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La Chine et aussi le premier acheteur et utilisateur de ces peaux, à 80% pour son marché intérieur<ref name=Rapport2017Care/>.
La Chine et aussi le premier acheteur et utilisateur de ces peaux, à 80% pour son marché intérieur<ref name=Rapport2017Care/>.


[[File:Mink Farm Sweden.png|thumb|upright=2|Les élevages industriels sont selon l'[[ANSES]] (2014) sources de {{Citation|poussière organique, constituée de particules inertes et de microorganismes, issus de la nourriture, de la litière, des matières fécales, des pellicules de la peau, des poils}} et de {{Citation|dissémination de [[antibiorésistance|bactéries résistantes aux antibiotiques]] dans l'environnement}}<ref name=Anses2014>{{Lien web |prénom=Anne |nom=Oppliger |titre=Propagation dans l'environnement des microorganismes et autres particules organiques issus des élevages intensifs et conséquences pour la santé des riverains |url=https://serval.unil.ch/notice/serval:BIB_BA2C0B8CE4E4 |site=ANSES, Bulletin de veille scientifique : santé, environnement, travail |date=2014 |issn=1950-4764 |consulté le=2020-11-15 |page=69–72}}</ref>. Outre des épidémies internes, une contagion de chats errants ou d'animaux sauvages ou d'éleveurs est possible.]]
[[File:Mink Farm Sweden.png|thumb|upright=2|Les élevages industriels sont selon l'[[ANSES]] (2014) sources de {{Citation|poussière organique, constituée de particules inertes et de microorganismes, issus de la nourriture, de la litière, des matières fécales, des pellicules de la peau, des poils}} et de {{Citation|dissémination de [[antibiorésistance|bactéries résistantes aux antibiotiques]] dans l'environnement}}<ref name=antibioresistanceMink2009>{{Article |langue=en |prénom1=Karl |nom1=Pedersen |prénom2=Anne Sofie |nom2=Hammer |prénom3=Charlotte Mark |nom3=Sørensen |prénom4=Ole E. |nom4=Heuer |titre=Usage of antimicrobials and occurrence of antimicrobial resistance among bacteria from mink |périodique=Veterinary Microbiology |volume=133 |numéro=1-2 |date=2009-01 |doi=10.1016/j.vetmic.2008.06.005 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0378113508002204 |consulté le=2020-11-15 |pages=115–122}}</ref>{{,}}<ref name=Anses2014>{{Lien web |prénom=Anne |nom=Oppliger |titre=Propagation dans l'environnement des microorganismes et autres particules organiques issus des élevages intensifs et conséquences pour la santé des riverains |url=https://serval.unil.ch/notice/serval:BIB_BA2C0B8CE4E4 |site=ANSES, Bulletin de veille scientifique : santé, environnement, travail |date=2014 |issn=1950-4764 |consulté le=2020-11-15 |page=69–72}}</ref>. Outre des épidémies internes, une contagion de chats errants ou d'animaux sauvages ou d'éleveurs est possible.]]


== Maladies ==
== Maladies ==
La haute concentration des cages d'[[élevages industriels]] et une faible [[diversité génétique]] (cf [[insémination artificielle]] à partir d'individus sélectionnés pour leur fourrure) sont des conditions idéales pour les maladies contagieuses, éventuellement zoologiques, et [[antibiorésistant]]es. En 2020, plusieurs maladies sont notamment problématiques :
L'[[élevage industriel]] concentre sur une petite surface, dans des centaines à milliers cages très proches les une des autres un grand nombre de visons présentant une très faible [[diversité génétique]] (cf [[insémination artificielle]], à partir de quelques mâles sélectionnés pour leur fourrure). De plus des antimicrobiens sont ajoutés à l'alimentation ou utilisés comme médicaments<ref name=antibioresistanceMink2009/>.


=== Problème de l'antibiorésistance ===
=== Maladie aléoutienne (virose) ===
Au Danemark, par exemple, la consommation d'antimicrobiens par les élevages a augmenté de [[2001]] à [[2006]]<ref name=antibioresistanceMink2009/>, puis malgré une première alerte scientifique, elle a encore significativement augmenté de 2007 à 2012, fluctuant à un niveau élevé de 2012 à 2016 (avec une diminution, temporaire, en 2013–2014) <ref>{{Article |langue=en |prénom1=V.F. |nom1=Jensen |prénom2=H.M. |nom2=Sommer |prénom3=T. |nom3=Struve |prénom4=J. |nom4=Clausen |titre=Factors associated with usage of antimicrobials in commercial mink (Neovison vison) production in Denmark |périodique=Preventive Veterinary Medicine |volume=126 |date=2016-04 |doi=10.1016/j.prevetmed.2016.01.023 |lire en ligne=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S016758771630040X |consulté le=2020-11-15 |pages=170–182}}</ref>{{,}}<ref>Anononymous. DANMAP 2014—Use of antimicrobial agents and occurrence of antimicrobial resistance in bacteria from food and humans in Denmark. Copenhagen, Denmark. ISSN 1600-2032. 2015.</ref>. En 2012-2016, ces antimicrobiens étaient surtout des [[aminopénicilline]]s suivies des [[tétracycline]]s et des [[macrolide]]s, alors qu'en 2001-2006, c'était surtout des [[pénicilline]]s à large spectre, devant les [[aminoside]]s, les [[sulfamide]]s avec [[triméthoprime]] et les [[macrolide]]s)<ref name=Etude2017Dk/> ;
Une étude danoise (2009) a étudié les effets de ces antimicrobiens ''vétérinaires'' sur quelques uns des pathogènes bactériens les plus fréquents dans les élevages de visons ([[staphylocoque]]s hémolytiques (ex : ''[[Staphylococcus delphini]], [[Staphylococcus aureus]] et [[Staphylococcus schleiferi]]''), [[streptocoque]]s hémolytiques (ex : ''[[Streptococcus canis]], [[Streptococcus dysgalactiae]]''), ''[[Pseudomonas aeruginosa]], [[Pasteurella multocida]] [[Escherichia coli]]''). En 2009, un taux élevé d'antibiorésistance, et une multirésistance élevée, ont été trouvé chez ''[[Staphylococcus intermedius]]'' (contre les [[tétracycline]]s (54,7%), contre par la [[pénicilline]] (21,7%), contre les [[lincosamide]]s (20,4%), contre [[macrolide]]s (19,1%) et la [[spectinomycine]] (18,5%)<ref name=antibioresistanceMink2009/>. D'autres antimicrobiens étaient plus rarement concernés. Les résistances les plus fréquentes d' ''[[Escherichia coli|E. Coli]]'' concernait l'[[ampicilline]], la [[streptomycine]], les [[sulfamide]]s et les [[tétracycline]]s, et rarement d'autres antimicrobiens. Tous les isolats testés de ''[[Pseudomonas aeruginosa|P. aeruginosa]]'' restaient sensibles à la [[gentamicine]] et à la [[colistine]] et sensibles ou intermédiaires à l'[[enrofloxacine]], alors que la plupart résistaient à tous les autres antimicrobiens. Tous les streptocoques ''[[Pasteurella multocida]]'' et hémolytiques étaient encore sensibles à la [[pénicilline]]<ref name=antibioresistanceMink2009/>.
<br>Une étude plus récente (2017) a constaté que de [[2014]] à [[2016]], en général les antimicrobiens utilisés par les éleveurs n'étaient en outre pas homologués pour le vison, c'est-à-dire {{Citation|non conformes}} pour la plupart des usages qui en sont fait<ref name=Etude2017Dk>{{Article |langue=en |prénom1=Nanett Kvist |nom1=Nikolaisen |prénom2=Desireé Corvera Kløve |nom2=Lassen |prénom3=Mariann |nom3=Chriél |prénom4=Gitte |nom4=Larsen |titre=Antimicrobial resistance among pathogenic bacteria from mink (Neovison vison) in Denmark |périodique=Acta Veterinaria Scandinavica |volume=59 |numéro=1 |date=2017-12 |issn=1751-0147 |pmid=28903765 |pmcid=PMC5598060 |doi=10.1186/s13028-017-0328-6 |lire en ligne=http://actavetscand.biomedcentral.com/articles/10.1186/s13028-017-0328-6 |consulté le=2020-11-15 |pages=60}}</ref>. ''E. coli'' résistaient alors à l'[[ampicilline]], dans respectivement 82,3% des isolats hémolytiques et 48,0% des isolats non hémolytiques<ref name=Etude2017Dk/>. 50% des isolats de ''P. aeruginosa'' n'étaient plus sensibles qu'à la [[ciprofloxacine]] et à la [[gentamicine]]. Chez les ''Staphylococcus'' spp., la [[tétracycline]] est souvent devenue inefficace, et au moins une souche de [[Staphylococcus aureus résistant à la méticilline]] a été trouvée alors que 2 espèces de Streptococcus β-hémolytiques étaient devenus très résistants à la [[tétracycline]] et à l'[[érythromycine]]<ref name=Etude2017Dk/>.

En [[2017]], la plupart des bactéries pathogènes du vison présentaient une ou plusieurs résistances, notamment aux isolats d' ''E. coli'' hémolytique (plus qu'aux autres E. coli). Les auteurs appellent à une utilisation plus prudente et contrôlée des antimicrobiens chez le vison. Ses conditions d'élevage industriel sont idéales pour l'apparition de maladies contagieuses, éventuellement [[zoonotique]]s, et [[antibiorésistant]]es<ref name=antibioresistanceMink2009/>.

En [[2020]], plusieurs maladies sont notamment problématiques :

=== Cas de la maladie aléoutienne (virose) ===
La [[maladie aléoutienne]] est due à un [[parvovirus]]. Elle peut toucher tous les élevages de [[mustélidé]]s ([[Furet]], [[loutre]], [[putois]], [[marte des pins]] (...) et au-delà [[renard]] et raton-laveur) mais qui se montre souvent plus mortelle pour le vison.
La [[maladie aléoutienne]] est due à un [[parvovirus]]. Elle peut toucher tous les élevages de [[mustélidé]]s ([[Furet]], [[loutre]], [[putois]], [[marte des pins]] (...) et au-delà [[renard]] et raton-laveur) mais qui se montre souvent plus mortelle pour le vison.


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{{Loupe|Maladie aléoutienne}}
{{Loupe|Maladie aléoutienne}}


=== COVID-19 ===
=== Cas de la COVID-19 ===
Le vison est vulnérable au [[SRAS-CoV-2]]) ([[coronavirus]] responsable en [[2020]] de la [[pandémie de COVID-19]]). D'autres animaux (primates non humains, félidés, chiens, furets, hamsters, lapins et les chauves-souris peuvent aussi être infectés par cette [[zoonose]] émergente), mais dans les élevages européens, c'est chez le vison qu'il a été le plus souvent trouvé (Aux [[Pays-Bas]] d'abord dans deux élevages les 23 et 25 avril 2020)<ref name=PrePrintSept2020NL/> puis au [[Danemark]]). Il y est introduit par des hommes, et le vison peut réinventer d'autres humains, et selon une étude publiée en septembre 2020 (en pré-print par 10 chercheurs néerlandais) le séquençage du génome entier a montré en 2020 que le virus a évolué dans ces élevages, laissant envisager une {{Citation|circulation généralisée entre les visons en début d'infection, plusieurs semaines avant la détection}}).
Le vison est vulnérable au [[SRAS-CoV-2]]) ([[coronavirus]] responsable en [[2020]] de la [[pandémie de COVID-19]]). D'autres animaux (primates non humains, félidés, chiens, furets, hamsters, lapins et les chauves-souris peuvent aussi être infectés par cette [[zoonose]] émergente), mais dans les élevages européens, c'est chez le vison qu'il a été le plus souvent trouvé (Aux [[Pays-Bas]] d'abord dans deux élevages les 23 et 25 avril 2020)<ref name=PrePrintSept2020NL/> puis au [[Danemark]]). Il y est introduit par des hommes, et le vison peut réinventer d'autres humains, et selon une étude publiée en septembre 2020 (en pré-print par 10 chercheurs néerlandais) le séquençage du génome entier a montré en 2020 que le virus a évolué dans ces élevages, laissant envisager une {{Citation|circulation généralisée entre les visons en début d'infection, plusieurs semaines avant la détection}}).


Entre avril et fin 2020, malgré des mesures de [[biosécurité]] renforcées ainsi que des alerte plus précoce et l'abattage (tardif) d'animaux d'élevages infectées, la transmission continue à s'étendre entre les fermes via des modes de transmission encore mal compris<ref name=PrePrintSept2020NL>{{Lien web |langue=en |prénom=Bas B. |nom=Oude Munnink |prénom2=Reina S. |nom2=Sikkema |titre=Jumping back and forth: anthropozoonotic and zoonotic transmission of SARS-CoV-2 on mink farms |url=http://biorxiv.org/lookup/doi/10.1101/2020.09.01.277152 |date=2020-09-01 |doi=10.1101/2020.09.01.277152 |consulté le=2020-11-13}}</ref>.
Entre avril et fin 2020, malgré des mesures de [[biosécurité]] renforcées ainsi que des alerte plus précoce et l'abattage (tardif) d'animaux d'élevages infectées, la transmission continue à s'étendre entre les fermes via des modes de transmission encore mal compris<ref name=PrePrintSept2020NL>{{Lien web |langue=en |prénom=Bas B. |nom=Oude Munnink |prénom2=Reina S. |nom2=Sikkema |titre=Jumping back and forth: anthropozoonotic and zoonotic transmission of SARS-CoV-2 on mink farms |url=http://biorxiv.org/lookup/doi/10.1101/2020.09.01.277152 |date=2020-09-01 |doi=10.1101/2020.09.01.277152 |consulté le=2020-11-13}}</ref>.


Au moins à courte distance, la [[poussière]] des élevages peut être contaminante<ref name=PromedMai2020>{{Lien web |langue=en-US |titre=Promed Post – ProMED-mail |url=https://promedmail.org/promed-post/?id=20200509.7316646|consulté le=2020-05-26}}</ref>. Au Danemark après que 207 élevages (et 12 humains) aient été infectés par des variant mutants du virus, un comité de coordination interne au gouvernement a décidé<ref>{{Lien web |langue=da |prénom=Thue Ahrenkilde |nom=Holm |titre=Minkbranchens skæbne blev beseglet i regeringens »indre kabinet«: For bordenden sad statsminister Mette Frederiksen |url=https://www.berlingske.dk/content/item/1520068 |site=Berlingske.dk |date=2020-11-13 |consulté le=2020-11-13}}</ref> l'euthanasie de 15 à 17 millions de visons des élevages danois, car les virus mutants apparus dans ces élevages pourraient ne pas être éliminés par le vaccin en préparation<ref>{{Lien web |langue=da |prénom=Bent |nom=Winther |titre=ENGLISH VERSION: Mink causes new covid-mutation in humans – is Denmark in risk of becoming the new Wuhan? |url=https://www.berlingske.dk/content/item/1517712 |site=Berlingske.dk |date=2020-11-04 |consulté le=2020-11-13}}</ref>.
Au moins à courte distance, la [[poussière]] des élevages peut être contaminante<ref name=PromedMai2020>{{Lien web |langue=en-US |titre=Promed Post – ProMED-mail |url=https://promedmail.org/promed-post/?id=20200509.7316646|consulté le=2020-05-26}}</ref>. Au Danemark après que 207 élevages (et 12 humains) aient été infectés par des variant mutants du virus, un comité de coordination interne au gouvernement a décidé<ref>{{Lien web |langue=da |prénom=Thue Ahrenkilde |nom=Holm |titre=Minkbranchens skæbne blev beseglet i regeringens »indre kabinet«: For bordenden sad statsminister Mette Frederiksen |url=https://www.berlingske.dk/content/item/1520068 |site=Berlingske.dk |date=2020-11-13 |consulté le=2020-11-13}}</ref> l'euthanasie de plus de 17 millions de visons des élevages danois, car les virus mutants apparus dans ces élevages pourraient ne pas être éliminés par le vaccin en préparation<ref>{{Lien web |langue=da |prénom=Bent |nom=Winther |titre=ENGLISH VERSION: Mink causes new covid-mutation in humans – is Denmark in risk of becoming the new Wuhan? |url=https://www.berlingske.dk/content/item/1517712 |site=Berlingske.dk |date=2020-11-04 |consulté le=2020-11-13}}</ref>. Entre [[2013]] et [[2016]], le pays a produit plus de 17 millions de peaux par an, soit en [[2016]] 30% de la production mondiale (si l'on considère que cette dernière était de 55.7 millions de peaux)<ref>Kopenhagen Fur: Historical data. [http://www.kopenhagenfur.com/da/minkavl/historisk-data/verdensproduktion-i-minkskind production danoise de peaux]</ref>. Les éleveurs ont souvent des chiens et chats, ou des chats errant peuvent être attirés par des restes de nourriture tombés au sol (des microbes antibiorésistanrs sont aussi trouvés chez les chiens danois)<ref>{{Article |langue=en |prénom1=K. |nom1=Pedersen |prénom2=K. |nom2=Pedersen |prénom3=H. |nom3=Jensen |prénom4=K. |nom4=Finster |titre=Occurrence of antimicrobial resistance in bacteria from diagnostic samples from dogs |périodique=Journal of Antimicrobial Chemotherapy |volume=60 |numéro=4 |date=2007-07-10 |issn=0305-7453 |issn2=1460-2091 |doi=10.1093/jac/dkm269 |lire en ligne=https://academic.oup.com/jac/article-lookup/doi/10.1093/jac/dkm269 |consulté le=2020-11-15 |pages=775–781}}</ref>.
{{Loupe|SARS-CoV-2 chez les animaux non humains}}
{{Loupe|SARS-CoV-2 chez les animaux non humains}}


===Pseudomonas aeruginosa ===
=== Cas de ''Pseudomonas aeruginosa'' ===
Certaines souches de [[Pseudomonas aeruginosa ]] sont source de [[pneumonies hémorragiques]], aiguë et souvent mortelle, dans les élevages de vison<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=C.M. |nom=Salomonsen |prénom2=G.E. |nom2=Themudo |titre=Typing of Pseudomonas aeruginosa from hemorrhagic pneumonia in mink (Neovison vison) |url=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0378113512006815 |site=Veterinary Microbiology |date=2013-04 |doi=10.1016/j.vetmic.2012.12.003 |consulté le=2020-11-15 |page=103–109}}</ref>.
Certaines souches de [[Pseudomonas aeruginosa ]] sont source de [[pneumonies hémorragiques]], aiguë et souvent mortelle, dans les élevages de vison<ref>{{Lien web |langue=en |prénom=C.M. |nom=Salomonsen |prénom2=G.E. |nom2=Themudo |titre=Typing of Pseudomonas aeruginosa from hemorrhagic pneumonia in mink (Neovison vison) |url=https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0378113512006815 |site=Veterinary Microbiology |date=2013-04 |doi=10.1016/j.vetmic.2012.12.003 |consulté le=2020-11-15 |page=103–109}}</ref>.


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''[[Acinetobacter baumannii]]'' est la plus courante (95% des infections et des flambées hospitalières), suivi par ''[[Acinetobacter nosocomialis]] ''et'' [[Acinetobacter pittii]]''. Plusieurs épidémies mondiales ont été induites par un complexe clonal I-III, caractérisé par le typage de séquences multilocus<ref name=Acinetobacter2018/>. Puis une lignée nouvelle à haut potentiel de contagion a émergé récemment (caractérisée par un type de séquence (ST) 25)<ref name=Acinetobacter2018/>. ''[[Acinetobacter baumannii|A. Baumannii]]'' (dont le réservoir est inconnu) est ubiquiste : le sol, l'eau et des aliments dont le poisson, le lait, les légumes crus et la viande en contiennent souvent, et des souches multirésistantes à des antibiotiques<ref name=Acinetobacter2018/>. Ceci laisse penser qu'une telle viande peut être vectrice de foyers épidémiques antibiorésistants<ref name=Acinetobacter2018/>.
''[[Acinetobacter baumannii]]'' est la plus courante (95% des infections et des flambées hospitalières), suivi par ''[[Acinetobacter nosocomialis]] ''et'' [[Acinetobacter pittii]]''. Plusieurs épidémies mondiales ont été induites par un complexe clonal I-III, caractérisé par le typage de séquences multilocus<ref name=Acinetobacter2018/>. Puis une lignée nouvelle à haut potentiel de contagion a émergé récemment (caractérisée par un type de séquence (ST) 25)<ref name=Acinetobacter2018/>. ''[[Acinetobacter baumannii|A. Baumannii]]'' (dont le réservoir est inconnu) est ubiquiste : le sol, l'eau et des aliments dont le poisson, le lait, les légumes crus et la viande en contiennent souvent, et des souches multirésistantes à des antibiotiques<ref name=Acinetobacter2018/>. Ceci laisse penser qu'une telle viande peut être vectrice de foyers épidémiques antibiorésistants<ref name=Acinetobacter2018/>.


L'usage intense d'[[antimicrobien]]s dans les élevages exerce une pression hautement sélective susceptible de sélectionner des souches pouvant acquérir et/ou développer des mécanismes d'antibiorésistance<ref name=Acinetobacter2018>{{Article |langue=en |prénom1=Agnese |nom1=Lupo |prénom2=Marisa |nom2=Haenni |prénom3=Jean-Yves |nom3=Madec |titre=Antimicrobial Resistance in Acinetobacter spp. and Pseudomonas spp. |éditeur=ASM Press |date=2018-08-23 |isbn=978-1-68367-052-0 |doi=10.1128/9781555819804.ch17 |lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1128/9781555819804.ch17 |consulté le=2020-11-15 |pages=377–393}}</ref>.
L'usage intense d'[[antimicrobien]]s dans les élevages exerce une pression hautement sélective susceptible de sélectionner des souches pouvant acquérir et/ou développer des mécanismes d'antibiorésistance<ref name=antibioresistanceMink2009/>{{,}}<ref name=Acinetobacter2018>{{Article |langue=en |prénom1=Agnese |nom1=Lupo |prénom2=Marisa |nom2=Haenni |prénom3=Jean-Yves |nom3=Madec |titre=Antimicrobial Resistance in Acinetobacter spp. and Pseudomonas spp. |éditeur=ASM Press |date=2018-08-23 |isbn=978-1-68367-052-0 |doi=10.1128/9781555819804.ch17 |lire en ligne=http://doi.wiley.com/10.1128/9781555819804.ch17 |consulté le=2020-11-15 |pages=377–393}}</ref>.


Dans les élevages de visons des épidémies antibiorésistantes peuvent se développer.
Dans les élevages de visons des épidémies antibiorésistantes peuvent se développer.

Version du 16 novembre 2020 à 01:32

Élevage en semi-liberté, début du XXème siècle[1]
élevage de vison (ferme à fourrure) située à Eest (Utrecht, Pays-Bas), le 18 juillet 1953
Élevage de vison d'Amérique en Pologne, en 2016
Intérieur du hangard d'élevage de vison d'Amérique (Pologne, 2016)
Visonnières de St. Anna (en), au Wisconsin, aux États-Unis.

L'élevage de visons est l'ensemble des opérations visant à faire se reproduire et grandir en cage le Vison d'Amérique (Neovison vison), essentiellement pour la vente de fourrure (de petits élevages fournissent des animaux de laboratoire). Les principaux pays producteurs de cette fourrure sont le Danemark, la Chine, les Pays-Bas, la Pologne et les États-Unis[2].

L'établissement pratiquant cet élevage est une visonnière (nom surtout utilisé en Amérique du Nord).

Histoire

Vers 1917, les trappeurs ne pouvant répondre à la demande, dans un contexte de prix élevés des fourrures (la demande dépasse l'offre), de nombreux élevages de visons (et d’autres espèces) se créent en Amérique du Nord. Pour rappel, alors qu'il faut tuer 10 à 24 renards pour faire un manteau de fourrure, il faut de 36 à 65 visons pour faire un manteau de de taille équivalente.

Le vison a été l'un des premiers animaux à fourrure à être domestiqué. Son élevage s'est largement propagé dans l'État de New-York à partir des années 1870[3].

Les États-Unis, au cours de l'exercice clos le 30 juin 1916, en ont commercialisé pour plus de neuf millions de dollars. « Un coup d'œil sur les rapports de marché traitant des fourrures et donnant des chiffres indiquant le nombre réel de peaux manipulées surprendra le consommateur ordinaire qui, en même temps, s'étonnera qu'un animal à fourrure existe encore. En fait, le nombre des animaux à fourrure diminue régulièrement, poussés plus loin dans les zones désertiques »[3].

Le vison est l'une des espèces les plus utilisées par l'industrie de l'élevage d’animaux à fourrure[3].

Dans les années 2000, les chiffres du marché mondial sont imprécis dans certains pays, mais bien que la fourrure soit passée de mode dans de nombreux pays occidentaux, il a été estimé qu'en 2014 que le commerce de fourrures de vison a généré 40 milliards de dollars [4].

Selon la Fédération internationale de la fourrure (IFF) et Fur Europe il y aurait eu 87 millions de peaux de visons vendues cette même année 2014, dont 35 millions venant d'élevages chinois[5] Mais ce chiffres serait très sous-estimé d'après l'Association de l'industrie du cuir de Chine (CLIA) dont les statistiques donnent pour la Chine seule environ 60 millions de peaux en 2014, ce qui porterait le total mondial à au moins 112 millions de peaux[6]. Selon un rapport récent (2017), les élevages de visons et d'autres animaux à fourrures (renard roux et arctique, chien viverrin, lapins Rex) semblent s'être très fortement développés en Chine entre 2005 et 2020[7]. Selon les douanes chinoises le volume financier net d'importation/exportations de fourrure pour 2003 a été de 997,6 millions de dollars, soit une hausse de + 42,5% en un an, par rapport à 2002 ! Cet accroissement serait dû à une délocalisation de certaines activités de plus en plus jugées honteuses en occident vers la Chine, à une main-d'œuvre bon marché et au peu de réglementations restrictives (les conditions d'élevage sont bien inférieures aux réglementations de l'UE, induisant un stress constant, une mortalité élevée des jeunes, des phénomènes d'automutilation et d'infanticide)[7]. En Chine, les petits élevages sont familiaux, les entreprises moyennes emploient de 10 à 15 salariés alors que les grands élevages emploient de cinquante à plusieurs centaines d'ouvriers[7]. Les provinces de Shandong et Heilongjiang en abritent le plus ; en 2017, certains élevages y détiennent en cage de 1 000 à largement plus de (000 visons, souvent grâce à des investisseurs étrangers[7]. L'une de ces fermes intégrées élève 15 000 renards et 6 000 visons, prenant en charge l'insémination artificielle, l'élevage, l'abattage, la transformation des peaux, le tannage, la teinture et la post-production, incluant l'export hors de Chine[7].

La Chine et aussi le premier acheteur et utilisateur de ces peaux, à 80% pour son marché intérieur[7].

Les élevages industriels sont selon l'ANSES (2014) sources de « poussière organique, constituée de particules inertes et de microorganismes, issus de la nourriture, de la litière, des matières fécales, des pellicules de la peau, des poils » et de « dissémination de bactéries résistantes aux antibiotiques dans l'environnement »[8],[9]. Outre des épidémies internes, une contagion de chats errants ou d'animaux sauvages ou d'éleveurs est possible.

Maladies

L'élevage industriel concentre sur une petite surface, dans des centaines à milliers cages très proches les une des autres un grand nombre de visons présentant une très faible diversité génétique (cf insémination artificielle, à partir de quelques mâles sélectionnés pour leur fourrure). De plus des antimicrobiens sont ajoutés à l'alimentation ou utilisés comme médicaments[8].

Problème de l'antibiorésistance

Au Danemark, par exemple, la consommation d'antimicrobiens par les élevages a augmenté de 2001 à 2006[8], puis malgré une première alerte scientifique, elle a encore significativement augmenté de 2007 à 2012, fluctuant à un niveau élevé de 2012 à 2016 (avec une diminution, temporaire, en 2013–2014) [10],[11]. En 2012-2016, ces antimicrobiens étaient surtout des aminopénicillines suivies des tétracyclines et des macrolides, alors qu'en 2001-2006, c'était surtout des pénicillines à large spectre, devant les aminosides, les sulfamides avec triméthoprime et les macrolides)[12] ; Une étude danoise (2009) a étudié les effets de ces antimicrobiens vétérinaires sur quelques uns des pathogènes bactériens les plus fréquents dans les élevages de visons (staphylocoques hémolytiques (ex : Staphylococcus delphini, Staphylococcus aureus et Staphylococcus schleiferi), streptocoques hémolytiques (ex : Streptococcus canis, Streptococcus dysgalactiae), Pseudomonas aeruginosa, Pasteurella multocida Escherichia coli). En 2009, un taux élevé d'antibiorésistance, et une multirésistance élevée, ont été trouvé chez Staphylococcus intermedius (contre les tétracyclines (54,7%), contre par la pénicilline (21,7%), contre les lincosamides (20,4%), contre macrolides (19,1%) et la spectinomycine (18,5%)[8]. D'autres antimicrobiens étaient plus rarement concernés. Les résistances les plus fréquentes d' E. Coli concernait l'ampicilline, la streptomycine, les sulfamides et les tétracyclines, et rarement d'autres antimicrobiens. Tous les isolats testés de P. aeruginosa restaient sensibles à la gentamicine et à la colistine et sensibles ou intermédiaires à l'enrofloxacine, alors que la plupart résistaient à tous les autres antimicrobiens. Tous les streptocoques Pasteurella multocida et hémolytiques étaient encore sensibles à la pénicilline[8].
Une étude plus récente (2017) a constaté que de 2014 à 2016, en général les antimicrobiens utilisés par les éleveurs n'étaient en outre pas homologués pour le vison, c'est-à-dire « non conformes » pour la plupart des usages qui en sont fait[12]. E. coli résistaient alors à l'ampicilline, dans respectivement 82,3% des isolats hémolytiques et 48,0% des isolats non hémolytiques[12]. 50% des isolats de P. aeruginosa n'étaient plus sensibles qu'à la ciprofloxacine et à la gentamicine. Chez les Staphylococcus spp., la tétracycline est souvent devenue inefficace, et au moins une souche de Staphylococcus aureus résistant à la méticilline a été trouvée alors que 2 espèces de Streptococcus β-hémolytiques étaient devenus très résistants à la tétracycline et à l'érythromycine[12].

En 2017, la plupart des bactéries pathogènes du vison présentaient une ou plusieurs résistances, notamment aux isolats d' E. coli hémolytique (plus qu'aux autres E. coli). Les auteurs appellent à une utilisation plus prudente et contrôlée des antimicrobiens chez le vison. Ses conditions d'élevage industriel sont idéales pour l'apparition de maladies contagieuses, éventuellement zoonotiques, et antibiorésistantes[8].

En 2020, plusieurs maladies sont notamment problématiques :

Cas de la maladie aléoutienne (virose)

La maladie aléoutienne est due à un parvovirus. Elle peut toucher tous les élevages de mustélidés (Furet, loutre, putois, marte des pins (...) et au-delà renard et raton-laveur) mais qui se montre souvent plus mortelle pour le vison.

Cette maladie cause une dépression immunitaire qui expose l'animal à d'autres infections, et qui depuis les années 1980 est de plus en plus présente dans les élevages : par exemple en chine (où il y avait environ 28 millions de visons en cage en 2019) 48% des visons d'élevages étaient séroprévalents pour ce virus en 19812009, taux passé à 61,4% pour la période 2010-2017, avec des différences selon les régions, le Nord-Est et l'Est du pays étant plus touchés)[13].

Cas de la COVID-19

Le vison est vulnérable au SRAS-CoV-2) (coronavirus responsable en 2020 de la pandémie de COVID-19). D'autres animaux (primates non humains, félidés, chiens, furets, hamsters, lapins et les chauves-souris peuvent aussi être infectés par cette zoonose émergente), mais dans les élevages européens, c'est chez le vison qu'il a été le plus souvent trouvé (Aux Pays-Bas d'abord dans deux élevages les 23 et 25 avril 2020)[14] puis au Danemark). Il y est introduit par des hommes, et le vison peut réinventer d'autres humains, et selon une étude publiée en septembre 2020 (en pré-print par 10 chercheurs néerlandais) le séquençage du génome entier a montré en 2020 que le virus a évolué dans ces élevages, laissant envisager une « circulation généralisée entre les visons en début d'infection, plusieurs semaines avant la détection »).

Entre avril et fin 2020, malgré des mesures de biosécurité renforcées ainsi que des alerte plus précoce et l'abattage (tardif) d'animaux d'élevages infectées, la transmission continue à s'étendre entre les fermes via des modes de transmission encore mal compris[14].

Au moins à courte distance, la poussière des élevages peut être contaminante[15]. Au Danemark après que 207 élevages (et 12 humains) aient été infectés par des variant mutants du virus, un comité de coordination interne au gouvernement a décidé[16] l'euthanasie de plus de 17 millions de visons des élevages danois, car les virus mutants apparus dans ces élevages pourraient ne pas être éliminés par le vaccin en préparation[17]. Entre 2013 et 2016, le pays a produit plus de 17 millions de peaux par an, soit en 2016 30% de la production mondiale (si l'on considère que cette dernière était de 55.7 millions de peaux)[18]. Les éleveurs ont souvent des chiens et chats, ou des chats errant peuvent être attirés par des restes de nourriture tombés au sol (des microbes antibiorésistanrs sont aussi trouvés chez les chiens danois)[19].

Cas de Pseudomonas aeruginosa

Certaines souches de Pseudomonas aeruginosa sont source de pneumonies hémorragiques, aiguë et souvent mortelle, dans les élevages de vison[20].

L'étude de 164 isolats bactériens, échantillonnés de 2002 à 2009 dans 95 foyers déclarés dans 90 fermes à visons françaises a montré que « la plupart des épidémies de pneumonie hémorragique chez le vison sont causées par des souches distinctes de P. aeruginosa »[21].
1/3 des flambées étaient induites par des souches très proches de deux variants très répandus mais non apparentés de P. aeruginosa, fait déjà identifié par la rare littérature sur le sujet. En termes de polymorphisme nucléotidique, aucune des souches typées lors de cette étude « n'a été identifiée dans un vaste ensemble de données d'origine humaine et environnementale »[21]

Acinetobacter

Une cinquantaine de bactéries du genre Acinetobacter, en bâtonnets non mobiles, à Gram négatif, aérobies strictes sont connues, vivant à la fois sur des surfaces abiotiques et dans des organismes. Chez l'Homme, beaucoup causent des infections chroniques, surtout chez des patients immunodéprimés[22]. Ces infections tuent alors dans environ 50% des cas[22]. Certaines souches sont aussi pathogènes pour des animaux sauvage et d'élevage (dont le vison)[22]

Acinetobacter baumannii est la plus courante (95% des infections et des flambées hospitalières), suivi par Acinetobacter nosocomialis et Acinetobacter pittii. Plusieurs épidémies mondiales ont été induites par un complexe clonal I-III, caractérisé par le typage de séquences multilocus[22]. Puis une lignée nouvelle à haut potentiel de contagion a émergé récemment (caractérisée par un type de séquence (ST) 25)[22]. A. Baumannii (dont le réservoir est inconnu) est ubiquiste : le sol, l'eau et des aliments dont le poisson, le lait, les légumes crus et la viande en contiennent souvent, et des souches multirésistantes à des antibiotiques[22]. Ceci laisse penser qu'une telle viande peut être vectrice de foyers épidémiques antibiorésistants[22].

L'usage intense d'antimicrobiens dans les élevages exerce une pression hautement sélective susceptible de sélectionner des souches pouvant acquérir et/ou développer des mécanismes d'antibiorésistance[8],[22].

Dans les élevages de visons des épidémies antibiorésistantes peuvent se développer.

Impacts écoépidémiologiques des élevages de visons

Ferme à fourrure (à Kemijärvi, en Finlande, vers 2010). Des cages trop petites, la promiscuité et les conditions d’hygiène favorisent les automutilations, la mort des petits (parfois tuées par leurs mères) et des maladies telles que la maladie aléoutienne ou des mutants de la COVID 19 susceptible de se répandre dans la nature et/ou d’être transmis à l’homme[14]. Photo publiée par l'ONG finlandaise Oikeutta eläimille.
Blessure purulente derrière la tête d'un vison agressé par un congénère dans une cage d'élevage (élevage appartenant à un député polonais)

De nombreux cas documentés ont montré que l'anthropisation de l'environnement et en particulier l'élevage industriel peuvent être la source d'épidémies (éventuellement zoonotiques, comme dans le cas de la grippe) chez des animaux sauvages de la même espèce ou de la même famille, vivant à proximité des élevages. Or, une source importante de maladies infectieuses peut aussi nuire à la conservation de la faune sauvage, notamment quand une maladie infectieuse est transmise d'une population-réservoir à la faune sympatrique[23],[24].

Le vison d'Europe a disparu d'une très grande partie de son aire de répartition, et là où il n'a pas disparu il y est devenu rare, face à un vison d'Amérique échappé d'élevage qui se montre invasive[25],[26],[27]. Cependant, en Amérique du Nord, le vison d'Amérique sauvage (Neovison vison) semble lui-même être en déclin, au Canada notamment[28],[24].

Ce phénomène est longtemps resté sans explication. Puis des chercheurs ont récemment eu l'idée de réaliser une étude à grande échelle appuyée sur deux protocoles complémentaires : 1°) dans toute la province de l'Ontario, ils ont évalué la séroprévalence et la répartition des cas sauvages et d'élevages de la maladie aléoutienne ; et 2°) ils ont conduit une enquête à plus petite échelle, à l'interface entre une ferme de visons et la population environnante de visons sauvages.
Ils ont ainsi montré qu'il est assez fréquent que des vison domestique malades s'échappent des fermes de visons et s'hybrident avec le vison sauvage[29]. Et, plus un vison sauvage vit à proximité d'un élevage de visons, plus il a de risque de contracter la maladie aléoutienne. Or cette maladie virale affaiblit fortement le système immunitaire des mustélidés (dont le vison sauvage, qui, dans la nature, ne bénéficie pas d'abri artificiel, de nourriture apportée, ni d'antibiotiques ou d'autres soins vétérinaires). Ce dernier est alors beaucoup plus vulnérables à d'autres infections (viroses, bactérioses) et aux parasitoses ou à la prédation, ce qui se traduit pour l'espèce par une chute de fitness (c'et à dire un faible succès de reproduction) et donc par un recul de l'espèce[24], dont les fonctions écosystémiques ne sont alors plus assurées, au détriment de la stabilité des écosystèmes[23].
En Ontario, 29% de 208 visons vivants échantillonnés portaient des anticorps montrant qu'ils avaient été en contact avec la maladie, et cette séroprévalence était significativement plus élevée dans les zones plus proches des élevages de visons, et ce, à grande comme à petite échelle spatiale. Les auteurs recommandent donc de renforcer les mesures de biosécurité dans et autour des fermes à visons, afin de mieux protéger les visons sauvages.

Source d'allergènes ?

L'ANSES cite une étude ayant montré que « la présence de ferme d'élevage de visons à moins de 500 m est associée avec une augmentation d’asthme et de rhinite allergique chez les résidents », plus qu'à proximité d'élevages de « porcs, poulets, bovins, chèvres et moutons »[9].

Controverses

En , des militants de l’association One Voice s'introduisent dans un élevage d’Eure-et-Loir afin d'y filmer les conditions de vie des animaux. La présidente de l’association rapporte que ces enquêteurs « ont découvert des scènes absolument terribles d’animaux en train de mourir d’une mort lente. Des visons nouveau-nés en train de ramper sur les cadavres de leurs frères et sœurs,  un vison coincé sous les corps de ses congénères, des femelles qui voient leurs petits mourir… C’était extrêmement dur[30]. »

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

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Notes et références

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