Vendredi saint

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Vendredi saint
Christ à la couronne d'épines, peint par Dirck van Baburen en 1623.
Christ à la couronne d'épines, peint par Dirck van Baburen en 1623.

Observé par Les chrétiens
Type Célébration religieuse
Signification Commémoration de la Passion (Supplice et exécution de Jésus-Christ).
Date Vendredi précédant le dimanche de Pâques
Lié à Pâques

Le Vendredi saint est une fête religieuse célébrée par les chrétiens le vendredi précédant le dimanche de Pâques. Il marque le jour de la crucifixion et de la mort de Jésus-Christ.

Ce jour est férié dans presque tous les pays de tradition chrétienne protestante ; la fin du jeûne pour les catholiques.

Objet de la commémoration

Le Vendredi saint est la commémoration de la Passion et de la crucifixion de Jésus-Christ[1].

La mort du Christ et la foi en sa Résurrection sont fondamentaux pour le christianisme ; ce jour donc est célébré dans toutes les Églises chrétiennes.

Il s'agit d'un jour de tristesse et de méditation sur la signification de cette mort[1].

Coutumes catholiques

Jeûne

L'Église catholique préconise de jeûner le Vendredi saint, et à tout le moins de manger maigre (pas de viande en particulier), ce qui est pratiqué par de nombreux catholiques, même non pratiquants. Les crucifix voilés depuis le samedi de la quatrième semaine de carême (les images le sont aussi ce jour-là) sont dévoilés à l'issue de la célébration.

Liturgie

Les églises catholiques ont souvent coutume de faire voiler les crucifix ce jour-là jusqu'à la veillée pascale.

Des offices additionnels sont tenus ce jour-là avec des lectures du Nouveau Testament. L'office solennel catholique, appelé « messe des Présanctifiés », fait partie du Temps de la Passion de l'année liturgique et a la structure d’une messe, à savoir trois lectures, la prière universelle, l’adoration ou la vénération de la Croix au lieu du sacrifice eucha­ristique et la communion avec des hosties consacrées la veille à la messe du soir[2]. Des chemins de croix en quatorze stations, commémorant chaque scène conduisant à la crucifixion, ont également lieu ce jour-là.

La prière Oremus pour les Juifs lors de la liturgie du Vendredi saint comportait une mention qui peut paraître offensante pour les Juifs, à cause d'une mauvaise traduction qui a fait croire qu'elle était à l'origine de l'antijudaïsme et de l'antisémitisme. Cette mention a été supprimée par Jean XXIII en 1959, et le Concile Vatican II a clarifié la position de l'Église sur les relations avec le judaïsme dans la déclaration Nostra Ætate (1965).

Processions

Procession du Vendredi Saint à Ulm.

Dans la tradition catholique, le chemin de croix ou Via Crucis tend à méditer, ou même à reproduire, notamment en Amérique latine et aux Philippines, la Passion du Christ.

De nombreuses processions ont lieu à travers le monde catholique pour la Semaine sainte ou simplement le Vendredi saint. En France, les traditions du Catenacciu se poursuivent de nos jours en Corse, en particulier à Sartène[3]. En Allemagne, des « Portements de Croix vivants » (Lebendiger Kreuztracht) ont lieu dans les régions du sud du pays, comme à Wiedenbrück, à Ulm et à Neu-Ulm, ainsi qu'à Stuttgart-Bad Cannstatt.

Mais c'est surtout en Espagne et en Italie que les processions du Vendredi saint sont les plus impressionnantes, de même que dans les pays d'Amérique latine. Les plus connues mondialement sont probablement celles de la semaine sainte de Séville[3].

Coutumes orthodoxes

Fleurissement de la représentation du Sépulcre du Christ dans une église russe, le Vendredi saint.

Le Vendredi saint n'est pas un jour de jeûne pour les orthodoxes, le Grand Carême de quarante jours s'achevant le vendredi précédant, deux jours avant le dimanche des Rameaux. Les liturgies orthodoxes ont lieu jour et nuit pendant la Semaine sainte. Il n'y a pas d'heure fixe et la durée, elle non plus, n'est pas standard.

Comme pour la religion catholique romaine, l'Épitaphe (sorte de cercueil) avec le corps du Christ est sortie de l'église, mais le cérémonial est beaucoup plus grand. Il s'agit d'une réelle procession aux flambeaux qui déambule dans tout le quartier dont dépend l'église. Les maisons du voisinage ont leurs lumières allumées et les habitants répandent de l'encens. Lorsque la procession se termine, le corps du Christ est placé sous un dais dans la cour de l'église. Le Vendredi saint est également une fête des morts. Beaucoup de personnes se comportent comme au jour de la Toussaint[réf. nécessaire]. Le corps du Christ retournera à l'église au moment de la première résurrection (proti anastasi) comme pour les catholiques romains.

Calendrier

Le vendredi saint est célébré deux jours avant Pâques, et est donc une fête mobile. En raison de la réforme du calendrier grégorien, il n'est pas célébré aux mêmes dates par toutes les Églises, les chrétiens orthodoxes ayant pour la plupart conservé le calendrier julien comme base de leur calendrier liturgique.

Ce jour est férié dans presque tous les pays de tradition chrétienne protestante, par exemple en Allemagne, aux Pays-Bas, en Finlande, au Canada, en Nouvelle-Zélande, en Angola, au Royaume-Uni ou encore en Suisse (dans tous les cantons sauf le Tessin et le Valais)[4].

En France, le Vendredi saint est également férié dans certains DOM/TOM (la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, la Polynésie française), en Alsace et en Moselle[5]. Ce jour-là en Alsace, les fidèles affluent dans les églises protestantes et certains qui ne vont jamais au culte tiennent à être présents ; on parle d'ailleurs des « chrétiens du Vendredi saint »[6]. Pour les catholiques, au contraire, ce n'était pas la mise à mort du Christ mais sa résurrection le jour de Pâques qui est une fête d'obligation. En sorte que, dans certains villages mixtes, les paysans catholiques romains s'arrangeaient pour rentrer le fumier devant leurs concitoyens protestants endimanchés... qui leur rendaient la pareille en travaillant ostensiblement le 15 août, fête de l'Assomption[7] .

Divers

Dictons associés

Plusieurs dictons sont associés à cette fête : « le Vendredi Saint, s’il pleut, le bœuf rit, le cochon pleure » (la pluie fournit de l'herbe pour le bœuf mais est néfaste pour le son ou les pommes de terre, aliments du cochon), « pour garder de gelée le lin, sème-le le Vendredi Saint », « pour que les rats ne mangent pas le raisin, il faut tailler la treille le Vendredi Saint », « le Vendredi saint, sème tes giroflées, elles doubleront dans l'année », « le Vendredi-Saint ensemence ton cotillage, tu auras de beaux légumes », « les pommes de terre plantées le Vendredi-Saint ne seront pas prises de gelée », « la gelée du Vendredi Saint gèle le pain et le vin » mais « s'il pleut le Vendredi Saint, la gelée voit sa fin », « qui coule la lessive le Saint vendredi, veut la mort de son mari », « s'il pleut le vendredi saint, toute la pluie de l'année ne servira à rien » car « quand il pleut le Vendredi Saint, la pluie fait l'effet du sang au terrain »[9],[10].

Notes et références

  1. a et b Vendredi Saint fédération protestante de France
  2. Vendredi saint Portail de la liturgie catholique
  3. a et b Philippe Rouillard, Les Fêtes chrétiennes en Occident, Le Cerf (ISBN 9782204071062), p. 71-80
  4. On lit sur un site officiel suisse : « En raison de l'interdiction de circuler les jours fériés - applicable le Vendredi saint dans la plupart des cantons (mais ni au Tessin, ni en Valais)… »
  5. Site de l'Inspection du travail de la Moselle)
  6. F.G. Dreyfus écrit dans Le protestantisme alsacien : « Le nombre de fidèles peut être confirmé par le recensement et les chiffres de réguliers ou irréguliers pouvaient être recoupés avec les chiffres de présence le 29 avril et avec ceux du Vendredi saint et du Dimanche de Pâques. » On voit que l'assistance à ces deux fêtes est caractéristique.
  7. Voir chez Alfred Wahl, Confession et Comportement dans les campagnes d'Alsace et de Bade, 1871-1939, Éditions Coprur, 1980, p. 642 et sqq.
  8. « La bourse de Paris fermée pour un long week-end de Pâques », (consulté le )
  9. Henri Pourrat, L'Almanach des saisons, Albin Michel, (lire en ligne), p. 121
  10. Sylvie Rozé, Le livre des proverbes, Omnibus, , 325 p.

Voir aussi

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Articles connexes