Adlai Stevenson

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Adlai Stevenson
Illustration.
Fonctions
5e ambassadeur américain auprès des Nations unies

(4 ans, 5 mois et 23 jours)
Président John Fitzgerald Kennedy
Lyndon B. Johnson
Gouvernement Administration Kennedy
Administration Johnson
Prédécesseur James J. Wadsworth
Successeur Arthur Goldberg
31e gouverneur de l'Illinois

(4 ans et 2 jours)
Élection
Lieutenant-gouverneur Sherwood Dixon
Prédécesseur Dwight Green
Successeur William Stratton
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Los Angeles (Californie, États-Unis)
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Londres (Royaume-Uni)
Parti politique Parti démocrate
Profession Diplomate
Religion Universalisme unitarien

Adlai Stevenson
Gouverneurs de l'Illinois

Adlai Ewing Stevenson II, né le à Los Angeles et mort le à Londres, est un homme politique américain. Membre du Parti démocrate, il remporte l'investiture pour les élections présidentielles de 1952 et de 1956, mais est défait par deux fois par Dwight D. Eisenhower, candidat du Parti républicain. Stevenson est gouverneur de l'Illinois de 1949 à 1953 et ambassadeur aux Nations Unies de 1961 à sa mort, sous les présidences de John Fitzgerald Kennedy et Lyndon B. Johnson.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Né à Los Angeles, Adlai Stevenson était le petit-fils d'Adlai Ewing Stevenson, 23e vice-président des États-Unis entre 1893 et 1897 dans la seconde administration du président Grover Cleveland. Son père, Lewis Stevenson (en), fut secrétaire d'État de l'Illinois de 1914 à 1917. Son grand-père maternel A maternal Jesse W. Fell (en) était un ami proche d'Abraham Lincoln dont il fut le chef de campagne pour son élection au Sénat en 1858, Stevenson faisait souvent référence à celui-ci comme son parent favori[1].

Adlai Stevenson passe son enfance à Bloomington, ville alors de 20 000 habitants dans le centre de l'Illinois. En 1912, au cours d'une fête, l'arme qu'il tenait a accidentellement tué Ruth Merwin, une cousine de 16 ans[2],[3].

Lycéen médiocre, il échoue à l'examen d'entrée à Princeton et est envoyé à la Choate school, où il s'améliora, et fut finalement admis l'année suivante. Après Princeton, il alla à la faculté de droit de Harvard et entreprit des études de droit, qu'il abandonna, pour les reprendre après avoir rencontré le juge Oliver Wendell Holmes[2].

Il devint ensuite avocat et entra au cabinet Cutting, Moore and Sidley, occasionnellement appelé à devenir un conseil pour des organismes liés au New Deal, et développant une activité politique à Chicago[2].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Gouverneur de l'Illinois[modifier | modifier le code]

Stevenson avec son candidat à la vice-présidence John Sparkman et le président Harry S. Truman dans le bureau ovale.

Il a été gouverneur de l'Illinois de 1949 à 1953 avec comme lieutenant-gouverneur Sherwood Dixon (en). Il lutta contre la corruption, et tenta vainement de réformer les institutions de l’État, les réformes constitutionnelles qu'il voulait ne seront adoptées que quatre ans après sa mort[2].

Élections présidentielles de 1952 et 1956[modifier | modifier le code]

Renommé pour ses talents d'orateur et ses orientations progressistes, le plaçant à la gauche du parti, Stevenson a été le candidat démocrate aux élections présidentielles américaines en 1952 et 1956. À chaque fois, il est battu par Dwight D. Eisenhower, ne remportant que quelques États dans le Sud profond, traditionnellement démocrate[2].

1952[modifier | modifier le code]
Affiche élection 1952
Affiche de campagne pour l'élection présidentielle de 1952.

En 1952, le président sortant Harry Truman décida de ne pas se représenter. Après que les candidatures de William Averell Harriman, d'Alben William Barkley, de Richard Brevard Russell, Jr. et d'Estes Kefauver échouèrent, respectivement à cause d'un manque d'expérience politique, d'un âge avancé, de ségrégationnisme, et d'un activisme contre le crime organisé qui révéla les liens entre la Mafia et certains des principaux dirigeants démocrates, qui avaient encore un rôle majeur dans la sélection du candidat, celle d'Adlai Stevenson, poussée par Truman, fut finalement avancée, étant en faveur du New Deal mais, sur le sujet des droits civiques, moins engagé que le nord le voulait, et moins hostile que le sud le souhaitait[2].

Afin d'équilibrer sa candidature, il prit comme colistier John Sparkman, sénateur de l'Alabama, état du Sud profond.

Stevenson fut nettement battu par Eisenhower, ne remportant que 44,47% des suffrages (contre 55,36%) et 9 États du Sud.

1956[modifier | modifier le code]

En 1956, lors des primaires démocrates, il instaure pour la première fois l'élection séparée pour la candidature à la vice-présidence (jusqu'alors, et depuis lors, les candidats à la vice-présidence ont été désignés par les candidats à la présidence).

Il prit le sénateur du Tennessee Estes Kefauver comme colistier.

Comme lors de l'élection présidentielle de 1952, il fait face à Dwight D. Eisenhower, candidat républicain et président sortant. Il est largement battu par celui-ci ne remportant que 41,96 % des suffrages (contre 57,36 % pour Eisenhower) et cette fois seulement 7 États, tous dans le Sud.

Ambassadeur à l'ONU[modifier | modifier le code]

Il est nommé en 1961 ambassadeur des États-Unis aux Nations unies par le président John Fitzgerald Kennedy, après avoir convoité la fonction de secrétaire d'État, à laquelle fut finalement nommé Dean Rusk. Il s'opposa à l'ambassadeur cubain lors du débarquement de la baie des Cochons, affirmant que les États-Unis n'étaient pas impliqués. Il reste à ce poste jusqu'en 1965, s'illustrant également lors de la crise des missiles de Cuba en demandant des comptes à son homologue soviétique Valerian Zorine, lors de l'Assemblée générale des Nations unies.

Voulant promouvoir l'ONU devant ses compatriotes, il parcourut les États-Unis, ce qui fut à l'origine d'un incident à Dallas le lorsqu'il vint dans ce fief de l'extrême droite, et que des extrémistes de la Convention nationale de l'indignation (National Indignation Convention) menés par le général Edwin Walker vinrent perturber son meeting et l'accusèrent d’être un agent communiste; Cora Lacy Fredrickson, une manifestante, l'agressa avec une pancarte, menant Stevenson à se demander "si elle était un animal ou bien un être humain" et à dire à un policier qu'il ne voulait pas qu'elle aille en prison mais à l'école[4],[5]. Un autre récita le chant suivant[6],[7],[8],[9],[10]:

« Kennedy will get his reward in hell.
Stevenson is going to die.
His heart will stop, stop, stop.
And he will burn, burn, burn.
 »

« Kennedy aura sa récompense en enfer.
Stevenson va mourir.
Son cœur s'arrêtera
et il brûlera, brûlera, brûlera ! »

Les leaders d'opinion locaux exprimèrent leurs regrets par rapport à l'incident et Earle Cabell, le maire de la ville, appela Dallas à se racheter pendant la visite de Kennedy le mois prochain[11],[12].

Il conseilla ensuite à l'entourage du président Kennedy d'annuler sa visite à Dallas, conseil qui ne fut pas suivi. Un mois plus tard, Kennedy y fut assassiné[13],[8],[14]. En apprenant cela, Stevenson regretta de n'avoir pas plus insisté sur le fait d'annuler son voyage[5].

Mort[modifier | modifier le code]

Il décède lors d'une visite à Londres le d'une insuffisance cardiaque alors qu'il marchait dans l'Upper Grosvenor Street (en), dans le quartier de Mayfair. Il est inhumé dans l'Evergreen Cemetery (en) de Bloomington (Illinois).

Réputation[modifier | modifier le code]

Ses adversaires républicains avaient coutume de brocarder son aspect d'intellectuel de gauche et le qualifiaient fréquemment de « crâne d'œuf », sobriquet inventé par Richard Nixon, lors de l'élection présidentielle de 1952. La rumeur de son homosexualité, alimentée par le chef du FBI, J. Edgar Hoover, a également été utilisée contre lui[15],[6],[8].

Ses partisans démocrates, quant à eux, admiraient son style posé et son éloquence[2].

Au cinéma[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. John Bartlow Martin, Adlai Stevenson of Illinois: The Life of Adlai E. Stevenson (1976), p. 89
  2. a b c d e f et g (en) Joseph Epstein, « Adlai Stevenson in Retrospect », Commentary Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. (en) « KILLED IN STEVENSON HOME.; Girl Shot Accidentally by Former Vice President's Grandson. », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) James McEnteer, Deep in the Heart: The Texas Tendency in American Politics, Greenwood Publishing Group, (ISBN 978-0-275-98306-2, lire en ligne), p. 114
  5. a et b (en) Porter McKeever, Adlai Stevenson: His Life and Legacy, Quill, (ISBN 978-0-688-10387-3, lire en ligne), p. 539 :

    « That Dallas! Why, why, didn't I insist that he not go there? »

  6. a et b (en) Bill Minutaglio et Steven L. Davis, « A Month Before JFK's Assassination, Dallas Right Wingers Attack Adlai Stevenson », New Republic,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « Texas: A City Disgraced », Time,‎ (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le ).
  8. a b et c François Forestier, JFK, le dernier jour, Albin Michel, (ISBN 9782226292896, lire en ligne).
  9. Revue des travaux de l'Académie des sciences morales et politiques et comptes rendus de ses séances, Académie des sciences morales et politiques, (lire en ligne), p. 284.
  10. Paul Arrighi, « L'assassinat d'un homme politique », Revue des Deux Mondes,‎ , p. 509–522 (ISSN 0035-1962, résumé, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Commission Warren, Report of the Presedent's Commission on the Assassination of President John F. Kennedy, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), p. 41
  12. (en) Paul H. Santa Cruz, Making JFK Matter: Popular Memory and the Thirty-fifth President, University of North Texas Press, (ISBN 978-1-57441-597-1, lire en ligne), p. 33 :

    « We have the opportunity to redeem ourselves when the president pays us a visit next month. »

  13. « Biographie: Adlaï Stevenson », sur www.jfk-fr.com (consulté le ).
  14. (en) James McAuley, « Opinion | Dallas’s Role in Kennedy’s Murder », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) K. A. Cuordileone, Manhood and American political culture in the Cold War, Routledge, (ISBN 9780415926003, OCLC 56535047), p. 92

Liens externes[modifier | modifier le code]