Architecture québécoise

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Presbytère de Deschambault
Maison Routhier à Sainte-Foy

L'architecture québécoise est d'abord caractérisée par les habitations des zones rurales le long du Saint-Laurent. Ces colons sont venus en grande partie de Normandie; les maisons qu'ils construisent rappellent celles de leur région d'origine. L'environnement et le climat québécois ont toutefois forcé les habitants à adapter l'architecture, développant un style unique. La maison de l'agriculteur de la Nouvelle-France demeure un symbole du nationalisme québécois. Il s'agissait de structures rectangulaires d'un étage, mais avec un toit haut et escarpé. Cette conception de toit servait entre autres à empêcher l'accumulation de neige. Les maisons sont alors construites généralement de bois, bien que celles qui sont parvenues jusqu'à nous sont presque toutes construites en pierres. Les églises et le manoir du seigneur étaient les principaux points de repères des agglomérations. Les seigneurs construisaient des maisons spacieuses, mais moins luxueuses que celles des aristocrates européens. Chaque paroisse avait ses copies des grandes églises dans la ville de Québec ou Montréal.

Arrivée des européens

Les influences française et anglaise caractérisent l'architecture québécoise, comme le démontre cette photo du Vieux-Québec.

Les premiers européens à vivre dans ce qui allait devenir le Canada furent les colons français de la Nouvelle-France et d'Acadie. Les colonies de peuplement initiales de Port Royal et Québec étaient plus préoccupées de se défendre contre les Premières Nations et les anglais, que de se développer en superficie. Pendant la majeure partie de l'histoire ancienne de la ville de Québec, le bâti est dominée par la grande forteresse et les murs extérieurs. La ville fut divisée en deux sections. La haute-ville où se situent la forteresse, la maison de l'Intendant et églises, ces structures ont été construites en pierre à l'imitation de l'architecture Baroque alors populaire en France. La basse-ville se composait des structures denses sur des rues étroites et était le centre commercial et la maison aux travailleurs.

L'architecture québécoise se caractérise par la juxtaposition de l’ancien et du nouveau. Le paysage architectural du Québec est unique par sa grande variété de styles, l’héritage de deux colonisations successives, d’abord française ensuite anglaise, et de l’influence américaine venant du sud.

Faisant partie de la seule ville encore fortifiée au nord du Mexique, les arrondissements historiques de Québec, la Capitale nationale, furent déclarés site du patrimoine mondial par l’UNESCO en 1985.

Durant les années 1960 et les suivantes, l’architecture québécoise prend un virage moderniste. Ce mouvement est particulièrement marquant à Montréal suite à l’Expo 67 et Jeux olympiques d'été de 1976.

Les édifices modernes les plus connus au Québec se trouvent principalement à Montréal. Le métro de Montréal est bien connu pour son design ; à l’instar des métros de Moscou et de Stockholm, chacune de ses stations est unique et intègre des œuvres d’art à l’architecture. On retrouve aussi l’édifice d’Habitat 67 de Moshe Safdie, le pavillon américain (aujourd’hui la Biosphère) de Buckminster Fuller, tous deux construits pour l’Expo 67, la Place Ville-Marie (1962) de Ieoh Ming Pei et le Stade olympique du Français Roger Taillibert. On retrouve aussi deux édifices de Ludwig Mies van der Rohe, le Westmount Square (1968) et la station de service Esso sur l’île des Sœurs.

Le pont de Québec est le pont cantilever le plus long au monde.

Architecture religieuse

La Petite Chapelle de Tadoussac domine l'embouchure de la rivière Saguenay. Construite en 1747, elle est la plus ancienne église de bois encore debout en Amérique du Nord.
Église de Deschambault
Église de Cap Santé

Célèbre pour son patrimoine religieux, le Québec possède certaines des plus belles églises catholiques d’Amérique du Nord. L’on ne dénombre pas moins de 122 édifices religieux classés monuments historiques par le gouvernement du Québec.

Fondée à l'origine comme une colonie romaine catholique française et surnommée « la ville aux cent clochers », Montréal est réputée pour ses églises.

La ville compte quatre basiliques catholiques romaines : la cathédrale Marie, Reine du monde, la Basilique Notre-Dame, la basilique Saint-Patrick, l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal. L'Oratoire Saint-Joseph est la plus grande église au Canada, avec le plus grand dôme du genre au monde après celui de la basilique de Saint Pierre à Rome. Parmi d'autres églises connues, on note la Chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, qui est parfois appelée Église des marins.

Après la victoire britannique à la guerre de Sept Ans, les immigrés protestants sont venus à Montréal de l'Angleterre, d'Écosse, d'Irlande et des États-Unis. Différentes églises protestantes seront construites pour répondre à la collectivité en croissance. Les deux plus importantes d'entre elles sont de Saint-James United Church et l'église anglicane Cathédrale Christ Church de Montréal, qui était suspendue au-dessus d'un puits creusé au cours de la construction du centre commercial Promenades de la Cathédrale, une partie de la ville souterraine de Montréal.

Architecture domestique

Maison Lamontagne à Rimouski

Le Québec ne manque pas non plus d’édifices à caractère non religieux. Il existe plusieurs centaines de maisons familiales construites à l’époque de la Nouvelle-France. Ces maisons au style particulier datent du XVIIe et du XVIIIe siècle (surtout dans la ville de Québec et sa campagne). Elles étaient tout spécialement construites pour résister aux temps froids et ressemblent beaucoup aux maisons normandes.

Ces maisons à caractère normandes avaient des toitures qui se rabattent au extrémités comme les chaumières normandes d'autrefois. Même aujourd'hui dans la campagne québécoise, on voit ses maisons. La maison Lamontagne à Rimouski a des colombages tels qu'on revoit en Normandie.

Rayonnement de l'architecture québécoise

Les Québécois, anciens Canadiens à l'époque, fondèrent plusieurs villages, surtout aux Wisconsin, Michigan, et aux Pays des Illinois.

Sainte-Geneviève est le plus ancien village permanent du Missouri. Elle a été fondée vers la fin des années 1730 par des Canadiens à environ trois kilomètres au sud de sa localisation actuelle sur les bords du fleuve Mississippi (une peinture murale du Capitole de l’État du Missouri indique sa fondation en 1735). C'est une des premières villes situées à l'ouest du fleuve Mississippi et au nord de La Nouvelle-Orléans du territoire qui seront cédées lors de la vente de la Louisiane.

Les plus anciens bâtiments de Sainte-Geneviève ont donc été tous construits durant l'occupation espagnole bien qu'il s'agisse de bâtiments typiques de l'époque coloniale française. Les constructions les plus représentatives de cette période sont s'appuient sur des poteaux de bois plantés verticalement dans le sol alors que les cabanes de colons américaines traditionnelles sont constituées de rondins assemblés horizontalement.

L'un des types de maisons traditionnelles les plus caractéristiques de la ville sont les « poteaux en terre » dans lesquels les murs faits de planches de bois ne soutiennent pas le plancher. Ce dernier s'appuie sur des piliers de pierre. Les murs de ce type de maisons, en partie enterrés dans le sol, sont particulièrement sensibles aux crues, aux termites et à la pourriture. Trois des cinq maisons de ce type existant encore aux États-Unis se situent à Sainte-Geneviève. Les deux autres se trouvent à Pascagoula (Mississippi) et dans la paroisse des Natchitoches. La plupart des bâtiments anciens de la ville sont de type « poteau sur sole » dans lesquelles la structure en bois est placée sur des pierres levées des fondations en brique. La plus ancienne maison de la ville est la Bolduc House qui a été construite en 1770 sur le site originel de la ville et a ensuite été déplacée et agrandie en 1785.

Un festival, « Jour de Fete », se déroule chaque année au cours du deuxième weekend d'août pour célébrer son patrimoine culturel. Le bac qui traverse le Mississippi est surnommé « the French Connection » à cause de son lien vers d'autres sites témoins du passé francophone de la région.

Plusieurs architectes se sont démarqués à l'extérieur de la province. L'une des plus grandes réalisations québécoises dans les provinces maritimes est l'église Saint-Pierre de Chéticamp, en Nouvelle-Écosse, conçue par David Ouelette en 1893[1].

Édifices en hauteur

Vue aérienne du 1501 McGill College.

La construction de gratte-ciel de Montréal a oscillé entre des périodes d'activité intense et d'accalmies prolongées. Une période de deux ans de 1962 à 1964 a vu l'achèvement de quatre des dix plus grands édifices de Montréal: la Tour de la Bourse, la Place Ville-Marie (I.M. Pei), l'édifice de la Banque de Commerce et la Tour Telus. Les édifices les plus hauts, le 1000 De La Gauchetière (51 étages) et le 1250 René-Lévesque (47 étages), sont terminés en 1992.

Montréal impose des limites de hauteur sur les gratte-ciel de sorte qu'ils ne dépassent pas la hauteur du Mont Royal. La ville interdit à tout bâtiment d'atteindre une altitude supérieure à 223 mètres au-dessus du niveau de la mer. Quelques terrains du centre-ville sont autorisés à dépasser 120 mètres de hauteur. La limite est actuellement atteinte par le 1000 de La Gauchetière et le 1250, boulevard René-Lévesque, ce dernier est moins haut, mais construit sur un terrain plus élevé. La seule façon de parvenir à plus de 1000 de La Gauchetière, tout en respectant cette limite serait de construire sur la partie la plus basse du centre-ville à proximité de Tour de la Bourse, la hauteur maximale y serait d'environ 210 mètres.

Influences acadiennes

Certaines régions du Québec sont de culture acadienne, c'est notamment le cas des Îles de la Madeleine. Elles ont été colonisées par vagues successives, surtout par des Acadiens entre 1755 et 1792[2]. Comme dans les autres établissements de réfugiés, les premières maisons sont précaires et construites à la hâte dans l'idée de les remplacer plus tard par des maisons plus confortables, sauf qu'elles ont servi plus longtemps que prévu et les maisons ont conservé un caractère rustique pendant un siècle[3]. Les premières maisons sont construites pièces sur pièces en bois rond, plus tard remplacé par des madriers, calfeutrées avec de la mousse et de la terre grasse (argile)[3]. Les maisons ont les coins en queue d'aronde, mais certaines, appelées maisons à coin, ont les madriers joints avec des chevilles de bois[4]. Plus tard, les maisons sont construites en madriers fendus en deux et installés verticalement[3]. Ceux-ci sont embouvetés, c'est-à-dire qu'une rainure est pratiquée avec un bouvet sur toute la longueur des deux côtés du madrier et qu'une latte est installée dans l'une des rainures, permettant ainsi de joindre les madriers[4]. Les maisons sont généralement carrées et font en moyenne six mètres de côté, mais pas plus de dix mètres[4]. Par contre, on y ajoute souvent un appentis, une pièce construite sur le modèle de la maison, mais en plus petit. L'appentis est utilisé comme cuisine, salle à manger et salle de séjour. Une échelle donne accès au grenier, où sont remisés les graines et les agrès[4]. Un tambour à toit plat est souvent construit à l'entrée de l'appentis, servant à la fois de remise et de protection contre vent hivernal[4].

Notes et références

  1. (fr) « Paroisse Saint-Pierre », sur Lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  2. (fr) Anselme Chiasson, Les îles de la Madeleine: vie matérielle et sociale de l'en premier, Leméac, p. 17-20, (ISBN 2760952932)
  3. a b et c Anselme Chiasson, Les îles de la Madeleine: vie matérielle et sociale de l'en premier, p. 23
  4. a b c d et e Anselme Chiasson, ibidem, p. 25

Voir aussi

Bibliographie

  • Claude Beaulieu, L'architecture contemporaine au Canada français, Québec, Ministère des affaires culturelles, , 94 p.
  • Jacques Bourdon, Les belles d'autrefois : découvrez plus de 60 maisons de notre patrimoine, Outremont, Trécarré, , 158 p. (ISBN 2-89249-993-3)
  • Claude Dubé, La Maison de colonisation : éléments d'architecture populaire québécoise, Sainte-Foy, Centre de recherches en aménagement et en développement (C.R.A.D.), Université Laval, , 176 p.
  • Raymonde Gauthier, La Tradition en architecture québécoise : le XXe siècle, Québec, Musée de la civilisation, , 104 p. (ISBN 2894150032)
  • David Karel, Luc Noppen et Claude Thibault, François Baillairgé et son œuvre (1759-1830), Québec, Musée du Québec, , 85 p.
  • Yves Laframboise, L'architecture traditionnelle au Québec : glossaire illustré de la maison aux XVIIe et XVIIIe siècles, Montréal, Éditions de l'Homme, , 319 p. (ISBN 0775904570)
  • Yves Laframboise, Belles maisons québécoises, Montréal, Éditions de l'Homme, , 189 p. (ISBN 978-2-7619-2404-7)
  • Yves Laframboise, La maison au Québec : de la colonie française au XXe siècle, Montréal, Éditions de l'Homme, , 363 p. (ISBN 2-7619-1615-8)
  • Laurent Lamy, Architecture contemporaine au Québec, 1960-1970, Montréal, Éditions de l'Hexagone, , 179 p. (ISBN 2890062007)
  • Luc Noppen, Québec monumental, 1890-1990, Montréal, Ordre des architectes du Québec, 191 p. (ISBN 2921114429, lire en ligne)
  • Luc Noppen, Claude Paulette et Michel Tremblay, Québec : trois siècles d'architecture, Québec, Libre Expression, , 440 p. (ISBN 2891110102)
  • Québec, Neuville, architecture traditionnelle, Québec, Direction générale du patrimoine, ministère des Affaires culturelles, , 291 p. (ISBN 0775425834)
  • Université de Montréal, Architecture et arts anciens du Québec : répertoire d'articles de revues disponibles à la Bibliothèque de la Faculté de l'aménagement, Montréal, Université de Montréal, , 92 p.
  • Les 25 [i.e., Vingt-cinq] ans [i.e., 1969-1994] de l'Office municipal d'Habitation de Montréal, [Montréal, 1994 ou 1995], 22, [1] p. en grand format luxueux, amplement ill. de photos (sans ISBN)

Articles connexes

Liens externes