Marie du Fresnay
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Marie (« Maria ») Louise Françoise Daminois, dite du Fresnay, née en 1809 et décédée en 1892, est la fille de l'écrivain Adèle Daminois[2]. Elle fut la maîtresse[3] d'Honoré de Balzac, avec qui elle aura une fille[3], Marie-Caroline du Fresnay[4].
Elle est l'aïeule de l'écrivain et réalisateur Guy du Fresnay et de l'essayiste et économiste Philippe du Fresnay.
Biographie
[modifier | modifier le code]Maria Daminois inspira Honoré de Balzac pour son roman Eugénie Grandet, dont les personnages reprennent en grande partie les vies des membres de la famille du Fresnay de l'époque[5], basée à Sartrouville, notamment par les prénoms, les professions et les rapports qui les lient[6].
« Maria », la dédicataire d'Eugénie Grandet
[modifier | modifier le code]En 1833, comme il le révèle dans une lettre à sa sœur, Honoré de Balzac noue une intrigue secrète avec « une gentille personne, la plus naïve créature qui soit tombée comme une fleur du ciel ; qui vient chez moi, en cachette, n'exige ni correspondance ni soins et qui dit : “Aime-moi un an ! Je t'aimerai toute ma vie[7],[8]”. » Maria du Fresnay a alors vingt-quatre ans. Son mariage avec Charles Antoine Guy du Fresnay, fils de Charles Louis du Fresnay, ancien maire de Sartrouville (alors qu'Eugénie Grandet dépeint « Charles Grandet, neveu de l'ancien maire de Saumur ») est perçu comme un échec dès le départ, avec vingt et un ans de différence d’âge entre les mariés[9]. La jeune femme tombe amoureuse de Balzac, que son mari reçoit sous son toit car leurs deux familles sont liées de longue date[6]. Balzac lui dédiera plus tard le roman Eugénie Grandet qu'il était en train d'écrire et dont l'héroïne est inspirée de la jeune femme, jusqu'à porter ses traits[6]. La dédicace apparaît dans la seconde édition de l'ouvrage, en 1839[10]. Mais Balzac utilise le surnom de Marie du Fresnay : « Maria[11] ». La jeune femme elle-même garde le secret sur sa relation et cette dédicace en l'arrachant de l'ouvrage qu'elle reçoit des mains d'Honoré de Balzac lui-même[12].
Une fille illégitime avec Honoré de Balzac
[modifier | modifier le code]Après avoir vu son seul enfant légitime avec Ewelina Hańska mort-né, Honoré de Balzac lègue certains biens dont une statue de François Girardon à Marie-Caroline du Fresnay[13] en 1846 (conservée aujourd'hui à la Maison de Balzac). Il meurt en 1850 après avoir écrit à Ewelina Hańska « tu sais ce qui peut tripler mes forces », un aveu d'après certains qu'il aurait trois enfants[14]. Par la suite, son biographe officiel s'interrogera sur le lien entre ce legs à la fille d'une « Marie » du Fresnay, dont on sait qu'elle faisait partie de ses relations, et sa dédicace d'Eugénie Grandet à une certaine « Maria[12] ». Mais il ne peut expliquer pourquoi Balzac écrit « Maria » au lieu de « Marie ». Puis, dans un article paru en 1930, le directeur du musée du château de Saché souligne la naissance de Marie-Caroline du Fresnay, fille de Marie du Fresnay, huit mois après que Balzac a écrit à sa sœur qu’il a appris de cette fameuse « Maria » qu’il va être père. En 1946, au soir de sa vie, Charles du Fresnay, petit-fils de Maria du Fresnay et neveu de Marie-Caroline du Fresnay révèle aux chercheurs balzaciens Roger Pierrot et André Chancerel que Marie était surnommée « Maria » par ses proches[6].
Le voile sur la fin de liaison avec Honoré de Balzac
[modifier | modifier le code]Maria du Fresnay restera amoureuse toute sa vie de l'écrivain : elle rattache la dédicace à son exemplaire d'Eugénie Grandet en 1870, quatre ans après la mort de son mari[12]. D'après son petit-fils, l'ouvrage avait été rangé pendant des années dans la bibliothèque du château du Fresnay[15] de Sartrouville à hauteur des yeux de Maria, face à la porte, de sorte que c'était la première chose qu'elle voyait en entrant dans le salon. De son côté, Honoré de Balzac connaissait déjà Ewelina Hańska à l'époque, mais restait à Paris. Il n'avait pas besoin d'écrire à Maria dont la famille possédait un hôtel particulier rue de la Boétie, ce qui a contribué à garder leur relation secrète, alors qu'il devait souvent correspondre avec Ewelina Hańska. Il avouera à cette dernière qu'il fréquente toujours Maria, ne serait-ce que pour pouvoir voir grandir sa fille, Marie-Caroline du Fresnay, qui a pris le nom de son père légal mais dont il ne peut plus nier l'existence à sa correspondante. Maria réalise également une aquarelle pour un autre roman de Balzac, Le Lys dans la vallée, qui parait en 1836[16].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Antoine Adam, « Marie du Fresnay, fille d'Eugénie Grandet et de Balzac », Les Lettres françaises, nos 632-648, .
- Gilbert Guislain, Balzac, Studyrama, 2004, p. 81.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Relevé généalogique sur Geneanet
- [1]
- [2]
- « Marie Caroline Du Fresnay, fille de Marie-Louise-Françoise Daminois et d'Honoré de Balzac », sur culture.gouv.fr, base Joconde (consulté le ).
- « Le quartier Du Fresnay », sur comite-vieuxpays-lefresnay.jimdo.com (consulté le ).
- Chancerel et Pierrot, « La véritable Eugénie Grandet : Marie du Fresnay », Revue des sciences humaines, .
- books.google.fr/books?id=BhgZAAAAIAAJ
- Corr., II, no 696, p. 390.
- [3] p. 52.
- Seconde édition d'Eugénie Grandet dans la première parution de La Comédie humaine, 1839.
- Eugénie Grandet, texte établi et présenté par Roger Pierrot, Florence, Sansoni, 1959, introduction p. 20-26.
- Lettre d'Honoré de Balzac à sa sœur, à redater de 1839, corr., III, no 1650, p. 772.
- Corr., V, no 2500, p. 228.
- « Balzac et la paternité », sur BALZAC, (consulté le ).
- http://comite-vieuxpays-lefresnay.jimdo.com/histoire-du-quartier/une-rue-une-histoire/
- http://www.lysdanslavallee.fr/sites/default/files/liste_iconographie_lys.pdf