Jean-Pierre Elkabbach

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Jean-Pierre Elkabbach
Image illustrative de l’article Jean-Pierre Elkabbach
Jean-Pierre Elkabbach en 1991.

Naissance (86 ans)
Oran (Algérie)
Profession Journaliste
Spécialité Politique, interview
Distinctions honorifiques Légion d'honneur
Médias actuels
Pays France
Média Télévision, radio
Fonction principale Dirigeant puis président de chaîne et de station
Conseiller auprès de dirigeants
Historique
Radio France Inter, Europe 1
Télévision ORTF, Première Chaîne, Antenne 2, France 3, France Télévisions, Public Sénat

Jean-Pierre Elkabbach, né le à Oran, en Algérie[1],[2], est un journaliste et éditorialiste français.

Biographie

Jean-Pierre Elkabbach lors de la matinale d'Europe 1 en Gare de Lyon à Paris le 21 mars 2014.

Né dans une famille juive d'Oran, Jean-Pierre Elkabbach a un frère et une sœur plus jeunes que lui. Son père, un négociant en import export, est passionné de football et sera notamment vice-président de l'Olympique de Marseille[3], sa mère est femme au foyer. Son enfance est marquée par la mort de son père le 3 octobre 1949 alors qu'il lisait une prière à la Grande synagogue d'Oran. Depuis, il est devenu juif laïc[4] et lui a fait la promesse de rendre son nom célèbre. Après des études brillantes au lycée Lamoricière d'Oran, il décroche son baccalauréat et part pour Paris réaliser des études à l'Institut français de presse, à la faculté des lettres de l'université de Paris et à l'Institut d'études politiques de Paris[5]. Parallèlement, il suit des cours de théâtre, une passion acquise depuis son appartement à Oran où il entendait de son balcon chanteurs et comédiens répéter dans le théâtre d'Oran[6].

Au cours de ses vacances de l'été 1960 en Algérie, il pousse la porte de Radio Alger et, devant sa motivation, le rédacteur en chef le prend en stage. Journaliste à Oran, Alger et Constantine, il est arrêté, lors du putsch des généraux en 1961, par les paras qui lui reprochent d'être un pied-noir traître à l'Algérie française[7]. Il est alors nommé à Paris où il travaille à l'Office de radiodiffusion télévision française jusqu'en 1968, quand, pour avoir fait grève, il est mis au placard et muté à Toulouse, puis envoyé comme correspondant à Bonn[8].

En 1970, il devient présentateur du journal télévisé de la Première Chaîne. En 1972, il rejoint la deuxième chaîne pour y occuper la même fonction jusqu'en 1974, tout en animant le magazine Actuel 2. En 1974, il présente la tranche d'information de midi de France Inter, puis il est successivement, à partir de 1975, rédacteur en chef de France Inter, rédacteur en chef à la direction de l'information de Radio France, et directeur de l'information d'Antenne 2 en 1977. En particulier, il commente le couronnement de Bokassa Ier, empereur de Centrafrique en décembre 1977. En octobre 1979, il écarte Claude Sérillon de la présentation de la revue de presse de la chaîne dans laquelle ce dernier avait traité l'affaire des diamants de Bokassa[9]. De 1977 à 1981, il anime différentes émissions dont Cartes sur table avec Alain Duhamel. Durant l'une de ces émissions, Georges Marchais, secrétaire du Parti communiste, lui aurait lancé « Taisez vous, Elkabbach ! » mais aucune trace de cet incident n'a pu être trouvée dans les archives de l'Institut national de l'audiovisuel[10]. Cette phrase est entrée dans les mémoires par sa répétition systématique par les humoristes, au point de devenir le titre d'un livre écrit par le journaliste et son épouse, Nicole Avril, en 1992. Cette phrase semble être un raccourci d'une phrase - « me coupez pas la parole... » - que Georges Marchais a pour habitude de lancer dans ses interviews quand il était agacé par l'intervention hâtive d'un journaliste.

Jugé proche de l'ancienne majorité, il est évincé de l'antenne à la suite de l'élection de François Mitterrand en 1981. Il rejoint Europe 1 en 1981[8], où il est successivement animateur de Découvertes jusqu'en 1987, directeur d'antenne et présentateur du 8 h - 9 h de 1987 à 1988, puis directeur général adjoint en 1988.

En , il devient conseiller auprès du président et du directeur général de La Cinq, Yves Sabouret. Il conservera cependant à Europe 1 ses fonctions de directeur général adjoint ainsi que ses émissions. En 1991, pour cette chaîne de télévision, il anime le magazine Pile et Face et coanime avec Pierre Géraud l'émission dominicale Dimanche, 20 h 10, Elkabbach. Il anime ensuite l'émission Repères sur France 3 de 1992 à 1993. Entre avril 1993 et juin 1994, il interviewe François Mitterrand pour le documentaire François Mitterrand : conversations avec un Président, diffusé en cinq volets après la mort du président de la République.

En décembre 1993, il est élu président de France 2 et France 3 qui deviennent France Télévisions. Il est contraint de partir en 1996, à la suite de la polémique sur les contrats qu'il a consentis à certains animateurs-producteurs, notamment Jean-Luc Delarue.

Il revient alors à Europe 1 pour animer l'émission L'invité du matin à h 20 et le Club de la presse jusqu'en juillet 2000. Nommé conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe en 1990 par Jean-Luc Lagardère, il devient en directeur général de l'antenne d’Europe 1 et administrateur de Lagardère Active Broadcast, tout en conservant son émission matinale. En 2005, il est nommé président d'Europe 1 par Arnaud Lagardère, président de Lagardère Media. Il est contesté au sein de sa rédaction, d'abord en février 2006, pour avoir demandé conseil à Nicolas Sarkozy avant de choisir un journaliste politique suivant le ministre de l'intérieur[11], puis, durant la campagne présidentielle de 2007, où il est accusé d'être partial en faveur du candidat de l'UMP. Après l'annonce erronée de la mort de Pascal Sevran, dans le journal de 19 heures d'Europe 1 du , qu'il considère d'abord comme « une erreur collective », il doit confirmer qu'il est l'auteur de l'information, et qu'il s'agit là d'une faute individuelle[12]. En mai 2008, il doit s'expliquer devant le Conseil supérieur de l'audiovisuel, qui adresse une mise en demeure à la station[13]. Un mois plus tard, début juin 2008, il est remplacé à la présidence d'Europe 1 par Alexandre Bompard, dirigeant jusqu'alors le pôle sport de Canal+. Tout en restant à l'antenne pour son interview matinale, Jean-Pierre Elkabbach est nommé à la tête de Lagardère News, une structure rassemblant les médias d'information du groupe Lagardère.

À partir de décembre 1999, parallèlement à ses activités sur Europe 1 et pendant trois mandats, il préside la chaîne parlementaire Public Sénat, où il anime l'émission littéraire Bibliothèque Médicis[14]. En avril 2009, Gilles Leclerc lui succède à la présidence de la chaîne mais Jean-Pierre Elkabbach poursuit toutefois son émission littéraire Bibliothèque Médicis[15]. En avril 2012, il fait partie du jury de l'émission Qui veut devenir président ? sur France 4[16].

Le Point le considère comme « proche de la droite »[17],[18].

Vie privée

Marié à Nicole Avril, il est le père de l'actrice Emmanuelle Bach.

Distinctions

En mai 2009, l'ancien président français Jacques Chirac lui remet les insignes d'officier de la Légion d'honneur[19],[20]. En juillet 2014, le Premier ministre Manuel Valls l'élève au grade de commandeur par décret du président de la République.

En avril 2011, il est fait citoyen d'honneur de sa ville natale d'Oran[21].

Critiques

Jean-Pierre Elkabbach est accusé d'être trop proche du pouvoir, par exemple par l'émission satirique Les Guignols de l'info ou par Vincent Quivy[22]. Dans son essai intitulé Profession : Elkabbach, paru en 2009[23], l'auteur explique la longévité du journaliste par sa familiarité avec les dirigeants et ses concessions pour s'attirer leurs grâces[24]. Pour ses confrères Éric Zemmour et Christophe Barbier, Jean-Pierre Elkabbach pratique un journalisme propre à une génération, où l'« allégeance » est de mise[25].

D'après le journaliste Paul Amar, Jean-Pierre Elkabbach aurait sollicité le soutien de Nicolas Sarkozy pour une nomination comme président de France 2 et France 3 en échange d'un soutien à Édouard Balladur à l'élection présidentielle de 1995[26],[27].

Le chanteur Alex Beaupain cite « Elkabbach » et sa « mise au placard » après l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir en 1981 dans sa chanson Au départ (album Pourquoi battait mon coeur, 2011).

L'absence supposée d'indépendance de Jean-Pierre Elkabbach est régulièrement pointée par des médias tels que le mensuel Le Monde diplomatique[28],[29], l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné ou encore le site de critique des médias Acrimed[30], proche de la gauche antilibérale.

Ségolène Royal a, à plusieurs reprises, dénoncé les méthodes de Jean Pierre Elkabbach[31] ; allant jusqu'à refuser plusieurs fois, pendant la campagne présidentielle de 2007, d'être interviewé par ce dernier[32].

Ouvrages

  • Jean-Pierre Elkabbach avec Nicole Avril, Taisez-vous Elkabbach !, éditions Flammarion, (ISBN 978-2-08-064421-3, LCCN 82153307)
  • Jean-Pierre Elkabbach, 29 mois et quelques jours, Paris, éditions Grasset, (ISBN 978-2-246-54341-1, LCCN 97169395)
  • Jean-Pierre Elkabbach avec Édouard Balladur, Passion et longueur de temps, Paris, éditions Fayard, (ISBN 978-2-213-02330-4)
  • François Mitterrand : conversations avec un président : documentaire tourné entre avril 1993 et juin 1994, diffusé sur France 2 au mois de mai 2001 en cinq épisodes.

Notes et références

  1. Bertrand de Saint-Vincent, Tout Paris, Grasset, (ISBN 9782246785132, lire en ligne), p. 175.
  2. (en) Alex Hughes et Keith Reader, Encyclopedia of Contemporary French Culture, Taylor & Francis, (ISBN 9780415263542, lire en ligne), p. 183.
  3. Jean-Pierre H. Elkabbach, Nicole Avril, Taisez-vous, Elkabbach !, Flammarion, , p. 11
  4. Pascal Nivelle, « Cause toujours », sur liberation.fr,
  5. Vincent Quivy, Profession, Elkabbach, Editions du Moment, , p. 213
  6. Jean-Pierre H. Elkabbach, Nicole Avril, op. cité, p. 36
  7. Jean-Pierre H. Elkabbach, Nicole Avril, op. cité, p. 47-53
  8. a et b (fr) « Le CV de Jean-Pierre Elkabbach », sur Challenges.fr,
  9. (fr) « L’homme du jour : Claude Sérillon », sur L'Humanité,
  10. (fr) Georges le cathodique, de Yves Jeuland, de France 5 / France 2 / Lobster Films / INA, 2007 [présentation en ligne]
  11. (fr) « Europe 1 prête pour 2007 », sur L'Humanité,
  12. (fr) « Comment Elkabbach a tué Pascal Sevran », sur Libération,
  13. (fr) « Affaire Sevran : Europe1 écope d'un carton jaune », sur Le Figaro,
  14. (fr) Julien Lalande, « Gilles Leclerc nouveau PDG de Public Sénat », sur Ozap.com,
  15. (fr) « La chaîne Public Sénat proposera à la rentrée une grille "plus dynamique" avec moins d'émissions », sur telesatellite.com,
  16. (fr) Kevin Boucher, « "Qui veut devenir président ?" sur France 4, à la recherche des futurs talents de la politique », sur PureMédias,
  17. Europe 1 : Jean-Pierre Elkabbach sauvé par François Hollande, Le Point 14/05/2012
  18. Un élu PS saisit le CSA pour comptabiliser les journalistes de droite, Par Slate.fr 30/03/2012
  19. (fr) « Décoré par Chirac, Elkabbach fait un tabac », sur Le Parisien,
  20. (fr) « Jean-Pierre Elkabbach décoré par Jacques Chirac », sur Leblogtvnews.com,
  21. (fr) Renaud Revel, « Les mots de Jean-Pierre Elkabbach », sur L'Express,
  22. (fr) F. Dumas, « Toulon - Un Toulonnais s'attaque à Elkabbach », sur Var-Matin,
  23. Vincent Quivy, Profession : Elkabbach, Paris, éditions du Moment, , 219 p. (ISBN 978-2-35417-039-4, LCCN 2009402837)
  24. « Profession Elkabbach : une biographie à charge contre le journaliste politique », sur politique.net,
  25. (fr) « Sarkozy, conseiller en recrutement d’Elkabbach : de quoi enflammer les rédactions ? », sur Acrimed,
  26. Confidence de Nicolas Sarkozy à Paul Amar, Blessures, 2014.
  27. « Paul Amar : "Elkabbach a proposé à Sarkozy de faire élire Balladur contre la direction de France Télévisions" », sur France Info,
  28. Marie Bénilde La faute professionnelle de M. Elkabbach, Information 2.0, Les blogs du Diplo, 30 avril 2008
  29. L’indépendance, une anomalie ?, Le Monde diplomatique, décembre 2013
  30. Jean-Pierre Elkabbach sur Acrimed, Acrimed
  31. « Ségolène, Jean-Pierre Elkabbach et l'oreillette... » (consulté le )
  32. « Ségolène Royal / Jean Pierre Elkabbach : la réconciliation » (consulté le )