Détecteur acoustique directionnel

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Un détecteur acoustique directionnel, faussement appelé radar sonore ou radar acoustique[N 1], est un système (multicapteur), encore en phase de test en France, qui identifie un niveau sonore et sa source dans l’espace. Destiné à lutter contre la pollution sonore, il est capable d'enregistrer et mesurer le bruit émis dans l'environnement par divers types de véhicules[1].

Il ne doit pas être confondu avec le système de sondage radio-acoustique de l'atmosphère ou le sonar. Il s'agit d'un système passif, mais il est surnommé « radar » en raison d'une certaine similarité de fonction avec les radars routiers utilisés sur les bords de route pour (dans le futur en France) flasher les plaques des véhicules qui roulent trop bruyamment.

Histoire[modifier | modifier le code]

Dès l'avènement des avions, des détecteurs acoustiques furent développés pour repérer les aéronefs en vol. Lors de la Première Guerre mondiale, des unités spécialisées dans les deux camps utilisèrent d'abord des cornets acoustiques géants, puis des récepteurs paraboliques et de meilleurs systèmes de transmissions du son, qui amplifiait le son dans les oreilles de l’opérateur[2]. En faisant varier la direction de l'ensemble, ce dernier pouvait déterminer sa provenance en repérant la direction du son le plus fort par effet stéréoscopique[3]. Ces unités restèrent actives jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale alors que le développement du radar rendit cet appareillage obsolète[4]. Il est néanmoins toujours utilisé sur certains blindés comme détecteur de coup de feu.

Avec le développement de l'acoustique et de l'électronique, ce concept refera surface dans le domaine de la détection des bruits dans de nombreux pays. En France, avant le projet de loi mobilité, le cadre juridique permettait la mesure automatisée de la vitesse de véhicules par des radars, mais pas celle du bruit. Il fallait donc modifier la loi pour permettre un dispositif législatif et réglementaire favorisant l'utilisation de radars sonores afin de mieux dissuader la pollution sonore, qui, comme la pollution lumineuse est l'une des formes souvent oubliée de la pollution routière. Ceci a été rendu possible par un amendement à la loi mobilité, déposé par Jean-Noël Barrot qui a rappelé que « les nuisances sonores ne sont pas seulement une gêne mais une question de santé publique avec des répercussions graves sur de nombreuses pathologies ».

En France, un premier prototype de radar sonore, mis au point par l'association Bruitparif, doit être testé en 2019 dans les Yvelines (Île-de-France) dans une zone connue pour ses rodéos motos. Surnommé « Méduse » en raison de sa forme, il comprend une antenne acoustique composée de quatre microphones organisés pour former un tétraèdre relié à une carte mère et une carte-son permettant à un algorithme de déterminer la direction et le déplacement des sources de bruit dominantes (la marge d'erreur pour la position de la source n'est que de 1 %)[1]. Une caméra 360 degrés peut photographier cette source (photos floutées en phase de test). Selon son inventeur, la marge d'erreur sur la position de l'émetteur du bruit ne serait que de 1 %[1].

À terme, l'enregistrement sonore pourrait être associé à un système de lecture de plaques, pour sanctionner les véhicules dont les pots d'échappement dégradent le plus la qualité de l'environnement sonore. Trois radars sonores supplémentaires ont été annoncés pour l'été 2019, également pour des tests durant deux ans.

Ce système pourrait commencer à être utilisé pour le contrôle réel du bruit des véhicules dès 2022 après que le Conseil d'État ait validé ou précisé la procédure d'application dans la réglementation.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Un radar est un appareil d'écholocation qui émet un signal électromagnétique et capte les échos provenant de cibles dans son entourage. Par contre, ce système perçoit les bruits produits par l'environnement et fait une triangulation comme les oreilles le ferait.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Coralie Lemke, « Un radar sonore expérimental installé en Île-de-France », Sciences et Avenir,
  2. « Les détecteurs acoustiques », La boîte verte, (consulté le ).
  3. « Fonctionnement de la détection acoustique », Avions légendaires, (consulté le ).
  4. « La détection acoustique durant la Seconde Guerre mondiale », Avions légendaires, (consulté le ).