Famille Carafa

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Armes des Carafa.

Les Carafa ou Caraffa sont une importante famille noble italienne, originaire de Naples. Divisée en plusieurs branches au cours du temps, dont les principales sont les Carafa della Stadera et les Carafa della Spina, elle a joué un rôle de premier plan dans l'histoire du Royaume de Naples et de l'Italie d'avant l'Unité. Du Moyen Age au XIXe siècle, la famille s'est particulièrement impliquée au sein l'Église, donnant naissance à de nombreux grands ecclésiastiques, dont un pape (Paul IV), seize cardinaux et des dizaines d'archevêques et d'évêques, ainsi que des légats pontificaux et des supérieurs d'ordres religieux.

Les Carafa se sont notamment illustrés comme archevêques de Naples, office tenu sans interruption pendant plus de cent ans, de 1458 à 1576, des membres de la lignée se succédant à la tête de l'archidiocèse. On trouve également parmi ses membres illustres des hommes politiques, des hommes de lettres, des vices-rois, des grands officiers du royaume de Naples, des ambassadeurs et des militaires au service des Habsbourg ainsi qu'un grand-maître de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Armes

Les armes des Carafa se blasonnent ainsi : de gueules aux trois fasces d'argent. Les Carafa della Spina arborent en plus une épine (Spina en italien) en bande sur le blason familial.

Les Carafa della Stadera eurent pour devise Hoc Fac et Vives (« Fais ceci et tu vivras »), tirée de saint Luc.

Titres

Armes du pape Paul IV.

Entre ses différentes branches, la famille Carafa a possédé plus de trois cents fiefs au cours de l'histoire, répartis dans tout le royaume de Naples ainsi qu'en Sicile, dans les États pontificaux et dans le duché de Mantoue. Les Carafa furent notamment :

Plusieurs branches de la famille furent investies de la Grandesse d'Espagne. Plusieurs de ses membres furent décorés de l'ordre de la Toison d'or, aussi bien en Espagne que dans le Saint Empire, et, en France, de l'ordre de Saint-Michel et de la Légion d'honneur.

Histoire

Origines

Les Carafa apparaissent à Naples au XIIe siècle et sont une branche de la famille Caracciolo, remontant au IXe siècle et elle-même l'une des plus puissantes familles de ce qui est alors le royaume de Sicile. Le premier membre connu de la famille est un certain Gregorio Caracciolo (déjà cité en 1186), dont le fils Tommaso se faisait appeler « de Caraffa » comme en témoigne un document daté de 1269. Vers le XIVe siècle, contrairement aux autres branches des Caracciolo, les Caracciolo-Carafa abandonnent le patronyme Caracciolo pour ne conserver que le dernier, devenant une maison indépendante, agréée au patriciat napolitain.

Le patronyme Carafa est probablement lié à une taxe sur le vin que cette branche de la famille Caracciolo était chargée de percevoir au XIIIe siècle et qui était connue comme campione della Caraffa (« échantillon de la carafe »).

Comme pour la plupart des grandes lignées aristocratiques, plusieurs légendes flatteuses virent le jour au cours du temps pour expliquer l'origine de la famille et de ses armoiries.

Une thèse affirme que les Carafa descenderaient d'un membre de la famille Sismondi, une noble famille de Pise : celui-ci aurait un jour sauvé la vie de l'empereur Henri IV, s'interposant entre celui-ci et un ennemi qui voulait l'abattre. Le souverain, après avoir étreint son sauveur, lui dit, en remerciement : « Cara fe' m'è la vostra » (« Chère m'est votre fidélité »), d'où le nom de Carafa. Passant trois de ses doigts sur la cuirasse ensanglantée du fidèle chevalier, l'empereur y laissa trois bandes horizontales blanches, d'où les armes de la famille Carafa, composées de trois fasces blanches sur un champ de gueules. D'autres identifient l'empereur en question comme Othon Ier et le gentilhomme comme un chevalier de la maison Caracciolo.

Selon une autre thèse, la famille serait d'origine polonaise ou hongroise qui, en s'installant en Italie vers l'an 1000, aurait traduit son nom de Korczak en Carafa. Cependant, seule la descendance depuis les Caracciolo est historiquement attestée.

XIVe et XVe siècle

Les Carafa prennent de plus en plus d'importance à partir du XIVe siècle, sous la dynastie angevine qui règne depuis Naples, et leur ascension politique et sociale va en s'amplifiant pendant deux cents ans : Bartolomeo Carafa, archevêque de Bari, puis Filippo Carafa della Serra, évêque de Bologne et cardinal, sont les premiers grands représentants ecclésiastiques de la famille au XIVe siècle et initient son pouvoir sur la scène politique. A la fin du XIVe siècle, Giacomo Carafa est lui aussi archevêque légitime de Bari mais son pouvoir est concurrencé par trois anti-archevêques successifs tandis que Bartolomeo Carafa della Spina est un anti-grand-maître de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, directement nommé par le pape et non élu par les chevaliers de l'ordre.

Au début du XVe siècle, les Carafa se divisent en deux branches, les Carafa della Spina (qui a déjà pris ce nom à la fin du XIVe siècle) et les Carafa della Stadera, d'importance égale et qui joueront toutes deux un rôle déterminant dans l'histoire de Naples dans les siècles suivants. À cette époque, Diomede Carafa della Stadera est l'un des principaux soutiens d'Alphonse d'Aragon dans sa conquête du royaume de Naples (achevée en 1442), ce qui lui vaut d'être nommé aux plus hautes charges politiques. Il est notamment un ami proche de Laurent le Magnifique et constitue une des premières grandes collections d'Antiquités de la Renaissance dans son palais napolitain. Proche des humanistes, il est lui-même l'auteur de plusieurs ouvrages et fait ériger un palais dans le style de la Renaissance à Naples pour exposer sa collection. Témoignage des relations intellectuelles qu'il établit avec les princes d'Italie du nord, il marie l'une de ses filles à l'un des plus grands humanistes de l'époque, le comte Jean-François II Pic de la Mirandole, neveu du plus célèbre Jean Pic de la Mirandole. La famille Carafa, très proche de la dynastie aragonaise, s'enrichit considérablement et acquiert de nombreux fiefs en Campanie (Diomede Carafa devient comte de Maddaloni), dans les Pouilles (Ruvo di Puglia) et en Calabre.

Oliviero Carafa (1430-1511), neveu de Diomede, lui succède à la tête des intérêts familiaux : il devient archevêque de Naples en 1458 puis cardinal en 1467 et ambassadeur du roi de Naples auprès du pape. Amiral de la flotte pontificale contre les Ottomans en 1472, habile diplomate, protecteur de l'Ordre dominicain, alors extrêmement influent en Europe, et doyen du collège des cardinaux à partir des années 1490, il est l'un des plus influents cardinaux de Rome à la fin du XVe siècle et au début du XVIe siècle, manquant par deux fois d'être élu pape. Grand mécène, protecteur des imprimeurs, amateur d'antiques, il fait venir à Rome deux des grands artistes de l'époque : Filippino Lippi et Bramante. Il rassemble autour de lui plusieurs humanistes auxquels il accorde sa protection comme Jacopo Sadoleto ou Cajetan. Grâce à lui surtout, les Carafa monopolisent les plus hautes charges ecclésiastiques du royaume de Naples : de 1458 à 1576 l'archidiocèse de Naples passe d'un membre de la famille à un autre et les abbayes les plus richement dotées du royaume tombent dans le giron familial. Grâce à ses bénéfices ecclésiastiques, Oliviero Carafa acquiert de nouvelles terres pour les Carafa, comme le comté de Ruvo di Puglia, et accueille en son palais romain plusieurs de ses neveux pour les former et les lancer dans la carrière ecclésiastique.

Le XVIe siècle

Le pape Paul IV Carafa

Le summum de la puissance des Carafa est atteinte au milieu du XVIe siècle, lorsque l'un des neveux d'Oliviero Carafa, le puissant et austère cardinal Gian Pietro Carafa (toujours de la branche della Stadera) est élu pape sous le nom de Paul IV, en 1555. Les Carafa della Stadera se divisent en plusieurs branches, très liées entre elles par de multiples mariages : la branche principale est investie du titre de duc d'Andria en 1556 tandis qu'une autre branche, celle issue de Diomede Carafa, est investie du titre de duc de Maddaloni. On trouve également au XVIe siècle, les ducs d'Airola, ceux de Nocera et les princes de Stigliano. Chez les Carafa della Spina, la branche la plus importante au début du XVIe siècle est celle des comtes de Santa Severina grâce au condottiero Andrea Carafa, vice-roi du royaume de Naples de 1523 à 1526.

Paul IV est un pape rigoriste, fondateur de l'Inquisition romaine du temps de son cardinalat, très peu apprécié du peuple romain. Il est à l'origine de l'Index des livres interdits et du ghetto de Rome et il prend plusieurs mesures répressives contre les Juifs installés dans les États pontificaux. Soucieux de l'indépendance de ses États, il s'allie à la France contre l'Espagne dont il est convaincu qu'elle veut contrôler toute l'Italie. La guerre qui en résulte se solde par un échec. Qui plus est, le pape, très âgé, est abusé par deux ses neveux qu'il a fait cardinaux, Carlo et Giovanni, de jeunes hommes ambitieux et très peu versés dans la religion qui gouvernent Rome à sa place. Abusant de leur position, ils confisquent à leur profit les biens des familles romaines qui leurs sont opposées et sont mêmes accusés de viol et d'enlèvements. Face aux protestations et pour mettre fin au parfum de scandale qui entoure sa famille, Paul IV finit par évincer ses deux neveux au début de l'année 1559 mais le pape meurt lui-même quelques mois plus tard.

A la mort du souverain pontife Gian Pietro Carafa, le peuple romain se soulève, ouvrant les portes des prisons et mettant le feu au palais de l'inquisition, tandis que ses neveux cardinaux sont formellement disgraciés par le nouveau pape, Pie IV : arrêtés et hâtivement jugés ils sont tous deux exécutés. Les Carafa sont alors en perte de vitesse et privés de leurs fiefs romains (notamment le duché de Paliano qu'ils avaient usurpé aux Colonna). Une légende noire s'installe autour de la figure de Paul IV et de ses neveux (qui inspira notamment Stendhal au XIXe siècle, qui écrivit la nouvelle La duchesse de Palliano, nouvelle qui relate le sauvage assassinat de Violante di Cardona par son mari, Giovanni Carafa). Seul le jeune cardinal Alfonso Carafa, archevêque de Naples, maintient sa position, ayant pris soin de se désolidariser de la politique papale, mais il meurt en 1565 dans son archidiocèse, probablement empoisonné.

Les Carafa regagnent cependant rapidement leur place de premier plan à Rome grâce au pape Pie V, un ami personnel des Carafa, qui succède en 1566 à Pie IV sur le trône de saint Pierre. Il réhabilite la mémoire des deux neveux de Paul IV en déclarant invalide le procès expéditif qui les conduisit à l'échafaud et crée cardinal le très érudit Antonio Carafa. Membre de plusieurs commissions pour la réforme des textes sacrés, il fut l'un des principaux responsables de la mise au point de la vulgate sixto-clémentine (la version de la Bible utilisée jusqu'aux années 1960) et fut également bibliothécaire de la Bibliothèque apostolique vaticane dans les années 1580, institution à laquelle il donna un grand nombre de manuscrits grecs.

Les différentes branches de la famille parviennent surtout à conserver toutes leurs possessions à Naples, désormais sous domination espagnole. Elles maintiennent leur influence à partir de la fin du XVIe siècle en servant au plus près les intérêts de la dynastie des Habsbourg. Les Carafa della Spina prennent de l'importance, en témoignent les titres qui leurs sont conférés par les Habsbourg : ils sont princes du Saint-Empire en 1563 puis de Roccella en 1594 et sont investis de la grandesse d'Espagne tout en étant reçus dans l'ordre de la Toison d'or. Cette branche des Carafa en pleine ascension sociale donne, à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle, plusieurs vices-rois aux Espagnols, des généraux d'armée et des conseillers non seulement au roi d'Espagne mais aussi à l'empereur du Saint-Empire, comme Girolamo Carafa, qui fut commandant en Flandres contre les Hollandais révoltés et en France contre Henri IV puis en Bohème où il participa à la bataille de la Montagne Blanche, terminant sa carrière en Espagne comme vice-roi d'Aragon.

Du côté des Carafa della Stadera, un fait célèbre, qui a défrayé la chronique dans toute l'Europe, marque la fin du XVIe siècle lorsque le compositeur Carlo Gesualdo, prince de Venosa, surprend le jeune Fabrice II, duc d'Andria en train de le tromper avec sa femme, la belle Maria d'Avalos, et les assassine tous deux de manière sanguinaire. Ce meurtre impliquant trois des plus grandes familles napolitaines du temps est à l'origine de la légende noire de Gesualdo, considéré par l'historiographie du XIXe siècle comme le premier compositeur maudit, tourmenté par sa jalousie, qui fut contraint de s'exiler loin de Naples pour fuir la vengeance des Carafa. Dès le moment des faits, ce double assassinat suscita de nombreuses réactions littéraires dans toute l'Europe : Le Tasse, par exemple, écrivit un poème racontant la mort des amants infortunés.

Le XVIIe siècle

Monument en l'honneur de Gregorio Carafa, grand-maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, sur la façade de l'auberge d'Italie à La Valette.

Une branche de la famille Carafa della Stadera, celle des princes de Stigliano est particulièrement puissante au XVIIe siècle : d'abord alliée à la famille Colonna de Rome, elle protège le peintre Caravage lorsque celui-ci fuit Rome à la fin des années 1600 et l'héberge dans son palais napolitain, l'actuel palais Cellamare. S'alliant ensuite aux Gonzague, seigneurs de Mantoue, elle donne les Carafa-Gonzague, une branche éphémère qui a régné sur Sabbioneta, un duché indépendant entre Parme et Mantoue, et a possédé de nombreuses terres dans le royaume de Naples.

Au XVIIe siècle, multipliant les alliances prestigieuses, les différentes branches des deux familles Carafa acquièrent de nouveaux fiefs richement dotés (le duché de Noja et la principauté de Belvedere notamment), continuent de donner des cardinaux influents à l'Église et des militaires aux Habsbourg d'Espagne et d'Autriche. Parmi les militaires, outre Girolamo Carafa, marquis de Montenero, on peut citer Francesco Maria Carafa, duc de Nocera, général au service de Philippe IV d'Espagne qui fut vice-roi de Navarre puis d'Aragon et grand ami, en Espagne, du philosophe Baltasar Gracián qui lui dédia son traité El Politico et défendit sa mémoire lorsqu'il fut emprisonné pour s'être opposé à la politique répressive du tout-puissant comte-duc d'Olivares lors de la révolte de Catalogne. A la fin du siècle se distingue Antonio Carafa, membre d'une branche mineure et appauvrie des Carafa. Aussi efficace que sanguinaire, il entra au service du Saint Empire, combattant les Ottomans et se distinguant au célèbre siège de Vienne de 1683. Sa biographie fut rédigée par le philosophe Giambattista Vico au siècle suivant.

Le palais Donn'Anna au Pausilippe, bâti par Cosimo Fanzago pour Anna Carafa.

Signe de leur richesse toujours florissante, au XVIIe siècle, époque de la diffusion du style baroque, les différentes familles Carafa entreprennent la construction de plusieurs grands palais à Naples, dont le plus célèbre est le palais donn'Anna dans le quartier du Pausilippe, bâti sur un promontoire sur le bord de la mer pour Anna Carafa, de la branche de Stigliano alliée aux Gonzague, et qui est encore aujourd'hui l'une des images d'Épinal de la ville. Le palais des ducs de Maddaloni voit aussi le jour au milieu du XVIIe siècle. En 1688, Tommaso Carafa, supérieur de la basilique San Paolo Maggiore de Naples, maison mère de l'Ordre des Théatins dont Paul IV avait été le fondateur, commande au peintre Francesco Solimena la décoration à fresque de la sacristie de l'église. C'est la première grande réalisation de l'artiste, celle qui le lança sur la scène de la peinture napolitaine, dont il devint le principal représentant au XVIIIe siècle. Un portrait du pape Paul IV Carafa fait partie du cycle.

Vincenzo Carafa di Montorio, de la même branche que le pape Paul IV, devient supérieur de l'ordre des Jésuites en 1645 et le reste jusqu'à sa mort en 1649. Gregorio Carafa, issu des princes de Roccella, est grand-maître de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem de 1680 à 1690 et se fait remarquer par un mécénat actif, notamment en protégeant le peintre Mattia Preti, l'un des plus brillants représentants du caravagisme dans la seconde moitié du XVIIe siècle.

XVIIIe et le XIXe siècle

Le cardinal Francesco Carafa di Traetto, portrait par Anton von Maron, Paris, musée du Louvre.

La branche des ducs de Noja est très active au XVIIIe siècle, proche du pouvoir royal à une époque où le Royaume de Naples regagne son indépendance après plus de deux cents ans de gouvernement espagnol. En 1750, Giovanni Carafa (1715-1768), duc de Noja, commande une célèbre carte topographiques en 35 tables représentant la capitale et ses environs afin d'honorer les rois Bourbons de Naples. Ce plan, connu comme la « carte du duc de Noja », était en son temps l'une des cartes topographiques les plus précises d'Europe et il fallut pas moins de vingt-cinq années pour l'achever. Avec les redécouvertes des sites d'Herculanum et surtout de Pompéi au milieu du XVIIIe siècle, de grandes collections d'antiquités se forment à Naples. Celle du duc de Noja, antiquaire passionné, est l'une des plus importantes et constitue aujourd'hui l'un des fonds du célèbre musée archéologique de Naples. Elle fut en particulier observée et décrite par Johann Joachim Winckelmann, le grand théoricien du néoclassicisme, lors de son passage à Naples. Durant ce siècle, les Carafa princes de Belvedere (issus des Carafa ducs de Nocera) donnent des cardinaux de premier plan à l'Église, comme Pierluigi Carafa junior, qui fut doyen du collège des cardinaux, tandis que les ducs de Maddaloni font de leur palais l'une des plus fastueuses résidences napolitaines, l'un des meilleurs exemples de style rococo à Naples, notamment pour les décors à fresque.

Carlo Carafa, duc de Maddaloni, fut notamment un ami proche du célèbre libertin et voyageur Giacomo Casanova, qu’il rencontra à Naples une première fois en 1743, où celui-ci refusa de devenir son précepteur, puis à nouveau à Paris en 1751, où ils devinrent amis. En visite à Naples en 1760, Casanova fut reçu par le duc dans son palais. Celui-ci l’introduisit auprès de la cour napolitaine, l’emmenant dans sa loge au théâtre San Carlo et lui présentant la famille royale, un séjour relaté par Casanova dans ses Mémoires, où il décrit notamment les somptueux aménagements du palais Maddaloni.

A la toute fin du XVIIIe siècle, pendant la tourmente révolutionnaire, le jeune Ettore Carafa, héritier du duc d'Andria, pétri des idéaux des Lumières, soutient l'éphémère République parthénopéenne qui parvint à renverser la dynastie des Bourbons avec l'aide des Français en 1799. L'un des chefs militaires des républicains, Ettore Carafa n'hésita pas à mettre le siège devant son propre fief, la ville d'Andria, resté fidèle aux Bourbons pour imposer la république. Mais les républicains furent finalement renversés par les royalistes restés fidèles aux Bourbons, aidés par le départ des armées françaises et l'arrivée des Russes et des Britanniques. Malgré les promesses d'amnistie faites aux insurgés, Ferdinand IV, une fois réinstallé sur le trône, fit arrêter les principaux révolutionnaires, dont Ettore Carafa, et les fit exécuter.

Au XIXe siècle, un personnage de premier plan est Michele Enrico Carafa, prince de Colubrano et compositeur de musique classique qui s'installa à Paris après avoir suivi Napoléon Ier lors de la campagne de Russie (au cours de laquelle il fut décoré de la Légion d'honneur par l'empereur en personne). En France, il connut un grand succès avec ses opéras, notamment son Jeanne d'Arc à Orléans, fréquentant les salons littéraires et les personnalités parisiennes de l'époque. Il fut particulièrement lié à Gioacchino Rossini et à Halévy, bien que moins brillant qu'eux.

Personnalités

Oliviero Carafa devant le Christ souffrant par Cesare da Sesto, vers 1510.

On trouve parmi ses membres les plus illustres :

Alliances

Les Carafa se sont alliées aux plus grandes maisons du royaume de Naples mais aussi d'Italie et d'Espagne. Parmi elles : Caracciolo, Sanseverino, Ruffo, d'Aquino, Acquaviva d'Aragona, Pignatelli, d'Avalos, Gonzague, Médicis, Orsini, Colonna, Borgia, Caetani, Grimaldi, Doria, Adorno, Imperiale, Borghese, Aldobrandini, Boncompagni-Ludovisi, Chigi, Piccolomini, des Baux, de Lannoy, du Châtelet, Tagliavia, Tolomei, Capece, Filangieri, Tocco, Di Capua, Di Sangro, Di Somma, Tomacelli, Castriota-Skanderberg, Cardona, de Luna d'Aragon, de Guzmán, Suarez de Figueroa y Cordoba, de Benavides, Requesens.

Arts et mécénat

Résidences

Chapelle Carafa par Filippino Lippi (1488-1493), église de Santa Maria sopra Minerva, Rome.

De nombreux palais ayant appartenu aux Carafa existent encore à Naples, témoignant de la richesse de la famille et de l'existence de nombreuses branches. Parmi les plus importants on trouve :

  • Le palais Diomede Carafa (aussi connu comme palais Carafa di Colobrano) est l'un des plus importants exemples d'architecture de la Renaissance à Naples. Il tire son nom de Diomede Carafa, comte de Maddaloni, qui ordonna sa construction au milieu du XVe siècle pour y abriter sa collection d'objets antiques. L'aspect extérieur du palais est préservé dans son état originel, avec son austère façade en bossages rustiques d'inspiration florentine, son portail de marbre surmonté de bustes d'empereurs romains et sa cour symétrique rythmée par un portique à colonnes. Dans la cour se trouve la Testa di cavallo (« la tête de cheval »), une monumentale tête de bronze réalisée par le sculpteur florentin Donatello. L'original fut donné en 1809 par les Carafa au musée archéologique national de Naples et une copie en terre cuite a depuis pris sa place dans la cour du palais.
  • Le palais Carafa di Montorio, juste en face du palais Diomede Carafa, date du début du XVIe siècle et présente une corniche richement ouvragée remontant à cette époque.
  • Le palais Carafa d'Andria date de la fin du XVe siècle mais sa façade fut remaniée dans un style néoclassique au XIXe siècle. L'architecture d'origine a cependant été préservée, à l'extérieur, sur les côtés du bâtiment.
  • Le palais Carafa di Maddaloni, de style baroque (XVIIe siècle-XVIIIe siècle), est l'un des plus imposants palais de Naples. Son portail est dû à Cosimo Fanzago. A l'intérieur, il conserve encore des salons peints à fresque par Giacomo del Po et Micco Spadaro.
  • Le palais Carafa della Spina, érigé à la fin du XVIe siècle, fut probablement réalisé sur un projet de l'architecte Domenico Fontana.
  • Le palais Carafa di Roccella, du XVIIIe siècle et du XIXe siècle, abrite aujourd'hui le Palais des Arts de Naples, un musée d'art moderne.

A Rome :

  • A Rome, dans la deuxième moitié du XVe siècle, le cardinal Oliviero Carafa fit réaménager un palais ayant appartenu à la famille Orsini près de la place Navone. C'est à l'occasion de ces travaux que la statue antique de Pasquino, très populaire auprès des Romains, fut exhumée. Ce palais romain des Carafa disparut au XVIIIe siècle, remplace par le palais Braschi, encore existant de nos jours.
  • A Rome, sur la colline du Quirinal, Oliviero Carafa fit élever, au milieu de jardins, une villa destinée à son délassement où il exposait sa collection d'antiques. Louée par les Este et transformée dans le courant du XVIe siècle, elle donna lieu à l'actuel palais du Quirinal.

Mécénat religieux

Importante famille ecclésiastique, les cardinaux, évêques et abbés Carafa ont promu de nombreuses fondations religieuses en Italie du sud et à Rome. A Naples, de nombreuses chapelles furent décorées pour recevoir les sépultures des membres des différentes branches de la famille.

A Rome :

  • A Rome, Oliviero Carafa, protecteur de l'ordre des Dominicains, fit ériger à la fin du XVe siècle la chapelle Carafa, ornée de fresques de Filippino Lippi, dans l'église Santa Maria sopra Minerva. C'est l'un des premiers exemples d'art de la Haute Renaissance à Rome. La chapelle abrite également la tombe du pape Paul IV (né Gian Pietro Carafa), réalisée par Pirro Ligorio au milieu du XVIe siècle.
  • Oliviero Carafa commanda également à Bramante sa première œuvre romaine : le cloître de l'église Santa Maria della Pace, réalisé dans les premières années du XVIe siècle.

A Naples :

  • A Naples, la chapelle Carafa (également connu comme le Succorpo de saint Janvier), qui constitue la crypte de la cathédrale, fut commandée par Oliviero Carafa en tant que cardinal et ancien archevêque de la cité. Elle fut réalisée entre 1497 et 1508 par Tommaso Malvito dans un style à l'antique, peut-être sur des plans de Bramante, et conserve les reliques de saint Janvier, saint protecteur de Naples.
  • L'église de San Domenico Maggiore est considérée comme la nécropole des Carafa et abrite plusieurs tombeaux dignes d'intérêt. La chapelle Saint Martin, des Carafa di Santa Severina, possède un arc d'entrée sculpté à la Renaissance par l'artiste toscan Andrea Ferrucci. A l'intérieur se trouve la tombe de Galeotto Carafa. La chapelle du Crucifix contient la tombe d'Antonio Carafa, du XVe siècle, et celle de Francesco Carafa, réalisée par Tommaso Malvito, un sculpteur et architecte qui travailla souvent pour la famille au début du XVIe siècle. La chapelle de la Nativité, attenante, qui contient les tombes de Ettore Carafa (réalisée en 1511) et Ferdinando Carafa (mort en 1593) fut décorée par Tommaso Malvito. Elle comprend également un cycle de fresques de Pedro Fernandez, datant du début du XVIe siècle.

Bibliographie

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  • Franco Muscolini, Così eravamo, Tolentino, La Linotype, 2006.
  • Franco Muscolini, Così eravamo - seconda parte, Tolentino, La Linotype, 2008.

Source de la traduction

Liens externes