Jean Dufy

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Jean Dufy
Jean Dufy en 1935
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
Indre-et-LoireVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Boussay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean Jacques Gustave DufyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Fratrie
Autres informations
Mouvement
Influencé par
Tombe de Jean et Ismérie Dufy dans le cimetière de Boussay.

Jean Dufy, né le au Havre et mort le à Boussay, est un peintre français[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

La Savoie dans le port du Havre
Preuilly-sur-Claise
Limoges, le four à porcelaine Haviland

Jean Jacques Gustave Dufy naît au Havre, au no 15 de la rue de l'Espérance[2], le , septième des onze enfants (Raoul est le deuxième) de Léon Marius Dufy, comptable dans une entreprise de métallurgie, musicien amateur talentueux, et de son épouse née Marie Eugénie Ida Lemonnier, native d'Honfleur[3]. Il effectue sa scolarité au collège Saint-Joseph du Havre avant d'être placé dans une maison d'importation de produits d'outre-mer puis de devenir secrétaire sur le transatlantique La Savoie[4]. Après son service militaire (1910-1912), il s'installe à Paris où il rencontre André Derain, Georges Braque, Pablo Picasso, Émile Othon Friesz, Albert Marquet ou encore Guillaume Apollinaire[5].

Dans ses premières aquarelles, exposées à la galerie de Berthe Weill en 1914, les tonalités sourdes, bruns, bleus, rouges sombres, côtoient la technique des hachures héritée de Cézanne à travers l’œuvre de son frère Raoul Dufy.

Mobilisé, après cette première exposition, dès le 2 août 1914, il est affecté au 24e Régiment d'infanterie comme conducteur d'ambulance et participe à la bataille de Charleroi. Il est ensuite versé dans l'artillerie où il est cycliste de batterie. Il entre dans le 103e Régiment d'artillerie lourde en 1917[6]. La guerre n’empêche pas Jean Dufy de continuer à peindre ou à dessiner sur des carnets, essentiellement des fleurs, des chevaux, des paysages de l'Argonne[6]. Il dessine et peint de même des vues du Val d'Ajol qu'il découvre dans les Vosges où, malade, il séjourne au retour de la Première Guerre mondiale[7].

De 1916 à 1934 (en décembre 1922, il épouse Ismérie Coutut, fille de confiseurs de Preuilly-sur-Claise, village où le couple séjournera fréquemment jusqu'en 1948[4]), Jean réalise, pour la porcelaine Théodore Haviland de Limoges[8] « des modèles très décoratifs, alliant élégance et onirisme[9] – nature florale et animale – qui lui vaudront, lors de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes en 1925, une médaille d’or pour le service « Châteaux de France »[10]. En 1920, il est installé au 2, square Caulaincourt et contribue auprès de son frère Raoul aux décors pour Le Bœuf sur le toit, œuvre musicale de Darius Milhaud sur un argument de Jean Cocteau créé le 21 février 1920 à la Comédie des Champs-Élysées[5].

Paris, Villa des Arts

Ses œuvres sont montrées au grand jour lors d’expositions successives à Paris (Salon d’Automne au Grand Palais des Champs-Élysées en 1920, 1923, 1924, 1927 et 1932, Galerie Bing & Cie en 1929) et à New York (Balzac Galleries en 1930, Perls Galleries en 1938). En 1936-1937, il est installé, au 12 rue Cortot, dans l'atelier d'André Utter avant d'occuper à la villa des Arts, 15 rue Hégésippe-Moreau, l'atelier qui sera ensuite repris par Andrés Segovia[11].

Pour l’Exposition universelle de 1937, le directeur général de la Compagnie Parisienne de Distribution d’Électricité charge son frère, Raoul Dufy, d’exécuter la décoration du pavillon de l’électricité confié à l'architecte Robert Mallet-Stevens. Jean l’aide à réaliser une vaste fresque à la gloire de l’électricité, sur une surface de six cents mètres carrés : La Fée Électricité[12]. Célébré pour l'œuvre, Raoul ne fait aucune citation publique de la contribution de son cadet, ce qui les éloigne définitivement l'un de l'autre[4].

Dans les années 1939-1948, il séjourne en Limousin et en Touraine, contrées qui lui inspirent des œuvres, notamment des paysages et des scènes villageoises (par exemple à Preuilly-sur-Claise). Les dernières années (1950-1960) sont consacrées à des voyages, principalement en Europe et en Afrique du Nord[13].

Peintre reconnu, régulièrement exposé à Paris et aux États-Unis, intégré dans les collections des plus prestigieux musées américains tels que l’Art Institute of Chicago ou le Museum of Modern Art de New York, Jean Dufy s’éteint le (soit deux mois après son épouse Ismérie) à La Boissière, hameau du village de Boussay (Indre-et-Loire) où il s'était installé en 1948[4].

Expositions[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • 1914 : Galerie Berthe Weill, Paris.
  • 1923 : Grand Palais des Champs-Elysées, Salon d'Automne, Paris.
  • 1925 : Galerie Vavin-Raspail, Paris.
  • 1927 : Galerie Mantelet, Paris.
  • octobre 1929 : Galerie Bing & Cie, Paris.
  • 1930 : Balzac Galleries, New York.
  • 1938 : Perls Galleries, New York.
  • 1938-1939 : The Portland Art Museum, Portland.
  • 1939 : Galerie A. Barreiro, Paris.
  • mai 1942 : Galerie L'Arc-en-ciel, Paris[14].
  • 1947-1948 : Georges de Braux, Inc., Philadelphie.
  • avril 1948 : Galerie Jos. Hessel, Paris.
  • 1948 : Old Paris Gallery, Boston.
  • 1950 : Georges de Braux, Inc., Philadelphie.
  • 1951 : Niveau Gallery, New York.
  • 1952 : James Vigeveno Galleries, Westwood Hills.
  • 1953 : Perls Galleries, New York.
  • 1955 : Van Diemen-Lilienfeld Galleries, New York.
  • 1956 : Galerie Barreiro Stiebel, Paris.
  • 1957 : Dominion Gallery, Montréal.
  • 1957 : Hammer Galleries, New York.
  • novembre 1958 : Galerie Anne Abels, Cologne.
  • 1961 : Hammer Galleries, New York.
  • 1964 : The Marble Arch Gallery, New York.
  • 1966 : Jean Dufy - Rétrospective, Galerie Reine, New York[7].
  • 1968-1969 : Wally Findlay Galleries, Chicago.
  • 1969 : The Chase Gallery, New York.
  • mai-juin 1983 : Galerie Castiglione, Paris.
  • 1987 : Soufer Gallery, New York.
  • mai 1989 : Jean Dufy - Aquarelles de jeunesse, Chase Contemporary Art Gallery, New York[15].
  • décembre 1993 : Jean Dufy - huiles et gouaches, Jane Kahan Gallery, New York[16].
  • 2002 : Galerie Jacques Bailly, Paris.
  • 2011 : Galerie Jacques Bailly, Paris[17].
  • avril-juin 2011 : Raoul et Jean Dufy - Complicité et Rupture, Musée Marmottan Monet, Paris[18],[19],[20].

Expositions collectives[modifier | modifier le code]

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • « Né onze ans après Raoul, qui fut son professeur, il adopte volontiers son style et aussi ses sujets. Jean a travaillé à Lyon pour les soieries, à Limoges pour les porcelaines. Deux disciplines qui apportent à sa manière certaines particularités : des rythmes harmonieux rompus par des éclats de lumière zébrés, nés de sa passion pour le jazz, et, par rapport à Raoul, des formes plus fondues dans la composition. » - Gérald Schurr[24]
  • « On a dit que l'écriture de Raoul Dufy était un staccato, rythme classique dans un tempo vif, tandis que Jean Dufy, lui-même bon joueur de guitare classique et amateur de jazz, pratiquait un rythme plus coulé, aux sonorités plus confidentielles, à base de bleus profonds, qu'animent les rouges et les verts, tandis que les jaunes viennent poser les accents de lumière. Tandis que Raoul Dufy s'attache souvent à disséquer chacun des éléments qui entrent dans une de ses compositions, souvent avec humour et tendresse, en tout cas avec acuité, Jean Dufy est plus sensible au panorama global de la scène représentée ; la particularité, l'individualité le touchent moins. » - Dictionnaire Bénézit[7]
  • « il fréquente le cirque en habitué, attentif aux détails, mais l'associe à son quotidien, à la fois prétexte et matière vive à sa création. Les références au cirque s'apparentent à un vocabulaire, avec lequel il développe un langage pictural fort... Les tableaux de Jean Dufy révèlent un cirque à la fois sentimental, nerveux et incisif. Ils forgent une atmosphère troublante, entre précipité d'énergie, omniprésence du tourbillon et poétisation du déséquilibre. Avec lui, le cirque est toujours une fête, une célébration permanente de la joie de vivre, une accélération du temps et une ardente manière de le fixer. » - Pascal Jacob[5]

Collections publiques[modifier | modifier le code]

Drapeau de l'Autriche Autriche[modifier | modifier le code]

Drapeau de Chypre Chypre[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

États-Unis[modifier | modifier le code]

Drapeau de la Suisse Suisse[modifier | modifier le code]

La rue Jean-Dufy à La Boissière

Collections privées[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

  • Une rue des communes d'Ermont et de Boussay (hameau de La Boissière où vécut l'artiste) portent le nom de Jean Dufy.
  • En 2014, La Poste a émis un timbre représentant La Seine au pont du Carrousel pour le cinquantième anniversaire de la disparition de Jean Dufy[29].
  • En 2014, la manufacture Haviland a édité deux vide-poches, un service à thé et un service à café, avec des décors réalisés à partir de tableaux du peintre.
  • En 2016, Amin Maalouf, de l'Académie française, a illustré la couverture de son livre Un fauteuil sur la Seine - Quatre siècles d'histoire (Grasset) du tableau de Jean Dufy Paris, la Seine et Notre-Dame.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Site de l'artiste peintre, par Jacques Bailly
  2. « En souvenir de Jean Dufy », Paris-Normandie, 16 juin 2014
  3. Michaël Debris, Raoul Dufy et Le Havre - Les frères de Dufy, Musée d'art moderne André-Malraux
  4. a b c et d Frédérique Roussel, « Au pays de l'autre Dufy », Libération, 5 mai 2011
  5. a b et c Pascal Jacob, Jean Dufy - Le cirque en majesté, Magellan et Cie, 2012, pages 27, 45, 46.
  6. a et b « Grande guerre : Raoul et Jean Dufy, complicité et rupture » site Verdun-Meuse
  7. a b et c Dictionnaire Bénézit, Gründ, 1999, vol.4, pages 821-822.
  8. Lucie Fléjou, L'entreprise Théodore Haviland de 1892 à 1941 - Destinées industrielles de la porcelaine de Limoges, École nationale des chartes, 2005
  9. a et b Chantal Meslin-Perrier,«  La porcelaine de Limoges », Éditions Jean-Paul Gisserot, 2006.
  10. Guéry Enchères, Jean Dufy, le peintre de la couleur, Rouen, 9 février 2009
  11. André Roussard, Dictionnaire des peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, 1999.
  12. Findlay Galleries, Jean Dufy
  13. Jacques Bailly, Jean Dufy, biographie
  14. Laurence Bertrand Dorléac (préface de Michel Winock), Histoire de l'art, Paris, 1940-1944 - Ordre national, traditions et modernités, Publications de la Sorbonne, Paris, 1986.
  15. « Art : Jean Dufy », New York Magazine, 19 mai 1989, page 20.
  16. « Art exhibitions », New York Magazine, 6 décembre 1993, page 171.
  17. Jacques Bailly, Jean Dufy vu par la Galerie Baiily, 2011
  18. Musée Marmottan Monet, Raoul et Jean Dufy - Complicité et ruture, présentation de l'exposition, 2011
  19. Charles Sala, commissaire d'exposition, Raoul et Jean Dufy - Complicité et rupture, Musée Marmottan Monet, 2011
  20. « Raoul et Jean Dufy entre entente et discorde », Agence France-Presse, 14 avril 2011
  21. Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001, page 378.
  22. Patrick-F. Barrer, L'histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  23. Musée de la Résistance, Limoges 14-18 - Être artiste dans la Grande Guerre, présentation de l'exposition, 2015
  24. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1996, pages 272-273.
  25. « Pinacothèque Levantis », Petit Futé, Nouvelles éditions de l'Université, 2018-2019.
  26. Les amis de Vendée Historial, compte-rendu d'assemblée générale, 24 août 2019
  27. Musée national Adrien Dubouché, Jean Dufy dans les collections
  28. Caroline Legrand, « La fibre humaniste de Pierre Maurs, galeriste et collectionneur », La Gazette Drouot, 3 juin 2021
  29. Phil-Ouest, Le timbre "Jean Dufy", 2014

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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