Camille Arambourg

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Camille Arambourg, né le à Paris et mort le dans la même ville, est un ingénieur agronome, géologue, paléontologue et paléoanthropologue français. Il a principalement développé ses recherches de terrain en Afrique du Nord et en Afrique de l'Est.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Louis Joseph Camille Arambourg fit ses études secondaires, puis ses études supérieures à Paris[1]. Il obtint son diplôme d'ingénieur agronome en 1908.

Il avait quelques mois lorsque ses parents l'emmenèrent en Algérie pour la première fois, et c'est dans les vignobles de son père, dans l'Oranie, qu'il fit ses premières armes d'ingénieur agronome en 1909[1].

Carrière académique[modifier | modifier le code]

À partir de 1920, Camille Arambourg enseigna pendant 10 ans la géologie à l'Institut agricole d'Alger, avant de se fixer à Paris en 1930. Il fut professeur de géologie à l'Institut national agronomique, à Paris, de 1930 à 1936, puis professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, titulaire de la chaire de paléontologie, de 1936 à 1956, à la suite de Marcellin Boule[1].

Il fut élu membre de l'Académie des sciences en 1961.

Afrique du Nord[modifier | modifier le code]

Particulièrement intéressé par les hommes et les animaux fossiles du Maghreb, Camille Arambourg découvrit en Algérie les plus anciens fossiles humains connus encore aujourd'hui en Afrique du Nord. De 1954 à 1956, Camille Arambourg et Robert Hoffstetter mirent au jour plusieurs fossiles humains sur le site de Tighennif (anciennement Ternifine), dans la wilaya de Mascara (région d'Oran). Ils ont été datés d'au moins 700 000 ans en 1986[2].

Ces fossiles permirent à Camille Arambourg de créer en 1955 l'espèce Atlanthropus mauritanicus[3]. Les divers genres représentatifs d'espèces humaines ont tous été ramenés dans les années 1960 au seul genre Homo, et les chercheurs qui considèrent cette espèce comme potentiellement valide parlent aujourd'hui d'Homo mauritanicus[4],[5].

Arambourg a également participé à la découverte de nombreux fossiles de vertébrés aquatiques du Crétacé supérieur des bassins de phosphates du Maroc. Parmi les taxons dont il a contribué à la découverte et au nommage, figure Mosasaurus beagei[6], l'une des cinq espèces reconnus du genre Mosasaurus[7].

Afrique de l'Est[modifier | modifier le code]

Camille Arambourg conduisit deux grandes expéditions dans la basse vallée de l'Omo, en Éthiopie, en 1932-1933, puis en 1967-1969. Il mena des recherches géologiques et paléontologiques au Kenya lors de l'expédition de 1932, et fit plusieurs voyages en Tanzanie[1].

Camille Arambourg et Yves Coppens découvrirent en 1967 dans la vallée de l'Omo les premiers ossements fossiles, très fragmentaires, qui leur ont permis de définir la même année l'espèce Paranthropus aethiopicus (2,7 à 2,3 Ma), l'une des trois espèces de Paranthropes connues à ce jour.

Homme de Néandertal[modifier | modifier le code]

Camille Arambourg défendait notamment avec passion la théorie selon laquelle l'Homme moderne serait le descendant de l'Homme de Néandertal, hypothèse totalement invalidée depuis. À ses yeux, ceux qui ne reconnaissaient pas l'évidence de cette solution obéissaient manifestement à d'obscures considérations métaphysiques : « La naïve et pitoyable vanité humaine se refuse à admettre que le « roi de la création » ait pour ancêtre le Néandertalien, si proche encore de l'animalité, en lequel on voudrait s'efforcer de voir un rameau « éteint » ou même « dégénéré », sans rapport avec l'Homo sapiens »[8].

Paléontologie[modifier | modifier le code]

Camille Arambourg a particulièrement étudié les poissons fossiles, complétant les connaissances de son temps en ichtyologie.

On doit aussi à Camille Arambourg la description des genres :

Le ptérosaure Arambourgiania a été nommé en son honneur.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • Arambourg C. (1948), « Observations sur le Quaternaire de la région du Hoggar », Travaux de l'Institut de Recherches Sahariennes, t. V, p. 7-18
  • Arambourg C. (1955), « L'ancien lac de Tihodaïne et ses gisements préhistoriques - I. Historique et stratigraphie », in : Actes du IIe Congrès Panafricain de Préhistoire d'Alger (1952), p. 281-292
  • Arambourg C. (1957), « Récentes découvertes de paléontologie humaine réalisées en Afrique du Nord française (L'Atlanthropus de Ternifine - L'Hominien de Casablanca) », in : Third Panafrican Congress on Prehistory, Livingstone 1955, Clark, J.D. et Cole, S. (dir.), Londres, Chatto &Windus, p. 186-194
  • Arambourg C. (1958), « Les artisans des industries acheuléennes », Bulletin de la Société Préhistorique de l'Ariège (Préhistoire Spéléologie Ariégeoises), t. XIII, p. 43-47
  • Arambourg C. (1962), « État actuel des recherches sur le Quaternaire de l'Afrique du Nord », in : Actes du IVe Congrès Panafricain de Préhistoire et de l'Étude du Quaternaire, Musée royal de l'Afrique centrale - Tervuren (Belgique) - Annales, série in 8° - Sciences humaines, no 40, p. 255-277
  • C. Arambourg et Pierre Biberson (1956), « The fossil human remains from the Paleolithic site of Sidi Abderrahman (Morocco) », American Journal of Physical Anthropology, v. 14 n.s., no 3, p. 467-490
  • Camille Arambourg, La Genèse de l'Humanité, coll. « Que sais-je ? », P.U.F., Paris, 1942 (8e édition en 1969)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d Biographie de Camille Arambourg, par Yves Coppens, 1979
  2. (en) Denis Geraads, Jean-Jacques Hublin, Jean-Jacques Jaeger et Tong H., Sen S. et Toubeau P., « The Pleistocene Hominid site of Ternifine, Algeria : new results on the environment, age, and human industries », Quaternary Research, no 25,‎ , p. 380-386 (lire en ligne)
  3. Camille Arambourg, « Le gisement de Ternifine et l'Atlanthropus », Bulletin de la Société préhistorique française, Persée, vol. 52-1-2,‎ , p. 94-95 (lire en ligne)
  4. Jean-Jacques Hublin, Colloque au Collège de France, Préhistoire et évolution humaine au Maghreb ; Jean-Jacques Hublin, L'origine d'Homo sapiens, 14 juin 2019, voir la vidéo en ligne
  5. Yves Coppens, Les cours du Collège de France, Cours de clôture : L'histoire de l'Homme : ce que l'on sait, juin 2005, lire en ligne, p.505
  6. Camille Arambourg, Les vertébrés fossiles des gisements de phosphates (Maroc–Algérie–Tunisie), vol. 92, Paris, Typographie Firmin-Didot, coll. « Notes et Mémoires du Service Géologique », , 1-372 p. (lire en ligne [archive du ] [PDF])
  7. (en) Hallie P. Street et Michael W. Caldwell, « Rediagnosis and redescription of Mosasaurus hoffmannii (Squamata: Mosasauridae) and an assessment of species assigned to the genus Mosasaurus », Geological Magazine, vol. 154, no 3,‎ , p. 521–557 (DOI 10.1017/S0016756816000236, Bibcode 2017GeoM..154..521S, S2CID 88324947, lire en ligne)
  8. Camille Arambourg, La Genèse de l'Humanité, coll. « Que sais-je ? », P.U.F., 6e édition, Paris, 1961
  9. « Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Frank Spencer, History of Physical Anthropology, Volume 1, article « Arambourg Camille (1885-1969) », p.97, publié chez Taylor & Francis, 1997
  • Djillali Hadjouis, Camille Arambourg : un paléontologue, de l'Algérie à l'Afrique profonde, Paris, L'Harmattan (collection Acteurs de la Science), 2012, 238 p.

Liens externes[modifier | modifier le code]