] (29ème et 31ème siècles), dans [[Star Trek]]
** L'[[Alliance des quatre races]] dans l'univers de fiction de [[Stargate]]
** La civilisation galactique de ''[[Star Wars]]'', de [[George Lucas]], de taille caractéristique du Type III
** Les ''Inhibiteurs'' de ''[[L'Espace de la révélation]]'', de [[Alastair Reynolds]]
** ''Les Extra-terrestres de l'univers alterne'' dans l'épisode ''Tunnel at the End of the Light'' de la série TV ''[[Andromeda (série télévisée)|Andromeda]]'' de [[Gene Roddenberry]]
** L'[[Imperium (Warhammer 40,000)]]


Pour Alexander L. Zaitsev, la transmission radio de message interstellaire (IRM) est la plus probablement utilisée par les civilisations. Les radiotélescopes planétaires et installés sur des [[astéroïde]]s permettraient d'écouter au mieux les multiples messages qui pourraient nous être envoyés<ref>{{harvsp|id=Zaitsev2008|texte=Alexander L. Zaitsev, 2008}}</ref>. Le programme SETI scanne actuellement les seuls fréquences et télévisuelles envoyées par une civilisation de type 0, note [[Michio Kaku]]. Par conséquent, notre galaxie est peut-être traversée de communications provenant de civilisations de type II et III mais nos instruments d'écoute peuvent uniquement détecter des messages de type 0<ref name="Kaku2007"/>.
* Type IV et Type V (échelle de l'Univers)
** Les ''Xeelee'', de [[Stephen Baxter]]
** ''[[Les Dieux eux-mêmes]]'', d'[[Isaac Asimov]] (difficile de fixer un type précis)
** L'homme à la fin de ''The Last Question'', d'[[Isaac Asimov]]
** ''Les Danseurs de la fin des temps'' de [[Michael Moorcock]]
** Les [[Anciens (Stargate)|Anciens]] de Stargate après leur ascension, dans [[Stargate SG-1]] (discutable, car leur existence ne se fait plus sur le plan matériel)
** Les [[Forerunners]] de [[Halo]], espèce disparue qui n'a pas eu le temps d'évoluer à un stade supérieur, bien qu'ils auraient très certainement pu le faire.


== Recherche et détection de civilisations ==
* Type VI et Type VII (échelle supérieure à l'Univers)
=== La conférence Byurakan (1964) ===
** Les Précurseurs, dont on apprend beaucoup dans [[Halo: Silentium]] de [[Greg Bear]], qui seraient au Stade 6 ou 7 : ils auraient été présent bien avant la création de l'Univers visible, insufflant et détruisant la vie pour maintenant un équilibre parfait. Ils déplaçaient des galaxies entières, se déplaçaient à travers le temps et l'espace très facilement. Ils auraient défini les lois régissant l'univers.
[[Fichier:Byurakan observatoire.jpg|thumb|L'observatoire astrophysique de Byurakan]]
** Le [[Continuum Q]], dans [[Star Trek]]
** ''[[La Dernière Question]]'' d'[[Isaac Asimov]]
** La ''Civilisation'' du roman ''[[Temps]]'' de [[Stephen Baxter]], descendants très lointains d'[[Homo Sapiens]].
** La ''[[Saga des Hommes-Dieux]]'' de [[Philip José Farmer]].


Depuis 1962, Kardashev est membre d'un groupe de recherche [[SETI]] au ''{{lang|en|Sternberg State Astronomical Institute}}'' de Moscou. En 1964 il organise la première rencontre [[soviétique]] quant à la possibilité de civilisations extraterrestres, qui se tient à l'[[observatoire astrophysique de Byurakan]] en [[Arménie]]<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.daviddarling.info/encyclopedia/K/Kardashev.html|auteur=David Darling|titre=Kardashev|consulté le=19 août 2013}}</ref>. Cette conférence nationale se tient en réponse au séminaire américain dit ''{{lang|en|Green Bank conference}}'' de 1961 (qui a lieu à l'[[observatoire de Green Bank]], aux États-Unis)<ref name="SaganBiography">{{ouvrage|langue=en|titre=Carl Sagan : A Biography|auteur=Ray Spangenburg et Diane Moser|éditeur=Greenwood Publishing Group|année=2004|page=75}}</ref>. Réunissant des [[radioastronomie|radioastronomes]], il a pour objectif d'{{citation|obtenir des solutions techniques et linguistiques rationnelles quant au problème de la communication avec une civilisation extraterrestre qui est plus avancée que la civilisation de la Terre.}} Kardashev y présente sa classification alors que Troitskii annonce qu'il est possible de détecter des signaux émanant d'autres galaxies<ref>{{harvsp|Tovmasyan1967|G.M. Tovmasyan, 1967}}</ref>. Le travail de Kardashev est le centre de l'attention de tous<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=The Biological Universe : The Twentieth Century Extraterrestrial Life Debate and the Limits of Science|auteur=Steven J. Dick|éditeur=Cambridge University Press|année=1999|page=463}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Life on Other Worlds : The 20th-Century Extraterrestrial Life Debate|auteur=Steven J. Dick|éditeur=Cambridge University Press|année=2001|pages=214-216|pages totales=304}}</ref>.
== Relations avec la sociologie et l'anthropologie ==


Pour Kardashev, {{citation|dans les 5-10 prochaines années, toutes les sources de radiation constituant le plus grand flux observable, dans toutes les régions du spectre électromagnétique, auront été découvertes et étudiées}}, la sensibilité des appareils d'écoute ayant en effet atteint leurs limites techniques. Selon lui, la totalité du [[spectre électromagnétique]] sera connue et, par conséquent, la liste des objets pouvant être des sources artificielles pourrait ainsi être étendue. La recherche de signaux artificiels devra alors se concentrer sur les objets de luminosité ou de rayonnement maximum appartenant à une région particulière du spectre mais aussi sur les objets de masse importante, et sur ceux qui représentent l'essentiel de la matière dans l'Univers<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=12}}</ref>. Dès 1971, Kardashev considère que ce constat nécessite de préparer un plan d'écoute et d'analyse qui permette le succès de la recherche de civilisations extraterrestres. L'humanité sera alors en mesure de lever le « [[paradoxe de Fermi|dilemme principal]] » (''{{lang|en|main dilemma}}'') tel qu'il a été énoncé par [[Enrico Fermi]]<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=12}}</ref>. Ce dilemme est, selon l'astronome soviétique, certainement lié à notre manque d'informations et de connaissances<ref name="Kardashev21"/>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=The Biological Universe : The Twentieth Century Extraterrestrial Life Debate and the Limits of Science|auteur=Steven J. Dick|éditeur=Cambridge University Press|année=1999|page=444}}</ref>.
La théorie de Kardashev peut être considérée comme l'extension d'autres [[Sociologie du développement|théories sociales]] et, particulièrement, celle de ''l'évolutionisme social''. Elle se rapproche de la théorie de [[Leslie White]], auteur de ''The Evolution of Culture: The Development of Civilization to the Fall of Rome'' (1959). White a tenté de bâtir une théorie explicative de toute l'histoire de l'humanité. La technologie est le facteur prépondérant de cette théorie : « Les [[technologie|avancées technologiques]] déterminent l'[[organisation sociale]] », écrit White, se faisant l'écho de la thèse plus ancienne de [[Lewis Henry Morgan]]. Il propose comme mesure du niveau d'avancement d'une société la mesure de sa consommation énergétique (qui lui a donné son nom de ''théorie énergétique de l'évolution des cultures''). Il a distingué cinq stades de développement de l'humanité. Dans le premier les hommes utilisent leur seule énergie musculaire. Dans le second, ils se servent d'[[domestication|animaux domestiques]]. Dans le troisième (que White nomme [[révolution agricole]]), ils se servent de l'énergie de la [[biomasse (écologie)|biomasse]] végétale. Dans le quatrième ils apprennent à extraire les [[énergies fossiles]] : le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Finalement, au cinquième stade, ils se servent de l'[[énergie nucléaire]]. White a introduit la formule : P=E×T, où E est l'énergie consommée, et T un coefficient dépendant de l'efficacité des techniques utilisant cette énergie.

Kardashev pense qu'un projet de recherche comme [[projet Ozma|Ozma]] est incapable de détecter une civilisation de type I (idée promue également par Kaplan en 1971<ref name="Kaplan7"/>) et que le projet SETI devrait plutôt se concentrer sur la recherche de signaux radio intenses qui pourraient émaner de civilisations de type II ou III en activité<ref>{{harvsp|id=Galantai2007|texte=Zoltan Galántai, 2007|p=1}}</ref>. Pour prouver que cette approche est efficace, Kardashev a donc porté son attention sur deux radio sources détectées par le ''{{lang|en|[[California Institute of Technology]]}}'' et nomenclaturées CTA-21 et CTA-102. Par la suite, Sholomitskii a utilisé la station de recherche astronomique russe pour examiner les données de CTA-102<ref name="SaganBiography"/>. Il a déterminé que cette [[radiosource]] se distingue par sa variabilité. Kardashev a considéré que cela pouvait constituer l'indice d'une source d'émission artificielle, bien que de durée de vie assez courte<ref name="Darling"/>.

=== Vers une « eschatologie physique » ===

Les connaissances de ces supercivilisations hypothétiques doivent s'inscrire dans un large éventail de [[physique|lois physiques]], qui contient l'intégralité de nos connaissances actuelles, les développements technique et scientifique de l'humanité pouvant être considérés comme un stade inévitable et nécessaire dans le processus d'évolution d'une [[civilisation]]. Sur ce principe, Kardashev propose de définir plusieurs concepts applicables aux civilisations extraterrestres<ref name="Kardashev23">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=23}}</ref>. Les lois physiques, universelles, peuvent être utilisées comme une base commune pour comprendre les autres civilisations et, en particulier, nous permettre de développer un programme de recherche objectif<ref name="Kardashev56"/>. [[Michio Kaku]] considère lui aussi que le développement des civilisation obéit aux {{citation|lois d'airains de la physique}} et en particulier aux lois de la [[thermodynamique]], à celles de la matière stable ([[matière baryonique]]) et à celles de l'[[système solaire|évolution planétaire]] (probabilité de survenue de catatrophes naturelles ou cosmiques)<ref name="Kaku2007">{{harvsp|id=Kaku2007|texte=Michio Kaku, 2007}}</ref>. Le [[entropie|principe entropique]] permet également de prévoir les caractéristiques sociologiques aux fondements de toute civilisation<ref>{{harvsp|id=BozhilovDuncan2010|texte=V. Bozhilov et Duncan H. Forgan, 2010}}</ref>.

Cependant, ces lois universelles ne sont pas le seul paramètre à prendre en compte. Zoltan Galántai explique ainsi qu'{{citation|il est impossible de calculer le futur de l'Univers sur de longues périodes sans inclure les effets de la vie et de l'intelligence}}, position proche de celle adoptée par le mathématicien [[Freeman Dyson]]<ref>{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=84}}</ref>. La prise en compte de ces deux phénomènes, les lois physiques universelles et l'[[intelligence]] issue de la vie, définissent une « eschatologie physique » (''{{lang|en|Physical eschatology}}'') selon l'expression de Galántai. Cette approche débute dans les années 1970 avec les travaux de Kardashev, puis l'[[eschatologie]] physique a peu à peu intéressé nombre de scientifiques et de penseurs, note Dyson<ref name="Galantai85">{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=85}}</ref>.

=== Une définition fonctionnelle de la civilisation ===
[[Fichier:KScale-fr.svg|thumb|upright=2|[[Projection (économie)|Projection]] de l'échelle de Kardashev jusqu'en 2040 d'après les données de l{{'}}''{{lang|en|International Energy Agency World Energy Outlook}}'']]

L'observation du développement des [[organismes vivants]] montre qu'ils sont caractérisés par la tendance à emmagasiner une quantité maximum d'[[Théorie de l'information|information]]s, à propos de l'environnement et à propos d'eux-mêmes. Puis cette information donne lieu à une analyse abstraite, ce qui joue un rôle important dans le développement des formes de vie. Kardashev définit donc la civilisation dans une perspective fonctionnelle comme : {{citation|un état de matière très stable capable de faire l'acquisition, l'analyse abstraite et d'appliquer l'information dans le but d'en extraire les données concernant l'environnement et elle-même, afin de développer des réactions de survie}}<ref name="Kardashev23"/>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=23}}</ref>. Cependant, cette définition [[pragmatisme|fonctionnelle]] de la civilisation sous-entend qu'elle ne peut avoir de [[finalité|fin]] puisqu'elle repose sur le principe qu'elle accumule toujours plus d'informations. Reprenant les catégories de von Hoerner, Kardashev entrevoit quatre scénarios possibles concernant le développement de civilisations : 1) la destruction totale de la vie, 2) la destruction de la vie intelligente seulement, 3) la dégénérescence, et 4) la perte d'intérêt. Toutefois il refuse d'y voir des fins inévitables. Or poser comme principe que la seule limite au développement d'une civilisation ne peut être que l'existence d'une quantité finie d'informations, et ce dans tous les domaines, est tout aussi erroné puisqu'il est hautement improbable que l'information soit infinie dans l'Univers<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=24}}</ref>. Compte-tenu des ces deux [[hypothèse]]s, Kardashev avance qu'il n'y a pas de civilisation universelle (supercivilisation) parce que les civilisations hautement évoluées perdent tout intérêt à la recherche spatiale. En tout état de cause, et en dépit du problème des fins des civilisations, Kardashev conclut, à la lumière de sa définition fonctionnelle de la civilisation avancée, que cette dernière doit utiliser une masse et une énergie sur des échelles fantastiques. Rien ne permet, selon lui, de dénoncer l'hypothèse que l'[[expansion de l'Univers]] ne serait pas un effet de l'activité intelligente d'une supercivilisation<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=25}}</ref>.

=== La civilisation humaine : modèle d'extrapolation ===

Kardashev se pose la question suivante : {{citation|Peut-on décrire dans ses grandes lignes le développement d'une civilisation
sur des périodes cosmologiques importantes ?}} Or nous savons que beaucoup de paramètres fondamentaux, caractérisant le développement de la civilisation sur Terre, croissent de manière [[exponentiel]]le. Dans le domaine de l'énergie, l'astronome Don Goldsmith a estimé que la Terre reçoit environ un milliardième de l'énergie du soleil, et que les humains en utilisent environ un millionième. Donc, nous consommons environ un million de milliardième de l'énergie totale du Soleil. Notre expansion étant exponentielle nous pouvons déterminer combien de temps il faudra pour que l'humanité passe du type II au type III selon [[Michio Kaku]]<ref name="Kaku2007"/>. Le taux de développement de notre propre monde demeure donc le seul critère pour [[extrapolation|extrapoler]] l'état de civilisations plus anciennes que l'humanité<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=15}}</ref>. Il en est de même en ce qui concerne les valeurs sociales et les besoins fondamentaux d'après Ashkenazi<ref>{{harvsp|id=Ashkenazi1998|texte=M. Ashkenazi, 1998}}</ref>. Par conséquent, le temps pour doubler la connaissance technique est d'environ dix ans, pour doubler la puissance énergétique, les réserves disponibles et la population est d'environ 25 ans. Deux scénarios sont alors possibles : l'expansion spatiale ou la stagnation énergétique, cette dernière n'étant encore possible que pendant 125 ans estime Kardashev, qui utilise cette relation (avec un taux d'accroissement alpha de 1.04) :

<math>t = \frac{\log \left(P/P_o\right)}{\log \alpha}</math>

où : « P » est un paramètre qui accroît annuellement, « Po » est un facteur qui accroît en « t » années selon : <math>P = P_o \alpha^t</math>.

Si ce taux d'accroissement alpha de {{unité|1.04}} est maintenu, la consommation énergétique de l'humanité dépassera : la quantité d'énergie solaire rayonnée après 240 ans, l'énergie totale du [[Soleil]] après 800 ans, et celle de l'énergie rayonnée par la galaxie entière après {{formatnum:1500}} ans<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=26}}</ref>. Kardashev conlut que la croissance exponentielle actuelle constitue une phase de transition dans le développement d'une civilisation, et qu'il est inévitablement limité par des facteurs naturels. De fait, la [[masse]] et l'[[énergie]] requises augmenteront exponentiellement également et ce pendant encore {{formatnum:1000}} ans estime-t-il. La civilisation est donc définie par un taux d'accroissement exponentielle<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=27}}</ref>. L'humanité comme modèle pour penser le développement des civilisations extraterrestres présente des limites, dépassables véritablement par une [[pluridisciplinarité|approche multidisciplinaire]] d'après les travaux de Kathryn Denning<ref>{{harvsp|id=Denning2011|texte=Kathryn Denning, 2011}}</ref>.

=== Recherches menées ===
[[Fichier:Arecibo Observatory Aerial View.jpg|thumb|upright=1.5|Le [[radiotélescope d'Arecibo]], sur l'île de [[Porto Rico]], haut lieu de la recherche [[SETI]]]]
{{article détaillé|contenu=La section « [[Sphère de Dyson#Observations astrophysiques|Observations astrophysiques]] » de l'article « [[Sphère de Dyson]] » est un complément indispensable}}

==== Kardashev et Sholomitskii (1963) ====

En 1963, [[Nikolaï Kardashev]] et A. G. Sholomitskii étudient depuis le ''{{lang|en|Crimea Deep Space Station}}'' la [[radiosource]] CTA 102 sur la bande des {{unité|920|Mhz}}, à la recherche de signes d'une civilisation de type III<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Life on Other Worlds : The 20th-Century Extraterrestrial Life Debate|auteur=Steven J. Dick|année=2001|éditeur=Cambridge University Press|page=222}}</ref>. CTA 102 avait été découvert par Sholomitskii un an auparavant et Kardashev y avait vu rapidement une source artificielle possible à étudier pour valider sa classification. L'observation dure jusqu'en février 1965 et, le 12 avril, Sholomitskii annonce à la presse (via l'[[ITAR-TASS]] russe) que des astronomes soviétiques ont découvert un signal qui pourraît être d'origine extraterrestre. Le 14 avril il donne une conférence à Moscou où il réitère son annonce mais en novembre 1964 deux astronomes américains identifient CTA 102 comme étant un [[quasar]], classant définitivement l'« affaire CTA 102 »<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Extraterrestrial Intelligence|auteur=Jean Heidmann|éditeur=Cambridge University Press|année=1997|pages totales=243 pages|pages=150-151}}</ref>. C'est l'étude de ce quasar qui a conduit à la conférence de Byurakan, en 1964<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=A Brief History of Radio Astronomy in the USSR : A Collection of Scientific Essays|auteur=Collectif|éditeur=Springer|année=2012|pages totales=273 pages|page=96-97}}</ref>.

==== Drake et Sagan (1975-1976) ====

En 1975 et 1976, les astronomes américains [[Frank Drake]] et [[Carl Sagan]] recherchent des signes de civilisations de type II à [[Arecibo]] parmi quatre galaxies du [[groupe local]] : [[M33]], [[M49]], [[Leo I]] et [[Leo II]]<ref>{{harvsp|id=SaganDrake|texte=Carl Sagan et Francis Drake, 1975}} (étude non publiée)</ref>{{,}}<ref name="tableauFreitas">Tableau « {{lang|en|24.3 SETI Searches Through 1978}} », dans {{lien web|langue=en|url=http://www.xenology.info/Xeno/24.2.5.htm|titre=Xenology : An Introduction to the Scientific Study of Extraterrestrial Life,Intelligence, and Civilization|année=2008|auteur=Robert A. Freitas|site=xenology.info|consulté le=28 août 2013}}</ref>. L'année précédente, les deux hommes avaient envoyé le [[message d'Arecibo|premier message de l'humanité]] en direction de [[M13]]<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Critical Issues in the History of Spaceflight|auteur=Steven J. Dick et Roger D. Launius|éditeur=Government Printing Office|année=2006|page=96}}</ref>. Les résultats donnent lieu à une publication : « ''{{lang|en|The Search for Extraterrestrial Intelligence}}'' » dans la revue ''{{lang|en|Scientific American}}'' de mai 1975.

==== Kardashev, Troitskii et Gindilis (1976) ====

En 1976, au radiotélescope RATAN-600, dans le nord Caucase, Kardashev, Troitskii et Gindilis ont recherché des signaux de civilisations de types II ou III dans la [[Voie lactée]] et dans d'autres galaxies proches<ref name="tableauFreitas"/>. Le radiotélescope a été construit en 1966, sous la supervision de Gindilis, pour écouter dans les longueurs d'onde centimétriques<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=A Brief History of Radio Astronomy in the USSR : A Collection of Scientific Essays|auteur=Collectif|éditeur=Springer|année=2012|pages totales=273 pages|page=101-102}}</ref>.

==== Cohen, Malkan et Dickey (1978) ====

En 1978, Cohen, Malkan, Dickey recherchent des signaux passifs de civilisations de types II ou III au sein de 25 [[amas globulaires]], à Arecibo<ref name="tableauFreitas"/>. Les résultats donnent lieu à une article, « ''{{lang|en|A passive SETI in globular clusters at the hydroxyl and water lines}}'' », publié dans la revue ''{{lang|en|Icarus}}'' en 1980.

==== Tarter, Kardashev et Slysh (1987) ====

En 1987, [[Jill Tarter|Tarter]], Kardashev et Slysh utilisent le [[Very Large Array|VLA]] pour détecter d'éventuelles sources infrarouges situées près du centre galactique et issues du catalogue établi au moyen du télescope [[Infrared Astronomical Satellite|IRAS]]. Les trois hommes sont à la recherche de preuves d'hypothétiques [[sphère de Dyson|sphères de Dyson]]. Les objets s'avèrent être des étoiles de type [[hydroxyle|OH]]/[[infrarouge|IR]]<ref name="tableauFreitas"/>{{,}}<ref>{{lien web|langue=en|url=https://observations.seti.org/observations/193|titre=Observation Begin date: 1987 |site=SETI observations|consulté le=30 août 2013}}</ref>.

==== Annis (1999) ====
[[Fichier:ngc4414_hst.jpg|right|thumb|Aucune source artificielle caractéristique d'une civilisation de type III n'a été détectée parmi les 31 galaxies spirales observées par Annis en 1999.]]

Une recherche à petite échelle destinée à isoler des sources possibles appartenant au type III a été menée par James Annis en 1999 et publiée dans le ''{{lang|en|Journal of the British Interplanetary Society}}'' sous le titre : « ''{{lang|en|Placing a limit on star-fed Kardashev type III civilisations}}'' »<ref>{{harvsp|id=Annis1999|texte=James Annis, 1999}}</ref>. Astrophysicien au [[Fermilab]] (États-Unis), Annis a étudié un échantillon de 31 galaxies, [[galaxie spirale|spirales]] et [[galaxie elliptique|elliptiques]], en utilisant le [[Loi de Tully-Fisher|diagramme de Tully-Fisher]] dans lequel l'amplitude absolue est représentée en fonction de la vitesse de rotation des galaxies. Annis a suggéré que 75% des objets les moins lumineux (à savoir témoignant d'une baisse de {{unité|1.5}} de [[magnitude absolue]] en comparaison du diagramme) pourrait être considérés comme de possibles candidats. Cependant, aucun objet ayant cette caractéristique n'a été observé lors de son enquête<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=14}}</ref>{{,}}<ref name="Semay25"/>. D'autre part, Annis utilise les données astronomiques disponibles pour estimer la probabilité qu'une civilisation de type III puisse exister. Il montre que la durée moyenne pouvant permettre l'émergence d'une telle civilisation est de {{unité|300|milliards d'années}}, par conséquent aucune ne peut exister dans notre Univers actuel<ref>{{harvsp|id=Beech|texte=Martin Beech, 2007|p=21}}</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=17}}</ref>.

==== Calissendorff (2010) ====
Per Calissendorff a mené une étude sur un échantillon de galaxies spirales issues de deux bases de données : {{formatnum:4861}} issues du catalogue ''{{lang|en|Spiral Field I-band}}'' (SFI++ établi par Springob et al. en 2005) et 95 issues de celui de Reyes et al. en 2011<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=10-14}}</ref>.

La même procédure que celle d'Annis a été suivie, mais l'échantillon de galaxies utilisé est 80 fois plus important que celui à la base de l'étude d'Annis<ref name="Calissendorff30">{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=30}}</ref>. Quelques sources ont été classées comme « déséquilibrées » (''{{lang|en|lopsided}}'') : elles apparaissent [[asymétrique]]s dans leurs formes, ce qui signifie qu'un côté du [[disque galactique]] est plus massif et moins lumineux que l'autre. Cette caractéristique pourrait être, selon Calissendorff, l'indice que la galaxie abrite une civilisation qui a placé des sphères de Dyson dans sa majeure partie. Ceci peut s'expliquer par le fait que la colonisation parte d'un côté du disque galactique, le faisant apparaître plus sombre, et faisant croire à un observateur lointain que le noyau s'est déplacée vers ce même côté<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=26}}</ref>. Par ailleurs, une galaxie abritant des sphères de Dyson devrait être caractérisée par une importante source d'[[infrarouge]] lointain<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=28}}</ref>. Reste qu'une civilisation de type III peut avoir recours à l'énergie au moyen d'une sphère de Dyson sans enserrer une étoile. En effet, de telles [[mégastructure]]s pourraient également extraire l'énergie d'un [[trou noir]], selon l'étude de Inoue et Yokoo (2011). Ce genre de construction ne diminuerait toutefois pas la luminosité d'une galaxie observée<ref name="Calissendorff29">{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=29}}</ref>. L'étude de Calissendorff conclut que 11 des sources analysées (sur un catalogue de {{formatnum:2411}} galaxies, soit {{unité|0.46}}%) peuvent constituer des indices possibles d'une civilisation de type III<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=27}}</ref>. En recherchant des objets opacifiant 90% de la lumière, alors il ne reste plus qu'une seule source répondant aux critères<ref name="Calissendorff29"/>. Ces sources positives accusent un faible [[redshift|décalage vers le rouge]] (donc elles sont anciennes, d'environ {{unité|100|millions d'années}}), ce qui correspond avec de possibles civilisations de type III, qui n'ont pu fleurir que tôt dans le passé<ref name="Calissendorff30"/>.

Pour avoir davantage de chances de détecter des sources artificielles de type III, Calissendorff suggère de prendre plusieurs photographies de suite, assez rapidement pour fixer le mouvement des turbulences dans l'atmosphère, d'appliquer différents [[photométrie (astronomie)|filtres photométriques]] et de rechercher des zones sombres (cas d'une sphère de Dyson en cours d'assemblage par une civilisation de type II), ou encore analyser le spectre infrarouge des galaxies. Un échantillon beaucoup plus important d'objets devrait être étudié<ref>{{harvsp|id=Calissendorff2010|texte=Per Calissendorff, 2010|p=31}}</ref>.

=== Des critères d'écoute possibles ===
==== Point de vue de Kardashev ====
Selon Kardashev, notre méconnaissance en ce qui concerne les possibilités physiques de communiquer à travers l'espace est grande<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=20-21}}</ref>. Nous ne connaissons en effet qu'une fraction négligeable du [[spectre électromagnétique]] et, donc, des sources d'informations existantes dans l'Univers<ref name="Kardashev19"/>. Ainsi, parmi les 89% d'information qu'il nous manque, 42% concernent la région allant de {{unité|10<sup>9</sup>}} à {{unité|10<sup>14</sup> Hz}} (ondes centimétriques, millimétriques, submillimétriques et infrarouges) et 25% concernent celle entre {{unité|10<sup>15</sup>}} et {{unité|10<sup>18</sup> Hz}} (radiations ultraviolet et rayons X<ref name="Kardashev21">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=21}}</ref>. Kardashev distingue deux catégories de domaines d'écoute : les objets émettant sur un large spectre de fréquence (de largeur de spectre) et les objets émettant au contraire dans une [[raie spectrale]] étroite, cette seconde catégorie posant beaucoup plus de problèmes théoriques que la première tout en étant centrale, à la fois pour l'[[astrophysique]] et pour la recherche de civilisations extraterrestres<ref name="Kardashev19"/>. En dépit des avancées en astrophysique, les informations disponibles demeurent insuffisantes pour démontrer l'absence de supercivilisations, partant de l'incapacité à observer des signes d'activité. Toutefois, en raison de la possibilité que des sytèmes planétaires soient beaucoup plus anciens que le nôtre, et en considérant que des objets cosmiques comme les [[quasar]]s soient en fait des produits de l'activité de supercivilisations, un programme détaillé d'écoute et de recherche de signes intelligents demeure valable<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=21}}</ref>. Ce programme comprend<ref name="Kardashev55">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=55}}</ref> :

* la surveillance du ciel sur 3, 10, 30, 100, et {{unité|300|microns}} et en particulier sur 1, 3, {{unité|10|mm}} de façon à identifier cent des plus puissantes sources parmi celles observées et sur chaque fréquence ;
* étudier en détail les propriétés des quasars et autres objets suspect ;
* rechercher des anomalies monochromatiques parmi les radio sources les plus puissantes (comme une raie d'émission hydroxyle), dans la bande décimétrique ;
* recherche des signaux pulsés ([[pulsar]]s) d'origine interstellaire, dans la même bande ;
* recherche des signaux monochromatiques de fréquences variables, toujours dans la même bande.

Selon Kardashev, seul un [[interférométrie|radio interféromètre]] à la base, soit de l'ordre ou soit plus large, que le diamètre de la Terre, positionné dans l'espace orbital, permettrait d'écouter les fréquences centimétriques et décimétriques<ref name="Kardashev56"/>. Une fois qu'un nombre de sources suspectes a été sélectionné, il s'agit ensuite de rechercher des contenus signifiants parmi les rayonnements desdits objets<ref name="Kardashev56">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=56}}</ref>. En 1998, Nikolaï Kardashev, S.F Likhachev et V.I Zhuravlev ont proposé deux projets spatiaux [[SETI]] pour détecter des sources artificielles : le projet ''{{lang|en|Millimetron}}'' (observatoire en orbite comprenant un miroir de {{unité|10|m}} de diamètre) et le télescope optique ''{{lang|en|VLBI optical telescope}}'' (pour la synthèse [[interférométrie|interférométrique]] d'images en ultraviolet, optique et infrarouge)<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1998|Nikolaï Kardashev, 1998}}</ref>.

==== Autres pistes ====
[[Fichier:A Swarm of Ancient Stars - GPN-2000-000930.jpg|thumb|Les amas globulaires regroupent des [[Naissance des étoiles|pouponnières d'étoiles]]. Ils constitueraient selon Richard A. Carrigan une zone de recherche SETI privilégiée (ici, [[M80]]).]]

Pour S. A. Kaplan, {{citation|le critère le plus fiable}} demeure la faible [[diamètre angulaire|dimension angulaire]] de la source radio. La [[longueur d'onde]] des {{unité|21|cm}}, privilégiée depuis 1959, suite à l'étude de Cocconi et Morrison n'est pas la seule région d'écoute. Kaplan, en 1971, cite également la région radio du spectre, caractérisée par le [[hydroxyle|radical hydroxyle]] (OH)<ref name="Kaplan7">{{harvsp|id=Kaplan, 1971|A.S. Kaplan, 1971|p=6-7}}</ref>. Pour Livio les moyens de détection devraient se focaliser sur les [[amas globulaires]], régions les plus susceptibles d'abriter des planètes similaires à la Terre<ref>{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=3}}</ref>.

Pour Guillermo A. Lemarchand, les civilisations extraterrestres ne doivent pas recourir à un transmetteur omnidirectionnel. Il faut plutôt rechercher des signaux de faibles informations, intermittents et unidirectionnels. Les civilisations extraterrestres doivent certainement utiliser l'[[interférométrie]] en pointant des systèmes solaires où la vie peut apparaître. Nous pouvons espérer capter de tels signaux à des distances allant jusqu'à [35 + (tf-2000)/2] années lumière (où [[tf]] est la date d'observation en années, sachant que tf ≥ 2000)<ref>{{harvsp|id=Lemarchand2000|texte=Guillermo A. Lemarchand, 2000|p=162}}</ref>. Il existe cependant quantité de techniques pour transmettre un message intersidéral, qui vont des [[boson]]s aux [[particule]]s voire même aux [[antiparticule]]s<ref>{{harvsp|d=Lemarchand1995|texte=Guillermo A. Lemarchand, 1995|p=2}}</ref>.

Une source artificielle située dans le [[disque d'accrétion]] d'un [[trou noir supermassif]] ne serait pas détectable par les faisceaux utilisés pour le transfert de l'énergie collectée. En effet la probabilité de détecter un rayon d'un [[micron]] d'[[parsec|arc-seconde]] est inférieure à {{unité|10|<sup>-23</sup>}}. De surcroît l'énergie émise par le trou noir ne permettrait pas de détecter celle utilisée par la civilisation de type III. Par contre le système de [[réflexion optique]] des rayonnements pourrait être détecté par l'ombre qu'il produit sur le disque d'accrétion<ref>{{harvsp|id=Inoue, 2011|texte=Makoto Inoue et Hiromitsu Yokoo, 2011|p=3}}</ref>.

Une civilisation de type III ayant recours à une « bulle de Fermi » serait détectable par le fait qu'elle diminue la luminosité d'une région de la galaxie. Une observation infrarouge permettrait de la mettre en évidence, en particulier dans les [[galaxie elliptique|galaxies elliptiques]], suggère Annis<ref name="Carrigan18">{{harvsp|id=Carrigan2010|texte=Richard A. Carrigan, 2010|p=18-19}}</ref>.

=== Objets « suspects » ===
[[Fichier:Quasar 3C 273.jpg|thumb|left|Le quasar [[3C 273]], le plus lumineux jamais observé.]]

Le quasar 3C 9 est cité par Kardashev dès 1971<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=16}}</ref>. L'étude du quasar [[3C 273]] montre qu'une structure solide le compose. D'autres quasars (3C 279, 3C 345, 3C 84) ont des propriétés proches de celles attendues par une source artificielle, d'autant plus que les émissions sont puissantes dans la région intermédiaire du spectre (entre les fréquences radio et celles optiques)<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=34}}</ref>. Les quasars constituent des sources artificielles potentielles, d'autant plus que leur âge correspond aux possibilités techniques de supercivilisations. Les sources radio situées au centre des galaxies peuvent aussi être des sources artificielles selon Kardashev<ref>{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=37-38}}</ref>, même s'il est démontré aujourd'hui qu'il s'agit de [[trou noir supermassif|trous noirs supermassifs]]. En 1971, Kardashev considérait que les objets constituant les sources artificielles les plus probables pourraient être découvertes dans les prochaines années<ref name="Kardashev19">{{harvsp|id=Kardashev, 1971|Nikolaï Kardashev, 1971|p=19}}</ref>.

L'extraordinaire périodicité des émissions provenant des [[pulsar]]s a été prise, dès 1968, par le découvreur du premier d'entre eux ([[PSR B1919+21|CP 19019]]), [[Antony Hewish]], pour des sources artificielles. La presse de l'époque a d'ailleurs surnommé cet objet « LGM-1 » (pour « ''{{lang|en|little green men}}'' »), suite à la maladresse d'Hewish, qui n'a pas attendu les vérifications nécessaires. Kaplan, en 1971, retire le pulsar de la liste des objets pouvant constituer une source d'origine artificielle<ref name"Kaplan7">{{harvsp|id=Kaplan, 1971|A.S. Kaplan, 1971|p=7}}</ref>.

En 2011 James et Dominic Benford examinent les possibilités qui existent pour différencier les pulsars d'éventuels sources artificielles émettant des signaux intelligents comme : la bande passante (des signaux d'environ {{unité|100|MHz}} pourraient être artificiels), la longueur d'impulsion (pour diminuer les coûts, l'impulsion devrait être courte) et la fréquence ({{unité|10|GHz}} environ, pour des raisons économiques également). La [[radiosource]] PSR J1928+15 (observée en 2005 près du [[disque galactique]], sur une fréquence de {{unité|1.44|GHz}}, à [[radiotélescope d'Arecibo|Arecibo]]) pourrait être d'origine extraterrestre. James et Dominic Benford étudient trois scénarios dans lesquels le facteur coût est pris en considération. Dans l'hypothèse où la source est à coût optimisé, elle appartient à une civilisation de type {{unité|0.35}} (la Terre étant de type {{unité|0.73}}). Si elle est à coût non optimisé et fonctionne par une petite antenne, le type est de {{unité|0.86}}. Avec une grande antenne, elle serait issue d'un type {{unité|0.66}}. Selon cette méthode coût/efficacité, on peut estimer que les sources de faible intensité sont certainement les plus répandues, mais sont aussi les plus difficiles à observer<ref>{{harvsp|id=Benford2011|texte=James Benford et Dominic Benford, 2011}}</ref>.

== Dans la science-fiction ==

L'échelle de Kardashev est un concept populaire dans la [[science-fiction]]<ref>{{harvsp|id=Jones2012|texte=Christopher Jones, 2012|p=1}}</ref>. Les auteurs y font allusion tout en prenant des libertés envers la gradation élaborée par l'astronome russe.

=== Type I ===


=== Type II ===
Le type II est caractérisé par des civilisations capables d'essaimer dans la galaxie. Le meilleur exemple connu est la [[Fédération des planètes unies]] de l'univers de [[Star Trek]], une [[république fédérale]] interplanétaire, qui à la fin du 24{{e}} siècle, compte plus de 150 planètes membres (entités politiques) et plusieurs milliers de colonies réparties dans un rayon de {{formatnum:8000}} [[année-lumière|années-lumière]] s'étalant sur les [[Quadrant (Star Trek)#Quadrant Alpha|Quadrants Alpha]] et [[Quadrant (Star Trek)#Quadrant Bêta|Bêta]] de la [[Voie Lactée]]. Cette civilisation est suffisamment avancée pour utiliser l'énergie d'une étoile, voyager à des vitesses supraluminiques et même accomplir des déplacements temporels (ce qui la rapproche du type III)<ref>{{harvsp|id=Jones2012|texte=Christopher Jones, 2012|p=2}}</ref>. C'est également le cas de ''[[L'Anneau-Monde]]'' de [[Larry Niven]]<ref>{{ouvrage|langue=en|titre=Teaching Science Fact with Science Fiction|auteur=Gary Raham|éditeur=Libraries Unlimited|année=2004|page=97}}</ref>.

=== Type III ===
D'autres récits de science-fiction présentent des civilisations sur la route de l'expansion vers le reste de l'Univers. Kaku donne l'exemple de la civilisation décrite par [[Isaac Asimov]] dans le ''[[Cycle de Fondation]]''. Ayant terminé de coloniser l'intégralité de la galaxie, cette supercivilisation a une durée de vie de plusieurs millénaires. Le [[Continuum Q]], dans [[Star Trek]], est également un exemple de type III<ref>{{harvsp|id=Jones2012|texte=Christopher Jones, 2012|p=3}}</ref>.

=== Type IV et Type V ===
Ces civilisations ont terminé l'aménagement du superamas galactique local voire de l'Univers entier. La civilisation galactique de ''[[Star Wars]]'', de [[George Lucas]], de taille caractéristique du type IV<ref name="Galantai87"/>.

=== Type VI et Type VII ===
Plusieurs récits présentent des civilisations ayant évolué vers la [[déité]] et capable de créer des univers à volonté par la provocation de Big Bangs artificiels préalablement paramétrés, ou pour changer les lois de la Nature. La nouvelle ''{{lang|en|A Billion Year to Doomsday}}'' (1975)des frères Arkady et [[Boris Strugatsky]] présente une civilisation ayant pour projet de modifier les lois physiques<ref>{{harvsp|id=Galantai2004|texte=Zoltan Galántai, 2004|p=89}}</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
{{traduction/Référence|en|Kardashev scale|538412698}}
{{Références}}

=== Notes ===
{{Références|colonnes = 2|group=Notes}}

=== Références ===
{{Références|colonnes=2}}


== Annexes ==
== Annexes ==
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* [[Vie extraterrestre]]
* [[Vie extraterrestre]]
* [[Paradoxe de Fermi]]
* [[Paradoxe de Fermi]]
* [[Signal Wow!]]
* [[Sphère de Dyson]]
* [[Sphère de Dyson]]
* [[Principe anthropique]]
* [[Principe anthropique]]
* [[Astrosociobiologie]]
* [[Astrosociobiologie]]
* [[Trois lois de Clarke]]
* [[Vie extraterrestre#L’équation de Drake|Équation de Drake]]
* [[Histoire des sciences]]
* [[Singularité technologique]]
* [[Singularité technologique]]
* [[Futurologie]]
* [[Futurologie]]
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
* {{en}} ''[http://www.daviddarling.info/encyclopedia/K/Kardashevciv.html Kardashev civilizations]''
* [http://www.universcience.tv/video-echelle-de-kardashev-5471.html Vidéo présentant l'échelle de Kardashev sur le site ''universcience'']
* {{en}} [http://longfuture.inno.bme.hu/long_futures_article1.pdf longfuture.inno.bme.hu] {{Pdf}}
* {{en}} [http://www.coseti.org/lemarch1.htm Detectability of Extraterrestrial Technological Activities]''
* {{en}} ''[http://www.aeiveos.com/~bradbury/ETI/Authors/Freitas-RA/Xenology/Chptr15/Chp15.html Energy and Culture]''
* {{en}} ''[http://www.ibiblio.org/astrobiology/index.php?page=concepts04#1 Flash Animation on Civilizations]''
* {{en}} [http://www.paulhawken.com/ph/Write/Write.html Site de Paul Hawken]


=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
==== Articles ====
* {{article|langue=en|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|titre=Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations|périodique=Astronomicheskii Zhurnal|numéro=41|page=282|année=1962}}

* {{en}} [http://www.aeiveos.com/~bradbury/ETI/Authors/Kardashev-NS/ToIbEC.html Kardashev, N. S. ''Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations''], Soviet Astronomy, 8, 217 (1964)
* {{article|id=Annis1999|langue=en|titre=Placing a limit on star-fed Kardashev type III civilisations|auteur=James Annis|périodique=Journal of the British Interplanetary Society|volume=52|année=1999|pages=33-36}} {{plume}}
* {{en}} [http://www.astrobio.net/news/modules.php?op=modload&name=News&file=article&sid=939&mode=thread&order=0&thold=0 www.astrobio.net]
* {{article|id=Ashkenazi1998|langue=en|titre=On the applicability of human cultural models to extraterrestrial intelligence civilizations|périodique=Acta Astronautica|volume=42|numéro=10–12|date=mai-juin 1998|pages=739-743|auteur=M. Ashkenazi}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://hypertextbook.com/facts/1998/MarvinRusinek.shtml Energy Consumption of Europe]''
* {{article|id=Badescu2000|langue=en|auteur=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart|titre=Stellar engines for Kardashev's Type II Civilization|périodique=Journal of the British Interplanetary Society|numéro=53|pages=297-306|année=2000}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://www.hawaii.gov/dbedt/ert/femp/cannonfiles/sld006.htm Wind Powering America]''
* {{article|id=Badescu2006|langue=en|auteur=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart|titre=Use of Class A and Class C stellar engines to control Sun movement in the galaxy|périodique=Acta Astronautica|numéro=58|année=119-129|année=2006|doi=10.1016/j.actaastro.2005.09.005}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://web.idrc.ca/en/ev-64514-201-1-DO_TOPIC.html Clean Energy for Planetary Survival: International Development Research Centre]''
* {{article|Badescu2006b|langue=en|auteur=Viorel Badescu et Richard B. Cathcart|titre=Stellar Engines and the Controlled Movement of the Sun|pages=251-280|périodique=Macro-Engineering Water Science and Technology Library|année=2006|volume=54|doi=10.1007/1-4020-4604-9_12}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://www.lbl.gov/Science-Articles/Archive/global-warming.html LBL Scientists Research Global Warming]''
* {{lien web|id=Badescu2012|langue=en|auteur=Viorel Badescu|titre=Space travel with solar power and a Dyson sphere|site=Astronomy Today|url=http://www.astronomytoday.com/exploration/solartravel.html|consulté le=26 août 2012}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://www.oit.doe.gov/e3handbook/appenf.shtml E³ Handbook]
* {{chapitre|id=Benford2011|langue=en|titre=How can we distinguish transient pulsars from SETI beacons ?|titre ouvrage=Communication with Extraterrestrial Intelligence|éditeur=SUNY Press|année=2011|pages totales=500|lire en ligne=|format=PDF|auteur=James Benford and Dominic Benford|pages=294-305}} {{arxiv|arXiv:1003.5938v2}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://web.gat.com/hydrogen/images/pdf%20files/clarke_h2_energy_systems.pdf Clarke H2 energy systems]''
* {{article|langue=en|id=BozhilovDuncan2010|titre=The Entropy Principle, and the Influence of Sociological Pressures on SETI|auteur=V. Bozhilov et Duncan H. Forgan|année=2010|périodique=International Journal of Astrobiology|volume=9|numéro=3|pages=175-181|doi=10.1017/S1473550410000133}} {{plume}}
* {{en}} [http://www.amacad.org/publications/bulletin/fall2003/holdren.pdf www.amacad.org]
* {{article|langue=en|id=Carrigan2010|titre=Starry Messages: Searching for Signatures of Interstellar Archaeology|périodique=Journal of British Interplanetary Society|numéro=90|volume=63|date=2010|pages=121-126|auteur=Richard A. Carrigan Jr.}} {{arxiv|1001.5455}} {{plume}}
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* {{en}} [http://www-personal.umich.edu/~rcnh/gs102/EnergyEquiv.html www-personal.umich.edu]
* {{chapitre|langue=en|titre=Astrobiological Phase Transition: Towards Resolution of Fermi’s Paradox|titre ouvrage=Origins of Life and Evolution of Biospheres|volume=38|numéro=6|année=2008|page=535-547|doi=10.1007/s11084-008-9149-y|auteur=Milan M. Ćirković and Branislav Vukotić|lire en ligne=http://www.springerlink.com/content/b43516041x372512/fulltext.pdf|format=pdf}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://www.iea.org/dbtw-wpd/textbase/nppdf/free/2004/keyworld2004.pdf Key World Energy Statistics]''
* {{article|id=Clift2012|langue=en|titre=Towards a Global Civilisation|sous-titre=An Evolutionary Perspective (14th International Schumpeter Society Conference)|auteur=Hamish Clift et Tom Mandeville|année=2012|périodique=aomevents.com}} {{plume}}
* {{en}} ''[http://www.daviddarling.info/encyclopedia/S/Shkadov.html Shkadov Thruster]
* {{article|langue=en|auteur=Collectif|périodique=Astrobiology|présentation en ligne=http://online.liebertpub.com/doi/abs/10.1089/153110704323175179|titre=Bioastronomy 2004: Habitable Worlds, Reykjavik, Iceland, July 12–16, 2004 June 2004|volume=4|numéro=2|pages=232-308|doi=10.1089/153110704323175179|année=2004}}
* {{en}} ''[http://www.singularitywatch.com/spiral.html Technological Spiral]'' (vue alternative sur le développement des civilisations)
* {{chapitre|id=Darling2012|langue=en|titre=Kardashev civilizations|titre ouvrage=The Encyclopedia of Astrobiology, Astronomy, and Spaceflight|auteur=David Darling|lire en ligne=http://www.daviddarling.info/encyclopedia/K/Kardashevciv.html|année=2012}} {{plume}}
* {{en}} [http://urss.ru/cgi-bin/db.pl?cp=&lang=en&blang=en&list=14&page=Book&id=34250 urss.ru]
* {{article|id=Denning2011|langue=en|titre=Ten thousand revolutions: conjectures about civilizations|périodique=Acta Astronautica|volume=68|numéro=3–4|date=février-mars 2011|pages=381-388|auteur=Kathryn Denning|doi=10.1016/j.actaastro.2009.11.019}} {{plume}}
* ''Le Grand Atlas de l'Astronomie'', [[Encyclopædia Universalis]] {{ISBN|2852299801}}
* {{article|langue=en|id=Dokuchaev2011|titre=Is there life inside black holes|auteur=V. I. Dokuchaev|année=2011|périodique=Classical and Quantum Gravity|numéro=28|doi=10.1088/0264-9381/28/23/235015|lire en ligne=http://iopscience.iop.org/0264-9381/28/23/235015}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Dutil2007|langue=en|titre=Sustainability: A Tedious Path to Galactic Colonization|auteur=Y. Dutil et S. Dumas|titre ouvrage=Bioastronomy 2007|année=2007|lire en ligne=http://arxiv.org/pdf/0711.1777v1|format=pdf|éditeur=Meech et al}} {{arxiv|arXiv:0711.1777v1}} {{plume}}
* {{article|langue=en|id=Galantai2004|titre=Long Futures and Type IV Civilizations|auteur=Zoltan Galántai|périodique=Periodica Polytechnica, Social and Management Sciences|volume=12|numéro=1|année=2004|pages=83–89|lire en ligne=http://mono.eik.bme.hu/~galantai/longfuture/long_futures_article1.pdf|format=pdf}} {{plume}}
* {{article|id=Galantai2007|langue=en|titre=After Kardashev : Farewell to Super Civilizations|lire en ligne=http://www.educatedearth.net/story.php?id=850|auteur=Zoltan Galántai|périodique=Contact in Context|volume=2|numéro=2|année=2007}} {{plume}}
* {{article|id=Inoue, 2011|langue=en|titre=Type III Dyson Sphere of Highly Advanced Civilizations around a Super Massive Black Hole|auteur=Makoto Inoue et Hiromitsu Yokoo|périodique=Journal of British Interplanetary Society|volume=64|pages=58-62|année=2011}}{{arxiv|arXiv:1112.5519v1}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Gindilis, 1971|langue=en|auteur=L.M. Gindilis|titre=The possibility of radio communication with extraterrestrial civilization|titre ouvrage=Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication|éditeur=NASA et National Science Foundation (TTF-63)|année=1971|pages=68-131}} {{plume}}
* {{article|langue=en|titre=Search for signals from extraterrestrial civilizations by the method of synchronous dispersion reception|périodique=Acta Astronautica|volume=6|numéro=1–2|date=janvier-février 1979|pages=95-104|auteur=L.M. Gindilis, N.S. Kardashev, V.A. Soglasnov, E.E. Spangenberg, V.S. Etkin et V.G. Mirovskii|doi=10.1016/0094-5765(79)90150-4}}
* {{chapitre|langue=en|titre=Estimates of Expansion Timescales|titre ouvrage=Extraterrestrial: Where are They?|auteur=Eric M. Jones|éditeur=Cambridge University Press|année=1995|pages=92-102|isbn=9780511564970}}
* {{article|id=Jones2012|langue=en|titre=Just My Type : Kardashev Civilizations in SF and Beyond|auteur=Christopher Jones|périodique=Starship Reckless|année=2012|lire en ligne=www.starshipnivan.com}} {{plume}}
* {{article|id=Kaku2007|langue=en|titre=The Physics of Extraterrestrial Civilizations|auteur=[[Michio Kaku]]|année=2007|lire en ligne=http://mkaku.org/home/?page_id=246|périodique=Site officiel de Michio Kaku}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Kaplan, 1971|langue=en|auteur=S.A. Kaplan|titre=Exosociology - the search for signals from extraterrestrial civilizations|titre ouvrage=Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication|éditeur=NASA et National Science Foundation (TTF-63)|année=1971|pages=1-11}} {{plume}}
* {{article|langue=en|titre=Strategy for the search for extraterrestrial intelligence|périodique=Cosmic Search|volume=2|numéro=7|date=juillet-août-septembre 1980|pages=36-38|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|lire en ligne=http://www.bigear.org/CSMO/HTML/CS07/cs07p36.htm|format=pdf}} {{plume}}
* {{article|id=Kardashev1998|langue=en|titre=Space program for SETI|périodique=Acta Astronautica|volume=42|numéro=10–12|date=mai-juin 1998|pages=585-587|auteur=[[Nikolaï Kardashev]], S.F Likhachev et V.I Zhuravlev|doi=10.1016/S0094-5765(98)00011-3}} {{plume}}
* {{article|id=Kardashev, 1964|langue=en|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|titre=Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations|périodique=Soviet Astronomical Journal|volume=8|numéro=2|page=282|année=1964}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Kardashev, 1971|langue=en|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|titre=The astrophysical aspect of the search for signals from extraterrestrial civilizations|titre ouvrage=Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication|éditeur=NASA TTF-63|année=1971|pages=12-57}} {{plume}}
* {{article|langue=en|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|titre=On the inevitability and the possible structures of supercivilizations|périodique=Proceedings of the Symposium|lire en ligne=http://articles.adsabs.harvard.edu/full/1985IAUS..112..497K/0000499.000.html|éditeur=D. Reidel Publishing Co.|année=1985|pages=497-504}} {{plume}}
* {{article|langue=en|titre=Cosmology and Civilizations|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|périodique=Astrophysics and Space Science|année=1997|volume=252|numéro=1-2|pages=25-40|doi=10.1023/A:1000837427320|lire en ligne=http://www.springerlink.com/content/pl3r13j82728515x/fulltext.pdf|format=pdf}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Khovanov, 1971|langue=en|auteur=G.M. Khovanov|titre=Rates of development of civilizations and their forecasting|titre ouvrage=Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication|éditeur=NASA et National Science Foundation (TTF-63)|année=1971|pages=213-236}} {{plume}}
* {{article|id=Lemarchand1995|langue=en|titre=Detectability of Extraterrestrial Technological Activities|auteur=Guillermo A. Lemarchand|périodique=SETIQuest|volume=1|numéro=1|année=1995|pages=3-13}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Lemarchand2000|langue=en|titre=Speculations on the First Contact : Encyclopedia Galactica or the Music of the Spheres?|auteur=Guillermo A. Lemarchand|année=2000|titre ouvrage=When SETI Succeeds: The Impact of High-Information Contact|pages=153–163}} {{plume}}
* {{article|id=Metzger2011|langue=en|titre=Nature’s Way of Making Audacious Space Projects Viable|année=2011|auteur=Philip T. Metzger|périodique=NASA Kennedy Space Center|lire en ligne=http://ntrs.nasa.gov/search.jsp?R=20110016183|format=pdf}} {{plume}}
* {{article|id=Millis2011|langue=en|titre=Energy, incessant obsolescence, and the first interstellar mission|périodique=
61st International Astronautical Congress, International Astronautical Federation, Prague october, 27, 2010|année=2011|auteur=M. G. Millis}} {{arxiv|1101.1066}} {{plume}}
* {{article|id=SaganDrake|langue=en|auteur=[[Carl Sagan]] et [[Francis Drake]]|année=1975|titre=A Search of four Nearby Galaxies for Type II Civilizations|éditeur=non publié|année=1976}} {{plume}}
* {{article|id=Sagan1973|langue=en|titre=On the detectivity of advanced galactic civilizations|périodique=Icarus|volume=19|numéro=3|juillet 1973|pages=350-352|auteur=[[Carl Sagan]]|doi=10.1016/0019-1035(73)90112-7}}
* {{article|id=Sagan2000|langue=en|titre=Carl Sagan|année=2000|titre=Cosmic Connection: An Extraterrestrial Perspective|éditeur=Cambridge Press|isbn=0-521-78303-8}} {{plume}}
* {{article|id=Semay1998|titre=À la recherche des civilisations extra-terrestres|sous-titre=la classification des civilisations technologiques|auteur=Claude Semay|périodique=Galactée|numéro=7|date=février 1998|pages=31-35}} {{plume}}
* {{chapitre|id=Shkadov1987|auteur=L. M.Shkadov|titre=Possibility of controlling solar system motion in the galaxy|titre ouvrage=38th Congress of the International Astronautical Federation|éditeur=International Astronautical Federation|année=1987|présentation en ligne=http://adsabs.harvard.edu/abs/1987brig.iafcR....S}} {{plume}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=Searching for Extraterrestrial Intelligence|sous-titre=SETI Past, Present, and Future|éditeur=Springer|année=2011|pages totales=320|auteur=H. Paul Shuch|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=jAk9bTm3Sj4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}} {{plume}}
* {{article|langue=en|périodique=Acta Astronautica|volume=78|date=septembre–octobre 2012|pages=55–68|titre=The transcension hypothesis: Sufficiently advanced civilizations invariably leave our universe, and implications for METI and SETI|auteur=John M. Smart|lire en ligne=http://accelerating.org/articles/transcensionhypothesis.html|doi=10.1016/j.actaastro.2011.11.006}} {{plume}}
* {{article|langue=en|titre=On some time, mass, energy and power characteristics of the interstellar flights in a one-step rocket|sous-titre=Can the Kardashev-type of civilizations exist ?|périodique=Acta Astronautica|volume=11|numéro=10–11|date=octobre-novembre 1984|pages=679-686|auteur=M. Subotowicz|doi=10.1016/0094-5765(84)90052-3}}
* {{article|id=Troitskij1989|langue=en|titre=Development of extraterrestrial intelligence and physical laws|périodique=Acta Astronautica|volume=19|numéro=11|date=novembre 1989|pages=875-887|auteur=V.S. Troitskij}} {{plume}}}
* {{article|id=Hoerner1975|langue=en|titre=Population Explosion and Interstellar Expansion|auteur=Sebastien von Hoerner|année=1975|périodique=Journal of the British Interplanetary Society|numéro=28|pages=691–712}}
* {{article|langue=en|titre=A search for ‘frozen optical messages’ from extraterrestrial civilizations|auteur=R. Weinberger et H. Hartl|année=2002|périodique=International Journal of Astrobiology|numéro=1|pages=71-73|doi=10.1017/S1473550402001040}}
* {{chapitre|id=Wilson2011|langue=en|titre=Energy and the environment in the nex millenium|auteur=Richard Wilson|pages=51-61|titre ouvrage=International Seminar on Nuclear War and Planetary Emergencies - 43 Rd Session|éditeur=World Scientific|année=2011|pages totales=628}} {{plume}}
* {{article|langue=en|titre=Nuclear waste spectrum as evidence of technological extraterrestrial civilizations|périodique=Icarus|volume=42|numéro=1|date=avril 1980|pages=149-156|auteur=Daniel P. Whitmire, David P. Wright|doi=10.1016/0019-1035(80)90253-5}}
* {{article|langue=en|id=Zaitsev2008|titre=Sending and searching for interstellar messages|auteur=Alexander L. Zaitsev|périodique=Acta Astronautica|numéro=63|volume=5|pages=614-617|année=2008}} {{arxiv|0711.2368}} {{plume}}

==== Ouvrages ====
* {{ouvrage|id=Angelo2007|langue=en|titre=Life in the Universe|éditeur=Infobase Publishing|année=2007|auteur=Joseph A. Angelo|pages totales=338|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=I5gHntgLLvIC&lpg=PP1&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false}} {{plume}}
* {{ouvrage|id=Angelo2009|langue=en|titre=Encyclopedia of Space and Astronomy|auteur=Joseph A. Angelo|éditeur=Infobase Publishing|année=2009|pages totales=740|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=VUWno1sOwnUC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}} {{plume}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=Macro-Engineering|sous-titre=A Challenge for the Future|auteur=V. Badescu, R.B. Cathcart et R.D. Schuiling|éditeur=Springer|année=2006|pages totales=318|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=5bZBEM31K1MC&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=Impossibility: The Limits of Science and the Science of Limits|auteur=John D. Barrow|année=1998|éditeur=Oxford University Press}}
* {{ouvrage|id=Beech|langue=en|titre=Rejuvenating the Sun and Avoiding Other Global Catastrophes (Astronomers' Universe)|pages totales=240|éditeur=Springer|année=2007|isbn=978-0387681283|auteur=Martin Beech}} {{plume}}
* {{ouvrage|id=Calissendorff2010|langue=en|titre=A Dysonian Search for Kardashev Type III Civilisations in Spiral Galaxies|auteur=Per Calissendorff|année=2010|éditeur=Stockholm University. Department of Astronomy. Bachelor of Science Thesis|année=2013|lire en ligne=http://ttt.astro.su.se/~ez/exjobb/Calissendorff.pdf|format=pdf}} {{plume}}
* {{ouvrage|langue=en|auteur=Milan M. Ćirković, Viorel Badescu, Richard Brook Cathcart et Roelof D. Schuiling|titre=Macro-Engineering in the Galactic Context: A New Agenda for Astrobiology|éditeur=Springer|pages totales=281|isbn=1-4020-3739-2}}
* {{ouvrage|id=Kaplan|langue=en|auteur=S.A Kaplan|titre=Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication|éditeur=NASA et National Science Foundation (TTF-63)|année=1971|pages=12-57}} {{plume}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=Astrophysics on the Threshold of the 21st Century|auteur=[[Nikolaï Kardashev]]|pages totales=392|éditeur=Routledge|année=1992|isbn=978-2881248177}}
* {{ouvrage|langue=en|titre=Communication with Extraterrestrial Intelligence|auteur=[[Carl Sagan]] (éd.)|éditeur=MIT Press|lieu=Massachusetts|année=1973}}
* {{ouvrage|langue=fr|titre=Cosmic Connection, ou l’appel des étoiles|auteur=[[Carl Sagan]]|éditeur=Seuil|année=1975|collection=Points Sciences}}
* {{ouvrage|id=Tovmasyan1967|langue=en|titre=Extraterrestrial Civilizations: Proceedings of the First All-Union Conference on Extraterrestrial Civilizations and Interstellar Communication, May 1023, 1964|auteur=G. M. Tovmasyan (éd.)|lieu=Jerusalem|éditeur=Israel Program for Scientific Translations|année=1967}} {{Commentaire biblio SRL|1=publié en anglais dans : A.S. Kaplan (éd.), ''Extraterrestrial Civilizations - Problems of Interstellar Communication'', NASA TTF-6, 1971}} {{plume}}


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Version du 7 septembre 2013 à 17:46

À l'origine l'échelle de Kardashev est un outil théorique destiné à proposer un cadre au sein de la recherche de civilisations extraterrestres.

L'échelle de Kardashev (Kardashev scale en anglais) est une méthode théorique de classement des civilisations en fonction de leur niveau technologique et de leur consommation énergétique proposée dès 1964 par l'astronome soviétique Nikolaï Kardashev. L'existence de telles civilisations reste encore très hypothétique, mais cette échelle a été prise comme base de travail par les chercheurs du projet SETI, les écrivains de science-fiction et les futurologues.

Kardashev a présenté son échelle en 1964 lors de la conférence de Byurakan qui faisait le point sur le programme d'écoute de l'espace par la radioastronomie soviétique. Son premier article sur le sujet, « Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations », présente une classification en trois types, basée sur le postulat d'une progression exponentielle. Le type I désigne une civilisation capable d'accéder et de consommer l'intégralité de l'énergie présente sur sa planète. Le type II concerne des civilisations qui peuvent s'alimenter directement depuis une étoile. Enfin, la civilisation de type III capte l'entièreté de l'énergie de sa galaxie. Dans une seconde publication, « Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence » (1980), Kardashev s'interroge sur la civilisation, qu'il définit par sa capacité à accéder à l'énergie, pour se maintenir et intégrer l'information provenant de son environnement. Deux autres articles suivent : « On the inevitability and the possible structure of supercivilizations » (1985) et « Cosmology and Civilizations » (1997), dans lequels l'astronome soviétique propose des pistes pour détecter des supercivilisations et pour orienter les programmes SETI.

L'échelle définie par Kardashev a donné lieu à deux principales réévaluations : celle de Carl Sagan, qui en affine les types, et celle de Michio Kaku, qui s'écarte du postulat énergétique pour lui préférer celui de l'économie de la connaissance. D'autres débats quant à la nature des différents types ont permis à nombre d'auteurs de mettre en question la classification originelle de Kardashev, pour la compléter ou pour la réfuter. Deux perspectives critiques ont ainsi vu le jour : l'une qui interroge les postulats posés par Kardashev, jugés incomplets ou inconsistants, l'autre qui établit des échelles alternatives. La classification de Kardashev a donné lieu à de nombreux scénarios explorant la possibilité que des civilisations plus évoluées existent. Ces scénarios interrogent chacun à leur façon les trois postulats de Kardashev définissant la civilisation : les sources d'énergie, la technologie et la transmission de messages interstellaires.

Le cadre de recherche et de détection de civilisations évoluées a été théorisé lors de la conférence qui s'est tenue à l'observatoire astrophysique de Byurakan en Arménie en 1964. Partant d'une définition fonctionnelle de la civilisation, reconnaissant l'immuabilité des lois physiques, et utilisant la civilisation humaine comme modèle d'extrapolation, plusieurs scientifiques ont mené diverses recherches, dont aucune n'a été concluante. Suivant ces critères, des objets suspects, que l'on sait aujourd'hui être soit des pulsars soit des quasars, ont été identifiés. Kardashev a décrit dans ses diverses publications un ensemble de critères d'écoute et d'observation, qui demeurent à compléter pour certains auteurs comme Kaplan et Lemarchand.

L'échelle de Kardashev a une importante postérité dans la science-fiction que cela soit en littérature ou au cinéma. Des auteurs en ont même poursuivi la logique, pour explorer les possibilités que des civilisations de types IV, V, VI ou même VII puissent exister.

Genèse de la classification

Nikolaï Kardashev (Никола́й Семёнович Кардашёв), né en 1932, est un astronome soviétique diplômé de l'Université de Moscou depuis 1955. Il travaille d'abord au Sternberg Astronomical Institute sous la direction de Iosef Samuilovich Shklovskii. il obtient son doctorat en 1962 puis travaille au Space Research Institute de Moscou. Il conduit dès 1963 la première recherche de signaux extraterrestres dans ce pays, devenant l'un des pionniers du programme mondial SETI[1].

Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations (1964)

La galaxie NGC 4486 possède un noyau galactique actif constituant une forte source de rayonnement dans toutes les longueurs d'onde. Ce type de rayonnement a été pris par Kardashev comme l'un des signaux possibles d'une civilisation évoluée.

Le premier article de Kardashev présentant une classification des civilisations selon leur consommation énergétique est Transmission of Information by Extraterrestrial Civilizations, publié en 1963 dans le Soviet Astronomical Journal (volume 8, numéro 2), puis republié dans l'Astronomicheskii Zurnal, volume 41, numéro 2 en mars-avril 1964[2].

Le scientifique y présente un calcul de l'évolution énergétique de l'humanité. Il considère que la production énergétique égalera celle du Soleil (4 × 1033) dans 3 200 ans environ puis sera équivalente à celle libérée par 1011 étoiles similaires à la nôtre dans 5 800 ans. Partant de ce constat, et considérant qu'aucune raison ne permet d'affirmer que l'évolution énergétique de l'humanité puisse décroître, Kardashev en vient à proposer une classification des civilisations technologiques reposant sur trois types[3],[4].

Une civilisation dite de « Type I » est capable de collecter l'intégralité de l'énergie disponible sur la planète, l'équivalent de 1016 watts. Le développement actuel (en 1964) de l'humanité sur la Terre est sur le point d'atteindre le type I selon Kardashev. Une civilisation dite de « Type II » surpasserait le premier type d'un facteur 10 milliards, atteignant une consommation de 1026 watts, et ce en exploitant l'intégralité de l'énergie émise par son étoile. Enfin Kardashev évoque la possibilité qu'une civilisation dite de « Type III » soit capable de collecter et de consommer l'intégralité de l'énergie émise par sa galaxie, soit 1036 watts[5],[6].

Selon Kardashev il est possible, étant donné le développement de la radio, de construire des antennes de 105 m2 capables de détecter des civilisations de type II et III, et ce dans les deux prochaines décennies (soit dans les années 1980). Une civilisation de type I comme la nôtre serait capable de recevoir les extraordinaires émissions énergétiques des autres types, qui devraient par ailleurs émettre continuellement[7],[8].

Karadashev étudie ensuite les caractéristiques d'une transmission provenant d'une source artificielle (artificial source). Il évoque deux objets découverts en 1963 au California Technological Institute : CTA-21 et CTA-102, qui possèdent des caractéristiques proches de celles d'une source artificielle présumée. Selon le scientifique soviétique, la région de la galaxie la plus appropriée pour effectuer des observations de civilisations de types II et III est le centre de la Voie lactée en raison de la densité de la population d'étoiles qu'il abrite. Des programmes de recherche de telles sources artificielles devraient également se focaliser sur les autres galaxies proches, comme Andromède, le nuage de Magellan, NGC 4486 ou encore NGC 5128. Enfin Kardashev conclut sa publication en notant que la découverte sur Mars d'organismes, mêmes les plus simples qui soient, augmenterait la probabilité que des civilisations de type II existent au sein de la galaxie[9].

Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence (1980)

Vers une définition énergétique de la civilisation

Graphique de la consommation mondiale d'énergie primaire en 2011 selon la BP Statistical Review

En 1980 Nikolaï Kardashev publie un article intitulé Strategies of Searching for Extraterrestrial Intelligence : A Fundamental Approach to the Basic Problem dans la revue américaine Cosmic Search (volume 2, numéro 7). Il annonce dès le début de l'article : « La détection et l'étude de civilisations extraterrestres constituent un problème d'une immense signification pour le progrès de l'humanité, pour sa culture et sa philosophie. La découverte d'une vie intelligente dans l'Univers fournirait une ligne de conduite au développement possible de notre civilisation au cours des intervalles de temps astronomiques »[Notes 1]. Selon l'astronome soviétique, notre civilisation est trop jeune pour pouvoir contacter une autre, certainement plus avancée puisque le système solaire est vieux de cinq milliards d'années et alors que les plus anciens objets célestes datent eux de 10 à 20 milliards d'années, il est évident une des civilisations nous ayant précédé ont une durée de vie incomparablement plus longue que celle de l'humanité. Par conséquent leur connaissance doit être plus vaste que la nôtre, et ils doivent certainement savoir ce que nous faisons[10].

Il est probable que notre état présent n'est qu'un stade par lequel chaque civilisation passe durant son évolution initiale. Il est donc possible de définir la civilisation en se basant sur cette caractéristique universelle, et qui a permis à A.A. Liapunov de définir la vie comme un « état très stable de matière qui utilise l'information codée par les états de molécules individuelles pour produire des réactions de maintien », ce que Kardashev nomme la « définition fonctionnelle de la civilisation ». Il suggère par conséquent de penser la civilisation comme : « un état très stable de matière capable d'acquérir et de faire une analyse abstraite de ladite matière, et d'utiliser l'information pour obtenir qualitativement de nouvelles informations sur son environnement et sur ​​elle-même, dans le but d'améliorer ses capacités de collecte de nouvelles informations pour produire et maintenir ces réactions[Notes 2]. » La civilisation est donc caractérisée par la qualité de l'information acquise par son programme de fonctionnement, et par l'énergie nécessaire pour mettre en œuvre ces fonctions[Notes 3]. Par « informations sur son environnement et sur ​​elle-même », Kardashev précise qu'il s'agit des données portant sur la nature organique ou inorganique, la science, la technologie, l'économie, la culture, les arts, etc. À partir de cette définition, il propose un schéma représentant les interactions entre une civilisation et son environnement et énumère un ensemble de problèmes scientifiques qui se posent du fait même de ces interactions avec l'information disponible dans l'Univers[11].

Partant de cette définition, Kardashev formule trois conclusions. La première est qu'étant donné le vaste et certainement illimité ensemble d'activités requise par les civilisations pour résoudre les problèmes scientifiques, la période durant laquelle les civilisations émettent et communiquent est longue, voire illimitée. D'autre part, notre développement actuel ne couvre qu'une fraction négligeable de cette phase de communication, donc il est hautement improbable que nous puissions rencontrer des « frères d'intelligence » qui sont eux-aussi à notre stade d'évolution. Enfin, les civilisations hautement avancées connaissent et utilisent les lois physiques à un degré qui nous demeure encore insoupçonné. Kardashev explique que « ce dernier point devrait être pris en compte dans les programmes de recherche de civilisations extraterrestres » puis conclut qu'il est très probable que notre état présent n'est que l'un des stades au travers desquels chaque civilisation passe durant son évolution[Notes 4],[12].

Deux stratégies de recherche de signaux intelligents

Domaines du spectre électromagnétique

Kardashev se propose par la suite d'analyser plusieurs modèles et hypothèses d'évolution de civilisation. Dans l'article Possibility of the Intelligent Life in the Universe Being Unique, l'astronome russe I.S. Shklovsky (1977) écrit qu'il est étrange que l'« onde de choc de l'intelligence » d'une supercivilisation n'ait pas encore atteint les limites de tout l'Univers. Pour Kardashev, l'argument contre une telle possibilité est qu'il n'est pas vraiment utile à une supercivilisation d'élargir l'espace qu'elle occupe afin de maintenir son activité. Seconde hypothèse : au lieu de se disperser dans l'espace, il est possible qu'une civilisation poursuive ses activités d'analyse de l'information pour découvrir de nouvelles lois fondamentales (comme l'exploration du microcosme ou des trous noirs par exemple)[13].

Or, de telles activités de civilisation nécessitent le recours à une énergie abondante. Selon les lois de la thermodynamique, une importante fraction de cette énergie consommée doit être convertie en radiation avec une magnitude bolométrique approximativement égale à celle du fond de radiation environnant la source. La distribution spectrale de cette intensité doit donc être assez proche de celle d'un corps noir. Ceci offre une possibilité de rechercher des civilisations extraterrestres, sans compter qu'une telle consommation énergétique requiert une importante quantité de matière solide destinée à concevoir des activités d'ingénierie stellaire (et que Kardashev nomme des « miracles cosmiques »). En résumé, l'information quant à l'existence d'une civilisation extraterrestre prend la forme de radiations électromagnétiques[14].

Kardashev entrevoit deux concepts quant au destin des civilisations, desquels découlent deux stratégies de recherche de civilisations extraterrestres. Le premier, qu'il intitule terrestrial chauvinism (« chauvinisme planétaire ») pose que chaque civilisation se stabilise ou périt à un niveau de développement proche du nôtre actuellement atteint. Le second, l'evolutionary concept, considère que chaque civilisation peut atteindre un stade d'évolution supérieur à celui de l'humanité contemporaine. Dans le premier cas, la stratégie de recherche par des moyens de détection astronomiques suggère d'observer les plus puissantes (et souvent le plus distantes) sources de radiation dans l'espace. L'observateur sera alors en mesure de déterminer s'il s'agit de sources d'émission naturelles, et la recherche pourra ensuite se concentrer sur des objets de plus faible rayonnement. Le second cas préconise de rechercher des sources de rayonnements nouveaux et puissants, principalement dans les régions mal connues du spectre électromagnétique. Ces sources pourraient être des signaux monochromatiques significatifs ou pulsés provenant du centre galactique, d'autres galaxies ou de quasars et autres objets cosmiques exotiques. La recherche devrait selon Kardashev se concentrer sur une longueur d'onde millimétrique, proche de l'intensité maximum du fond diffus cosmologique plutôt que dans la bande des 21 centimètres (et qui constitue le domaine d'investigation du programme SETI). Selon Kardashev, seul un radiotéléscope à la base plus large que le diamètre de la Terre, positionné dans l'espace orbital, permettrait de capter les rayonnements significatifs d'une civilisation évoluée émis par une mégastructure, telle une sphère de Dyson[15].

Kardashev conclut : la recherche de civilisations extraterrestres pourrait conduire à des résultats positifs dans les dix prochaines années, et par là donner accès à l'humanité à un vaste ensemble d'informations sur l'Univers et son évolution sur un laps de temps de plusieurs milliards d'années[Notes 5],[16].

On the inevitability and the possible structure of supercivilizations (1985)

Découvrir des supercivilisations

Le radiotélescope interféromètre du Allen Telescope Array

Dans l'article On the inevitability and the possible structure of supercivilizations publié en 1985, Kardashev évoque les scénarios possibles et les moyens d'investigations à portée de l'humanité pour détecter des supercivilisations extraterrestres. L'astronomome soviétique rappelle que nous recherchons ces supercivilisations sur la base de nos propres critères de développement et les prédictions ne sont possibles que pour des mondes extraterrestres proches de notre niveau technologique, les autres étant hors de notre représentation intellectuelle. En dépit de cet état de fait, il semble utile de concevoir des modèles de supercivilisations reposant à la fois sur l'imagination et sur nos connaissances scientifiques actuelles. Les lois physiques sont immuables, et même si l'humanité peut en découvrir de nouvelles à l'avenir ces dernières n'aboliront pas celles déjà mises au jour[17].

Kardashev énonce deux principes à prendre en compte pour modéliser les supercivilisations possibles. Premièrement, elles obéissent aux lois de la physique et le spectre de leurs activités est restreinte par les facteurs naturelles et scientifiques. Secondement, les supercivilisations ne peuvent voir le développement de leurs activités être interrompu par des contingences intrinsèques, comme des conflits sociaux d'ampleur. Pour Kardashev, et contrairement à d'autres scientifiques, les supercivilisations ne peuvent s'autodétruire ou rétrograder. Suivant ces principes, il doit exister dans l'espace des mégastructures d'ampleur, émettant quantité d'énergie et d'information, et existant depuis des milliards d'années, tout en étant assez compactes pour échanger rapidement d'importants volumes de données entre elles. Une supercivilisation engendrerait donc par voie de conséquence une structure technologique de dimensions cosmiques. Kardashev cite à titre d'exemple la mégastructure théorisée par Freeman Dyson, sous la forme d'une sphère de plusieurs unités astronomiques de diamètre. D'autres phénomènes peuvent laisser penser à des activités hautement technologiques, comme l'explosion artificielles d'étoiles ou le changement d'orbite stellaire pour emmagasiner de la masse et de l'énergie. Les nuages moléculaires géants constituent également un grand potentiel d'astro-ingéniérie. Kardashev évoque même la possibilité qu'une supercivilisation restructure la galaxie dans son intégralité[18][19].

Puis il évoque la possibilité théorique et mathématique d'une mégastructure de la forme d'un disque en rotation sur lui-même à une vitesse angulaire constante. Selon lui la recherche de signaux intelligents devrait se tourner vers la détection de telles mégastructures au rayonnement caractéristique (20 µm). Les quasars ou les centres galactiques peuvent être d'excellents candidats témoignant de l'existence d'une supercivilisation puisqu'ils émettent de puissants rayonnements infrarouges, indices d'une structure solide. L'astronome conseille de rechercher ces objets dans une bande de longueur d'onde allant de quelques microns à quelques millimètres. De larges structures intelligentes peuvent également être détectées par le fait qu'elles font écran ou qu'elle reflètent les rayonnements environnants[20].

Les scénarios possibles de l'évolution des supercivilisations

Il est probable qu'une supercivilisation ait déjà détecté et observé l'humanité au moyen de téléscopes de dimensions cosmiques (un réflecteur de 0,1 année-lumière de diamètre pourrait nous observer depuis de 10 Kpc (c’est-à-dire depuis le Bulbe de notre galaxie)[21]. Pour cette supercivilisation la science de l'« ethnographie cosmique » doit être hautement développée. Or aucun contact n'a encore été fait, ce qui peut s'expliquer par des considérations éthiques. À partir de là, Kardashev n'entrevoit que deux scénarios d'évolution possibles pour une supercivilisation : l'évolution naturelle et l'évolution suite aux contacts avec d'autres civilisations extraterrestres. Il considère que le scénario qui repose sur le contact de deux civilisations hautement développées technologiquement et culturellement est le plus probable ; ce scénario, qu'il intitule « hypothèse de l'urbanisation » (Urbanization Hypothesis), aboutirait à regrouper et unifier plusieurs civilisations au sein de quelques régions compactes de l'Univers[22].

Il existe donc selon Kardashev six scénarios possibles (reproduits sous la forme d'un tableau en fin de l'article) expliquant l'évolution d'une civilisation mais ce ne sont que des outils d'investigation. Pour chaque scénario il existe une probabilité, un ou plusieurs objets à observer et une procédure adaptée et enfin les conséquences sur notre civilisation en cas de [23] :

  1. le scénario d'une unification importante de civilisations sur une échelle allant de une à dix milliards d'années-lumière avec concentration dans une région particulière affiche une probabilité de 60%. Kardashev conseille de les rechercher au sein des plus puissants quasars et noyaux galactiques, à un niveau de radiation supérieur à 1045 erg/s, dans la longueur d'onde allant de 10 µm à 1 cm, ainsi que dans les autres régions du spectre. Il s'agit de détecter des mégastructures ou des signaux de 1,5 mm de lognueur d'onde[24] et d'émission omnidirectionnelle jusqu'à 21 cm. En cas de contact, l'humanité verrait des progrès dans tous les domaines de la société afin de rejoindre cette supercivilisation ; il est aussi à prévoir la création d'un conservatoire ethnographique sur Terre.
  2. le scénario d'une unification à l'échelle de l'amas galactique n'affiche que 20% de probabilité de réalisation. Kardashev conseille d'observer l'amas de la Vierge (en particulier M87) ou les autres clusters selon une procédure similaire à celle du premier scénario. Les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
  3. le scénario d'une unification à l'échelle des galaxies n'affiche que 10% de probabilité. Pour le confirmer, il faut investiguer les centres galactiques de la Voie lactée et des galaxies voisines (comme M31, M33) selon une procédure similaire à celle du premier scénario. Les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
  4. le scénario d'une complète colonisation de l'espace n'a aucune probabilité de se réaliser selon Kardashev car s'il était réalisable alors « ils » seraient déjà sur Terre or ce n'est pas le cas. Toutefois, dans le cas d'un contact, les conséquences sur l'humanité sont les mêmes que dans le premier scénario.
  5. ce scénario pose que toutes les civilisations se seraient autodétruites avant tout contact. Kardashev évalue sa probabilité à 10%. Dans cette hypothèse, l'humanité devrait pouvoir détecter des mégastructures anciennes dans les environs des plus proches étoiles. Aucun contact ne peut avoir lieu avec l'humanité en conséquence.
  6. le dernier scénario imagine que nous sommes le premiers ou les seuls dans l'Univers. Kardashev évalue sa probabilité à 10%. Seule l'exobiologie peut confirmer ou pas ce scénario qui semble peu probable étant donné que la vie est apparue il y a plusieurs milliards d'années. On peut imaginer un contact dans le futur lointain et alors les conséquences seraient similaires à celles des cinq autres scénarios.

Cosmology and Civilizations (1997)

Selon le modèle standard décrivant l'expansion de l’univers depuis le Big Bang il peut exister des planètes plus anciennes que la Terre, capables d'abriter des supercivilisations.

Dans l'article Cosmology and Civilizations publié en 1997, Kardashev réaffirme la nécessité d'observer avec attention les objets astronomiques à fort rayonnement pour découvrir des supercivilisations. Cependant, découvrir une civilisation à un stade de développement similaire au nôtre est peu probable. L'existence de telles supercivilisations est rendue possible par le fait que la vie sur Terre est récente au regard de l'âge de l'Univers (8 X109 années avant la formation du système solaire). Il passe ensuite en revue les conditions d'apparition du vivant sur des échelles de temps cosmologiques. En adoptant le rythme d'évolution de la vie sur Terre et en considérant l'âge de l'Univers, on peut raisonnablement considérer qu'une civilisation ait pu parvenir à notre niveau de développement technologique en 6 X109 années. De telles civilisations peuvent être observées parmi les régions proches, puisque plus on observe loin, et plus les objets sont jeunes. Les découvertes récentes concernant les sources d'intenses radiations mortelles pour la vie montrent que cette dernière a pu prospérer à l'abri pendant le temps nécessaire à son apparition et son maintien. Un autre argument en faveur de la possibilité d'une très ancienne supercivilisation est que la plupart des objets pouvant être des mégastructures n'ont pas encore été découverts et recensés. De plus, 95% de la matière demeure invisible ou alors par influence gravitationnelle[25].

Selon Kardashev, il est fondamental de diriger nos moyens de recherche vers de nouveaux objets rayonnant sur une longueur d'onde allant de quelques microns à quelques millimètres, et à une température de trois à 300 K, ce qui est caractéristique de larges structures de matière solide[26]. Il serait alors possible de détecter des structures appartenant au type II dans notre galaxie ou dans celles voisines. Des structures de type III peuvent aussi être observées à de larges distances cosmologiques. Kardashev rappelle qu'une étude a été menée sur 3 000 sources du catalogue IRAS provenant des quatre directions de la galaxie. Deux bandes de température ont été ciblées : de 110 à 120 K et de 280 à 290 K. L'analyse a montré que les sources de 110 à 120 K sont regroupées dans le plan galactique et dans son centre. Kardashev explique que seuls des moyens d'observation plus puissants, opérant dans l'infrarouge et le submillimétrique, peuvent permettre de mettre en évidence d'éventuelles sources de radiation artificielles. Il fait alors référence à des projets qu'il a lui-même proposés, notamment celui de mettre en orbite un télescope spatial cryogénique (le projet Millimetron)[27],[28].

Selon Kardashev, ces résultats, croisés avec ceux issus d'autres recherches portant sur l'âge de certains objets cosmiques, laissent à penser que des civilisations datant de 6 à 8 milliards d'années peuvent exister dans notre galaxie. Il est probable qu'elles aient détecté depuis longtemps notre propre civilisation, hypothèse qui peut permettre de répondre à la question que se posait Enrico Fermi lorsqu'il a formulé son paradoxe à savoir : « Où sont-ils ? » Toutefois, en l'absence de découverte de sources artificielles, la théorie de J.-S. Shklovsky, selon laquelle les civilisations s'autodétruisent suite à des conflits sociaux d'ampleur, serait avérée. Kardashev mentionne une autre hypothèse intéressante selon lui, capable d'expliquer la dynamique des supercivilisations : l'« effet feedback » (« feedback effect », théorisé par von Hoerner en 1975[29]) qui part du principe qu'à haut niveau technologique les civilisations ont tendance à se réunir plutôt qu'à s'isoler. La distance entre supercivilisations pourrait alors être déterminée par la moitié du temps de l'évolution technologique de la plus ancienne civilisation, d'environ 3 à 4 milliards d'années-lumière. En revanche, cette supercivilisation pourrait ne plus être présente au sein de notre galaxie depuis longtemps. Kardashev termine en expliquant que comme l'expansion de l'Univers est selon lui infinie, le nombre et la durée de vie de telles supercivilisations sont également infinis[30].

Catégories définies par Kardashev

La classification hypothétique dite de l'échelle de Kardashev distingue trois stades d'évolution des civilisations selon le double critère de l'accès et de l'utilisation de l'énergie[31],[32]. La classification en types de Kardashev a pour but d'orienter les recherches de civilisations extraterrestres[33], en partant du principe qu'une fraction de l'énergie utilisée par chaque type est destinée à communiquer avec d'autres civilisations. Une civilisation de type II peut envoyer l'information équivalente à une bibliothèque de taille moyenne à travers la galaxie au moyen d'un faisceau de transmission ne durant que cent secondes. Un volume semblable d'informations peut être envoyé à travers des distances intergalactiques d'environ dix millions d'années-lumière avec une transmission de quelques semaines. Une civilisation de type III peut émettre ce même volume de données à tout l'Univers visible au moyen d'une transmission de trois secondes[31],[34]. La classification de Kardashev se fonde sur le postulat d'un taux d'accroissement modeste de 1% par année. Kardashev pense qu'il faut 3 200 ans à l'humanité pour atteindre le type II, et 5 800 ans pour intégrer le type III[35]. Ces types sont donc séparés entre eux par un facteur d'accroissement de plusieurs milliards[35].

Type I

Une civilisation dite de « Type I » est capable d'utiliser toute l'énergie disponible sur sa planète d'origine, approximativement 1,74 × 1016 W. Sur Terre, la puissance disponible théorique s'élève à 1,74 × 1017 W. La valeur de 4 × 1012 W, proposée initialement par Kardashev dans ses premières publications, correspond au niveau énergétique atteint sur Terre en 1964[31].

Type II

Une civilisation dite de « Type II » doit s'avérer capable de collecter toute l'énergie de son étoile, soit à peu près 1 × 1026 W. Il s'agit là encore d'une estimation, le Soleil rayonnant environ 3,86 × 1026 W, tandis que Kardashev parlait de 4 × 1026 W dans ses premières publications. La civilisation de type II surpasse celle de type I par un facteur d'environ dix milliards. Freeman Dyson considère qu'une civilisation peut atteindre ce stade en concevant une biosphère artificielle en orbite autour de son étoile, destinée à en collecter l'énergie rayonnée[31].

Type III

Une civilisation dite de « Type III » a à sa disposition toute l'énergie émise par la galaxie dans laquelle elle est située, soit près de 1 × 1036 W. Ce niveau d'énergie varie largement en fonction de la taille de chaque galaxie, et Kardashev le fixait à 4 × 1037 W en accord avec les données alors disponibles. Ce type surpasse le précédent par un facteur de dix milliards[31]. Il s'agirait des civilisations les plus anciennes. La théorie de la formation des éléments lourds démontre que des systèmes planétaires peuvent être aussi vieux que les plus anciens objets cosmiques observables[36].

Réévaluations de la classification de Kardashev

Classification plus fine de Sagan

Selon l'astronome Carl Sagan, l'humanité traverse sa phase d'« adolescence technique », typique d'une civilisation sur le point d'intégrer le type I de l'échelle de Kardashev.

Carl Sagan a fait découvrir les travaux de Kardashev sur la classification des civilisations au moyen de leur dépense d'énergie en 1973[37]. Il a remarqué que les écarts entre chaque stade énoncé par Kardashev étaient si importants qu'ils ne permettaient pas de modéliser au mieux l'évolution des civilisations[8]. En conséquence, Sagan a proposé une classification plus fine, toujours fondée sur les types de Kardashev mais intégrant des paliers intermédiaires (matérialisés par des chiffres). La civilisation de « Type 1.1 » serait capable de mobiliser 1017 watts alors que celle de « Type 2.3 » se définit par une puissance de 1029 17 watts. Sagan a estimé que selon cette échelle revisitée, l'humanité actuelle pourrait être placée dans la catégorie de « Type 0.7 » (puissance consommée équivalente à environ 10 térawatts)[38],[34] (plus précisément 0.72 selon Per Calissendorff[32]), ou 0.16% de l'énergie disponible sur Terre[39]. Sagan fonde ses calculs sur l'interpolation logarithmique suivante[40] :

où « K » représente le niveau de civilisation de Kardashev et « W » la puissance consommée en watts. Ce stade d'évolution se caractérise selon lui par la capacité de s'autodétruire, ce qu'il nomme l'« adolescence technique » (technological adolescence)[41]. Sagan a également suggéré que pour être complet il faut ajouter à la classification une échelle alphabétique, pour indiquer le niveau de développement sociétal. Par conséquent, une civilisation de classe A se fonderait sur 106 bits d'informations, une autre de classe B, sur 107, celle de classe C sur 108 et ainsi de suite. L'humanité actuelle appartiendrait donc au type « 0.7 H » selon Sagan. La première civilisation avec laquelle l'humanité entrerait en contact pourrait se situer entre les stades « 1.5 J » et « 1.8 K ». Une supercivilisation galactique serait de type « 3 Q », alors qu'une fédération de galaxies pourrait être classée comme type « 4 Z »[34].

Kaku et l'économie de la connaissance

Pour le physicien Michio Kaku l'humanité pourra atteindre le type I en investissant dans l'économie de la connaissance.

Dans son ouvrage, Physics of the Future, le physicien américain Michio Kaku examine les conditions pour que l'humanité converge vers une civilisation planétaire de type I. Cette convergence est, selon lui, principalement fondée sur l'économie de la connaissance. Kaku utilise l'échelle de Kardashev, mais la développe en y ajoutant un stade supplémentaire : une civilisation de type IV serait capable de puiser l'énergie dont elle a besoin au sein des rayonnements extragalactiques. En étudiant l'évolution des technologies qui ont changé l'Histoire (le papier, la puce électronique), Kaku estime que l'humanité se dirige vers une civilisation aux dimensions planétaires, dont Internet est le « point de départ »[42].

Une civilisation de type I consomme une énergie de l'ordre de milliers à des millions de fois notre production planétaire actuelle, environ un milliard de trillions de trillions d'ergs par seconde. Elle disposerait d'assez d'énergie pour modifier la survenue de certains phénomènes naturels comme les tremblements de terre ou les volcans, et pourrait construire des villes sur les océans[35]. Nous pouvons voir les prémices d'une civilisation de type I dans le fait qu'un langage planétaire se développe (l'anglais), qu'un système de communication global apparaît (Internet), qu'un système économique mondial est en gestation (l'établissement de l'Union européenne) et même qu'une culture mondialisée es en train d'uniformiser l'humanité (médias de masse, la télévision, la musique rock ou encore les films d'Hollwood)[35]. Pour atteindre le type II, l'humanité doit se concentrer sur plusieurs domaines : la construction d'infrastructures facilitant la communication et la collaboration, l'éducation, la recherche et développement ainsi que l'innovation mais aussi bâtir de forts liens entre les diasporas et leurs pays d'origine, ainsi qu'entre migrants et non-migrants[43]. En cas d'échec pour encourager le développement de ces domaines, Kaku prévoit que l'humanité puisse sombrer dans les « abysses »[44]. En conclusion, une civilisation évoluée doit s'accroître plus vite que la fréquence de survenue des catastrophes cosmiques hostiles à la vie, comme l'impact de géocroiseurs ou de comètes. Une civilisation de type I devrait également être capable de maîtriser les voyages spatiaux pour dévier des objets menaçants. Elle devrait aussi anticiper l'apparition d'une ère glaciaire et modifier le climat longtemps avant pour l'éviter[35].

Débats autour des types I, II et III

Une supercivilisation de type III serait capable de voyager au moyen de trous de ver.

Zuckerman estime à 10 000 le nombre de civilisations qui peuvent exister dans notre galaxie[45].

Vers le type I

Le physicien Freeman Dyson a calculé que le type I devrait être accompli dans une période d'environ 200 ans[35], alors que pour Richard Carrigan, la Terre est encore à quatre degrés du type I[46]. L'atteinte prochaine du type I (en l'an 3 000 pour Richard Wilson) s'accompagnerait de profonds bouleversements sociaux, mais aussi d'un important risque d'autodestruction[47].

Selon Per Calissendorff, la consommation énergétique ne peut être le principal paramètre pour expliquer le passage d'un type à un autre. Les civilisations doivent posséder des moyens pour maintenir leur taux d'accroissement malgré les conditions climatiques et les catastrophes naturelles d'importance, voire les catastrophes cosmiques. Une civilisation s'engageant vers le deuxième stade doit être capable de maîtriser le voyage spatial, la communication interplanétaire, l’ingénierie stellaire, et le climat. Elle doit aussi avoir développé un système de communication planétaire, tel Internet[32]. Pour Kaku, la seule menace sérieuse pour une civilisation de type II serait l'explosion d'une supernova proche alors qu'aucune catastrophe cosmique connue ne serait capable d'anéantir une civilisation de type III[35].

Selon Philip T. Metzger, l'humanité a atteint le type I mais un défi énergétique se présente à elle. Les énergies non renouvelables sont quasi totalement exploitées sur Terre : le gaz vers 2020-2030, le charbon vers 2035, l'uranium vers 2056, alors que le pétrole a atteint son pic de production en 2006-2008[48]. L'énergie nucléaire ne peut totalement combler la demande énergétique mondiale (elle ne représente que 6% en 2011). Par ailleurs les énergies renouvelables ne peuvent supporter une demande énergétique croissante[49]. La plupart des minerais utilisés par l'homme risquent de se raréfier ; 11 minerais sont déjà classés comme ayant dépassé leurs pics de production[50]. Pour Metzger, l'humanité doit donc mener un « projet de cent ans » destiné à réaliser un vaisseau spatial (« 100 Year Starship ») capable d'accéder aux vastes ressources énergétiques présentes dans le système solaire[51]. Il est même probable pour Metzger que si des extraterrestres convoitaient les ressources énergétiques de notre système solaire, ils ne viendraient pas les chercher sur Terre mais sur les divers astéroïdes et planétoïdes. La robotique est le seul moyen pour accéder à tant de ressources dispersées, et l'humanité devrait se lancer dans un second projet à long terme que Metzger nomme la « robotsphère », qui débuterait par l'epxloitation énergétique de la Lune (estimée à X 2,3 × 1013 J par an). Ce premier pas permettrait d'atteindre le type II en 53 ans. Puis la robotsphère (des sondes automatisées autoréplicantes et autoapprenantes) s'étendrait au reste du système solaire[52]. Les progrès actuels de l'intelligence artificielle laissent supposer que les bases d'une robotsphère puissent être atteintes au début du prochain siècle[53]. Metzger entrevoit huit bénéfices pour l'humanité[54].

Vers le type II

Pour Carl Sagan, le type II devrait être atteint vers 2100[42]. Cependant, se fondant sur 27 années de données concernant les programmes spatiaux ainsi que sur la production et la consommation énergétique mondiale, M. G. Millis montre que l'énergie requise pour entrer dans l'ère des voyages interplanétaires ne permettra pas à l'humanité de lancer des telles missions avant deux siècles. Son analyse rejoint celle, économique, de Freeman Dyson[55].

Viorel Badescu et Richard B. Cathcart ont étudié la possibilité qu'une civilisation de type II puisse utiliser un dispositif de 450 millions de kilomètres pour orienter le rayonnement solaire et pouvoir ainsi imprimer à son étoile un mouvement cinétique (de l'ordre de 35 à 40pc[56]), lui permettant notamment de capter son exergie et de naviguer dans la galaxie[57],[58].

Pour Claude Semay, « une civilisation de stade II pourrait être détectée sur de grandes distances (par ce qu’on appelle des « fuites d’astrotechnique »), à condition qu’elle ne soit pas située dans une région trop éloignée de nous dans la Galaxie, ou qu’elle n’occupe pas un emplacement qui nous soit masqué par des nuages de gaz ou de poussières[59]. »

Vers le type III

Vue d'artiste du quasar GB1508. Selon l'astronome russe Kardashev, une civilisation hautement évoluée, dite de « type III » dans sa classification théorique, serait capable de puiser son énergie depuis une telle source.

Une civilisation de type III devrait être détectable en raison de la quantité importante de rayonnement captée à l'échelle de la galaxie. Calissendorff propose de prendre comme valeur 75% de la lumière totale émise par une galaxie pour déterminer qu'une civilisation de type III a recours à de nombreuses sphères de Dyson. Si seulement trois ou quatre de ces sphères occupent la galaxie, cela ne veut pas forcément signifier que la civilisation a atteint le type III ; elle peut être encore en transition[60].

Cependant, « une civilisation de type III ne doit pas être confondue avec ce que les auteurs de science-fiction appellent un « empire galactique » » note Semay, sachant qu'elle ne peut exister que si le voyage interplanétaire est acquis or il n'y a pas de preuve que cela soit possible un jour[61]. En partant des calculs de Dyson, Semay considère qu'un tel voyage serait de trois siècles, pour une distance moyenne entre étoiles d’environ 7 années-lumière. En somme, la vitesse de propagation du front de colonisation, qui va de X 4 × 10−4 à X 5 × 10−3 année-lumière par an, conduirait l'humanité à se diffuser dans la galaxie en une durée comprise entre 16 et 200 millions d’années[62]. « Une civilisation de type III, ayant donc « domestiqué » sa galaxie par la construction d’un grand nombre de sphères de Dyson, serait détectable sur des distances intergalactiques de plusieurs millions d’années-lumière[59]. »

Une civilisation de type III pourrait théoriquement vivre au sein d'un trou noir supermassif, sur une orbite périodique stable, ce qui la rendrait totalement indétectable d'après V. I. Dokuchaev[63].

Selon Kaku, des civilisations de type II et III pourrait être capables de s'approvisionner par l'énergie de Planck, soit 1019 milliards d'électronvolts), forme d'énergie présente uniquement au sein des trous noirs ou aux débuts du Big Bang. Le voyage au moyen de trous de ver serait à portée de telles civilisations[35]

Critiques de la classification

Des postulats erronés

L'échelle théorisée par Kardashev est née au sein du contexte géopolitique de la Guerre froide dans lequel l'énergie avait valeur suprême[64]. Le physicien de l'université de Buenos Aires Guillermo A. Lemarchand considère que quatre arguments s'opposent à la classification de Kardashev[41] :

  1. Des émetteurs omnidirectionnels de longue portée seraient très énergivores. Or utiliser des dispositifs directionnels ou intermittents, pointés à chaque fois dans une direction différente, nécessiteraient beaucoup moins d'énergie. Une civilisation de types II ou III pourraient donc se définir par autre chose que par une consommation exponentielle d'énergie.
  2. l'hypothèse d'une consommation d'énergie exponentielle est certainement fausse car si l'on analyse la consommation d'énergie par habitant au cours de toute l'histoire humaine, nous trouverons qu'elle forme une succession de courbes de type logistique avec un créneau de saturation pour chaque innovation technologique. Par conséquent, un état stable ou de croissance limitée est plus probable.
  3. selon le principe de médiocrité, appliqué à la recherche de civilisations extraterrestres par Sagan et Shklovskii en 1966 à partir des calculs de John Richard Gott[65], les civilisations plus importantes que la nôtre doivent être suffisamment rares pour ne pas avoir la possibilité de dominer et d'être visibles.
  4. Enfin, les programmes de recherche et d'écoute, à Harvard et Buenos Aires (Horowitz et Sagan en 1993 ou Lemarchand et al. en 1997), n'ont pas apporté de preuves scientifiques de l'existence de sources artificielles, que cela soit dans la Voie lactée comme dans les galaxies proches (M33, M81, la la galaxie du Tourbillon ou encore Centaurus A), ni même dans l'amas galactique de la Vierge.

Pour le météorologiste britannique Lewis F. Richardson, auteur d'une étude statistique sur la mortalité (publiée dans Statistics of Deadly Quarrels, 1960), l'agressivité de l'homme ne permet pas d'augurer une durée de vie à l'humanité lui permettant d'atteindre des stades plus évolués. Il estime que les pulsions violentes de l'homme détruiront l'ordre social sur une période de 1 000 ans. De surcroît l'humanité a de grandes chances de sombrer au moyen d'armes de destruction massives, d'ici quelques siècles tout au plus[66].

Les transhumanistes Paul Hugnes et John Smart expliquent l'absence de signaux d'une civilisation de type III par deux hypothèses : soit elle s'est autodétruite soit elle n'a pas suivi la trajectoire décrite par Kardashev[37]. La croissance de la consommation énergétique devrait créer une crise climatique que Dutil et Dumas fixent à 1 W/m2 ou 127 TW. En considérant un taux d'accroissement de 2% par an, une civilisation industrielle devrait cesser de croître assez tôt dans son histoire (après quelques siècles)[67]. En somme, l'impossibilité de sauvegarder durablement les ressources énergétiques peut expliquer l'absence de civilisations de types II et III[68].

L'échelle de Kardashev ne prend pas en ligne de compte les coûts énergétique et économique importants que requièrent les missions spatiales, coûts engendrés par le « postulat de l'obsolescence incessante » (Incessant Obsolescence Postulate) qui pose que toute mission interstellaire ultérieure à celle lancée atteindra la destination plus tôt et avec plus d'équipement moderne que celle initiale[69].

Pour Zoltan Galántai il n'est pas possible d'imaginer un projet de civilisation s'étalant sur des siècles (comme une sphère de Dyson) voire des millions d'années à moins d'envisager une pensée et une éthique différentes des nôtres, à portée d'une civilisation ancestrales. Il propose donc de classer les civilisations en fonction de leurs capacités à mener sur le long terme des projets de civilisation d'envergure[70].

Enfin pour Freeman Dyson la communication et la vie peuvent continuer éternellement, au sein d'un Univers ouvert, en utilisant une quantité finie d'énergie ; l'intelligence est donc le seul paramètre fondamental pour qu'une civilisation survive à très long terme, et l'énergie n'est alors plus ce qui la définit, thèse qu'il développe dans son article Time Without End : Physics and Biology in an Open Universe[71].

D'autres échelles

Pour Zoltan Galántai une échelle classant les civilisations doit se baser sur leur aptitude à survivre aux catastrophes, notamment celles d'origine cosmique, comme l'impact d'un géocroiseur.

L'astronome John Barrows de l'Université de Sussex a fait l'hypothèse que d'autres stades existent au-delà du type III. Ces civilisations de types IV, V voire VI seraient capables de manipuler les structures cosmiques (galaxies, amas galactiques, superamas) et même d'échapper à l'Univers mourant par des trous dans l'espace[35].

Zoltan Galántai reconnaît la contribution importante qu'a joué la classification de Kardashev au sein du programme SETI mais il considère qu'une autre échelle est possible, sans utiliser la consommation d'énergie, mais en recourant à la miniaturisation. L'hypothèse de Donald Tarter, chercheur au SETI, est qu'une civilisation fondée sur la nanotechnologie n'aurait pas besoin d'une quantité toujours plus importante d'énergie. Une civilisation de type I, maîtrisant le voyage spatial local, pourrait tout à fait coloniser son système planétaire et même le nuage de Oort sans avoir besoin d'une quantité d'énergie la faisant appartenir au type II[37]. Cette échelle perd son sens au-delà du type II, puisqu'il est impossible de prévoir l'évolution des civilisations sur de longues distances spatiales, au sein d'un processus de colonisation galactique. Enfin, l'échelle de Kardashev est le produit d'une époque aux connaissances scientifiques insuffisantes, qui considérait CTA-102 comme une source artificielle de type III alors que l'on sait aujourd'hui qu'il s'agit d'un noyau galactique[72].

Zoltan Galántai suggère dans un autre article de considérer une autre échelle, non plus basée sur la consommation d'énergie mais sur l'habileté d'une civilisation à survivre aux désastres naturels et cosmiques. Le type I décrirait une civilisation capable de résister à une catastrophe naturelle locale, comme les Anasazis. Une civilisation de type II aurait les moyens de contrer une catastrophe régionale ou continentale, enfin le type III pourrait faire face à un désastre global tels l'impact d'un géocroiseur, l'éruption d'un supervolcan ou encore à une ère glaciaire. Au-delà de ces trois premiers types viennent des civilisations s'étant dispersées dans la galaxie. Celle de type IV serait encore vulnérable à quelques menaces cosmiques alors que celle de type V serait techniquement immortelle puisque plus aucune catastrophe cosmique ne pourrait l'atteindre[73]. L'échelle de Kardashev peut être un outil pertinent pour prévenir les catastrophes, qu'elles soient humaines ou naturelles d'après Richard Wilson, qui rapporte cette échelle à la puissance de destruction, en TNT. Une civilisation de type I utiliserait 25 mégatonnes de TNT équivalentes par seconde, celle de type II 4 X109 fois plus (4 milliards de bombes hydrogène par seconde, alors que celle de type III 1011 fois plus[74].

M. G. Millis estime que les données actuelles (sur une période de 27 ans) permettent de prédire que l'humanité n'accèdera pas au type I avant l'année 2400 (soit une production annuelle de X 2,1 × 1016 W). Il a actualisé les calculs de Kardashev d'après les données s'étalant de 1980 à 2007[75].

Extrapolation de M. G. Millis (2011) d'après les données de 1980 à 2007[75]
Type et puissance énergétique Au plus tôt Nominale Au plus tard
Type I (2.1 x 10 p16W) 2209 2390 6498
Type II (3.8 x 10 p26W) 2873 3652 21272
Type III (4 x 10 p37W) 3587 5007 37147

Zoltan Galántai remarque que ni Kardashev ni Sagan n'ont pensé prolonger l'échelle et définir un type IV (qui utiliserait l'énergie d'un Univers entier). Ils n'ont tout simplement pas envisager une civilisation capable de manipuler son environnement sur la plus haute échelle possible (sur environ 14 milliards de parsecs)[8]. La supercivilisation de type IV s'approche des possibilités divines et pourrait créer et voyager à travers des Univers alternatifs conçus par elle[76], cette dernière possibilité étant réservée pour Carrigan à une civilisation de type V[46].

La fraction d'énergie captée par une civilisation capable de s'alimenter sur un trou noir pourrait permettre de classer les civilisations[77].

Scénarios possibles

Les paramètres les plus importants pour définir l'existence d'une civilisation sont au nombre de trois d'après Kardashev : l'existence de sources d'énergie très puissantes, l'utilisation de technologies hors normes et la transmission d'importantes quantités d'information de différentes sortes à travers l'espace[78].

Les sources d'énergie

La classification de Kardashev est fondée sur l'hypothèse qu'une civilisation avancée utilise beaucoup d'énergie, ce qui sous entend qu'elle doit être de fait détectable sur de longues distances résume Zoltan Galántai[37]. À l'origine, pour Kardashev, la limite d'utilisation d'énergie par une civilisation se situe dans la région du spectre électromagnétique allant de 106 à 10 l8 Hz, ce qui autorise deux constats relatifs à la thermodynamiques. Premièrement l'intégralité de l'énergie consommée est inévitablement convertie en chaleur. Deuxièmement, la seule façon de dissiper cette énergie est sous la forme de rayonnements dispersés dans l'espace. Ces deux constats sont les piliers de la théorie de Kardashev qui considère que les objets cosmiques à fort rayonnement pourraient être des sources artificielles[79].

Dutil et Dumas envisagent plusieurs limitations physiques à une production énergétique en continu, comme celle de la photosynthèse (environ 10 TW), celle climatique (environ 127 TW) ou encore celle liée au flux solaire (174 000 TW). La seule d'énergie inépuisable, qui puisse garantir à une civilisation un approvisionnement sur plusieurs milliards d'années, est le deutérium[80]. La durabilité d'une civilisation doit donc passer par « un strict contrôle de l'exploitation des ressources » disponibles ; cette difficulté à dépasser les limites énergétiques peut expliquer le fait que la grande majorité des civilisations échouent à s'engager dans un projet de colonisation spatiale[68]. Une solution pour augmenter la production énergétique serait de capter le rayonnement solaire radié sur la surface lunaire, soit X 1,6 × 1015 W (soit 164 W/m2, sur une surface de X 9,5 × 1012 m2)[75].

L'astrophysicien Makoto Inoue et l'économiste Hiromitsu Yokoo ont étudié la possibilité qu'une civilisation de type III puisse s'alimenter depuis un trou noir supermassif (SMBH en anglais). L'énergie captée pourrait couvrir les extraordinaires besoins d'une civilisation nécessitant environ X 4 × 1044 erg/s[81]. L'énergie serait recueillie sous forme de rayonnements émis par la matière s'engouffrant dans l'astre, au moyen de collecteurs situés au sein du disque d'accrétion. Ces collecteurs sont similaires à des sphères de Dyson. Le trop-plein, ainsi que les déchets de la civilisation, seraient redirigés vers le trou noir. Une fraction de cette énergie, dirigée sous forme d'un rayon pulsé de haute densité, pourrait être utile pour le voyage spatial. Un club galactique de civilisations pourrait transmettre l'énergie au moyen de réseaux au sein de la galaxie. Au sein des différentes stations d'alimentation centrales composant le réseau, la transmission de puissance est commutée régulièrement, entre émetteur et récepteur, et ce en fonction de la rotation galactique. Pour être efficace, ce réseau devrait être situé au centre de la galaxie[77].

La technologie

Schéma d’une coquille de Dyson d’une unité astronomique de rayon

Ce paramètre est l'un des plus indétectables dans l'Univers en raison du fait que les structure de matière solide sont à basse température et émettent de faibles rayonnements. Leur luminosité, très difficilement observable, ne peut également permettre de les observer au moyen de télescopes. De même on doit renoncer à les détecter via leurs effets gravitationnels[82]. Par contre leur existence peut être déterminée en analysant les longueurs d'onde entre 8 et 13 microns, correspondant à des températures de surface de 300 °K. Une hypothétique sphère de Dyson pourrait ainsi être détectée[19], à condition que l'observation se fasse depuis l'espace[83]. Localement, la baisse importante de la lumiosité, qui résulterait d'une sphère de Dyson (ou « bulle de Fermi ») immense, permettrait de mettre en évidence une civilisation de type III[84].

Une mégastructure comme une sphère de Dyson pourrait être le résultat d'une ingénierie basée sur les sondes autoréplicantes comme celles imaginées par von Neumann. Une civilisation de type III aurait en effet les moyens de disperser dans la galaxie un nombre important de ces sphères, ce qui aurait pour conséquence d'atténuer la lumière rayonnée par la galaxie[85]. Kaku considère également que c'est la plus efficace, car la plus mathématique, méthode de colonisation de l'espace. Par exemple, une galaxie de 100 000 années lumière de diamètre serait explorée en un demi-million d'années[35]. Paul Davies a suggéré qu'une civilisation puisse coloniser la galaxie en dispersant des sondes miniatures, pas plus grosses que la paume de la main, et de fonctionnement nanotechnologique. Cette thèse est réaliste, explique-t-il, puisqu'il est évident que la technologie est de plus en plus miniaturisée et, en proportion, moins coûteuse[35].

Des mégastructures de type II seraient plus facilement détectables. Ce serait le cas d'une sphère de Dyson utilisée comme « moteur stellaire » (stellar engine)[86], tout comme l'apport d'éléments lourds[87]. De même, des « propulseurs de Shkadov » (Shkadov thruster), qui permettraient de générer une poussée latérale sur son soleil de 4,4 parsec en reflétant les rayonnements solaires au moyen d'une structure constituée de miroirs, seraient des objets observables. Ce dispositif briserait la symétrie des radiations solaires et contrebalancerait les forces gravitationnelles, permettant ainsi à une civilisation de type II de déplacer son système solaire d'origine à travers l'espace[88],[86]. Drake et Shklovskii ont également envisagé la possibilité d'« ensemencer » une étoile (Stellar salting) en y ajoutant artificiellement des composants extrêmement rares comme le technium ou le promethium. Une telle intervention sur la composition d'une étoile serait détectable[89].

Il est toujours possible que l'humanité puisse détecter les traces d'une civilisation de types I, II ou III disparue. La recherche de traces matérielles de telles civilisations (sphères de Dyson ou moteurs stellaires par exemple), « alternative intéressante » au programme SETI conventionnel, jete les bases d'une « archéologie cosmique » selon Richard A. Carrigan. Les efforts pour détecter des marqueurs d'intelligence dans l'atmosphère des exoplanètes (comme le Fréon, l'oxygène ou même l'ozone, résidus de l'activité biotique selon les recherche de James Lovelock[90]) en est l'un des axes prometteurs. Une civilisation observant son étoile mourir (en géante rouge par exemple) pourrait avoir tenté d'en prolonger l'existence par des mégastructures qui devraient être détectables[91]. Les traces possibles pourraient être des résidus nucléaires, à rechercher au sein des types spectraux allant de A5 à F2 selon Whitmire et Wright[92]. Ce pourraît être aussi un changement dans le ratio isotopique, dû à un moteur stellaire, ou encore une modulation spectrale inahbituelle dans la composition de l'astre[93].

La transmission intersidérale d'informations

Capture d’écran du programme SETI@home

Les transmissions d'une civilisation extraterrestres peuvent être divisées en deux types d'après Kardashev. D'une part il peut y avoir échange d'information entre des civilisations hautement développées ou à des stades d'évolution sensiblement semblables. D'autre part la transmission de l'information peut avoir pour but d'élever le niveau d'autres civilisations moins développées. Si les supercivilisations existent bien, la transmission du premier type doit demeurer inaccessible à notre observation car elles doivent être unidirectionnelles et ne pas être dirigées vers notre système solaire. Au contraire, celles du second type doivent être facilement détectables par nos moyens d'écoute[83]. Un signal d'origine artificielle devrait contenir plus de 10 et moins de 100 bits. Ces derniers seraient de deux types : ceux transitoires et ceux ​​stables. Plusieurs critères permettent de discriminer un signal d'origine artificielle des autres. D'abord, la région du spectre optimum pour abriter des signaux artificiels est celle où la température du fond diffus cosmologique est la plus basse[94]. Ensuite, les sources artificielles doivent posséder une taille angulaire minimale. Enfin, l'existence de données suspectes dans les autres régions du spectre (comme la polarisation circulaire, les fréquences radio et optiques ou encore les émissions de rayons X) peuvent confirmer qu'il s'agit d'une transmission intelligente. Deux sources parmi celles étudiées comportent des paramètres proches de ceux attendus : 1934-63 et 3C 273B[95].

Pour L.M. Gindilis, il existe deux critères pour qu'un signal soit dit artificiel : l'un lié à la nature artificielle de la source et l'autre lié à un rayonnement particulier, intentionnellement conçu pour assurer la communication et simplifier la détection[96]. Seules les civilisations de type II ou III peuvent communiquer au moyen de transmissions isotropiques et autorisant une réception non-directionnelle. Dans une bande de 1 MHz (ce qui nécessite environ 1024 watts), la détection de signaux émanant d'une civilisation de type II est possible jusqu'à 1 000 années lumière, alors que les signaux provenant d'une civilisation de type III sont virtuellement détectables dans tout l'Univers observable[97]. Cependant, la construction d'un transmetteur omnidirectionnel assez puissant pour émettre sur une portée de 1 000 années lumière prendrait plusieurs millions d'années. L'énergie requise et la limitation dans sa production constitueraient deux barrières pour achever ce projet dans un délai raisonnable selon V.S. Troitskij[98].

Pour Zoltan Galántai nous ne pourrions pas faire la différence entre un signal intelligent extraterrestre et un signal d'origine naturelle. Par conséquent il ne pense pas que des civilisations de types II, III ou même IV puissent être détectées. Même lorsque l'humanité atteindra le type IV elle sera incapable de détecter une autre supercivilisation de niveau similaire, et nous considérerons leurs modifications de l'Univers comme le résultat de causes naturelles. L'Univers comprend donc peut-être de nombreuses civilisations de type IV mais aucune ne peut parvenir à détecter les autres[99]. Par ailleurs, les dimensions de l'Univers font que ces supercivilisations sont comme des îles éloignées des autres, ce que Dyson définit comme « un Univers à la Lewis Carroll » (a Carroll Universe)[100].

Pour Alexander L. Zaitsev, la transmission radio de message interstellaire (IRM) est la plus probablement utilisée par les civilisations. Les radiotélescopes planétaires et installés sur des astéroïdes permettraient d'écouter au mieux les multiples messages qui pourraient nous être envoyés[101]. Le programme SETI scanne actuellement les seuls fréquences et télévisuelles envoyées par une civilisation de type 0, note Michio Kaku. Par conséquent, notre galaxie est peut-être traversée de communications provenant de civilisations de type II et III mais nos instruments d'écoute peuvent uniquement détecter des messages de type 0[35].

Recherche et détection de civilisations

La conférence Byurakan (1964)

Fichier:Byurakan observatoire.jpg
L'observatoire astrophysique de Byurakan

Depuis 1962, Kardashev est membre d'un groupe de recherche SETI au Sternberg State Astronomical Institute de Moscou. En 1964 il organise la première rencontre soviétique quant à la possibilité de civilisations extraterrestres, qui se tient à l'observatoire astrophysique de Byurakan en Arménie[102]. Cette conférence nationale se tient en réponse au séminaire américain dit Green Bank conference de 1961 (qui a lieu à l'observatoire de Green Bank, aux États-Unis)[103]. Réunissant des radioastronomes, il a pour objectif d'« obtenir des solutions techniques et linguistiques rationnelles quant au problème de la communication avec une civilisation extraterrestre qui est plus avancée que la civilisation de la Terre. » Kardashev y présente sa classification alors que Troitskii annonce qu'il est possible de détecter des signaux émanant d'autres galaxies[104]. Le travail de Kardashev est le centre de l'attention de tous[105],[106].

Pour Kardashev, « dans les 5-10 prochaines années, toutes les sources de radiation constituant le plus grand flux observable, dans toutes les régions du spectre électromagnétique, auront été découvertes et étudiées », la sensibilité des appareils d'écoute ayant en effet atteint leurs limites techniques. Selon lui, la totalité du spectre électromagnétique sera connue et, par conséquent, la liste des objets pouvant être des sources artificielles pourrait ainsi être étendue. La recherche de signaux artificiels devra alors se concentrer sur les objets de luminosité ou de rayonnement maximum appartenant à une région particulière du spectre mais aussi sur les objets de masse importante, et sur ceux qui représentent l'essentiel de la matière dans l'Univers[107]. Dès 1971, Kardashev considère que ce constat nécessite de préparer un plan d'écoute et d'analyse qui permette le succès de la recherche de civilisations extraterrestres. L'humanité sera alors en mesure de lever le « dilemme principal » (main dilemma) tel qu'il a été énoncé par Enrico Fermi[108]. Ce dilemme est, selon l'astronome soviétique, certainement lié à notre manque d'informations et de connaissances[109],[110].

Kardashev pense qu'un projet de recherche comme Ozma est incapable de détecter une civilisation de type I (idée promue également par Kaplan en 1971[111]) et que le projet SETI devrait plutôt se concentrer sur la recherche de signaux radio intenses qui pourraient émaner de civilisations de type II ou III en activité[112]. Pour prouver que cette approche est efficace, Kardashev a donc porté son attention sur deux radio sources détectées par le California Institute of Technology et nomenclaturées CTA-21 et CTA-102. Par la suite, Sholomitskii a utilisé la station de recherche astronomique russe pour examiner les données de CTA-102[103]. Il a déterminé que cette radiosource se distingue par sa variabilité. Kardashev a considéré que cela pouvait constituer l'indice d'une source d'émission artificielle, bien que de durée de vie assez courte[31].

Vers une « eschatologie physique »

Les connaissances de ces supercivilisations hypothétiques doivent s'inscrire dans un large éventail de lois physiques, qui contient l'intégralité de nos connaissances actuelles, les développements technique et scientifique de l'humanité pouvant être considérés comme un stade inévitable et nécessaire dans le processus d'évolution d'une civilisation. Sur ce principe, Kardashev propose de définir plusieurs concepts applicables aux civilisations extraterrestres[113]. Les lois physiques, universelles, peuvent être utilisées comme une base commune pour comprendre les autres civilisations et, en particulier, nous permettre de développer un programme de recherche objectif[114]. Michio Kaku considère lui aussi que le développement des civilisation obéit aux « lois d'airains de la physique » et en particulier aux lois de la thermodynamique, à celles de la matière stable (matière baryonique) et à celles de l'évolution planétaire (probabilité de survenue de catatrophes naturelles ou cosmiques)[35]. Le principe entropique permet également de prévoir les caractéristiques sociologiques aux fondements de toute civilisation[115].

Cependant, ces lois universelles ne sont pas le seul paramètre à prendre en compte. Zoltan Galántai explique ainsi qu'« il est impossible de calculer le futur de l'Univers sur de longues périodes sans inclure les effets de la vie et de l'intelligence », position proche de celle adoptée par le mathématicien Freeman Dyson[116]. La prise en compte de ces deux phénomènes, les lois physiques universelles et l'intelligence issue de la vie, définissent une « eschatologie physique » (Physical eschatology) selon l'expression de Galántai. Cette approche débute dans les années 1970 avec les travaux de Kardashev, puis l'eschatologie physique a peu à peu intéressé nombre de scientifiques et de penseurs, note Dyson[8].

Une définition fonctionnelle de la civilisation

Projection de l'échelle de Kardashev jusqu'en 2040 d'après les données de l'International Energy Agency World Energy Outlook

L'observation du développement des organismes vivants montre qu'ils sont caractérisés par la tendance à emmagasiner une quantité maximum d'informations, à propos de l'environnement et à propos d'eux-mêmes. Puis cette information donne lieu à une analyse abstraite, ce qui joue un rôle important dans le développement des formes de vie. Kardashev définit donc la civilisation dans une perspective fonctionnelle comme : « un état de matière très stable capable de faire l'acquisition, l'analyse abstraite et d'appliquer l'information dans le but d'en extraire les données concernant l'environnement et elle-même, afin de développer des réactions de survie »[113],[117]. Cependant, cette définition fonctionnelle de la civilisation sous-entend qu'elle ne peut avoir de fin puisqu'elle repose sur le principe qu'elle accumule toujours plus d'informations. Reprenant les catégories de von Hoerner, Kardashev entrevoit quatre scénarios possibles concernant le développement de civilisations : 1) la destruction totale de la vie, 2) la destruction de la vie intelligente seulement, 3) la dégénérescence, et 4) la perte d'intérêt. Toutefois il refuse d'y voir des fins inévitables. Or poser comme principe que la seule limite au développement d'une civilisation ne peut être que l'existence d'une quantité finie d'informations, et ce dans tous les domaines, est tout aussi erroné puisqu'il est hautement improbable que l'information soit infinie dans l'Univers[118]. Compte-tenu des ces deux hypothèses, Kardashev avance qu'il n'y a pas de civilisation universelle (supercivilisation) parce que les civilisations hautement évoluées perdent tout intérêt à la recherche spatiale. En tout état de cause, et en dépit du problème des fins des civilisations, Kardashev conclut, à la lumière de sa définition fonctionnelle de la civilisation avancée, que cette dernière doit utiliser une masse et une énergie sur des échelles fantastiques. Rien ne permet, selon lui, de dénoncer l'hypothèse que l'expansion de l'Univers ne serait pas un effet de l'activité intelligente d'une supercivilisation[119].

La civilisation humaine : modèle d'extrapolation

Kardashev se pose la question suivante : « Peut-on décrire dans ses grandes lignes le développement d'une civilisation sur des périodes cosmologiques importantes ? » Or nous savons que beaucoup de paramètres fondamentaux, caractérisant le développement de la civilisation sur Terre, croissent de manière exponentielle. Dans le domaine de l'énergie, l'astronome Don Goldsmith a estimé que la Terre reçoit environ un milliardième de l'énergie du soleil, et que les humains en utilisent environ un millionième. Donc, nous consommons environ un million de milliardième de l'énergie totale du Soleil. Notre expansion étant exponentielle nous pouvons déterminer combien de temps il faudra pour que l'humanité passe du type II au type III selon Michio Kaku[35]. Le taux de développement de notre propre monde demeure donc le seul critère pour extrapoler l'état de civilisations plus anciennes que l'humanité[120]. Il en est de même en ce qui concerne les valeurs sociales et les besoins fondamentaux d'après Ashkenazi[121]. Par conséquent, le temps pour doubler la connaissance technique est d'environ dix ans, pour doubler la puissance énergétique, les réserves disponibles et la population est d'environ 25 ans. Deux scénarios sont alors possibles : l'expansion spatiale ou la stagnation énergétique, cette dernière n'étant encore possible que pendant 125 ans estime Kardashev, qui utilise cette relation (avec un taux d'accroissement alpha de 1.04) :

où : « P » est un paramètre qui accroît annuellement, « Po » est un facteur qui accroît en « t » années selon : .

Si ce taux d'accroissement alpha de 1,04 est maintenu, la consommation énergétique de l'humanité dépassera : la quantité d'énergie solaire rayonnée après 240 ans, l'énergie totale du Soleil après 800 ans, et celle de l'énergie rayonnée par la galaxie entière après 1 500 ans[122]. Kardashev conlut que la croissance exponentielle actuelle constitue une phase de transition dans le développement d'une civilisation, et qu'il est inévitablement limité par des facteurs naturels. De fait, la masse et l'énergie requises augmenteront exponentiellement également et ce pendant encore 1 000 ans estime-t-il. La civilisation est donc définie par un taux d'accroissement exponentielle[123]. L'humanité comme modèle pour penser le développement des civilisations extraterrestres présente des limites, dépassables véritablement par une approche multidisciplinaire d'après les travaux de Kathryn Denning[124].

Recherches menées

Le radiotélescope d'Arecibo, sur l'île de Porto Rico, haut lieu de la recherche SETI

Kardashev et Sholomitskii (1963)

En 1963, Nikolaï Kardashev et A. G. Sholomitskii étudient depuis le Crimea Deep Space Station la radiosource CTA 102 sur la bande des 920 Mhz, à la recherche de signes d'une civilisation de type III[125]. CTA 102 avait été découvert par Sholomitskii un an auparavant et Kardashev y avait vu rapidement une source artificielle possible à étudier pour valider sa classification. L'observation dure jusqu'en février 1965 et, le 12 avril, Sholomitskii annonce à la presse (via l'ITAR-TASS russe) que des astronomes soviétiques ont découvert un signal qui pourraît être d'origine extraterrestre. Le 14 avril il donne une conférence à Moscou où il réitère son annonce mais en novembre 1964 deux astronomes américains identifient CTA 102 comme étant un quasar, classant définitivement l'« affaire CTA 102 »[126]. C'est l'étude de ce quasar qui a conduit à la conférence de Byurakan, en 1964[127].

Drake et Sagan (1975-1976)

En 1975 et 1976, les astronomes américains Frank Drake et Carl Sagan recherchent des signes de civilisations de type II à Arecibo parmi quatre galaxies du groupe local : M33, M49, Leo I et Leo II[128],[129]. L'année précédente, les deux hommes avaient envoyé le premier message de l'humanité en direction de M13[130]. Les résultats donnent lieu à une publication : « The Search for Extraterrestrial Intelligence » dans la revue Scientific American de mai 1975.

Kardashev, Troitskii et Gindilis (1976)

En 1976, au radiotélescope RATAN-600, dans le nord Caucase, Kardashev, Troitskii et Gindilis ont recherché des signaux de civilisations de types II ou III dans la Voie lactée et dans d'autres galaxies proches[129]. Le radiotélescope a été construit en 1966, sous la supervision de Gindilis, pour écouter dans les longueurs d'onde centimétriques[131].

Cohen, Malkan et Dickey (1978)

En 1978, Cohen, Malkan, Dickey recherchent des signaux passifs de civilisations de types II ou III au sein de 25 amas globulaires, à Arecibo[129]. Les résultats donnent lieu à une article, « A passive SETI in globular clusters at the hydroxyl and water lines », publié dans la revue Icarus en 1980.

Tarter, Kardashev et Slysh (1987)

En 1987, Tarter, Kardashev et Slysh utilisent le VLA pour détecter d'éventuelles sources infrarouges situées près du centre galactique et issues du catalogue établi au moyen du télescope IRAS. Les trois hommes sont à la recherche de preuves d'hypothétiques sphères de Dyson. Les objets s'avèrent être des étoiles de type OH/IR[129],[132].

Annis (1999)

Aucune source artificielle caractéristique d'une civilisation de type III n'a été détectée parmi les 31 galaxies spirales observées par Annis en 1999.

Une recherche à petite échelle destinée à isoler des sources possibles appartenant au type III a été menée par James Annis en 1999 et publiée dans le Journal of the British Interplanetary Society sous le titre : « Placing a limit on star-fed Kardashev type III civilisations »[133]. Astrophysicien au Fermilab (États-Unis), Annis a étudié un échantillon de 31 galaxies, spirales et elliptiques, en utilisant le diagramme de Tully-Fisher dans lequel l'amplitude absolue est représentée en fonction de la vitesse de rotation des galaxies. Annis a suggéré que 75% des objets les moins lumineux (à savoir témoignant d'une baisse de 1,5 de magnitude absolue en comparaison du diagramme) pourrait être considérés comme de possibles candidats. Cependant, aucun objet ayant cette caractéristique n'a été observé lors de son enquête[134],[59]. D'autre part, Annis utilise les données astronomiques disponibles pour estimer la probabilité qu'une civilisation de type III puisse exister. Il montre que la durée moyenne pouvant permettre l'émergence d'une telle civilisation est de 300 milliards d'années, par conséquent aucune ne peut exister dans notre Univers actuel[135],[136].

Calissendorff (2010)

Per Calissendorff a mené une étude sur un échantillon de galaxies spirales issues de deux bases de données : 4 861 issues du catalogue Spiral Field I-band (SFI++ établi par Springob et al. en 2005) et 95 issues de celui de Reyes et al. en 2011[137].

La même procédure que celle d'Annis a été suivie, mais l'échantillon de galaxies utilisé est 80 fois plus important que celui à la base de l'étude d'Annis[138]. Quelques sources ont été classées comme « déséquilibrées » (lopsided) : elles apparaissent asymétriques dans leurs formes, ce qui signifie qu'un côté du disque galactique est plus massif et moins lumineux que l'autre. Cette caractéristique pourrait être, selon Calissendorff, l'indice que la galaxie abrite une civilisation qui a placé des sphères de Dyson dans sa majeure partie. Ceci peut s'expliquer par le fait que la colonisation parte d'un côté du disque galactique, le faisant apparaître plus sombre, et faisant croire à un observateur lointain que le noyau s'est déplacée vers ce même côté[139]. Par ailleurs, une galaxie abritant des sphères de Dyson devrait être caractérisée par une importante source d'infrarouge lointain[140]. Reste qu'une civilisation de type III peut avoir recours à l'énergie au moyen d'une sphère de Dyson sans enserrer une étoile. En effet, de telles mégastructures pourraient également extraire l'énergie d'un trou noir, selon l'étude de Inoue et Yokoo (2011). Ce genre de construction ne diminuerait toutefois pas la luminosité d'une galaxie observée[141]. L'étude de Calissendorff conclut que 11 des sources analysées (sur un catalogue de 2 411 galaxies, soit 0,46%) peuvent constituer des indices possibles d'une civilisation de type III[142]. En recherchant des objets opacifiant 90% de la lumière, alors il ne reste plus qu'une seule source répondant aux critères[141]. Ces sources positives accusent un faible décalage vers le rouge (donc elles sont anciennes, d'environ 100 millions d'années), ce qui correspond avec de possibles civilisations de type III, qui n'ont pu fleurir que tôt dans le passé[138].

Pour avoir davantage de chances de détecter des sources artificielles de type III, Calissendorff suggère de prendre plusieurs photographies de suite, assez rapidement pour fixer le mouvement des turbulences dans l'atmosphère, d'appliquer différents filtres photométriques et de rechercher des zones sombres (cas d'une sphère de Dyson en cours d'assemblage par une civilisation de type II), ou encore analyser le spectre infrarouge des galaxies. Un échantillon beaucoup plus important d'objets devrait être étudié[143].

Des critères d'écoute possibles

Point de vue de Kardashev

Selon Kardashev, notre méconnaissance en ce qui concerne les possibilités physiques de communiquer à travers l'espace est grande[144]. Nous ne connaissons en effet qu'une fraction négligeable du spectre électromagnétique et, donc, des sources d'informations existantes dans l'Univers[145]. Ainsi, parmi les 89% d'information qu'il nous manque, 42% concernent la région allant de 109 à 1014 Hz (ondes centimétriques, millimétriques, submillimétriques et infrarouges) et 25% concernent celle entre 1015 et 1018 Hz (radiations ultraviolet et rayons X[109]. Kardashev distingue deux catégories de domaines d'écoute : les objets émettant sur un large spectre de fréquence (de largeur de spectre) et les objets émettant au contraire dans une raie spectrale étroite, cette seconde catégorie posant beaucoup plus de problèmes théoriques que la première tout en étant centrale, à la fois pour l'astrophysique et pour la recherche de civilisations extraterrestres[145]. En dépit des avancées en astrophysique, les informations disponibles demeurent insuffisantes pour démontrer l'absence de supercivilisations, partant de l'incapacité à observer des signes d'activité. Toutefois, en raison de la possibilité que des sytèmes planétaires soient beaucoup plus anciens que le nôtre, et en considérant que des objets cosmiques comme les quasars soient en fait des produits de l'activité de supercivilisations, un programme détaillé d'écoute et de recherche de signes intelligents demeure valable[146]. Ce programme comprend[147] :

  • la surveillance du ciel sur 3, 10, 30, 100, et 300 microns et en particulier sur 1, 3, 10 mm de façon à identifier cent des plus puissantes sources parmi celles observées et sur chaque fréquence ;
  • étudier en détail les propriétés des quasars et autres objets suspect ;
  • rechercher des anomalies monochromatiques parmi les radio sources les plus puissantes (comme une raie d'émission hydroxyle), dans la bande décimétrique ;
  • recherche des signaux pulsés (pulsars) d'origine interstellaire, dans la même bande ;
  • recherche des signaux monochromatiques de fréquences variables, toujours dans la même bande.

Selon Kardashev, seul un radio interféromètre à la base, soit de l'ordre ou soit plus large, que le diamètre de la Terre, positionné dans l'espace orbital, permettrait d'écouter les fréquences centimétriques et décimétriques[114]. Une fois qu'un nombre de sources suspectes a été sélectionné, il s'agit ensuite de rechercher des contenus signifiants parmi les rayonnements desdits objets[114]. En 1998, Nikolaï Kardashev, S.F Likhachev et V.I Zhuravlev ont proposé deux projets spatiaux SETI pour détecter des sources artificielles : le projet Millimetron (observatoire en orbite comprenant un miroir de 10 m de diamètre) et le télescope optique VLBI optical telescope (pour la synthèse interférométrique d'images en ultraviolet, optique et infrarouge)[148].

Autres pistes

Les amas globulaires regroupent des pouponnières d'étoiles. Ils constitueraient selon Richard A. Carrigan une zone de recherche SETI privilégiée (ici, M80).

Pour S. A. Kaplan, « le critère le plus fiable » demeure la faible dimension angulaire de la source radio. La longueur d'onde des 21 cm, privilégiée depuis 1959, suite à l'étude de Cocconi et Morrison n'est pas la seule région d'écoute. Kaplan, en 1971, cite également la région radio du spectre, caractérisée par le radical hydroxyle (OH)[111]. Pour Livio les moyens de détection devraient se focaliser sur les amas globulaires, régions les plus susceptibles d'abriter des planètes similaires à la Terre[149].

Pour Guillermo A. Lemarchand, les civilisations extraterrestres ne doivent pas recourir à un transmetteur omnidirectionnel. Il faut plutôt rechercher des signaux de faibles informations, intermittents et unidirectionnels. Les civilisations extraterrestres doivent certainement utiliser l'interférométrie en pointant des systèmes solaires où la vie peut apparaître. Nous pouvons espérer capter de tels signaux à des distances allant jusqu'à [35 + (tf-2000)/2] années lumière (où tf est la date d'observation en années, sachant que tf ≥ 2000)[150]. Il existe cependant quantité de techniques pour transmettre un message intersidéral, qui vont des bosons aux particules voire même aux antiparticules[151].

Une source artificielle située dans le disque d'accrétion d'un trou noir supermassif ne serait pas détectable par les faisceaux utilisés pour le transfert de l'énergie collectée. En effet la probabilité de détecter un rayon d'un micron d'arc-seconde est inférieure à 10 -23. De surcroît l'énergie émise par le trou noir ne permettrait pas de détecter celle utilisée par la civilisation de type III. Par contre le système de réflexion optique des rayonnements pourrait être détecté par l'ombre qu'il produit sur le disque d'accrétion[152].

Une civilisation de type III ayant recours à une « bulle de Fermi » serait détectable par le fait qu'elle diminue la luminosité d'une région de la galaxie. Une observation infrarouge permettrait de la mettre en évidence, en particulier dans les galaxies elliptiques, suggère Annis[84].

Objets « suspects »

Le quasar 3C 273, le plus lumineux jamais observé.

Le quasar 3C 9 est cité par Kardashev dès 1971[153]. L'étude du quasar 3C 273 montre qu'une structure solide le compose. D'autres quasars (3C 279, 3C 345, 3C 84) ont des propriétés proches de celles attendues par une source artificielle, d'autant plus que les émissions sont puissantes dans la région intermédiaire du spectre (entre les fréquences radio et celles optiques)[154]. Les quasars constituent des sources artificielles potentielles, d'autant plus que leur âge correspond aux possibilités techniques de supercivilisations. Les sources radio situées au centre des galaxies peuvent aussi être des sources artificielles selon Kardashev[155], même s'il est démontré aujourd'hui qu'il s'agit de trous noirs supermassifs. En 1971, Kardashev considérait que les objets constituant les sources artificielles les plus probables pourraient être découvertes dans les prochaines années[145].

L'extraordinaire périodicité des émissions provenant des pulsars a été prise, dès 1968, par le découvreur du premier d'entre eux (CP 19019), Antony Hewish, pour des sources artificielles. La presse de l'époque a d'ailleurs surnommé cet objet « LGM-1 » (pour « little green men »), suite à la maladresse d'Hewish, qui n'a pas attendu les vérifications nécessaires. Kaplan, en 1971, retire le pulsar de la liste des objets pouvant constituer une source d'origine artificielle[156].

En 2011 James et Dominic Benford examinent les possibilités qui existent pour différencier les pulsars d'éventuels sources artificielles émettant des signaux intelligents comme : la bande passante (des signaux d'environ 100 MHz pourraient être artificiels), la longueur d'impulsion (pour diminuer les coûts, l'impulsion devrait être courte) et la fréquence (10 GHz environ, pour des raisons économiques également). La radiosource PSR J1928+15 (observée en 2005 près du disque galactique, sur une fréquence de 1,44 GHz, à Arecibo) pourrait être d'origine extraterrestre. James et Dominic Benford étudient trois scénarios dans lesquels le facteur coût est pris en considération. Dans l'hypothèse où la source est à coût optimisé, elle appartient à une civilisation de type 0,35 (la Terre étant de type 0,73). Si elle est à coût non optimisé et fonctionne par une petite antenne, le type est de 0,86. Avec une grande antenne, elle serait issue d'un type 0,66. Selon cette méthode coût/efficacité, on peut estimer que les sources de faible intensité sont certainement les plus répandues, mais sont aussi les plus difficiles à observer[157].

Dans la science-fiction

L'échelle de Kardashev est un concept populaire dans la science-fiction[158]. Les auteurs y font allusion tout en prenant des libertés envers la gradation élaborée par l'astronome russe.

Type I

Type II

Le type II est caractérisé par des civilisations capables d'essaimer dans la galaxie. Le meilleur exemple connu est la Fédération des planètes unies de l'univers de Star Trek, une république fédérale interplanétaire, qui à la fin du 24e siècle, compte plus de 150 planètes membres (entités politiques) et plusieurs milliers de colonies réparties dans un rayon de 8 000 années-lumière s'étalant sur les Quadrants Alpha et Bêta de la Voie Lactée. Cette civilisation est suffisamment avancée pour utiliser l'énergie d'une étoile, voyager à des vitesses supraluminiques et même accomplir des déplacements temporels (ce qui la rapproche du type III)[159]. C'est également le cas de L'Anneau-Monde de Larry Niven[160].

Type III

D'autres récits de science-fiction présentent des civilisations sur la route de l'expansion vers le reste de l'Univers. Kaku donne l'exemple de la civilisation décrite par Isaac Asimov dans le Cycle de Fondation. Ayant terminé de coloniser l'intégralité de la galaxie, cette supercivilisation a une durée de vie de plusieurs millénaires. Le Continuum Q, dans Star Trek, est également un exemple de type III[161].

Type IV et Type V

Ces civilisations ont terminé l'aménagement du superamas galactique local voire de l'Univers entier. La civilisation galactique de Star Wars, de George Lucas, de taille caractéristique du type IV[100].

Type VI et Type VII

Plusieurs récits présentent des civilisations ayant évolué vers la déité et capable de créer des univers à volonté par la provocation de Big Bangs artificiels préalablement paramétrés, ou pour changer les lois de la Nature. La nouvelle A Billion Year to Doomsday (1975)des frères Arkady et Boris Strugatsky présente une civilisation ayant pour projet de modifier les lois physiques[162].

Notes et références

Notes

  1. « Detection and studies of extraterrestrial civilizations constitute a problem of immense significance for the progress of humanity and for its culture and philosophy. The discovery of intelligent life in the Universe would provide a guideline to the possible development of our civilization over astronomical time spans. »
  2. « Civilization is a highly stable state of matter capable of acquiring, making abstract analysis of, and utilizing information to obtain qualitatively new information about its environment and about itself, to improve its capabilities of gathering new information for producing sustaining reactions. Civilization is characterized by the content of the information acquired, by the program of functioning, and by the production required to implement these functions »
  3. « Civilizationis a highly stable state of matter capable of acquiring, making abstract analysis of, and utilizing information to obtain qualitatively new information about its environment and about itself, to improve its capabilities of gathering new information for producing sustaining reactions. Civilization is characterized by the content of the information acquired, by the program of functioning, and by the production required to implement these functions. »
  4. « It is quite probable that our present state is one through which any civilization should pass during its initial evolution. »
  5. « the search for extraterrestrial civilizations could yield positive results within the first ten years, thereby giving mankind access to the vast store of information acquired in the Universe over a time span of billions of years. »

Références

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  21. Kardashev a d'ailleurs publié un article sur ce sujet : (en) Radioastron - a Radio Telescope Much Greater than the Earth, in Experimental Astronomy, 1997, volume 7, no 4, p. 329-343
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  24. Sur ce sujet Kardashev a déjà réalisé une étude : (en) erreur du modèle {{langue}} : texte absent, in Nature, 278, 28-30, mars 1979, DOI 10.1038/278028a0
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  28. Pour plus de détails voir : (en) V. Gromov et N. Kardashev, « Sensitivity evaluation of submillimeter interferometer Earth - space telescope Submillimetron », dans From optical to millimetric interferometry: scientific and technological challenges. Proceedings of the 36th Liège International Astrophysics Colloquium, Liège, Belgium, July 2-5, 2001, Université de Liège, Institut d'Astrophysique et de Géophysique, , 99-102 p.
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Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Articles

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