Le Lys dans la vallée

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Lys dans la vallée
Image illustrative de l’article Le Lys dans la vallée
Illustration d'Édouard Toudouze.

Auteur Honoré de Balzac
Pays Drapeau de la France France
Genre Étude de mœurs
Éditeur Edmond Werdet
Collection Scènes de la vie de campagne
Lieu de parution Paris
Date de parution 1836
Chronologie
Série La Comédie humaine

Le Lys dans la vallée est un des romans des Études de mœurs d’Honoré de Balzac, paru en volume en 1836 et s’insérant, dans l'édition Furne de 1844, dans le deuxième livre Scènes de la vie de campagne de sa grande fresque intitulée La Comédie humaine.

Évoquant principalement le château de Saché et ses alentours, en Indre-et-Loire, ce roman, écrit en partie à Issoudun et à Vienne (Autriche), fut publié pour les deux premières parties (Les Deux Enfances et Les Premières Amours) de novembre à décembre 1835 dans la Revue de Paris. Puis, en raison d’un différend avec l’éditeur François Buloz, la publication fut interrompue. Le livre, dans sa version complète, paraît en 1836 chez Werdet. Une édition bibliophilique de 1.250 exemplaires, chez Paul Hartmann en 1947, est enrichie d'illustrations de Berthold Mahn.

Genèse du roman[modifier | modifier le code]

L’écriture du Lys dans la vallée s’est échelonnée sur plusieurs années. Dans une première ébauche, qui remonte à 1823[1] et que l’auteur abandonnera momentanément, Blanche de Mortsauf (surnommée Henriette par Félix de Vandenesse) apparaît sous les traits de Mina, femme dévouée à la souffrance. C’est ce portrait-là qu’il a développé et enrichi après avoir lu Volupté de Sainte-Beuve, ce qui excita la hargne de ce dernier contre lui. Balzac dit d'ailleurs de Volupté que c'est un mauvais roman et qu'il veut le « refaire ». Le Lys dans la vallée se présente comme une réplique de Volupté, en mieux[2].

Balzac ne se priva pas d’attaques (parfois injustes, comme le fait observer André Maurois) contre le roman de Sainte-Beuve car, même imparfait et reconnu ennuyeux par de nombreux lecteurs actuels, Volupté fournit le cœur du Lys dans la vallée, roman d’initiation sentimentale qui devint un mythe littéraire que d’autres écrivains se sont approprié, comme Gustave Flaubert avec L'Éducation sentimentale, Marcel Proust avec Un amour de Swann ou André Gide avec La Porte étroite.

Résumé[modifier | modifier le code]

Le Lys dans la vallée est l’histoire de l’amour intense et platonique entre Félix de Vandenesse, cadet d’une famille aristocratique, et la comtesse Henriette de Mortsauf, vertueuse épouse du comte de Mortsauf, homme sombre et violent.

Félix de Vandenesse (à l’instar de Balzac) raconte son enfance malheureuse où il se sentit mal-aimé, voire haï, et sa rencontre avec une « céleste créature » qui devient pour lui une mère de substitution et une amante inaccessible, beaucoup plus pure et intraitable que l'était madame de Berny, l’inspiratrice et amante d’Honoré de Balzac, pour lequel elle éprouvait un amour quasi maternel. Pieuse parfois à l'excès, elle a pour confesseur l'excellent abbé François Birotteau, auquel on reproche son « manque de force apostolique[3] ». Après plusieurs années de relation chaste, Félix rencontre Lady Dudley à Paris, où ses activités auprès du roi lui ouvrent les salons. C'est une aristocrate anglaise qui lui fait découvrir les joies et les passions charnelles. Henriette vient à apprendre leur relation et se met à dépérir, jusqu’à en mourir. Dès lors, Félix quitte Lady Dudley.

Tout ce récit se présente sous la forme d'une seule lettre que Félix adresse à son amante du moment, la comtesse Natalie de Manerville. Celle-ci lui répond par une annonce de rupture, déclarant ne pas vouloir, ne pas pouvoir être constamment comparée à la douce et sage madame de Mortsauf, ni à la grande et fière Lady Dudley.

Genèse[modifier | modifier le code]

Il est possible que la comtesse Guidoboni-Visconti ait « posé » pour le personnage de Lady Dudley[4], avec un certain goût du jeu.

La couverture originale a été attribuée à Maria du Fresnay, ancienne maîtresse d'Honoré de Balzac, avec qui il entretenait toujours des liens lorsqu'il venait voir grandir sa fille, Marie-Caroline du Fresnay[5].

Personnages[modifier | modifier le code]

  • Henriette de Mortsauf : femme mariée aimant secrètement Félix de Vandenesse sans jamais le lui avouer. Elle meurt de chagrin lorsqu'elle apprend que Félix a une liaison avec Lady Dudley.
  • Félix de Vandenesse : amoureux d'Henriette après l'avoir retrouvée par chance. Découvre le plaisir charnel grâce à Lady Dudley.
  • Lady Arabelle Dudley : Anglaise, maîtresse de Félix.
  • Natalie de Manerville : dans le cadre extra-diégétique du récit, Natalie est l'amante actuelle de Félix, à qui il adresse une longue lettre n'étant autre que le roman lui-même.

Thème[modifier | modifier le code]

Dans ce récit grandement autobiographique, Balzac a transposé sa liaison avec Laure de Berny, allant même jusqu’à emprunter des détails de la vie privée de la dilecta (ainsi qu'il nommait Laure) : madame de Mortsauf souffre d’une maladie d'estomac, ses enfants sont malades. Laure de Berny eut le manuscrit en main quelques mois avant sa mort. Elle put y lire des phrases qui lui étaient adressées : « Dès ce jour, elle fut non pas la bien-aimée, mais la plus aimée […]. [...] elle devint ce qu’était la Béatrix du poète florentin, la Laure sans tache du poète vénitien, la mère des grandes pensées, la cause inconnue des résolutions qui sauvent, le soutien de l’avenir, la lumière qui brille dans l'obscurité comme le lys dans les feuillages sombres. […] elle m’a donné cette constance à la Coligny pour vaincre les vainqueurs, pour renaître de la défaite, pour lasser les plus forts lutteurs[6]. »

Bien que le roman ait été rédigé en grande partie au château de SachéHonoré de Balzac faisait de fréquents séjours chez son ami Jean de Margonne, l’auteur de La Comédie humaine décrit le château de Valesne qui se trouve à Saché, auquel il donne le nom de la propriété de son amie Zulma Carraud : Frapesle, pour situer l’histoire du Lys dans la vallée.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Date à vérifier.
  2. André Maurois, p. 290.
  3. Bibliothèque de la Pléiade, 1978, t. IX, p. 1121 (ISBN 2070108694).
  4. André Maurois, 1965, p. 324-326.
  5. Liste établie par Élise Gaborit, musée Balzac, Saché. Mise à jour : 17 février 2014 : [Le Lys dans la vallée], aquarelle attribuée à Maria du Fresnay, XIXe siècle.
  6. Balzac, Le Lys dans la vallée, La Pléiade, 1978, t. IX.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Le Lys dans la vallée par É. Toudouze.
Extrait du Lys dans la vallée corrigé par Balzac.
  • Max Audréoli, « Le Lys dans la Vallée ou les labyrinthes du double », L'Année balzacienne, 1993, no 14, p. 173-209.
  • Éric Bordas, « L’inscription du narrataire dans Le Lys dans la vallée », L’Information grammaticale, , no 59, p. 46-48.
  • Jacques Borel, « Le Lys dans la vallée » et les sources profondes de la création balzacienne, Paris, Corti, 1961.
  • Frédérique Bué-Proudom, «  La Femme de trente ans et Le Lys dans la vallée ou l’écriture de l’indicible », Champs du Signe, 1994, no 4, p. 61-69.
  • Kathleen Ann Comfort, « Floral Emblems of Health in Balzac’s Le Lys dans la vallée », Dalhousie French Studies, automne 1998, no 44, p. 31-38.
  • Pierre Danger, « Le Lys dans la vallée : Balzac contre Sainte-Beuve », op. cit., , no 2, p. 99-106.
  • Howard Davies, « The Relationship of Language and Desire in Le Lys dans la vallée », Nottingham French Studies, 1977, no 16, vol. 2, p. 50-59.
  • Polly Rimer Duke, « La muse maternelle dans Le Lys dans la vallée et Albert Savarus », Balzac, pater familias, Amsterdam, Rodopi, 2001, p. 41-50.
  • Kenneth J. Fleurant, « Water and Desert in Le Lys dans la vallée », Romance Notes, 1970, no 12, p. 78-85.
  • Lucienne Frappier-Mazur, « Le régime de l’aveu dans Le Lys dans la vallée : formes et fonctions de l’aveu écrit », Revue des sciences humaines, 1979, no 175, p. 7-16.
  • Jean Gaudon, « Le rouge et le blanc : notes sur Le Lys dans la vallée », Balzac and the Nineteenth Century: Studies in French Literature Presented to Herbert J. Hunt, p. 71-78, Leicester, Leicester U.P., 1972.
  • O. N. Heathcote, « Politics, Desire and Art in Balzac’s Le Lys dans la vallée  », Bradford Occasional Papers, University of Bradford, 1980, no 1, p. 58-73.
  • Owen N. Heathcote, « Balzac and the Personal Prounoun: Aspects of Narrative Technique in Le Lys dans la vallée », Nottingham French Studies, 1977, no 16, vol. 2, p. 60-69.
  • Owen N. Heathcote, « Time and Felix de Vandenesse: Notes on the Opening of Le Lys dans la vallée », Nineteenth-Century French Studies, 1979-1980, no 8, p. 47-52.
  • G. Jacques, « Le Lys dans la vallée : roman éducatif et ésotérique », Les Lettres romanes, 1971, no 25, p. 358-389 ; 3-42.
  • Doris Y. Kadish, « The Ambiguous Lily Motif in Balzac’s Le Lys dans la vallée», International Fiction Review, hiver 1983, no 10, vol. 1, p. 8-14.
  • Claude Lachet, Thématique et technique du « Lys dans la vallée » de Balzac, Paris, Debresse, 1978.
  • Alex Lascar, « Une lecture du Lys dans la vallée », L’Année balzacienne, 1977, nos 29-49.
  • Michaël Lastinger, « Narration et “point de vue” dans deux romans de Balzac : La Peau de chagrin et Le Lys dans la vallée», L’Année balzacienne, 1988, no 9, p. 271-290.
  • Michael Lastinger, « Re-Writing Woman: Compulsive Textuality in Le Lys dans la vallée », The French Review, , no 63, vol. 2, p. 237-249.
  • Moïse Le Yaouanc, « En relisant Le Lys dans la vallée», L’Année balzacienne, 1991, no 12, p. 247-285.
  • Moïse Le Yaouanc, « Un roi en promenade, un roi à Verrières chez Balzac et Stendhal », L’Année balzacienne, 1985, no 5, p. 361-365.
  • Moïse Le Yaouanc, « En relisant Le Lys dans la vallée», L’Année balzacienne, 1987, no 8, p. 227-253.
  • Michel Lichtlé, « Crimes et châtiments de la vie privée dans Le Lys dans la vallée», L’Année balzacienne, 1996, no 17, p. 269-286.
  • André Lorant, « Pulsions œdipiennes dans Le Lys dans la vallée », L’Année balzacienne, 1982, no 3, p. 247-256.
  • Brigitte Louichon, « Armance, Le Lys dans la vallée et la tradition du roman sentimental », Stendhal, Balzac, Dumas. Un récit romantique ?, Toulouse, PU du Mirail, 2006, p. 119-136.
  • Raymond Mahieu, « Une insertion problématique : Le Lys dans la vallée et les Scènes de la vie de campagne », Balzac, œuvres complètes. Le moment de « La Comédie humaine », Saint-Denis, PU de Vincennes, 1993, p. 191-202.
  • Brigitte Mahuzier, « Le passé endeuillé : histoire et quête autobiographique chez Balzac et Stendhal », Nineteenth-Century French Studies, printemps-été 1994, no 22, vol. 3-4, p. 371-378.
  • Gabrielle Malandain, « Dire la passion, écrire Le Lys dans la vallée », Romantisme, 1988, no 18, vol. 62, p. 31-39.
  • Jacques Martineau, « Les soupirs de la sainte et les cris de la fée : les voix du désir dans La Femme de trente ans et Le Lys dans la vallée », Op. Cit., , no 2, p. 107-119.
  • Gisèle Mathieu-Castellani, « La 26e nouvelle de l’Heptaméron et Le Lys dans la vallée », L’Année balzacienne, 1981, no 2, p. 285-296.
  • Homayoun J. Mazaheri, « La symbolique de l’Orient dans Le Lys dans la vallée », Dalhousie French Studies, été 1998, no 43, p. 161-172.
  • Patricia A. McEachern, « La vierge et la bête: Marian Iconographies and Bestial Effigies in Nineteenth-Century French Narratives », Nineteenth-Century French Studies, automne 2002-hiver 2003, no 31, vol. 1-2, p. 111-122.
  • Nancy K. Miller, « “Tristes triangles”: Le Lys dans la vallée and Its Intertext », Pre-Text/Text/Context: Essays on Nineteenth-Century French Literature, Columbus, Ohio State UP, 1980, p. 67-77.
  • J. C. Moreau, « Le Lys dans la vallée et Le Cantique des cantiques : un point de topographie balzacienne : le moulin de la Basse-Chevrière est-il évoqué dans Le Lys dans la vallée ? », L’Année balzacienne, 1977, p. 284-289.
  • Nicole Mozet, « Du bon usage (littéraire) de la lettre de rupture : du Lys dans la vallée aux Lettres d’un voyageur », Revue des sciences humaines, juillet-, no 66, vol. 195 (3), p. 19-24.
  • Nicole Mozet, « Réception et génétique littéraire : quand une lecture devient censure (Le Lys dans la vallée) », Œuvres & Critiques, 1986, no 11, vol. 3, p. 241-251.
  • Aline Mura, « Un poète égaré dans un roman, Le Lys dans la vallée », Littératures, automne 1993, no 29, p. 65-72.
  • Aline Mura-Brunel, « Cœur blanc de Richard Millet au cœur d’un roman balzacien », Genèses du roman. Balzac et Sand, Amsterdam, Rodopi, 2004, p. 97-112.
  • Robert J. Niess, « Sainte-Beuve and Balzac: Volupté and Le Lys dans la vallée », Kentucky Romance Quarterly, 1973, no 20, p. 113-214.
  • Anne-Marie Perrin-Naffakh, « Le Lys dans la vallée : variations sur le thème végétal », Champs du signe, 1994, no 4, p. 71-84.
  • Leyla Perrone-Moisés, « Balzac et les fleurs de l’écritoire », Poétique, , no 11, vol. 43, p. 305-323.
  • Paule Petitier, « Balzac et la “signifiance” », L’Année balzacienne, 1995, no 16, p. 99-115.
  • Christine Planté, « Même histoire, autre histoire ? Mères et filles dans La Femme de trente ans et Le Lys dans la vallée », Genèses du roman, Balzac et Sand, Amsterdam, Rodopi, 2004, p. 155–168.
  • Julia Przybos, « L’épistolarité déchiffrée : étude sur Le Lys dans la vallée de Balzac », Modern Language Studies, printemps 1986, no 16, vol. 2, p. 62-70.
  • Enid H. Rhodes, « Concerning a Metaphor in Le Lys dans la vallée », Studi Francesi, 1969, no 13, p. 84.
  • Gisèle Séginger, « Génétique ou “métaphysique littéraire” ? La génétique à l’épreuve des manuscrits du Lys dans la vallée », Poétique, , no 27, vol. 107, p. 259-270.
  • Gisèle Séginger, « Volonté d’aimer, volonté de pouvoir : enjeux éthiques du Lys dans la vallée », Travaux de littérature, 1996, no 9, p. 175-187.
  • Gisèle Séginger, édition du Lys dans la vallée, Le Livre de Poche classique, 1995.
  • Raymond Trousson, Balzac disciple et juge de Jean-Jacques Rousseau, Genève, Droz, 1986.

Références cinématographiques[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :