Marie II (reine d'Angleterre)

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Marie II d’Écosse

Marie II
Illustration.
Marie II par Willem Wissing.
Titre
Reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande

(5 ans, 10 mois et 15 jours)
Avec Guillaume III (1689-1694)
Couronnement
Prédécesseur Jacques II
Successeur Guillaume III (seul)
Biographie
Dynastie Maison Stuart
Nom de naissance Mary
Date de naissance
Lieu de naissance Palais St. James (Londres, Angleterre)
Date de décès (à 32 ans)
Lieu de décès Palais de Kensington (Londres, Angleterre)
Père Jacques II d'Angleterre
Mère Anne Hyde
Conjoint Guillaume III d'Orange-Nassau

Marie II (reine d'Angleterre)
Monarques de Grande-Bretagne

Marie II (née Mary, 30 avril 1662 - 28 décembre 1694) fut reine d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande du 13 février 1689 à sa mort.

Marie, de confession protestante, accéda au trône suite à la « Glorieuse Révolution » menée par son époux, le prince hollandais Guillaume III d'Orange, qui renversa son père Jacques II d'Angleterre de religion catholique. Marie II régna conjointement avec Guillaume III qui régna ensuite seul de 1694 à 1702. Les histoires populaires anglaises parlent d'ailleurs du règne de William and Mary. Marie II était en retrait de son époux quand il était en Angleterre même s'il se reposait beaucoup sur elle. Elle agissait néanmoins seule quand Guillaume III était en campagne à l'étranger et elle se révéla être une souveraine ferme et efficace.

Jeunesse

Portrait du duc et de la duchesse d'York avec leurs filles Marie et Anne ; peinture de Peter Lely

Marie est née le 30 avril 1662 au palais St. James de Londres. Elle était la fille aînée du duc Jacques d'York (futur Jacques II d'Angleterre) et de sa première épouse, Anne Hyde[1]. Le frère de Jacques était le roi Charles II qui gouvernait les royaumes d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande et sa mère était la fille du Lord Chancelier Edward Hyde. Elle fut baptisée dans la religion anglicane dans la chapelle royale du palais St. James et fut nommée d'après son aïeule Marie Ire d'Écosse. Le duc et la duchesse d'York eurent huit enfants mais seules Marie et sa sœur Anne atteignirent l'âge adulte[2]. Par conséquent, Marie resta seconde dans l'ordre de succession au trône anglais derrière son père pendant la plus grande partie de sa jeunesse[3].

Le duc d'York se convertit au catholicisme en 1668 ou 1669 mais Marie et Anne furent élevées dans la religion anglicane comme le souhaitait le roi Charles II[4]. Elles furent installées dans une résidence particulière au palais de Richmond où elles furent élevées par des gouvernantes à l'écart de leurs parentes comme cela était la coutume pour les familles royales de l'époque[5]. L'éducation, réalisée par des tuteurs privés, se limita en grande partie à la danse, à la musique, au dessin, au français et à l'instruction religieuse[6]. Sa mère mourut en 1671 et son père se remaria en 1673 avec Marie de Modène, une catholique française qui avait seulement quatre ans de plus que Marie[7].

De l'âge de neuf ans jusqu'à son mariage, Marie écrivit des lettres passionnées à une fille plus âgée, Frances Apsley, la fille du courtisan Allen Apsley. Au fil du temps, Frances devint mal à l'aise avec ces échanges[8] et répondit plus formellement. À l'âge de 15 ans, Marie fut fiancée à son cousin, le stathouder protestant de Hollande, Guillaume d'Orange. Ce dernier était le fils de la sœur du roi Charles II, Marie, princesse royale et il était donc quatrième dans l'ordre de succession derrière Jacques, Marie et Anne[9]. Charles II était initialement opposé à cette union et préférait que Marie épouse l'héritier au trône de France, le dauphin Louis pour former une alliance entre les deux royaumes ; devant l'opposition du Parlement peu favorable à un rapprochement avec la France catholique, il finit par renoncer et accorda sa bénédiction au mariage[10]. Le duc d'York approuva le mariage du fait des pressions du chef du gouvernement Lord Danby et du roi qui supposa à tort que cela améliorerait la popularité de Jacques au près des protestants[11]. Lorsque Jacques dit à Marie qu'elle allait épouser son cousin, « elle pleura tout l'après-midi et tout le lendemain[12] ».

Mariage

Guillaume et une Marie en larmes furent mariés au Palais St. James par l'évêque de Londres Henry Compton le 4 novembre 1677[13]. Marie accompagna son époux dans les Provinces-Unies après deux semaines d'attente du fait du mauvais temps[14]. Rotterdam étant inaccessible du fait des glaces, ils furent obligés de débarquer près du petit village de Ter Heijde et de marcher dans la neige avant d'être emmenés par des calèches au Palais d'Honselersdijk[15]. Le 14 décembre, le couple fit son entrée officielle dans La Haye lors d'une grande procession[16].

La personnalité avenante de Marie la rendit populaire auprès des Néerlandais et son mariage à un prince protestant fut bien reçu en Angleterre[17]. Elle devint dévouée envers son époux mais celui-ci était souvent en campagne et cela poussa la famille de Marie à le considérer comme froid et négligeant[18]. Marie tomba enceinte quelques mois après le mariage mais elle fit une fausse couche lors d'une visite auprès de Guillaume dans la ville de Bréda . Ceci a peut-être altéré de manière permanente sa capacité à avoir des enfants[19]. Elle tomba malade peut-être du fait de fausses couches au milieu de l'année 1678 et au début des années 1679 et 1680[20]. Cette stérilité fut une grande source de déceptions dans sa vie[21].

À partir de mai 1684, le fils illégitime du roi, James Scott, duc de Monmouth, s'installa aux Pays-Bas où il fut reçu avec tous les honneurs par Guillaume et Marie. Monmouth était considéré comme un rival du duc d'York et comme un potentiel héritier protestant qui pourrait évincer Jacques d'York de la succession. Guillaume ne le considérait pas comme une alternative crédible et il supposa à raison qu'il n'avait pas suffisamment de soutiens[22].

Jacques II

Le père de Marie, Jacques II fut le dernier souverain catholique en Grande-Bretagne.

Charles II mourut sans enfants légitimes en février 1685 et le duc d'York devint roi d'Angleterre et d'Irlande sous le nom de Jacques II et de Jacques VII en Écosse. Marie jouait aux cartes quand Guillaume l'informa de l'accession au trône de son père et qu'elle était l'héritière[23]. Lorsque Monmouth assembla une force d'invasion à Amsterdam et fit voile pour les îles britanniques, Guillaume informa Jacques II de son départ et ordonna aux régiments anglais dans les Pays-Bas de rentrer en Grande-Bretagne[24]. La rébellion fut écrasée et Monmouth fut exécuté à la satisfaction de Guillaume mais ce dernier et Marie furent déçus par les décisions suivantes de Jacques II[25].

Jacques II voulait appliquer une politique religieuse controversée et ses tentatives pour accorder la liberté de religion aux non-anglicans en suspendant les décisions du Parlement par décrets royaux furent mal acceptés[26]. Marie considérait que de telles actions étaient illégales et son chapelain exprima cette opinion dans une lettre écrite à l'archevêque de Cantorbéry William Sancroft en son nom[27]. Elle fut encore plus déçue quand Jacques II refusa d'intervenir quand le roi Louis XIV de France envahit la principauté d'Orange, appartenant à Guillaume, et persécuta les huguenots qui s'y trouvaient. Dans une tentative pour nuire à Guillaume, Jacques II encouragea le personnel de sa fille à l'informer que son mari avait une relation avec Elizabeth Villiers. Suivant ces rumeurs, Marie attendit devant la chambre de Villiers et surprit Guillaume sortant tard dans la nuit. Il nia l'adultère et Marie semble l'avoir cru et pardonné[28]. Elizabeth Villiers était la seule maîtresse reconnue de Guillaume mais il est possible qu'à cette occasion, ils se soient rencontrés non pas en amants mais pour échanger des renseignements diplomatiques[29]. Le personnel de Marie fut limogé et renvoyé en Angleterre[30].

Glorieuse Révolution

Marie en 1685

Les hommes politiques et les nobles protestants anglais, déçus par les politiques de Jacques II, prirent contact avec Guillaume d'Orange dés 1686[31]. La popularité de Jacques II s'effondra encore plus en mai 1688 quand il obligea les religieux anglicans à lire dans leurs églises la Déclaration d'indulgence (en) garantissant la liberté de religion des catholiques et des dissidents[26]. Le mois suivant, Marie de Modène donna naissance à un fils Jacques François Stuart qui, à la différence de Marie et d'Anne, sera élevé dans la religion catholique. Certains avancèrent que le garçon n'était pas celui du roi et qu'il avait été emmené secrètement dans la chambre de la reine dans une bassinoire pour remplacer le fils légitime mort-né[32]. Inquiète, Marie envoya une série de questions à sa sœur pour se renseigner sur les circonstances de la naissance. La réponse d'Anne et les rumeurs continues semblèrent confirmer les soupçons de Marie sur l'illégitimité de son frère et sur le fait que son père conspirait pour mettre en place une dynastie catholique[33].

Le 30 juin, un groupe de nobles anglais appelé par la suite les « sept immortels » envoya une invitation secrète à Guillaume et à Marie pour leur demander de renverser Jacques II[34]. Guillaume était initialement réticent peut-être parce que sa femme était l'héritière de la Couronne anglaise et qu'il craignait de lui être subordonné. Selon l'historien Gilbert Burnet, Marie convainquit son époux qu'elle ne s'intéressait pas au pouvoir politique et lui dit qu'« elle ne serait rien de plus que sa femme et qu'elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour le faire roi à vie[35] ». Elle lui assura également qu'elle lui obérait toujours comme elle l'avait promit dans ses vœux de mariage[36].

Guillaume accepta l'idée d'une invasion et délivra une déclaration qui faisait référence au nouveau-né de Jacques II comme au « prétendu prince de Galles ». Il lista également les doléances du peuple anglais et avança que son expédition n'avait pour seul but que d'« avoir un Parlement libre et légitime[37] ». Guillaume et l'armée hollandaise débarquèrent le 5 novembre 1688 à Brixham dans le sud de l'Angleterre[38]. L'armée anglaise se rallia rapidement aux envahisseurs[39] et le 11 décembre, Jacques II tenta de s'enfuir mais fut arrêté. Guillaume autorisa néanmoins Jacques II à quitter le pays car il ne voulait pas en faire un martyr de la cause catholique[40],[41].

Marie fut irritée par les circonstances entourant le renversement de son père et était partagée entre ses inquiétudes pour lui et la loyauté à son époux ; elle était néanmoins convaincue que les actions de Guillaume, bien que déplaisantes, étaient nécessaires pour « sauver l'Église et l'État[42] ». Lorsque Marie se rendit en Angleterre après le Nouvel-An, elle écrivit sur la « joie secrète » de son retour dans la mère patrie « mais qui fut rapidement jugulée par les mauvaises fortunes de [son] père[43] ». Guillaume lui demanda d'avoir l'air joyeuse lors de leur entrée triomphale dans Londres et elle fut ainsi critiquée par certains pour avoir été insensible à la détresse de son père[44]. Jacques II écrivit également une diatribe pour critiquer sa déloyauté, une action qui affecta profondément la pieuse Marie[45].

Guillaume III par l'école de Willem Wissing

En janvier 1689, le Parlement fut convoqué par le prince d'Orange et discutèrent des événements à venir[46]. Un groupe mené par Lord Danby défendait que Marie devait être le seul souverain car elle était l'héritière légitime tandis que Guillaume et ses partisans refusaient qu'un époux soit le sujet de son épouse[47]. Guillaume souhaitait régner de plein droit et non comme simple roi consort[48]. Pour sa part, Marie ne souhaitait pas être reine seule car elle considérait que les femmes devaient se soumettre à leurs époux ; elle indiqua « mon cœur n'est pas fait pour un royaume et mes penchants me poussent vers une vie paisible[49] ».

Le 13 février 1689, le Parlement adopta la Déclaration des droits dans lequel il avançait que Jacques II, en ayant tenté de s'enfuir le 11 décembre 1688, avait abdiqué et que le trône était par conséquent vacant[50],[51]. La Couronne fut donc offerte non pas au fils aîné de Jacques II, Jacques François Stuart (qui aurait été l'héritier apparent en des circonstances normales), mais à Guillaume III et Marie II en tant que co-monarques. Le seul précédent d'une monarchie conjointe en Angleterre remontait au XVIe siècle quand la reine Marie Ire avait épousé le prince Philippe d'Espagne. Ce dernier ne resta roi que durant la vie de son épouse et des restrictions étaient placées sur son pouvoir. À l'inverse, Guillaume souhaitait rester roi même après la mort de sa femme et que « l'exercice plein et entier de la puissance royale soit exercé par le prince d'Orange aux noms des dits prince et princesse pendant leur vie commune[50] ». La Déclaration fut par la suite modifiée pour exclure non seulement Jacques II et ses héritiers (autres qu'Anne) du trône mais également tous les catholiques car « il a été trouvé par l'expérience qu'il est incompatible pour la sécurité et le bien être de ce royaume protestant d'être gouverné par un prince papiste[51] ».

Guillaume III et Marie II furent couronnés le 11 avril 1689 par l'évêque de Londres Henry Compton. Habituellement, le couronnement était réalisé par l'archevêque de Cantorbéry mais le détenteur du titre, William Sancroft, refusa de reconnaître le renversement de Jacques II[52]. Ni Guillaume III ni Marie II n'apprécièrent la cérémonie ; elle considérait que ce n'était que vanité et Guillaume la qualifia de « papiste[53] ». Le même jour, le parlement d'Écosse, plus divisé que son homologue anglais, déclara finalement que Jacques II n'était plus roi d'Écosse, qu'« aucun papiste pourrait être roi ou reine de ce royaume » et que Guillaume III et Marie II seraient co-monarques. Le 11 mai, le couple accepta formellement la couronne écossaise[50].

Même après la Déclaration, Jacques II disposait encore de nombreux soutiens en Écosse. Lord Dundee leva une armée dans les Highlands écossais et remporta la victoire lors de la bataille de Killiecrankie le 27 juillet. Ses blessures reçues au début de la bataille et les lourdes pertes au sein de ses troupes entraînèrent néanmoins la défaite de son armée lors de la bataille de Dunkeld le mois suivant. Ce fut la seule véritable opposition à l'accession au trône de Guillaume III[54],[55].

Règne

Guillaume III et Marie II sur une guinée de 1691

En décembre 1689, l'un des plus importants documents constitutionnels de l'histoire anglaise, la Déclaration des droits fut adopté par le Parlement[56]. Cette loi qui reconfirmait certaines clauses de l'ancienne déclaration des droits, établissait des restrictions sur les prérogatives royales. Elle empêchait, entre autres, le roi de suspendre des lois votées par le Parlement, de lever des taxes ou une armée en temps de paix sans l'accord du Parlement, d'enfreindre le droit de pétition, de nier le droit de porter des armes aux sujets protestants, d'interférer dans les élections législatives, de punir les membres des deux Chambres du Parlement pour ce qui est dit pendant les débats, d'offrir des acquittements excessifs ou d'infliger des châtiments cruels. La Déclaration des droits régla également la question de la succession à la Couronne. Après la mort de l'un des deux co-monarques, l'autre continuerait à régner. La suivante dans l'ordre de succession devenait la sœur de Marie II, la princesse Anne, et ses descendants[56]. Néanmoins, tous les enfants que Guillaume III pourrait avoir d'un mariage à venir seraient intégrés à l'ordre de succession[57].

À partir de 1690, Guillaume III s'absentait fréquemment du royaume du fait de la guerre de la Ligue d'Augsbourg contre la France ; il quittait l'Angleterre au printemps et rentrait à l'automne. En 1690, il affronta les jacobites (partisans de Jacques II) en Irlande et Marie II administrait le royaume avec l'aide d'un conseil de neuf membres[58]. Elle n'était pas très désireuse d'assumer le pouvoir et se sentait « privée de tout ce qui était cher en moi en la personne de mon époux, laissée parmi ceux qui me sont de parfaits étrangers[59] ». Anne se disputa avec Guillaume et Marie II sur des questions d'argent et les relations entre les deux sœurs se détériorèrent[60]. Guillaume III avait écrasé les jacobites irlandais en 1692 mais il continua à combattre la France dans les Pays-Bas. Lorsque son époux était absent, Marie II gouvernait mais lorsqu'il était en Angleterre, elle se retirait des affaires politiques comme cela était prévu dans la Déclaration des droits[50],[57] et comme elle préférait[61]. Elle se révéla néanmoins être une dirigeante intransigeante et ordonna l'arrestation de son oncle Henry Hyde qui conspirait pour restaurer Jacques II[62]. En janvier 1692, elle écarta l'influent duc de Marlborough pour des faits similaires. Cette décision fit quelque peu baisser sa popularité[35] et elle compliqua les relations qu'elle entretenait avec sa sœur Anne qui était fortement influencée par l'épouse de Marlborough, Sarah[63]. Anne se rendit à la cour avec Sarah en soutien ostensible pour Marlborough ; cela irrita Marie II qui demanda à ce qu'Anne limoge Sarah et libère ses appartements[64]. Marie II développa de la fièvre en avril ; elle manqua la messe dominicale pour la première fois en douze ans[65] et ne put se rendre à l'accouchement d'Anne. Après sa convalescence, elle se rendit auprès de sa sœur dont le nouveau-né était mort peu après sa naissance mais au lieu de la réconforter, elle profita de l'occasion pour à nouveau critiquer son amitié avec Sarah[66] ; les deux sœurs ne se revirent jamais[67]. Marie II nota dans son journal que la rupture entre les deux sœurs était une punition de Dieu pour l'« irrégularité » de la Révolution[68]. Elle était extrêmement pieuse et priait au moins deux fois par jour[69]. Beaucoup de ses proclamations se concentraient sur la lutte contre la débauche, l'intempérance et le vice[70]. Elle participait souvent aux affaires de l'Église et toutes les questions sur les nominations ecclésiastiques passaient entre ses mains[71]. À la mort de l'archevêque de Cantorbéry John Tillotson en décembre 1694, Marie II souhaitait nommer l'évêque de Worcester Edward Stillingfleet mais Guillaume III annula ce choix et le poste fut confié à l'évêque de Lincoln, Thomas Tenison[72].

Marie II était grande (180 cm) et apparemment en forme ; elle marchait régulièrement entre ses palais de Whitehall et de Kensington[73]. Elle contracta néanmoins la variole à la fin de l'année 1694. Elle renvoya tous ceux qui n'avaient pas déjà été touchés par la maladie pour empêcher la propagation de l'infection[74]. Anne, qui était à nouveau enceinte, envoya une lettre à Marie II pour lui dire qu'elle prendrait tous les risques pour la voir à nouveau mais l'offre fut déclinée par le Groom of the Stole de la reine[75]. Marie II mourut tôt dans la matinée du 28 décembre au palais de Kensington[76]. Guillaume III, qui se reposait de plus en plus sur Marie II, fut dévasté par sa mort et dit à Burnet que « du plus heureux », il était « maintenant la créature la plus misérable au monde[74] ». Alors que les jacobites considéraient que sa mort était un châtiment divin lié à la violation du cinquième commandement (« Honore ton père »), elle fut largement pleurée en Grande-Bretagne[77]. Durant un hiver froid au cours duquel la Tamise gela, son corps embaumé fut exposé dans la maison des banquets du palais de Whitehall. Elle fut inhumée le 5 mars dans l'abbaye de Westminster. Pour la première fois, les membres des deux Chambres du Parlement assistèrent à la cérémonie[78]. À cette occasion, le compositeur Henry Purcell écrivit Music for the Funeral of Queen Mary[79],[80].

Héritage

Marie II et Guillaume III par James Thornhill.

Marie II délivra une charte royale pour le College of William and Mary (dans l'actuelle ville de Williamsburg en Virginie) en 1693[81], soutint Thomas Bray qui fonda la Society for Promoting Christian Knowledge et joua un rôle majeur dans la fondation du Royal Hospital for Seamen de Greenwich après la victoire anglo-hollandaise lors de la bataille de la Hougue en 1692[82]. On lui attribue le développement des jardins des palais de Het Loo et d'Hampton Court et la popularisation de la porcelaine bleue et blanche (en) et des poissons rouges comme animaux de compagnie[83].

Marie II a été décrite par les jacobites comme une fille déloyale qui détruisit son père en faveur de son époux et d'elle-même[84]. Au début de leur règne, elle était souvent représentée comme complètement sous l'influence de Guillaume III mais après qu'elle eut gouverné seule pendant ses absences, elle fut qualifiée de compétente et de confiante. Le poème A Present for the Ladies écrit par Nahum Tate en 1692 la compare à la reine Élisabeth Ire[85]. Sa modestie et sa timidité furent loués dans des œuvres comme A Dialogue Concerning Women de William Walsh en 1691 qui la compara à Cincinnatus, un général romain qui fut élu dictateur puis abandonna volontairement le pouvoir une fois sa tache remplie[86].

Une semaine avant sa mort, Marie II reprit ses documents dont certains furent brûlés mais son journal et sa correspondance avec Guillaume III et Frances Apsley a été préservée[87]. Les jacobites furent très virulents à son égard mais les évaluations historiques la considèrent comme une épouse dévouée et docile qui assuma le pouvoir avec réticence, l'exerça avec talent quand cela était nécessaire et le rendait volontiers à son époux[88].

Titres et armoiries

  • 30 avril 1662 - 13 février 1689: Son Altesse Lady Mary[89]
  • 4 novembre 1677 - 13 février 1689: Son Altesse la princesse d'Orange
  • 13 février 1689 - 28 décembre 1694: Sa Majesté la reine

Le titre conjoint de Guillaume III et de Marie II était : « Guillaume et Marie, par la grâce de Dieu, roi et reine d'Angleterre, de France et d'Irlande, défenseurs de la Foi, etc. ». La référence à la France était seulement nominale et était revendiquée par chaque souverain anglais depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés. À partir du 11 avril 1689, lorsque le Parlement les reconnut comme souverains, le couple royal utilisa comme titre : « Guillaume et Marie, par la grâce de Dieu, roi et reine d'Angleterre, d'Écosse, de France et d'Irlande, défenseurs de la Foi, etc. [90] ».

Les armoiries utilisées par le roi et la reine étaient : Écartelé, 1 et 4, trois fleurs de lys or sur fond azur (qui est France) et trois lions en pal or (qui est Angleterre), au 2, d'or, au lion de gueules, au double trescheur fleuronné et contre-fleuronné du même (qui est Écosse), au 3, d'azur, à la harpe d'or, cordée d'argent (qui est Irlande) ; sur le tout d'azur semé de billettes d'or, un lion du second brochant, armé et lampassé de gueules (qui est Nassau)[91].

Ascendance

Notes et références

  1. Curtis 1972, p. 12-17 ; Gregg 2001, p. 4
  2. Green 1970, p. 17 ; Gregg 2001, p. 6 ; Waller 2006, p. 293-295
  3. Waller 2006, p. 252
  4. Van der Kiste 2003, p. 32
  5. Waller 2006, p. 251
  6. Waller 2006, p. 251-253
  7. Waller 2006, p. 255
  8. Van der Kiste 2003, p. 34
  9. Waller 2006, p. 256
  10. John Pollock, The Policy of Charles II and James II. (1667-87.) (lire en ligne)
  11. Van der Kiste 2003, p. 44-45
  12. Edward Lake, le chapelain de Marie, cité dans Waller 2006, p. 257
  13. Van der Kiste 2003, p. 47-48 ; Waller 2006, p. 258
  14. Van der Kiste 2003, p. 50-51 ; Waller 2006, p. 259
  15. Van der Kiste 2003, p. 51 ; Waller 2006, p. 258-259
  16. Van der Kiste 2003, p. 52
  17. Waller 2006, p. 257-259
  18. Waller 2006, p. 259-262
  19. Van der Kiste 2003, p. 55-58 ; Waller 2006, p. 261
  20. Van der Kiste 2003, p. 57, 58, 62
  21. Van der Kiste 2003, p. 162 ; Waller 2006, p. 262
  22. Van der Kiste 2003, p. 72-73
  23. Van der Kiste 2003, p. 76
  24. Van der Kiste 2003, p. 78
  25. Van der Kiste 2003, p. 79
  26. a et b Van der Kiste 2003, p. 91
  27. Waller 2006, p. 265
  28. Van der Kiste 2003, p. 81 ; Waller 2006, p. 264
  29. Van der Kiste 2003, p. 64 ; Waller 2006, p. 264
  30. Van der Kiste 2003, p. 82 ; Waller 2006, p. 264
  31. Van der Kiste 2003, p. 86
  32. Van der Kiste 2003, p. 92
  33. Van der Kiste 2003, p. 90, 94-95 ; Waller 2006, p. 268-269
  34. Van der Kiste 2003, p. 93-94
  35. a et b « Mary II », dans Encyclopædia Britannica, vol. XVII, New York, Encyclopædia Britannica, Inc, , 11e éd., p. 816
  36. Van der Kiste 2003, p. 85 ; Waller 2006, p. 266
  37. Van der Kiste 2003, p. 98
  38. Van der Kiste 2003, p. 100-102
  39. Van der Kiste 2003, p. 104
  40. Baxter 1976, p. 242-246
  41. John Miller, James II : a study in kingship, Londres, Methuen, (ISBN 9780413652904), p. 208
  42. Van der Kiste 2003, p. 95 ; Waller 2006, p. 269-271
  43. Van der Kiste 2003, p. 113 ; Waller 2006, p. 271
  44. Van der Kiste 2003, p. 113 ; Waller 2006, p. 272-273
  45. « The House Of Stuart: William III and Mary II », English Monarchs,
  46. Waller 2006, p. 274
  47. Waller 2006, p. 274-275
  48. Van der Kiste 2003, p. 108 ; Waller 2006, p. 273
  49. Van der Kiste 2003, p. 114 ; Waller 2006, p. 273
  50. a b c et d « King James' Parliament: The succession of William and Mary », dans The History and Proceedings of the House of Commons: volume 2, British History Online, (lire en ligne), p. 255-77
  51. a et b « William III and Mary II », The Royal Household
  52. « William Sancroft », dans Encyclopædia Britannica, Encyclopædia Britannica Online, (lire en ligne)
  53. Van der Kiste 2003, p. 118
  54. « John Graham of Claverhouse, 1st viscount of Dundee », dans Encyclopædia Britannica, Encyclopædia Britannica Online, (lire en ligne)
  55. « The Contemplator's Short History of "Bonnie Dundee" John Graham, Earl of Claverhouse, Viscount of Dundee »
  56. a et b Van der Kiste 2003, p. 114-115
  57. a et b « Bill of Rights »,
  58. Van der Kiste 2003, p. 138
  59. Memoirs of Mary, Queen of England édité par R. Doebner (1886), cité dans Van der Kiste 2003, p. 138
  60. Van der Kiste 2003, p. 130-131
  61. Van der Kiste 2003, p. 144 ; Waller 2006, p. 280, 284
  62. Waller 2006, p. 281
  63. Van der Kiste 2003, p. 159-160
  64. Van der Kiste 2003, p. 160
  65. Van der Kiste 2003, p. 155
  66. Van der Kiste 2003, p. 161
  67. Van der Kiste 2003, p. 162
  68. Waller 2006, p. 279
  69. Waller 2006, p. 277, 282
  70. Van der Kiste 2003, p. 164 ; Waller 2006, p. 281, 286
  71. Van der Kiste 2003, p. 163-164
  72. Van der Kiste 2003, p. 176
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Bibliographie

Liens externes

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