Ingénieur

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Ingénieur
Conference of Engineers at the Menai Straits Preparatory to Floating one of the Tubes of the Britannia Bridge, de John Seymour Lucas (1868).
Présentation
Autres appellations
Ingénieur
Secteur
Physique, chimie, génie électrique, agroalimentaire, zoologiste, robotique, industrie, commercial, médical, génie civil, aérospatial, aéronautique, logiciel, informatique, statistique, finance, logistique, agronomie, géomatique.
Compétences
Compétences requises
Direction de projet, innovation et création, animation d'équipes pluridisciplinaires, management de fournisseurs, assurance qualité.

Un ingénieur est un professionnel exerçant des activités de conception, d'innovation et de direction de projets, de réalisation et de mise en œuvre de produits, de systèmes ou de services impliquant la résolution de problèmes techniques complexes. Ces responsabilités supposent un ensemble de connaissances techniques d'une part, économiques, sociales, environnementales et humaines d'autre part, reposant sur une solide culture scientifique et générale.

Ce terme revêt cependant des significations diverses selon les époques et les secteurs d'activité. Le terme « ingénieur » et les fonctions qui y sont reliées se sont en effet beaucoup élargis.

La technicité, l'autonomie requise et les coûts importants associés à certains équipements modernes amènent parfois le remplacement de techniciens ou de professionnels qualifiés par des ingénieurs. Le métier d'ingénieur exige également des compétences rigoureuses en gestion de projet.

Étymologie

Origine du mot

Le terme n'est attesté, sous sa forme actuelle, qu'à partir de la Renaissance. Il s'agit d'une réfection probable d'après "ingénier" du terme attesté en ancien français engigneor « constructeur d'engins de guerre », dérivé de « engin ». Au Moyen Âge, le terme engineor est attesté au XIe siècle siècle dans le Domesday Book.

« Espèce-ingénieur » décrit parfois des espèces animales qui modifient leur environnement en créant de nouveaux habitats (ex : le castor qui grâce à ses barrages crée des zones humides, ou les vers de terre qui produisent l'humus et mélangent le sol).

Féminisation du mot

Les Belges ont fait le choix de retenir l'emploi épicène tandis que les Québécois et les Suisses ont ajouté un « e » final, les français emploient les deux, bien que les Éditions Larousse préconisent l'emploi épicène[1],[2],[3],[4].

En France, l'association qui regroupe les ingénieurs de sexe féminin choisit en 1982 le nom de « femme ingénieur » et le conserve depuis[5], bien qu'il existe de nombreuses utilisations du mot « ingénieure » sur son site[6],[7] ou encore dans ses opérations « Ingénieure au Féminin »[8] ; quant à l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (Onisep), organisme public français, il utilise l'expression « ingénieur(e) » dans ses fiches métiers[9].

Histoire

Objet conçu par des ingénieurs : le moteur à combustion interne et son système bielle/manivelle.

De l'Antiquité à l'Âge classique, ce sont les architectes-bâtisseurs-constructeurs-inventeurs qui sont les proto-ingénieurs, avec des figures telles qu'Imhotep, architecte de la plus ancienne pyramide à degrés du monde à Saqqarah en Égypte, Archimède, savant grec connu pour ses découvertes en mécanique (poussée d'Archimède, vis d'Archimède), les légions romaines et leurs œuvres de génie civil, les corporations de bâtisseurs des cathédrales européennes au Moyen Âge, Gutenberg et Léonard de Vinci et les inventions de la Renaissance, Denis Papin et la machine à vapeur. Au-delà de références historiques d'essence militaire, l'ingénieur apparaît, dans sa version moderne, pour l'essentiel à partir du XIXe siècle (1re révolution industrielle), où il se confirme comme un acteur de premier plan du développement industriel. Les ingénieurs, dont le nombre augmente dès lors régulièrement, se constituent ainsi comme groupe social reconnu en France au sein de la population des cadres. Toutefois, la considération accordée aux ingénieurs varie sensiblement selon les pays : elle est ainsi très élevée en France et en Allemagne. Elle est moindre dans les pays anglo-saxons où les ingénieurs ont un profil plus spécialisé et technique et où le terme « engineers » recouvre simultanément les profils de techniciens (e.g. maçons, électriciens) et d'ingénieurs-concepteurs.

Dans un sens vieilli, ce terme désigne donc celui qui construisait ou inventait des machines de guerre ou concevait et réalisait des ouvrages de fortification ou de siège de places fortes. Ainsi, Vauban et Léonard de Vinci étaient ingénieurs. À cette époque, l'ingénieur est en général un architecte-technicien, inventif et rationnel. Dans l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, l'article concernant l'ingénieur en distingue trois types : « Les uns pour la guerre ; ils doivent savoir tout ce qui concerne la construction, l'attaque & la défense des places. Les seconds pour la marine, qui sont versés dans ce qui a rapport à la guerre & au service de mer ; & les troisièmes pour les ponts & chaussées, qui sont perpétuellement occupés de la perfection des grandes routes, de la construction des ponts, de l'embellissement des rues, de la conduite & réparation des canaux. »

Dans la 6e édition du Dictionnaire de l'Académie française (1832-1835), l'article concernant l'ingénieur, évoque, outre l'ingénieur des fortifications militaires : « Celui qui conduit quelques autres ouvrages ou travaux publics, tels que la construction et l'entretien des routes, l'exploitation des mines, etc. Ingénieur des ponts et chaussées. Ingénieur des mines. Ingénieur de la marine ou maritime. Ingénieur-constructeur de vaisseaux. Ingénieur géographe, celui qui dresse des cartes de géographie. Ingénieur pour les instruments de mathématique, Celui qui fait des instruments de mathématique. Ingénieur-opticien, celui qui fait des instruments d'optique. »

Le terme « génie » rassemble les processus et méthodes d'invention de solutions et de coordination technique permettant d'aboutir – par synthèses successives et approche pluri-disciplinaire – à des objets techniques complexes. Dans la pratique, les termes utilisés incluent : génie de l'Air, génie chimique, génie civil, génie électrique, génie génétique, génie industriel, génie logiciel, génie maritime, génie mécanique, génie physique, génie rural, génie urbainetc. dans des sens où en anglais on utilise le terme engineering. Le dictionnaire Hachette-Oxford donne d'ailleurs bien génie comme traduction correcte du terme engineering.

La création des grands corps techniques de l'État à partir de la Révolution française donne lieu, à l'époque contemporaine, à une définition statutaire du mot ingénieur, qui désigne dans le vocabulaire administratif les membres de ces corps. Ceux-ci conservent le titre d'ingénieur même quand leurs activités professionnelles n'ont pas de lien avec la technique. Dans les entreprises, depuis le milieu du XXe siècle, le titre d'ingénieur recouvre des réalités très diverses, parfois éloignées de la définition théorique. Il est en effet appliqué aussi bien à des fonctions techniques de réalisation ne comportant aucune responsabilité de conception ou de conduite de projet, qu'à des fonctions commerciales ou de conseil en relation avec des produits ou services à caractère technique mais dont le contenu n'est pas essentiellement technique.

Accès au titre et à la profession

Au Canada

Au Canada, le métier d'ingénieur est une profession réglementée et l'accès à la profession nécessite une autorisation d'exercer. Au Québec, par exemple, le titre d'ingénieur est réglementé par l'ordre des ingénieurs du Québec (OIQ).

En France

En France, le métier d'ingénieur est une profession non réglementée. L'usage du titre d'ingénieur et l'accès à la profession sont libres[10] ; cependant le titre d'« ingénieur diplômé » est réglementé : la délivrance d'un titre d'ingénieur diplômé par une école ou un organisme de formation professionnelle est en effet, depuis 1934, soumise à l'agrément de la Commission des titres d'ingénieur (CTI). Un étudiant d’une école habilitée par l’État à délivrer un diplôme d'ingénieur, devient après ses études « ingénieur diplômé ». Seuls ceux-ci ont ce titre. Depuis 1934, une personne usurpant le titre d'« ingénieur diplômé » (le mot diplômé est ici important car il montre le rattachement du diplôme à la CTI) est passible d’un emprisonnement d’un an et d’une amende de 15 000 [11].

En France, c'est l'association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF) qui gère les demandes pour l’attribution du titre « Ingénieur Européen EUR ING » auprès de la Fédération européenne d'associations nationales d'ingénieurs (FEANI). Le titre « ingénieur européen EUR ING » permet à un ingénieur d’avoir une reconnaissance européenne.

Il existe également le titre « ingénieur en » avec le certificat de compétence d’ingénieur professionnel (CDCIP) qui est délivré par la Société nationale des ingénieurs professionnels de France (SNIPF). La SNIPF est accrédité par le Comité français d'accréditation (COFRAC). Ce titre est un label qui reconnaît qu’un individu est capable, à un moment donné, d’assurer la fonction d’ingénieur dans une spécialité précise (titre « ingénieur en » CDCIP).

L'association Ingénieurs et scientifiques de France (IESF, ex-CNISF, ex-FASFID) représente les ingénieurs en France. Elle gère le « Répertoire des ingénieurs et des scientifiques », accessible en ligne sur le site de l'association, qui permet de connaître les diplômes des personnes physiques titulaires d'un diplôme d'ingénieur, d’un diplôme national de master scientifique ou technique, d’un mastère spécialisé scientifique ou technique ou d’un doctorat scientifique dans les catégories : « Ingénieur Diplômé » (ID), « Ingénieur Universitaire Master » (IUM) c’est-à-dire ceux titulaires d’un diplôme Bac+5 scientifique universitaire ou d’un titre scientifique reconnu CNCP niveau I, « Ingénieur Reconnu » (IR). En France, une personne ayant un titre reconnu niveau I par l’État peut avoir un contrat de travail pour une fonction d'ingénieur.

Fonctions

L'ingénieur intervient principalement au niveau de la recherche et développement ou de la fabrication de produits. Il apporte son expertise technique et sa créativité en tenant compte de contraintes de temps, de ressources, d'innovation, d'ergonomie et de respect de l'environnement et des règlementations.

Le métier d'ingénieur est très différent suivant les secteurs d'activité. Il intervient dans les domaines suivants :

  • Recherche et développement (R&D) : métier très large consistant à concevoir de nouveaux produits. L'ingénieur peut être concepteur, calculateur, responsable des essais, comme dans l'aéronautique, responsable de la veille technologique… ;
  • Application : l'ingénieur, dans ce cas, s'occupe de la partie industrielle. Il peut travailler pour les méthodes (définition des moyens de fabrication d'un produit), gérer les différents aspects d'une chaîne de production (approvisionnement, stock, délais…), gérer les nouvelles machines et planifier les opérations de maintenance dans une usine ;
  • Qualité : métier transverse, la fonction de l'ingénieur est d'améliorer la qualité et la fiabilité d'un produit, d'une chaîne de production, d'un processus ;
  • Sécurité : métier transverse. L'ingénieur édicte les règlements de sécurité, transcrit les normes de protection en fonction du métier et vérifie leur application ;
  • Vente : le rôle de l'ingénieur ici est de transcrire les besoins des clients en solutions techniques réalisables.

Les principaux domaines d'applications sont les suivants :

Formation d'ingénieur

En 2006, la France forme, par l'intermédiaire des écoles d’ingénieurs, 30 000 ingénieurs par an[12]. La même année, l'Inde forme environ 700 000 ingénieurs par an[réf. nécessaire] ; La Chine forme environ 1 000 000 ingénieurs par an[réf. nécessaire].

Évolution du métier

Le livre blanc des Ingénieurs et Scientifiques de France souligne que les sociétés humaines prennent conscience depuis le début du XXIe siècle de la réalité d'un monde fini, où la croissance démographique va poser des problèmes de ressources. Notamment, les émissions de CO2 ont un impact sur le climat, et il s'avère nécessaire de soumettre la totalité des actions humaines à un impératif de développement responsable. Les ingénieurs et scientifiques sont directement concernés :

  • pour mesurer la réalité des faits et mettre en œuvre des techniques de suivi ;
  • pour concevoir et mettre en œuvre des solutions concrètes aux nouveaux problèmes rencontrés ;
  • pour accepter une modification en profondeur des pratiques de métier de l'ingénierie et de leur positionnement dans les processus décisionnels.

Cela se traduit par une participation accrue en amont aux fonctions de conception et de maîtrise d'ouvrage, dans un esprit de responsabilité sociétale et avec un rôle à repenser au sein de l'entreprise. Dans ce nouveau paradigme, les ingénieurs et les scientifiques doivent apprendre à poser les problèmes autant qu'à les résoudre[13].

Selon le président de l'association des Centraliens, l'ingénieur doit avoir une approche globale de toutes les problématiques qu'il est amené à traiter. Sa « compréhension des phénomènes physiques, chimiques, biologiques » est indispensable, à un moment où l'« on a tendance à oublier les réalités physiques » (usage fréquent du mot « immatériel »). L'ingénieur a en effet un schéma de pensée « analyser / caractériser / synthétiser / proposer des solutions pragmatiques » qui convient particulièrement bien pour relever les défis que notre monde va affronter dans les décennies à venir[14].

Au Québec, les ingénieurs ont un code de déontologie particulier. En France, l'association qui représente les ingénieurs et scientifiques, IESF, a publié en 2001 une charte d'éthique[15].

Ingénieurs notables

Pour leurs réalisations scientifiques, techniques et/ou industrielles

Ingénieurs canadiens Drapeau du Canada

(ingénieurs québécois sur Wikipédia)

Ingénieurs européens border class=noviewer

(ingénieurs européens sur Wikipédia)

Ingénieurs américains

(ingénieurs américains sur Wikipédia)

Ingénieurs japonais

(ingénieurs japonais sur Wikipédia)

Réalisations notables

Premier atterrissage de l'Airbus A380.

Littérature

  • Auguste Detœuf, ingénieur lui-même et grand employeur d'ingénieurs : « Il y a trois manières de se ruiner, disait le grand Rothschild : le jeu, les femmes - et les ingénieurs. Les deux premières sont plus agréables - mais la dernière est plus sûre. »[16]
  • Dans son roman Les Dompteurs de l'or, Paul d'Ivoi utilise le mot au féminin et écrit à plusieurs reprises « l'ingénieure » pour désigner son héroïne.
  • Jules Verne a choisi comme personnage principal de son roman L'Île mystérieuse un ingénieur américain nommé Cyrus Smith.

Notes et références

  1. « ingénieur », sur le site des Éditions Larousse (consulté le ).
  2. Règlement relatif à l'usage de la forme féminine des noms de métier, de fonction, de grade ou de titre dans les actes officiels, arrêt du Conseil d'État de la République et canton de Genève, 1er janvier 1989, [lire en ligne].
  3. Guide d’aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions, Centre national de la recherche scientifique, Institut national de la langue française, 1999, p. 24, [lire en ligne].
  4. [PDF] Muriel Delforge, Un peu de linguistique : Ingénieur ou Ingénieure ?, Polytech News, 2009, p. 8, [lire en ligne].
  5. « Qui sommes-nous ? », sur le site de l'association des Femmes Ingénieurs (consulté le ).
  6. « Futures ingénieures : où sont les meilleurs salaires ? », sur le site de l'association des Femmes Ingénieurs (consulté le ).
  7. « Augmenter la proportion de femmes ingénieures et scientifiques… Pourquoi ? », sur le site de l'association des Femmes Ingénieurs (consulté le ).
  8. « Des opérations « Ingénieure au Féminin » », sur Association des Femmes Ingénieurs (consulté le ).
  9. « ingénieur(e) environnement », sur le site de l'Onisep (consulté le ).
  10. « Le titre d’ingénieur : à la fois un titre et une profession, et parfois même un intitulé d’emploi », sur le site du Centre d'études sur les formations et l'emploi des ingénieurs (consulté le ).
  11. Article L642-12 du code de l’éducation et Article 433-17 du code pénal.
  12. Observatoire de l’emploi des ingénieurs diplômés, enquête du CNISF, juin 2009.
  13. IESF, Livre Blanc des ingénieurs et scientifiques de France, 2011, p. 49-51
  14. Philippe Bihouix et Benoît de Guillebon, avec l'association des Centraliens, Quel futur pour les métaux ? Raréfaction des métaux : un nouveau défi pour la société, EDP Sciences, préface de Marc Ventre, p. 7.
  15. IESF, charte d'éthique de l'ingénieur
  16. Auguste Detœuf, Propos de O. L. Barenton, confiseur : Ancien élève de l'École Polytechnique, Éditions du Tambourinaire, , p. 124

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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